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Quelles perspectives, quels obstacles, quels pièges, quel avenir pour la révolte sociale en Algérie et en Tunisie qui touche au coeur toutes les capitales de Ammam à Rabat et de Beyouth à Damas

vendredi 14 janvier 2011, par Robert Paris

Dans les rues de Tunis malgré les forces armées

Le 12 janvier, des sources de l’opposition ont fait état du limogeage du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar. Celui-ci aurait refusé de donner l’ordre aux soldats de réprimer les émeutes et exprimé des réserves sur "un usage excessif de la force". Bien évidemment de telles déclarations sont à prendre avec des pincettes. On voudrait créer artificiellement un homme populaire issu de l’armée, en cas de recrudescence de la révolte, on ne s’y prendrait pas autrement. On sauverait ainsi le pouvoir militaire et la dictature en sacrifiant Ben Ali... si nécessaire.

Dans une troisième intervention à la télévision d’Etat, le président tunisien a ordonné à son armée de cesser d’utiliser les armes à feu contre les manifestants. Il a également annoncé une baisse du prix du pain, du lait et du sucre. Promis la liberté de la presse. Et laissé entendre qu’il passerait la main en 2014...

C’est un retournement historique qui s’est produit ce soir en Tunisie. Zine el Abidine semble avoir enfin pris la mesure du mécontentement qui gronde, en Tunisie.
Dans une intervention à la télévision d’Etat - la troisième depuis le début des échauffourées, mais la première prononcée en arabe dialectal, histoire, sans doute, d’être compris du plus grand nombre - le président tunisien a annonce toute une série de mesures, destinées sans aucun coute à calmer les esprits.

Le catalogue de ces mesures est plutôt impressionnant : d’abord, il ordonne aux forces de l’ordre de ne plus faire usage d’armes à feu contre les manifestants.
Ensuite, il annonce une baisse des prix du pain, du lait et du sucre - histoire de ne pas oublier que tout est parti de là, de la cherté de la vie.
Et ce n’est pas tout : il promet la liberté de la presse et la fin des mesures de blocages des sites internet.
Last but not least, il annonce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat, lors de la prochaine présidentielle prévue en 2014. “Je refuse que la condition délimitant l’âge du candidat à la présidentielle soit touchée”, dit-il. L’âge maximum est de 75 ans, et Ben Ali en a aujourd’hui 74.

Enfin, il y a cet aveu : Ben Ali confesse avoir été “trompé” sur l’analyse de la crise. Comme on ne se refait pas, il a ordonné une enquête, pour établir “les responsabilités de chacun”...

Au lendemain du discours d’apaisement du président tunisien, les manifestants ont défilé en réclamant sa démission, sans être inquiétés par la police. Plusieurs personnes ont encore été tuées dans la nuit.

À Tunis comme en province, des milliers de manifestants ont réclamé vendredi le départ du président Zine El Abidine Ben Ali, au lendemain de son intervention télévisée. Dans la capitale, les manifestants ont défilé sur les Champs-Élysées de Tunis, l’avenue Bourguiba, sans être inquiétés par la police. « On tiendra jusqu’à la chute du régime », « Non à Ben Ali », « Soulèvement continu », ont crié les manifestants, en entonnant l’hymne national. Aux côtés de simples citoyens, des avocats en robe noire, des infirmières en blouse blanche faisaient partie de la foule.

Aucun incident n’a été signalé en dépit de l’absence de service d’ordre. Un manifestant qui a jeté une pierre sur le siège du ministère de l’Intérieur a été conspué par la foule. « Le ministère de l’Intérieur est un ministère de la terreur » et « hommage au sang des martyrs » ou encore « non, aux Trabelsi (la belle famille du président, ndlr) qui a pillé le pays », scandaient les manifestants. « Aujourd’hui, c’est une manifestation d’espoir. C’est la naissance d’un peuple qui exige plus de liberté et exige que les familles qui ont pillé le pays restituent les richesses et rendent compte », a déclaré Moncef Ben Mrad, éditeur de journaux indépendant.

Devant le ministère, Radia Nasraoui, avocate et activiste des droits de l’homme, était présente pour demander des éclaircissements sur le sort de son mari, Hamma Hammami, dirigeant du Parti des ouvriers communistes tunisiens (POCT), arrêté mercredi par la police. Des manifestations se déroulent également dans plusieurs villes de province, selon des correspondants et syndicalistes.

Jeudi soir, le chef de l’État tunisien a tenu un discours apaisant dans lequel il a ordonné la fin de la répression et promis de ne pas briguer de nouveau mandat et de consacrer les libertés fondamentales. Cela n’a pas empêché de nouveaux affrontements entre manifestants et forces de l’ordre dans lesquels treize nouvelles personnes ont trouvé la mort dans la région de Tunis. Deux civils ont également trouvé la mort à Kairouan, au centre de la Tunisie.

Le bilan officiel des affrontements qui agitent la Tunisie depuis un mois est toujours de 21 morts. La Fédération internationale des ligues de droits de l’homme (FIDH) parlait jeudi de 66 morts.

La dégradation de la situation commence également à affecter le tourisme, secteur-clé de l’économie : des voyagistes européens ont décidé d’évacuer plusieurs milliers de leurs clients après que des pillages se sont produits jeudi dans la station balnéaire très fréquentée de Hammamet, au nord du pays. La filiale allemande du voyagiste Thomas Cook a annoncé vendredi qu’elle allait rapatrier quelque 2.000 touristes se trouvant en Tunisie, et annulé tous ses départs vers ce pays jusqu’au 17 janvier.

La question, en Algérie comme en Tunisie, est : est-ce que la population va accepter quelques promesses et est-ce que le pouvoir sera sauvé ?

La deuxième question est donc : est-ce que les dictateurs vont faire le dos rond, laisser passer la colère et se maintenir.

Rien de sérieux ne changera si on ne renverse pas non seulement le dictateur mais le régime des oligarques. Seule la révolution menée par les travailleurs peut y parvenir.

Le troisième risque est que le régime se maintienne sans que le dictateur reste. Il suffirait que Bouteflika ou Ben Ali quittent le pouvoir pour que les oligarques s’en sortent.

Par exemple, en Tunisie, si la révolte continuait, le pouvoir pourrait mettre en avant ce général qui a soi-disant refusé de tirer sur le peuple...

Les pièges à venir ne manquent pas. Comment y faire face ? La première des choses est d’utiliser les soi-disant reculs du pouvoir pour s’organiser.

Le peuple travailleur et le jeunesse doivent construire partout des comités. Le pouvoir accepte la démocratie ? Eh bien qu’il laisse les travailleurs et les jeunes constituer ces comités populaires pour discuter entre eux de leurs revendications.

La révolte a aujourd’hui"hui un écho qui dépasse largement les frontières. Elle touche les pays européens et, plus encore, le monde maghrébine et arabe... Dans des pays comme le Liban la population est aussi révoltée même si on détourne cette révolte par des luttes politiciennes entre clans de la bourgeoisie. Mais la révolte du Maghreb y a un profond écho.

Ce que vont faire les travailleurs algériens et tunisiens a une grande importance. C’est eux qui sont porteurs d’un avenir... Ils ont absolument besoin de s’organiser en comités car ils ne disposent d’aucune forme autonome d’organisation. Il faut que cette forme d’organisation reflète la mobilisation et soit contrôlée par leurs participants. Seuls des comités se fédérant à l’échelle nationale pourraient y répondre.

La révolte est déjà parvenue à faire peser la menace à la fois sur les dictateurs, sur la dictature et sur les classes dirigeantes qui en profitent, y compris sur celles du reste du monde. il suffit de voir les craintes exprimées à paris et Washington.

Mais il ne suffit pas de faire peur. C’est même très dangereux de faire peur quand on s’en tient là. Une révolution qui s’arrête en chemin mène à la catastrophe, rappelait le révolutionnaire Saint Just.

Le peuple algérien, par exemple, a payé cher sa révolte de 1988. Le syndicat UGTA était parvenu à cantonner la grève générale dans les usines avant de les faire arrêter, laissant ainsi les jeunes révoltés seuls face à la répression d’octobre. Le pouvoir a alors fait semblant de reculer octroyant le multipartisme et la démocratie. mais c’était pour mieux faire payer ensuite sa révolte au peuple en aidant le FIS às e développer pour ensuite déclencher la guerre contre les civils.

Aucune classe dirigeante n’a laissé vivre un peuple qui s’était révolté. Quand on commence à menacer le pouvoir, il faut aller jusqu’à le faire tomber et ne pas accepter de compromis.

On ne menace pas un tigre, on le tue !

Dehors Bouteflika et Ben Ali !!

Dehors toute la bande des profiteurs !!!

Dehors les impérialismes français, américain e t autres !!!

Union des soldats avec le peuple révolté !!!

Désarmement de l’Etat-Major !!!!

Constitution du peuple travailleurs en comités locaux fédérés nationalement et prenant la totalité du pouvoir !!!

Messages

  • Oui, la révolte concerne toute la région. L’Algérie est particulièrement touchée. Selon une étude publiée par le Population Reference Bureau, portant sur les pays du Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), en 2007, l’Algérie arrive en tête des pays de cette région pour le taux de chômage des hommes et des femmes entre 15 et 24 ans, devançant même les Territoires palestiniens.

    Selon les statistiques officielles algériennes, le chômage touche principalement les jeunes : 21,5 % des 16-24 ans, soit un actif sur cinq. Les universitaires et surtout les diplômés de l’enseignement supérieur subissent un taux de chômage de 21,4 %.

    Selon des sources internationales (FMI, Pnud et France Diplomatie), les moins de 25 ans représentent 45,6 % de la population en Algérie et 40,8 % en Tunisie. Le gouvernement tunisien reconnaît un taux de chômage de 14 %, il serait en réalité du double. Dans ce pays, la répartition du chômage traduit des disparités régionales, voire une dichotomie entre le littoral sur-développé et une périphérie sous-développée.

    Les régions intérieures sont les plus touchées par le chômage des jeunes. Elles ne totalisent que le tiers, voire le quart des emplois dans les services et dans l’industrie. Alors que l’axe littoral concentre 74 % des emplois non agricoles et plus de 75 % des emplois industriels et tertiaires. Les régions côtières se taillent, de surcroît, la part du lion en matière d’investissements publics, soit 65 %.

    Il n’y a aucune raison que les classes dirigeantes changent en positif cette situation en pleine crise mondiale. Effectivement, il FAUT ABSOLUMENT LES RENVERSER !!!

  • Les événements en Tunisie ouvrent la perspective du renversement du régime dictatorial de Ben Ali et sa clique mafieuse. Les jeunes protestent contre le chômage et la vie chère. Le gouvernement répond par la répression. Les promesses de Ben Ali ne valent rien. Il dit avoir les moyens de créer 300 000 emplois. Mais dans ce cas, pourquoi avait-il laissé dans la misère 300 000 chômeurs qui avaient besoin de ces emplois ? Les engagements de Ben Ali sont illusoires, mais la violence des forces de l’ordre et les dizaines de manifestant abattus sont, eux, bien réels – comme l’est l’arrestation du dirigeant du Parti Communiste des Ouvriers Tunisiens, Hamma Hammami.

    Si le mouvement actuel se généralise, et surtout si les travailleurs l’appuient par un puissant mouvement de grève, ce gouvernement d’assassins finira par tomber. Mais Ben Ali n’est pas le seul problème à régler. Le régime en place est inextricablement lié aux capitalistes en Tunisie, en France et ailleurs, pour qui la Tunisie est une source d’immenses richesses. Incapables de développer l’économie, ce sont des parasites qui profitent directement des salaires de misère et des conditions de travail indignes. A l’exception de la classe dirigeante, les Tunisiens ont été transformés en un peuple d’esclaves au service de l’industrie touristique et de la sous-traitance.

  • La réaction du gouvernement français ne devrait surprendre personne. Face à la mobilisation populaire des Tunisiens, Michelle Alliot-Marie n’a pas hésité à proposer d’aider la dictature à « rétablir l’ordre » au plus vite ! Le capitalisme français a des intérêts considérables – et très profitables – en Tunisie, et ne voudrait pour rien au monde que ce soulèvement vienne troubler leurs affaires. Le gouvernement Sarkozy et les capitalistes français sont en train de détruire l’économie nationale. Les services publics sont saccagés, le chômage et l’emploi précaire se généralisent et s’aggravent. La production chute, tout comme les exportations et les importations, qui ont enregistré une baisse de 17 %, en 2010. Cette situation n’existe pas qu’en France. Le capitalisme a plongé toute l’Europe dans une crise économique extrêmement grave, qui a eu des répercussions désastreuses dans tous les pays du Maghreb. Le capitalisme a ruiné les Etats. A force de verser des milliards pour « stimuler » la rentabilité et remettre à flot les banques que des opérations spéculatives menaçaient de couler, les Etats ont, à leur tour, accumulé des dettes colossales. En conséquence, l’Europe et la France ne pourront pas connaître une reprise économique significative dans les années à venir. Cette situation aggravera la misère des jeunes et des travailleurs de Tunisie, du Maroc et d’Algérie.

    Il est impossible de savoir à l’avance si la révolte actuelle se transformera en une révolution, à court terme. Cette possibilité est inhérente à la situation. Mais le facteur décisif est celui de l’entrée en action des travailleurs tunisiens – qui, à la différence des jeunes chômeurs, ont le pouvoir de paralyser toute l’économie et toute l’administration du pays. Sous la pression du mouvement, la direction nationale de l’UGTT a appelé à deux heures de grève générale pour demain, vendredi 14 janvier. Une solide grève générale laisserait suspendus en l’air, non seulement Ben Ali, mais aussi tous les grands capitalistes exploiteurs qui soutiennent son régime. L’armée et la police ne suffiraient plus pour protéger le régime.

  • Telle est la seule perspective. Si le mouvement prend véritablement une ampleur de masse, notamment par le biais d’une grève générale, une fraction importante des forces armées pourrait se rallier à la cause du peuple. C’est alors que s’ouvrirait une période de révolution et la possibilité d’en finir avec le capitalisme en Tunisie – et, par contagion, dans l’ensemble du Maghreb et du monde arabe.

  • Si le régime de Ben Ali a éliminé d’importantes médiations possibles entre lui et la population (partis crédibles, associations...), il n’a pas réussi à concrétiser le rêve caressé par Habib Bourguiba de transformer l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) en un syndicat-maison. Contrepoids au pouvoir politique depuis l’indépendance et terrain d’action privilégié pour la gauche radicale, l’UGTT n’a pas soutenu la jeunesse de la Tunisie profonde seulement par des sit-in, dont deux devant son siège central, le 25 décembre 2010 et le 7 janvier 2011. Elle l’a aussi soutenue en portant sa voix dans la presse mondiale, qui continue à recueillir ses informations auprès de « sources syndicales ».

    La direction de l’UGTT a certes appuyé la candidature de Ben Ali à la présidence en 2004 et 2009 (au prix d’une crise intérieure) et la majorité de ses membres, rassemblés autour du secrétaire général Abdesselam Jerad, sont loin d’être indépendants. Toutefois, cette organisation n’en compte pas moins, à ses échelons intermédiaires (directions des syndicats de la fonction publique : santé, éducation nationale, etc.), des dirigeants suffisamment radicaux pour saluer l’intifada de Sidi Bouzid en des mots plus francs que ceux du bureau exécutif. L’implication de dizaines de syndicalistes dans les luttes démocratiques de ces dernières années est également un fait notoire. Leur radicalisme explique que la direction de la centrale ne cède pas complètement aux pressions des autorités, qu’elle appuie les populations révoltées et appelle même à élargir le champ des libertés (déclaration du 4 janvier 2011).

    Ce n’est pas le cas pour l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), de plus en plus inféodée au régime depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir, en 1999, et dont la majorité des secrétaires nationaux sont membres des deux « partis officiels », le FLN et le RND. Cette soumission au gouvernement a achevé de détacher d’elle des pans entiers de syndicalistes, qui l’ont quittée pour des syndicats autonomes plus combatifs. Elle explique sa quasi-indifférence aux contestations en cours dans le pays. Celles-ci n’ont fait l’objet que d’une seule déclaration (rendue publique le 7 janvier 2011) dans laquelle elle défend le point de vue du gouvernement qui accuse les « spéculateurs » d’être à l’origine de la crise actuelle.

    Y. T.

  • Les prolétaires ont potentiellement la force de vaincre la bourgeoisie, à condition de rompre avec la politique et les organisations interclassistes des syndicats et des partis prônant la collaboration des classes, même s’ils se prétendent « ouvriers », dans le seul but d’empêcher la lutte prolétarienne contre le capitalisme. Les manifestations de Tunisie et d’Algérie sont provoquées par les mêmes causes et rencontrent les mêmes obstacles . Une organisation de défense prolétarienne authentiquement de classe, en rupture avec les impératifs de la conservation sociale et la soumission au capital, non seulement organiserait la lutte contre les mesures antiprolétariennes avec des méthodes de classe – appel à la grève de tous les catégories de travailleurs, formation de piquets et de comités pour diriger la lutte, organisation de la défense contre la répression policière ; elle se lierait aux luttes des prolétaires du pays voisin pour unifier les grèves, pour renforcer la lutte de défense des conditions de vie et de travail prolétariens sur le terrain même que la bourgeoisie a choisi : le terrain de l’affrontement ouvert et violent.

  • Le ministre des finances algérien avait annoncé le 4 janvier dernier que le pays détenait... 155 milliards de dollars de réserves. Une première depuis l’indépendance de l’Algérie. Mais si le régime algérien se vante devant le monde entier de détenir cette somme inimaginable, la population n’en voit pas la couleur. Que ce soit à Béjaïa, à Alger ou à Oran, on parle de hogra, cette injustice mâtinée de mépris, que subissent les petits, les sans-gallons, les sans-piston, les sans-rien, de la part d’un pouvoir arrogant qui laisse des retraités fouiller dans les poubelles ou être contraints de chaparder de la nourriture pour survivre.

  • L’"Opposition" tunisienne serait prête à se satisfaire de ce que promet Ben Ali !!!

    L’opposition tunisienne, longtemps laminée par le régime du président Ben Ali, a réagi plutôt positivement au discours du chef de l’Etat promettant de libéraliser le système politique et de renoncer à un nouveau mandat présidentiel. Après l’intervention du président, des scènes de liesse ont pu être observées dans les rues.

    Reste à savoir si ses promesses vont suffire à désamorcer la crise.

    Après près d’un mois d’émeutes provoquées par un geste de désespoir d’un jeune de Sidi Bouzid (centre-ouest), qui s’est immolé par le feu pour protester contre la confiscation par des agents municipaux de son étal de fruits et légumes, le président Ben Ali est apparu à la télévision pour apaiser les tensions.

    « Le fait positif, c’est que le président ait décidé de ne plus se représenter », a jugé dans une déclaration à la presse Mohammed Néjib Chebbi, chef historique du PDP (Parti démocratique progressiste), une formation légale mais non représentée au Parlement.

    Voilà ce que l’on peut lire dans la presse...

    DONC AUCUNE CONFIANCE A CETTE OPPOSITION BOURGEOISE !!!

  • Aucune classe dirigeante n’a laissé vivre un peuple qui s’était révolté. Quand on commence à menacer le pouvoir, il faut aller jusqu’à le faire tomber et ne pas accepter de compromis.

    On ne menace pas un tigre, on le tue !

  • Il suffit de voir ce que propose le journal Le Monde pour comprendre les tromperies possibles :

    "Personne ne voulait de cette tournure des événements. Ni le microcosme de l’opposition en charpie, peu enclin à la confrontation, ni les puissances protectrices soucieuses de l’image – bon enfant – de ce petit pays du Maghreb.

    Vite. Il faut sauver Ben Ali de Ben Ali pour que son régime ne sombre pas dans une violence sanglante. "Car la dérive du pouvoir tunisien éclabousse ses protecteurs occidentaux et amène leur opinion publique à leur demander des comptes", dit Hélène Flautre, députée européenne.

    Lui tendre la perche ? Manifestement, il s’agit de pousser le résident de Carthage à opter pour un changement dans la continuité et de convaincre l’opinion publique que ce changement sans le changement est crédible. Il peut être porté par des bénalistes ou des figures de l’opposition bon teint et conciliants.

    Pour cela, il faut, bien entendu, surtout ne plus parler de ce qui doit changer vraiment : la paupérisation, la confiscation des deniers publics, la prise en otage du pouvoir par la mafia, la corruption à outrance, le système policier, la torture généralisée, les procès pipés, l’omerta, la dépendance de toutes les institutions…"

  • Et Le Monde conclue :

    "Ce qui est sûr, c’est que les révoltés, véritables protagonistes du cataclysme actuel seront certainement écartés de ce processus, tant les pressions extérieures seront fortes pour garantir un pouvoir acquis aux intérêts du libre-échange et conforme au rôle du partenaire docile assigné à la Tunisie dans la géopolitique internationale."

    Que dire de plus !!!

  • Quelles perspectives, quels obstacles, quels pièges, quel avenir pour la révolte sociale en Algérie et en Tunisie qui touche au coeur toutes les capitales de Ammam à Rabat et de Beyouth à Damas ?

    Dans les rues de Tunis malgré les forces armées

    Le 12 janvier, des sources de l’opposition ont fait état du limogeage du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar. Celui-ci aurait refusé de donner l’ordre aux soldats de réprimer les émeutes et exprimé des réserves sur "un usage excessif de la force". Bien évidemment de telles déclarations sont à prendre avec des pincettes. On voudrait créer artificiellement un homme populaire issu de l’armée, en cas de recrudescence de la révolte, on ne s’y prendrait pas autrement. On sauverait ainsi le pouvoir militaire et la dictature en sacrifiant Ben Ali... si nécessaire.

    Dans une troisième intervention à la télévision d’Etat, le président tunisien a ordonné à son armée de cesser d’utiliser les armes à feu contre les manifestants. Il a également annoncé une baisse du prix du pain, du lait et du sucre. Promis la liberté de la presse. Et laissé entendre qu’il passerait la main en 2014...

    C’est un retournement historique qui s’est produit ce soir en Tunisie. Zine el Abidine semble avoir enfin pris la mesure du mécontentement qui gronde, en Tunisie. Dans une intervention à la télévision d’Etat - la troisième depuis le début des échauffourées, mais la première prononcée en arabe dialectal, histoire, sans doute, d’être compris du plus grand nombre - le président tunisien a annonce toute une série de mesures, destinées sans aucun coute à calmer les esprits.

    Le catalogue de ces mesures est plutôt impressionnant : d’abord, il ordonne aux forces de l’ordre de ne plus faire usage d’armes à feu contre les manifestants. Ensuite, il annonce une baisse des prix du pain, du lait et du sucre - histoire de ne pas oublier que tout est parti de là, de la cherté de la vie. Et ce n’est pas tout : il promet la liberté de la presse et la fin des mesures de blocages des sites internet. Last but not least, il annonce qu’il ne briguera pas un nouveau mandat, lors de la prochaine présidentielle prévue en 2014. “Je refuse que la condition délimitant l’âge du candidat à la présidentielle soit touchée”, dit-il. L’âge maximum est de 75 ans, et Ben Ali en a aujourd’hui 74.

    Enfin, il y a cet aveu : Ben Ali confesse avoir été “trompé” sur l’analyse de la crise. Comme on ne se refait pas, il a ordonné une enquête, pour établir l“es responsabilités de chacun”...

    Dans l’immédiat, cette intervention télévisée a été saluée par des cris de joie en Tunisie. Dans la capitale, Tunis, l’envoyée spéciale de France Info signale que la population est en train de descendre dans la rue en affirmant sa joie.

    La question, en Algérie comme en Tunisie, est : est-ce que la population va accepter quelques promesses et est-ce que le pouvoir sera sauvé ?

    La deuxième question est donc : est-ce que les dictateurs vont faire le dos rond, laisser passer la colère et se maintenir.

    Rien de sérieux ne changera si on ne renverse pas non seulement le dictateur mais le régime des oligarques. Seule la révolution menée par les travailleurs peut y parvenir.

    Le troisième risque est que le régime se maintienne sans que le dictateur reste. Il suffirait que Bouteflika ou Ben Ali quittent le pouvoir pour que les oligarques s’en sortent.

    Par exemple, en Tunisie, si la révolte continuait, le pouvoir pourrait mettre en avant ce général qui a soi-disant refusé de tirer sur le peuple...

    Les pièges à venir ne manquent pas. Comment y faire face ? La première des choses est d’utiliser les soi-disant reculs du pouvoir pour s’organiser.

    Le peuple travailleur et le jeunesse doivent construire partout des comités. Le pouvoir accepte la démocratie ? Eh bien qu’il laisse les travailleurs et les jeunes constituer ces comités populaires pour discuter entre eux de leurs revendications.

    La révolte a aujourd’hui"hui un écho qui dépasse largement les frontières. Elle touche les pays européens et, plus encore, le monde maghrébine et arabe... Dans des pays comme le Liban la population est aussi révoltée même si on détourne cette révolte par des luttes politiciennes entre clans de la bourgeoisie. Mais la révolte du Maghreb y a un profond écho.

    Ce que vont faire les travailleurs algériens et tunisiens a une grande importance. C’est eux qui sont porteurs d’un avenir... Ils ont absolument besoin de s’organiser en comités car ils ne disposent d’aucune forme autonome d’organisation. Il faut que cette forme d’organisation reflète la mobilisation et soit contrôlée par leurs participants. Seuls des comités se fédérant à l’échelle nationale pourraient y répondre.

    La révolte est déjà parvenue à faire peser la menace à la fois sur les dictateurs, sur la dictature et sur les classes dirigeantes qui en profitent, y compris sur celles du reste du monde. il suffit de voir les craintes exprimées à paris et Washington.

    Mais il ne suffit pas de faire peur. C’est même très dangereux de faire peur quand on s’en tient là. Une révolution qui s’arrête en chemin mène à la catastrophe, rappelait le révolutionnaire Saint Just.

    Le peuple algérien, par exemple, a payé cher sa révolte de 1988. Le syndicat UGTA était parvenu à cantonner la grève générale dans les usines avant de les faire arrêter, laissant ainsi les jeunes révoltés seuls face à la répression d’octobre. Le pouvoir a alors fait semblant de reculer octroyant le multipartisme et la démocratie. mais c’était pour mieux faire payer ensuite sa révolte au peuple en aidant le FIS às e développer pour ensuite déclencher la guerre contre les civils.

    Aucune classe dirigeante n’a laissé vivre un peuple qui s’était révolté. Quand on commence à menacer le pouvoir, il faut aller jusqu’à le faire tomber et ne pas accepter de compromis.

    On ne menace pas un tigre, on le tue !

  • « Ben Ali dégage ! Ben Ali assassin ! » Les slogans rageurs se succèdent au pied du ministère de l’Intérieur. « Les Tunisiens, des hommes, des femmes, de tous les âges, ont décidé de prendre au mot le président Ben Ali », raconte sous la clameur l’envoyé spécial du « Parisien »/« Aujourd’hui en France », avenue Bourguiba, non loin du ministère de l’Intérieur : « C’est assez incroyable et bien plus spontané que la manifestation d’hier soir ! Il y a bien des gens sur le toit du ministère qui filment les manifestants mais la parole s’est libérée et les Tunisiens prennent le risque de descendre dans la rue ».

  • Dehors Bouteflika et Ben Ali !!

    Dehors toute la bande des profiteurs !!!

    Dehors les impérialismes français, américain e t autres !!!

    Union des soldats avec le peuple révolté !!!

    Désarmement de l’Etat-Major !!!!

    Constitution du peuple travailleurs en comités locaux fédérés nationalement et prenant la totalité du pouvoir !!!

  • Des coups de feu ont été entendus et la police tunisienne a fait usage de grenades lacrymogènes vendredi devant le ministère de l’Intérieur pour disperser des manifestants qui réclamaient la démission immédiate du président Zine el Abidine ben Ali.

    Selon un journaliste de l’agence Reuters présent sur les lieux, quelque 8.000 personnes étaient rassemblées devant le bâtiment du ministère pour réclamer le départ sans délai du président Ben Ali, qui s’est engagé jeudi soir à quitter le pouvoir au terme de son mandat, en 2014.

    "Ben Ali assassin !", scandaient des manifestants en quittant précipitamment les lieux, nombre d’entre eux ayant les yeux en larmes et du mal à reprendre leur souffle sous les effets du gaz.

    Après s’être éloigné un peu, des groupes de jeunes se sont mis à lancer des pierres en direction des forces de police, qui ont riposté en tirant davantage de grenades lacrymogènes.

    "Un bus de la police est arrivé et ils ont commencé à tirer des grenades lacrymogènes. Les femmes, les enfants, tout le monde a fui", a raconté Emen Binmluka.

    Intervenant jeudi soir à la télévision, le président Ben Ali, confronté à une vague de contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir, en 1987, a dévoilé une série de mesures visant à désamorcer la crise.

    S’engageant à ne pas briguer de nouveau mandat en 2014, il a aussi annoncé qu’il avait ordonné aux forces de sécurité de ne plus faire usage d’armes à feu contre les manifestants, promis la liberté de la presse et la fin de la censure sur internet et dit que les prix du pain, du lait et du sucre allaient baisser.

  • Des opprimés qui s’organisent eux mêmes, savent ce qu’ils veulent et peuvent en parler et en décider librement, car ils ont tous un intêret ou plusieurs en commun : en 1917 par exemple, "la fin de la guerre et le retour des hommes en uniformes, ouvriers et paysans ; le pain, et la liberté c’est à dire la fin d’une dictature celle du Tsar Nicolas 2".

    Le problème n’est plus de se faire craindre à un certain moment mais de ne pas laisser le temps à "l’ennemi" de se reprendre pour mieux écraser le début d’une révolution.

    Pour cela les opprimés et essentiellement la classe ouvrière doit servir de fer de lance et se donner les moyens d’aller au bout de son combat : il ne faut pas se laisser tromper par des promesses des classes dirigeantes qu’elles aient l’air de bonnes fois ou pas !

  • Les Tunisiens veulent voir les pros Ben Ali jugés, mais certains prennent les devants de la justice.

    Ils sont décidés à aller jusqu’au bout, comme si le moindre stigmate laissé par Ben Ali devait disparaître. Après avoir chassé Zine el-Abidine Ben Ali, à la tête du pays depuis 23 ans, la population veut aller encore plus loin et voir tous ceux qui ont bénéficié d’avantages sous le régime de Ben Ali payer pour le soutien qu’ils lui ont apporté. Une chasse aux sorcières qui pourrait coûter cher à la révolution du jasmin.
    "Tous ceux qui ont collaboré doivent disparaître"

    Exemple, dans les médias : les journalistes du quotidien la Presse de Tunisie ont limogé leurs dirigeants qui étaient proches du pouvoir. Au fil des ans, le journal était devenu un porte-voix du régime de Ben Ali. Les journalistes ont fini par reprendre les rênes et c’est un comité de rédaction composé d’une dizaine de journalistes qui décide du contenu du journal.

    A la Caisse nationale de la sécurité sociale tunisienne le scénario a été un peu plus musclé. Les employés ont expulsé leur patron mercredi l’obligeant à fuir par la porte de derrière, rapporte l’envoyé spécial d’Europe 1 en Tunisie. Khaled, un des salariés, s’insurge contre son patron : "il a eu de pots-de-vin, c’est un collaborateur de l’ancien dictateur ! Il n’y aucune personne dans la haute administration qui n’a pas eu une relation directe avec Leïla [la femme du président] ou le clan Ben Ali. Tous ces hauts responsables sont les sbires de Ben Ali. Tous ceux qui ont collaboré avec ce régime doivent disparaître", conclut l’homme, en colère.
    "On ne peut pas tous les chasser"

    "Il est naturel qu’après la révolution vienne le temps du règlement de compte", analyse Antoine Sfeir, spécialiste du Maghreb, pour Europe1.fr. "Mais l’Histoire nous a montré que ce n’était pas la bonne solution. Il faut laisser se faire la période de transition, pour que vienne ensuite le temps des procès", ajoute-t-il. Une attente jugée trop longue par une partie des Tunisiens qui ont décidé de faire eux même "le ménage".

    Mais l’ire de la rue pourrait avoir de graves conséquences pour le pays. "Il ne faut pas que la Tunisie parte dans une chasse aux sorcières", prévient Karim Douichi, directeur de publication de Maghreb Intelligence . "Si on veut jeter à la mer tous ceux qui ont bénéficié d’avantages sous le régime de Ben Ali alors on fait disparaître la moitié du pays", analyse le spécialiste du Maghreb. Un point de vue que partage Emna Benjemaa, bloggeuse et journaliste à Tunis. "On a un pays à reconstruire, mais on a besoin d’hommes d’affaires, de fonctionnaires", explique la jeune femme de 33 ans à Europe1.fr. "Même si on sait que la plupart ont eu des passe-droits sous Ben Ali, on ne peut pas tous les chasser, sinon il ne restera plus personne pour faire fonctionner l’économie".
    Risque de division du pays

    Mais Emna Benjemaa espère vivement que certains responsables seront jugés. "Je pense qu’il faudra du temps pour que la justice s’organise, mais cela se fera", confie la bloggeuse. Un premier pas a été fait en ce sens le 12 janvier dernier, date à laquelle le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, a annoncé la création d’une commission chargée d’enquêter sur la corruption. C’est sur ses travaux que se basera la justice pour juger les responsables corrompus proches de l’ancien président.

    La véritable préoccupation des Tunisiens aujourd’hui doit être "le devenir de leur révolution".

    La réponse est l’organisation des travailleurs et du peuple en vue de sa prise du pouvoir...

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