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Images de la matière et illusion d’optique

mardi 17 mai 2011, par Robert Paris

L’apparence de la roche à notre échelle

L’illusion d’optique due à l’oeil provient en fait du cerveau et de sa tentative de transformer le discontinu spatial et temporel en continuité. Par exemple, une illusion que chacun a expérimenté est le film : l’impression de continuité de ce que présente un film alors qu’il s’agit d’une série discontinue de photos présentées à distance temporelle suffisamment rapprochée.

Lorsqu’on étudie la matière à petite échelle, on dispose maintenant d’outils qui se passent de l’oeil mais le cerveau nous mène aux mêmes illusions d’optique.....

On représente ainsi la matière dite élémentaire qui compose le matériau mais il faut aussi se méfier des images disent les physiciens : on ne voit pas directement les atomes même quand on les représente par des boules ; on se contente de représenter géométriquement les densités électroniques ce qui est bien différent....

On a filmé le noyau des atomes !!!

On a reconstitué l’image des réseaux cristallins de la matière au niveau atomique :

STM ou microscope à effet tunnel, microscope à force magnétique, microscope électronique, microscope à force atomique, microscope optique en champ proche, cyclotron, synchrotron, accélérateur, et collisionneur sont des moyens modernes de prospection de la matière à petite échelle.

Jusque là, l’atome restait une image complètement théorique bien que reconnue. Il est maintenant "visible" grâce à des techniques utilisant les phénomènes quantiques car il reste invisible même au microscope.

Mais "voir" la matière n’est pas la connaître tout à fait. Tout comme à l’oeil ou au microscope, lorsque nous "voyons" la matière par "effet tunnel" ce n’est pas la forme de la matière elle-même qui nous apparaît.

La matière n’est pas plus sous forme plate et immobile comme le marbre de la table nous apparaît que sous forme de boules compactes, pleines et lisses comme elle apparaît dans l’imagerie technologique moderne.

Nos images, par l’oeil comme par la technologie, sont humaines et pas seulement naturelles.

C’est nos conceptions que ces images reflètent, autant au moins que la réalité.

En fait, la matière est fractale et non lisse, agitée et non ordonnée, l’ordre est issu du désordre et non permanent, dynamique et non stable, etc...

Tout d’abord, la disposition des atomes dans la structure cristalline de la matière ne dit pas l’essentiel : la valeur des liaisons des atomes entre eux. Et les liaisons sont caractérisées par des éléments que ne "voit" pas cette technologie comme les électrons et les particules d’interaction, par exemple. C’est un autre niveau de la fractale de la matière.

A l’intérieur même de chaque atome, tout un monde encore est lui aussi caché avec d’autres particules et d’autres interactions, toute une dynamique des contraires, des changements et sauts qui ne peut se ramener à la seule structure apparemment stable et rigide qui est représentée par l’image STM ou de microscopie à effet tunnel.

Nos images de la physique de la matière ont toujours souligné l’ordre et exclus le désordre alors que les deux sont inséparables...

Image de spectroscopie STM de nucléation discontinue auto-organisée

OR

GRAPHENE

SILLICIUM

GRAPHITE

Images STM des états électroniques pleins (gauche) et vides (droite) d’une surface de Si(111)(7*7).

Cette image de la matière condensée a surtout le défaut d’être non contradictoire. En effet, l’atome y est représenté par la position de son noyau positif apparaissant comme plus ou moins inanimé et oubliant son nuage négatif d’électrons qui sont pourtant déterminants pour la constitution du réseau cristallin.

Or, la matière se présente toujours de manière contradictoire, c’est—dire avec une apparence localisée attachée à une autre non localisée (nuage de points), à une apparence positive attachée à une apparence négative, à une apparence ordonnée attachée à une apparence désordonnée...

A notre échelle, l’univers peut sembler non quantique, non chaotique, non dialectique, non discontinu, non désordonné, non fractal, non délocalisé, non relativiste, non contradictoire, non négatif. Il semble positif, linéaire, à un niveau, additif, localisé, lisse, ordonné, continu et régulier.

C’est une illusion d’optique liée à notre nature profonde et non à une simple erreur de vue. Notre univers est issu d’une série de brisures de symétrie mais nous avons bien du mal, du coup, à reconstituer de manière imaginaire, le monde symétrique qui lui a donné naissance.

Le caractère contradictoire de la matière existe dans toutes ses propriétés :

 à la fois attractif et répulsif (sinon la matière se contracterait sur elle-même)
 à la fois positif et négatif (et à différentes échelles, sinon la matière aurait une énergie infinie d’auto-interaction avec son champ)
 à la fois ponctuel et occupant l’espace (sinon la matière ne pourrait pas à la fois se déplacer et interagir)
 à la fois ayant une énergie au repos et minorant l’énergie dans es états stables (sinon il n’y aurait pas d’état stable ou pas de changement d’état possible)
 à la fois opposant particules et interactions et les transformant les uns dans les autres (sinon les matières n’interagiraient pas)
 à la fois séparant et mêlant matière et antimatière, matière et vide
 à la fois opposant les charges, spins, couleurs et autres paramètres quantique et transformant un élément en son opposé
 etc...

Notre image non contradictoire du monde, que l’on retrouve dans nos imageries techniques, correspond seulement à la partie positive d’un univers qui n’a pas qu’une seule face...

Cette brisure de symétrie fait que, à nos yeux et seulement à nos yeux, nous sommes humains et pas animaux, terriens et pas membres de l’univers, matière et pas antimatière, matière et pas vide, stable et pas instable, continu et non discontinu, réguliers, compacts, pleins, massifs, dans un monde linéaire, continu... Cet espace ne contient que du positif en termes de masse, de poids, de longueur, de surface, de volume, d’écoulement du temps et de durée, d’énergie.

Nous avons donc découpé l’univers et n’en voyons plus qu’une moitié. Le caractère dynamique lié à la contradiction des deux parties ne nous apparaît pas...


DOMINIQUE TEMPLE

Le principe d’antagonisme de
Stéphane Lupasco

La physique quantique a révélé que la matière et l’énergie dont la physique classique donnait une définition non-contradictoire procédaient l’une et l’autre d’une entité événementielle en elle-même contradictoire.

La notion de contradictoire est apparue en effet avec la découverte du quantum de Planck pour la première fois dans l’étude de la lumière et lorsqu’il fallut expliquer qu’elle pouvait se manifester comme la vibration d’un milieu homogène, et comme un faisceau de particules élémentaires. Bohr exprima l’embarras de la physique par l’illustration suivante :

" Lorsqu’un miroir semi-argenté est placé sur le chemin d’un photon lui offrant deux directions possibles de propagation, le photon peut être enregistré sur l’une et l’une seulement des deux plaques photographiques placées à grande distance dans les deux directions, mais nous pouvons aussi, en remplaçant les plaques photographiques par des miroirs, observer les effets qui mettent en évidence les interférences entre les deux trains d’onde réfléchis. "

Que l’événement d’origine soit capable de contenir en lui-même les potentialités de ces contraires - continu et discontinu -, mis en évidence dans l’illustration de Bohr l’un par les impacts sur la plaque photographique l’autre par les interférences, alors que la logique exclut de toute connaissance l’idée même de contradictoire, voilà qui posait un problème totalement imprévu aux physiciens.

" Personnellement, commente Bohr, je pense qu’il n’y a qu’une solution : admettre que dans ce domaine de l’expérience, nous avons affaire à des phénomènes individuels et que notre usage des instruments de mesure nous laisse seulement la possibilité de faire un choix entre les différents types de phénomènes complémentaires que nous voulons étudier" [1].

Bohr ajoute : " il importe de façon décisive de reconnaître que d’aussi loin que les phénomènes puissent transcender la portée des explications de la physique classique, la description de tous les résultats d’expérience doit être exprimée en termes classiques" [2].

Selon ces termes classiques, les phénomènes complémentaires ne peuvent être qu’indépendants l’un de l’autre, ce qui ne permet pas d’espérer une connaissance immédiate et totale de l’événement dont ils proviennent. La difficulté sera donc contournée grâce au principe de complémentarité , c’est-à-dire grâce à l’usage de perspectives, chacune non contradictoire en elle-même, exclusive l’une de l’autre, et qui seront considérées comme complémentaires entre elles.

Certains théoriciens du formalisme quantique ont proposé d’accorder le nom de complémentaire , aux solutions intermédiaires entre les mesures d’un événement donné, c’est-à-dire aux différents degrés d’actualisation de chaque phénomène observé. Ces différents degrés d’actualisation sont appelés par Weizsäcker "états coexistants " [3].

Weizsäcker différencie ces états coexistants par ce qu’il appelle leur degré de vérité , c’est-à-dire leur degré de non-contradiction, puisque, selon la logique classique, le critère de vérité est la non-contradiction. Le formalisme quantique permet ainsi de relier à notre logique du tiers exclu, que nous utilisons quotidiennement pour définir les phénomènes observés, la logique du tiers inclus qui doit être reconnue aux événements sur lesquels portent l’observation.

Au Congrès d’Anthropologie et d’Ethnographie de Copenhague de 1938 Bohr fit remarquer que dans l’étude des communautés et des sociétés humaines l’observateur ne saisit de ce qu’il veut étudier qu’une réponse provoquée par son observation. Bohr proposa donc aux chercheurs en sciences humaines d’avoir aussi recours au principe de complémentarité [4].

Mais à cette époque (1935) un autre principe permettait déjà de relier le contradictoire et le non-contradictoire : le principe d’antagonisme de Stéphane Lupasco [5]. Le principe d’antagonisme de Lupasco conjoint l’ actualisation d’un phénomène à la potentialisation de son contraire. La potentialisation est définie comme une conscience élémentaire ( coscience dira Marc Beigbeder [6] car il ne s’agit que de conscience sans conscience d’elle-même et non pas de ce que nous appelons conscience quand nous parlons de la conscience humaine). Pour imager cette thèse, nous dirons que l’onde actualisée est conjointe à une structure corpusculaire potentialisée, que la structure corpusculaire actualisée est conjointe à une onde potentialisée, et que chacune de ces potentialisations est une conscience élémentaire.

A leur tour, ces actualisations-potentialisations peuvent s’actualiser (actualisation donc de second degré). Si cette actualisation est de même signe que la première - et ainsi de suite - la série des actualisations s’appellera une orthodialectique ; si elle est de signe inverse l’on parlera de paradialectique .

L’orthodialectique de l’homogénéisation est celle de l’énergie selon la définition de la physique classique dont l’image est la lumière. L’orthodialectique de l’hétérogénéisation, que l’on qualifie aujourd’hui de néguentropie, est celle de la vie, de l’organisation de la matière, atome, molécule, code génétique. L’ hétérogénéisation a pour synonyme la différenciation , terme qui met peut-être mieux en valeur le fait que ce phénomène se constitue initialement d’une opposition entre deux pôles, chacun apparaissant comme particule corrélée à son opposée. Il n’existe donc pas d’éléments matériels isolés de façon absolue mais des couples ou dyades d’éléments corrélés (matière et antimatière). Chaque phénomène de différenciation étant lui-même corrélé à son opposé la différenciation devient l’ organisation ou la complexification .

Chacune des deux orthodialectiques tend vers un idéal de non-contradiction. L’une, illustrée par le principe de Pauli [7], engendre une organisation toujours plus complexe, la matière vivante, l’autre dont rend compte le principe d’entropie de Carnot-Clausius, conduit à ce que l’on a appelé la mort de l’univers.

Pour Bohr les phénomènes sont des manifestations d’une réalité dont la conscience peut seulement avoir une traduction grâce à deux lectures partielles complémentaires. Mais ces deux lectures ne sont pas comme les deux faces d’une médaille. Le phénomène mesuré est à chaque fois tout l’événement. Ou la réalité se manifeste comme onde ou bien elle se manifeste comme corpuscule. Pour Lupasco la réalité actualisée est conjointe à une potentialisation, une conscience élémentaire, dont procèdera la conscience de conscience (la conscience humaine) et celle-ci ne sera donc pas arbitraire.

Que se passe-t-il en effet lorsque les deux actualisation-potentialisations antagonistes sont d’intensité égale, dans un équilibre symétrique, lorsque donc elles s’annulent l’une l’autre rigoureusement ? Le principe de complémentarité de Bohr est inutilisable, de tels états sont inconnaissables puisque l’on ne peut en avoir aucune image, aucune idée, du fait que ne s’actualise aucun phénomène qui puisse être mesuré ? Certes, nous pouvons imaginer pour cet état intermédiaire entre des actualisations-potentialisations antagonistes un espace d’un type nouveau, mais cet espace, parce qu’il est contradictoire, est sans limite, et totalement vide. Personne ne peut rien en dire. Ce vide caractérise les états coexistants de degré de vérité zéro . Costa de Beauregard soutient que puis qu’il n’est pas possible de parler de ce dont on ne peut faire une mesure, le physicien doit se taire devant l’inconnu.

Revenons cependant aux états coexistants symétriques, ni ondes ni corpuscules, ni homogènes ni hétérogènes. Selon Heisenberg : "Chaque état contient jusqu’à un certain point les autres états co-existants... D’autre part, si l’on considère le mot "état" comme décrivant une potentialité quelconque plutôt qu’une réalité, l’on pourrait même simplement remplacer le terme "état" par le terme "potentialité". Alors, le concept de potentialité co-existante est tout-à-fait raisonnable, puisqu’une potentialité peut comporter tout ou partie d’autres potentialités " [8].

La notion de potentialité est utilisée par Heisenberg dans le sens que lui lui donnait Aristote qui définissait la Matière comme une entité indifférenciée contenant en puissance les contraires tels que l’engendrement et la corruption, la vie et la mort, l’ordre et le désordre. Le moment est venu d’introduire un terme nouveau pour cet état particulier de potentialités co-existantes symétriques. Il s’agit de l’état T de Lupasco [9] qui signifie ce qui est en soi contradictoire. Ce tiers est le tiers que la logique classique exclut , et que Lupasco appelle le tiers inclus . Cet état T correspond à cette situation particulière où les deux polarités antagonistes d’un événement sont d’intensité égale et s’annulent réciproquement pour donner naissance à une troisième puissance en elle-même contradictoire .

Un tel état, en soi contradictoire , peut être énoncé sous une forme négative, par exemple : ni onde ni corpuscule. Mais comment en parler de façon positive ? On pourrait dire que le tiers inclus est une demi-actualisation de dynamismes antagonistes et à la fois une demi-potentialisation de ces mêmes dynamismes antagonistes. Mais l’on ne saisit pas pour autant son originalité en tant que troisième dynamique entre l’énergie et la matière.

C’est à présent que la proposition de Lupasco de considérer les potentialisations comme des consciences élémentaires devient féconde car une conscience élémentaire qui se relativise par sa conscience élémentaire antagoniste cesse d’être une conscience aveugle d’elle-même, mais acquiert une lumière sur elle-même à partir de la conscience qui lui fait face, laquelle acquiert cette même lumière sur elle-même, lumière que l’on peut donc décrire comme une lumière de lumière, une conscience de conscience, une illumination d’elle-même. Mais dès lors, c’est bien de la conscience proprement dite, dont il peut être question, de la conscience de conscience telle que nous la connaissons par notre propre expérience humaine, et que nous appellerons la révélation.

Si l’on envisage cet état T du point de vue de l’actualisation - relativisée par l’actualisation antagoniste - toute réalité cesse que ce soit celle de la matière ou de l’énergie, mais l’état intermédiaire, actualisation relativisée par son actualisation antagoniste, ne cesse pas d’être bien réelle au point qu’elle pourrait être définie du nom de matière primordiale. Le principe d’antagonisme conduit ainsi à la reconnaissance d’une entité sans matière ni énergie, aussi réelle que la réalité, une matière-energie, qui est à la fois une conscience de conscience. Lupasco l’appelle l’énergie psychique.

Il apparaît donc entre actualisations-potentialisations antagonistes une troisième polarité qui est celle du contradictoire lui-même et qui peut à son tour se déployer comme orthodialectique [10]. Son avènement peut être dit un phénomène d’auto-conscience qui ne connaît pas autre chose que ce avec quoi il est en interaction, c’est-à-dire lui-même.

L’énergie psychique a bien une spécificité comme conscience de soi, révélation transparente d’elle-même, dénuée de toute connaissance autre que la sensation de sa liberté propre, mais cet dynamique n’en est pas moins relié aux pôles du contradictoire par tous les degrés de vérité de Weizsäcker, de sorte qu’ entre la conscience de soi et les consciences élémentaires peuvent apparaître toutes les consciences de consciences que nous appellerons consciences objectives [11].

Lupasco souligne une analogie de structure entre les états coexistants de la physique quantique et la conscience humaine. S’il n’est pas possible de connaître les états coexistants de degré de vérité zéro, il n’est pas impossible qu’ils ne se connaissent eux-mêmes, qu’ils ne soient consciences de consciences. Telle était déjà l’intuition de la noosphère de Teilhard de Chardin et de son évolution continue de l’ alfa à l’oméga .

Lupasco s’est intéressé au système vivant puis au système psychique et constate immédiatement que le système vivant respecte le principe d’antagonisme polarisé par la différenciation [12], le système psychique le principe d’antagonisme polarisé par le contradictoire [13]. Les neurosciences confirment le caractère contradictoire du système psychique. Le système psychique résulte de la confrontation d’informations antagonistes. Il se construit en effet par complexification d’antagonismes. La neurologie découvre même différentes phases de l’apparition du tiers inclus : lorsque les cellules nerveuses oscillant entre vie et mort fabriquent un équilibre sans perturbations extérieures, elles participent à l’élaboration de pré-concepts (qui ne sont pas sans rappeler les potentialités co-existantes de Heisenberg). Ces pré-concepts sont en effet neutres, indéterminés, mais lorsque les complexes de neurones mobilisés dans l’élaboration des pré-concepts interagissent avec le milieu physique ou biologique, leurs pré-concepts sont orientés (comme les événement quantiques sont phénoménalisés par leur interaction avec les instruments de mesure). Le champ du pré-concept se borde de la conscience élémentaire antagoniste de l’actualisation biologique provoquée par l’action du milieu. Cette conscience élémentaire correspond à l’action physique du milieu. Les potentialisations naissantes à l’horizon du préconcept vont devenir d’autant plus non-contradictoires que les actualisations auxquelles ces potentialisations sont conjointes seront davantage non-contradictoires. La réalité du monde est donc connue d’une manière non arbitraire [14]. Des actualisations despotiques provoquent des réactions de plus en plus unilatérales, les réflexes, et les consciences de consciences sont remplacées par des consciences élémentaires, comme celles de l’instinct ou de l’habitude.

Mais au cœur des consciences de consciences, dans l’état T, quand ne domine ni l’une ni l’autre des forces antagonistes qui s’affrontent, rien ne peut apparaître au bord de la conscience de conscience, et aucune conscience ne peut être être définie. Le concept se réduit à un état coexistant , complexe certes, mais aussi indéterminé que le vide quantique des physiciens. Nous n’en saurions rien si l’épreuve par elle-même de la conscience ne se traduisait par l’affectivité. Or, nouveau paradoxe qui a dérouté la réflexion sur le contradictoire, l’affectivité se traduit comme un en-soi absolu [15].

Si pour le physicien les états coexistants de degré de vérité zéro sont inconnaissables, ces états se révèlent à eux-mêmes dans l’énergie psychique comme l’affectivité pure [16]. Le sentiment de soi comme existence en résulte. De façon plus élaborée la conscience de ce sentiment comme sentiment de la conscience en résulte également. L’expérience introspective du doute systématique est en effet le siège d’une certitude ontologique qui se déploie avec d’autant plus de force que le doute se radicalise.

Le principe d’antagonisme propose ainsi une solution originale à la question des relations de l’esprit avec la matière et l’énergie. L’énergie psychique est de même nature fondamentale que tout autre phénomène mais elle tend vers le contradictoire tandis que matière et énergie tendent vers le non-contradictoire. Les manifestations de la matière-énergie psychique sont dès lors irréductibles à celles de la matière et de l’énergie, ce que traduit la contradiction chère aux idéalistes de l’esprit et de la nature, et pourtant elles leur sont apparentées, ce qu’avait saisi intuitivement le matérialisme. La théorie de Lupasco réduit la distance entre la science et l’éthique. Il n’y a pas de hiatus entre l’esprit scientifique et l’esprit mystique, mais seulement une orientation différente.

Mais le contradictoire peut s’actualiser (actualisation de deuxième degré) et être potentialisé par une actualisation antagoniste ou encore se manifester de façon contradictoire. Nous connaissons bien cette dernière manifestation : la parole .

Dans l’expression de la conscience par un signifiant on peut distinguer deux dynamiques opposées : l’une converge vers l’unité, nous l’appellerons principe ou parole d’union , l’autre va en sens inverse et se manifeste par la différenciation : nous l’appellerons principe ou parole d’opposition .

Si l’état T demeure en lui-même, il est happé par cette identité, qui est une homogénéisation de deuxième degré. S’il s’actualise par différenciation, il sera happé par une telle différenciation. La parole ici ne signifierait que pour soi : elle deviendrait aussitôt un signal de ce qui met en péril l’existence du moi. Comment le contradictoire peut-il échapper soit à son homogénéisation définitive soit à son hétérogénéisation définitive ? Il faudrait qu’il puisse cesser d’être lui-même sans pour autant se différencier de lui-même, ou se différencier en demeurant identique à lui-même. Le contradictoire ne peut renaître à moins que la parole n’engendre sa propre structure de réciprocité. Une mise en scène particulièrement dramatique de ce devenir du contradictoire qui meurt dans le signifiant et renaît de la structure du langage dans le jeu des signifiants est celle de l’ Incarnation , de la Mort et de la Résurrection de ce qui se dit soi-même Révélation .

Mais les deux paroles ne peuvent se rencontrer puisqu’elles expriment deux actualisations qui sont par définition exclusives l’une de l’autre. Chacune des deux paroles d’union et d’opposition doit retrouver en elle-même la possibilité de sa relativisation. La chose est immédiatement possible dès lors qu’elle est reproduite par l’autre de façon antagoniste c’est-à-dire pour chacun dans une relation de réciprocité. Par exemple la parole d’opposition sœur-épouse, ou ami-ennemi, peut être redoublée par le vis-à-vis en étant renversée. Ce face à face est par exemple celui des organisations dites dualistes, c’est-à-dire partagées en deux moitiés qui sont à la fois ennemies et amies. Ainsi se reconstitue un espace contradictoire, mais cette-fois ci au niveau du langage et pas seulement du réel. Et c’est donc des états T différents que l’on va découvrir en deuxième génération. Il en sera de même avec la parole d’union. Chacune des deux paroles a donc un avenir distinct pour pouvoir se structurer selon le principe de réciprocité. On peut voir dans ces deux devenirs opposés celui de la pensée scientifique et celui de la pensée religieuse.

Suite sur l’illusion d’optique du continu

A lire aussi, Histoire de la matière

Ilya Prigogine : "La physique de l’équilibre nous a donc inspiré une fausse image de la matière. Nous retrouvons maintenant la signification dynamique de ce que nous avions constaté au niveau phénomène logique : la matière à l’équilibre est aveugle et, dans les situations de non équilibre, elle commence à voir. " (extrait de "La fin des certitudes")

Messages

  • Un état immobile de la matière s’avère ainsi être une des idées les plus creuses et les plus saugrenues, une pure “ imagination délirante ”.

  • Pouvons-nous penser une matière que nous ne voyons pas ?

  • Nous croyons aux molécules, aux atomes, aux noyaux atomiques, aux electrons, protons, neutrons, neutrinos, gluons, photons, aux particules éphémères, aux antiparticules, etc., mais nous ne voyons aucun d’entre eux, non seulement à l’œil nu mais même pas au microscope visuel ni directement à aucune sorte de microscope. Par contre, les phénomènes que nous observons ne nous paraissent pas pouvoir se réaliser sans accepter l’hypothèse qu’ils existent réellement…

    D’un point de vue philosophique maintenant, je te ferais remarquer que nous pensons toujours des concepts que nous ne voyons pas. Qui a jamais vu "un arbre", "une chaise", "un homme".

    • C’est le passage des électrons que nous voyons par ce qu’il vont tellement vite autour du noyau d’atome
      c’est aussi ces électron que nous touchons quand on touche un objet
      ces électron sont force énergie pas de la matière ce que nous voyons est donc illusion d’optique
      et plus petit que l’atome en masse matière il y a le quartz
      et après cest excetera l’univers est donc vide le big bang est énergie et ce transforme en illusion de matière par l’explosion ?

    • C’est le passage des électrons que nous voyons par ce qu’il vont tellement vite autour du noyau d’atome
      c’est aussi ces électron que nous touchons quand on touche un objet
      ces électron sont force énergie pas de la matière ce que nous voyons est donc illusion d’optique
      et plus petit que l’atome en masse matière il y a le quartz
      et après cest excetera l’univers est donc vide le big bang est énergie et ce transforme en illusion de matière par l’explosion ?

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