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Vive la révolution qui débute au Liban... mais ne la laissons à aucun clan !!! Seul le peuple travailleur, sa jeunesse, ses milieux populaires, doivent diriger sa révolution

lundi 28 février 2011, par Robert Paris

Que se passe-t-il au Liban

Des centaines de Libanais ont manifesté dimanche à Beyrouth contre le système politique en vigueur fondé sur des critères confessionnels et communautaires.

Galvanisés par les soulèvements populaires qui agitent d’autres pays arabes, certains manifestants ont scandé le slogan désormais familier : "Le peuple veut faire tomber le régime".

Le pays du Cèdre est régi par un système complexe de partage de pouvoir censé maintenir un équilibre très délicat entre les diverses confessions et communautés.

"Nous sommes venus pour faire tomber le système confessionnel au Liban parce que c’est un système plus dictatorial que les systèmes dictatoriaux eux-mêmes", a expliqué un protestataire, Rahchan Saglam.

Les organisateurs ont diffusé un tract dans lequel ils exigent "un Etat laïque, civil, démocratique, socialement juste et équitable" ainsi qu’une augmentation du salaire minimum et une baisse du prix des denrées de base.

Le Liban, théâtre d’une guerre civile sanglante de 1985 à 1990, n’a plus de gouvernement depuis la chute, orchestrée en janvier par les chiites du Hezbollah et ses alliés, de la coalition dirigée par Saad Hariri.

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche à Beyrouth contre le système confessionnel au Liban, à l’appel de groupes de jeunes sur Facebook.

"La révolution est partout... Liban, c’est à ton tour !", ont scandé les manifestants, en majorité des jeunes, en référence aux mouvements de révolte qui agitent le monde arabe.

Reprenant le leitmotiv des soulèvements qui ont secoué la Tunisie, l’Egypte, la Libye ou le Yémen, "le peuple veut faire tomber le régime", ils ont parcouru sous une pluie torrentielle des rues de Beyrouth, jusqu’au palais de justice, encadrés par la police et l’armée.

Plus de 2.600 personnes avaient annoncé leur participation à cette marche, mais il semble que la pluie ait dissuadé beaucoup de militants.
"Allez les Libanais, révoltez-vous contre le confessionnalisme", "Nous voulons un Etat civil", "Confessionalisme, sang, guerres civiles, assez !", "Révolution contre le féodalisme, contre la ségrégation !", criaient les protestataires.

"Le confessionnalisme est mauvais pour la santé, nous vous prions de vous en abstenir", "Tyrans du Liban, votre tour viendra pour sûr", proclamaient leurs pancartes.

Le système libanais est un mélange complexe de partage du pouvoir basé sur des quotas communautaires et sur une tradition de "démocratie consensuelle". Depuis l’indépendance en 1943, il garantit une parité entre musulmans et chrétiens minoritaires dans la région.
Il est toutefois accusé d’être à l’origine de tous les maux du pays comme la corruption, le gaspillage, le clientélisme et surtout une guerre civile destructrice (1975-1990) et crises à répétition.
"Ce n’est pas possible que les mêmes leaders qui nous ont imposé la guerre civile nous dirigent encore, assez, qu’ils s’en aillent !", affirme à l’AFP Amal, assistante sociale.

"Les Libanais doivent se soulever, ils continuent de suivre les leaders de leur confession même s’ils crèvent de faim", s’indigne Ali, ingénieur de 28 ans au chômage.

"Ici, nous n’avons pas un seul dictateur mais une bonne vingtaine", dit Amer Saidi, étudiant en sciences politiques, qui se dit "laïc".

La lutte sociale gagne le Liban

Au Liban, pour l’heure, les classes dirigeantes ont tenté de canaliser le mécontentement vers des préoccupations politiques toutes autres : entre pro et anti Hezbollah. La priorité pour ces classes dirigeantes concernerait la formation d’un nouveau gouvernement, après la démission des ministres de l’opposition du cabinet Saad Hariri. Le 24 janvier, les pro Harriri ont fait de l’idée d’une journée de colère la dénonciation des coups de force du Hezbollah...

Mais la misère et la colère existent là comme ailleurs : chômage des jeunes, hausse des prix....

Sur le plan social, l’Union des travailleurs libanais appelle à la manifestation et à la grève, selon Ghassan Ghosn, le président de la Confédération générale du Travail. Parmi les revendications du mouvement, la hausse du salaire minimum de 500 000 L.L (250,81€). à 1 000 000 L.L. (666,666 €) ou encore la baisse des taxes sur l’essence qui approchent les 60%.

Des mots d’ordre de grève ont été lancés pour le 10 et le 14 février, appelant à la fin de la corruption et de la vie chère et à plus de démocratie et de liberté.

Au Liban aussi, on manifeste contre Moubarak

Environ 150 personnes se sont rassemblées, le mardi 1er février 2011, devant l’ambassade d’Égypte à Beyrouth pour exprimer leur solidarité avec le peuple égyptien alors que se déroulait, au même moment, au Caire et dans les grandes villes du pays "la Marche d’un million contre Moubarak".

Cela fait depuis le vendredi 28 janvier que la communauté égyptienne du Liban, mais aussi des militants des droits de l’Homme et des étudiants venus de différents pays arabes, manifestent devant l’Ambassade exigeant la chute du régime égyptien et l’instauration d’une véritable démocratie. Beaucoup brandissaient des drapeaux égyptiens, mais aussi le portrait du leader nationaliste Gamal Abdel Nasser.

Dans le sillage du vent de révolte qui souffle sur le monde arabe, des milliers de jeunes Libanais appellent sur Facebook à "faire tomber le régime confessionnel" de leur pays multicommunautaire. Un combat au pire improbable, au mieux de longue haleine, estiment des experts.
Reprenant à leur compte les slogans scandés en Tunisie et en Egypte, plusieurs pages intitulées "Le peuple libanais veut faire tomber le système confessionnel", ou encore "Journée de la colère contre le confessionnalisme, la corruption et la pauvreté" ont récemment fait leur apparition sur le site de socialisation Facebook. Mais ces mêmes militants, et des observateurs, sont convaincus que la particularité du système libanais rend plus difficile une réplique pure et simple des révoltes arabes.

"Les Libanais se vantent tout le temps de leur liberté et démocratie face aux pays arabes", affirme Hassan Chouman, informaticien de 24 ans, un sympathisant de ces pages. "Mais chez eux, il y a un seul dictateur, ici, nous en avons au moins 7 ou 8", ironise-t-il, en référence aux leaders politiques représentant chacune des 18 communautés musulmanes et chrétiennes du pays.

Corruption et clientélisme
Le système libanais se distingue de la plupart des régimes de la région par un partage du pouvoir basé sur des quotas communautaires et d’une tradition de "démocratie consensuelle". Depuis l’indépendance en 1943, il garantit une parité entre musulmans et chrétiens minoritaires dans la région. Il est toutefois accusé, depuis des décennies, de tous les maux : corruption, gaspillage, clientélisme, guerre civile destructrice (1975-1990) et crises à répétition.

Dérives impalpables
"Au Liban, la compétence ne compte pas. Chaque leader d’une communauté nomme à des postes sa "clique", ce qui pourrit notre administration publique", affirme Ghassan al-Azzi, professeur de sciences politiques à l’Université libanaise. Abolir ce système où tout le monde veut sa part du gâteau "est beaucoup plus difficile que de faire tomber un dictateur", dit-il. "Ici, si vous manifestez dans la rue, vous dirigez ça contre qui ?, quelle institution ?, quel groupe ? Il n’y a rien de palpable". Selon lui, même des dirigeants soit-disant laïques sont obligés d’intégrer le système pour "survivre politiquement".

Sur Facebook, certains écrivent même que "ce mouvement est voué à l’échec, à moins que chaque confession ne fasse tomber son propre leader". Mais pour d’autres, les soulèvements arabes sont venus éveiller un ancien rêve, malgré les profondes divisions entre coalition pro-occidentale et bloc mené par le Hezbollah pro-iranien et alors que toute revendication sociale est immédiatement politisée. "La leçon à tirer des révolutions d’Egypte et de Tunisie, c’est qu’il faut mettre de côté les différends en vue d’un même objectif", soutient Abou Reem, 39 ans, administrateur de la page "Le peuple libanais veut faire tomber le système confessionnel". Une réunion se tiendra en mars lorsque le nombre dépassera le cap des 10.000 sympathisants.

Pour Antoine Messarra, membre du Conseil constitutionnel, "il faut commencer par respecter les règles de droit en promouvant les compétences", "une éducation et une culture non confessionnelle" et une "meilleure relation Etat-citoyens".

Jusqu’à présent, les initiatives luttant contre le confessionnalisme, comme l’élection d’une partie des députés sur base non religieuse ou l’instauration du mariage civil (reconnu mais qui ne peut être célébré au Liban), sont restées lettre morte. Mais "rien n’est impossible, même si la route est longue", estime Abou Reem.

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