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Editorial 23-05-2010 - Où nous amène la crise du capitalisme ?

vendredi 21 mai 2010, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Allons-nous accompagner le capitalisme dans tous les abîmes où il peut nous entraîner ?

La « crise grecque », loin d’être finie et qui s’est transformée en crise européenne, est bien caractéristique de l’instabilité actuelle du système mondial. En effet, l’économie grecque n’est qu’une part minime de l’économie européenne et mondiale et il est remarquable que ses difficultés suffisent à faire craindre une rechute mondiale et commence déjà à faire chuter les bourses asiatiques notamment. On nous annonçait pourtant une confiance générale dans la reprise mondiale qui allait être tirée par les économies asiatiques, notamment chinoise et indienne ! Et voilà que la petite Grèce pèserait plus à la baisse que la Chine à la hausse !

Ceux qui raisonnent ainsi font comme si l’économie, c’était autre chose que les intérêts d’une classe exploiteuse. Comme si cette classe capitaliste avait comme préoccupation le développement de l’économie et non l’accroissement du contenu de leurs coffres-forts ! Or, justement, faire grandir son capital, pour chaque capitaliste individuel, pour chaque société, pour chaque banque, pour chaque spéculateur, ce n’est pas forcément investir, développer, créer, fonder des sociétés, embaucher des salariés et produire des marchandises : c’est aussi miser à la baisse, jouer sur la chute, sur les fermetures, sur la baisse de la monnaie, sur la crise économique. Il y a bien plus de grandes fortunes qui se sont fondées ainsi que sur la progression des investissements productifs…

Comment savoir si le capitalisme va seulement nous faire passer un mauvais quart d’heure ou si c’est la crise systémique de grande ampleur, la crise historique de la domination capitaliste, avec à la clef des catastrophes sociales et politiques, guerres, dictatures et fascismes à l’échelle planétaire ?

Comment avoir des critères sérieux pour apprécier la situation du système ? Quels peuvent être les instruments de mesure de cette crise ? Est-ce la richesse mondiale ? Mais la crise de 2008, comme celle de 1929, a eu lieu au plus haut sommet de la richesse mondiale. Les sociétés peuvent annoncer des niveaux de richesse qui n’ont rien à voir avec des biens réellement en possession. Les déclarations des Etats sur leurs fonds peuvent être tout aussi mensongers, comme on vient de le voir pour la Grèce.

La richesse ne suffit pas à définir l’état du système ni celui d’un société. En effet, les capitalistes peuvent, dans certaines phases, s’enrichir en développant l’économie, en investissant dans la production, dans le commerce, dans la distribution, dans les services, dans les installations et, ainsi, construire une certaine prospérité générale qui active d’autres activités économiques, multiplie la quantité de biens matériels, d’échanges. Les spéculateurs gagnent autant à miser à la baisse qu’à la hausse. L’important pour eux n’est pas de développer la société mais de vendre à l’avance ce qui va chuter, quitte à en provoquer l’effondrement. Si, à tout moment un capitaliste pouvait s’enrichir de manière prédatrice, en fondant sa fortune sur des faillites, on entre depuis 2008 dans une phase du système où c’est tout le mécanisme capitaliste qui se détruit lui-même en produisant essentiellement des investissements prédateurs. On a vu en 2008 que l’incapacité des individus de payer le loyer de leur endettement immobilier pouvait être titrisé, transformé en capital !

Les mécanismes nocifs révélés par la crise de 2008 sont nombreux et ils sont loin d’avoir disparu depuis malgré l’intervention massive des Etats et la masse impressionnante de capitaux que ceux-ci on déversé. Là encore, ce ne sont pas les seuls types d’investissements dits nocifs car leur développement provoque en chaîne une espèce de nécrose, comme lorsque la mort d’une cellule distribue tout autour des produits mortels pour les autres cellules, elles-mêmes nécrosées. De nouveaux subprimes sont apparus, notamment les titres de la dette des Etats. Une grande partie des capitaux mondiaux est investie dans la dette publique. Et il est beaucoup plus rentable, deux ans après la crise et malgré des centaines de milliards d’investissements des Etats, de couler une société, un pays, une monnaie que d’investir dans un hasardeux développement économique mondial. On vient encore de voir un tel mécanisme dans la crise grecque, des capitaux massifs jouant sur la chute de l’euro et des économies européennes, les Etats choisissant de perdre des fortunes pour enrichir cette spéculation. On assiste à la croissance exponentielle de la nécrose du capitalisme.

Le système capitaliste n’est pas éternel. Aux prolétaires de faire en sorte que ne plonge pas dans les fascismes et les barbaries guerrières pour sauver la classe exploiteuse, en décidant de donner une autre suite à l’histoire du capitalisme que la terreur généralisée.


Les syndicats nous appellent à une journée d’action pour les retraites. Nous ne pouvons abstenir d’y participer vu l’importance des enjeux mais les journées d’action précédentes nous démontrent l’incapacité des directions syndicales et leur absence de volonté de construire un rapport de forces face au patronat et au gouvernement qui nous permettrait. Pour cet objectif, travailleurs, ne comptons que sur nos propres forces !

Messages

  • La critique a saccagé les fleurs imaginaires qui ornent la chaîne, non pour que l’homme porte une chaîne sans rêve ni consolation, mais pour qu’il secoue la chaîne et qu’il cueille la fleur vivante.

    Karl Marx dans "Critique de la philosophie du droit de Hegel" (1844)

  • « crise grecque », loin d’être finie et qui s’est transformée en crise européenne, est bien caractéristique de l’instabilité actuelle du système mondial. En effet, l’économie grecque n’est qu’une part minime de l’économie européenne et mondiale et il est remarquable que ses difficultés suffisent à faire craindre une rechute mondiale et commence déjà à faire chuter les bourses asiatiques notamment. On nous annonçait pourtant une confiance générale dans la reprise mondiale qui allait être tirée par les économies asiatiques, notamment chinoise et indienne ! Et voilà que la petite Grèce pèserait plus à la baisse que la Chine à la hausse !

    Ceux qui raisonnent ainsi font comme si l’économie, c’était autre chose que les intérêts d’une classe exploiteuse.

  • parler de la « crise grecque », même avec des guillemets, ne me paraît pas judicieux.

    Il s’agit d’une crise du système tout entier. La phrase d’accroche ne me convient donc pas.

  • dans la dernière phrase il faut remplacer que ne plonge pas par
    qu’il ne plonge pas, ou qu’il ne plonge pas l’humanité, ou la société, société humaine ....

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