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Tunisie : les policiers tuent quatre manifestants à Kef ! La répression, la misère, la corruption, l’exploitation, tout continue comme avant en Tunisie ! Dehors Ghannouchi !!!

dimanche 6 février 2011, par Max

Trois semaines seulement après la chute de Ben Ali, les forces de police du régime continuent de tuer des manifestants, preuve s’il en était besoin que rien n’a changé sur le fond.

Quatre personnes ont été tuées dans des affrontements entre des manifestants et des policiers dans la ville de Kef (nord-ouest du pays), car 200 à 300 personnes s’étaient rassemblées pour réclamer le départ du chef de la police locale.

La manifestation a dégénéré en affrontements lorsque ce dernier a giflé une manifestante, provoquant la colère de la foule qui a incendié le poste de police. La police a alors répliqué en tirant. Quatre personnes s’écroulent : deux manifestants de 19 ans et 49 ans meurent sur le coup, tandis que deux autres, grièvement blessés, succombent à leurs blessures.

Selon des sources syndicales et l’agence officielle TAP, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées samedi devant la préfecture de Kef. La manifestation avait dégénéré lorsque Khaled Ghazouani avait giflé une manifestante, provoquant la colère de la foule, qui s’était ruée vers le commissariat avant d’y mettre le feu.

"Ghazouani a été pourchassé par des habitants et il s’est mis à tirer. Deux personnes ont été tuées sur le coup. Puis les policiers ont effectué des tirs de sommation et ont lancé des grenades lacrymogènes pour disperser la foule", a expliqué à l’AFP Jamii El Rabhi, un autre syndicaliste.

Les forces de l’ordre ont fait aussi deux morts vendredi à Sidi Bouzid

La veille, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté devant un commissariat à Sidi Bouzid (centre) après la mort de deux personnes qui y étaient détenues. Trois voitures de police ont été incendiées, selon un témoin. Deux agents de sécurité suspectés d’être impliqués ont été arrêtés samedi, a indiqué l’agence officielle TAP. Pour le ministre de l’Intérieur, Farhat Rajhi, il s’agit d’un crime qui pourrait être l’oeuvre de partisans de l’ancien régime.

Le régime bénaliste est donc bel et bien toujours en place.

D’ailleurs la seule présence de Ghannouchi suffisait à en attester !!

Le régime d’intérim conduit par Mohammed Ghannouchi, le premier ministre de Ben Ali en poste depuis longtemps, et le président de la Chambre des députés Foued Mabazaa, administre l’état d’urgence décrété par Ben Ali une heure seulement avant de prendre la fuite.

L’essentiel des profiteurs du régime a maintenu toutes ses positions sauf quand le mouvement populaire les a démis !!! Le gouvernement n’a rien fait en ce sens. Il ne va pas couper la branche sur laquelle il est assis !!!

Le régime tunisien est plus que jamais lié à l’impérialisme. L’explosion sociale en Tunisie et en Algérie et la réaction meurtrière de ces deux gouvernements démontre une fois de plus l’incapacité de la bourgeoisie nationale à se libérer réellement de l’impérialisme, ou même à commencer à répondre aux aspirations démocratiques et sociales des travailleurs et des paysans. Au contraire, la Tunisie est restée étroitement liée à la France, son ancien maître colonial, et est dirigée comme un fief autour de la « première famille. »

Les syndicats ont tenté d’établir leur contrôle sur les manifestations mais uniquement pour les désamorcer. Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Abdessalem Jerad, avait fait campagne pour Ben Ali lors de la précédente élection présidentielle et affirmait que ce dictateur, qui interdisait aux autres candidats de se présenter, allait appliquer un programme de réformes bénéfiques. « Le mouvement de réforme mené par le président Zine El Abidine Ben Ali est un changement qualitatif dans le processus de construction d’une Tunisie moderne, » disait-il à l’époque.

Ben Ali allait garantir « une atmosphère de liberté et de stabilité, » promettait Jerad. Il avait accueilli favorablement la réhabilitation des syndicats et espérait collaborer avec le gouvernement.

Deux ans plus tard, les profiteurs qui étaient liés à Ben Ali et à sa famille continuent toujours à piller l’Etat et le chômage grimpe. L’UGTT ne représente aucune alternative au régime présent, Il fait partie intégrante de ce régime.

On peut dire la même chose des partis qui se sont présenté eux-mêmes comme des alternatives de gauche. Le Parti communiste des ouvriers de Tunisie a appelé à « la formation d’un gouvernement national d’intérim » qui « établirait les fondations d’une nouvelle République vraiment démocratique qui garantisse la souveraineté du peuple, le liberté, la démocratie et le respect des droits de l’homme aussi bien que l’égalité, la dignité, et l’application d’une politique sociale et économique qui fournisse des emplois et les bases d’une vie décente pour nos fils et nos filles et élimine la corruption, le népotisme et la discrimination régionale. »

Mais comment cet « agenda démocratique » peut-il être mis en place quand la police et l’armée sont dans les rues ? Et sur quelle base cette liste de voeux pourra-t-elle se réaliser, et une démocratie authentique ainsi que l’égalité être établies, si on ne se penche pas sur la question fondamentale de savoir quelle classe sociale doit gouverner ?

La classe ouvrière doit s’organiser de manière autonome, en comités de quartier et d’entreprises, pour amener un réel changement social et politique en exerçant elle-même le pouvoir.

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Messages

  • L’UGTT est le seul orga­nisme syn­di­cal reconnu en Tunisie et il a par­ti­cipé direc­te­ment à la cons­truc­tion de l’Etat tuni­sien : beau­coup de ses cadres ont été des res­pon­sa­bles et des minis­tres dans les différents gou­ver­ne­ments du Pays depuis des déc­ennies. Sa direc­tion a été tou­jours un allié du pou­voir et a pres­que systé­ma­tiq­uement sou­tenu ses choix éco­no­miques et sociaux. Son his­toire est mar­quée par une tra­hi­son totale des aspi­ra­tions des masses, qu’il s’agisse du soulè­vement de Ksar Hellal en 1977-78 ou plus réc­emment de celui de la région minière de Gafsa en 2008 ou, bien entendu, de l’insur­rec­tion général contre le des­po­tisme de Ben Ali.

    Mais à partir du moment où cette direc­tion a com­pris que Ben Ali était sur le point de tomber, elle a retourné son dis­cours et a même appelé à la grève géné­rale qui avait été déjà décidée et appli­quée par les citoyens (l’infor­ma­tion fut trans­mise par inter­net et des réseaux sociaux). Les sta­li­niens ont alors com­pris que la direc­tion de l’UGTT était dans l’embar­ras et ils ont sauté sur l’occa­sion pour trans­for­mer le cadre orga­ni­sa­tion­nel comme mar­che­pied pour le pou­voir. Donc on peut dire que les intérêts ont convergé : la direc­tion pour cacher leur tra­hi­son et les sta­li­niens pour pro­fi­ter du cadre de l’UGTT dans une visée cons­pi­ra­trice.

    La lutte entre les différents clans du « Front du 14 jan­vier » a déjà com­mencé : par exem­ple, les natio­na­lis­tes arabes ont attiré l’atten­tion sur le fait que les chaînes de télé­vision n’ont permis qu’aux gau­chis­tes de s’expri­mer... Au fur et à mesure les mili­tants de base déc­ouvrent les visées des soi-disant lea­ders du mou­ve­ment qui ont par exem­ple réc­emment déclaré qu’ils étaient pour un régime par­le­men­taire tout en exi­geant un gou­ver­ne­ment popu­laire, ce qui dév­oile un double dis­cours total. Et dans le même temps tout le monde assiste à l’intég­ration des mou­ve­ments gau­chis­tes dans le système... On va donc assis­ter à des divi­sions au sein même de ces for­ma­tions. Car il faut dire que le soulè­vement popu­laire a fran­chi un pas vers la rup­ture avec le système ancien y com­pris le spec­ta­cle poli­ti­que (pou­voir et oppo­sants) auquel nous sommes conviés.

    Nous pen­sons que les idéo­logies gau­chis­tes et intégr­istes ont perdu du ter­rain dans les têtes et qu’il incombe à chacun qui en est cons­cient de par­ti­ci­per à leur faillite totale. D’ailleurs les gau­chis­tes du 14 jan­vier nous ont inter­pellés pour nous deman­der les causes de notre refus d’adhérer à ce front : c’est un signe évident de fai­blesse. Nous cons­ta­tons qu’ils veu­lent éviter toute cri­ti­que fondée d’où qu’elle vienne.

    On cons­tate que cette vie poli­ti­que tuni­sienne post-insur­rec­tion est mono­po­lisée par des orga­ni­sa­tions poli­ti­ques qui allient toutes, selon des pro­por­tions varia­bles, des doses de natio­na­lisme arabe, de baa­sisme, de gau­chisme et d’isla­misme... Pourquoi de tels mél­anges baro­ques ? Leurs com­pro­mis avec l’intégr­isme par­ti­cu­liè­rement est-il de l’oppor­tu­nisme ou un reste d’empreinte reli­gieuse tra­di­tion­nelle ?

    Les intégr­istes ont adopté le jargon gau­chiste et les gau­chis­tes se veu­lent les cham­pions de la déf­ense d’une iden­tité pure sachant que l’iden­tité arabe a comme base l’Islam : car il ne faut pas oublier que c’est à tra­vers l’Islam qu’on est deve­nus arabes... Il n’y a pas vrai­ment de com­pro­mis entre les gau­chis­tes et les intégr­istes mais ce sont deux aspects d’une même idéo­logie qui se base sur une référ­ence unique et qui s’atta­che à des guides, qu’il s’agisse de Syed Kotb pour les intégr­istes [pre­mier théo­ricien isla­miste des Frères Musulmans, exécuté en 1966] ou de Trotsky, Lénine, Staline, ou Che Guevara pour les autres... Nous sommes une société qui n’a pas rompu avec l’idée du leader et du guide spi­ri­tuel...

    Mais comme je l’ai remar­qué, le soulè­vement actuel est un pas vers la rup­ture avec ces idéo­logies, dans la popu­la­tion en tout cas et c’est ce qui est impor­tant. D’ailleurs la majo­rité des tuni­siens sont convain­cus que « notre révo­lution est celle du peuple et on ne veut pas qu’elle soit récupérée par qui que ce soit » et parmi les slo­gans du soulè­vement, il y a : « Ni cel­lu­les des­tou­rien­nes, ni partis poli­ti­ques, c’est la révo­lution des jeunes ».

    Oui, mais les révo­lutions ont sou­vent accou­ché de régimes plus ou moins auto­ri­tai­res, issus de la réaction ou des rangs mêmes des insurgés. Quelle sont les chan­ces pour l’UGTT de récupérer effec­ti­ve­ment le mou­ve­ment et de pren­dre véri­tab­lement la tête du pays ? Et quel serait le régime mis en place si ils y arri­vent effec­ti­ve­ment ?

    Maintenant que le front du 14 jan­vier a bien su uti­li­ser le cadre de l’UGTT, il n’en a plus besoin. D’ailleurs, et dans le cadre de l’ouver­ture poli­ti­que, un autre syn­di­cat va être créé. L’UGTT est donc une orga­ni­sa­tion ago­ni­sante. Quant à la récu­pération, c’est la bour­geoi­sie qui est mieux placée pour la réa­liser car en met­tant fin à l’éco­nomie mafieuse de Ben Ali et sa famille qui gênait même les inves­tis­seurs étr­angers, de nou­veaux inves­tis­seurs vont arri­ver, et sur­tout dans les régions dites « non développées ». C’est d’ailleurs le pro­gramme même des sta­li­niens ! Pour eux la solu­tion au chômage, c’est la crois­sance et le dével­op­pement !!! Dans leur pro­gramme éco­no­mique on lit : axer sur l’indus­trie lourde, uti­li­sa­tion des tech­ni­ques les plus avancées dans le domaine de l’agri­culture y com­pris pes­ti­ci­des et semen­ces à haut ren­de­ment (qui sont évid­emment sous la main des car­tels des semen­ces !!!). Dans l’hypo­thèse d’une récu­pération sta­li­nienne et baa­siste du mou­ve­ment, à laquelle je ne crois pas, on assis­te­rait à la mise en place d’un pou­voir tota­li­taire, san­gui­naire et bureau­cra­ti­que qui ajou­te­rait aux ingrédients sta­li­niens d’autres natio­na­lis­tes chau­vins. Disons que ça serait ins­piré autant d’Hitler que de Staline... Il ne faut pas se faire d’illu­sions.

    Parallèlement aux manœuvres pour ins­tru­men­ta­li­ser le mou­ve­ment à des fins poli­ti­cien­nes, il y a un peu par­tout dans le pays des luttes infor­mel­les. Sur quel­les bases (socia­les, rég­io­nales, reven­di­ca­ti­ves, idéo­lo­giques,...) les gens se regrou­pent-ils ? Comment s’orga­ni­sent-ils et cher­chent-ils à créer de nou­vel­les orga­ni­sa­tions réel­lement popu­lai­res et non bureau­cra­ti­ques ?

    Même si le soulè­vement a perdu de sa force et son enver­gure insur­rec­tion­nelle, des luttes per­sis­tent encore dans les régions. Elles pren­nent la forme de reven­di­ca­tions socia­les géné­rales, sou­tien­nent l’exi­gence d’évincer cer­tains res­pon­sa­bles cor­rom­pus, veu­lent régler cer­tai­nes ques­tions rela­ti­ves à des abus de l’ancien régime, etc. Ce mou­ve­ment a touché toutes les com­po­san­tes de la société.

    Pour l’ins­tant, quel­ques orga­ni­sa­tions se sont cons­ti­tuées, telles que des asso­cia­tions de déf­ense des chômeurs. Ce n’est pas un hasard : c’était le point de départ du soulè­vement, et il est loin d’être réglé.

    Justement, les reven­di­ca­tions que for­mu­lent les Tunisiens sont à la fois socia­les et poli­ti­ques et pour­raient se retrou­ver dans la volonté d’ins­tau­ra­tion d’une démoc­ratie directe que com­bat­tent à des­sein les gran­des magouilles poli­ti­cien­nes liées aux intérêts inter­na­tio­naux. Du côté du peuple tuni­sien, dans sa diver­sité et ses contra­dic­tions, quels sont les réflexes et les men­ta­lités qui s’oppo­sent à une réelle égalité entre tous ?

    Quand on affirme qu’il s’agit seu­le­ment d’un soulè­vement, et non d’une révo­lution, cela veut dire qu’on n’est pas arrivé à for­mu­ler des exi­gen­ces clai­res pour une vraie démoc­ratie, qui ne peut être que directe. Ce qui s’oppose à cela, c’est d’abord l’idée de l’assis­tance des ins­ti­tu­tions de l’Etat, qui sont tou­jours très prés­entes : les gens ont peur de l’inconnu. Il faut dire aussi que le des­po­tisme de Ben Ali, la faillite des cou­rants marxis­tes-lénin­istes ou ara­bi­sants et l’apa­thie poli­ti­que qu’a connu notre société n’ont pas favo­risé un climat d’éch­ange de points de vue... Au contraire, tout ça a plutôt favo­risé tous les dis­cours réacti­onn­aires et tota­li­tai­res. En l’absence d’une pra­ti­que poli­ti­que démoc­ra­tique, qui sou­tient et qui se nour­rit d’une quête d’une pensée libre, les soi-disant intel­lec­tuels se sont repliés sur leurs idéo­logies sclérosées. Mais le soulè­vement popu­laire a ouvert une brèche qui pour­rait per­met­tre le dép­as­sement de cette situa­tion. Bien sûr tout dépend de l’effort que les vrai par­ti­sans d’une démoc­ratie radi­cale vont appor­ter à son éla­bo­ration.

    Le soulè­vement tuni­sien a des effets sen­si­bles dans tout le monde arabe, et les évé­nements actuels en Egypte sont très gros de ris­ques géo­po­li­tiques. Comment les Tunisiens vivent-ils ce qui se passe là-bas ? Quelles pers­pec­ti­ves y voyez-vous vous-mêmes ?

    Nous pen­sons bien entendu que le soulè­vement a eu des rép­erc­ussions direc­tes sur les pays du Maghreb voire sur tous les pays arabes. Mais cela peut aussi avoir des impli­ca­tions sur l’Europe car tout le monde sur­veille de loin ou de près ce qui se passe en Tunisie, en Egypte, au Yémen, en Albanie…. Mais le mot d’ordre « dégage ! », qui est repris un peu par­tout, ne nous suf­fira pas dans un combat contre toute forme de des­po­tisme dure et douce...

    Quant aux ris­ques géo­po­li­tiques : la seule source de peur pour nous les Tunisiens, c’est l’inter­ven­tion de Khadhafi ou l’inter­ven­tion directe des trou­pes étrangères. Mais ceci est quand même impro­ba­ble du fait de l’impli­ca­tion des gran­des puis­san­ces dans d’autres régions du monde.

    Dernière ques­tion : dans le contexte dans lequel vous êtes, que faites-vous, quelle parole portez-vous ? Et que peu­vent faire les gens à tra­vers le monde et par­ti­cu­liè­rement en Europe pour vous aider dans votre combat ?

    Nous pen­sons que le combat actuel doit se faire sur deux plans : théo­rique et pra­ti­que. C’est-à-dire d’une part cla­ri­fier nos posi­tions et pro­vo­quer la dis­cus­sion autour des ques­tions réelles, telles que le chômage, le tra­vail, le mode de vie, la démoc­ratie, etc. et d’autre part aider à l’émerg­ence et au main­tien de formes d’orga­ni­sa­tion et d’expres­sion auto­no­mes.

    Toute forme de sou­tien est la bien­ve­nue, et quelle que soit sa forme. Mais l’essen­tiel, c’est de trans­for­mer ce soulè­vement en un mou­ve­ment uni­ver­sel de telle sorte qu’il puisse être considéré, aussi, comme le vôtre.

  • Dans le bassin minier du centre-ouest, le nouveau gouverneur de Gafsa, Mohamed Gouider, a été contraint dimanche de quitter ses bureaux à bord d’un véhicule de l’armée, sous la pression de nombreux manifestants qui demandaient sa démission, toujours selon la TAP.

    Un jeune Tunisien est mort dimanche 6 février à Kebili, localité du sud de la Tunisie, après avoir reçu une grenade lacrymogène en pleine tête lors de heurts avec les forces de police. Le ministère a également fait état de cinq blessés. Le "groupe de jeunes" avait tenté d’attaquer et incendier un poste de la garde nationale à la sortie nord de la ville avant de se diriger vers la résidence du gouverneur de la région.

    A Kef (nord-ouest de la Tunisie), l’immeuble abritant le siège de la police était la proie des flammes dimanche après-midi, selon un syndicaliste, Raouf Hadaoui. Celui-ci précise que des "« bandes de jeunes ont attaqué et pillé le commissariat » avant de mettre le feu à l’immeuble de la police. L’armée a été déployée pour faciliter le travail des secours. « C’est la panique en ville, décrit ce témoin. Plusieurs voitures de police ont été incendiées et le feu menace des habitations ». Il mentionne un incessant ballet d’ambulances. L’agence officielle confirme l’incendie et le déploiement de forces, ajoutant que les manifestants se sont emparés de documents et d’équipements au siège de la police.

    La veille, déjà, le Kef a connu de violents affrontements entre policiers et manifestants venus réclamer le départ du chef de la police locale, accusé d’abus de pouvoir. Ces heurts ont fait quatre morts et une quinzaine de blessés, selon des sources syndicales. Le retour au calme dans la matinée de dimanche n’a pas duré. Selon Raouf Hadaoui, les jeunes pilleurs sont « payés par le RCD (ex-parti au pouvoir. ndlr) pour semer le trouble ».

    Enfin, vendredi, à Sidi Bouzid, deux personnes sont mortes dans des conditions mystérieuses dans le poste de police où elles étaient détenues. Les corps portant des traces de brûlures ont été amenés à l’hôpital régional de la ville et les circonstances de leur décès ne sont pas connues. Elles ont été identifiées par des témoins comme Aden Hammami et Ridha Bakari Nsiri. Plusieurs centaines de manifestants en colère se sont rassemblés devant le poste après l’annonce du décès et ont mis le feu à trois voitures de police avant l’intervention des pompiers.

    C’est de Sidi Bouzid qu’est partie la révolte populaire qui a chassé du pouvoir le président Ben Ali, après l’immolation le 17 décembre par le feu d’une jeune marchand de primeurs de la ville, Mohamed Bouazizi, excédé par des humiliations policières répétées.

  • Après une accalmie dimanche matin, la situation a de nouveau dégénéré dans la ville, où des "bandes de jeunes ont attaqué et pillé le commissariat" avant d’y mettre le feu qui s’est propagé à tout l’immeuble, selon Raouf Hadaoui.
    De son côté, l’agence officielle TAP a confirmé l’incendie ainsi que le déploiement de l’armée. L’agence a affirmé que des manifestants avaient auparavant pris "des documents et équipements".

    Trois semaines après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali, la situation reste tendue en Tunisie. Les manifestations se succèdent à travers le pays pour réclamer le départ de fonctionnaires en place sous Ben Ali et mettre en garde contre des tentatives de "confiscation" de la révolution.

  • Dehors le système de Ben Ali !!

    Les morts et les blessés n’ont pas mis leur vie en jeu pour que Ghannouchi ou ses semblables tirent les marrons du feu !!!

    La Tunisie a replonglé ce weekend dans la violence, avec plusieurs attaques menées par des bandes de jeunes contre des postes de police ou administrations au Kef (nord-ouest), à Kébili (sud) et à Gafsa (centre-ouest), a-t-on appris de sources syndicales et officielles.

    Après de premiers affrontements qui s’étaient soldés samedi par la mort de deux manifestants selon le ministère de l’Intérieur, quatre de sources syndicales, de nouveaux heurts ont éclaté dimanche au Kef.

    L’immeuble abritant le siège de la police, déjà en partie incendié samedi, était de nouveau en feu dimanche après-midi, selon des sources syndicales, qui ont précisé que l’armée avait été déployée dans la ville après des attaques menées par des « bandes de jeunes ».

    « C’est la panique en ville. L’immeuble (des) forces de sécurité du district est en feu. L’armée cherche à faciliter le travail des secours », a affirmé à l’AFP Raouf Hadaoui, un syndicaliste joint par téléphone. « La situation est explosive avec des tirs à balles réelles et des incendies dans plusieurs endroits », selon un autre témoin.

    Des bandes de jeunes ont tenté d’attaquer la prison du Kef pour libérer des détenus et ont été repoussés par l’armée, ont aussi affirmé à l’AFP Raouf Hadaoui et un autre syndicaliste, Abdelatif Bouguera.

    Tous deux ont affirmé que les jeunes, organisés en bandes mobiles, parcouraient la ville en pillant des habitations. « Ils sont payés par le RCD (ex-parti au pouvoir) pour semer le trouble », a déclaré M. Hadaoui.

    De son côté, l’agence officielle TAP a confirmé l’incendie ainsi que le déploiement de l’armée.

    Dans la nuit de samedi et dimanche, les troubles ont gagné la ville de Kébili, où un jeune est mort après avoir reçu une grenade lacrymogène en pleine tête lors de heurts avec les forces de l’ordre, selon la TAP.

    Selon l’agence, un « groupe de jeunes » avait tenté d’attaquer et incendier un poste de la garde nationale à la sortie nord de la ville, avant d’être repoussé par les forces de l’ordre.

    Le groupe a ensuite tenté d’attaquer un autre poste de la garde nationale puis s’est dirigé vers la résidence du gouverneur. L’armée s’est interposée, précise l’agence, qui rapporte que des sit-in avaient eu lieu samedi pour dénoncer la nomination du nouveau gouverneur.

    Dans le bassin minier du centre-ouest, le nouveau gouverneur de Gafsa, Mohamed Gouider, a été contraint dimanche de quitter ses bureaux à bord d’un véhicule de l’armée, sous la pression de nombreux manifestants qui demandaient sa démission, toujours selon la TAP.

    Trois semaines après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali, la situation reste très tendue en Tunisie. Le gouvernement a dénoncé à plusieurs reprises « un complot » des partisans du président déchu, affirmant que les attaques menées dans certaines villes étaient l’oeuvre de jeunes payés par son parti, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique).

    Après un grand coup de balai dans la police et le remplacement des gouverneurs des 24 provinces du pays, le gouvernement de transition avait pourtant parié sur une amélioration de la sécurité et annoncé un allègement samedi du couvre-feu en vigueur depuis le 12 janvier.

    Mais ces derniers jours les habitants de plusieurs villes et des partis politiques ont contesté les nominations de gouverneurs et réclamé un nettoyage en profondeur de toutes les administrations.

  • Portés par l’enthousiasme, nous ne devons pas oublier que si le courage et la détermination des exploités sont indispensables, ils ne suffisent pas à garantir l’avenir et à faire que les combats victorieux et les aspirations qu’ils portent ne soient pas trahis.

    A la fin de la semaine dernière, en Tunisie, sous la pression populaire, le gouvernement intérimaire a exclu de ses rangs les ministres RCD, sauf celui qui le dirige, Ghannouchi. Cet aménagement ne satisfait pas les jeunes et les exploités des régions qui ont engagé la lutte. Mais il amorce une division dans le mouvement qui a mis à terre Ben Ali.

    Ce gouvernement a reçu l’agrément de la direction de l’UGTT. Il satisfait les capitalistes, les gros commerçants, les hôteliers, les couches supérieures de la petite bourgeoise qui veulent un retour rapide à l’ordre et que leurs affaires reprennent au plus vite. Ces couches organisent des manifestations dénonçant l’anarchie.

    Avec leur appui, le gouvernement s’emploie maintenant à rétablir l’ordre. La police a fait évacuer vendredi les manifestants qui campaient devant les bureaux du Premier ministre au centre de Tunis, sur la place de la Kasbah. Les unités anti-émeutes ont tiré des grenades lacrymogènes contre les manifestants rassemblés sous les fenêtres du bureau de Mohammed Ghannouchi. Il y a eu un mort, de nombreux blessés et 19 manifestants ont été arrêtés.

    Démocratique, la Tunisie reste une économie dépendante du bon vouloir des investisseurs nationaux et impérialistes. Les chômeurs, les exploités, les jeunes diplômés sans emploi, ne trouveront pas leur compte dans ce retour à l’ordre qui ne s’attaque pas à la racine des problèmes sociaux.

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