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Quel programme pour le prolétariat révolutionnaire dans le soulèvement débuté en Tunisie, en Egypte et en Algérie et qui gagne Libye, Yémen, Maroc et Bahrein..., tout le monde arabe, le Maghreb et au delà...

vendredi 11 mars 2011, par Robert Paris

Alors que la révolution continue en Egypte où aucun problème n’est réglé, alors qu’elle continue partout dans le monde arabe et au Maghreb, il importe de savoir où peut mener cette révolution ?

A une bourgeoisie démocratique donnant une relative prospérité à la population ? Non !

A une société dirigée par la même bourgeoisie mais permettant au peuple de s’exprimer ? Non !

L’alternative, c’est dictature de la bourgeoisie ou pouvoir aux travailleurs !!!!

En effet, jamais la bourgeoisie rapace n’acceptera de céder un centime au peuple, jamais elle ne cessera sa surexploitation qui mène à la misère de l’immense majorité !!!

Jamais la hiérarchie militaire ne renoncera aux profits qu’elle tire de l’exploitation des travailleurs !!!

Jamais la bourgeoisie égyptienne ne rompra avec l’impérialisme !

Dans ces conditions, les politiciens comme El Baradei, les partis islamistes comme les Frères musulmans sont incapables de soutenir jusqu’au bout la révolution.

Alors que les travailleurs continuent de se mobiliser et n’ont pas confiance dans la dictature militaire, les Frères musulmans, principale force d’opposition, ont dit "avoir confiance dans l’armée pour entamer le processus démocratique" !!!

Il est à remarquer que les Frères musulmans ambitionnent officiellement reproduire l’exemple turc où c’est l’armée qui leur donne le pouvoir politique pacifiquement et où le parti islamiste au pouvoir développe l’économie dans l’intérêt de la bourgeoisie !

Cela n’a rien d’étonnant malgré la tentation pendant de longues années de faire croire que les Frères étaient contre le système, contre le capitalisme, contre l’impérialisme. Rien de tout cela n’est vrai...

Depuis que la classe ouvrière est entrée dans la danse en Egypte, les Frères se sont modérés de plus en plus au point de combattre contre les grèves... Ils ont même failli ne pas participer du tout à la révolution et ont mis quatre jours sous la pression de leur base jeune pour se décider...

Maintenant ils appellent au calme, à laisser Tantaoui mettre en place la démocratie... comme si c’était possible !

Seule la classe ouvrière est la force capable d’aller jusqu’au bout de cette révolution et il est indispensable que, prenant conscience de ce rôle politique, elle s’organise de manière autonome dans des conseils ouvriers révolutionnaires, qu’elle adopte un programme politique et pas seulement des revendications pour elle-même, qu’elle s’adresse ainsi aux paysans et à toutes les couches de la société et postule au pouvoir !

Les deux sources du pouvoir sont la propriété des moyens de production et le contrôle des armes. Tant que ces deux sources sont entre les mains d’une minorité, elles s’en serviront pour soumettre et exploiter la majorité. C’est cette vérité fondamentale qui doit trouver une expression politique et organisationnelle en Egypte et en Tunisie, qui doit former le programme des travailleurs. Le sort de ces deux révolutions – et de toutes celles qui les suivront – en dépend. Dans les mois et les années à venir, la révolution devra aboutir à la réalisation de ce programme, le programme du socialisme révolutionnaire, ou alors elle sombrera, cédant la place à de nouvelles dictatures au service de vieilles oppressions.

Une Egypte socialiste ne restera pas isolée. La victoire de la révolution égyptienne aurait de profondes répercussions en Afrique et au Moyen Orient. Elle ouvrirait la perspective d’en finir avec la domination et les crimes impérialistes dans toute la région.

L’Egypte est un pays où l’immense majorité de la population vit dans une pauvreté écrasante. Les réformes introduites à l’époque de Nasser et les mesures favorisant une plus grande indépendance économique du pays – notamment la nationalisation du canal de Suez et d’autres secteurs de l’économie – ont été annulées ou détournées au profit d’une minorité capitaliste mafieuse, une minorité qui engrange d’immenses fortunes grâce aux salaires de misère et au chômage de masse.

Cette exploitation et cette misère seront-elles moins accablantes sous le « nouveau » gouvernement ? Pas du tout. Les mêmes intérêts capitalistes domineront le pays. Et sur la base du capitalisme, en Egypte, le contexte international et les réalités sociales du pays entrent en contradiction avec la perspective d’un régime démocratique qui tolérerait durablement la libre expression, des élections libres et le développement de syndicats et de partis ouvriers indépendants. Le gouffre entre les riches et les pauvres, entre les exploiteurs et les exploités, est trop grand pour cela. A terme, le capitalisme égyptien ne pourrait fonctionner qu’au moyen d’une dictature. Les masses égyptiennes n’auront jamais que les droits qu’elles prendront et conserveront par la lutte.

Le prolétariat d’Egypte a donc une importante tâche qui dépasse le cadre syndical, associatif ou réformiste, qui dépasse l’opposition dite démocratique et celle des Frères musulmans, et qui dépasse encore plus les capacités de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie à transformer la société. Ces gens-là sont trop liés à l’ordre ancien...

Cela nécessite que le prolétariat d’Egypte s’organise politiquement en comités des quartiers et conseils ouvriers permanents, siégeant pour prendre des décisions, les imposant aux pouvoirs locaux ou nationaux, allant dans un premier temps vers un double pouvoir.

Il est nécessaire que les comités, conseils, coordinations du peuple travailleur d’Egypte adoptent un programme de transition qui fasse passer dans les faits les aspirations portées par la révolution.

Voici un premier embryon de ce qui pourrait devenir le programme politique et social du prolétariat révolutionnaire d’Egypte :

 démission de Tantaoui et suppression de tout pouvoir militaire

 mise sous contrôle de comités de soldats toute activité de la hiérarchie militaire et de toute tentative de maintien du pouvoir militaire

 élections dans toutes les entreprises, les quartiers, les milieux populaires de délégués de comités populaires révolutionnaires avec la participation des ouvriers, des paysans, des jeunes, des femmes

 élections de délégués des soldats sans participation des officiers et de la hiérarchie

 coordinations et assemblées des comités populaires

 contrôle des entreprises et de l’Etat par les comités populaires révolutionnaires

 contrôle des comptes des grands financiers nationaux et étrangers en Egypte par les comités populaires, notamment les conseils d’employés de banque

 limogeage immédiat des PDG, chefs de la police, gouverneurs, chefs des grandes administrations et responsables liés au pouvoir de Moubarak qui ont participé à la répression et à l’oppression

 libération immédiate de tous les emprisonnés et suppression de toutes les poursuites policières

 reconnaissance de toutes les victimes de la répression et de toutes les victimes précédentes de la dictature et indemnisation aux victimes et à leur famille

 réintégration de tous les licenciés suite aux grèves et manifestations de 2011 et des années précédentes
 droit au logement pour tous

 droit à l’emploi payé de manière décente pour tous

 hausse générale et conséquente des salaires portant sur le salaire minimum et sur le salaire moyen

 échelle mobile des salaires permettant de suivre les hausses de prix

 interdiction des hausses de prix des produits de première nécessité

 interdiction des licenciements

 droit à la santé pour tous

 droit à la terre pour tous les paysans

 droits et libertés des femmes

 droit des jeunes à l’emploi, aux études, à la santé, au logement, à la vie... avec aide immédiate à tous ceux qui sont dans le besoin

 aide immédiate et massive aux régions défavorisées

 saisie de tous les biens de toute la bande Moubarak et remise au peuple travailleur

 aide immédiate aux plus démunis

 aide immédiate aux familles en difficulté

 aide immédiate aux plus démunis des petits commerçants et petits artisans

 contrôle de toute mesure prise par l’Etat par les comités populaires

A BAS LES DICTATURES DES PROFITEURS !!!!

ASSEZ DE LA DICTATURE MILITAIRE !!!

LES SOLDATS AVEC LE PEUPLE !!!!

PLUS D’OBÉISSANCE A LA HIÉRARCHIE !!!

TOUT LE POUVOIR AUX COMITÉS DE TRAVAILLEURS, DE CHÔMEURS, DE FEMMES, DE SOLDATS ET DE JEUNES !!!!!

Quel programme pour les révolutionnaires de notre époque ?

Qu’est-ce qu’un programme de transition ? Un moyen pour la classe travailleuse de passer des revendications à la direction de la révolution

Discussion sur le programme de transition

Extraits du programme de transition de Trotsky

La majorité la plus opprimée de la classe ouvrière n’est entraînée dans la lutte qu’épisodiquement, dans les périodes d’essor exceptionnel du mouvement ouvrier. A ces moments là, il est nécessaire de créer des organisations ad hoc, qui embrassent toute la masse en lutte : les COMITÉS DE GREVE, les COMITÉS D’USINES, et, enfin, les SOVIETS. c) En tant qu’organisation des couches supérieures du prolétariat, les syndicats, comme en témoigne toute l’expérience historique, y compris l’expérience toute fraîche des syndicats anarcho-syndicalistes d’Espagne, développent de puissantes tendances à la conciliation avec le régime démocratique bourgeois. Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s’efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. C’est pourquoi les sections de la IV° Internationale doivent constamment s’efforcer, non seulement de renouveler l’appareil des syndicats, en proposant hardiment et résolument dans les moments critiques de nouveaux leaders prêts à la lutte à la place des fonctionnaires routiniers et des carriéristes, mais encore de créer, dans tous les cas où c’est possible, des organisations de combat autonomes qui répondent mieux aux tâches de la lutte des masses contre la société bourgeoise, sans même s’arrêter, si c’est nécessaire, devant une rupture ouverte avec l’appareil conservateur des syndicats. S’il est criminel de tourner le dos aux organisations de masse pour se contenter de fictions sectaires, il n’est pas moins criminel de tolérer passivement la subordination du mouvement révolutionnaire des masses au contrôle de cliques bureaucratiques ouvertement réactionnaires ou conservatrices masquées ("progressistes"). Le syndicat n’est pas une fin en soi, mais seulement un des moyens dans la marche à la révolution prolétarienne.

 Les comités d’usine Le mouvement ouvrier de l’époque de transition n’a pas un caractère régulier et égal, mais fiévreux et explosif. Les mots d’ordre, de même que les formes d’organisation, doivent être subordonnés à ce caractère du mouvement. Rejetant la routine come la peste, la direction doit prêter attentivement l’oreille à l’initiative des masses elles-mêmes. Les grèves avec occupation des usines, une des plus récentes manifestations de cette initiative, sortent des limites du régime capitaliste "normal". Indépendamment des revendications des grévistes, l’occupation temporaire des entreprises porte un coup à l’idole de la propriété capitaliste. Toute grève avec occupation pose dans la pratique la question de savoir qui est le maître dans l’usine : le capitalisme ou les ouvriers. Si la grève avec occupation soulève cette question épisodiquement, le COMITÉ D’USINE donne à cette même question une expression organisée. Élu par tous les ouvriers et employés de l’entreprise, le Comité d’usine crée d’un coup un contrepoids à la volonté de l’administration. A la critique que les réformistes font des patrons de l’ancien type, ceux qu’on appelle les "patrons de droit divin", du genre de Ford, en face des "bons" exploiteurs "démocratiques", nous opposons le mot d’ordre des comités d’usine comme centres de lutte contre les uns et les autres. Les bureaucrates des syndicats s’opposeront, en règle générale, à la création de comités d’usine, de même qu’ils s’opposeront à tout pas hardi dans la voie de la mobilisation des masses. Il sera, cependant, d’autant plus facile de briser leur opposition que le mouvement aura plus d’ampleur. Là où les ouvriers de l’entreprise, dans les périodes "calmes", appartiennent déjà tous aux syndicats (closed shop), le comité coïncidera formellement avec l’organe du syndicat, mais il en renouvellera la composition et en élargira les fonctions. Cependant, la principale signification des comités est de devenir des états-majors de combat pour les couches ouvrières que le syndicat n’est, en général, pas capable d’atteindre. C’est d’ailleurs précisément de ces couches les plus exploitées que sortiront les détachements les plus dévoués à la révolution. Dès que le comité fait son apparition, il s’établit en fait une DUALITÉ DE POUVOIR dans l’usine. Par son essence même, cette dualité de pouvoir est quelque chose de transitoire, car elle renferme en elle-même deux régimes inconciliables : le régime capitaliste et le régime prolétarien. L’importance principale des comités d’usine consiste précisément en ce qu’ils ouvrent, sinon une période directement révolutionnaire, du moins une période pré-révolutionnaire, entre le régime bourgeois et le régime prolétarien. Que la propagande pour les comités d’usine ne soit ni prématurée ni artificielle, c’est ce que démontrent amplement les vagues d’occupations d’usines qui ont déferlé sur un certain nombre de pays. De nouvelles vagues de ce genre sont inévitables dans un prochain avenir. Il est nécessaire d’ouvrir à temps une campagne en faveur des comités d’usine pour ne pas se trouver pris à l’improviste.

 Le "secret commercial" et le contrôle ouvrier sur l’industrie Le capitalisme libéral, fondé sur la concurrence et la liberté du commerce, a disparu bien loin dans le passé. Le capitalisme monopoliste, qui l’a remplacé sur la scène, non seulement n’a pas réduit l’anarchie du marché, mais lui a donné, au contraire, un caractère particulièrement convulsif. La nécessité d’un "contrôle" sur l’économie, d’une "direction" étatique, d’une "planification" est maintenant reconnue - au moins en paroles - par presque tous les courants de la pensée bourgeoise et petite-bourgeoise, du fascisme à la social-démocratie. Pour les fascistes, il s’agit surtout d’un pillage "planifié" du peuple à des fins militaires. Les sociaux-démocrates cherchent à vider l’océan de l’anarchie avec la cuillère d’une "planification" bureaucratique. Les ingénieurs et les professeurs écrivent des articles sur la "technocratie". Les gouvernements démocratiques se heurtent, dans leurs tentatives poltronnes de "réglementation", au sabotage insurmontable du grand capital. Le véritable rapport entre exploiteurs et "contrôleurs" démocratiques est caractérisé de la meilleure façon par le fait que messieurs les "réformateurs", saisis d’une sainte émotion, s’arrêtent au seuil des trusts, avec leurs "secrets" industriels et commerciaux. Ici règne le principe de la "non-intervention". Les comptes entre le capitaliste isolé et la société constitue un secret du capitaliste : la société n’a rien à y voir. Le "secret" commercial est toujours justifié, comme à l’époque du capitalisme libéral, par les exigences de la "concurrence". En fait, les trusts n’ont pas de secrets l’un pour l’autre. Le secret commercial, à l’époque actuelle, est un complot constant du capital monopoliste contre la société. Les projets de limitation de l’absolutisme de "patrons de droit divin" restent de lamentables farces tant que les propriétaires privés de moyens sociaux de production peuvent cacher aux producteurs et aux consommateurs les machinations de l’exploitation, du pillage, de la tromperie. L’abolition du "secret commercial" est le premier pas vers un véritable contrôle de l’industrie. Les ouvriers n’ont pas moins de droits que les capitalistes à connaître les "secrets" de l’entreprise, du trust, de la branche d’industrie, de l’économie nationale toute entière. Les banques, l’industrie lourde et les transports centralisés doivent être placés les premiers sous la cloche d’observation. Les premières tâches du contrôle ouvrier consistent à éclairer quels sont les revenus et les dépenses de la société, à commencer par l’entreprise isolée ; à déterminer la véritable part du capitaliste individuel et de l’ensemble des exploiteurs dans le revenu national ; à dévoiler les combinaisons de coulisses et les escroqueries des banques et des trusts ; à révéler enfin, devant toute la société, le gaspillage effroyable de travail humain qui est le résultat de l’anarchie capitaliste et de la pure chasse au profit. Aucun fonctionnaire de l’État bourgeois ne peut mener à bien ce travail, quels que soient les pouvoirs dont on veuille l’investir. Le monde entier a observé l’impuissance du président Roosevelt et du président du conseil Léon Blum en face du complot des "60" ou des "200 familles". Pour briser la résistance des exploiteurs, il faut la pression du prolétariat. Les comités d’usine, et seulement eux, peuvent assurer un véritable contrôle sur la production, en faisant appel - en tant que conseillers et non comme "technocrates" - aux spécialistes honnêtes et dévoués au peuple : comptables, statisticiens, ingénieurs, savants, etc. En particulier, la lutte contre le chômage est inconcevable sans une organisation large et hardie de GRANDS TRAVAUX PUBLICS. Mais les grands travaux ne peuvent avoir une importance durable et progressiste, tant pour la société que pour les chômeurs eux-mêmes, que s’ils font partie d’un plan général, conçu pour un certain nombre d’années. Dans le cadre d’un tel plan, les ouvriers revendiqueront la reprise du travail, au compte de la société, dans les entreprises privées fermées par suite de la crise. Le contrôle ouvrier fera place, dans ces cas, à une administration directe par les ouvriers. L’élaboration d’un plan économique, même le plus élémentaire - du point de vue des intérêts des travailleurs, et non de ceux des exploiteurs - est inconcevable sans contrôle ouvrier, sans que les ouvriers plongent leurs regards dans tous les ressorts apparents et cachés de l’économie capitaliste. Les comités des diverses entreprises doivent élire, à des conférences correspondantes, des comités de trusts, de branches d’industrie, de régions économiques, enfin de toute l’industrie nationale dans son ensemble. Ainsi, le contrôle ouvrier deviendra l’ "ECOLE DE L’ÉCONOMIE PLANIFIÉE". Quand l’heure aura sonné, le prolétariat par l’expérience du contrôle se préparera à diriger directement l’industrie nationalisée. Aux capitalistes, surtout de petite et moyenne taille, qui proposent parfois eux-mêmes d’ouvrir leurs livres de comptes devant les ouvriers - surtout pour leur démontrer la nécessité de diminuer les salaires - les ouvriers répondent que ce qui les intéresse, ce n’est pas la comptabilité de banqueroutiers ou de semi-banqueroutiers isolés, mais la comptabilité de tous les exploiteurs. Les ouvriers ne peuvent ni ne veulent adapter leur niveau de vie aux intérêts de capitalistes isolés devenus victimes de leur propre régime. La tâche consiste à reconstruire tout le système de production et de répartition sur des principes plus rationnels et plus dignes. Si l’abolition du secret commercial est la condition nécessaire du contrôle ouvrier, ce contrôle est le premier pas dans la voie de la direction socialiste de l’économie.

 L’expropriation de certains groupes de capitalistes Le programme socialiste de l’expropriation, c’est-à-dire du renversement politique de la bourgeoisie et de la liquidation de sa domination économique, ne doit en aucun cas nous empêcher, dans la présente période de transition, de revendiquer, lorsque l’occasion s’en offre, l’expropriation de certaines branches de l’industrie parmi les plus importantes pour l’existence nationale ou de certains groupes de la bourgeoisie parmi les plus parasitaires. Ainsi, aux prêches geignards de messieurs les démocrates sur la dictature des "60 familles" aux États-Unis ou des "200 familles" en France, nous opposons la revendication de l’expropriation de ces 60 ou 200 féodaux capitalistes. Exactement de même, nous revendiquons l’expropriation des compagnies monopolistes de l’industrie de guerre, des chemins de fer, des plus importantes sources de matières premières, etc. La différence entre ces revendications et le mot d’ordre réformiste bien vague de " nationalisation " consiste en ce que : 1) Nous repoussons le rachat ; 2) Nous prévenons les masses contre les charlatans du front populaire qui, proposant la nationalisation en paroles, restent en fait les agents du capital ; 3) Nous appelons les masses à ne compter que sur leur propre force révolutionnaire ; 4) Nous relions le problème de l’expropriation à celui du pouvoir des ouvriers et des paysans. La nécessité de lancer le mot d’ordre de l’expropriation dans l’agitation quotidienne, par conséquent d’une manière fractionnée, et non pas seulement d’un point de vue propagandiste, sous sa forme générale, découle du fait que les diverses branches de l’industrie se trouvent à divers niveaux de développement, occupent des places différentes dans la vie de la société et passent par divers stades de la lutte des classes. Seule, la montée révolutionnaire générale du prolétariat peut mettre l’expropriation générale de la bourgeoisie à l’ordre du jour. L’objet des revendications transitoires est de préparer le prolétariat à résoudre ce problème.

 L’expropriation des banques privés et l’étatisation du système de crédit L’impérialisme signifie la domination du capital financier. A côté des consortiums et des trusts, et souvent au-dessus d’eux, les banques concentrent dans leurs mains le commandement réel de l’économie. Dans leur structure, les banques reflètent, sous une forme concentrée, toute la structure du capitalisme contemporain : elles combinent les tendances du monopole aux tendances de l’anarchie. Elles organisent des miracles de technique, des entreprises gigantesques, des trusts puissants ; et elles organisent aussi la vie chère, les crises et le chômage. Impossible de faire un seul pas sérieux dans la lutte contre le despotisme des monopoles et l’anarchie capitaliste, qui se complètent l’un l’autre dans leur œuvre de destruction, si on laisse les leviers de commande des banques dans les mains des rapaces capitalistes. Afin de réaliser un système unique d’investissement et de crédit, selon un plan rationnel qui corresponde aux intérêts du peuple tout entier, il faut fusionner toutes les banques dans une institution nationale unique. Seules, l’expropriation des banques privées et la concentration de tout le système de crédit entre les mains de l’État mettront à la disposition de celui-ci les moyens nécessaires réels, c’est-à-dire matériels et non pas seulement fictifs et bureaucratiques, pour la planification économique. L’expropriation des banques ne signifie en aucun cas l’expropriation des petits dépôts bancaires. Au contraire : pour les petits déposants, la BANQUE D’ÉTAT UNIQUE pourra créer des conditions plus favorables que dans les banques privées. De la même façon, seule, la banque d’État pourra établir pour les fermiers, les artisans et les petits commerçants des conditions de crédit privilégiées, c’est-à-dire à bon marché. Néanmoins, plus important encore est le fait que toute l’économie, avant tout l’industrie lourde et les transports, dirigée par un état-major financier unique, servira les intérêts vitaux des ouvriers et de tous les autres travailleurs. Cependant, l’ÉTATISATION DES BANQUES ne donnera ces résultats favorables que si le pouvoir d’État lui-même passe entièrement des mains des exploiteurs aux mains des travailleurs.

 Les piquets de grève, les détachements de combats, la milice ouvrière, l’armement du prolétariat Les grèves avec occupation des usines sont un très sérieux avertissement de la part des masses à l’adresse, non seulement de la bourgeoisie, mais aussi des organisations ouvrières, y compris la IV° Internationale. En 1919-1920, les ouvriers italiens s’emparèrent, de leur propre initiative, des entreprises, signalant ainsi à leurs propres " chefs " l’arrivée de la révolution sociale. Les "chefs" ne tinrent pas compte du signal. Le résultat fut la victoire du fascisme. Les grèves avec occupation ne sont pas encore la prise des usines, à la manière italienne ; mais elles constituent un pas décisif dans cette voie. La crise actuelle peut exaspérer au plus haut point le rythme de la lutte des classes et précipiter le dénouement. Il ne faut cependant pas croire qu’une situation révolutionnaire surgit d’un seul coup. En réalité, son approche est marquée par toute une série de convulsions. La vague de grèves avec occupation des usines en est précisément une. La tâche des sections de la IV° Internationale est d’aider l’avant-garde prolétarienne à comprendre le caractère général et les rythmes de notre époque, et de féconder à temps la lutte des masses par des mots d’ordre de plus en plus résolus et par des mesures organisationnelles de combat. L’exacerbation de la lutte du prolétariat signifie l’exacerbation des méthodes de contre-offensive de la part du capital. Les nouvelles vagues de grèves avec occupation des usines peuvent provoquer et provoqueront infailliblement, en réaction, d’énergiques mesures de la part de la bourgeoisie. Le travail préparatoire se mène dès maintenant dans les états-majors des trusts. Malheur aux organisations révolutionnaires, malheur au prolétariat s’ils se trouvent de nouveau pris à l’improviste ! La bourgeoisie ne se contente nulle part de la police et de l’armée officielle. Aux États-Unis, même dans les périodes "calmes", elle entretient des détachements militarisés de jaunes et de bandes armées privées dans les usines. Il faut y ajouter maintenant les bandes de nazis américains. La bourgeoisie française, à la première approche du danger, a mobilisé les détachements fascistes semi-légaux et illégaux jusqu’à l’intérieur de l’armée officielle. Il suffira que les ouvriers anglais augmentent de nouveau leur poussée pour qu’immédiatement les bandes de Mosley doublent, triplent, décuplent en nombre et entrent en croisade sanglante contre les ouvriers. La bourgeoisie se rend clairement compte qu’à l’époque actuelle, la lutte des classes tend infailliblement à se transformer en guerre civile. Les exemples de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Autriche, de l’Espagne et d’autres pays ont appris beaucoup plus aux magnats et aux laquais du capital qu’aux chefs officiels du prolétariat. Les politiciens de la II° et de la III° Internationales, de même que les bureaucrates des syndicats, ferment consciemment les yeux sur l’armée privée de la bourgeoisie ; sinon, ils ne pourraient maintenir vingt-quatre heures leur alliance avec elle. Les réformistes inculquent systématiquement aux ouvriers l’idée que la sacro-sainte démocratie est assurée au mieux lorsque la bourgeoisie est armée jusqu’aux dents et les ouvriers désarmés. Le devoir de la IV° Internationale est d’en finir, une fois pour toutes, avec cette politique servile. Les démocrates petits bourgeois - y compris les sociaux-démocrates, les staliniens et les anarchistes - poussent des cris d’autant plus forts sur la lutte contre le fascisme qu’ils capitulent plus lâchement devant lui en fait. Aux bandes du fascisme, seuls peuvent s’opposer avec succès des détachements ouvriers armés qui sentent derrière leur dos le soutien de dizaines de millions de travailleurs. La lutte contre le fascisme commence, non pas dans la rédaction d’une feuille libérale, mais dans l’usine, et finit dans la rue. Les jaunes et les gendarmes privés dans les usines sont les cellules fondamentales de l’armée du fascisme. Les PIQUETS DE GRÈVES sont les cellules fondamentales de l’armée du prolétariat. C’est de là qu’il faut partir. A l’occasion de chaque grève et de chaque manifestation de rue, il faut propager l’idée de la nécessité de la création de DÉTACHEMENTS OUVRIERS D’AUTODÉFENSE. Il faut inscrire ce mot d’ordre dans le programme de l’aile révolutionnaire des syndicats. Il faut former pratiquement des détachements d’autodéfense partout où c’est possible, à commencer par les organisations de jeunes, et les entraîner au maniement des armes. La nouvelle vague du mouvement des masses doit servir, non seulement à accroître le nombre de ces détachements, mais encore à les unifier, par quartiers, par villes, par régions. Il faut donner une expression organisée à la haine légitime des ouvriers pour les jaunes et les bandes de gangsters et de fascistes. Il faut lancer le mot d’ordre de la MILICE OUVRIÈRE, comme seule garantie sérieuse de l’inviolabilité des organisations, des réunions et de la presse ouvrières. C’est seulement grâce à un travail systématique, constant, inlassable, courageux, dans l’agitation et la propagande, toujours en relation avec l’expérience des masses elles-mêmes, qu’on peut extirper de leur conscience les traditions de docilité et de passivité ; éduquer des détachements de combattants héroïques, capables de donner l’exemple à tous les travailleurs ; infliger une série de défaites tactiques aux bandes de la contre-révolution ; accroître la confiance en eux-mêmes des exploités et des opprimés ; discréditer le fascisme aux yeux de la petite-bourgeoisie et frayer la voie à la conquête du pouvoir par le prolétariat. Engels définissait l’État comme des "détachements de gens armés". L’ARMEMENT DU PROLÉTARIAT est un élément constituant indispensable de sa lutte émancipatrice. Quand le prolétariat le voudra, il trouvera les voies et les moyens de s’armer. La direction, dans ce domaine aussi, incombe naturellement aux sections de la IV° Internationale.

 L’alliance des ouvriers et des paysans L’ouvrier agricole est, au village, le frère d’armes et l’équivalent de l’ouvrier de l’industrie. Ils constituent deux parties d’une seule et même classe. Leurs intérêts sont inséparables. Le programme des revendications transitoires des ouvriers industriels est aussi, avec tels ou tels changements, le programme du prolétariat agricole. Les paysans (fermiers) représentent une autre classe : c’est la petite-bourgeoisie du village. La petite-bourgeoisie se compose de couches diverses, depuis les semi-prolétaires jusqu’aux exploiteurs. C’est pourquoi la tâche politique du prolétariat industriel consiste à faire pénétrer la lutte des classes au village : c’est seulement ainsi qu’il pourra séparer ses alliés de ses ennemis. Les particularités du développement national de chaque pays trouvent leur expression la plus aiguë dans la situation des paysans et partiellement de la petite-bourgeoisie citadine (artisans et commerçants), car ces classes, pour nombreux que soient ceux qui y appartiennent, représentent au fond des survivances de formes pré-capitalistes de production. Les sections de la IV° Internationale doivent, sous la forme la plus concrète possible, élaborer des programmes de revendications transitoires pour les paysans (fermiers) et la petite-bourgeoisie citadine, correspondant aux conditions de chaque pays. Les ouvriers avancés doivent apprendre à donner des réponses claires et concrètes aux questions de leurs futurs alliés. Tant que le paysan reste un petit producteur "indépendant", il a besoin de crédit à bon marché, de prix accessibles pour les machines agricoles et les engrais, de conditions favorables de transport et d’une organisation honnête d’écoulement des produits agricoles. Cependant, les banques, les trusts, les négociants pillent le paysan de tous côtés. Seuls, les paysans eux-mêmes peuvent réprimer ce pillage, avec l’aide des ouvriers. Il est nécessaire qu’entrent en scène des COMITÉS DE PETITS FERMIERS qui, en commun avec les comités ouvriers et les comités d’employés de banque, doivent prendre en main le contrôle des opérations de transport, de crédit et de commerce qui intéressent l’agriculture. Invoquant mensongèrement les exigences "excessives" des ouvriers, la grande bourgeoisie fait artificiellement de la question des PRIX DES MARCHANDISES un coin qu’elle introduit ensuite entre les ouvriers et les paysans. Le paysan, l’artisan, le petit commerçant, à la différence de l’ouvrier, de l’employé, du petit fonctionnaire, ne peut revendiquer une augmentation de salaire parallèle à l’augmentation des prix. La lutte bureaucratique officielle contre la vie chère ne sert qu’à tromper les masses. Les paysans, les artisans, les commerçants doivent cependant, en tant que consommateurs, s’immiscer activement, la main dans la main avec les ouvriers, dans la politique des prix. Aux lamentations des capitalistes sur les frais de production, de transport et de commerce, les consommateurs répondront : "Montrez-nous vos livres ; nous exigeons le contrôle sur la politique des prix." Les organes de ce contrôle doivent être des COMITÉS DE SURVEILLANCE DES PRIX, formés de délégués d’usines, de syndicats, de coopératives, d’organisations de fermiers, de " petites gens " des villes, de ménagères, etc. Dans cette voie, les ouvriers sauront montrer aux paysans que la cause des prix élevés ne réside pas dans de hauts salaires, mais dans les profits démesurés des capitalistes et dans les faux frais de l’anarchie capitaliste. Le programme de NATIONALISATION DE LA TERRE et de COLLECTIVISATION DE L’AGRICULTURE doit être élaboré de façon à exclure radicalement l’idée de l’expropriation des petits paysans ou de leur collectivisation forcée. Le paysan restera le propriétaire de son lot de terre tant qu’il le trouvera lui-même nécessaire et possible. Pour réhabiliter aux yeux des paysans le programme socialiste, il faut dénoncer impitoyablement les méthodes staliniennes de collectivisation, dictées par les intérêts de la bureaucratie et non par les intérêts des paysans et des ouvriers. L’expropriation des expropriateurs ne signifie pas non plus la confiscation forcée de la propriété des PETITS ARTISANS et des PETITS BOUTIQUIERS. Au contraire, le contrôle ouvrier sur les banques et les trusts, à plus forte raison la nationalisation de ces entreprises, peut créer pour la petite bourgeoisie citadine des conditions de crédit, d’achat et de vente incomparablement plus favorables que sous la domination illimitée des monopoles. La dépendance envers le capital privé fera place à la dépendance envers l’État, qui sera d’autant plus attentif pour ses petits collaborateurs et agents que les travailleurs eux-mêmes tiendront plus fermement l’État dans leurs mains. La participation pratique des paysans exploités au contrôle des divers domaines de l’économie permettra aux paysans eux-mêmes de décider sur la question de savoir s’il convient ou non de passer au travail collectif de la terre, dans quels délais et à quelle échelle. Les ouvriers de l’industrie s’engagent à apporter dans cette voie toute leur collaboration aux paysans : par l’intermédiaire des syndicats, des comités d’usine et, surtout, du gouvernement ouvrier et paysan. L’alliance que le prolétariat propose, non pas aux "classes moyennes" en général, mais aux couches exploitées de la ville et du village, contre tous les exploiteurs, y compris les exploiteurs "moyens", ne peut être fondée sur la contrainte, mais seulement sur un accord volontaire, qui doit être consolidé dans un "pacte" spécial. Ce "pacte", c’est précisément le programme des revendications transitoires, librement accepté par les deux parties.

 La lutte contre l’impérialisme et contre la guerre Toute la situation mondiale et, par conséquent, aussi la vie politique intérieure des divers pays se trouvent sous la menace de la guerre mondiale. La catastrophe imminente pénètre déjà d’angoisse les masses les plus profondes de l’humanité. La II° Internationale répète sa politique de trahison de 1914 avec d’autant plus d’assurance que l’Internationale "communiste" joue maintenant le rôle du premier violon du chauvinisme. Dès que le danger de guerre a pris un aspect concret, les staliniens, distançant de loin les pacifistes bourgeois et petits-bourgeois sont devenus les champions de la prétendue "défense nationale". Ils ne font d’exception que pour les pays fascistes, c’est-à-dire pour ceux où ils ne jouent eux-mêmes aucun rôle. La lutte révolutionnaire contre la guerre retombe ainsi entièrement sur les épaules de la IV° Internationale.

Messages

  • Alors que la révolution continue en Egypte où aucun problème n’est réglé, alors qu’elle continue partout dans le monde arabe et au Maghreb, il importe de savoir où peut mener cette révolution ?

    A une bourgeoisie démocratique donnant une relative prospérité à la population ? Non !

    A une société dirigée par la même bourgeoisie mais permettant au peuple de s’exprimer ? Non !

    L’alternative, c’est dictature de la bourgeoisie ou pouvoir aux travailleurs !!!!

    En effet, jamais la bourgeoisie rapace n’acceptera de céder un centime au peuple, jamais elle ne cessera sa surexploitation qui mène à la misère de l’immense majorité !!!

    Jamais la hiérarchie militaire ne renoncera aux profits qu’elle tire de l’exploitation des travailleurs !!!

    Jamais la bourgeoisie égyptienne ne rompra avec l’impérialisme !

  • le Maghreb et au delà...

    Alors que la révolution continue en Egypte où aucun problème n’est réglé, alors qu’elle continue partout dans le monde arabe et au Maghreb, il importe de savoir où peut mener cette révolution ?

    A une bourgeoisie démocratique donnant une relative prospérité à la population ? Non !

    A une société dirigée par la même bourgeoisie mais permettant au peuple de s’exprimer ? Non !

    L’alternative, c’est dictature de la bourgeoisie ou pouvoir aux travailleurs !!!!

    En effet, jamais la bourgeoisie rapace n’acceptera de céder un centime au peuple, jamais elle ne cessera sa surexploitation qui mène à la misère de l’immense majorité !!!

    Jamais la hiérarchie militaire ne renoncera aux profits qu’elle tire de l’exploitation des travailleurs !!!

    Jamais la bourgeoisie égyptienne ne rompra avec l’impérialisme !

    Dans ces conditions, les politiciens comme El Baradei, les partis islamistes comme les Frères musulmans sont incapables de soutenir jusqu’au bout la révolution.

    Alors que les travailleurs continuent de se mobiliser et n’ont pas confiance dans la dictature militaire, les Frères musulmans, principale force d’opposition, ont dit "avoir confiance dans l’armée pour entamer le processus démocratique" !!!

    Il est à remarquer que les Frères musulmans ambitionnent officiellement reproduire l’exemple turc où c’est l’armée qui leur donne le pouvoir politique pacifiquement et où le parti islamiste au pouvoir développe l’économie dans l’intérêt de la bourgeoisie !

    Cela n’a rien d’étonnant malgré la tentation pendant de longues années de faire croire que les Frères étaient contre le système, contre le capitalisme, contre l’impérialisme. Rien de tout cela n’est vrai...

    Depuis que la classe ouvrière est entrée dans la danse en Egypte, les Frères se sont modérés de plus en plus au point de combattre contre les grèves... Ils ont même failli ne pas participer du tout à la révolution et ont mis quatre jours sous la pression de leur base jeune pour se décider...

    Maintenant ils appellent au calme, à laisser Tantaoui mettre en place la démocratie... comme si c’était possible !

    Seule la classe ouvrière est la force capable d’aller jusqu’au bout de cette révolution et il est indispensable que, prenant conscience de ce rôle politique, elle s’organise de manière autonome dans des conseils ouvriers révolutionnaires, qu’elle adopte un programme politique et pas seulement des revendications pour elle-même, qu’elle s’adresse ainsi aux paysans et à toutes les couches de la société et postule au pouvoir !

    Les deux sources du pouvoir sont la propriété des moyens de production et le contrôle des armes. Tant que ces deux sources sont entre les mains d’une minorité, elles s’en serviront pour soumettre et exploiter la majorité. C’est cette vérité fondamentale qui doit trouver une expression politique et organisationnelle en Egypte et en Tunisie, qui doit former le programme des travailleurs. Le sort de ces deux révolutions – et de toutes celles qui les suivront – en dépend. Dans les mois et les années à venir, la révolution devra aboutir à la réalisation de ce programme, le programme du socialisme révolutionnaire, ou alors elle sombrera, cédant la place à de nouvelles dictatures au service de vieilles oppressions.

    Une Egypte socialiste ne restera pas isolée. La victoire de la révolution égyptienne aurait de profondes répercussions en Afrique et au Moyen Orient. Elle ouvrirait la perspective d’en finir avec la domination et les crimes impérialistes dans toute la région.

    L’Egypte est un pays où l’immense majorité de la population vit dans une pauvreté écrasante. Les réformes introduites à l’époque de Nasser et les mesures favorisant une plus grande indépendance économique du pays – notamment la nationalisation du canal de Suez et d’autres secteurs de l’économie – ont été annulées ou détournées au profit d’une minorité capitaliste mafieuse, une minorité qui engrange d’immenses fortunes grâce aux salaires de misère et au chômage de masse.

    Cette exploitation et cette misère seront-elles moins accablantes sous le « nouveau » gouvernement ? Pas du tout. Les mêmes intérêts capitalistes domineront le pays. Et sur la base du capitalisme, en Egypte, le contexte international et les réalités sociales du pays entrent en contradiction avec la perspective d’un régime démocratique qui tolérerait durablement la libre expression, des élections libres et le développement de syndicats et de partis ouvriers indépendants. Le gouffre entre les riches et les pauvres, entre les exploiteurs et les exploités, est trop grand pour cela. A terme, le capitalisme égyptien ne pourrait fonctionner qu’au moyen d’une dictature. Les masses égyptiennes n’auront jamais que les droits qu’elles prendront et conserveront par la lutte.

    Le prolétariat d’Egypte a donc une importante tâche qui dépasse le cadre syndical, associatif ou réformiste, qui dépasse l’opposition dite démocratique et celle des Frères musulmans, et qui dépasse encore plus les capacités de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie à transformer la société. Ces gens-là sont trop liés à l’ordre ancien...

    Cela nécessite que le prolétariat d’Egypte s’organise politiquement en comités des quartiers et conseils ouvriers permanents, siégeant pour prendre des décisions, les imposant aux pouvoirs locaux ou nationaux, allant dans un premier temps vers un double pouvoir.

    Il est nécessaire que les comités, conseils, coordinations du peuple travailleur d’Egypte adoptent un programme de transition qui fasse passer dans les faits les aspirations portées par la révolution.

    Voici un premier embryon de ce qui pourrait devenir le programme politique et social du prolétariat révolutionnaire d’Egypte :

    démission de Tantaoui et suppression de tout pouvoir militaire

    mise sous contrôle de comités de soldats toute activité de la hiérarchie militaire et de toute tentative de maintien du pouvoir militaire

    élections dans toutes les entreprises, les quartiers, les milieux populaires de délégués de comités populaires révolutionnaires avec la participation des ouvriers, des paysans, des jeunes, des femmes

    élections de délégués des soldats sans participation des officiers et de la hiérarchie

    coordinations et assemblées des comités populaires

    contrôle des entreprises et de l’Etat par les comités populaires révolutionnaires

    contrôle des comptes des grands financiers nationaux et étrangers en Egypte par les comités populaires, notamment les conseils d’employés de banque

    limogeage immédiat des PDG, chefs de la police, gouverneurs, chefs des grandes administrations et responsables liés au pouvoir de Moubarak qui ont participé à la répression et à l’oppression

    libération immédiate de tous les emprisonnés et suppression de toutes les poursuites policières

    reconnaissance de toutes les victimes de la répression et de toutes les victimes précédentes de la dictature et indemnisation aux victimes et à leur famille

    réintégration de tous les licenciés suite aux grèves et manifestations de 2011 et des années précédentes
    droit au logement pour tous

    droit à l’emploi payé de manière décente pour tous

    hausse générale et conséquente des salaires portant sur le salaire minimum et sur le salaire moyen

    échelle mobile des salaires permettant de suivre les hausses de prix

    interdiction des hausses de prix des produits de première nécessité

    interdiction des licenciements

    droit à la santé pour tous

    droit à la terre pour tous les paysans

    droits et libertés des femmes

    droit des jeunes à l’emploi, aux études, à la santé, au logement, à la vie... avec aide immédiate à tous ceux qui sont dans le besoin

    aide immédiate et massive aux régions défavorisées

    saisie de tous les biens de toute la bande Moubarak et remise au peuple travailleur

    aide immédiate aux plus démunis

    aide immédiate aux familles en difficulté

    aide immédiate aux plus démunis des petits commerçants et petits artisans

    contrôle de toute mesure prise par l’Etat par les comités populaires

    A BAS LES DICTATURES DES PROFITEURS !!!!
    ASSEZ DE LA DICTATURE MILITAIRE !!!

    LES SOLDATS AVEC LE PEUPLE !!!!

    PLUS D’OBÉISSANCE A LA HIÉRARCHIE !!!

    TOUT LE POUVOIR AUX COMITÉS DE TRAVAILLEURS, DE CHÔMEURS, DE FEMMES, DE SOLDATS ET DE JEUNES !!!!!

    Quel programme pour les révolutionnaires de notre époque ?

  • LE BERCEAU DE LA RÉVOLUTION EN ÉBULLITION

    Grève et manifestation à Sidi Bouzid

    Des centaines d’opposants au gouvernement ont défilé hier à Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, à l’occasion d’une grève générale dans cette ville du centre de la Tunisie, où la contestation semble gagner du terrain. La grève annoncée dimanche était très suivie. Selon un journaliste de l’AFP, toutes les administrations et magasins de la ville étaient fermés. Seuls les bouchers étaient ouverts pour permettre aux habitants de s’approvisionner pour la nuit du destin (Leilet El Qadr) Une manifestation unitaire - regroupant l’opposition, les syndicats et représentants du patronat et de la société civile - a rassemblé plusieurs centaines de personnes qui ont défilé vers le palais de justice, situé à l’extérieur de Sidi Bouzid. Ils étaient toujours présents en nombre vers 11h00 GMT (12h00 locale) devant ce tribunal, qui était protégé par un important dispositif policier. Les manifestants réclament la libération de personnes arrêtées la semaine dernière lors de manifestations dispersées sans ménagement par la police à l’aide de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Ils ont scandé des slogans contre le parti islamiste Ennahda, qui dirige la coalition au pouvoir. « Le peuple veut la chute du régime », « Justice, malheur à toi, Ennahda a le pouvoir sur toi », ont-ils crié notamment. Une équipe de la chaîne télévisée Al-Jazeera a vu une vitre de sa voiture brisée par les manifestants et a dû quitter les lieux du rassemblement, selon un journaliste de l’AFP.
    Cette chaîne du Qatar est accusée par les détracteurs du gouvernement tunisien de soutenir Ennahda. Aucun autre incident notable n’avait été recensé à la mi-journée. Les islamistes ont pour leur part organisé au centre-ville leur propre rassemblement qui a réuni quelque 150 manifestants. Le gouvernement est confronté à une vague de contestation croissante ces dernières semaines sur plusieurs fronts, l’opposition et la société civile dénonçant une dérive autoritaire et une tentative d’organiser une islamisation rampante de la société tunisienne.
    Par ailleurs, les tensions sociales sont grandissantes et plusieurs manifestations contre la pauvreté, des coupures d’eau et le chômage ont été réprimées ces dernières semaines, en particulier à Sidi Bouzid. Tunis a ainsi vu lundi soir la plus grande mobilisation des détracteurs du régime depuis des mois, des milliers de personnes ayant manifesté pour la protection des droits de la femme menacés, selon l’opposition, par les islamistes. Sidi Bouzid est située dans une région particulièrement pauvre et marginalisée sous le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali. Or, selon des analystes, la situation économique et sociale ne s’y est guère améliorée depuis la révolution de 2011. La ville a une importance hautement symbolique, en tant que berceau de la révolution dont le point de départ avait été la mort le 17 décembre 2010 de Mohamed Bouazizi. Ce vendeur ambulant de 26 ans s’était immolé par le feu pour protester contre la saisie de sa marchandise par la police. La misère, le chômage, en particulier des jeunes, et la corruption étaient au coeur des raisons du soulèvement contre le régime déchu de Ben Ali.

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