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Devons-nous céder aux chantages des terroristes

mercredi 30 novembre 2011, par Robert Paris

Devons-nous céder aux chantages des terroristes que sont les patrons et les Etats à leur service ?

Non ! Bien sûr ! Nous savons tous que céder, c’est aller au devant de nouveaux chantages. Au fait, quels sont les terroristes qui menacent nos vies et celles de nos familles ? Ce sont eux qui nous menacent de perdre nos emplois, nos salaires, nos retraites, nos comptes en banque, nos épargnes, nos logements et l’avenir de nos enfants. Ce sont les patrons et les gouvernants. Et ce sont eux qui exercent actuellement ouvertement leur chantage à notre égard. Du moment que leur système ne fonctionne plus, ils s’estiment en situation d’exiger n’importe quels sacrifices des peuples. Il suffit de voir comment ils manipulent les peurs du peuple grec pour exiger sacrifices sur sacrifices... Mais la France n’est pas une exception et leurs chantages patronaux et gouvernementaux s’y exercent aussi !

N’avez-vous pas entendu parler des patrons comme les Fonderies du Poitou qui exigent des diminution de salaire sous menace de fermeture, des patrons comme les équipementiers automobile qui exigent le renoncement aux RTT sous menace de licenciement, des patrons comme Honeywell de Condé-sur-Noireau qui n’a cessé d’exiger que les salariés acceptent de travailler dans l’amiante sous menace de licenciement. Ce sont aussi les gouvernants qui nous menacent ouvertement. Si on n’accepte pas d’aider les banques en France, on le paiera cher. Puis, si on n’accepte pas d’aider les banquiers coulés en Grèce. Puis si on n’accepte pas d’aider les capitalistes d’Europe. Puis si on n’accepte pas de payer les dettes d’Etat contractées au bénéfice de la bourgeoisie mondiale, on le paiera cher. Là-dessus, Sarkozy et Hollande sont en fait d’accord. Les travailleurs, selon eux, doivent accepter de réduire les dépenses de l’Etat. Hollande y met juste un peu les formes.

Il en va de même pour le nucléaire. Sarkozy y va franco : si vous refusez le nucléaire, on va augmenter follement votre dépense d’électricité et votre emploi sera délocalisé du fait du coût de l’électricité pour l’industrie. Un détail : il omet le coût du désinvestissement des anciennes usines nucléaires. Or, que l’on soit pro ou anti, il va falloir désinstaller les centrales. Et le coût à long terme des déchets est carrément inconnu. On ne sait même pas ce que va nous coûter le seul accident de Fukushima en termes de cancers dans le monde entier…. Et c’est Sarkozy qui s’est chargé de redorer le blason du PS en faisant croire le PS prêt à fermer les centrales, alors que c’est exactement le contraire de ce qui s’est passé…

Le débat entre le PS et les Verts est symptomatique. Si la droite sarkozyste défend le nucléaire à mort (c’est le cas de le dire !), la gauche a fait la démonstration de sa soumission aux trust du nucléaire. Il a suffi d’une nuit et d’un coup de fil de la direction d’Areva pour que le PS retire ses engagements signés avec les Verts et revienne en arrière sur le MOX, ce combustible nucléaire si dangereux qui a été particulièrement mis en cause à Fukushima !!! Eh bien, cela n’a pas suffi pour que les Verts se retirent de l’accord. Il faut dire qu’ils avaient beaucoup à y perdre : argent et postes... Voilà qui en dit long sur les uns et les autres. Eva Joly a mal digéré la couleuvre, mais elle a fini par l’avaler... Il n’y avait pas d’illusions à avoir : les Verts ont déjà gouverné et les affaires d’Etat ne leur font pas horreur. Dominique Voynet n’avait-elle pas signé le rapport Quilès selon lequel la France est blanche au Rwanda ?

Il faut dire que ses déclarations précédentes ne préparaient pas Eva Joly à prendre le tournant. "J’affirme solennellement, tranquillement, fermement, qu’il n’y aura pas d’accord avec les socialistes si nous n’avons pas l’arrêt du chantier de Flamanville. Il n’y a pas de plan B", avait déclaré Eva Joly lors du journal de 13 heures sur TF1. Si aucun accord n’est trouvé, "je porterai toute seule toutes les revendications de sortie du nucléaire et tout le programme écologiste et, j’espère, jusqu’au deuxième tour", a ajouté l’ancienne magistrate.

Tout cela pour finalement accepter un accord avec le PS qui admet le MOX et ne dit plus un mot de Flamanville. Les Verts avaient trop à perdre en termes de postes et de finances pour se payer le luxe de la rupture…que cela plaise ou pas à l’honnêteté d’Eva Joly. Ils s’écrasent quitte à crédibiliser les mensonges de Sarkozy qui les accuse de tuer les emplois…

Les terroristes accusent toujours les autres d’être responsables de la terreur. Mais qui détruit les emplois sinon les patrons et le gouvernement ? Sarkozy prétend qu’il a tout fait pour sauver nos emplois, mais qu’en est-il réellement ? Par exemple, prenons les sociétés sous-traitantes de l’Automobile. Sarkozy, en donnant des milliards à Renault et PSA, avait prétendu que ces deux trusts allaient se charger eux-mêmes de sauvegarder les emplois chez les prestataires.

Quel est le bilan ? Le ministère de l’industrie a annoncé 45 000 suppressions d’emplois chez les équipementiers et les sous-traitants. Les salariés de ces entreprises avaient déjà payé le prix fort des politiques des trusts de l’Automobile : Continental, Molex, Valeo, Trèves, Bosal, Mecaplast… Et la liste se poursuit avec l’équipementier TRW à Bouzonville (Moselle) qui supprime plus de 300 emplois. A Rennes, l’équipementier Barre Thomas supprime 309 emplois. A Reims, l’équipementier Chausson Outillage, est mis en redressement judiciaire. Vague de licenciements également chez Godart de Fumay (Ardennes). 93 emplois supprimés chez Bosal Le Rapide à Beine Nauroy (51), ou encore chez Gévelot Extrusion à Laval,.. Où est donc ce fameux sauvetage des emplois des prestataires qu’avait soi-disant mis en place Sarkozy ?

Et les milliards donnés aux banques ? Est-ce que Sarkozy a exigé qu’elles sauvent les emplois ? Mais Société Générale et BNP, justement ceux qui ont touché des milliards de nos impôts, sont aussi ceux qui licencient en ce moment !

Et Areva, le fameux trust du nucléaire, que l’Etat ne veut absolument pas abandonner malgré les risques catastrophiques révélés par Tchernobyl et Fukushima, c’est justement l’un des trusts qui prévoit actuellement de licencier parce qu’il a investi follement !
Défendre les emplois, c’est ce que prétend faire Sarkozy. Mais il ne défend que les intérêts des trusts, ce qui, en période d’effondrement du système, est exactement l’inverse.

Sarkozy nous parle de délocalisations, comme la gauche (du PS au PCF) et les syndicats. Mais, c’est dans le monde entier, et même en Chine, que l’économie capitaliste est en train de s’effondrer et ce n’est pas en transvasant les emplois de France vers l’extérieur. La crise frappe partout et frappera partout !

Alors, céder à leurs chantages ne va pas nous sauver.

Au contraire, il faut cesser de céder aux pressions qui nous poussent à accepter de travailler plus dans le privé et dans le public pour remplacer les emplois supprimés. Il faut cesser de céder aux pressions qui nous font accepter les suppressions d’emplois sous prétexte qu’elles se font par départs volontaire ou par non remplacement des retraités. Car elles signifient que nos enfants ont perdu toute perspective d’emploi.

Il faut dire haut et clair qu’un système qui ne nous offre plus d’emploi, ni à nos enfants, est un système que nous n’allons plus accepter…

Plus question d’admettre qu’un patron déclare que les caisses de l’entreprise sont vides. Il faut prendre sur ses revenus et biens personnels. Plus question d’admettre qu’un patron nous dise qu’il n’y a plus de travail. Du boulot ou pas, c’est une question de choix du grand capital en fonction de la rentabilité. Ce n’est pas notre problème. Nous exigeons, dans tous les cas, d’être payés. Plus question d’allocations chômage impayées. Plus question d’électricité coupée, de téléphone coupé, de crédits coupés, de compte fermé, d’emplois supprimés. Quand un capitaliste, un banquier, une assurance sont en difficulté, la société trouve des milliards pour le sauver. Imposons qu’il en soit de même quand il s’agit des travailleurs.

Il faut aussi en finir avec la logique des directions des centrales syndicales qui quémandent des petits accommodements, signent des contre-réformes, divisent les luttes, les lâchent en cours de route et organisent des journées d’action sans lendemain.

Il faut unir les travailleurs précaires, les chômeurs et ceux qui ont un emploi, les travailleurs du public et du privé, les travailleurs de l’Automobile et ceux de l’Audiovisuel, ceux de la Recherche et ceux de la Construction, ceux de l’Enseignement et ceux des grands magasins. C’est à nous de défendre notre avenir. Personne ne le fera à notre place ! Il ne s’agit pas de défendre chacun notre entreprise mais de défendre collectivement le sort de la classe ouvrière.

Les travailleurs, s’ils ne veulent pas subir de plein fouet le chômage, la misère, et aussi les dictatures et les guerres, conséquences inévitables de la crise, comme le fascisme et la guerre mondiale ont été des conséquences de la crise de 1929, doivent diriger eux-mêmes leurs luttes aujourd’hui et devront diriger demain la société.

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