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Sarkozy en Haïti : le représentant d’un impérialisme qui n’a cessé d’opprimer le peuple haïtien verse des larmes de crocodile

mardi 16 février 2010, par Robert Paris

TROUPES FRANÇAISES HORS D’HAITI

BAS LES PATTES L’IMPÉRIALISME SUR LE PEUPLE D’HAITI

DE LA NOURRITURE, DES SOINS, DES LOGEMENTS MAIS PAS DES POLICIERS ET DES MILITAIRES

QUE LA FRANCE COMMENCE PAR RENDRE LES MILLIARDS DE DUVALIER !

Selon l’AFP, la priorité de Sarkozy en Haïti est la reconstruction de l’Etat.
Or l’Etat n’a pas cessé d’être le principal facteur d’oppression du peuple haïtien !! C’est la crainte du vide de l’Etat qui a motivé l’intervention massive des grandes puissances après le séisme.... Ces grandes puissances craignaient la révolte du peuple d’Haïti qui n’aurait plus été écrasée par un appareil de répression !

AFP :

"Le président français Nicolas Sarkozy se rend mercredi en Haïti pour une brève visite, un peu plus d’un mois après le cataclysme qui a dévasté le pays, et devrait annoncer une aide financière « extrêmement significative » pour reconstruire l’État haïtien.

Cette visite a été qualifiée d’« historique » par le président haïtien René Préval car il s’agit de la première d’un chef de l’État français dans cette ancienne colonie toujours liée à Paris par la langue et la culture.

Nicolas Sarkozy ne restera qu’une matinée en Haïti en raison, selon la présidence française, des « difficultés techniques » à organiser une telle visite après le tremblement de terre du 12 janvier qui a fait au moins 217 000 morts.

Le président français effectuera notamment, avec René Préval, un survol en hélicoptère des zones sinistrées concentrées dans la capitale, Port-au-Prince.

Il tiendra, ensuite avec le président haïtien, une conférence de presse.

À cette occasion, M. Sarkozy doit annoncer le montant d’une aide, qui sera « extrêmement significative en termes financiers », selon l’Élysée.

L’une des priorités est d’aider à la reconstruction de l’État haïtien. 40% des fonctionnaires ont disparu et quasiment tous les bâtiments administratifs sont détruits.

« On ne va pas refaire comme avant », explique un diplomate français. « Jusqu’à présent, la contribution bilatérale française était de près de 30 millions d’euros, principalement sous forme d’aide à des projets ».

« Ce tremblement de terre est une opportunité pour reconstruire des bâtiments mais aussi et surtout l’État », a-t-il ajouté. L’Élysée a notamment évoqué « un très gros effort sur la formation des cadres administratifs ».

Dans ce contexte, la France pourrait ne pas reconstruire à l’identique le palais présidentiel, qui s’est écroulé lors du séisme, comme l’avait annoncé M. Préval après une rencontre avec l’ambassadeur de France en Haïti.

« Le reconstruire à l’identique, au même endroit, c’est à dire sur la faille, revient très cher et s’avère compliqué », selon le diplomate. « Même si c’est un symbole, on ne va pas commencer par ça », a-t-il ajouté.

La France entend également favoriser un mouvement de décentralisation, l’essentiel des activités étant concentré dans la capitale où vivent deux des dix millions d’Haïtiens.

Se pose notamment la question du « déplacement des populations sur les Gonaïves ou Cap-Haïtien, régions porteuses en matière de tourisme et éloignées de la faille... », selon le diplomate français.

L’Élysée insiste sur le fait que « la contribution française fait partie d’un plan d’ensemble qu’il revient d’abord aux autorités haïtiennes de concevoir » et qui devrait être adopté à New York le 31 mars lors de la conférence de l’ONU sur Haïti.

La visite de M. Sarkozy survient quelques jours après celle du premier ministre canadien Stephen Harper, arrivé lundi à Port-au-Prince pour deux jours. La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton s’y était, elle rendue, dès le 16 janvier.

Peu après le séisme, des critiques avaient été émises en France face à la gigantesque opération humanitaire mis en place par Washington. Le secrétaire d’État français à la Coopération Alain Joyandet avait déclaré qu’il « s’agit d’aider Haïti, il ne s’agit pas d’occuper Haïti ».

Un début de polémique que Paris et Washington avaient cherché à très vite désamorcer.

Après sa visite en Haïti, M. Sarkozy doit se rendre sur l’île de la Martinique, aux Antilles françaises, et en Guyane, deux départements d’outre-mer." AFP

TOUTE L’HISTOIRE D’HAÏTI EST CELLE DE L’OPPRESSION DES IMPERIALISMES FRANCAIS ET US !!!!!

Sous la direction de l’esclave Toussaint LOUVERTURE les 400.000 nègres marrons d’Haïti chassèrent les 30.000 esclavagistes, les soldats Espagnols et Anglais qui menaçaient l’île et mirent en échec 50.000 soldats de Napoléon qui tentèrent de rétablir l’esclavage avant que Jean-Jacques DESSALINES, autre esclave, n’inflige une défaite cuisante à la bataille de Vertrières aux armées napoléoniennes et ne proclame en 1804 l’INDEPENDANCE de HAÏTI. Dès lors Haïti devait subir un blocus et un harcèlement provocateur permanent de la part l’impérialisme esclavagiste et colonialiste Français et européen. En 1825, une nouvelle expédition militaire de 14 navires de guerres envoyé par le roi de France CHARLES X devait imposer au président Jean-Pierre BOYER l’échange de la reconnaissance de l’indépendance formelle du pays contre la dette par laquelle Haïti devait indemniser les esclavagistes Français : « art.2. les habitants actuels de la partie française de Saint Domingue verseront à la caisse fédérale des dépôts et consignations de France, …, d’années en années …, la somme de cent cinquante millions de francs, destinée à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité … art.3. Nous concédons, à ces conditions, …aux habitants actuels de la partie française de Saint Domingue, l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement … (Ordonnance du 17 avril de l’an de grâce 1825) ». C’est ainsi qu’au 19éme siècle fut inaugurée la mise en place du système néo-colonial fondé sur la dette contre l’indépendance nominale avec le versement par Haïti de 30 millions de francs-or durant cinq ans, somme équivalente au budget de l’état français d’alors et correspondant à une rançon payée par les Haïtiens de 21 milliards de dollars de nos jours. Pour s’acquitter de cette « dette d’indépendance », Haïti fut contrainte d’emprunter le premier versement de 30 millions de francs-or aux banques françaises qui fixèrent le taux d’intérêt à 6 millions de francs-or. Ce fut le début du système spoliateur d’endettement des ex-colonies qui perdure jusque de nos jours avec les diktats du Fonds Monétaire International (FMI), de la Banque Mondiale et de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) notamment sur les pays d’Afrique. L’économie Haïtienne passa peu à peu de l’agriculture esclavagiste de plantation à l’agriculture d’exportation commerciale pour la maintenir dans la dépendance économique.

L’entente et la rivalité entre impérialismes Français et Etasuniens contre le peuple

Au 19éme siècle Haïti était déjà un enjeu majeur pour les USA qui avaient obtenu, tout comme Haïti l’indépendance par la lutte armée, mais qui maintenaient le système esclavagiste chez eux jusqu’à la guerre de sécession en 1865. Ainsi JEFFERSON président des USA, parlant de Haïti, a pu déclamer sa haine de « cette peste indépendantiste et anti-esclavagiste de nègres qui ont pris leur indépendance par les armes ». Et en 1914 au moment où tonnaient en Europe les canons de la guerre inter-impérialiste pour se repartager les colonies, l’impérialisme étatsunien débarquait à Haïti pour l’occuper jusqu’en 1934. Haïti devint une néo-colonie du café et du sucre pour les USA. La résistance farouche incarnée par le martyr Haïtien Charlemagne PERALTE devait obliger les Yankees à se retirer non sans avoir imposer l’abrogation de l’article de la constitution qui interdisait à des étrangers de posséder des entreprises monopolistiques à Haïti. Ententes et Rivalités vont dorénavant rythmer la mainmise des impérialistes Franco-étatsuniens et canadiens sous la dictature fasciste des DUVALIER père et fils et des ‘tontons macoutes’ qui vont faire passer Haïti dans les griffes des recettes néo-libérales des plans d’ajustement structurel du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale. La dette Haïtienne équivalait à la somme de 900 millions de dollars, exactement la fortune volée par les tyrans DUVALIER exilés dans des palais dorés en France. La liquidation de la filière nationale de production de riz et de production du porc ‘créole’ mettra fin à l’autosuffisance alimentaire de Haïti. Combinée à la déforestation massive et à l’installation des ‘maquilas’ (entreprises d’assemblage pourvoyeuses d’une main d’œuvre non qualifiée), Haïti fut transformé par l’exode rural massif vers Port au Prince, la capitale, et l’émigration vers les USA, le Canada et la France en « pays le plus pauvre d’Amérique ». En 1991, le prêtre Jean-Bertrand Aristide, partisan de la théologie de la libération répandue en Amérique du sud, pris le chemin de la résistance, mais il fut renversé neuf mois après son élection par un putsch Franco-étatsunien et canadien. Les USA le ramènent 10 ans après, en 2001, au pouvoir pour duper et calmer le peuple en colère. Et voilà qu’en 2004, à l’occasion du bicentenaire de la révolution anti-coloniale et anti-esclavagiste de la première république noire indépendante, celui que les impérialistes pensaient avoir dompté se met à réclamer à l’état Français le remboursement des 21 milliards de dollars extorqués au 19éme siècle. Pour cet acte courageux Aristide est à nouveau chassé par une expédition militaire de la France, des USA et du Canada. Il est littéralement kidnappé et détenu un moment de Centrafrique, une des 10 bases militaires Françaises en Afrique, avant d’être expulsé en Afrique du Sud jusqu’aujourd’hui. L’expédition militaire putschiste Franco-étatsunienne et canadienne a été ensuite déguisée en présence militaire Onusienne sous le nom de MINUSTAH.

L’indépendance haïtienne, est le fruit d’une révolte d’esclaves, commencée en 1791à Bois-Caïman, de ces esclaves noirs sur lesquels s’est bâti le capitalisme primitif européen et nord-américain.
Menée par Toussaint Louverture, cette révolte fut une des toutes premières guerre de libération de l’Histoire, à forte dimension populaire.
Napoléon tentera, en 1801, de reprendre le contrôle de la colonie - pour y rétablir l’esclavage. Louverture est arrêté (il mourra au fort de Joux dans le Jura), mais face à la résistance héroïque du peuple (et malgré une des premières guerres d’extermination moderne - un Noir ayant connu la liberté étant impossible à remettre en esclavage, il devait mourir), la Terreur de l’Europe lui-même dut renoncer, et l’indépendance est proclamée le 1er janvier 1804 par Dessalines - successeur de Louverture.

On peut facilement imaginer, ce que représentait un tel exemple à l’époque. Les puissances coloniales ne lui laisseront pas le loisir de prospérer.

Dès 1806, Dessalines est assassiné, et "l’unité nationale" éclate entre l’élite métisse (mûlatre) née libre et le petite bourgeoisie (souvent affranchie) noire, l’une dirigée par Pétion (président au Sud) l’autre par Christophe (roi au Nord).

Puis vient la question du PRIX de l’indépendance. Car depuis la proclamation de l’indépendance, la France exige pour sa reconnaissance une indemnité de 150 millions de francs - une somme colossale pour l’époque.
Détournée pendant un temps de son ancienne colonie par les guerres napoléoniennes, puis la défaite et la Restauration, elle revient à la charge à partir de 1816, et sous la menace d’une reconquête militaire (14 navires de guerre avaient déjà pris la mer), Haïti accepta finalement de payer en 1825 (la dette fut ramenée à 90 millions en 1838).

Le point de départ de la "tragédie", de la "malédiction" d’Haïti, il est là. Alors que l’île était extrêmement prospère sous Boyer, successeur de Pétion, qui avait réussi à réunifier l’île et même à dominer la partie espagnole (actuelle République dominicaine), aucun développement des forces productives ne sera plus possible.
Impôts et corvées écrasent les paysans et la petite bourgeoisie.

Le conflit entre la bourgeoisie métisse (dominante au Sud) et noire (dont le bastion est au Nord) est permanent, et hormis de courtes périodes de stabilité (comme Faustin Soulouque, empereur de 1849 à 1859) ce sont les coups d’Etat, les révoltes, les guerres civiles et les sécessions Nord-Sud qui se succèdent.

Petit à petit, la France qui a renforcé ses autres colonies sucrières (Guadeloupe, Martinique, Réunion), développé le sucre de betterave et s’est reconstitué un Empire colonial (Afrique, Indochine) - et empoché l’indemnité ! - se désintéresse de son ancienne possession.

Haïti est un peu un no man’s land sans maître, puis passe curieusement sous la domination de l’Allemagne - nouvelle puissance sur la scène internationale - qui y dispose d’une très importante colonie d’expatriés, liée à l’élite mûlatre, tient pratiquement toute l’économie et le commerce maritime, et intervient militairement 2 fois pour une affaire de dette.

Mais en 1914, l’Europe entre en guerre, et le destin d’Haïti va dès lors, surtout, s’inscrire dans la "Méditerranée américaine" qu’est devenu la Caraïbe. L’île va passer principalement sous la botte des Etats-Unis (qui contrôlaient déjà la banque nationale).

Prétextant une révolte (un énième président avait été assassiné) menaçant ses ressortissants, les troupes US envahissent le pays en 1915, et l’occupent... jusqu’en 1934 !

Cette domination, n’a pour ainsi dire jamais cessé, bien que sous la dictature des Duvalier père et fils (tristement célèbre par les fameux "tontons macoutes") le pays ait pris une orientation plus pro-européenne (pour dire les choses clairement, pro-française) et que les relations aient été tendues avec les Etats-Unis (qui ne seront pas pour rien dans la chute de Duvalier junior en 1986, réfugié... en France).

Depuis, l’histoire haïtienne a surtout été dominée par la figure de Jean-Bertrand Aristide, "prêtre rouge" inspiré de la théologie de la libération. Mais il se révèlera finalement à l’image de ses prédécesseurs, corrompu et despote, et, surtout proche du parti démocrate US (via les "lobbies" noirs), la famille Bush ne le porte pas dans son coeur...
Elu triomphalement par les masses pauvres en 1990, il est renversé l’année suivante avec l’appui de la CIA et de Bush père (lui-même ancien directeur de l’agence).
Rétabli en 1994 par... Clinton, réélu une nouvelle fois en 2000, c’est alors Bush fils qui lui inflige une "révolution orange" en 2004 ("groupe des 184" et mouvement étudiant) et installe une marionette.
Comme les partisans d’Aristide ne renoncent pas si facilement, une force des Nations Unies, la MINUSTAH, est envoyée. La situation de l’île aujourd’hui, bien que le bras droit d’Aristide ait été élu en 2006, en est là : un protectorat ONUsien.

Le pays est le plus pauvre des Amériques, et l’un des plus pauvres du monde. 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté, 65% est sans emploi. L’agriculture est arriérée, éclatée en mini-exploitations incapables de produire assez pour une exportation sérieuse (en fait, le pays n’exporte pratiquement rien, sinon un peu de textile, son intérêt est surtout stratégique pour le contrôle de la mer Caraïbe).
En raison le faiblesse extrême du rendement agricole (et de la pénurie d’énergie) les paysans ont littéralement anéanti la fôret, et la mondre pluie tropicale provoque des coulées de boue dévastatrices.
Le menu gastronomique de Cité Soleil (plus grand bidonville du pays, 400.000 habitants) est la galette de boue, pour masquer la faim en donnant l’illusion qu’on mange !

Et la principale exportation, c’est surtout la force de travail : presque autant d’haïtiens (ou d’origine) vivent hors du pays que dedans, surtout aux Antilles françaises, en République dominicaine, aux Etats-Unis, au Canada, en France (45.000)... Leurs envois de devises sont, pour ainsi dire, la perfusion du pays.

Un pays ruiné, sinistré pour être né en défiant les puissants. Puis pour son agriculture mais, surtout, sa position stratégique...

Tout cela fait un tableau bien misérabiliste. Mais il n’y a pas (comme les médias nous le rabâchent à longueur de journée) de fatalité de la misère et de la souffrance.

La seule loi universelle de l’existence humaine, c’est la lutte des classes.

Et Haïti a une glorieuse histoire de lutte, depuis Bois-Caïman et Toussaint Louverture !

Il y a eu la révolte de Charlemagne Péralte en 1918, qui faillit rejeter l’occupant yankee à la mer.

Le soulèvement populaire contre les Duvalier en 1986... Et en 2008, le pays a été secoué par de violentes émeutes de la faim, brutalement réprimées par les troupes brésiliennes de l’ONU : plusieurs manifestants avaient été tués. Enfin la grande grève de 2009 pour les deux cent gourdes....

Que les masses haïtiennes bientôt se lèvent, comme toutes les masses des Amériques, et que la guerre victorieuse du Peuple balaye la misère et la barbarie de l’impérialisme ! Ouvrant à l’héroïque Haïti l’avenir radieux qui lui a été volé depuis plus de 2 siècles !

SLP

France : le gouvernement soutient l’occupation américaine de Haïti dévasté par un tremblement de terre

Par Antoine Lerougetel

5 février 2010

Après le tremblement de terre du 12 janvier qui a dévasté Haïti, le gouvernement français prend des mesures pour faire cesser en Europe l’opposition politique à l’occupation militaire américaine de Haïti.

L’intervention américaine a bloqué les aides essentielles en nourriture et médicaments, y compris venant d’organisations telles Médecins sans frontière, tandis que Washington se concentrait à consolider son étau sur Haïti. Le bilan du tremblement de terre s’élève à plus de 200.000 morts, 250.000 blessés et des millions de sans-abris. Cette catastrophe a aussi renforcé les projets impérialistes de faire de Haïti une plateforme de travail bon marché d’esclaves salariés payés avec des salaires de misère dans l’industrie de l’habillement. (voir « Reconstruire Haïti » pour ses salaires de misère )

Le président français Nicolas Sarkozy qui a bâti sa politique étrangère autour du projet de réparer les relations franco-américaines après que son prédécesseur Jacques Chirac s’est opposé à la guerre en Irak aux Nations unies, s’est empressé de répudier le reproche à présent célèbre de son ministre de la Coopération et des territoires d’outre-mer, Alain Joyandet qui a dit concernant les opérations américaines en Haïti : « Il s’agit d’aider Haïti. Il ne s’agit pas de l’occuper. »

Les commentaires de Joyandet ont été repris par Guido Bertolaso, dirigeant de l’Agence pour la protection civile d’Italie. Bertolaso a ainsi qualifié l’opération américaine en Haïti de « démonstration de force » vraiment puissante, mais totalement coupée de la réalité. Il a ajouté que les Américains n’étaient pas en phase avec le territoire ni avec les organisations internationales et les groupes d’aide. Bertolaso a ajouté que confrontés à une situation de chaos, les Etats-Unis tendaient à faire l’amalgame entre intervention militaire et ce qui devrait être une opération d’urgence que l’on ne peut confier aux forces armées. Ce qui manque, a-t-il dit, c’est un leader, une capacité de coordination qui aille au-delà de la discipline militaire.

La position officielle française est venue dans un communiqué présidentiel qui affirmait : « Les autorités françaises sont [.] pleinement satisfaites de la coopération » avec Washington. Le communiqué ajoute qu’elles reconnaissent « le rôle essentiel qu’ils [les Etats-Unis] jouent sur le terrain en faveur de Haïti. »

Au même moment, le gouvernement français se prépare à renvoyer des immigrés haïtiens vers leur pays dévasté et occupé. Le 13 janvier, le ministre de l’Immigration Eric Besson a fait cesser les procédures d’expulsion contre les sans-papiers haïtiens, mais uniquement pendant 3 mois, soit moins que les 18 mois accordés par le gouvernement américain. Pour de nombreux immigrants, cela signifie un retour vers la famine et des maisons réduites à des gravats. Besson a rejeté les appels d’organisations de soutien pour que soient accordés des permis de séjour à tous les Haïtiens en France.

Des reportages indiquent que même ces annonces de concessions tout à fait inadéquates ne sont pas respectées. Le 22 janvier dans la préfecture du Val de Marne, à proximité de Paris, les expulsions se poursuivaient comme d’habitude. La préfecture a donné l’ordre d’expulser deux Haïtiens dont les passeports n’étaient pas en règle. Le bureau du Procureur a dit, « Les Haïtiens ont un mois pour quitter la France. »

Le gouvernement Sarkozy soutient pleinement le mensonge fondamental utilisé par les Etats-Unis pour justifier son occupation militaire de Haïti. La sécurité est le problème central en Haïti. Prenant la parole le 23 janvier lors des préparatifs de la conférence de Montréal sur Haïti, Sarkozy a essayé d’utiliser la catastrophe pour mettre sur pieds une force européenne de sécurité : « La sécurité, c’est aussi la capacité de réagir face à l’urgence.... » Il a ajouté, « C’est pourquoi la France préconise la création d’une force européenne de sécurité civile... qui pourrait être déployée très rapidement. »

Les affirmations de Sarkozy, du premier ministre François Fillon et de Besson d’une « vieille amitié » et de « liens historiques et culturels profonds » entre la France et son ancienne possession coloniale sont hypocrites et sinistres.

Bien que la France ait cédé aux Etats-Unis sa position de principale puissance impérialiste en Haïti au début du 20e siècle, elle a, d’un point de vue historique, joué un rôle crucial pour maintenir le pays dans la pauvreté. Napoléon, qui était venu au pouvoir sur la base de la suppression de l’influence des masses dans la vie politique, influence qui avait conduit à la reconnaissance par le gouvernement révolutionnaire français de l’indépendance de Haïti et à la libération de sa population d’esclaves en 1794, avait envoyé des troupes dans le but d’imposer à nouveau l’esclavage. Ces forces armées avaient été vaincues par les esclaves haïtiens conduits par Toussaint L’Ouverture et Jean-Jacques Dessalines.

Mais en 1825, avec 14 navires de guerre menaçant Port-au-Prince, la monarchie française restaurée de Charles X exigea de Haïti qu’elle rembourse 150 millions de francs, plus tard réduits à 90 millions, en échange de sa propre liberté. Cette indemnité fut un coup très dur pour Haïti qui ne réussit à la payer qu’en 1947.

Le corps de Marines américains qui régnait sur Haïti de 1915 à 1934 ne remit pas en cause cet arrangement et le rôle de la France, à des moments clés de l’histoire de Haïti, a consisté à apporter son soutien aux Etats-Unis. Le soutien français aux dictatures en Haïti, appuyées par les Etats-Unis est symbolisé par la décision de « Baby Doc » Duvalier de s’enfuir en France après qu’il eut perdu le pouvoir en 1986. Des troupes françaises contribuèrent à l’occupation de Haïti après le coup de 2004, soutenu par les Etats-Unis, contre le président élu Jean-Bertrand Aristide.

Actuellement, le gouvernement français ne fait aucune critique du blocus des eaux haïtiennes par la marine et les garde-côtes américains, opération appelée « Vigilant Sentry » (sentinelle vigilante), visant à intercepter et renvoyer au pays tout Haïtien cherchant à s’échapper. Il n’a pas non plus protesté contre le fait que les Etats-Unis ont mis en place un camp de détention dans sa base navale de Guantànamo Bay à Cuba et qui peut accueillir plus de 1 000 Haïtiens qui tenteraient d’échapper au blocus.

De fait, tout porte à croire que la bourgeoisie française s’en réjouit. Comme le suggère le traitement des sans-papiers haïtiens ou d’autres nationalités avant le séisme, il ne fait aucun doute que les autorités françaises sont soulagées de voir que le blocus empêchera la fuite d’une marée de réfugiés de Haïti vers les départements et collectivités français d’outre-mer, dont la Guadeloupe et la Martinique qui sont à proximité.

Les conditions sociales sur ces îles sont déjà très tendues. L’année dernière, il y avait eu une grève générale de 44 jours en Guadeloupe. Le quotidien Le Monde avait alors écrit que la grève générale en Guadeloupe « suscite les plus vives inquiétudes au sommet de l’Etat. » Il expliquait : « le gouvernement redoute que les mesures en faveur du pouvoir d’achat qui seraient consenties dans les îles servent, en métropole, de référence aux syndicats. »

La communauté haïtienne des départements et collectivités français d’outre-mer est très opprimée. Un rapport de 2006 publié par l’association Migrants d’outre-mer en lien avec le Collectif Haïti de France dit que sur les 1,5 millions de Haïtiens vivant à l’étranger, on en trouve 100.000 sur le territoire français : 40.000 en France métropolitaine, 30.000 en Guyane et 20.000 en Guadeloupe.

Parmi les Haïtiens vivant en Guadeloupe, 5000 sont des sans-papiers. Sur l’île, « Les expulsions sont massives : on dénombre en moyenne 2000 par an. Lorsqu’une personne en situation irrégulière est arrêtée, elle reçoit une"obligation à quitter le territoire français" (OQTF) dans un délai d’un mois. » Cette OQTF peut être contestée auprès du Tribunal administratif. Ce recours est suspensif en métropole mais pas en Guadeloupe.

En règle générale, les Haïtiens de Guadeloupe ont des salaires très bas et subissent des discriminations. Le rapport fait remarquer : « Certaines écoles demandent les papiers d’identités des parents pour inscrire les enfants, ce qui fait extrêmement peur aux parents en situation irrégulière. »

Le rapport révèle qu’un accord est négocié entre la France et Haïti visant à permettre à l’Etat français d’expulser plus facilement des Haïtiens vivant en France et dans ses départements et collectivités d’outre-mer. De tels accords ont aussi été conclus avec d’anciennes colonies françaises en Afrique.

En 2006, le GARR ( Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés ) a publié des chiffres accablants sur le traitement infligé de janvier à novembre 2005 aux demandeurs d’asile politique haïtiens en France et dans les départements d’outre-mer (DOM.) Sur 4 718 demandes dans les DOM seuls 2,3 pour cent ont été accordés. « La plupart des Haïtiens arrivent par bateau. Ils passent par l’île de la Dominique, située à 80 kilomètres au sud des côtes guadeloupéennes. » En 2004, pour atteindre la Guadeloupe au départ de Haïti, un migrant devait payer à un trafiquant 2000 à 3000 dollars, plus 300 à 400 dollars de plus à l’arrivée. À n’en pas douter, le tremblement de terre a dû faire grimper en flèche ces coûts.

Dans son étude « L’immigration clandestine en Guadeloupe : le cas des Haïtiens » l’universitaire Louis-Auguste Joint fait remarquer l’oppression des immigrants haïtiens qui sont souvent considérés comme les boucs émissaires des problèmes sociaux. En 2004, à l’époque du coup d’Etat appuyé par les USA et la France contre le président haïtien élu Jean-Bertrand Aristide, coup d’Etat dont il estime le bilan à 10 .000 morts, seuls 10 des 2005 demandeurs d’asile avaient obtenu le droit d’asile.

En Guadeloupe, l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) remet aux demandeurs d’asile un récepissé durant la période d’attente du verdict. La décision est prise à Paris. Les travailleurs ont une autorisation de séjour mais n’ont pas l’autorisation légale de travailler jusqu’à ce que le verdict soit rendu. C’est ainsi qu’ils sont la proie de patrons qui les exploitent, les faisant travailler 18 heures par jour pour 20 ou 30 euros dans des plantations de canne à sucre ou de bananes.

Les USA avaient prévu le scénario d’invasion militaire avant le séisme

2010 : une invasion militaire camouflée en aide humanitaire

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