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Tract La Voix des Travailleurs de Renault CTR (Rueil) - Fermeture du CTR : nous ne sommes pas des objets qu’on déplace !

mardi 16 juillet 2013, par Robert Paris

Tract La Voix des Travailleurs de Renault CTR (Rueil) -
Fermeture du CTR : nous ne sommes pas des objets qu’on déplace !

Le CTR, Centre Technique Renault de Rueil, va fermer fin 2014, selon les dires de la direction de Renault qui en a informé les syndicats. On n’en est pas au point d’attendre le contrordre mais on est échaudés : on se souvient que les décisions de la direction sur cette question ont beaucoup varié, changeant parfois du jour au lendemain…

En 2009-2010, tout était paraît-il prêt pour la fermeture du CTR et, brusquement sans crier gare, la direction avait changé son fusil d’épaule et renoncé à cette fermeture alors qu’aucun syndicat ne revendiquait quoique ce soit à ce propos. A l’annonce de la non-fermeture, la plupart des syndicats n’étaient pas bien loin de crier victoire alors qu’ils n’avaient rien demandé et que nombre de salariés se retrouvaient avoir déménagé inutilement ou avoir même changé de site, de profession ou d’employeur à cause des pressions pour des départs à Lardy, Guyancourt mais parfois bien plus loin… Tout cela donc pour finir par annoncer que Renault renonçait à fermer le CTR…

Et cette fois, c’est reparti : on déménage et toujours pas l’ombre d’une véritable justification comme dans tous les tours de retours précédents. Les motifs sont toujours aussi obscurs et même les considérations financières ont bien peu claires.

A chaque fois, la direction prétend imposer ses décisions sans explication et les derniers informés de la manière réelle dont les choses vont se passer son bien entendu les salariés. Cela juge de la manière dont la direction traite des salariés qui, dans le cas du CTR, sont pour beaucoup des cadres, des ingénieurs, des « collaborateurs »… Pas mieux que les autres travailleurs ! Dans tous ces changements, on a bien vu que les chefs n’étaient pas mieux informés que les autres, que ceux qui ont déménagé se sont retrouvés eux aussi obligés parfois de rester travailler à Rueil. Eux aussi se déclaraient incapables de donner des explications et des justifications, alors qu’ils sont d’ordinaire intarissables.

Cette fois-ci, le regroupement géographique des secteurs d’activité et des ingénieries cœur-non cœur de métier a servi à la fermeture du CTR. Demain, cela peut très bien servir à de nouvelles compressions d’effectifs. Les justifications de la direction, qu’il s’agisse d’ « image de marque », de « vecteur d’innovation » ou de « contribution au business » ne sont que de la poudre aux yeux !

Dans tous les cas, déménagés ou non déménagés, de nombreux salariés accumulent des milliers d’heures de transport en plus, avec les fatigues, dépenses et risques supplémentaires que la direction prétend prendre en compte mais qui en fait comptent pour du beurre à ses yeux…

On l’a bien vu lors du déménagement annulé quand des salariés se sont tournés vers la direction en posant les problèmes qui leur tombaient dessus du fait du changement brutal de décision de la direction : elle les a rarement pris en compte. Bien des salariés n’ont pas du tout été dédommagés des ennuis causés dans leur vie personnelle ou familiale, sans parler des dépenses occasionnées et des kilomètres à parcourir aux heures de pointe et du coût des déménagements, revente ou rachat de domiciles, etc…

En résumé, encore une fois, la direction réussit à nous convaincre qu’elle considère les salariés comme des pions qui n’ont pas besoin d’être consultés, d’être informés et qui sont déplaçables à volonté de manière arbitraire. Tant pis pour ceux qui croyaient être au dessus du panier et se prenaient pour un peu plus que des prolétaires !

Même ses annonces à la presse témoignent que le patron se moque de nous puisqu’il prétend que tout le CTR va se « déplacer » à Guyancourt. Cela fait moins fermeture de site, ce qui compte pour un patron qui a affirmé qu’il avait signé un accord avec les syndicats prévoyant qu’il n’y aurait aucune fermeture de site chez Renault en échange de bien des contreparties sur les salaires, les conditions de travail, la charge de travail, les sites, etc…

Nous le savions bien que cet accord était bidon et nous le disions déjà : il souligne qu’il n’y aura pas de fermeture « de site industriel » ce qui fait exprès de laisser la porte ouverte… à une fermeture de site non industriel. Mais aucun syndicat n’avait choisi de relever ce point, pourtant évident !

Or, nous savons aussi que nos secteurs ne sont pas tous rattachés à Guyancourt, ce qui signifie qu’une partie des salariés du CTR est partie ou va partir à Lardy, Cléon ou ailleurs…

Qu’est-ce qui nous garantit d’ailleurs que cela ne sera qu’un déménagement et qu’on n’exercera pas d’autres pressions pour se servir de la fermeture pour faire grossir les effectifs des « départs volontaires ». Tout démontre au contraire que c’est l’objectif numéro un de la direction : convaincre un maximum de salariés de démissionner d’eux-mêmes en échange de contreparties minimes. La direction a annoncé des effectifs considérables de départs volontaires aux marchés financiers et il faut bien qu’elle réalise ses objectifs pour les satisfaire. Du coup, un déménagement, c’est l’occasion de changements de locaux, de conditions de travail, d’encadrement, et tout un tas de moyens nouveaux pour convaincre les salariés de quitter le navire…

Donc la fermeture du CTR peut tout à fait être l’occasion de licenciements déguisés et la direction dispose jusqu’à fin 2014 pour pratiquer ceux-ci…

Donc la fermeture du CTR, qui a déjà donné lieu à des licenciements déguisés, va encore servir à cela !

Ce sont en tous cas de nouveaux efforts, de nouvelles pressions, de nouvelles sources de stress pour les salariés sans aucun avantage en contrepartie puisqu’aucune garantie supplémentaire d’emploi, et aucune garantie pour notre avenir professionnel.

Pourquoi serions-nous contraints de partir sans rien dire, sans protester, sans nous faire entendre, sans obtenir même de vraies contreparties financières.

Pourquoi devrions-nous accepter de nous retrouver un peu comme l’ont été les salariés prêtés d’un site à un autre, un peu comme l’oiseau sur la branche, tout juste acceptés, ayant des places restreintes, prêts à être éjectés au moindre coup de vent ?

Le silence syndical face à tout cela est étourdissant !

Prévenus dès le début de la semaine dernière, les centrales syndicales n’ont rien communiqué par écrit, rien à la presse, rien à la direction, ni protestation, ni refus, ni indignation. Une véritable démonstration de l’état du syndicalisme de collaboration et d’accompagnement des politiques patronales.

Cela n’est pas nouveau : lors de la précédente annonce de fermeture, ils n’avaient pas davantage réagi. Lors de la première attaque sous prétexte de difficultés financières, le « Contrat Social de Crise », plan patronal de restrictions pour les salariés, avait été signé même par la CGT qui avait, dans la foulée, voté la confiance au PDG Ghosn, alors en plein scandale des faux espions et des suicides non reconnus par le patron. Là aussi, même la CGT avait voté la confiance au Conseil d’Administration, sans que cela provoque de protestations dans le syndicat…

Est-ce que c’est en s’allongeant ainsi qu’on pense parvenir à défendre nos emplois ? Est-ce que c’est en laissant d’autres décider à notre place ? En les laissant cautionner n’importe quelle politique patronale scandaleuse ?

Donc la fermeture de Rueil n’est pas un cas à part : les syndicats n’ont jamais choisi de dénoncer la politique du patron. Et dans ce dernier cas, ils n’ont même pas sorti un tract pour la dénoncer… Tout au plus ont-ils déclaré qu’ils seraient « très attentifs à ce qu’il n’y ait aucun laissé-pour-compte »…

Foutaise ! Quand on laisse chaque salarié comme un cas particulier face au patron, comment voulez-vous que les pressions ne soient pas bien plus fortes du côté patronal ?

Des laissés-pour-compte, il y en a eu aussi bien dans ceux qui ont accepté le départ et s’y sont préparés que dans ceux qui ne l’ont pas accepté, qui ont subi des pressions, du stress, des maladies. Les promesses syndicales étaient du vent…

Dans toutes les opérations de déménagement et non-déménagement, il y a eu des emplois perdus, ce qui était et reste l’objectif numéro un et celui-là ne s’arrêtera pas à la fermeture de Rueil. On le voit avec les projets concernant l’ingénierie : ils consistent clairement en des suppressions de milliers d’emplois…

Tout cela démontre que la méthode syndicale des négociations, loin de nous éviter des attaques patronales, les favorise, que le syndicalisme de collaboration nous jette dans des dangers de plus en plus grands.

Pour rompre le cercle infernal, il faut que nous cessions de nous taire, que nous nous réunissions pour échanger nos avis, pour décider de nos revendications. Nous sommes bien plus efficaces pour revendiquer tant que nous sommes encore au CTR. Commençons par discuter partout, localement comme dans un secteur ou en assemblée générale. Organisons-nous pour décider de nos actions et revendications et ne laissons personne trancher à notre place. Alors, l’avenir sera différent !

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