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Editorial - Quand le gouvernement offre mille euros aux salariés et des dizaines de millions d’euros à quelques uns...

lundi 18 avril 2011, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx


Quand le gouvernement offre mille euros aux salariés et des dizaines de millions d’euros à quelques uns...

Le gouvernement a lancé une annonce qui a surpris : la volonté d’imposer aux patrons le paiement aux salariés d’une prime de mille euros pour faire face au coût de la vie.

Pourtant, il ne serait pas du tout surprenant d’augmenter les salaires au moment où on annonce des profits fabuleux des banques, des trusts, des bourses et des financiers. Et ce n’est même pas le paiement, une seule fois de mille euros, qui suffirait à combler le trou des années de disette d’augmentations depuis la crise de 2008 et même depuis bien plus d’années…Car les hausses caracolent : loyers, charges, essence, énergie, produits alimentaires et impôts. Mais cette annonce doit être vite tempérée : elle ne concernerait qu’une toute petite minorité de salariés. Pas les fonctionnaires. Pas les petites et moyennes entreprises. Pas les entreprises qui n’ont pas distribué des dividendes. Pas les salariés sous-traitants des trusts du CAC 40 qui ont distribué des bénéfices qui sont pourtant 20% des effectifs… Et même, la ministre de l’Economie a précisé que ce ne serait pas imposé et que la somme de 1000€ pourrait n’être qu’indicative et modulable. Décidément, cette prime c’est bel et bien une fable de carpe et du lapin… C’est un moyen d’opposer les salariés entre eux ainsi que les salariés aux autres couches de la population sans faire le moindre cadeau en réalité mais en couvrant les entreprises qui se distribuent des dividendes grossièrement énormes... Et, en plus, l’Etat dédommagera les entreprises qui verseront des primes à leurs salariés sous forme d’une exonération d’impôts !

Et la démagogie ne s’arrête pas là. Le gouvernement annonce une autre mesure soi-disant en faveur des salariés français : diminuer le nombre de salariés étrangers pouvant prétendre à venir légalement travailler en France. Il sous-entend ainsi que le chômage serait dû à la main d’œuvre autorisée à venir ici. Mais le nombre de salariés étrangers concernés serait de 200 ! Quelle comédie alors que le gouvernement autorise un trust qui fait des profits comme Renault à supprimer 3000 emplois. Et ce n’est qu’un exemple ! Le gouvernement, lui-même, supprime des emplois publics en masse dans les écoles et les hôpitaux.

Mais surtout l’agitation gouvernementale vise à masquer la réalité de la situation économique et les catastrophes qu’elle nous prépare… Le journal patronal « La Tribune » annonce que « les banques européennes sont au pied d’un mur de dettes de 2.500 milliards d’euros. En France, selon des données de Moody’s de 2010, les établissements bancaires devront honorer près de 139 milliards de dollars d’échéances en 2011 et 2012, contre 47 milliards en Irlande, 164 en Espagne, 362 au Royaume-Uni, 621 en Allemagne et 702 aux Etats-Unis ». On nous avait pourtant annoncé qu’elles avaient renoué avec les bénéfices pour justifier des distributions de profits aux gros actionnaires et dirigeants. Mais c’était sans compter avec le fait qu’on avait compté en actifs des valeurs dites « pourries » qui n’ont aucune valeur et des dettes d’Etats et de sociétés en ruine. C’est toute l’économie capitaliste qui navigue aujourd’hui sur un vaste mensonge. Les investissements privés n’ont pas repris depuis 2008 justement parce que les classes dirigeantes, elles, savent que l’économie n’a l’air de reprendre que grâce au grand mensonge des investissements d’Etat réalisés sur la base dettes monstrueuses en grande partie cachées.

L’Etat qui n’a pas d’argent pour les services publics en a pour aider les trusts et les grandes entreprises. Il y a les dons directs, les prêts, les subventions, les prises de participations, les achats d’actions, les aides du fond FSI, les aides des entreprises publiques et semi-publiques, de la caisse des dépôts, etc, etc… L’Etat a de l’argent pour aider les trusts du nucléaire englués dans la crise nucléaire du Japon. Il a de l’argent pour aider les intérêts futurs de Total en intervenant militairement en Libye, pour aider Areva en intervenant militairement au Niger et les patrons français comme Bolloré et Bouygues en intervenant en Côte d’Ivoire. Il a de l’argent pour aider les banques en faillite en Grèce, en Islande, en Irlande, en Angleterre parce que c’est l’intérêt des capitalistes français qui y ont placé leur argent.

L’Etat français sait parfaitement quels intérêts de classe il défend et ce n’est pas parce que c’est Sarkozy qui gouverne. Les autres partis, de droite, du centre, de gauche, des Verts, d’extrême droite ont des discours divers mais pas sur le fond. Aucun ne démasque l’enjeu des magouilles financières qui cachent l’effondrement du système car aucun ne souhaite la remise en cause des intérêts de la classe dirigeante, pas plus Le Pen que Hulot, que Hollande ou Borloo…

Quant à nous travailleurs, nous devons non seulement nous unir au lieu de nous laisser diviser par la démagogie raciste, nationaliste et corporatiste mais aussi nous unir aussi aux couches moyennes frappées par la crise. Car les crises sont non seulement porteuses de sacrifices mais aussi de fascismes….

Messages

  • "Le monde capitaliste n’a pas d’issue, à moins de considérer comme telle une agonie prolongée. Il faut se préparer pour des longues années, sinon des décennies, de guerres, de soulèvements, de brefs intermèdes de trêve, de nouvelles guerres et de nouveaux soulèvements. C’est là‑dessus que doit se fonder un jeune parti révolutionnaire. L’histoire lui donnera suffisamment d’occasions et de possibilités de s’éprouver lui-même, d’accumuler de l’expérience et de mûrir. Plus vite les rangs de l’avant-garde fusionneront, plus l’époque des convulsions sanglantes sera raccourcie, moins notre planète aura à supporter de destructions. Mais le grand problème historique ne sera en aucun cas résolu jusqu’à ce qu’un parti révolutionnaire prenne la tête du prolétariat. La question des rythmes et des intervalles est d’une énorme importance, mais elle n’altère ni la perspective historique générale ni la direction de notre politique. La conclusion est simple : il faut faire le travail d’éduquer et d’organiser l’avant‑garde prolétarienne avec une énergie décu­plée. C’est précisément en cela que réside la tâche de la IV° Internationale."

    Léon Trotsky

    dans "Manifeste d’alarme" (1940)

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