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Bachar el Assad, dégage ! Place au peuple travailleur !!!

lundi 4 juillet 2011, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Historique de la révolte en Syrie

Manifestations records en Syrie, Bachar Al Assad répond par le sang
La répression se poursuivait dimanche 3 juillet, après les manifestations les plus importantes depuis le début de la contestation, il y a quatre mois.

« Dégage ! » À grands cris, la rue syrienne résiste. Et continue de braver la violence du régime : vendredi 1er juillet, ils étaient un demi-million à réclamer le départ du président Bachar Al Assad, accroché depuis près de quatre mois à son pouvoir vacillant. Damas, Homs, Hama, Idleb… De nombreuses villes du pays ont vu déferler des milliers de manifestants lors de « la plus grande manifestation anti-régime » depuis le début de la contestation le 15 mars, selon les organisations des droits de l’homme syriennes.

Si la ténacité des Syriens se confirme, la surdité du régime aussi. L’armée a intensifié dimanche 3 juillet sa répression dans le nord-ouest du pays, procédant à de nouvelles arrestations et déployant des troupes dans le centre de la ville de Hama, un des noyaux de la contestation, a indiqué un militant.

Une centaine de chars et de transports de troupes avaient avancé samedi 2 juillet au soir vers le village de Kifr Rouma, a indiqué le chef de l’Observatoire des droits de l’homme, Rami Abdel Rahmane. Les soldats ont aussi procédé à des arrestations dans la région de Jabal Al-Zawiyah dans la province d’Idleb, a-t-il ajouté. La seule réponse non-armée du président syrien a été le limogeage du gouverneur de Hama samedi.

« Le peuple syrien sait que le changement signifie la chute du régime et le régime le sait très bien. » Comme Yassine Haj Saleh, figure de proue de l’opposition, plus personne ne doute aujourd’hui que le divorce entre le pouvoir et son peuple est consommé. Les réformes annoncées par Bachar Al Assad l’ont été en même temps que l’envoi de chars, et l’opposition refuse de dialoguer avec lui.

Reste à savoir combien de temps encore durera ce bras de fer que la communauté internationale continue d’observer sans se décider à intervenir, et qui a coûté la vie à plus de 1 300 civils. Vendredi, la télévision officielle relayait l’image de rassemblements de soutien au président Assad à Alep, aux cris de « Dieu, la Syrie, Bachar, et c’est tout ».

Deux jours après une manifestation contre Bachar al Assad, les autorités ont déployés des chars à l’entrée d’Hama, ville qui a connu une répression de 30000 morts en 1982.

L’armée syrienne a déployé des chars aux entrées de la ville de Hama, deux jours après une manifestation de grande ampleur contre le président Bachar al Assad, ont rapporté dimanche des habitants et des militants.
"Des dizaines de personnes ont été arrêtées dans les environs de Hama. Les autorités semblent avoir opté pour la solution militaire afin de soumettre la ville", a dit Rami Abdel Rahman, président de l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme.

Hama, située à 210 km au nord de Damas, a été le théâtre de la plus sanglante répression dans l’histoire moderne de la Syrie. Lors d’une intervention en 1982, l’armée avait tué près de 30.000 personnes afin de mater un soulèvement islamiste contre l’ancien président Hafez al Assad.
Un habitant a dit que les communications avaient été coupées dans Hama, à l’image de ce qui a été fait dans d’autres villes avant des interventions de l’armée. Cet habitant a ajouté que les forces de sécurité et des miliciens à la solde du régime avaient été aperçus dans plusieurs quartiers.

"Ils ont tiré à l’aveuglette ce matin dans le quartier de Machaa. Les arrestations ont essentiellement eu lieu dans des secteurs proches du stade de football et dans le quartier de Sabounia", a dit cet habitant, un commerçant disant s’appeler Kamel, interrogé au téléphone par Reuters dans un secteur en périphérie de Hama où les communications n’ont pas été coupées.

Parvenu au pouvoir en 2000 après le décès de son père, Bachar al Assad est confronté depuis mars à une contestation ayant gagné quasiment tout le pays. Il a limogé samedi le gouverneur de Hama, Ahmad Khaled Abdoulaziz, au lendemain de la plus importante manifestation dans cette ville depuis le début de la révolte contre le régime.
Les forces de sécurité avaient desserré leur emprise sur Hama après y avoir tué au moins 60 manifestants en juin au cours de l’une des journées les plus sanglantes depuis mars en Syrie. D’après des habitants, les forces de sécurité et des tireurs embusqués avaient ouvert le feu sur la foule des manifestants.

Retour sur 100 jours de contestation et de répression brutale en Syrie.
Le 15 mars, un rassemblement est organisé à Damas, à l’appel d’une page Facebook intitulée "la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011". Quelques dizaines de Syriens, encouragés par les soulèvements populaires dans la région, bravent l’interdiction de manifester. Les jours suivants, des rassemblements ont lieu à Baniyas, dans le sud-ouest, mais surtout à Deraa, près de la frontière jordanienne. L’étincelle y est partie de l’arrestation de quelques écoliers accusés d’avoir griffonné des slogans contre le régime sur des murs de la ville. Les manifestations de la population exaspérée par l’arrestation des enfants sont réprimées, faisant, une centaine de morts, selon des informations fournies par des militants des droits de l’Homme, le 23 mars.

Lattaquié, dans le nord-ouest de la Syrie. Comme en Tunisie et en Egypte, les manifestations augmentent d’intensité le vendredi, jour férié, après la prière hebdomadaire : "Notre date est vendredi : de toutes les maisons, les lieux de prière, chaque citoyen, chaque homme libre doit se rendre sur les places pour une Syrie libre", lit-on dans un appel posté sur Facebook.

Les revendications des habitants de Deraa sont "légitimes", déclare, le 24 mars, Boussaïna Chaabane, conseillère du président Bachar el-Assad. Elle annonce que la Syrie envisage d’annuler la loi d’urgence, en vigueur depuis 1963, et lutter contre la corruption. Et après une semaine de répression, plus de 250 détenus politiques sont libérés, sans pour autant contenter les protestataires.

Le 30 mars, au lendemain de la démission du gouvernement, Bachar el-Assad prend la parole à la télévision, mais au lieu d’annoncer la levée de l’Etat d’urgence, il dénonce une "conspiration" contre son pays. Il semble que ses velléités de réformes, déjà freinées à plusieurs reprises dans le passé, aient été bloquées par l’aile dure du régime, dont une partie de sa famille, qui a fait main basse sur le pays.

Le régime saupoudre néanmoins quelques mesures pour tenter de calmer les manifestants. Ainsi, il nomme un nouveau gouverneur à Deraa, le 4 avril ; le 7, il annonce la naturalisation de quelque 300 000 de Kurdes, privés de leur citoyenneté dans les années 60, puis un nouveau gouvernement est formé le 14 avril.

Mais la répression continue, notamment à Deraa où 17 personnes sont tuées le 7 avril, et où les forces de sécurité tirent sur les personnes venues assister aux funérailles des victimes de la veille. A son tour, la ville de Banyas, est encerclée par l’armée, le 10 avril. Le 13, la contestation gagne Alep.

Le Président syrien annonce finalement la levée de l’Etat d’urgence le 16 avril : "Le sang versé nous fait beaucoup de peine", déclare-t-il, avant d’ajouter que le régime ne ferait preuve d’aucune indulgence contre les "saboteurs". Mais, alors que les arrestations d’opposants se poursuivent, Bachar el-Assad ne convainc pas, et de nouveaux appels à manifester sont lancés le lendemain.
Le 21 avril, le président promulgue des décrets, sur la levée de l’état d’urgence, l’abolition de la Cour de sûreté de l’Etat et une nouvelle réglementation pour les manifestations : mais dès le lendemain, un vendredi, les forces de l’ordre tirent à balles réelles pour disperser des manifestations toujours plus nombreuses de l’opposition, faisant plus de 80 morts selon des témoins.

Alors que la contestation se poursuit à Deraa, la répression se fait chaque jour plus brutale. L’armée entre dans la ville le 25 avril et assiège le quartier d’où est partie la fronde, selon un reportage publié dans Le Monde (payant), puis la bombarde. Et le 29, au moins 66 manifestants sont tués selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. L’armée intervient à Homs, à Al Rastan dans le centre du pays et à Tafas, dans la province de Deraa, début mai.

De rares témoins -les journalistes ne sont pas autorisés en entrer dans le pays, et les informations proviennent de vidéos postées sur Internet- dont le journaliste Khaled Sid Mohand, collaborateur de France Culture, détenu 3 semaines à Damas, rapportent l’usage de la torture dans les prisons, qui regorgent d’opposants. Et le 1er juin, l’association Human Rights Watch dénonce des "crimes contre l’Humanité". L’une des victimes de la torture, Hamza al Khatib un adolescent de 13 ans, devient le symbole national de la révolte.

Le 13 mai, alors qu’il a déployé des chars dans plusieurs villes du pays, L’Etat syrien promet d’ouvrir "un dialogue national" incluant l’opposition, et le 31, Assad décrète une amnistie générale et fait libérer 450 prisonniers politiques. Puis Damas annonce la création d’une commission chargée d’élaborer un projet de loi sur les partis politiques. Le 20 juin, le président syrien, dont c’est la troisième intervention publique, promet une nouvelle fois des réformes, mais pas dans le "chaos" qu’il entend faire cesser. Il appelle à un "dialogue national" pouvant déboucher sur une nouvelle Constitution.
De son côté, l’opposition, réunie à Antalya en Turquie le 2 juin a estimé que l’amnistie était "insuffisante" et avait "trop tardé."

Pendant ce temps, le décompte macabre des villes martyres se poursuit. 65 civils tués, dont 60 à Hama le 3 juin, 35 morts à Jisr el-Choughour, dans le gouvernorat d’Idlib (nord-ouest) le 5. Dans cette ville, 120 policiers sont tués le 6, selon Damas qui accuse des "groupes armés", alors que des militants et témoins évoquent une mutinerie matée par le régime. L’armée y envoie des renforts le lendemain. Le ratissage meurtrier qu’elle opère dans la province d’Idlib provoque la fuite de centaines de réfugiés dans la Turquie voisine qui hausse le ton, accusant Damas d’"atrocités".

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