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Pourquoi la crise capitaliste n’apporte pas de l’eau au moulin des candidatures d’extrême gauche ?

lundi 23 janvier 2012, par Robert Paris

L’extrême gauche en campagne

NPA et LO ont échangé de look : l’intello de la petite bourgeoisie est la candidate LO et l’ouvrier est le candidat NPA. Le deuxième met en avant son anticapitalisme et la première son communisme. Tous les deux ont une espèce de liste de revendications, très radicales ou apparaissant comme telles, et aucun des deux n’explique comment et pourquoi les dernières luttes ont échoué et, du coup, comment et pourquoi de nouvelles pourraient gagner sur des revendications aussi radicales puisque la simple défense d’acquis comme les retraites, reconnues de tous, a échoué. Tous deux s’en prennent au capitalisme mais aucun des deux n’explique comment on passerait des luttes revendicatives aux luttes révolutionnaires. Chacun peste contre tous ceux qui veulent « faire payer la crise aux travailleurs », mais aucun n’explique ni la crise ni la politique de l’Etat et de la bourgeoisie mondiale. Tous les deux expliquent qu’un gouvernement de gauche n’y changera rien mais aucun n’explique ce que serait un pouvoir des travailleurs.

Les faibles sondages des deux candidats interrogent d’autant plus que ces deux groupes avaient eu précédemment des succès médiatiques non négligeables dans les milieux populaires dans la période précédente.

Le caractère des élections dans la démocratie bourgeoise consiste à ne pas favoriser l’expression des opinions et à faire croire que, par le vote, on transforme la politique de l’Etat. En situation de crise, cela paraît d’autant plus important de voter pour des candidats qui ont des chances de l’emporter.

A la fois, le vote pour Poutou et Arthaud apparaît inutile et il apparaît radical sans base. Aucun d’entre eux ne donne d’autre part des raisons de frapper sur les classes dirigeantes en votant pour eux. Ils expriment ouvertement un rejet des sacrifices en faveur des capitalistes mais sans toucher véritablement du fait d’un discours un peu vide des deux organisations.

Elles ne développent aucune perspective concrète à part le thème : il faudra lutter ! Mais appeler à lutter n’est pas vraiment le rôle de groupes ou partis révolutionnaires. Il conviendrait plutôt d’éclairer qui sont les adversaires, les faux amis et quelles sont les perspectives... Comment lutter pour gagner, c’est bien ce qu’aucune des deux ne veut dire pour ne pas se heurter aux appareils syndicaux. En conséquence, elles apparaissent toutes les deux comme l’aile gauche des centrales syndicales et ce n’est pas particulièrement porteur au moment où les travailleurs viennent d’être défaits en les suivant...

Les deux organisations se sont présentées aux élections pour ne pas déchoir, plus que parce qu’elles ont réellement quelque chose à dire au travers des présidentielles et cela se sent.

Elles ne voient pas comment se servir de cette tribune pour frapper l’adversaire tout en respectant le cours politique qui est le leur...

En fait, depuis des années, ces deux groupes se présentent aux élections pour des raisons purement internes : pour se construire ! Comme si on pouvait demander aux travailleurs qui sont inquiets face à la situation de se préoccuper d’abord de la situation des deux groupes !!!

Mais, direz-vous, ce n’est pas grave : les deux groupes développent des idées qui vont servir à l’avenir. Ils sèment pour la lutte contre le capitalisme... Pas du tout, justement !

Ils sèment des incompréhensions et des mensonges sur l’Etat, sur les appareils syndicaux, sur le réformisme et même sur le capitalisme...

Quels sont les enjeux de la crise actuelle ? Où nous mène-t-elle ? Motus !

Que signifie le grippage du système ? Motus !

Que faire demain face à l’Etat bourgeois ? Motus !

Quelle est la cause des dernières défaites ouvrières ? Motus !

Comment s’organiser pour bâtir une nouvelle société ? Motus !

Comment s’organiser dans les luttes ? Motus !

Sur toutes ces questions clefs, les deux groupes et leurs porte-paroles ne répondent rien.

Ce n’est pas un simple problème électoral : c’est un manque total de perspective politique des deux organisations qui se montre ainsi au grand public et cela ne fait pas avancer la cause des révolutionnaires !!!

Philippe Poutou, candidat du NPA

« Je veux être le porte-parole des luttes syndicales », déclare le nouveau visage du NPA.

Vous ne niez pas qu’il y a une crise. Que proposez-vous pour en sortir ?

Il faut donner les moyens à la population de consommer, pour relancer la machine économique. Augmenter les salaires à l’embauche, arrêter les suppressions d’emplois. L’argent nécessaire existe, mais il faut aller le chercher dans la poche des actionnaires, des banquiers et des grosses fortunes. Il y a 11 nouveaux milliardaires en France, de plus en plus de millionnaires et on voit même les ventes de Bentley augmenter. Et le CAC40 a fait 87 milliards de bénéfices, ce n’est pas la crise pour eux.

Le « modèle allemand » est souvent cité en exemple. Est-ce que vous vous référez, vous aussi, à des exemples à l’étranger ?

Nous n’avons pas de modèle, car c’est le même partout. Les tendances sont identiques dans tous les pays. Pour ce qui est de la dette, en revanche, je prendrai pour exemple le Venezuela, l’Argentine ou l’Islande. Ils ont fait le choix de ne plus payer les intérêts de la dette, voire d’annuler une partie de la dette. Ça ne les a pas mis dans des situations catastrophiques. Annuler la dette, c’est possible et c’est la base de tout : tant qu’il faudra la payer, il y aura une politique de rigueur.

Le NPA propose un renversement du système capitaliste. Faites-vous néanmoins des propositions qui pourraient s’appliquer avant ce changement radical ?

Oui bien sûr, nous mettons en avant des mesures d’urgence, qui sont en quelque sorte réformistes. Il n’y a pas besoin de renverser le capitalisme pour améliorer le niveau de vie des gens. Il y a 30 ans, le capitalisme était moins inégalitaire qu’aujourd’hui. Il s’agit de faire le chemin inverse, en fait. Par exemple, en revenant à un impôt fortement progressif et à un impôt sur les sociétés à 50%.
Déjà répondre à la question "Si vous étiez élu à l’Elysée le 6 mai, quelles seraient vos principales priorités ?" en alignant une série de revendications sociales, je trouve ça délirant.

Un bouclier social avec 300 euros d’augmentation des revenus, le partage des emplois par la réduction du temps de travail sans perte de salaire, l’interdiction des licenciements et l’annulation de la dette.

Quel est votre point de vue sur les risques pris par votre parti de toucher à certains dogmes laïques ? La question du voile notamment, a énormément divisé l’organisation (lire nos articles). Autrement dit, selon vous, peut-on se réclamer de l’islam et de l’anticapitalisme ?

On n’est pas arrivé à régler cette question. Les événements ont fait qu’on n’a pas pu discuter suffisamment pour tomber d’accord. On a bien vu combien cette question est complexe. On n’est pas un parti athée, mais un parti laïque. Il y a la volonté de ne pas discriminer et de faire en sorte que chaque camarade puisse se défendre comme il est. Mais il y a aussi la crainte que si on laisse trop de place à la croyance, cela puisse déboucher sur quelque chose d’incontrôlable. Dans le cas de la camarade (Ilham Moussaïd, candidate aux régionales en 2010), porter le voile n’avait rien d’intégriste, elle affirme son féminisme et ceux qui militaient avec elle n’y voyaient pas d’inconvénient. Et à partir du moment où on lui dit qu’elle ne peut porter son voile et apparaître sur des affiches, c’est un peu l’Occident qui impose son point de vue.

Alors, comment on fait ? On se dit que le voile c’est l’oppression de la femme, mais on se rend compte que sur le terrain, c’est bien plus compliqué… On n’a pas trouvé la réponse. Moi je suis plutôt pour qu’on dise “Interdiction du voile” chez les militants. Mais on voit très bien que ce n’est pas satisfaisant, et qu’il y a des camarades sincères qui ne se sentent pas du tout dominés par l’intégrisme. C’est hyper compliqué…

Aujourd’hui, la situation au NPA est délicate. Une partie des militants ne font pas trop campagne…

Même pas du tout !

Beaucoup de militants sont partis, d’autres sont démobilisés… Comment faire campagne avec une organisation aussi fragilisée ?

On fait ce qu’on peut, avec les moyens qu’on a, et avec la volonté de recoller les morceaux. Mais on s’aperçoit que c’est difficile, que le temps passe vite, et que depuis six mois rien n’a évolué. Ça ne progresse pas.

Comment l’expliquez-vous ?

Je ne sais pas. On est un peu sortis du domaine politique. Nos engueulades sont parfois irrationnelles. Certains disent que je suis un sectaire, mais ceux-là ne me connaissent pas. Il y a des divergences profondes, au-delà des désaccords politiques et des choix d’orientation, où les rapports humains semblent durablement abîmés. Quelque chose s’est cassé, et on a l’impression que la discussion politique ne sert plus à rien. C’est un peu comme dans une famille, où il y aurait des brouilles pouvant durer des années, jusqu’au jour où frères et sœurs se diraient : « Mais comment en est-on arrivés là ? »

Vous pensez que la situation va s’améliorer ?

Je ne saurais dire si je suis optimiste ou pessimiste. Notre avenir s’inscrit dans une crise beaucoup plus large, celle du capitalisme, que les capitalistes vont vouloir nous faire payer très cher. Dans ce contexte d’urgence, nos divergences devraient compter peu. C’est à tout le monde de faire des gestes pour que la rupture humaine actuelle n’aille pas au bout de la logique d’une rupture politique. On peut encore espérer un sursaut collectif. Mais si on va au bout de la rupture, quelque chose se reconstruira peut-être… Cela serait tout de même problématique de perdre du temps à cela.

Cela dit, les autres organisations politiques ne sont pas vraiment fringantes aujourd’hui. Avec les militants du PCF ou du Parti de gauche, il faudra bien qu’il y ait des retrouvailles aussi.

Qu’est-ce qui les empêche aujourd’hui ?

Comment dire… Je fais une différence entre Mélenchon et les militants du PCF et du PG qu’on voit dans les manifs

Le problème, c’est Mélenchon ?

Ce n’est pas un problème, mais je fais une différence. S’il a des idées sympas aujourd’hui, il y a aussi des divergences profondes avec Mélenchon. C’est un politicien élu depuis des années, capable de beaucoup de revirements et qui pense beaucoup à lui. Je ne retrouve pas avec lui l’idée d’un combat collectif.

Autant, dans mon syndicat, on est des militants de diverses formations, mais on gagne à peu près tous la même chose et on sait qui on est. Avec Mélenchon, il y a une délimitation sociale compliquée. Et puis, alors qu’on nous fait passer pour des sectaires, s’il n’y a jamais pu avoir de discussions, c’est bien à cause de lui ! Il voulait être candidat, et c’était de toute façon le préalable à tout, point barre ! Il a déclaré sa candidature en janvier dernier, puis nous a dit : « Que vous veniez ou pas, ce sera pareil, ce sera moi ! »

Et avec LO ? Qu’est-ce qui vous différencie de la candidature de Nathalie Arthaud ?

Ça peut friser l’absurde, vu de l’extérieur. Sur le fond, on dit la même chose, mais il y a une histoire dont on est tous le produit, et dont on ne parvient pas toujours à surmonter les passifs. C’est l’histoire de la division du mouvement ouvrier. Ça vaut également pour le PCF. On défile ensemble dans la rue, mais on est parfois un peu cons… Franchement, on pourrait très bien avoir un cadre collectif malgré nos orientations différentes.

N’est-ce pas ce qu’ambitionne d’être le Front de gauche ?
Quel serait votre modèle de gouvernement si vous accédiez au pouvoir ?

La question est difficile. Ce qui est sûr, c’est qu’un président ne doit pas exister. Pas seulement un président de la République, mais l’idée même d’un homme qui aurait des pouvoirs que lui seul pourrait exercer. Cela vaut aussi pour un président de région ou un maire. Ça, c’est la monarchie, pas la démocratie.

Le modèle idéal, ce serait les soviets. Pas seulement ceux de la révolution russe, mais aussi ceux de la guerre d’Espagne ou de la révolution iranienne de 1979. Là où l’on se réunit et où l’on décide par soi-même comment on fait pour agir. Le gouvernement n’aurait là qu’un rôle de coordination et de centralisation, mais pas de réels pouvoirs de décision. Une démocratie directe, qui se structurerait par en bas. Un peu sur le modèle de la démocratie participative de Porto Alegre au Brésil.

Nous sommes fin décembre, où en êtes-vous des parrainages pour pouvoir vous présenter (lire notre reportage) ? Êtes-vous inquiet ?

On est autour de 310. On avance lentement. C’est vrai qu’on flippe, car les délais se réduisent. On a jusqu’à début mars, et il va falloir que les forces ne se relâchent pas. Ce qui est embêtant, c’est toute l’énergie dépensée là-dedans, alors que toutes les forces militantes pourraient faire campagne. L’obligation des 500 parrainages est vraiment une loi antidémocratique. Mais ce qui est positif, c’est qu’on rencontre beaucoup de maires qui sont des salariés, de petits viticulteurs ou agriculteurs avec qui ça se passe très bien.

On a beaucoup parlé de mépris social lors de vos passages médiatiques. Mais vous-même avez tenu à nuancer ce mépris…

Chez Laurent Ruquier ou devant Pascale Clark, il y a bien sûr eu de la condescendance à mon encontre. Beaucoup, dans les médias, me regardent en se disant « Il n’a rien à faire là », mais je pense qu’il faut relativiser tout ça. Car ce n’est pas ce mépris social-là qui est le plus violent. Faut pas déconner, sur un plateau télé, on est bien assis, on nous donne de l’eau, il fait chaud… Je ne risque rien. Au pire, d’avoir manqué de repartie, ou d’être frustré de me voir couper la parole sans arrêt.

Mais ça n’a rien à voir avec la violence qu’on peut rencontrer tous les jours au boulot, l’intimidation ou la souffrance au travail due au comportement de certains patrons. Ça n’a rien à voir avec les discussions autour de la conservation du triple A, qui représentent en fait des milliers d’emplois supprimés ou précarisés, des suicides, des divorces. La réalité du mépris social, elle est là.
Vous avez aussi été exclu de LO, avant de rejoindre la LCR, puis le NPA…

Cela a été un petit choc pour moi. On est entre potes et d’un coup tout s’effondre. A Bordeaux, on avait créé un journal dont on était très fier. Arlette (Laguiller) avait appelé à l’élargissement du parti, mais au bout de trois mois tout était oublié. Et LO n’était visiblement pas capable d’organiser des discussions en interne, ni d’accepter des remises en cause. La seule chose qui a été menée au bout, ce fut la discipline. Ce n’est pas une légende… Le côté plaisant, c’est qu’après avoir été viré de LO, en 1997, on trouve tout de suite la vie plus sympa et chaleureuse. L’arrivée de Besancenot comme porte-parole du NPA aidait aussi à donner la pêche.

La France pourrait perdre son triple A, Sarkozy et Merkel proposent un cadre européen ultra-rigoureux, et on en est déjà à deux plans de rigueur en France, en attendant le troisième. Dans ce contexte, comment expliquez-vous la faiblesse de la réaction du mouvement social ?

Pour réagir et pour lutter, il faut avoir la forme et les outils pour le faire. Or il n’y a pas le moral, car la crise financière et sociale pèse sur tout le monde. Licenciements, précarité, dégradation des services publics… On ne se remet pas comme ça d’années de coups pris dans la gueule. Et puis, du point de vue des organisations syndicales ou politiques, ce n’est pas grandiose non plus. Le NPA est en crise, mais à côté personne n’est capable d’organiser le combat et d’unifier le mouvement. Il y a des batailles locales, contre la fermeture d’un hôpital ou un plan de licenciements, mais il manque une convergence au niveau national. Aujourd’hui, les directions syndicales ne déclarent pas la guerre au capitalisme et au patronat. Il y a une forme de résignation, laissant monter la colère impuissante de la base.

En face, la propagande fonctionne à plein pour maintenir les cerveaux sous l’étouffoir. Depuis cet été, ils ont mis les moyens pour nous faire accepter l’idée selon laquelle il n’y aurait pas d’alternative à l’austérité. Le cinéma autour des agences de notation, dont on n’avait jamais entendu parler auparavant, est symptomatique. Comme il n’y a pas de voix assez forte pour contredire ce discours, nous ne sommes ni audibles ni crédibles.

Rarement dans l’histoire, une campagne présidentielle n’aura été autant marquée par la crise.Une crise qui frappe de plein fouet la vie de millions de gens. Emploi, salaires, sécurité sociale, services publics, l’attaque est frontale, générale. La troïka - Union européenne, FMI, Banque centrale européenne - met sous tutelle les pays du Sud de l’Europe et menace les autres.

Partout, les politiques d’austérité sedéchaînent. Et, plus il y a d’austérité, plus la crise s’aggrave et plus les pays sont tirés vers la récession.C’est la politique que conduit Nicolas Sarkozy, depuis le début de la crise. Elle sera aggravée s’il reste au pouvoir. Les positions de l’UMP sur les 35 heures ou la fraude sociale donnent le ton.

Ils veulent liquider tous les acquis sociaux depuis 1945.Mais la politique proposée par François Hollande et les socialistes n’est pas la solution. Les timides prises de position qui ressemblaient à des positions de gauche- création de 60.000 postes d’enseignant, le droit à la retraite à 60 ans - sont déjà abandonnées. Hollande veut, paraît-il, donner "du sens à la rigueur."

Bloquer les plans d’austérité

Alors oui, il faut chasser Sarkozy, c’est le "minimum syndical", mais il faut, plus que jamais, une alternative à la politique du Parti socialiste.Austérité de droite ou austérité de gauche, je suis contre !

Il faut bloquer les plans d’austérité, changer de logique et de politique, casser la main mise de la finance sur l’économie, et satisfaire les besoins sociaux de la population.Il est urgent d’arrêter la catastrophe qui nous menace.Les travailleurs et les peuples ne doivent pas payer la crise, c’est aux capitalistes de la payer.

Pour arrêter la catastrophe qui nous menace, je propose de commencer par prendre quatre mesures d’urgence :

1.Un bouclier social contre la crise : augmentation des salaires et des minimas sociaux : 300 euros pour toutes et tous, le Smic à 1600 euros, interdiction des licenciements, relance des services publics par la création massive d’emplois dans l’éducation et la santé, retour à la retraite à 60 ans à taux plein.

2. Un financement de ces mesures qui fait payer les capitalistes : l’annulation de la dette et de ses intérêts, un moratoire sur la base d’un audit sous contrôle populaire, l’augmentation des impôts pour les plus riches, le rétablissement de l’impôt sur les bénéfices des entreprises à 50%, la suppression de toutes les niches fiscales des riches etdes exonérations de cotisations sociales qui s’élèvent à plus de 30 milliards sur les budgets sociaux.

3.Une expropriation des banques et leur nationalisation sous contrôle des travailleurs et des usagers, sans indemnités ni rachats de titres pour les gros actionnaires. Et, la création d’un service public bancaire qui devra à réorganiser l’investissement pour satisfaire les besoins sociaux de la population.

4.Sortir du nucléaire : démantèlement de la filière nucléaire, développement des énergies renouvelables, en particulier l’éolien, réorganisation écologique de l’énergie, des transports, et de l’habitat, tout cela est incompatible avec la rentabilité capitaliste. C’est un choix de société, il faut une planification sociale, démocratique, écologique.

Pour appliquer ce programme il ne faut pas hésiter à s’attaquer à la logique du système capitaliste et au pouvoir du patronat et des banquiers. C’est ce que nous proposons aux travailleurs et aux classes populaires.Ces quatre mesures sont les premières qu’appliquera un gouvernement des travailleurs pour servir les intérêts du plus grand nombre.Elles sont au centre de ma campagne mais c’est aussi un programme de lutte contre la crise capitaliste, un programme pour des millions d’indignés qui refusent aujourd’hui l’austérité, qu’elle soit de droite ou de gauche.

Philippe Poutou enchaîne et propose son « bouclier social ». « Interdiction des licenciements », SMIC à 1600 euros nets et retraite à 60 ans. Sans oublier l’« annulation de la dette illégitime » et l’« expropriation des banques, sans indemnité ». Et sur sa lancée de garantir « la sortie du nucléaire en 10 ans ». Autant de mesures « radicales », « anticapitalistes » qui n’ont « rien d’irréaliste », insiste celui qui plaide pour un « gouvernement des travailleurs »."

Nathalie Arthaud, candidate de Lutte Ouvrière

27 mai 2011, sur Radio sciences po, « Il faut un Etat minimal . »
22 décembre « Il fau imposer à l’Etat la création de nouveaux services publics. »

1er avril « L’Etat a choisi le camp des patrons. »

La crise est aussi passée par là…

Oui, mais pendant cette crise, les patrons du CAC 40 trouvent toujours autant à verser aux actionnaires. En 2011, ils prévoient de redistribuer à nouveau 37 milliards de dividendes aux actionnaires.
Récupérer les dividendes est votre solution pour lutter contre la crise ?
Oui, ce serait une mesure de bon sens. Prendre leurs dividendes ne les empêcherait pas de vivre.

Quelles sont vos autres mesures ?

Face à l’hémorragie de licenciements, de fermetures d’entreprises, de suppressions d’emplois, il faut mettre un garrot. L’interdiction des licenciements est notre premier objectif. Les salariés sont aujourd’hui une variable d’ajustement, alors que ce devrait être les profits. D’autre part, il faut augmenter les salaires et les indexer sur l’inflation.
Augmenter les salaires, embaucher massivement dans la fonction publique…

Ces mesures ne sont-elles pas un peu décalées en temps de crise ?

Le gouvernement a supprimé 200.000 emplois dans la fonction publique en cinq ans. L’Etat est le plus grand licencieur du pays et il trouve des milliards pour inonder les banques. Pour eux, il n’y a jamais de problème, les guichets sont toujours ouverts. Cet argent doit servir à reconstruire ce qui a été démoli.

Pensez-vous, comme la droite, que le programme de François Hollande est "vide" ?

Je ne pense pas comme la droite ! Mais du point de vue des travailleurs, François Hollande ne s’engage à rien. Sur les retraites, il a fait marche arrière. Par contre, il gère loyalement les affaires de la bourgeoisie en affirmant qu’il sera bon gestionnaire et qu’il remboursera la dette.

Vous attendez toujours le "grand soir" ?

Je pense qu’il y aura des grandes luttes sociales à venir et j’espère que les travailleurs pourront aller le plus loin possible.
Pourquoi se présenter à une élection présidentielle quand on est révolutionnaire ?

Il n’y a aucune raison qu’on se taise et qu’on regarde les trains passer. Nous voulons défendre notre programme haut et fort.
Cela a-t-il encore un sens d’être trotskiste en 2012 ?
Plus que jamais ! Si on peut se revendiquer aujourd’hui du communisme révolutionnaire, c’est parce qu’il y a eu Trotski. Faut-il se résigner aujourd’hui à cette économie capitaliste stupide ?

Si vous êtes au pouvoir, mettrez-vous en place la dictature du prolétariat ?

Oui, il faut que les travailleurs prennent le pouvoir. Au lieu de cette dictature des capitalistes, il faut la dictature des travailleurs et de toute la population. Ce serait la voix la plus démocratique.

Vous incarnez la "Lutte ouvrière". Pourtant, vous n’arrivez pas à capter l’électorat ouvrier. Comment l’expliquez-vous ?

Le premier parti des ouvriers, c’est l’abstention. C’est vrai que nous sommes minoritaires mais cela peut changer. Je dis aux travailleurs qu’il ne suffira pas de mettre un bulletin dans l’urne pour que les choses changent. Il faudra rendre les coups. Et pour beaucoup, cela ne semble pas facile, voire même utopique.

Voter Marine Le Pen est donc selon vous une solution de facilité ?

Evidemment. Elle surfe sur tous les préjugés racistes et nationalistes. Elle est exactement comme les autres. Avec elle ou un autre, la rapacité du patronat sera toujours là. Les classes populaires tentées par ce vote se trompent lourdement.

Et vis-à-vis des peuples d’outremer ?

En Outre-mer comme ici dans l’Hexagone, c’est aux travailleurs que je souhaite m’adresser. Les travailleurs de l’Outre-mer ont les mêmes problèmes que ceux d’ici, en pire. Les salaires sont plus bas, les prix sont ô combien plus élevés, et le chômage est un fléau encore plus répandu. Si je devais parler de spécificités de l’Outre-mer, ce sont des conditions de vie et une exploitation encore plus dures pour les travailleurs. Pour moi c’est le même programme et les mêmes mesures vitales qu’il faut appliquer.

La mesure qui prendra le plus d’importance sera la mesure d’indexation sur les prix des salaires, des pensions de retraites et des allocations en général, car beaucoup de gens doivent se contenter par exemple du RSA pour vivre, ou d’allocations adultes handicapés, etc. C’est un combat très important qui était déjà l’un des objectifs principaux des mouvements de grève menés en Guadeloupe, en Martinique et récemment à Mayotte.

Et auprès des salariés que vous avez rencontrés récemment ? Que vous disent-ils sur leurs attentes à quatre mois de la présidentielle ?

La présidentielle, ils s’en moquent, ils ont en tête de sauver leur peau. Quand je suis allée soutenir les salariés en grève d’Hebdoprint, près de Caen, j’ai entendu la rage, la colère, très clairement contre leurs patrons mais aussi contre le gouvernement. Ils se sentent livrés à leur sort.

Quel débouché politique leur proposez-vous ?

La seule mesure à prendre face au patronat rapace est l’interdiction des licenciements. Le gouvernement dit « A période exceptionnelle, mesures exceptionnelles » : en voilà une !

Je dis aux salariés qu’il faut une lutte comme en 1936 ou en 1968, qu’ils n’ont pas d’autre choix que de forcer le patronat à lâcher pour assurer les emplois et les salaires. Seule compte la force des travailleurs en lutte. Car aucun gouvernement de droite comme de gauche n’a jamais contraint les patrons à assumer leurs responsabilités.

Le contexte devrait porter votre discours. Comment expliquez-vous que ces mobilisations d’ampleur n’aient pas lieu et que l’extrême gauche ne progresse pas dans l’opinion ?

Cette perspective est plus difficile que de se raccrocher à quelqu’un qui promet monts et merveilles par la seule magie électorale. Elle implique de se sentir capable de se lancer dans une lutte déterminée. Ce n’est pas facile de se mettre en grève, de faire respecter ses droits. Le patronat a un pouvoir absolu, surtout dans cette période de chômage, mais ça peut changer. Répartition du travail, augmentation des salaires, contrôle des grands dirigeants de banques et d’entreprises : c’est un programme de luttes que je mets en avant, pas un programme électoral. Cela ne suffira pas de glisser un bulletin dans l’urne.

Vous étiez quatre candidats autour de la figure des « Conti ». Y a-t-il, en marge de la campagne, un front possible à gauche pour soutenir les mobilisations sociales ?

On peut pas parler de front, cela n’a pas de signification. Chacun a répondu présent, on était d’accord pour manifester mais on ne s’est pas associés. Quand on était dans les mêmes manifestations contre la réforme des retraites, en 2010, on ne se battait pas pour les mêmes objectifs ni pour la même politique. Il y avait alors des représentants du PS et regardez aujourd’hui ce que promet François Hollande sur la retraite à 60 ans.

Justement, le candidat PS, même s’il était représenté par la sénatrice de l’Oise Laurence Rossignol, était absent.

Il a été invité comme les autres mais a cru bon de ne pas répondre. Je ne suis pas plus étonnée que cela, les représentants du PS sont plus habitués aux salons du Sénat et de l’Assemblée nationale qu’au soutien des travailleurs. Mais ils y vont tout de même de temps en temps. Je laisse chacun juge.

En guise de sommet « social », c’est en fait le patronat, avec d’un côté sa porte-parole officielle, Parisot, et sonautre porte-parole, officieux celui-là, Sarkozy, qui a convoqué à l’Elysée les dirigeants des confédérations syndicales pour les informer de ses exigences. Il s’agit en fait de leur communiquer le contenu d’un nouveau plan de rigueur, avec le projet, déjà annoncé, d’une TVA « sociale », ce qui signifie une hausse généralisée des prix qui touchera de plein fouet les classes populaires. Cette hausse de la TVA pourrait être accompagnée d’une baisse des charges, c’est-à-dire de nouveaux cadeaux au patronat.

Le tout est justifié par un « coût du travail » qu’il faudrait réduire. Mais c’est le travail qui produit la richesse : les travailleurs ne « coûtent » pas, ils rapportent. Il y a en revanche un « coût » qui mériterait d’être diminué, celui des dividendes distribués aux actionnaires : 37 milliards d’euros pour les seules entreprises du CAC 40, au titre des profits de 2011.

Il n’y a rien, rien de rien, à attendre de bon pour les classes populaires de cette rencontre désormais rituelle,sinon de nouvelles mesures dirigées contre elles, comme à chacun des sommets précédents. Et je souhaite que le monde du travail y réponde avec toute la colère et la détermination que mérite cette mascarade.

Interview d’Alain Krivine

Atlantico : Les candidatures d’extrême gauche - Philippe Poutou (NPA) comme Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) - sont créditées de moins d’1% dans les sondages. Comment expliquer que ces campagnes aient du mal à décoller ?

Alain Krivine : Il y a d’abord la situation politique qui fait qu’il y a un décalage encore plus grand que d’habitude entre l’écho que les organisations d’extrême gauche peuvent avoir dans les mobilisations, y compris dans l’implantation sociale, et la crédibilité électorale de ces partis. Aujourd’hui, il existe une confusion politique très forte dans la tête des gens. Non seulement en France, mais partout en Europe, on le voit bien avec les alternances politiques en Espagne, en Grèce et en Italie.

Il y a une vraie volonté de chasser Nicolas Sarkozy, surtout après l’échec du mouvement sur les retraites. Il y a l’idée, chez certains, que cela peut se faire par les élections. Sur le plan électoral, le vote utile pour le Parti socialiste risque de peser plus que d’habitude. Il est évident que pour beaucoup, le Parti socialiste est plus capable de « vider » Nicolas Sarkozy que le NPA.

La crise économique semble offrir un boulevard aux idées d’extrême gauche. Comment expliquer le fait que l’électorat populaire se tourne plus vers les partis d’extrême droite ?

Avec la crise, il est évident qu’aujourd’hui, être anticapitaliste, ce n’est pas apparaitre comme un « zombie ». Le système est pourri, cela parait comme une évidence. Mais là encore, il y a un vrai problème de crédibilité électorale. Je crois que les idées d’extrême-gauche ont un écho beaucoup plus important qu’avant mais ce sont les forces déjà présentes sur le plan électoral qui risquent d’en bénéficier. Face à la crise, il y a une poussée des groupes d’extrême droite et des partis nationalistes car je pense que c’est la voie de la facilité dans la situation actuelle.

Les différents groupes d’indignés, idéologiquement proche de l’extrême gauche, ne votent pas et quand ils votent, ce n’est pas pour vous. Comment expliquez-vous cela ?

D’abord, contrairement à certains pays en Europe, les groupes d’indignés restent faibles en France. D’une part, je pense que les idées de ces groupes sont radicalement anti capitalistes, encore plus que le mouvement altermondialiste. En même temps, cela témoigne d’une déchéance totale vis-à-vis des institutions et des partis politiques. Je ne pense pas que cela soit juste, mais c’est pourtant légitime. Il y a un sentiment général, l’idée qu’au niveau institutionnel la droite et la gauche sont la même chose. C’est cela qui pousse fortement à l’abstention.

Le programme d’Olivier Besancenot en 2002 et celui de Philippe Poutou aujourd’hui semblent en tous points identiques. Peut-on expliquer le décalage entre les intentions de vote par la personnalité moins charismatique de Philippe Poutou ?

D’abord, nous ne sommes qu’au début de la campagne. Au tout début de la carrière d’Olivier Besancenot, lors de la première émission que nous avions faite ensemble, il était quasiment ignoré. Marc-Olivier Fogiel ne lui adressait presque pas la parole. Je ne peux donc faire aucun pari sur l’évolution de la popularité de Philippe Poutou.
Ensuite, la personnalité du candidat joue bien-sûr beaucoup, mais cela ne fait pas tout. Il y a deux ans, et encore aujourd’hui d’ailleurs, Olivier Besancenot était l’une des personnalités politiques les plus populaires. Il n’a fait pourtant que 5% à l’élection présidentielle, il y a un gouffre entre la popularité et la crédibilité électorale.

Philippe Poutou a déclaré : « Les meetings ? Ce n’est pas mon truc, cela ne m’éclate pas mais il faut le faire. » Le candidat du NPA parait désabusé par la campagne. Qu’en pensez-vous ?

Je ne crois pas du tout. D’après ce que j’ai pu voir, Philippe Poutou semble véritablement passionné par l’ouverture d’un nouveau champ d’intervention. Comme il le dit, il apprend tous les jours des choses qu’il ne connaissait pas. Les émissions radio, télé et les débats politiques ce n’est pas sa formation, il est avant tout un dirigeant syndical.
Philippe Poutou a l’habitude des meetings syndicaux. Je vous assure que quand il fait un meeting à la porte de son usine, sans notes ni rien, il est fantastique. Mais il est vrai que, comme il le dit lui-même, il n’est pas un politicien.

A l’instar d’EELV, qui fait ses meilleurs scores aux élections législatives ou européennes, il semble que les partis d’extrême gauche ne soient pas réellement battis pour la campagne présidentielle. Est-ce aussi votre avis ?

Plus ou moins, c’est quand même lors d’une présidentielle que l’on a fait le plus de voix (plus d’un million de voix pour Olivier Besancenot). Plus que jamais, pour une présidentielle, je crois que la personnalité de celui qui est candidat joue beaucoup. Le Parti communiste n’avait personne à proposer, ils se sont donc ralliés à Jean-Luc Mélenchon. Ils n’ont trouvé personne qui soit capable de faire un score honnête.

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