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Quoi de neuf à Disneyland Resort Paris ?

mardi 3 janvier 2012, par Robert Paris

Quoi de neuf à Disneyland Resort Paris ?

Suicides de salariés à Disneyland, ce monde merveilleux...

La terreur de la tour Disney

Quinze jours après son accident à Disneyland Paris, Bautista Riera, le petit argentin de 13 ans est toujours interné à l’hôpital Necker. Souffrant d’une importante contusion médullaire et osseuse son arrivée, il a été placé sous assistance respiratoire. Il a eu quelques problèmes : une pneumonie et il a subi une trachéotomie”, a déclaré Mme Ferreira à Radio Continental. “L’affection pulmonaire va mieux. L’impact (subi au cours d’une des attractions) a eu pour conséquence une immobilité des jambes et bras et a perturbé sa respiration”, a-t-elle ajouté depuis Paris. Le 23 novembre, Bautista et ses parents font trois attractions dans le parc, dont la Tour de la Terreur. Ouverte en 2007, cette attraction offre en une chute libre dans un ascenseur. A sa sortie de la Tour, l’enfant se dit "ravi" selon son père et monte à bord d’un autre manège. C’est alors qu’il se sent mal. Son père se rapproche alors d’un agent du parc qui le renvoie alors vers le centre de soin le plus proche. Sur place, le médecin constate des symptômes neurologiques et conseille aux parents, compte tenu du jeune âge de l’enfant, de faire appeler une ambulance pour l’hôpital.

Si on ne peut pas dire que l’on sait ce qui s’est passé exactement, on peut dire que Disney a des soutiens indéfectibles : Préfet de Seine-Saint-Denis : "si la préfecture n’a eu aucune notification d’incident, vous devriez faire attention avant d’écrire quelque chose"….

On se souvient qu’en octobre 2011, le train de la mine avait causé un grave accident sur lequel la lumière n’a pas été faite clairement. Deux wagons du train de la mine avaient déraillé alors qu’une trentaine de personnes étaient à bord.

Quelques questions

Mais est-ce vraiment la vérité que la sécurité des installations est assurée ? Rien n’est moins sûr....

Tout d’abord est-il normal qu’une simple attraction doive être vérifiée par des inspecteurs de l’Etat alors que Disney a le droit de nommer ses propres inspecteurs en interne ?

Est-il normal que les moyens mis pour l’entretien et les contrôles soit sans cesse en diminution ?

Est-il normal que tous les accidents soient étouffés ?

Est-il normal que des pressions soient exercées sur les salariés pour qu’aucun problème ne filtre à l’extérieur, sous peine de licenciement ?

Est-il normal que Disney s’autorise à fixer elle-même les normes de sécurité à respecter et les change quand cela lui chante ?

Est-il normal qu’il n’y ait aucun contrôle de l’Etat alors que ce dernier offre des sommes colossales et des grands moyens (en particulier en termes de transports notamment via les autoroutes, la SNCF, de construction avec aides étatiques, de terrains, aide à la formation, aide à l’embauche, impôts, etc...) à cette entreprise qui est le plus grand trust de la région parisienne ?

Le coût pour l’État

Il s’est élevé à :

* un milliard de FRF pour la prise en charge des infrastructures périphériques jugées nécessaires par Disney ; * un milliard de FRF pour la gare du RER. Si la fréquentation ne répond pas aux prévisions, Disney s’engage uniquement à verser une indemnité destinée à financer la promotion du parc ; * un milliard de FRF de subvention indirecte sous forme de baisse sur le taux du prêt consenti par la Caisse des dépôts et consignations.

Et cela n’a été que le coût de lancement....

Cependant, ces subventions à l’implantation ont été amorties en quelques années seulement grâce aux rentrées de TVA que le parc d’attraction a générées, notamment du fait de visiteurs étrangers.

La remise en cause du droit public

Un statut juridique particulier a été accordé au parc : la convention liant la France à Disney prévoit que, en cas de litige entre les parties, les tribunaux administratifs ne seront pas compétents. Les Américains estimaient que le Conseil d’État étant une structure étatique, il ne pourrait pas être indépendant et serait à la fois juge et partie. Il a donc été convenu que, dans ce cas, une procédure d’arbitrage international serait mise en place, comme si la France et Euro Disney étaient des entités de même rang. Il a donc fallu voter un texte particulier en ce sens.

Est-il exact qu’il y ait très peu d’accidents à Disney ou est-ce que la plupart sont effacés ou oubliés ?

Dans l’accident de 2003 sur le fameux "train de la mine", la faute est due à un mauvais entretien de l’attraction, consécutive à la politique de réduction des coûts lancée par Paul Pressler. Ce dernier ayant quitté la société avant l’accident, il ne fût pas directement mis en cause ni mis en examen par la justice. L’attraction fût fermée pendant huit mois ainsi que celle située au Japon, pour vérification.

Et la liste est longue…

Le 5 septembre 2003, un jeune homme a été tué dans la version de Disneyland de l’attraction. Suite au montage incorrect d’une roue de guidage de la locomotive (qui n’est qu’un élément décoratif), une réaction en chaîne conduisit au découplage de celle-ci du reste du train. Le premier wagon passa ainsi sous l’arrière de la locomotive et Marcello Torres, 22 ans, assis au premier rang du côté droit, fut tué sur le coup. Il y eut également une dizaine de blessés.

L’accident était dû à un mauvais entretien de l’attraction, consécutif à la politique de réduction des coûts lancée par Paul Pressler. Ce dernier ayant quitté la société avant l’accident, il ne fut pas directement mis en cause ni mis en examen par la justice.

L’attraction fut fermée pendant huit mois ainsi que celle située au Japon, pour vérification.

Le 3 avril 2004, moins d’une semaine après la réouverture, pendant une manœuvre de ré-initialisation de l’attraction suite à un arrêt d’urgence, une erreur humaine provoqua la collision de deux trains alors entièrement vides.

Le 8 juillet 2004, trois mois après, toujours suite à une erreur humaine, le même type d’accident survint entre deux trains, dont l’un était à l’arrêt, prêt à partir, et un autre finissait l’attraction. Aucune victime ne fut à déplorer, en dehors que quelques commotions légères. Mais le nouveau président des parcs Disney dut revenir à la politique d’entretien précédant celle instaurée par Paul Pressler et qui datait de Walt Disney.

Le 25 avril 2011, un accident est survenu a Disneyland Paris (au niveau du lift C). Un morceau de fibre de verre et de bois est tombé en milieu d’après-midi sur un wagon, touchant un homme de 38 ans, et blessant quatre autres personnes. L’attraction est rouverte le samedi 21 mai 2011, un mois après l’accident. Cependant, certains effets de l’attraction sont retirés provisoirement.

Le 27 octobre 2011, un nouvel incident survient à Disneyland Paris, deux wagons en tête d’un train ont déraillé à faible vitesse faisant deux blessés légers. L’attraction est rouverte le lundi 31 octobre 2011.


« On a évité la catastrophe »
(Président de la république)
On va droit à la Kata-strophe (ce que pensent beaucoup de salariés de Disney)

A force d’économie, de restructuration, de pression sur les salariés, de sous effectifs, de vétusté du matériel, et de remplacement de pièces à la va vite. A force de supprimer des compétences techniques, de réduire les équipes ou de ne former personne correctement par manque d’encadrement. A force de faire l’inverse de ce qu’il faudrait, on se posait toujours la question : « mais que cherche-t-il ? Les accidents ? »

Eh bien, ce n’est que le début, car rien n’est fait pour enrayer ce cercle de la dégradation de tous les secteurs de Disney, dont la maintenance !

La direction cherche-t-elle le clash ?

De l’extérieur, on peut penser que la direction investit de gros moyens pour entretenir les parcs et construire de nouvelles attractions. Disney est une grosse machine, fait beaucoup d’argent, rempli ses hôtels, magasins et parcs tout en satisfaisant pleinement ses actionnaires petits et grands... pour l’instant. Mais ce constat ne tient pas longtemps quand on y regarde de près. Une attraction comme Crush Coaster n’est pas conçue pour tourner aux cadences d’un parc d’attraction comme Disney ; résultat, depuis le début, des pannes en série et beaucoup de casse. Pour les autres, les matériaux fatiguent et la maintenance préventive se transforme en intervention au coup-par-coup, faute de personnel ou de maintenance structurelle importante jamais réalisée. Et puis il y a les restructurations internes qui ont dégoutté les personnels ou simplement forcé à la démission des professionnels compétents, quand ils n’ont pas été simplement remercié d’office !

Alors tout ça pourquoi ? Le parc Eurodisney ne serait plus assez rentable ? Car rentable il l’est mais pour les financiers on connaît la musique. Ils en veulent toujours plus et surtout en ce moment, la spéculation se fait sur la chute des entreprises.

Question à cent balles

Quelle est l’entreprise où 13.000 salariés sur un même site sont payés au lance-pierre, font des deux heures de route pour aller au travail, sont maltraités par des managers qui se prennent pour le bon dieu et n’ont aucune augmentation face à l’inflation galopante ? C’est Eurodisney !

Blabla de direction : quel talent !

Les réformistes, collaborationnistes, syndicalistes d’accompagnement de tous poils étaient satisfaits de « Talent d’équipe », un nouveau projet de contrat social initié par l’entreprise où l’implication, le respect de la parole donnée et des engagements pris ainsi que la responsabilisation des différents acteurs d’entreprise et blabla et blabla... Manque de chance, la Direction Générale a tout de suite montré en termes de salaire et de prime qu’elle était a seule à ne s’engager à.. rien !

Le palace « Le Ritz » a trouvé l’excuse pour licencier

Plus de 350 salariés ont appris la nouvelle par les médias et le patron lui a justifié la fermeture de l’hôtel parisien, par des travaux pendant 2 ans minimum ! PSA Citroën, lui, a carrément dit qu’il anticipait la chute de l’économie, et donc qu’il allait fermer des usines, des bureaux, etc. Pour commencer c’est 6500 suppressions de postes, le mot licenciement étant tabou dans l’automobile car le gouvernement leur a « prêté » des milliards. En réalité, les États subventionnent actuellement toute l’économie capitaliste et cela à fond perdu !

PEE : Perdre ses Économies en Épargnant

Ces derniers temps, la direction ne communique plus beaucoup sur le PEE, bizarre ? Eurodisney avait fait confiance à la BNP pour placer nos économies... BNP : vous savez ? cette banque qui a plongé la Grèce, et d’autres pays dans un abîme de dettes. Aux USA, les travailleurs ont perdu leur salaire, leur retraite, leur assurance-santé, leur emploi, grâce à ce système de placement dans la finance. En France c’est le même système et les mêmes effets ne sont qu’une question de temps.

Mêmes méthodes, mêmes combats !

A Eurest, les salariés entendent la même musique tous les ans : des promesses aux entretiens individuels et des effets d’annonce pour des augmentations (ou autre chose) qui payent à peine l’augmentation du carburant. En fait, ces pratiques des ressources « humaines » sont, comme à Disney, un moyen de faire accepter individuellement les bas salaires. Nous sommes, intérimaires, sous traitants, ou Disney, tous sur le même bateau et si on veut vraiment que nos patrons arrêtent leur cinéma, il va falloir unir nos forces, nos assemblées, et nos revendications.

La pommade, ça ne coûte pas cher.

Les femmes sont la préoccupation de la direction, selon un Backtage du mois de septembre. Pourquoi avoir besoin de le dire ? Faire parler des chiffres, c’est facile, et ça coûte moins cher que payer un salaire équivalent quel que soit le sexe : à travail égal, salaire égal : c’est pourtant simple !

Trahison ou cinéma ?

A quoi ça sert de dénoncer le non versement d’une prime d’intéressement, alors que les syndicats n’ont rien fait (à part une pétition sans plus) pour empêcher la suppression de celle de fin d’année ? Pour « augmenter notre pouvoir d’achat », il faut d’abord commencer par ne pas le baisser. La direction se moque de nous en nous disant qu’elle se préoccupe de notre pouvoir d’achat, alors qu’elle nous supprime 100 euros brut. Le voleur qui se fait passer pour le curé, c’est censé nous faire rire ?

Parlons en du pouvoir d’achat !

La direction fait croire que la solution consiste à augmenter de 30 ou 40 euros net nos salaires de base, c’est à dire qu’elle choisit de privilégier les salaires et pas les « compléments » comme les primes : on croit rêver !!

Ce ne sont pas les salariés qui ont réclamé d’être payé avec des primes, ni de faire des nuits, des travaux salissants, etc...

Nous venons chercher un salaire et les conditions de travail, c’est le patron qui les impose.

Aujourd’hui 30 ou 40 euros ne sont pas une fleur ! Tout augmente, et 30 euros cela correspond à la hausse des prix de l’essence, et donc le reste c’est pour notre pomme. Les factures ne se contentent pas de beaux discours, alors Disney doit payer et arrêter de nous escroquer.

Ce que Disney a à cacher…

Grande nervosité à l’état-major d’Euro Disney Associés, exploitant le parc Disneyland Paris. La direction invite de manière pressante les salariés du parc à ne plus parler aux journalistes. Dans un courrier interne du 24 novembre dernier (reproduit en intégralité ci-dessous), Karine Raynaud, présidente du Comité d’Entreprise et en charge des relations sociales chez Disneyland Paris, s’insurge contre la publication de l’audit confidentiel décrivant les conditions de travail chez Disney – révélé sur OWNI le 22 novembre. Et menace les salariés vaguement sensibles à la liberté d’expression qui confieraient à la presse quelques secrets sur les coulisses de Disneyland Paris.

Deux délégués syndicaux de Force ouvrière (FO) à Disneyland Paris ont été mis en examen le 19 avril et le 2 mai pour diffamation à l’encontre de la direction du parc d’attraction, dans l’affaire de suicides de salariés en 2010.

Ces mises en examen font suite à trois plaintes de Disneyland Paris en tant que personne morale ainsi que deux responsables, a confirmé une source proche de l’enquête, relevant que "la justice a eu à se prononcer sur les suicides à deux reprises et (...) elle avait conclu très clairement qu’il n’y avait pas de lien entre les suicides et l’entreprise".

Contactée par l’AFP, la direction de Disneyland Paris n’a pas souhaité "commenter une enquête en cours".

Dans un communiqué, FO "se réjouit d’ores et déjà d’une telle situation car enfin il pourra s’exprimer publiquement et librement devant la justice et devant tout le monde". Le syndicat, qui reconnaît avoir "écrit et publié les textes sur la vague de suicides à Eurodisney en 2010(...), promet de faire" éclater la vérité au grand jour".

Deux salariés du parc d’attraction s’étaient donné la mort en 2010 et un troisième avait tenté de se suicider après l’annonce de son licenciement. Des syndicats avaient dénoncé "la souffrance au travail", tandis que la direction avait fustigé "une instrumentalisation du drame".

Disneyland avait ensuite promis le "renforcement du dispositif de vigilance et d’action en faveur du bien-être des salariés sur leur lieu de travail". Bla,bla...

Disneyland Paris, loin d’être le pays des merveilles pour ses salariés

Loin d’être anecdotique, l’histoire de Gérard Ravenet révèle un monde du travail, cruel, négligé et sans scrupule. Cet ancien cascadeur, qui a travaillé près de cinq ans pour le pays de Mickey, en veut à la firme et lui reproche nombre de choses : harcèlement moral et sexuel, licenciement abusif, conditions de sécurité proches de zéro.

Deux tribunaux ont déjà reconnu que cet ex-salarié Disney avait été victime d’humiliation sexuelle. Mais, Gérard Ravenet se bat toujours pour qu’on lui reconnaisse son licenciement abusif et son handicap. Retour sur le parcours de ce salarié, mis en sursis par Disneyland Paris.

Depuis 2002, Gérard était chef d’équipe des cascadeurs de Disney. Son job ? Organiser et encadrer les grands shows pour que les 12 000 spectateurs quotidiens repartent des étoiles plein les yeux. Mais derrière ce joli décor, les choses vont très vite se fissurer.

La justice reconnaît le harcèlement moral et sexuel

En 2006, Gérard Ravenet dénonce le comportement de sa supérieure et se plaint d’harcèlement moral et sexuel. Selon le cascadeur (et comme l’indiquent les attestations judiciaires de certains de ses collègues- voir ci-contre), sa manager l’aurait d’abord invité un week-end complet en dehors de ses heures de travail, au Parc du Puy-du-Fou, pour s’inspirer de la concurrence. Malgré ses refus récurrents, la supérieure aurait insisté régulièrement pour inviter Gérard à « boire un verre chez elle », ou pour « passer Noël ». Il ne prête pas véritablement attention à ce comportement, jusqu’à ce que, comme le raconte l’ex-employé de Disney, les choses dérapent en août 2006 :

« Ce jour là, je suis arrivé sur mon lieu de travail en découvrant près de 80 photos de moi torse nu, dispersées un peu partout. C’était une photo que quelqu’un était allé chercher sur un blog de moto car je suis passionné par ce sport. J’ai cru au début à une mauvaise blague, alors je n’ai rien fait. Puis les jours ont passé, les photos sont devenues de plus en plus nombreuses à circuler dans le service et portaient des inscriptions dégradantes : des propos homophobes et des insultes y étaient inscrits, des seringues dessinées au niveau de mes bras, etc.

J’ai su que ma manager était derrière tout ça, ou tout du moins qu’elle était complice, lorsque je suis rentré dans son bureau et que j’ai vu affichée au dessus, une photo de moi avec un sexe dessiné sur ma tête. J’ai sollicité plusieurs responsables des ressources humaines qui m’ont dit que c’était à moi de retirer les photos. Une personne de ma hiérarchie l’a finalement fait et j’ai porté plainte peu de temps après. »

Ses accusations seront d’ailleurs confirmées deux fois par la justice (voir ci-contre) :

« Le harcèlement sexuel et moral sont établis en l’absence de réaction de la responsable hiérarchique, qui aurait dû ne pas participer aux faits et faire procéder plus rapidement au retrait desdites photos portant des annotations de mauvais goût et blessantes pour l’intéressé et en rechercher les auteurs… »

Contactée, la direction de la communication de Disney déclare ne pas vouloir commenter une affaire qui est en cours de jugement. Un des responsables de la communication tient tout de même à soulever certains points :

« Je tiens à rappeler qu’une plainte pénale a été déposée par Gérard Ravenet à l’encontre de sa supérieure et qu’elle a été classée sans suite le 12 juillet 2007. Cela signifie donc que Disney a été condamnée en tant que personne morale pour harcèlement, mais qu’aucun élément ne permettait de condamner la supérieure hiérarchique de monsieur Ravenet. »

Et si la Cour de Cassation confirmait les jugements précédents, la supérieure en question resterait-elle dans l’entreprise ? Le responsable de la communication reste très prudent et assure que la question se posera en temps voulu :

« Dans le passé l’entreprise a eu coeur de prendre les meilleurs décisions, la question se posera lorsque la Cour aura tranché. »

Du harcèlement au licenciement

En décembre 2006, Gérard reçoit une lettre de licenciement pour cause réelle et sérieuse signée de la main de sa supérieure avec qui il a refusé de « passer Noël ».

Elle l’accuse d’avoir eu « le 20 novembre 2006 un comportement inadmissible et fautif puisque, à la suite du refus de deux membres de son équipe d’échanger un jour de repos avec lui, il les a insultés, il a dénigré son emploi, puis de rage, il est parti en donnant un coup de poing dans le bureau (…) ».

Gérard récuse en parti les faits et sera d’ailleurs soutenu encore une fois par la justice qui a établi que la partie adverse a fourni des témoignages inexacts :

« Il est reproché à Monsieur T… (Témoin pour Disney) d’avoir attesté faussement d’avoir entendu Monsieur Ravenet ouvrir, refermer et donner un coup de poing dans son casier, puis d’avoir donné un coup de pied dans la porte en partant… »

Un employé avouera même plus tard avoir menti lors de son témoignage après avoir reçu des pressions de l’employeur Disney et expliquera les raisons de son mensonge :

« Atteste en qualité de cascadeur avoir rédigé une attestation (…) au Chef d’équipe : à Moteurs action Disneyland contre Monsieur Gérard Ravenet .(…) Je me suis vu dans l’obligation d’accepter étant donné que Monsieur X est mon supérieur hiérarchique et que je ne voulais pas de problèmes à mon travail. »

Gérard est catégorique :

« J’ai la certitude que ma supérieure a voulu me faire payer tous mes refus. »

Disney et le salarié, c’est « la baleine face au petit poisson »

L’ex-salarié, en procédure contre Disney depuis 2006 est exaspéré de la lenteur et des retours en arrière de la justice. L’entreprise a selon Gérard Ravenet, essayé d’éviter un procès, mais il déclare avoir refusé l’argent que lui proposait la firme :

« Disney, lors de la période de conciliation devant les Prud’hommes et avant que je poursuive le procès, m’a proposé 15 000 euros pour que je ne les attaque pas. J’ai refusé qu’ils m’achètent en leur disant qu’il manquait un zéro. »

Confus, le responsable de la communication assure que cet accord n’a jamais été proposé :

« Cela aurait pu être fait en amont, mais après m’être renseigné avec l’équipe juridique, je vous assure que c’est faux, et cela aurait de toute façon été couché par écrit. »

En première instance de 2008, le Conseil des Prud’hommes de Meaux avait en effet, condamné la société Eurodisney à payer plus de 100 000 eurosd’amende à Monsieur Ravenet :

57 900 euros à titre d’indemnités pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.
50 000 euros à titre de dommages et intérêts pour préjudice moral lié au harcèlement moral et sexuel

Sauf que le 15 juin 2010, la cour d’appel de Paris décide d’infirmer partiellement le premier jugement et déclare que le licenciement n’est pas abusif. Elle diminue également la condamnation de Disney qui est condamné à payer 15 000 euros en tout et pour tout contre le préjudice moral et sexuel de Gérard.

Il s’est tout de même pourvu en cassation pour que la justice reconsidère son licenciement :

« Il est invraisemblable que l’on reconnaisse le harcèlement moral et sexuel mais que l’on estime que mon licenciement n’est pas abusif. »

Pour l’ancien cascadeur, on est exactement dans la stratégie de Disney, avec deux personnages, « la baleine face au petit poisson » :

« C’est ce que cherche Disney et d’ailleurs pas qu’avec moi mais avec beaucoup d’autres salariés qu’ils licencient sans raison. Ils cherchent l’épuisement moral, physique et financier. Aujourd’hui je me bats pour ne pas perdre le combat, j’emprunte pour pouvoir payer les frais de justice, et je passe mes journées chez le médecin, chez des experts, j’ai rendez-vous avec des syndicats… pour qu’un jour je puisse faire valoir mes droits.

Le problème c’est que la plupart des employés qui se font licencier ne s’obstinent pas et passent vite à autre chose. Ils savent qu’ils n’ont pas les moyens financiers et que le temps passé contre Disney, c’est du temps perdu pour trouver un autre emploi. »

Des conditions de sécurité « inadaptées »

La gestion contestable du personnel n’est pas le seul reproche de Gérard à l’encontre de Disney.

Les cascadeurs sont exposés à des dangers lors de chaque show : courses de voiture, explosions, hommes qui prennent feu, représentent à chaque fois une prise de risque pour les employés. Sauf que selon certains éléments, il apparaît clairement que Disney n’était parfois pas très attentif à la sécurité de ses salariés.

Le 21 septembre 2006, Gérard Ravenet encadre le spectacle de la torche humaine : un homme en combinaison est entièrement enflammé pendant quelques secondes jusqu’à ce que Gérard et son équipe le couche au sol pour l’éteindre. Mais ce jour là, rien ne se passe comme prévu. Un retour de flamme brûle les lunettes de soleil de Gérard qui depuis a sa cornée altérée.

Le bilan médical est sans appel pour l’ancien salarié :

« Il y a altération définitive du film lacrymal due à l’exposition de chaleur. »

Depuis, Gérard Ravenet ne peut pas s’exposer au soleil, doit protéger ses yeux du vent et doit appliquer un gel chaque jour pour éviter que son état empire.

L’absence de protection auditive lors des spectacles a aussi provoqué de sérieux dégâts puisque Gérard Ravenet a perdu 50 décibels depuis son entrée chez Disney, qu’il doit corriger par le port d’un appareil. Il souffre également d’un traumatisme du genou avec atteinte ligamentaire et d’une sciatique avec hernie discale.

Il considère que tout cela aurait pu être évité si son employeur avait respecté les règles élémentaires de sécurité :

« Nous n’avions pas de lunette de protection malgré notre contact quotidien avec les flammes. Les lunettes que je portais étaient des lunettes personnelles. De plus, nous n’avions pas de casque qui protégeait nos deux oreilles, et nos combinaisons n’étaient pas adaptées aux chocs que l’on subissait. Je ne parle même pas de la pollution qui se dégageait à chaque show et qui m’oblige aujourd’hui à devoir faire des examens pulmonaires. »

D’ailleurs, un rapport médical n’exclue pas le lien entre ses problèmes pulmonaires et "l’exposition répétée à respirer des particules pneumatiques et des fumées nocives pour les bronches".

Comme nous pouvons le constater sur la photo ci-contre, les encadrants cascadeurs ne portaient pas de lunettes de protection.

Gérard espère que son handicap sera reconnu par le tribunal de la sécurité sociale qui doit se prononcer au mois de septembre.

Le responsable de communication met aussi en doute les accusations de l’ancien cascadeur et estime en off, que Disney n’est pas responsable des lésions irréversibles qu’a subit M. Ravenet :

« Monsieur Ravenet a saisit le tribunal de sécurité sociale en février 2010 pour que celui-ci statue sur le lien entre son accident de travail et notre entreprise. Mais pourquoi l’avoir saisit aussi tard pour des faits qui se sont déroulés en 2006 ? »

Et va même jusqu’à mettre en cause monsieur Ravenet :

« Si vous regardez dans le rapport de l’accident du travail, vous verrez par vous même que s’il y a des éléments brûlés de Ravenet, ce sont des éléments que portaient cet employé. »

Le responsable tient à préciser qu’il niera avoir tenu ces propos. Pourtant, si des éléments de monsieur Ravenet ont bien été brûlés, (ses lunettes de soleil), c’est parce que comme le prétend l’ancien cascadeur : « nous n’avions aucune protection, je n’avais donc que des lunettes solaires pour me protéger. »

Enfin, Gérard Ravenet tient à expliquer pourquoi il a saisit le tribunal de sécurité sociale seulement en février 2010 pour des faits remontant à 2006 :

"Mon avocate a demandé devant les prud’homnes et la Cour d’appel, la somme de 100 000 euros pour préjudice médical. L’avocat de Disney a indiqué que ces tribunaux n’avaient pas les compétences requises pour juger ce type de procédure et qu’il fallait que je me retourne vers les instances concernées . Chose faite à ce jour."

L’histoire de ce cascadeur, illustratrice du fonctionnement général de Disney

Les faits dont se dit victime Gérard et qui ont été condamnés par la justice à deux reprises, n’étonnent aucune personne interrogée par Acturevue.

Le bilan social de l’année 2010 à Disney confirme en effet un nombre important d’accidents du travail avec un taux de fréquence de 70,65% (contre 62,97% en 2009) supérieur à celui du Bâtiment et Travaux Publics (50,2%).

Selon un des porte-parole du syndicat Force ouvrière de Disney, certains métiers sont particulièrement exposés (milieu du spectacle, restauration), sans que la direction n’y prête véritablement attention :

« En ce moment il y a un spectacle équestre, et nous savons qu’il y a beaucoup d’accidents. Dans la restauration il y a également énormément de troubles musculaires, mais rien n’est engagé pour limiter ces risques. »

L’inspection du travail en charge du site Eurodisney, contactée à onze reprises par téléphone, n’a toujours pas souhaité répondre à nos questions.

David Perrotin

la suite

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