Accueil > 10 - Livre Dix : SYNDICALISME ET AUTO-ORGANISATION DES TRAVAILLEURS > Luttes en ordre dispersé, division, manoeuvres des appareils syndicaux : (...)

Luttes en ordre dispersé, division, manoeuvres des appareils syndicaux : tout est fait pour émietter la riposte des travailleurs

vendredi 5 février 2010, par Robert Paris

Fonction publique : En 2009, 30.000 suppressions d’emplois. En 2008, près de 23.000 postes ont été supprimés et plus de 11.000 en 2007. 100 000, c’est le nombre d’emplois supprimés dans la Fonction publique depuis 2007. Un chiffre clairement revendiqué par le chef de l’État et qui devrait encore s’aggraver cette année en raison de la Révision générale des politiques publiques.

La grève à la SNCF d’avant-hier a été largement suivie. La menace de privatisation et les suppressions massives d’emploi ont joué pour favoriser une montée de la lutte. Cependant, il est remarquable que rien n’est fait pour la jonction avec le reste du service public, frappé exactement par les mêmes maux : suppressions massives d’emplois, comme dans l’Enseignement ou dans l’Hôpital public. Les suites de la privatisation de l’Energie mènent aux mêmes résultats avec la séparation EDF / GDF et des menaces sur des milliers d’emplois, etc...

Mais la stratégie syndicale ne vise nullement à cette jonction entre les travailleurs du secteur public.

La méthode préférée des directions syndicales est la journée d’action. A l’hôpital public, qui va supprimer trois à quatre mille emplois, les journées passent et se ressemblent. Et leur inefficacité aussi. Le 21, c’était contre l’arrêt de la prise en charge de la promotion professionnelle. Pourtant, le même jour, il y avait un appel dans la fonction publique l’après-midi et aucun appel à la rejoindre dans la rue. Le 26 octobre, c’était la journée contre les ordres. De journées d’action en journées d’inaction, les mesures anti-sociales passent ?

Dans ces conditions, le gouvernement n’aurait aucune raison de reculer sur ses projets destructeurs.

C’est l’ensemble du secteur public qui est dangereusement menacé et non tel ou tel domaine de celui-ci.
En réalité, avec la crise, toutes les attaques anti-ouvrières (salaires, emplois, retraites, sécu, santé, services publics) sont centralisées par l’Etat qui s’est mis à 100% au service des patrons face à la crise. Toutes les sommes possibles doivent servir les grands capitalistes. C’est l’Etat qui intervient quand les patrons licencient, qui négocie, qui démobilise les travailleurs, qui réprime, qui juge les salariés dont on a cassé les emplois et … la vie ! C’est lui qui organise le blocage des salaires (le fameux « travaillez plus pour gagner plus »). C’est lui qui s’attaque aux retraites et menace même de leur suppression en ruinant les caisses. C’est lui qui s’attaque à la Sécu alors qu’il distribue des milliards aux trusts pharmaceutiques avec l’aide de la ministre de la santé des labos.

Alors que l’attaque contre les travailleurs est générale, la riposte est éparpillée et divisée. On fait comme si chaque entreprise devait lutter seule contre les conséquences de la crise, alors que celle-ci est générale et va finir par s’attaquer à nous tous de manière inévitable !

Et les premiers à entretenir le mensonge de la possibilité de riposter secteur par secteur, ce sont les syndicats.

Faire le bilan des luttes de 2009 serait le meillleur gage de succès pour 2010

L’année 2009 a été marquée par le caractère particulier des luttes. On a constaté que certaines luttes locales ont été massives et radicales, qu’il s’agisse de combats contre des licenciements ou des fermetures, comme dans le cas des sous-traitants de l’Automobile (Molex, Caterpillar ou Continental notamment), contre la dégradation des services publics (SNCF, La Poste, Pôle emploi ou les hôpitaux) ou encore pour les salaires (EDF, RER, secteur privé, ...). Enfin, il y a eu les journées d’action syndicales. C’est donc une année où les travailleurs ont participé à un nombre important de luttes et pourtant le sussèce n’est pas au rendez-vous. une fois de plus les salaires, les emplois et les conditions de travail ont gravement reculé en 2009. Certes, la crise y est pour quelque chose, mais elle n’a pas empêché les profits des boursicoteurs du CAC40 et les revenus des grands patrons des trusts et des banques de grimper en flèche ! C’est donc les travailleurs qui sont les seuls à payer et on n’a pas eu en 2009 le rapport de forces permettant de faire reculer nos adversaires du patronat et du gouvernement. Pourquoi des luttes radicales et massives n’ont pas permis de gagner sinon parce qu’actuellement nous avons à faire à une attaque générale qui ne peut se combattre que tous ensemble et non secteur par secteur ?

Il n’y a pas d’autre moyen pour parvenir à cet objectif que de discuter entre travailleurs des leçons à tirer sur les échecs passés. Et le principal obstacle pour de tels débats entre nous, travailleurs, que le frein des organisations syndicales. Loind e servir à mettre en place un tel débat, elles l’empêchent. Elels évitent aux travailleurs de s’organiser en comités en vue de faire le bilan et de mettre au point la riposte nécessiare.

Ce devrait être aux travailleurs de décider des suites à donner à la lutte. Au lieu de cela, les confédérations syndicales occupent le terrain avec des propsitions qui divisent, qui affaiblissent et qui empêchent les travailleur sde se faire eux-mêmes d’autres propositions.

Par exemple, il y a du mécontentement en cette rentrée. Les confédérations décident alors de le détourner par des luttes divisées. En 2010, les journées d’action de 2009 continuent mais, quel progrès !, elles sont sectorisées… La fonction publique est appelée à la grève le 21 janvier, les infirmières et personnels de santé le 26 janvier, France Télévision le 28 janvier, l’Education le 30 janvier. Les ports et docks avaient été appelés le 4 janvier. La Guadeloupe le 9 janvier. L’aviation civile les 13 et 14 janvier. Et, dans le privé, c’est plutôt entreprise par entreprise, etc, etc…

Il est grand temps que les travailleurs lancent un grand mouvement d’organisation de comités de lutte dans tous les secteurs pour décider eux-mêmes des revendciations, des formes d’action et discuter de l’avenir de la société....

Les syndicats français qui se moquaient volontiers du syndicalisme de cogestion avec les patrons à l’allemande, du syndicat-parti ultra-réformiste et respectable à l’anglaise ou du syndicat-trust à l’américaine, ont très bien su trouver la voie française de l’intégration au système. On les voit en effet de plus en plus gérer les conflits à la manière non conflictuelle mais consensuelle au risque de se contenter d’envoyer les luttes dans des voies de garage. On se souvient par exemple de la fin de conflit de la SNCM où la CGT avait édité des bulletins de vote pour la reprise du travail en accord avec la direction, bulletins sur lesquels on votait soit pour la reprise et le maintien de l’entreprise soit pour la continuation de la grève et le démantèlement de l’entreprise. Le syndicat corse qui avait joué en faveur de la lutte et se retrouve aujourd’hui en procès n’avait reçu aucun soutien des confédérations. Et ce n’est qu’un exemple parmi de multiples cas du type de l’entreprise Périer, où la CGT avait fait pression sur sa section locale pour qu’elle accepte un chantage patronal.

Il ne s’agit pas ici de faire semblant de découvrir que les syndicats sont réformistes. Cela ne date pas d’hier. Par contre, aujourd’hui, il n’y a plus aucune base au réformisme. C’est les contre-réformes, les remises en cause et les reculs qui sont signés par des syndicats fanatiques de l’accord. En cela, la CGT a rejoint les autres syndicats, et les a parfois dépassés même, dans sa course à la signature d’accords. Et on voit que le bilan n’en est nullement une amélioration de la situation des travailleurs. Quand on mesure le niveau de stress, la détérioration des conditions de travail, d’emploi et de salaires, il est clair que ces accords n’ont fait qu’engluer les organisations syndicales sans nullement changer en positif le sort des travailleurs. Bien entendu aussi, nous ne découvrons pas que les syndicats n’ont plus rien de révolutionnaire depuis belle lurette. Non seulement, ils ne visent plus au socialisme comme le proclamait l’ancienne CGT, non seulement ils ne veulent nullement renverser le système, pas plus qu’ils ne souhaitaient le faire en 36 ou en 68, mais, même dans des conflits n’engageant pas le pouvoir de la bourgeoisie, ils détournent les luttes, les divisent, les noient avec des stratégies multiples de division et de diversion.

Le moyen de transformer les futures luttes en succès, c’est de mener des luttes sur la base non du secteur ou de la profession mais sur la base des classes sociales, de nos intérêts de travailleurs, d’unir privé et public, d’unir les hôpitaux entre eux, d’unir les trusts automobiles aux sous-traitants, d’unir précaires et salariés en CDI, sans papiers et salariés avec papiers, etc..... En somme, une lutte de classe !

Qu’est-ce qu’une lutte de classe ? Lénine l’exposait aux travailleurs : "Qu’est-ce que la lutte des classes ? Quand les ouvriers d’une seule usine ou d’une profession particulière engagent la lutte contre leur patron ou contre leurs patrons respectifs, est-ce là lutte de classes ? Non, ce n’en sont que de faibles débuts. La lutte d’ouvriers ne devient lutte de classes qu’au moment où tous les représentants les plus avancés de la classe ouvrière du pays prennent conscience de former une classe ouvrière unie et où ils commencent à mener une lutte, non pas chacun contre son patron à lui, mais contre la classe capitaliste tout entière et contre le gouvernement qui la soutient. Ce n’est qu’au moment où chaque ouvrier prend conscience de faire partie de toute la classe laborieuse et qu’il considère sa lutte quotidienne contre un patron, contre un fonctionnaire de l’Etat comme la lutte contre toute la bourgeoisie et contre le gouvernement tout entier, ce n’est qu’à ce moment que sa lutte devient lutte de classes."

Messages

  • Salut, je vous transmet cet article sur la Grèce :

    Grèce : grève des agents du fisc et des douaniers contre les mesures d’austérité

    ATHENES — Agents du fisc et douaniers grecs ont entamé jeudi la première des grèves, prévues tout au long du mois de février pour protester contre les mesures d’austérité décidées par le gouvernement socialiste pour sortir de la crise financière.

    Le Premier ministre Georges Papandréou a annoncé mardi, au delà du plan de sortie de crise soumis à la Commission européenne et approuvé par Bruxelles, un gel total des salaires des fonctionnaires, la hausse de l’âge du départ à la retraite et une hausse des taxes sur les carburants.

    Le syndicat des quelque 15.000 agents du fisc s’affirme prêt à accepter la perte de privilèges fiscaux, mais juge inacceptable le total des coupes envisagées, qu’il chiffre à près du quart du revenu de ses membres. Les agents ont annoncé leur intention de faire à nouveau grève le 10 et le 17 février.

    Les quelque 4.000 douaniers excluent pour leur part toute concession salariale.

    De son côté, la puissante confédération des fonctionnaires (Adedy) qui compte près de 200.000 membres, a confirmé mercredi un appel à une grève de 24 heures pour le 10 février.

    Le front syndical du parti communiste (Pame) a indiqué qu’il se joindrait à cette grève.

    Pour le secteur privé, l’influente Confédération des travailleurs de Grèce (GSEE 600.000 adhérents), a annoncé son intention d’appeler à une grève générale le 24 février. Elle vient aussi de se retirer du dialogue social en cours sur la réforme des retraites.

    "Je regrette profondément que le gouvernement se soit incliné devant les demandes des marchés financiers", a indiqué son secrétaire général, Yiannis Panagopoulos.

    La Commission européenne a approuvé le plan d’économies grec tout en précisant qu’elle mettra le pays sous une surveillance étroite pour s’assurer de sa mise en oeuvre.

    Commentant cette annonce, le ministre des Finances Georges Papaconstantinou avait indiqué qu’il s’attendait "à des réactions" mais que le gouvernement était "convaincu que la grande majorité de la population va nous soutenir parce qu’elle sait que ces décisions sont nécessaires".

    La presse a fait part en revanche de son inquiétude sur d’éventuelles autres mesures de rigueur qui pourraient être prises dans l’avenir.

    "Le gouvernement pourrait aller plus loin, en rognant les droits à la retraite, en réduisant même les pensions, bien qu’il ait catégoriquement démenti son intention de le faire", écrit le journal de gauche Eleftherotypia.

    "S’emparer de l’argent de la population ne suffit pas à guérir l’économie si cet argent est dépensé pour rembourser ou faire de nouveau emprunts à des taux élevés", estime de son côté Apogevmatini (droite populaire).

    Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Stauss-Kahn a jugé quand à lui les mesures d’austérité annoncées "très difficiles" à prendre, et estimé que les pays membres de la zone euro ne peuvent "pas se permettre de ne pas aider la Grèce d’une façon ou une autre".

    La dette de la Grèce s’élève à plus de 294 milliards d’euros (412 milliards de dollars) et son déficit se situe bien au-delà des limites des 3% du PIB acceptées pour les membres de la zone euro.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.