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Que peut faire le gouvernement, que peuvent faire les centrales syndicales contre la vague de licenciements qu’a préparé le patronat ?

samedi 14 juillet 2012, par Robert Paris

Que peut faire le gouvernement, que peuvent faire les centrales syndicales contre la vague de licenciements qu’a préparé le patronat ?

Ni le gouvernement ni les centrales syndicales ne vont chercher à véritablement donner un coup d’arrêt à la plus grande vague de plans de suppressions d’emplois qu’on ait connu en France. Et cela pour une raison simple : cela nécessiterait de lever le drapeau de la lutte des classes, ce que ni l’un ni les autres ne comptent faire ni ne seraient capables de faire.

L’un et les autres veulent exercer une petite pression sur le patronat afin de faire en sorte que le tout passe le plus en douceur possible, en évitant surtout que la colère sociale sorte du cadre syndical classique et du cadre des négociations patronat/syndicats/Etat.

Bien entendu, les uns et les autres affirment le contraire : ils de disent complètement opposés aux plans de licenciements, notamment à celui de PSA avec notamment la fermeture du site d’Aulnay. Mais que nous proposent-ils pour agir contre ?

Déjà, il faut constater que ces nouvelles ont immédiatement suscité une forte émotion dans le monde du travail et si quelqu’un voulait permettre aux travailleurs d’exprimer leur solidarité avec les salariés menacés, il le ferait immédiatement. A contrario, les centrales syndicales envisagent de planifier une action… après les vacances. Pourtant, c’est à chaud qu’on peut être efficace et l’essentiel des salariés ne sont pas en vacances… Mais les centrales syndicales ne veulent pas nuire à la concertation qu’elles viennent d’entamer avec le gouvernement et les patrons lors du « sommet social ». C’était bien le but de cette initiative : engluer les relations sociales dans la « France apaisée, la France réconciliée » d’Hollande… Manœuvre réussie donc mais pas au profit des salariés puisque cela n’engage nullement le patronat à remettre en question une attaque d’ampleur.

Le simple fait qu’Hollande ne parle que de PSA à son discours du 14 juillet en dit long. Donc les suppressions d’emplois à Sanofi, Air France, Hewlett Packard et bien d’autres, eux, ne feraient pas partie des licenciements inadmissibles type PSA ?

Et même, en ce qui concerne les suppressions d’emplois à PSA, on voit bien se profiler ce qui sera la « solution Hollande » pour éviter un conflit dangereux.

Hollande déclare en effet : « Ce plan est inacceptable en l’état. Il doit être renégocié. L’Etat ne laissera pas faire. »

Tout cela peut sembler bel et bon à celui qui voudrait s’illusionner et pourtant cela dit le contraire de ce que veulent les salariés.

Les licenciements sont inadmissibles, les fermetures d’usine sont inacceptables, ce n’est pas négociable. Hollande, lui, veut les rendre acceptables par des mesures d’accompagnement…

Il souhaite amender le plan PSA parce qu’il comprend que 10.000 suppressions dans un seul site, c’est un risque social que ce site devienne le point de centralisation d’une révolte sociale générale contre les licenciements et suppressions d’emplois.

Il veut pour cela transformer le maximum de licenciements secs en « simples » suppressions d’emplois.

Pour cela, il va demander à PSA de renvoyer les précaires de toutes ses usines pour les remplacer par des salariés en CDI qui seraient contraints de se déplacer sur des centaines de kilomètres.

Ensuite, il va proposer, a-t-il dit, qu’Aulnay reste un site industriel. Il n’a pas dit reste le site de la production automobile de PSA, ce qui est très différent !

On voit se profiler la solution qu’il a demandé à ses conseillers d’étudier dans les deux semaines à venir…

Il dit étudier les justifications de PSA comme si cela ne faisait pas des mois et des années que cette fermeture annoncée avait été étudiée sous toutes les coutures.

Temporiser, calmer, détourner la colère, faire espérer de solutions de toutes sortes, pousser d’autres trusts à embaucher momentanément quelques salariés, tout va être fait pour éviter le coup de chauffe sociale afin de garantir la suite des attaques anti-sociales.

Par contre, s’il apparaît que son opération de réforme du plan de suppressions d’emplois, la défaite sociale sera bel et bien là et cela ouvrira la porte d’attaques bien plus graves, dans l’Automobile comme ailleurs.

Au cas où l’opération Hollande-Montebourg marche, les salariés du pays se diront « les Aulnay ne sont pas parvenus à défendre leurs emplois, ce n’est pas nous qui allons y arriver ». Et l’heure aura sonné de licenciements bien plus massifs dans tout le pays, chez Renault aussi et dans toute l’industrie comme dans d’autres domaines comme le Bâtiment.

L’heure aura aussi sonné pour commencer des licenciements parmi les fonctionnaires en prétextant les trous dans les caisses de l’Etat.

Cela montre toute l’importance de la réaction contre les licenciements à PSA. L’importance aussi d’en faire le début d’une lutte de tous les salariés qui perdent leur emploi ou sont menacés.

Ce n’est nullement là la stratégie d’aucune des centrales syndicales…

Pour ce qui est des syndicats locaux de PSA, en bons élèves de leurs centrales, ils se cantonnent dans la défense de leur site. Quand ils ne diffusent pas d’avance l’idée que c’est une fatalité et qu’on n’y peut rien !

Quant aux syndicats nationaux, ils n’ont rien proposé du tout, laissant les salariés licenciés isolés en attendant les vacances pour ne pas proposer tout de suite une mobilisation ou même une simple manifestation nationale contre les licenciements ! Ce n’est pas au moment où la classe ouvrière était vraiment touchée et sous le coup de l’attaque contre le salariés qu’ils allaient proposer à chaud même une simple manifestation nationale contre les licenciements !

Il n’y a que des sales coups à attendre du patronat. Il n’y a que des manœuvres trompeuses à attendre du gouvernement qui n’interdira jamais au patronat de licencier, même quand ces patrons annoncent des profits ! Il n’y a que des entourloupes à attendre des centrales syndicales.

Ceux qui peuvent réagir contre l’attaque d’ampleur qui nous frappe, c’est seulement les travailleurs eux-mêmes, à condition de s’organiser localement, régionalement et nationalement.

Nous ne sommes pas enchaînés à la propriété privée des trusts des moyens de production. Nous ne sommes pas obligés de respecter la légalité de leur droit divin sur nos emplois, sur nos salaires, sur nos vies, sur celles de nos familles.

Nous n’avons pas à accepter tous les chantages de ces gens-là !

A partir du moment que le patronat est décidé à s’en prendre à notre droit à l’existence, cessons de respecter leur droit à exploiter le monde !

Pour cela, la première étape consiste à nous organiser sur des bases de classe, en comités d’action sur la base des entreprises et des quartiers.

Inorganisés, nous ne sommes rien, nous ne pouvons pas mettre en avant nos revendications, nos propres objectifs, développer nos perspectives en tant que travailleurs.

Personne ne le fera à notre place.

Les militants syndicalistes honnêtes ne peuvent pas s’opposer à l’organisation sur la base de conseils de salariés. Ils peuvent y défendre leurs points de vue. Ils peuvent s’y faire élire. Le conseil n’est pas un syndicat bis. C’est une forme d’organisation indispensable dans une situation de crise comme celle où nous entrons.

A situation d’urgence, méthodes d’urgence.

Ces conseils peuvent se constituer dans toutes les entreprises, publiques comme privées.

Car la vague de suppressions d’emplois touche également le service public avec l’annonce des premières mesures d’austérité du gouvernement « socialiste ».

En élisant leurs délégués, en se fédérant régionalement et nationalement, les conseils, les comités, les coordinations peuvent construire un contre-pouvoir qui sera déjà la première des menaces aux classes dirigeantes, le premier signe que la classe travailleuse ne compte pas se laisser faire.

Ce n’est pas des promenades syndicales qui vont nous éviter les attaques patronales et étatiques. Le mouvement des retraites l’a parfaitement montré comme l’ont montré l’inefficacité des « grèves générales » grecques ou espagnoles.

Une classe inorganisée est une classe qu’on peut piétiner. Une classe organisée est une classe qu’on craint.

Travailleurs, formons nos comités d’action !

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