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Editorial - Quand nous voterons pour nos propres élus ...

mercredi 1er février 2012, par Robert Paris

Edito : Quand nous voterons pour nos propres élus….

Les prochaines élections présidentielles, quel que soit le choix du candidat, ne peuvent pas permettre aux travailleurs et aux milieux populaires d’exprimer ne serait-ce que leurs aspirations face à la situation économique et sociale grave actuelle. Et ne parlons pas de changer les choses ! Les élections, en changeant alternativement d’équipe au pouvoir, sont juste là pour dissuader les travailleurs d’agir sur un autre terrain. On entend certains dire : inutile de lutter, il suffit de bien voter. Cela suffit pour changer la tête du président et sa couleur politique, mais pas pour imposer un changement économique ou social.

Les classes dirigeantes ne remettent nullement en cause leur pouvoir économique, politique et social sur la société lors d’élections démocratiques. Elles ne sont pas élues du tout. Ne le sont ni les dirigeants des grandes sociétés du public ou du privé, ni les grands chefs des banques, des assurances, des bourses, ni les responsables de la haute administration, de l’Etat, c’est-à-dire d’abord de l’armée, de la police, de la justice, des grands corps d’état, ni ceux des grandes institutions comme banques centrales, ni les responsables des média, des religions et des syndicats. A ce propos, quel syndiqué peut prétendre qu’on l’a jamais consulté pour choisi un responsable syndical central ? Mais surtout ne dites pas qu’on n’est pas en démocratie !

La guerre, vous n’avez pas votre mot à dire… Les licenciements, ce ne pas votre choix qui prime…. Les distributions de fonds d’état, vous ne décidez pas… Les impôts, qui paie, qui ne paie pas, ce n’est pas vous qui avez le choix… Mais on est en démocratie… Vous avez le droit de faire grève. Mais les forces de l’ordre peuvent intervenir comme dans les aéroports ou à la SNCM. Vous avez le droit de vous syndiquer, mais le syndicat est d’abord payé par l’Etat et les grands patrons. Vous pouvez voter pour des candidats aux diverses élections. Mais ce ne sont pas les travailleurs qui déterminent les résultats électoraux. Non pas que le nombre de salariés soit faible ni que leur rôle ne soit plus déterminant dans l’activité économique et sociale. Non ! N’en déplaise à quelques sociologues pour lesquels « le prolétariat n’existe plus », les biscuits ne se produisent pas tous seuls, les chemises ne se tissent pas d’elles mêmes, les transports ne roulent pas sans chauffeurs ni entretien, les véhicules ne sont pas produits dans des usines automatisées, les élèves n’étudient pas sans enseignants, et la santé ne fonctionne pas sans infirmières et aides-soignantes.
Pourtant, aux élections, ce ne sont pas les travailleurs qui déterminent les résultats. Car une grande partie d’entre eux sont interdits de vote, car sans papiers ou étrangers. Une encore plus grande partie ne vote pas parce qu’elle ne croit plus du tout que cela a le moindre intérêt. Et l’immense majorité des travailleurs sont persuadés par la vie sociale que ce n’est pas leur classe qui peut prendre les décisions les concernant : c’est soi disant trop compliqué !

Pour changer les choses, c’est cette conviction erronée qu’il faudrait commencer par modifier. Ce n’est pas en votant pour un parti ou un autre dans les élections de la bourgeoisie, mises en place par elle et pour elle, que les travailleurs pourront gagner cette confiance en eux-mêmes.

Il faut pour cela qu’ils dirigent eux-mêmes leurs luttes sociales et politiques au travers de comités qu’ils auront eux-mêmes élus. C’est ce qui s’est produit dans la révolution française de 1789 et de 1793, dans la commune de Paris de 1871 comme dans la révolution russe de 1917.

Vous voulez vérifier que la Commune de Paris n’était pas un pouvoir politique comme les autres. Alors, lisez cette affiche :

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris :

« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Le Comité central de la Garde nationale, installé à l’Hôtel de Ville depuis la soirée du 18 mars, précise, dans son appel du 22 mars aux électeurs, sa conception de la démocratie : ” Les membres de l’assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et responsables. ”

C’est ce que confirme la Commune élue dans son Journal officiel du 21 mars 1871 :

” Les prolétaires de la capitale, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques. ”

la suite…

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