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Que se passe-t-il en Algérie pour que le pouvoir supprime l’état d’urgence...

vendredi 25 février 2011, par Robert Paris

A quoi servait l’état d’urgence et la guerre contre les civils pour éradiquer ... la révolte de 1988

Le pouvoir assassin crève de peur face à la révolte sociale

De quoi et de qui les classes dirigeantes ont peur en Algérie pour que Bouteflika soit chargé de promettre monts et merveilles aux masses populaires ?

Il a fallu 19 ans au pouvoir assassin pour lever l’état d’urgence qui lui permet d’arrêter n’importe qui, de la détenir, de la torturer puis de le faire disparaitre au nom de la lutte contre le terrorisme. Mais, curieusement, le pouvoir reconnait que la question du terrorisme n’est pas réglé et avoue qu’il fait cela face à la contestation sociale et démocratique. Bel aveu que l’état d’urgence était d’abord anti-social et anti-démocratique...

Mais cela n’empêche pas le pouvoir de continuer à raconter sa fable selon laquelle l’état d’urgence était seulement nécessaire face à la situation sécuritaire...

Et effectivement la contestation est à la fois sociale et démocratique.

La dictature a pour but non seulement d’empêcher la liberté d’expression mais aussi d’empêcher la lutte des travailleurs et des chômeurs....

Bouteflika essaie de reculer en bon ordre pour éviter d’être débordé par la révolte contrairement à Ben Ali, Moubarak et Kadhafi mais cela ne veut pas dire que ce soit devenu un démocrate soucieux du bien-être de la population...

Cela ne veut pas dire que Boutef est devenu démocrate...

Il suffit de dire qu’hier il a téléphoné à Kadhafi pour l’assurer de son soutien...

Entre sanguinaires, on s’aime bien !

L’Etat d’urgence est donc supprimé. Tant mieux mais allons plus loin : supprimons l’Etat assassin, supprimons la dictature des généraux. Supprimons l’Etat qui vole, qui rançonne, qui tue, qui ne profite qu’aux riches. Supprimons l’Etat bourgeois algérien... Instaurons l’Etat des travailleurs, des jeunes des femmes, des ouvriers, des paysans, de ceux qui n’exploitent personne !!!


La situation sociale en Algérie

Le 13 février, une foule de jeunes s’étaient rassemblée devant le siège de la wilaya (division administrative) de Annaba pour exiger 7.000 emplois qui avaient été promis antérieurement et le gouverneur a été la cible de jets de pierres. Quelqu’un a été empêché par son frère de se suicider, un des gestes de désespoir survenant partout dans le pays. Mercredi et jeudi des jeunes réclamant du travail à Tadmait près de Tizi-Ouzou en Kabylie ont bloqué des routes, brûlant des pneus et endommageant des bureaux administratifs.

Dans la région productrice de pétrole d’Hassi-Messaoud, des jeunes ont occupé les bureaux de la mairie pour protester contre la pauvreté et l’oppression. Mahmoud Zegoune, le porte-parole du comité des chômeurs d’Hassi-Messaoud a dit à El Watan : « Les gendarmes m’ont demandé de calmer les manifestants et de leur demander de rentrer chez eux. Mais je leur ai répondu qu’il est de notre droit de manifester notre exaspération. La misère et la pauvreté vont nous affamer. Nos familles n’ont même pas de quoi manger. Comment alors ne pas protester et manifester ? »

D’autres ont protesté à Touggout devant le bureau local de l’Agence pour l’Emploi.

Les infirmiers et le personnel paramédical ont entamé le 8 février une grève illimitée malgré les intimidations de leurs directions faisant depuis un service réduit dans les hôpitaux et les polycliniques. Ils exigent la reconnaissance de leurs qualifications et la démission du ministre de la Santé, Ould Abbès ; ils ont défilé en scandant : Ould Abbès dehors », « Promulguez notre statut », « Statut et dignité ».

Un mouvement de grève universitaire a débuté le 14 février à l’université de Mohamed Boudiaf de M’sila en opposition à un décret qui comporte la non reconnaissance de leurs diplômes de sciences et de technologie dans la fonction publique. Jeudi, dans le cadre de protestations qui se sont étendues à plusieurs universités, des centaines d’étudiants et de titulaires de ce diplôme ont campé devant le ministère de l’Enseignement supérieur à Alger.

Des divisions au sein des milieux dirigeants craignant la révolution sociale se sont manifestées par la publication le 17 février d’une lettre ouverte destinée au président et adressée par l’ancien secrétaire général du Front de Libération nationale « au frère Abdelaziz Bouteflika, ». Le FLN avait mené la guerre de libération nationale contre l’occupation coloniale française et demeure encore, avec l’armée, l’épine dorsale du régime.

Cet ancien responsable dit : « Les voix qui revendiquent le changement de ce régime, qui sont soucieuses qu’il advienne dans un climat de paix et de libre débat, sont nombreuses. » Il lance un appel à peine voilé aux partis de l’opposition pour qu’ils aident la bourgeoisie algérienne et la bureaucratie d’Etat à désarmer la rébellion et à stabiliser le régime.

Des rebellions nationales spontanées se sont développées depuis le 3 janvier en réponse aux fortes augmentations des prix des produits de première nécessité. Entre le 3 et le 10 janvier, des émeutes et des protestations ont eu lieu dans la plupart des villes algériennes et qui ont été déclenchées par de fortes hausses des prix des denrées alimentaires de base dont l’huile, le sucre et la farine.

Alors que des émeutes locales sont un fait courant en Algérie depuis 2005, celles survenues actuellement furent les premières à se propager simultanément dans la plupart des régions du pays. De jeunes travailleurs ont barré les routes, ont incendié des pneus et saccagé des bâtiments gouvernementaux, exigeant des logements sociaux et cherchant à stopper la démolition des bidonvilles. Trois manifestants sont morts aux mains de la police, plus de 800 personnes auraient été blessées. Au moins 1.100 personnes auraient été arrêtées dont de nombreux jeunes adolescents.

Le gouvernement a cherché à calmer la situation en annonçant le 8 janvier des réductions passagères d’impôts sur le sucre et l’huile de table. Les protestations se poursuivent. Le 20 janvier, plus d’un millier de personnes ont manifesté en exigeant des logements dans le quartier de Saïd Hamdine à Alger. Cinq personnes ont été tuées et 800 autres blessées par la police le 22 janvier lorsque 20.000 policiers ont été déployés pour empêcher que se déroulent des manifestations à Tizi-Ouzou en Kabylie.

Le 2 janvier, plus de 500 personnes avaient manifesté devant les locaux de la daïra (subdivision administrative) de Khemis El Khechna pour exiger de meilleurs branchements d’eau et de gaz et de meilleurs logements pour leurs villes voisines, Chebachebb et El Kerma. A Tizi-Ouzou, le même jour, les parents de jeunes, détenus durant les protestations de début janvier, ont organisé un sit-in devant le bâtiment administratif de la wilaya en réclamant la libération de leurs enfants qui furent provisoirement relâchés le lendemain.

Dans d’autres villes, les mairies ont été occupées et les routes principales bloquées par des gens réclamant de meilleures routes, des branchements de gaz, d’eau potable et d’eaux usées ainsi que l’éclairage public. Des jeunes revendiquant des emplois ont barré la route principale RN 12 à Naciria près de Boumerdes et incendiaient des pneus et d’autres objets.

Le 30 janvier, 600 ouvriers d’usine avaient manifesté devant le bâtiment de la wilaya de Bouira et exigé d’être réemployés par l’ENAD, l’entreprise allemande de détergents. Egalement le même jour, des jeunes sans emploi de la wilaya d’Ouargla ont manifesté à Touggourt contre le chef de l’agence locale pour l’emploi, accusé de clientélisme.

Une coalition d’organisations d’« opposition » soi-disant de gauche s’était regroupée le 20 janvier pour former la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) dans le but d’empêcher que le mouvement ne se transforme en révolution.

Les organisations formant le CNCD comprenaient le Front des Forces socialistes (FES), le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) à prédominance kabyle, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) et des syndicats officiellement reconnus tels le SATEF et le SNAPAP.

Ces organisations font partie de l’opposition officielle tolérée et utilisée par la dictature. Elles lancent de vagues appels à la démocratie mais n’ont aucune perspective pour le renversement du régime. Leur principal objectif est de protéger le capitalisme algérien et ses maîtres impérialistes contre le développement d’un mouvement révolutionnaire indépendant de la classe ouvrière.

Une grève nationale des travailleurs du secteur de la santé se poursuivait mercredi contre le régime militaire du président algérien Abdelaziz Bouteflika, tandis que les manifestations des chômeurs et des jeunes se propageaient dans tout le pays.

Le régime de Bouteflika est ébranlé par la vague de luttes révolutionnaires des travailleurs qui ont lieu en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en particulier en Égypte et en Tunisie. D’après un communiqué du 5 février du Front de libération nationale (FLN) au pouvoir, Bouteflika a annoncé que l’état d’urgence imposé il y a 19 ans – au début de la guerre civile algérienne – serait prochainement suspendu.

Le régime algérien a été touché le mois dernier par une série d’émeutes de la jeunesse contre les prix élevés de la nourriture dus à la suspension des subventions étatiques et à l’augmentation mondiale des prix.

Mercredi, les infirmières et les paramédicaux poursuivaient une grève nationale indéfinie commencée la veille. Les travailleurs de la santé en grève effectuent un service minimum pour les actes les plus simples et les urgences. Le régime a refusé de négocier avec le petit syndicat des paramédicaux (SAP), préférant passer un accord avec le syndicat officiel UGTA (Union générale des travailleurs tunisiens).

Cependant, les paramédicaux n’ont pas confiance dans les négociations avec les autorités de l’Etat. Une pancarte dans la manifestation devant la Clinique des brûlés de l’avenue Pasteur à Alger disait « Arrêtez l’hémorragie de promesses. »

D’après les reportages, la grande majorité des 100 000 travailleurs du secteur de la santé participent à la grève. Ils demandent des augmentations de salaires, l’intégration de leurs programmes de formation dans le système universitaire, et la réintégration des représentants syndicaux qui ont été licenciés.

Le porte-parole du SAP, Lounes Ghachi, expliquait : « Les directeurs d’hôpitaux ont été instruits d’empêcher la grève, en procédant à des menaces et des intimidations, mais sans parvenir à entamer la détermination des paramédicaux. »

Hier, des intérimaires en fin de contrat à l’usine chimique publique ENAD à Sour-El-Ghozlane manifestaient devant les locaux de la direction pour récupérer leurs emplois. Les licenciements avaient commencé en mars dernier. D’après des entretiens accordés à Liberté, les travailleurs menacent de se suicider si leurs demandes ne sont pas acceptées.

Le directeur de l’usine a déclaré à Liberté qu’il refusait de réembaucher les travailleurs : « Moi je n’ai jamais promis leur réintégration. »

Les jeunes au chômage bloquent également les routes nationales qui relient bon nombre de villes algériennes. Les jeunes de Naciria et Boumerdès ont bloqué la RN 12 hier demandant des emplois et le paiement d’une indemnité de chômage mensuelle de 12 000 Dinars algériens, soit environs 120 euros.

Les jours précédents, il y a eu des reportages faisant état de violentes échauffourées entre la police et les jeunes chômeurs sur la RN 12 près de Naciria, sur la RN3 entre Skikda et Constantine, et avec 200 jeunes sur la route d’Alger à Tizi-Ouzou.

Les travailleurs de l’usine à lait "la vallée" à Tazmalt ont également fermé la route Bejaïa-Algers, demandant la réintégration de 40 travailleurs renvoyés en raison de la chute de la demande pour le lait en poudre.

Tout le spectre politique officiel se prépare à une montée des luttes sociales en Algérie. Il y a des reportages faisant état de cargaisons importantes de gaz lacrymogènes et de tenues anti-émeute arrivant au port d’Alger. Pendant ce temps, essayant de canaliser la colère des travailleurs et des jeunes vers les voies les moins dommageables pour l’élite algérienne, « l’opposition » officielle a tardivement appelé à une manifestation. WSWS

Messages

  • L’Etat d’urgence est donc supprimé. Tant mieux mais allons plus loin : supprimons l’Etat assassin, supprimons la dictature des généraux. Supprimons l’Etat qui vole, qui rançonne, qui tue, qui ne profite qu’aux riches. Supprimons l’Etat bourgeois algérien... Instaurons l’Etat des travailleurs, des jeunes des femmes, des ouvriers, des paysans, de ceux qui n’exploitent personne !!!

    Voilà ce qu’il faut faire et vite !!!!

  • l Bouni, la plus importante commune de la wilaya de Annaba a été hier au centre de violentes émeutes.

    Dans la matinée, plusieurs centaines de jeunes chômeurs ont pris d’assaut le siège de la commune pour s’inscrire aux différents dispositifs d’emplois DAIP, CID ou encore CFI, a-t-on constaté sur place. La foule dense des demandeurs d’emploi a généré des accrochages pour se transformer quelques moments après en émeutes. Pour se faire entendre, les jeunes manifestants venus des localités démunies de Sidi Salem, Boukhadra, Bouzaâroura, Bidari et Sarouel ont envahi le siège de la commune qui abrite les bureaux de l’agence communale d’emploi saccageant à leur passage vitres, immobiliers et équipements informatiques.

    La colère des émeutiers n’a pas épargné le maire encore moins son bureau. Munis de couteaux, plusieurs d’entre eux, ont agressé le P/APC après avoir tout détruit. Ils lui aurait exigé de signer sa démission sous peine d’être agressé. Une agression à l’arme blanche que Youssef Litime, le P/APC de la commune d’El Bouni, a confirmé en déclarant : « Plusieurs jeunes émeutiers m’ont obligé, couteau à la gorge, de signer ma démission. » C’est là où les éléments de la police antiémeute, appelés à la rescousse, sont intervenus pour libérer l’édile des mains de ses agresseurs ainsi que d’autres employés pris « en otage ». A travers les rues jouxtant le siège de la commune d’El Bouni, les papiers administratifs et autres documents d’état civil fournis par les citoyens jonchaient les trottoirs. Les poteaux de l’éclairage public, les abribus et les équipements publics ont subi également le courroux des protestataires qui ont tout détruit sur leur passage.

    C’est ainsi que le siège de la Protection civile a été assailli. Les riverains qui n’ont pas cautionné la dégradation massive des équipements de leur cité sont à leur tour entrés en scène pour empêcher les actes de vandalisme. Ce qui a donné lieu à des échauffourées entre les deux parties faisant des blessés parmi les rivaux. Plusieurs jeunes émeutiers ont été arrêtés par les services de sécurité avant d’être libérés. A l’heure où nous mettons sous presse, un important dispositif sécuritaire quadrille toujours les lieux à l’effet de parer à toute éventualité.

  • Mardi, notre tentative de nous rendre à la cimenterie a été vaine, car la route était fermée à la circulation et la localité de Hay Ennasr, mitoyenne avec la cimenterie, bloquée. De leur côté, les chômeurs sont décidés à faire valoir leurs revendications.

    Comme il fallait s’y attendre, la direction de la cimenterie de Zahana a fait appel aux forces anti-émeutes pour lever le blocus imposé par les chômeurs depuis jeudi passé. Les affrontements de lundi et mardi étaient très violents, à en croire nos sources.

    On déplore déjà plusieurs blessés, et plusieurs habitants ont été pris de malaise à cause des bombes lacrymogènes. Mardi, notre tentative de nous rendre à la cimenterie a été vaine, car la route était fermée à la circulation et la localité de Hay Ennasr, mitoyenne avec la cimenterie, bloquée. De leur côté, les chômeurs sont décidés à faire valoir leurs revendications. “Notre mouvement est pacifique, mais la mafia qui gère la cimenterie a fait appel à la force pour détourner l’attention des pouvoirs publics quant à l’ouverture d’une enquête sur la gestion de l’usine et pour nous discréditer vis-à-vis des pouvoirs publics. Les gendarmes sont nos frères. Et s’il y a des blessés dans leurs rangs, nous le regrettons beaucoup”, précise un manifestant, joint par téléphone. Pour le moment, la cimenterie est toujours fermée et personne n’est en mesure de prévoir l’issue de ce bras de fer entre l’administration et les manifestants. De son côté, le président d’APC de la commune de Zahana, très affecté par la tournure des événements, affirme avoir tenté de négocier avec les protestataires, sans succès. “En compagnie du SG de la wilaya et de Mme le chef de daïra, nous avons tenté de négocier avec les chômeurs avec une promesse de recrutement de trois vagues de 60 chômeurs chacune, mais ils ont refusé. Ils exigent le recrutement immédiat de 180 jeunes”, affirme-t-il, avant d’ajouter : “L’Anem se trouve dans la daïra de Sig. Concernant les faux certificats de résidence, c’est inexact. Je suis le premier responsable en cas de délivrance illégale du document. Je n’ai aucune information sur les blessés.” Durant l’entretien, nous avons appris que le wali de Mascara a convoqué le P/APC pour une réunion d’urgence dans l’après-midi de mardi. D’autre part, nous avons appris que la cimenterie d’Oggaz, toujours dans la wilaya de Mascara, située à une quinzaine de kilomètres de Zahana, a fermé ses portes suite à une manifestation de chômeurs de la région qui réclament leur recrutement. La contagion risque de compliquer la situation et de faire grimper le prix du sac de ciment. Cependant, selon les témoignages recueillis, des dérives graves sont signalées à la cimenterie de Zahana, d’où la nécessité d’une enquête d’urgence pour élucider les zones d’ombre et mettre à nu les pratiques illégales relatées par les chômeurs. “Comment peut-on recruter des retraités alors que les jeunes chôment ?” s’interroge Amine, 27 ans. Les affrontements entre les jeunes protestataires et les éléments de la brigade anti-émeute de la Gendarmerie nationale ont été violents. Selon des témoins oculaires, une dizaine de gendarmes ont été blessés par des jets de pierres des jeunes, en retour aux bombes lacrymogènes. Un protestataire dit que “les gendarmes nous ont demandé de dégager l’entrée de l’usine, mais nous avons refusé et nous continueront à mener notre protestation ; nous les affronterons le temps qu’il faudra.” Ces affrontements ont des conséquences sur tout le village. “Lundi, depuis le début de l’après-midi, notre paisible village s’est transformé en champ de bataille, je n’ai jamais vu cela, les jeunes courant et criant et les gendarmes les poursuivant matraque à la main”, ajoute un habitant de ce village, un chauffeur à la cimenterie. Ce dernier affirme : “Cela fait quatre jours que je n’ai pas travaillé, je n’ai même pas pu me rendre à la banque pour encaisser mon salaire, la cimenterie est fermée par ces jeunes demandeurs d’emploi et tout le village est pénalisé.” D’autres personnes relèvent que “le village, autrefois enveloppé par la poussière dégagée de la cimenterie, est depuis lundi couvert par les gaz lacrymogènes”. Selon nos sources, une dizaines de jeunes protestataires ont été arrêtés par les gendarmes lors de ces affrontements qui se poursuivent toujours.

  • Les émeutes et les grèves se multiplient à travers le pays, confronté à une montée en puissance des revendications salariales. La majorité des universités est paralysée par une grève des étudiants qui protestent contre les réformes décidées par le gouvernement. Les paramédicaux sont en grève illimitée depuis le 8février.

    La majorité de la population vit dans le dénuement. Pourtant, le pays est riche, avec plus de 155milliards de dollars de réserves de change accumulés grâce à l’exportation des hydrocarbures, qui constituent 98% des recettes en devises. Mais la mauvaise redistribution des richesses pétrolières, illustrée par les récents scandales de corruption, alimente le ressentiment de la population envers un régime vieillissant, corrompu et déconnecté de la réalité. Les manifestations spontanées sont menées par de jeunes chômeurs, souvent loin de l’influence des partis politiques. Les islamistes à l’origine de la guerre civile des années 1990, qui avait fait 200.000 morts, sont eux aussi affaiblis et suscitent la méfiance de la population, hantée par le souvenir douloureux des massacres de civils et des attentats suicides dans les lieux publics. L’opposition démocratique, fortement divisée, peine à mobiliser la foule. Aucun de ses leaders ne suscite l’enthousiasme des jeunes qui se méfient des partis politiques.

  • Face aux manifestants qui envahissent les rues, aux citoyens qui bloquent les routes et occupent les institutions, le pouvoir, n’a plus d’autre solution que de céder sur tout et à tous. A peine un mouvement de revendication s’organise t-il et se montre t-il sur la place publique, que le régime accède immédiatement aux revendications.

    Cette démarche, a eu pour effet, de multiplier les revendications. Se rendant compte de la faiblesse du régime, les citoyens, partout à travers le territoire national, les corporations, les catégories sociales, les chômeurs, les étudiants, les corps d’Etat, affichent leurs revendications et exigent leur satisfaction immédiate. Apeuré, le régime se contente de signer des chèques, jour après jour, en puisant dans les caisses de l’Etat, de manière totalement chaotique et irréfléchie. Il le fait, le plus souvent, dans la précipitation, sans même ouvrir de négociations.

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