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Attaque sur la retraite, l’emploi et les services publics : les syndicats veulent-ils la faire reculer ou seulement se manifester gentiment ?

mardi 10 septembre 2013, par Robert Paris

Attaque sur la retraite, l’emploi et les services publics : les syndicats veulent-ils la faire reculer ou seulement se manifester gentiment ?

Ni dans les média, ni dans le contenu de leurs tracts dans les entreprises, les syndicats n’ont entamé une sérieuse campagne contre les projets antisociaux gouvernementaux. Ils ne dénoncent le gouvernement Hollande que très mollement, réticents même à citer son nom dans leurs tracts et continuent de faire croire que ce gouvernement de gauche serait meilleur que celui de Sarkozy en termes de négociations avec les syndicats ! Et donc que la mobilisation qu’ils ont maintenu pour la forme le 10 septembre est juste là comme piqûre de rappel plus que pour faire reculer le gouvernement…

Pourtant, le simple fait que la gauche gouvernementale décide d’attaquer les retraites, pour en rajouter aux attaques déjà réalisées par la droite au lieu de jeter celles-ci à la poubelle, a de quoi révolter. De même que le fait que le gouvernement s’engage dans la privatisation de la SNCF et d’EDF de manière masquée et en faisant mine de négocier avec les syndicats, cela aussi est une sale hypocrisie de cette gauche qui ressemble à s’y méprendre à la droite. Cela n’empêche pas les dirigeants syndicaux non seulement de refuser d’élever le ton mais de continuer à prétendre qu’ils ont bien fait d’appeler à voter pour cette gauche et qu’elle détient la bonne manière de négocier. L’art et la manière, c’est ce qui permet de faire passer les attaques !

Mieux en effet puisque la droite n’a jamais osé privatiser la SNCF et EDF, que la droite n’a pas été capable de mettre entièrement les hôpitaux sous la coupe des intérêts privés comme est en train de faire la gauche en faisant payer à l’hôpital les travaux des chantiers développés dans tous les hôpitaux. C’est la santé des malades qui va payer les trusts du bâtiment ! Et ce n’est que l’une des multiples attaques que le gouvernement affuble du nom trompeur de « réforme ».

Il est par contre remarquable qu’à chaque fois que le gouvernement aide les grands patrons, les trusts, les banques, les assurances, les bourses et les spéculateurs, il n’a nullement besoin du quitus des centrales syndicales et celles-ci ne protestent nullement de ne pas être consultées ! Et pas non plus quand il s’agit d’envoyer l’armée française aux quatre coins de la planète, du Mali à la Côte d’Ivoire, de la Libye à l’Afghanistan et du Niger au Tchad en passant demain par la Syrie…

Or, si l’Etat n’a plus assez d’argent pour assurer des trains à l’heure et sans accident, des hôpitaux sans danger pour les malades et les personnels de santé, des postes qui ne soient pas d’abord des banques, de l’énergie à bon marché, c’est parce que tout son argent est consacré, avec la gauche comme avec la droite, à pallier à l’effondrement du système qui ne peut qu’être retardé depuis 2007-2008.

Bien sûr, les gouvernants disent autre chose et prétendent que c’est reparti pour un tour ! Sauf que la prétendue reprise a des chiffres très inférieurs aux sommes colossales que tous les Etats et banques centrales de la planète déversent d’argent bidon tous les jours, prétendument pour sauver le système !

Tout gouvernement qui veut défendre le système ne peut qu’attaquer de plus en plus les retraites et les services publics. Quant à l’emploi, on l’a bien vu, le gouvernement de gauche n’a aucune action réelle pour empêcher les plans sociaux des trusts. Bien au contraire, son intervention vise à démobiliser les travailleurs et tromper l’opinion. La gauche continue à faire croire que les travailleurs seraient des privilégiés, comme il vient de le prétendre pour les salariés de la SNCF, d’EDF ou d’Air France alors que, dans ces trois entreprises, le travail est de plus en plus rude et mal payé !

Inversement, toute organisation qui prétend défendre les travailleurs et les milieux populaires ne peut seulement chercher à maintenir les retraites et les services publics sans s’attaquer au système capitaliste. Les gauches réformistes du monde entier comme les centrales syndicales réformistes ont renoncé depuis belle lurette à s’attaquer au système.

Il est grand temps de comprendre que ce n’est pas les institutions politiques et syndicales, liées aux classes dirigeantes, qui vont nous sauver mais l’action directe, notre intervention et notre organisation en vue d’imposer nos propres volontés face à tous les lobbys patronaux !

La classe ouvrière, les retraités, les jeunes, les femmes, les sans logis, les chômeurs, les sans papiers, tous ceux qu’on exploite et humilie actuellement ont besoin de s’organiser ensemble dans des comités de défense des retraites, des emplois et des services publics. C’est une lutte sociale d’ensemble du même type que celle qui avait débuté par la grève générale de 1936 ou de 1968 qui est nécessaire, mais, cette fois, avec une organisation à la base de comités pour éviter la trahison classique des réformistes.

Messages

  • Bien des choses le prouvent. Et d’abord Thierry Lepaon n’appelait pas au retrait du texte gouvernemental sur les retraites alors que celui-ci prévoit une durée du travail accrue pour partir en retraite. D’autre part, il affirmait ne pas compter sur la mobilisation puisqu’il disait lui-même compter "sur les débats parlementaires qui interviendront à partir du 7 octobre". Lui-même déclarait avoir mobilisé à Lyon. Pourquoi seulement à Lyon ? Pour démontrer au gouvernement sa bonne volonté ? Et tout le discours médiatique est modérément critique et plutôt favorable au gouvernement :

    Sur les retraites, il faut "améliorer les réponses de ce gouvernement", qui ne sont "pas bonnes", selon Thierry Lepaon.

    Cette réforme "constitue un progrès" notamment sur la pénibilité et la prise en compte des années d’étude mais nous voulons "améliorer le projet de loi" qui sera présenté le 18 septembre en conseil des ministres et examiné à partir du 7 octobre au Parlement, a expliqué le numéro un de la CGT.

  • PAS D’HISTOIRES SUR LES R’TRAITES !

    Qu’on ne se raconte pas d’histoires, nous savons tous à quelles conditions éviter une nouvelle défaite sur la question des retraites.
    Passer de 37,5 à 43 années de cotisations en à peine vingt ans, en même temps que la précarité et le chômage se généralisent et que les conditions de travail - pour ceux qui en ont un - se dégradent, c’était un pari risqué pour les capitalistes... Eh bien, ils sont en passe de le gagner ! Peut-être n’en espéraient-ils pas autant. Il est vrai qu’ils ont été bien secondés par l’État et les politiciens à leur service, sans parler des médias, mais pas seulement.
    Notre résignation aussi les aura bien aidés à porter toujours plus de coups contre nos acquis et nos droits, contre nos vies.
    De fait, c’est presque comme si nous croyions davantage que les capitalistes eux-mêmes dans la survie du système. Car le système peut se survivre, bien sûr, sur un fond de misère et sur la base d’une exploitation de plus en plus acharnée, d’une dilapidation des ressources de la planète, sans parler de la mise en concurrence de tous contre tous et des guerres qui menacent. C’est à ce prix que les capitalistes se goinfrent et il est calamiteux que le mouvement social soit infoutu de leur exprimer magistralement (dans le genre qui laisse sonné sur place, avec ou sans décompte...) que cela s’opère sans notre consentement.
    Or, nous ne sommes comptables – si nous avons un peu foi en nous-mêmes et en l’humanité - que de la lutte pour notre émancipation, pas de notre servitude volontaire.
    Jaurès – qui n’était pas anarchiste – parlait du droit à la retraite comme d’une « victoire de la vie ». Hollande – lui - prétend que l’espérance de vie augmentant, il faut travailler plus longtemps. Il veut restaurer la retraite des morts.
    Répétons-le : nous savons tous à quelles conditions éviter un nouveau recul sur la question des retraites.
    Deux jours de grève générale pour le retrait du projet - trois à la limite – suffiraient pour que le gouvernement retire son projet dare-dare, pour que le patronat ravale sa morgue, le trouillomètre à zéro.

    Aux dirigeants syndicaux qui se complaisent dans la concertation-mascarade, nous disons : Soyez au moins réformistes ! Le réformisme syndical consiste à lutter pour des améliorations graduelles, en aucun cas accompagner les régressions. Méprisez toutes ces pseudo négociations. Il n’y a rien à négocier ! Rejet du plan ! Le réformisme n’implique pas de s’aligner sur l’apathie de nombreux exploités dans le contexte des lois sur la représentativité. Ça, c’est du cousu-main pour les dominants car il y aura toujours parmi vous un bureaucrate de plus pour signer des accords encore plus pourris que l’ANI !
    Aux travailleurs, jeunes, retraités, nous disons qu’il faut que notre résignation se transforme en révolte. Une vraie révolte, pas une plate indignation qui finit toujours en courbettes devant les puissants et en ticket perdant aux élections. Au-delà de la défense de nos intérêts, c’est aussi une question d’honneur. Réinvestissons les syndicats ou créons d’autres instruments de lutte. Rien ne s’oppose si nous prenons nos affaires en mains.

    Oui, la grève générale jusqu’au retrait du projet, c’est le minimum !
    Au-delà : retour aux 37,5 pour un taux plein ! Pas de misérables « points » pour la pénibilité, mais une réelle amélioration des conditions de travail ! 25 heures pour les travaux pénibles !
    En attendant, si nous organisons sur la seule exigence du retrait un front du refus par le blocage général du pays (et pas un blocage par procuration - cette fois - mais un mouvement d’ensemble dont chacun sera partie prenante), si nous exprimons pleinement notre colère en occupant nos taules et les rues de nos villes, ils remiseront leur plan mortifère. Nous pourrons même commencer à reconquérir tout le terrain perdu au profit de la classe capitaliste.
    Dans le même temps, nous devons identifier les obstacles à ce mouvement nécessaire car c’est en grande partie les lever.
    Ainsi, et au-delà de la résignation savamment entretenue des exploités, nous pensons qu’il y a trop de considérations politiciennes derrière l’action syndicale. Les déclarations, fussent-elles unitaires, sont emplies d’arrière-pensées. Nous pensons que prescrire des programmes quasi gouvernementaux - ceux-là qui ont été retoqués lors des dernières élections (le programme du Front de gauche, quoi !) - dans un mouvement nécessairement défensif au départ est une grave erreur. Nous n’avons aucunement besoin d’être majoritaires dans le cadre d’un projet politique et gouvernemental pour gagner sur nos revendications. Il faut selon nous extirper du mouvement syndical tout ce qui tend à servir la soupe aux politiciens.
    Nous n’avons plus les moyens de la sophistication ni de faire les marioles, sauf à nous illusionner et à nous disposer à perdre. Le raisonnement est simple. Les capitalistes sont une poignée et ils contrôlent tout. Nous pouvons tout bloquer sur la base de ce que nous produisons tout.
    Les dévots qui nous serinent les « alternatives » nécessaires, les « choix » à opérer, les « redistributions » souhaitables pour mieux passer sous la table l’exigence du retrait nous emberlificotent. C’est à croire que certains d’entre eux espèrent une nouvelle défaite sur les retraites – et demain sur la sécu - pour mieux faire mousser tel ou tel programme lors du prochain cirque électoral ! D’ores et déjà, telle fraction politique aura-t-elle des strapontins dans les municipalités si elle se montre un peu méchante avec le gouvernement ? Et pour quoi y faire ? Tel tribun ne se voit-il pas déjà en haut de l’affiche avec la piétaille militante en bas (discipline, hiérarchie, État...) ?
    La réalité de l’exploitation est de plus en plus cruelle et nous retiendrions nos coups dans le vague espoir d’une alternative électorale ? L’alternance effectuée - ah ? - nous tenterions d’infléchir le cours des choses ? Une gauche de gauche ? Une gauche vraiment à gauche ? Quel temps perdu ! Quel renoncement ! Et en misant sur quels représentants ?
    Le mouvement social n’a aucune proposition de type citoyenniste à avancer. C’est classe contre classe. Et nous devons entretenir notre sentiment de classe avec autant d’ardeur que les capitalistes veillent sur leurs intérêts. Nous saurons bien nous gouverner nous-mêmes quand nous aurons commencé à dézinguer ce vieux monde en partant d’une lutte revendicative. Le préalable, c’est quand même de faire l’expérience d’une victoire.
    La grève partielle contient en germe la grève générale. La grève générale débouchera naturellement sur la grève expropriatrice et gestionnaire si nous fonctionnons sur la base du fédéralisme et du respect des mandats.
    Abrogation de toutes les contre-réformes sur les retraites ! Reconquête de tous les droits !
    Se disposer à perdre sur la question des retraites, c’est se préparer à perdre sur la sécu. C’est ouvrir un boulevard au FN qui, même sans alliance avec la droite « républicaine », fera toujours mieux que le FG en terme électoral. Les électeurs, c’est comme ça...
    Les militants qui partagent ce point de vue doivent s’organiser pour le faire vivre dans les syndicats et/ou hors des syndicats, dans les entreprises et dans les quartiers, dans les facs, partout !

    Pour que l’humanité perdure, il faut que le capitalisme disparaisse. Nous ne sauverons que ce pour quoi nous luttons. Nous n’aurons que ce que nous prendrons.

    (corps du tract diffusé par un groupe anarchiste dans la manif du 10 sept, à Rennes)

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