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Editorial 07-03-2010 - La Grèce au banc d’essai

lundi 8 mars 2010

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

La Grèce au banc d’essai ?

Il est visible que les travailleurs grecs sont en train de servir de cobaye pour une expérimentation grandeur nature : voir comment la classe ouvrière résiste face à une attaque anti-sociale sans précédent avec des diminutions massives de salaires, des attaques massives sur les retraites et les emplois… A voir les sourires et la satisfaction affichés par les Sarkozy, Merkel et Brown après l’annonce du plan d’austérité sans précédent par le gouvernement de gauche grec, les gouvernants n’en attendent pas seulement de voir l’économie grecque se relever, si tant est qu’ils imaginent encore cela possible, ce qui est loin d’être certain… Quant aux travailleurs de Grèce comme d’ici, non seulement ils ne doivent rien à attendre de la classe dirigeante pour sortir indemnes de cette crise, mais surtout ils ne doivent pas croire les dirigeants syndicaux ou les politiciens de gauche qui voudraient leur faire croire qu’en négociant quelques sacrifices, on peut sauver l’essentiel : nos emplois, nos revenus, notre sécurité sociale, notre santé et nos retraites.
De ce point de vue, l’exemple grec doit nous servir aussi. Il démontre que les classes dirigeantes s’apprêtent à nous faire payer dans des proportions inouïes les frais de la crise. Il est une preuve pour tous les travailleurs que les gouvernements de droite comme de gauche, tous acquis à la défense des intérêts du capital, ne vont reculer devant aucune attaque pour nous faire payer la crise. Mais c’est aussi un test comme l’ont été les plans d’austérité qui ont été déjà mis en oeuvre en Islande, en Lettonie, en Espagne et au Portugal. Et ce n’est pas parce que ces Etats sont plus menacés de faillite que les USA, l’Italie ou l’Angleterre. Ou la France…
En réalité c’est tout le système capitaliste qui est gangrené et menacé de faillite par les dettes colossales amassées par le secteur privé. Souvenons nous qu’il y a à peine deux ans, des géants de la banque et de la finance comme Lehman Brothers se sont écroulés et que d’autres n’ont dû leur survie qu’à une intervention massive des Etats. A l’époque, les Obama et autres Sarkozy nous ont expliqué que ce soutien massif servait à préserver nos petites économies et nos emplois. Quel mensonge !
Non seulement ce soutien n’a pas empêché le développement d’un chômage massif, avec fermetures d’usines, mais en plus les banques et les financiers sauvés de la "banqueroute" se servent aujourd’hui de cet argent pour spéculer sur la dette des Etats (laquelle avait explosé … suite à la prise en charge par les Etats des dettes du secteur privé).
Au fond, cette "crise de la dette" révèle l’impasse dans laquelle se trouve le capitalisme qui résulte de la raréfaction des occasions de faire des profits. Et le soutien massif des Etats n’a servi qu’à déplacer les problèmes et à retarder les échéances.
En Grèce, en Espagne au Portugal, partout en Europe, si les travailleurs ne veulent pas sombrer avec le système, ils doivent commencer par refuser d’accepter tout sacrifice que la classe dirigeante demandera sous prétexte de redresser l’économie. En France, cela commence par le refus de toute remise en cause de nos retraites.

Une mobilisation pour les retraites ?

Les syndicats nous appellent à une journée nationale et de manifestations le 23 mars 2010. Une riposte serait bien entendu indispensable vu l’ampleur des attaques qui menacent nos retraites. Mais pas avec l’actuel mot d’ordre des syndicats qui affichent « pas de réforme sans un débat national ». Car on sait que ces fameuses « réformes » ne sont rien d’autre que des destructions ! Le gouvernement vide les caisses, amplifie les suppressions d’emplois en supprimant des emplois dans le public et en organisant les suppressions d’emplois des prestataires de l’Automobile par exemple. Il prévoit, soi-disant pour renflouer les caisses, d’imposer des retraites sous-payées, des cotisations salariales en hausse et une retraite à 61, 62 ans ou plus… Alors, il n’y a rien besoin de débattre ! Exigeons 60 ans pour tous sans aucune réduction de pension !

Oui, les retraites peuvent être le début d’une contre-offensive des travailleurs. A condition de ne pas attendre des centrales syndicales ce qu’elles ne peuvent pas donner et de ne compter que sur notre propre mobilisation et, surtout, en contrôlant nous-mêmes notre lutte en assemblées générales et pas des comités de grève qui décident vraiment des revendications, des moyens d’action et des suites à donner à chaque étape…

Oumary

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Messages

  • Oui, les retraites peuvent être le début d’une contre-offensive des travailleurs. A condition de ne pas attendre des centrales syndicales ce qu’elles ne peuvent pas donner et de ne compter que sur notre propre mobilisation et, surtout, en contrôlant nous-mêmes notre lutte en assemblées générales et pas des comités de grève qui décident vraiment des revendications, des moyens d’action et des suites à donner à chaque étape…

  • Lutte des classes en Grèce

    « C’est toujours nous les travailleurs qui payons » disait une manifestante grecque. « Même s’ils nous terrorisent, les mesures ne passeront pas » scandaient les grévistes. Qu’est ce qui se trame contre la classe ouvrière et les couches populaires en Grèce ? Les mesures d’austérité décidées par le gouvernement grec et adoptées par le parlement sont approuvées par la Commission européenne, la Banque Centrale Européenne, le FMI, les agences de notation et saluées par l’ensemble des gouvernements européens. Ce plan est dirigé contre les classes populaires grecques. Par contre les industriels, les banquiers et autres parasites financiers c’est-à-dire les vrais responsables de la crise économique que connaît la Grèce, ne sont nullement concernés par ce plan dit d’austérité.

    L’aristocrate Christine Lagarde tenait absolument à saluer les décisions prises par le gouvernement grec : « Je rends hommage à la lucidité et au réalisme du gouvernement grec et au caractère tangible du dispositif mis en place. [...] Si ça n’avait été que des mesures marginales ou structurelles probables, on aurait pu être sceptique, mais là c’est du dur, c’est du tangible ». « C’est un signal très important envoyé aux marchés pour qu’ils regagnent confiance dans la Grèce mais aussi dans l’euro » renchérit Angela Merkel (1). Les bourgeoisies européennes et leurs institutions se congratulent et se félicitent mutuellement pour avoir réussi à faire adopter par le Pasok ( le Parti socialiste grec dirigé par Georges Papandréou au pouvoir) un plan économique intitulé « mesures d’urgence pour faire face à la crise financière » destiné à réaliser près de 5 milliards d’euros sur le dos des classes populaires. La TVA, qui passe de 19 à 21 %, est un impôt sur la consommation payé essentiellement par les pauvres qui ne peuvent épargner. Les plus riches ne sont donc pas vraiment concernés par cette hausse. Le parti socialiste au pouvoir va également réduire de 30 % le 13e mois et de 60 % le 14e mois de salaire des fonctionnaires. Ce sont toujours les salaires et jamais les profits qui sont touchés. Le plan prévoit également le gel des pensions de retraite du privé comme du public. Le carburant qui a connu une hausse de près de 25 centimes par litre en février, augmente à nouveau de 8 centimes pour le litre d’essence et de 3 centimes pour celui du diesel. Seules les couches populaires vont supporter les conséquences dramatiques de ces mesures injustes. C’est une véritable guerre que le gouvernement déclare non pas à la dette comme il le prétend, mais à l’ensemble des classes populaires.

    Les marchés financiers, eux, se frottent les mains :« le soulagement est évident sur les marchés monétaires depuis que la Grèce a annoncé ses mesures d’austérité supplémentaires » déclare un spécialiste du Crédit Agricole(2).

    La réponse de la population fut immédiate et massive : en moins d’une semaine, le 5 et le 11 mars, deux journées de grève générale dans tout le pays sans parler des grandes manifestations du 23 et 24 février 2010. Ouvriers, employés, enseignants, retraités, infirmières, marins, journalistes, étudiants, se sont retrouvés côte à côte dans les rues d’Athènes et des autres villes grecques pour crier leur colère contre ce plan d’austérité. Les services publics étaient paralysés, les avions cloués au sol, les trains bloqués à la gare, les navires étaient à l’ancre, les banques travaillaient au ralenti etc. Face à cette résistance populaire, le gouvernement n’a offert comme seule et unique réponse, la répression !

    Une véritable lutte de classe se déroule sous nos yeux en Grèce. D’un côté une minorité de riches menée par le parti socialiste au pouvoir soutenu par toutes les bourgeoisies européennes et leurs institutions, de l’autre, le peuple grec guidé par la classe ouvrière et ses organisations légitimes. Les premiers, responsables de la ruine du pays, s’accrochent à leurs privilèges, les seconds c’est-à-dire l’immense majorité de la population se battent pour maintenir leur niveau de vie et leurs acquis sociaux qu’ils ont arraché de haute lutte.

    Le combat que mène en ce moment le peuple grec est riche d’enseignements. Il met en exergue le fait que les intérêts des classes populaires sont diamétralement opposés à ceux du gouvernement et du parlement.

    Cette lutte a une portée qui dépasse largement le cadre grec. Elle concerne l’ensemble des travailleurs européens. De l’issue de la résistance grecque dépendra celle des travailleurs des autres pays de l’Union qui ne vont pas tarder à subir à leur tour des plans similaires. Car la situation grecque ne diffère pas vraiment de celle de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande etc. Les événements qui se déroulent aujourd’hui en Grèce, se développeront peut-être demain sur tout le continent.

    Le combat du peuple grec jette une lumière éclatante sur les sombres objectifs de l’Union Européenne. Il s’agit d’une construction au service exclusif des entreprises, des banques, des compagnies d’assurance, bref au service du capital.

    Les bourgeoisies européennes sont unies contre la classe ouvrière et déterminées à lui faire supporter tout le fardeau de la crise du capitalisme dont elles sont responsables. Mais les politiques économiques récessives qu’elles sont amenées à appliquer risquent d’aggraver davantage la situation économique, exigeant de nouvelles mesures encore plus dures. La confrontation avec les couches populaires devient, dans ces conditions, inévitable. La classe ouvrière européenne doit se préparer à ces nouveaux combats. Les gouvernements européens au solde de la bourgeoisie, eux, ne reculeront devant rien pour imposer leur volonté et briser la résistance populaire. L’ unité de la classe ouvrière est donc une nécessité vitale.

    Mohamed Belaali

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