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Les arbres sentent-ils et communiquent-ils ?

dimanche 21 décembre 2014, par Robert Paris

Avertissement : l’article qui suit ne procède nullement d’une vision spiritualiste, idéaliste ni mystique de la nature ou de l’arbre. Il n’est nullement question d’attribuer un esprit aux arbres ou de les transformer en modes d’expression d’un quelconque "esprit supérieur"... Pas question ici d’"esprit" de l’arbre, d’"aura" de l’arbre, de volonté de l’arbre, d’âme de l’arbre, etc. Il n’est nullement besoin d’attribuer des propriétés humaines à l’arbre pour le concevoir comme un sujet et pas seulement comme un objet, pour reconnaître qu’il sent le monde extérieur, communique avec lui, pour reconnaître ses capacités collectives et individuelles. Donc pas de contresens : il n’y a aucun animisme dans ce texte, aucune recherche purement spirituelle. Ce sont des propriétés de la biochimie de l’arbre que nous voulons souligner. Elles suffisent à montrer comment l’arbre perçoit son environnement et communique des informations à ses voisins à son propos comme des moments pour entrer en automne ou en floraison.

Cependant, sans l’ombre d’un animisme, d’un point de vue scientifique, la question se pose :
Comment les arbres sentent-ils et communiquent-ils ?

Il faut connaitre le langage des VOC ! Les VOC ? Ce sont les molécules volatiles avec lesquelles les arbres communiquent entre eux, avec les animaux, voir avec les hommes. Cette découverte, il y a 30 ans, était tellement perturbante qu’elle a été rejeté par beaucoup de scientifiques. Aujourd’hui, elle est prouvée expérimentalement chez de nombreuses espèces. C’est embarrassant des végétaux qui se transmettent des messages à distance , on a du mal à se faire à l’idée nous autres cérébrés. Une nuance, ils n’utilisent pas des mots mais des parfums, ajoutant des molécules les unes aux autres comme on ajoute des lettres pour composer un mot. Pas moins de 15O molécules sont nécessaires pour dire orchidée !

Nous sommes d’autant plus intéressés à comprendre les arbres que nous, humains, sommes aussi des arborescences qui, avant d’être capables de penser par notre liaison corps/cerveau, sommes en communication avec le monde par notre arborescence qui échange avec le monde des molécules. Par exemple, nous émettons et captons des phéromones qui nous permettent de recevoir des messages inconscients des autres êtres qui nous les envoient via les aisselles, le cuir chevelu, les tétons et les organes génitaux. Ces molécules sont porteuses de caractéristiques de l’individu et règlent certaines de nos réactions à leur égard.

"Arbres" – de Jacques Prévert

En argot les hommes appellent les oreilles des feuilles
c’est dire comme ils sentent que les arbres connaissent la musique
mais la langue verte des arbres est un argot bien plus ancien
Qui peut savoir ce qu’ils disent lorsqu’ils parlent des humains
les arbres parlent arbre
comme les enfants parlent enfant

Quand un enfant de femme et d’homme
adresse la parole à un arbre
l’arbre répond
l’enfant entend
Plus tard l’enfant
parle arboriculture
avec ses maitres et ses parents

Il n’entend plus la voix des arbres
il n’entend plus leur chanson dans le vent
pourtant parfois une petite fille
pousse un cri de détresse
dans un square de ciment armé
d’herbe morne et de terre souillée

Est-ce… oh… est-ce
la tristesse d’être abandonnée
qui me fait crier au secours
ou la crainte que vous m’oubliiez
arbre de ma jeunesse
ma jeunesse pour de vrai

Dans l’oasis du souvenir
une source vient de jaillir
est-ce pour me faire pleurer
J’étais si heureuse dans la foule
la foule verte de la forêt
avec la crainte de me perdre
et la crainte de me retrouver

N’oubliez pas votre petite amie
arbres de ma forêt.

“Les arbres parlent arbre” - citation d’un texte de Prévert extrait du recueil Arbres (1956).

Comme on le dit couramment, les forêts ne parlent qu’aux poètes. Mais comme en chacun de nous, il y a un poète qui, souvent, s’ignore… Il ne s’agit pas seulement ici de dire que nous sommes influencés poétiquement par l’environnement des arbres... ce qui n’aurait rien d’étrange.

Non ! Les arbres se parlent, s’adressent aux autres arbres de même espèce, aux autres arbres et plantes et… à nous ! Et nous nous adressons à eux, même involontairement. Ce n’est pas les poètes qui le disent, mais les scientifiques…

Dur à avaler ! Pourtant, c’est vrai.

L’homme tient trop à sa spécificité pour accepter que certaines capacités qu’il possède soient attribuées sous quelque forme que ce soit à d’autres êtres vivants, animaux ou plantes, les arbres y compris bien sûr.

Il n’est pas gêné d’accepter de dire que les plantes et les animaux se nourrissent… comme lui, car cela ne lui semble pas des « fonctions nobles », donc proprement des capacités humaines. Par contre, le fait de communiquer aux autres individus des informations lui paraît tout à fait hors de portée des arbres notamment. Le fait aussi de ressentir des douleurs et des agressions et de les transmettre, le sentir et le communiquer, lui semblent donc inaccessibles à des êtres vivants ne possédant non seulement aucun cerveau mais aucun système nerveux. Effectivement, cela change bien des choses.

Et pourtant…

Pourtant, nous allons voir que les arbres ont une certaine forme de conscience de la douleur et de l’agression, une manière d’y réagir et de conseiller à leurs voisins de le faire également.

Dans notre refus d’admettre que les arbres communiquent, il n’y a pas seulement un anthropocentrisme, une fierté exagérée pour nos capacités humaines en termes d’intelligence, mais aussi, de ce fait, une minimisation des manières humaines de communiquer autres que le langage et l’intelligence. Nous minimisons aussi ces autres manières quand il s’agit des êtres humains, car elles sont beaucoup plus physiologiques et inconscientes qu’intelligentes et pilotées par le cerveau. Cette autre manière de communiquer que le langage et qui concerne tous les êtres vivants est l’échange de molécules dans l’atmosphère. Car, comme tous les êtres vivants, nous émettons de nombreuses molécules dans l’air et nos voisins les reçoivent. Ces molécules jouent un rôle dans les relations entre êtres humains même si nous n’en avons aucune conscience. C’est le cas, par exemple, des relations sexuelles qui sont également déterminées par des échanges moléculaires. Il en va de même pour les animaux mais aussi pour les arbres et les plantes !

Jean-Marie Pelt écrit dans « Les langages secrets de la nature » :

« On connaît certes les légendaires dégâts des invasions de criquets… En Afrique notamment, ces déferlements s’effectuent selon des rythmes complexes et peuvent entraîner la défoliation de surfaces très importantes soumises à un véritable nettoyage par le vide… Pourtant ces énormes poussées de la biomasse animale provoquées par le pullulement (des criquets ou des chenilles…) cessent en général aussi brusquement qu’elles ont commencé… On signale ainsi que dans les années 70, en Nouvelle Angleterre, des invasions de chenilles croquent littéralement les forêts… Après qu’une fraction notable des feuillages eut prématurément viré aux teintes de fin d’automne, un réflexe s’amorça brutalement. Les chenilles mortes jonchaient le sol par milliards… On peut se demander pourquoi de telles attaques biologiques, dues à d’effarantes explosions de populations de prédateurs, s’arrêtent tout aussi soudainement qu’elles se sont déclenchées…

Un troisième exemple concerne les populations de lièvres blancs arctiques qui prolifèrent régulièrement tous les dix ans en Alaska. A raison en moyenne de quatre lièvres par hectare, c’est 90% des jeunes pousses de bouleaux, de trembles, de peupliers et d’aulnes qui sont systématiquement dévorés. Se forment alors des tiges adventices que les lièvres semblent bizarrement bouder…

Ces phénomènes ont incité les écologistes à se demander si les végétaux ne disposaient pas de quelque moyen très subtil de repousser les offensives prédatrices des animaux…

Des observations et des expérimentations ont été conduites en Finlande, aux Etats-Unis et en Afrique du sud, au début de la décennie 80. Baldwin et Schultz, du Darmouth College, dans le New Hampshire (Etats-Unis) ont montré que lorsqu’un expérimentateur détruit volontairement une partie du feuillage d’un peuplier, d’un érable ou d’un chêne, le reste du végétal riposte par une synthèse accrue de diverses substances aussi incomestibles les unes que les autres pour les herbivores, en particulier des tanins ; l’arbre devient indigeste, ce qui a pour résultat d’inhiber le développement, les métamorphoses et la croissance des insectes qui, normalement, le visitent.

Les chercheurs observèrent d’autre part que des plantes de même espèce, non attaquées celles-ci mais cultivées à proximité de la plante blessée, répondaient de la même manière que cette dernière.

D’où l’idée qu’il devait exister un mode de communication entre les arbres, se traduisant par une protection des arbres sains grâce à un message communiqué par les arbres blessés, déjà eux-mêmes sur le pied de guerre.

On envisagea d’abord une communication par les racines, mais aucune expérience ne confirma cette hypothèse. L’on finit alors par se rendre à une surprenante évidence : les plantes communiquent entre elles par un gaz, l’éthylène, qui semble promis à une belle carrière en physiologie végétale, car, depuis quelques années, on le trouve impliqué dans de nombreux processus de la vie des plantes. Il s’agit en somme d’une véritable hormone : une hormone gazeuse qui, sécrétée par une plante, agit sur un autre organe de cette plante ou sur les plantes voisines... Bref la communication chimique entre plantes au moyen d’un gaz interposé serait un mécanisme fondamental de la régulation de la prédation dans la nature. »

Rien de plus agréable préparer une salade avec de jeunes feuilles d’arbres caducs : notamment les chênes et les tilleuls. Il suffit d’arracher les feuilles les plus jeunes et de les ranger dans la besace.
Si vous goûter toutes les dix secondes les feuilles cueillies, vous vous rendrez compte qu’au bout de deux minutes elles deviennent de plus en plus amères jusqu’à être quasi immangeables.

Que s’est-il passé ?

L’arbre s’est rendu compte que l’on déchiquetait ses feuilles et à envoyé dans chacune d’elles une substance chimique amère appelée "tanin". Comme il en existe deux chimiquement on dit souvent les tanins.

Mais ce n’est pas tout...Faites de même avec l’arbre voisin et commencez par goûter une feuille. Elle est aussi amère que celles de l’arbre que vous venez de quitter ! Et tous les voisins du premier le sont aussi.

Que s’est-il passé ? Le premier arbre a dispersé autour de lui un gaz simple : l’éthylène.

Les autres arbres ont reconnu cette odeur comme un signal de danger et ont à leur tour, avant même d’être attaqués, remplis leurs feuilles de tanins.

Les arbres non seulement se défendent mais communiquent entre eux.

Compliquons la situation pour nous rapprocher de la réalité : il y a souvent du vent.

Dès lors l’éthylène ne sera perçu que par les arbres en aval (par rapport au vent) de l’arbre attaqué. Ceux qui sont en amont ne seront pas prévenus.

Il est donc nécessaire de ne cueillir des feuilles que trente secondes par arbre et en remontant au vent. C’est d’ailleurs ce que font les chèvres et les chevreuils, car eux aussi, à l’expérience, ont compris qu’il fallait manger rapidement sur chaque arbre et remonter au vent. Le vent est parfois léger, d’où l’usage du fil pour identifier sa direction.
L’existence de barrières ou de barbelés condamnent certains mammifères à manger des feuilles remplies de tanins : c’est mortel. Les tanins ont pour effet de bloquer totalement la digestion.

Les plantes peuvent transmettre des informations très sophistiquées, précises et complexes à leurs congénères ainsi qu’à d’autres êtres vivants. Ce n’est pas une communication verbale ou visuelle. Pour se parler, elles s’envoient de savants cocktails chimiques. On l’a constaté chez l’acacia de la savane africaine. Cet arbre attire les antilopes qui se délectent de ses feuilles. Ces bêtes ont été trouvées mortes à côté de ces acacias qui étaient pourtant encore verts.

En 1980, des chercheurs sud-africains ont suspecté des mécanismes de défense inédits. Une expérience a été faite : fouetter vigoureusement les feuilles et les analyser. Le constat était clair : en deux heures, les acacias ont augmenté deux fois et demi leur teneur en tanin. Et, des acacias situés à plusieurs mètres de là en ont fait autant. Il y avait eu transmission d ‘un message d’alerte d’arbre en arbre. En étant mordue ou déchiquetée, la feuille d’acacia libère un gaz : l’éthylène, qui rayonne sur six mètres et se dépose sur les feuilles voisines et déclenche chez elles la sécrétion du tanin.
Les peupliers ont le même type de réaction : suite à une agression, ils doublent dans les cinquante heures la teneur en tanin de leurs feuilles. Dans le même temps, les arbres voisins non agressés augmentent de près de 60% leur proportion de tanin. Le responsable est encore l’éthylène, qui permet également aux pommes et bananes de s’échanger des informations, non pas d’alerte mais de croissance.

Les plantes peuvent aussi dialoguer avec certains insectes prédateurs. Par exemple, la chenille manduca affectionne les feuilles de tabac. Tandis qu’elle s’en nourrit, elle dépose sa salive qui agit comme un signal. La plante produit alors l’acide jasmonique qui, combiné à l’éthylène et libéré dans l’air, attire une guêpe de la famille des Ichneumons. Cette guêpe reconnaît dans la chenille une proie de choix, la paralyse et y pond un œuf. Le tabac est sauvé.
Le choux, le maïs, la tomate n’hésitent pas non plus à provoquer l’attaque des ennemis de leurs ennemis pour se protéger. Là encore plantes et insectes échangent des signaux chimiques de communication.

Il a été démontré récemment que des arbres peuvent communiquer entre eux, du moins quand leur survie est en jeu.

Un scientifique a fait cette découverte, lors d’une étude sur les cas de mortalité importante constatée dans des élevages en Afrique du sud.

Dans ce pays existent des élevages d’antilopes, appelées koudous, et plusieurs d’entre elles ont été retrouvées mortes de manière inexpliquée dans leur enclos. En cette période de grande sécheresse, l’herbe est rare, et pratiquement la seule nourriture qui reste, ce sont les feuilles d’acacias dont se nourrissent volontiers ces antilopes.

Devant le peu de pistes concernant ces morts incompréhensibles, le scientifique a l’idée d’observer l’estomac d’un koudou mort ; or il constate la présence de feuilles d’acacias non digérées, comme si la fermentation normale n’avait pas eu lieu.

Après examen des feuilles, il est relevé un taux anormalement haut de tanin, substance produite par les feuilles d’arbres pour se protéger en général de microbes et autres parasites. C’est ce tanin qui a empêché la fermentation et la digestion des feuilles. Mais pour quelle raison les acacias se sont-ils mis à produire ce tanin toxique ?

Y a-t-il un lien avec le fait que les antilopes n’ayant que des acacias à manger, elles ont fait subir une forte pression sur ces arbres, avec peut-être une nécessité de se défendre pour les acacias ?

Ceux-ci se sentant en danger, ont-ils modifié la teneur chimique de leur sève ? Les scientifiques, pour prouver et tester cette théorie, ont mimé l’agression des koudous en fouettant avec des cannes les branches d’arbres. Quelques heures après, l’analyse démontre bien que la teneur en tanin des feuilles a fortement augmenté.

Dans la nature, le koudou serait allé manger ailleurs, et ne se serait pas acharné sur un acacia aux feuilles amères ; mais dans un enclos, il n’a pas eu le choix. Et donc sa nourriture l’a empoisonné.

Ce fait de défense des arbres, est déjà assez frappant et en un sens extraordinaire, mais ce n’est pas tout.

En fait, notre scientifique a une autre intuition : il prend un petit sac en plastique et le noue autour de l’extrémité d’une branche. Après quelques temps, il vient avec une seringue, pique à travers le sac et aspire l’air contenu.

Après une analyse de cet air, il constate une forte concentration de phéromones, un gaz volatil. Les acacias stressés émettent une forte quantité de ces gaz ; ceux-ci, poussés par les vents, entrent en contact avec d’autres arbres à proximité, qui modifient alors également la teneur en tanin de leurs feuilles.

L’arbre en danger se défend en modifiant la composition chimique de ses feuilles, mais il communique également ce danger à ses congénères acacias.

Les Indiens d’Amérique disent que les arbres se parlent... Cela paraissait parfaitement mystique mais en fait ...

On a observé dans des fermes d’élevage en Afrique du Sud que les troupeaux d’antilopes kudu étaient régulièrement décimées après avoir dévastés des bosquets d’acacias. Or il s’avère que cette plante possède à l’état naturel une toxine (une substance cyanogène) en petite quantité et par conséquent inoffensive. Mais quand ’acacia est très fortement attaqué par des herbivores et que sa vie est en jeu, il secrète alors la toxine en forte quantité qui devient mortelle. Mais ce qui est le plus étonnant c’est que les arbres suivant la direction du vent secrètent eux aussi cette même toxine même s’ils n’ont pas été attaqués par les herbivores ! En fait, l’arbre attaqué émet un message gazeux sous forme d’éthylène qui n’a aucune fonction dans l’auto-défense de la plante incriminée ; si la seule fonction de ce gaz est d’alerter les arbres voisins c’est qu’il y bien une volonté de communiquer.

Le célèbre botaniste Francis Hallé a révélé dans son livre "Plaidoyer pour l’arbre" que certaines plantes pouvaient être qualifiées de "timides"parce qu’ils ne s’approchent pas de leurs congénères. Quel que soit leur nombre, quelles que soient leurs formes, quels que soient les nouveaux-venus, leurs feuillages ne s’entremêlent pas. Ils laissent 30 cm entre leurs feuilles et celles de leur voisin. Ils peuvent continuer à pousser et à grandir vers le haut, mais ils ne s’étaleront jamais si le feuillage d’un de leurs congénères est à 30 cm du leur. Cela implique que l’arbre communique par messages gazeux au niveau de ses feuilles.

Les girafes se nourrissent de feuilles d’acacias. Lorsque les girafes sont trop nombreuses, leur voracité préjudicie à l’arbre. Celui-ci se défend en sécrétant du tannin, qui est un poison pour l’animal. C’est horrible mais c’est comme ça. De plus, un arbre qui accumule ainsi du tannin sécrète dans l’air de l’éthylène (C2H2), une hormone gazeuse qui va intimer aux autres arbres de faire de même. L’éthylène est naturellement sécrété par beaucoup de plantes ; son rôle le plus connu est celui de signal de la maturation des fruits ; d’ailleurs la plupart des fruits que nous mangeons sont cueillis verts et mûris artificiellement sous une atmosphère riche en éthylène. C’est pourquoi, dans la savane, les girafes marchent contre le vent...

En Afrique du Sud, une espèce particulière d’acacia émet un gaz quand un animal vient se nourrir de ses feuilles. Ce gaz est transporté par le vent jusqu’à d’autres acacias.

Dés qu’ils sont prévenus, les arbres produisent alors un tanin toxique qui peut être mortel pour les animaux qui viendraient les manger.
On peut donc dire que ces arbres communiquent entre eux pour se protéger les uns et les autres. Comment fait l’acacia pour ne pas se laisser dévorer en entier ?

L’arbre augmente la concentration en tanin des feuilles ce qui les rend impropre à la consommation par les ruminants, plus précisément indigérable.

Un point intéressant est donc que les arbres communiquent entre eux.

L’arbre attaqué par les animaux avertit les arbres autour de préparer une défense dans leurs feuilles, on suppose qu’ils communiquent par le biais de leurs racines.

Ils peuvent aussi communiquer par voie d’air via l’éthylène...

L’éthylène a été découvert en tant qu’hormone végétale en 1901, on remarquait que les feuilles des plantes situées à proximité des lampadaires (à bec de gaz) tombaient prématurément.

En 1910, on s’aperçoit qu’un fruit confiné mûrit plus vite qu’un fruit à l’air libre. On fait alors un premier rapprochement avec l’éthylène. En 1934, on découvre les voies métaboliques de l’éthylène.
Et, en 1960, par chromatographie en phase gazeuse, on arrive à doser l’éthylène émis par les plantes.

Un augmentation de la production d’éthylène est associée à une perte de chlorophylle des feuilles, une dégradation des protéines et des ARN, une perte de pigmentation des fleurs, et autres symptômes de vieillissement.

L’éthylène est un catalyseur essentiel de la maturation des fruits. Par exemple, un avocat ne mûrit pas sur l’arbre mais six à huit jours après la récolte. On observe alors un pic de production d’ACC, puis d’éthylène qui déclenche la maturation du fruit.

L’éthylène module de nombreux métabolismes (réponses des plantes aux stress biotiques et abiotiques), est impliquée dans les étapes de floraison et stimule la maturation de nombreux fruits. Cette molécule a des effets si variés parce qu’elle est très simple et donc peu spécifique.

Les jeunes feuilles produisent de l’auxine qui les insensibilise à l’éthylène. Après le développement de la feuille, la production d’auxine diminue puis s’arrête : les cellules du pétiole sont alors exposées à des concentrations de plus en plus fortes d’éthylène. Au bout d’un certain temps les zones d’abscission répondent par la synthèse d’enzymes hydrolytiques.

De très fortes concentrations d’auxine stimulent la production d’éthylène et donc la chute des feuilles.

L’éthylène n’est pas la seule manière pour les plantes et les arbres de communiquer entre eux et de réagir à des agressions…

Les hormones végétales (plus rigoureusement appelées phytohormones ou facteurs de croissance) ont souvent comme fonction d’assurer la croissance de la plante ou sa morphogenèse. C’est le cas notamment de l’auxine qui contribue à la formation des organes de la plante (les racines par exemple) et à sa croissance mais intervient aussi dans les phénomènes de tropisme.

Elles se distinguent des hormones animales en plusieurs points :

• Leur sécrétion n’est pas assurée par des organes spécifiques de la plante (tout juste existe-t-il des zones de synthèse privilégiées) ;

• Leur effet varie en fonction de leur concentration (ex : à faible concentration 10-10 g/mL, l’auxine a un effet discret positif sur la croissance racinaire. À de plus fortes concentrations, 10-8 g/mL, elle inhibe l’élongation et induit la rhizogenèse) ;

• Elles agissent rarement seules : leurs effets résultent bien souvent d’une action coordonnée de plusieurs hormones (ex : stimulation de la division cellulaire grâce à l’action conjuguée de l’auxine et des cytokinines).

Une phytohormone, ou hormone végétale, est une hormone produite par une plante. C’est une substance chimique organique qui régule la croissance végétale ou qui intervient dans la communication entre individus végétaux différents (un arbre stressé peut émettre une hormone informant d’autres arbres qu’une cause de stress est présente. Ce stimulus peut augmenter la production de tanins ou de molécules défensives de la plante réceptrice). On parle parfois d’hormones de stress pour décrire les molécules émises par des plantes en état de manque d’eau ou blessée, lesquelles peuvent attirer des prédateurs, mais aussi les prédateurs de ces prédateurs.

Pour être une phytohormone, une substance doit être :

• endogène (c’est-à-dire non fournie par l’environnement)

• oligodynamique (et agir à faible dose, de l’ordre de la micromole)

• vectrice d’une information (apportée à une cellule cible sélectivement sensible à son action et dont elle influence le fonctionnement).

Ce sont ces exigences qui permettent de faire la distinction entre une phytohormone et une substance trophique.

En fait, les racines communiquent elles aussi…

Pour le botaniste ou le forestier, le mot anastomose décrit la fusion physique et fonctionnelle des organes de deux végétaux, en général appartenant à la même espèce, et via les racines (mais il peut s’agir des branches, voire de troncs dans le cas par exemples des haies blessées.

C’est un phénomène naturel assez fréquemment observé sur les racines affleurantes des résineux.

Il est spécialement développé pour les branches et troncs chez le hêtre tortillard.

Il est artificiellement exploité dans certaines haies tressées ou sur les berges ou bords de chemin boisés.

Il semble que sa fréquence et l’importance de l’anastomose racinaire aient pu être sous-estimées dans les forêts et alignements.
On peut spontanément penser que l’anastomose augmente le risque de circulation d’un pathogène d’un arbre à l’autre, et il semble que ce soit parfois le cas (c’est une cause plausible de mortalités brutales et inexpliquées de bouquet d’arbres dans un peuplement par ailleurs apparemment sain). Mais cet inconvénient apparaît être compensé par des avantages, encore mal compris.

L’anastomose racinaire pourrait notamment :

• favoriser la résistance globale d’une population d’arbres face au vent et aux fortes pluies ;

• favoriser le maintien du sol (effet anti-érosif accru) ;

• favoriser l’exploitation optimale du milieu, par des arbres qui peuvent ainsi associer des « compétences génétiques » différentes (quand il ne s’agit pas de clones). Par exemple un arbre secrétant des molécules éloignant un champignon pathogène pour lui, anastomosé à un arbre meilleur que lui pour la capture d’oligoéléments vitaux, lequel est anastomosé avec un arbre dont les racines mieux mycorhizées forment une association beaucoup plus adaptée à son environnement que s’ils étaient isolés les uns des autres.

• et donc favoriser la meilleure résilience écologique après chablis ou coupes d’éclaircie, avec une survie accrue et prolongée des arbres blessés et des souches.

Ce dernier point présente un intérêt scientifique, mais aussi économique et sylvicole. Le pin Pinus contorta, commun au Canada (Alberta) pousse rapidement et il s’anastomose fréquemment et naturellement avec ses voisins proches. L’étude de couple de ces pins, anastomosés, mais dont l’un a été coupé (sans dévitalisation chimique de la souche) a montré un effet positif de l’anastomose racinaire sur le couple arbre-souche ;

 sur la longévité et la disposition des racines de la souche d’un pin coupé connectées à un pin vivant,

 mais aussi sur l’accroissement du diamètre de l’arbre vivant.
Des bosquets touffus d’arbres anastomosés ont également été étudiés deux ans après qu’on y ait coupé une partie des arbres. Deux ans après, de nombreuses racines survivaient sur les souches connectées à des arbres vivants, et celles qui étaient les plus proches d’un arbre vivant ont mieux survécu et plus longtemps.

Enfin, après cette « éclaircie », les cernes des arbres vivants ont tous fortement augmenté en épaisseur, sauf lorsque ces arbres n’étaient pas connectés à une souche coupée mais à un arbre anastomosé mort d’une cause naturelle.

L’étude a montré que les connexions fortes des libers (c’est-à-dire via de larges surfaces d’échange) sont celles qui ont le plus favorisé un grand nombre de racines sur les souches que celles avec de faibles zones de contact.

Pensez-vous que les arbres sentent la douleur ?

Une expérience a été faite en laboratoire sur un caoutchouc :des électrodes à réflexe psychogalvanique (RPG)ont été placées de part et d’ autre d’une feuille deux chercheurs,un qui ne fait que l’arroser et l’autre qui la torture en brûlant une des ses feuilles avec le feu d’une allumette,il se produisit une modification dans la courbe du tracé du RPG.Il apporta des crevettes vivantes et les laissa tomber dans l’eau bouillante a chaque crevette tuée le traceur s’affolait.

Certains disent : impossible pas de système nerveux !

Pourtant, le neurone et le système nerveux ont le même type de structure (d’arborescence !) ... qu’un arbre...

Si nous n’avions pas un cerveau entre les deux oreilles et que nous trouvions par hasard des neurones... En les observant, même au microscope, nous douterions-nous que ces cellules minuscules, mêmes connectées à d’autres, puissent produire de la pensée...?
Dans une forêt, il y a des échanges de molécules entre les arbres, à la fois au niveau des racines et du feuillage.

Des arbres communiquent à distance, des plantes réagissent à l’agression, mémorisent.

Cela n’a rien de mystique puisqu’il s’agit de transmission de l’industrie biochimique de la plante.

Il est aussi question de magnétisme. Là encore, rien de mystique ou surnaturel…

La pousse d’un arbre réagit à une anomalie du champ magnétique local.

Un oscillographe connecté à certaine plante réagissait à la brûlure d’une feuille.

Cleve Backster, expert de la CIA, spécialiste du détecteur de mensonges, a eu en 1966 l’idée d’attacher les électrodes de son appareil aux feuilles d’une plante verte présente dans son bureau, par curiosité...

Il remarque alors que la plante réagit lorsqu’il l’arrose, et le polygraphe semble montrer le même genre de réaction que lorsqu’un être humain fait l’expérience d’un stimulus émotionnel de courte durée... Est-ce qu’une plante pourrait ressentir des émotions ?!!!
Backster sait que la manière la plus efficace de déclencher une réaction importante du polygraphe chez l’être humain est de le mettre dans une position où il se sent menacé. Il cherche donc un moyen de menacer le bien-être de la plante, et pense tout à coup à brûler une de ses feuilles. Au moment précis où il a l’idée de brûler cette feuille (acte qu’il visualise), et avant même qu’il ne bouge pour aller chercher une allumette, la plante devient comme folle : le tracé du polygraphe prend de l’ampleur, et le marqueur va jusqu’à franchir le bord supérieur du papier ! Est-ce que la plante aurait pu lire dans son esprit ?!! Backster conclut au sujet de cette expérience qui allait marquer toute sa vie : "Je compris à l’instant qu’il se passait quelque chose d’important ; il n’y avait pas d’autre explication. Il n’y avait plus personne dans le laboratoire, et je n’avais rien produit qui soit assimilable à une action mécanique. En une fraction de seconde, la conscience que j’avais du monde fut modifiée ".

Le chercheur confirmera par la suite ses premières découvertes, avec des centaines d’expériences sur d’autres plantes, avec d’autres instruments, avec différents collaborateurs, et dans de nombreux laboratoires différents aux Etats-Unis. Toutes ces expériences aboutissent aux mêmes conclusions... et amènent Backster à affirmer que les plantes sont sensibles aux événements, aux émotions et aux intentions humaines se produisant dans leur environnement !!

Et si l’on considère l’expérience de la souffrance, les plantes n’ont pas de système nerveux, ou de récepteurs benzodiazépines, ou quelque autre caractéristique que nous associons à la sensibilité chez les animaux (humains ou non-humains). Une plante ne souffre donc pas comme un animal ou un humain...

De même, peut-on véritablement parler d’émotions chez les plantes ?... Chez les mammifères (humains et animaux), le ressenti et l’expression des émotions sont liés au système neurologique et au cerveau limbique - le cerveau émotionnel - qui nous permet aussi de percevoir les émotions chez les autres. Et d’après les études les plus récentes, notamment au sein de l’Institut HeartMath aux Etats-Unis, notre coeur et les échanges physiologiques entre le coeur et le cerveau joueraient aussi un rôle dans notre vécu émotionnel... Alors qu’en est-il pour les plantes qui ne disposent pas de ce "système émotionnel" ? Comme l’ont montré les expériences de Baxter, les plantes réagissent effectivement, et parfois fortement, à des situations anxiogènes par exemple, mais peut-on vraiment parler d’émotions, ou bien leur expérience de la réalité est-elle fondée sur une autre forme de perception... ?

Il est à remarquer que nous interprétons mal ce que représente notre système nerveux : un très grand arbre !!! Quant aux communications électriques qui le parcourent elle sont liées à des échanges qui ont lieu dans toutes les cellules vivantes, et pas seulement dans les cellules nerveuses : des entrées et des sorties d’ions par les membranes. Ces échanges ont lieu au sein de l’arbre comme au sein des animaux ou des hommes. L’arbre est donc un grand ensemble connecté comme un réseau nerveux et qui, comme le réseau nerveux de l’homme, communique à la fois par voie électrique et biochimique. La différence n’est pas aussi grande qu’il y paraît !

Quels sont ces langages qui permettent à l’arbre d’exprimer sa douleur ou sa maladie ?

Le premier, le plus évident est celui de la forme de l’arbre...

Tout arbre, soumis ou non à la concurrence pour la lumière, a une forme qui permet de juger si le sujet regardé est en bonne santé ou pas..

Un arbre isolé, "bien dans ses racines (et non pas dans ses baskets)", aura une forme équilibrée, ronde, avec une branchaison équilibrée...

Un arbre soumis à la concurrence va avoir lui, un houppier plus limité, un tronc sans branches plus haut...

Un arbre isolé en difficulté aura des branches sèches bien vite et aura un port dit "torturé", un tronc vrillé aussi quelquefois...

Un arbre concurrencé en grosse difficultés aura un houppier désarticulé, des parties sèches et ses pousses annuelles irrégulières...

Le second langage est plus difficile déjà, mais que certains d’entre vous connaissent....L’émission de glands, cônes ou fènes, alors que l’arbre est jeune...Oui certaines jardineries prétendent que l’arbre que vous vous voulez acheter va bien car il est couvert de cônes par exemple (exemple des sapins) erreur !!! L’instinct de survie est très développé chez les arbres et donc si un arbre cherche à se reproduire jeune, c’est qu’il est en difficulté !!

Il faut savoir qu’il y a quelques exceptions certes, mais c’est mauvais signe en général. En foresterie, il faut savoir que seuls les sapins vous sont vendu en pépinière à l’age de 3 ans, les autres espèces sont vendues à l’age de 1 an !!

lorsqu’ils sont plus vieux, les racines tournant au fond du containeur inlassablement, quelquefois jusqu’à autostrangulation et mort...

D’autres langages sont présents pour l’arbre... Celui qui est olfactif...un arbre en difficultés émet une odeur forte, cela est le cas, en Provence, lorsqu’il fait chaud... S’il est en bonne santé il ferme ses stomates pour ne pas transpirer et perdre l’humidité. Celui qui sent peut être celui qui n’a pas senti avant la brusque montée de la température..

L’arbre parle aussi lorsqu’il est attaqué, par des signes de détresse mais aussi pour montrer qu’il combat l’ennemi (voir coulées de résine sur le pin maritime lorsqu’il est attaqué).

Les plantes montrent des signes qui ne trompent pas. Coloration ou décoloration du feuillage, avortement des boutons floraux, déformations de tiges, étiolement, perte de feuilles, croissance exubérante, rabougrissement etc. etc.

Lorsque l’on observe un arbre pendant plusieurs années, on arrive assez fréquemment à se remémorer les années où il était en forme et celles où il a plus souffert.

Inversement, les arbres perçoivent-ils la douleur humaine ?

Les plantes elles-mêmes perçoivent effectivement la douleur humaine. Si on pose des électrodes d’un galvanomètre (pour mesurer les courants de faible intensité) sur l’écorce d’un arbre et que quelqu’un appuyé contre le tronc de l’arbre s’entaille le doigt avec un couteau on constate un mouvement de l’aiguille du galvanomètre ! Proches d’êtres humains blessés, les arbres modifient leur magnétisme par réaction à la douleur des hommes…

* * * * * *

Les arbres produisent de l’électricité...

Avec deux électrodes, l’une clouée dans un arbre et l’autre enfichée dans le sol, il est possible de récupérer un petit courant électrique. Le fait est déjà connu, l’explication scientifique a beaucoup progressé et une application a déjà été trouvée : alimenter des capteurs de température pour lancer une alerte radio en cas d’incendie.
Un arbre peut produire de l’électricité... Peu, certes, mais suffisamment pour alimenter un appareil électrique de faible puissance. MagCap Engineering, une entreprise américaine, avait déjà, en 2006, annoncé un procédé de production d’électricité à partir d’arbres. Trois chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Christopher Love, Shuguang Zhang et Andreas Mershin, ont étudié de près ce phénomène et deux d’entre eux veulent même en tirer profit. Love et Mershin se sont associés à d’anciens dirigeants de MagCap Engineering pour fonder Voltree Power. La première application envisagée est d’installer des capteurs de température et un émetteur radio dans quelques arbres pour émettre un signal d’alerte en cas d’incendie.

Cet été, les trois chercheurs ont publié dans la revue scientifique PlosOne les résultats d’expériences effectuées sur le Ficus benjamina, le figuier pleureur, une plante d’appartement bien connue. Une électrode est plantée dans la tige de manière à pénétrer dans le xylème, cet ensemble de fibres dont les canaux font monter vers les feuilles la sève brute aspirée depuis le sol. L’autre est enfichée dans le sol ou plongée dans diverses solutions.

Les chercheurs observent entre les deux une différence de potentiel (ou tension électrique) de 50 à 200 millivolts. En poussant plus loin l’investigation, ces biologistes ont prouvé que cette tension n’était pas due à des réactions d’oxydoréduction, comme on le pensait. On les met facilement en évidence dans cette expérience classique des cours de sciences au collège, consistant à planter dans un fruit (orange, citron...) ou une pomme de terre deux objets composés de métaux différents. Faisant office d’électrodes, ils produisent une petite tension, grâce à laquelle on peut obtenir un courant de faible intensité. C’est l’acidité de la phase liquide à l’intérieur du végétal qui entretient le phénomène. Des électrons sont arrachés à l’une des électrodes (l’anode), ce qui correspond à une oxydation, tandis que ces particules s’accumulent vers l’autre électrode (la cathode), y entraînant une réaction que les chimistes appellent une réduction.
Les chercheurs du MIT n’observent aucune corrélation avec l’heure de la journée ni avec la transpiration de la plante. C’est la différence d’acidité (le pH) entre le xylème et le sol qui semble jouer le plus grand rôle. Selon eux, la tension mesurée indique la concentration en ions dans les tissus du xylème et serait donc reliée au métabolisme de la plante. Les biologistes y voient d’abord un moyen facile, rapide et peu traumatisant de mesurer l’acidité interne d’une plante pour surveiller son métabolisme.

D’autres applications leur semblent envisageables. Il serait possible, pensent-ils, d’obtenir entre 1 et 10 millivolts à partir de n’importe quel arbre d’une forêt et donc d’alimenter des capteurs capables de mesurer en permanence différents paramètres de l’environnement. La société Voltree Power a le projet plus précis de capteurs anti-feux, couplés à des émetteurs radio, qu’il suffirait d’installer sur un certain nombre d’arbres dans une forêt à protéger. Des essais en milieu naturel sont programmés pour le prochain printemps. Dans son communiqué de presse, le MIT imagine de son côté une autre application : la détection de substances nocives ou radioactives « aux frontières du pays ».

Quoiqu’il en soit, ce travail montre encore une fois l’intérêt actuel des scientifiques pour des sources d’électricité nouvelles capables d’alimenter des appareils à très basse consommation. Depuis la chaleur ambiante jusqu’aux mouvements du corps en passant par le bruit, les idées innovantes ne manquent pas dans ce domaine...

* * * * * *

Au laboratoire de Physique et Physiologie Intégrative de l’Arbre fruitier et forestier (PIAF-UMR A 547), l’équipe MECA est une équipe interdisciplinaire de Bio-Mécanique Intégrative qui associe des biomécaniciens, des écophysiologistes et des physiologistes moléculaires. Elle s’attache à décrypter les réponses des arbres face aux contraintes du milieu extérieur et plus particulièrement à répondre à la question « Comment les arbres font-ils pour tenir debout longtemps, tout en grandissant dans un environnement mécanique fluctuant ? », c’est-à-dire lorsqu’ils sont soumis à différents stress mécaniques perturbant leur développement, tel que le vent, les tempêtes ponctuelles, le poids de la neige ou encore l’inclinaison du sol en altitude…

Les arbres ont le sens mécanique car ils perçoivent des perturbations mécaniques externes telles que des flexions de leurs branches par le vent, mais également internes telles que l’augmentation lente du poids de leurs branches en croissance, et y répondent en ajustant leur croissance. La mécanoperception est un mécanisme de signalisation, c’est-à-dire un mécanisme permettant à la plante de « ressentir » un signal extérieur et d’y répondre de manière adéquate. Un véritable processus de communication ! Il comporte 3 phases :

* la réception du stimulus par l’arbre,

* sa transformation en un signal interne,

* conduisant à une réponse de croissance de l’arbre (appelée la thigmomorphogenèse, de thigmo- : toucher, morpho- : forme, genèse : acquisition).

Au cours de la signalisation, une cascade de réactions moléculaires successives a lieu pendant laquelle des gènes gouvernant la fabrication de facteurs de transcription sont impliqués. Ces gènes-là sont des « chefs d’orchestre » qui commandent par la production de ces facteurs de transcription l’expression d’autres gènes et régulent ainsi le traitement de l’information dans la plante.

Nous avons identifié chez le peuplier (l’espèce modèle des arbres en termes d’analyse moléculaire) un facteur de transcription « mécano-induit », c’est-à-dire qui s’exprime en réponse à un stress mécanique, de façon très rapide (dès les 10 premières minutes après le stress) et transitoire (le facteur de transcription disparait rapidement). Des homologues de ce gène, c’est-à-dire des gènes très proches, ont été recherchés parmi les génomes des autres plantes, en interrogeant les bases de données informatiques mondiales qui rassemblent un très grand nombre de séquences de gènes d’espèces diverses.

Sur l’équivalent de la douleur chez les plantes et arbres

Reconnaissance entre plantes ou arbres

Forme du tronc, des branches, des racines, couleur des feuilles, tout cela est aussi des messages…

LIRE AUSSI :

Pour déraciner quelques idées fausses sur les arbres

Messages

  • La Langue des Arbres

    La langue que j’aime

    Oh, combien douce et mélodieuse

    Est la langue des Êtres muets

    Elle est plus douce à mon cœur

    Que la langue rauque des gens

    Si calmement, si doucement

    Me parlent les arbres

    Le roseau sur le bord de l’eau

    La bruyère sur la montagne.

    Les genêts des garennes

    Le vent ondulant

    La mer d’or des landes

    Qui me raconte des contes

    Qui me chante ses vers :

    Arthur. Iseult. Merlin...

  • À la Faculté de droit de Paris, immeuble qui ne passe certainement pas pour le refuge des rigolades fin de siècle, fut, le mois dernier, abordée la question des forêts baladeuses.
    M. Ducrocq, le très aimable professeur de droit administratif, proféra ces paroles textuelles :
    « À cette époque, messieurs (vers 1872, 1873), les forêts nationales se sont promenées de ministère en ministère, de l’Agriculture aux Finances, des Finances à l’Agriculture, etc., etc. »
    Hein, mon vieux Shakespeare, les voilà bien les forêts qui marchent, les voilà bien !
    Sans nous arrêter à la légitime stupeur du flâneur rencontrant la forêt de Compiègne dans la rue de Rivoli, passons à une troisième communication qui ne fut pas sans me bouleverser :
    « Il y a des arbres, m’écrit M. le vicomte de Maleyssie, notamment les bouleaux et les chênes, qui éprouvent un trac abominable quand passe, non loin d’eux, un troupeau de moutons. Et cette frayeur se traduit par un retrait immédiat de la sève dans l’arbre, au point qu’il n’est plus possible de détacher l’écorce de l’aubier. »
    Un peu, ce me semble, comme lorsque nous éprouvons un sentiment de constriction à la gorge.
    Et, à l’appui de son dire, M. le vicomte de Maleyssie m’adressa des documents, dont quelques-uns assez précieux ; entre autres, le numéro d’avril 1833 du Cultivateur.
    À la page 210 de ce vieil organe, je trouve le récit suivant dû à la plume du grand-père même de M. de Maleyssie :
    « Des ouvriers étaient employés à écorcer des chênes sur l’un des penchants d’un coteau situé entre deux vallées, dans la propriété que j’habite. Le temps était très favorable à ce genre de travail ; aussi avançait-il assez vite, lorsque peu à peu il devint moins aisé. L’écorce ne se souleva plus qu’avec peine, et bientôt il fut impossible de l’enlever autrement que par petits morceaux.
     » Les ouvriers, n’ayant aperçu aucune variation dans l’état de l’atmosphère, attribuèrent unanimement ce phénomène au voisinage de quelque troupeau de moutons.
     » En effet, j’avais donné l’ordre au berger d’amener le sien sur le revers du coteau où travaillaient les ouvriers.
     » Cela bien constaté, je fis retirer les moutons, et à mesure qu’ils s’éloignaient, le pelage des arbres devenait plus aisé. Néanmoins, la sève, pendant toute la journée, ne reprit pas sa circulation avec la même activité qu’auparavant.
     » Cette expérience, répétée deux années de suite, a produit le même effet. »
    Les Annales de la Société d’Horticulture de Paris (tome XII, page 322), s’occupent également de cet étrange phénomène et citent un cas analogue constaté dans les pépinières royales de Versailles en 1817.

    L’auteur de la communication conclut ainsi :

    « Quoique je sois très porté à chercher une explication, bonne ou mauvaise, à tous les phénomènes de la végétation, je ne suis jamais arrivé à expliquer celui-là. C’est sans doute le plus délicat de tous ceux que nous offrent les végétaux. M. de Candolle n’en a rien dit dans sa Physiologie générale. »
    Vous pensez bien que si M. de Candolle n’a rien trouvé à dire sur cette question, ce n’est pas un pauvre petit gars comme moi qui éclairera les masses botanisantes.
    Seulement, je pense que si le roseau apprenait la frousse énorme qu’un simple mouton peut infliger à
    Celui de qui la tête au ciel était voisine
    Et dont les pieds touchaient à l’empire des morts,
    il rirait bien, le souple et charmant roseau.

    Alphonse Allais, dans Deux et deux font cinq (2+2=5)

  • Pour voir s’il me consolerait,

    Je m’approchai d’un pin vert.

    De me voir pleurer,

    Il a pleuré

    Asturiana, Manuel De Falla

  • Effectivement, un des exemples frappants des communications entre arbres est celui de la floraison. Celle-ci se fait de manière coordonnée pour des arbres proches et est différente pour des arbres un peu éloignés. De même, pour les réactions aux agressions par des animaux.

  • Le micocoulier, Jacques Prévert :

    A Antibes rue de l’hôpital

    Où l’herbe à chat

    Surgit

    Encore indemne entre les pavés

    Il y a un grand micocoulier

    Il est dans la cour de l’asile des vieillards

    Eh oui c’est un micocoulier

    Dit un vieillard de l’asile

    Assis sur un banc de pierre

    Et sa voix

    Est doucement bercée par le soleil

    Micocoulier

    Et ce nom d’arbre

    Roucoule

    Dans la voix usée

    Et il est millénaire

    Ajoute le vieil homme

    En toute simplicité

    Beaucoup plus vieux que moi

    Mais tellement plus jeune encore.

    Millénaire et toujours vert

    Et dans la voix

    De l’apprenti centenaire

    Il y a un peu d’envie

    Beaucoup d’admiration

    Une grande détresse

    Et une immense fraicheur.

    Jacques Prévert, Arbres (1976)

  • A lire, de Jacques Tassin : « A quoi pensent les plantes ? »

    On a longtemps vu la plante comme un être passif et immobile, spécialisé dans la fascinante alchimie de la photosynthèse. Les progrès de la biologie végétale donnent aujourd’hui de la plante une image radicalement nouvelle : les plantes ont de multiples façons de percevoir leur environnement. Mieux : elles se parlent et communiquent tous azimuts avec leurs congénères par voie chimique, s’avertissant d’un danger potentiel, mais aussi avec les animaux qui les pollinisent ou vivent en symbiose avec elles.

  • A lire aussi : "La vie secrète des arbres" de Peter Wohlleben :

    Les arbres sont des créatures sociales. Ils apprennent, se souviennent, s’entraident et, grâce à un système de communication fongique, sorte de réseau social des bois, ils s’envoient des microsignaux pour se prévenir de dangers. Courtois, ils se font des faveurs, dirigent leurs branches de manière à laisser passer la lumière pour leurs congénères. Fidèles, ceux qui ont passé leur existence côte à côte tirent leur révérence en même temps. Révérencieux, ceux qui restent nourrissent via leurs racines les souches de leurs voisins des années encore après leur mort.

  • Tout ce qui touche aux arbres, doit nous intéresser...

    Lire la suite

  • LES ARBRES

    Aimez et vénérez, ne tuez pas les arbres ;

    Tout peuple meurt, après que ses grands bois sont morts ;

    Il ne suffit donc pas de la splendeur des marbres :

    Ces verts abris perdus, les peuples sont moins forts.

    Ce n’est pas seulement pour la douceur du rêve,

    Par nous goûtée en l’ombre apaisante des bois,

    Qu’il conviendra toujours de respecter leur sève,

    Sœur pâle du sang rouge, et sacrée autrefois :

    C’est qu’ils gardent en eux lame de la patrie,

    Son vieil esprit, ses mœurs, son antique vigueur :

    Quand la sève à Ilots coule en la forêt meurtrie,

    Un peu de notre sang quitte aussi notre cœur.

    Un être obscur et deux vraiment dort sous l’écorce.

    Les chênes autrefois étaient des demi-dieux,

    Protecteurs de la race et gardiens de sa force,

    Et leur horreur sacrée étonnait nos aïeux.

    Nous la devons aimer, la forêt fraternelle,

    Dont l’âme épanche encor le silence et la paix,

    La paix des jours premiers réfugiée en elle,

    En la verte fraîcheur de ses rameaux épais.

    Et, parfois, je voudrais qu’étendant sur la terre

    A nouveau son empire et son calme divin,

    Elle nous survécût, auguste et solitaire,

    Ayant enseveli tout le vain bruit humain.

    Jean Lahor

  • C’est l’incroyable découverte relayée par la revue "New Scientist" : les arbres ont un comportement nocturne pouvant s’apparenter à des "pulsations cardiaques". Un pouls lent et faible.
    Lire la suite

  • Qu’ont senti ces arbres ?

    Que nous communiquent-ils ?

    Des chercheurs alertent sur la mort de certains des plus vieux baobabs d’Afrique...

    Selon ces scientifiques, neuf des treize plus vieux baobabs sont entièrement ou partiellement morts lors de ces douze dernières années.

  • Les arbres sent-ils communiquent-ils ? La question est posée sur le site Futura Science, à partir de l’article de Matière et Révolution :

    « Bonjour à tous

    J’ai lu cet article sur le net : "Les arbres sentent-ils et communiquent-ils ?" (http://www.matierevolution.org/spip.php?article2006). Il m’a intrigué et me laisse perplexe sur certains points (notamment sur la notion de "communication’). Est-il fiable ? Qu’en pensez-vous ? Existe-t-il des articles qui confirment le contenu de cet article ou qui ont d’autres approches ?

    Merci pour vos réponses

    Cordialement »

    Réponse d’un organisateur de Futura Science :

    « Tu as été sur la page d’accueil du site ?

    Je ne suis pas sur que des sites attrape-tout à forte composante politique soient la meilleure source.

    Si le sujet t’intéresse, tu devrais peut-être prendre les mots clés et chercher des articles sérieux, pas ceux où un expert de la CIA attache son détecteur de mensonge à la plante verte dans son bureau... »

    Le lecteur :

    « Heu ! ... je reconnais que je n’ai pas été sur la page d’accueil du site ... »

    Un autre commentaire :

    « Peu importe la crédibilité du site proposé initialement, il n’empêche que tout ce qui y est dit est vrai (de ce que j’ai lu, car j’ai pas été dans le détail), les plantes communiquent bien par VOC (volatils organic compound) a savoir éthylène, methyl jasmonate et j’en passe... »

    Commentaire de M et R :

    Il est à remarquer que l’engagement politique semble au premier commentateur un argument très très défavorable à tout article de sciences. Ainsi, quand Einstein déclarait : « Le nationalisme est une maladie infantile, c’est la rougeole de l’humanité », cela aurait définitivement discrédité ses thèses en Physique aux yeux de ce type de gens.

  • Ils parlent entre eux, partagent les richesses du sol, s’entraident, apprennent les uns des autres. Bienvenue dans le monde merveilleux des arbres. Une vie secrète dont la science découvre progressivement l’étendue et la complexité.

    Dans un récit passionnant et engagé, publié en janvier 2017 en français, Peter Wohlleben, un forestier allemand qui travaille à la tête d’une forêt gérée de manière non productiviste raconte la vie intime de ces végétaux si commun : les réseaux de filaments créés par les champignons, la grande sociabilité des hêtres, la langage des racines qui craquent et l’incroyable pulsion de vie des arbres.

  • En Amazonie, la déforestation en hausse de 43 %, avec plus de 10.000 km2 déboisés en un an !!!

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