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La force des travailleurs, c’est leur nombre, disent certains militants qui se prétendent pourtant révolutionnaires et marxistes…

vendredi 20 septembre 2013, par Robert Paris

La force des travailleurs, c’est leur nombre, disent certains militants qui se prétendent pourtant révolutionnaires et marxistes…

On entend et on lit souvent sous la plume de militants et de groupes d’extrême gauche révolutionnaire que la force du prolétariat, ce serait le nombre. Cela leur semble un point essentiel pour renforcer la classe travailleuse, la pousser à agir en masse, ou du moins à suivre en masse les centrales syndicales quand elles les appellent à faire grève, ou plutôt à débrayer une journée et à se promener derrière elles dans les rues. Cela peut sembler une vérité que plus les travailleurs sont nombreux à se manifester, plus ils amélioreraient le rapport des forces en leur faveur. C’est pourquoi nous prenons le temps d’exposer en quoi cela est faux… Ce qui a fait la force des prolétaires dans certaines occasions exceptionnelles comme les révolutions et les grands mouvements sociaux, ce n’est pas en premier lieu leur nombre dans la rue et dans la grève. Il y a eu des immenses manifestations syndicales parfois sans l’ombre d’un changement du rapport de forces et même avec comme résultat une défaite très importante. Loin d’avoir amélioré le rapport des forces, certaines de ces grandes manifestations syndicales l’ont fait reculer et nous allons expliciter pourquoi un peu plus loin.

Mais d’abord, il convient de rappeler que si Marx et Engels ont déclaré que le prolétariat était la nouvelle classe révolutionnaire du monde, condamnant la bourgeoisie est devenir réactionnaire et la petite bourgeoisie à suivre le prolétariat ou à la bourgeoisie, c’est à une époque où le prolétariat industriel dont ils parlaient n’existait quasi qu’en Angleterre où il était une classe très minoritaire. Si Marx et Engels ont estimé que le caractère de la Commune de Paris de 1871 était celui de la future révolution prolétarienne, que le caractère du pouvoir mis en place ces quelques mois à Paris était celui de la future dictature du prolétariat, il serait faux d’en conclure qu’à Paris en 1871, le prolétariat industriel ou même pré-industriel représentait une majorité ou même une part conséquente de la population parisienne. Au sein même de la Commune, les prolétaires ne sont pas légion. Le caractère prolétarien de l’événement est cependant exact mais cela n’a pas grand-chose à voir avec des statistiques sociologiques, au fameux critère « du nombre » !

L’exemple de la révolution d’Octobre 1917, considéré comme le type même de la révolution prolétarienne, présente un rapport de forces purement numérique nullement en faveur du prolétariat (qu’il soit industriel ou pas). Les prolétaires russes sont en effet en 1917 une infime minorité de la société essentiellement paysanne et petite bourgeoise, y compris dans la région qui englobe les deux capitales, Pétrograd et Moscou et même dans ces deux villes. Cela n’a pas empêché les révolutions russes depuis 1905, février et octobre 1917 d’être marquées par un net caractère de classe prolétarien, même si les couches petites bourgeoises étaient elles-mêmes en révolution et dépassaient largement par leur nombre les prolétaires en lutte et en révolution.

Une autre manière de voir que « le nombre ne fait rien à l’affaire », c’est d’examiner la bourgeoisie. La classe capitaliste représente en temps que somme d’individus un facteur social extrêmement faible. Il serait quasiment imperceptible sans l’importance du rôle économique, social et politique de cette classe, et surtout si cette classe ne détenait pas le pouvoir économique, social et politique et y compris le pouvoir idéologique. On peut n’avoir jamais rencontré un seul représentant de cette classe et être profondément marqué par les conceptions qu’elle veut imprimer sur la société humaine parce que la force de cette classe n’est pas le nombre. Aucune classe dirigeante n’a jamais gouverné la société du fait de son nombre. Les révolutions des opprimés n’ont jamais eu un succès qui dépendait essentiellement de leur nombre. Tout autre que le nombre, il y a la concentration, la capacité à s’unir en fonction d’intérêts communs, de se distinguer des autres classes sociales, d’être capables de trouver des alliés parmi les couches et classes intermédiaires, d’être capables d’exprimer les besoins de la majorité des milieux populaires qui ne sont pas prolétariens, d’être capables de trouver les voies et moyens pour s’organiser, exprimer eux-mêmes leurs aspirations, d’en faire un drapeau de tous les révoltés, de donner à ce combat des moyens d’action, de capter les failles de la société dominante et d’y faire porter le fer, d’éradiquer les racines de la société dominante en ne se laissant pas envoyer vers toutes les impasses où tous les faux amis s’empressent de vous diriger….

Mais tout cela, ce n’est pas le nombre. C’est tout autre chose. C’est en gros trois facteurs déterminants et primordiaux : la conscience, l’organisation et la politique. On pourrait dire aussi les idées sociales et politiques, les comités et conseils ou soviets et les orientations du parti révolutionnaire.

Dans chacun de ces domaines, « le nombre ne fait rien à l’affaire ».

En effet, en ce qui concerne la conscience, qui se soucie du nombre des femmes travaillant dans le textile de Pétrograd qui ont lancé la révolution de février 1917 en considérant qu’il fallait qu’elles expriment leur révolte contre la misère en s’en prenant au tsarisme au nom de la classe ouvrière, conscience de classe qui les a amené à entraîner les ouvriers de Métallurgie de Pétrograd et le reste de la classe ouvrière ? En ce qui concerne l’auto-organisation des travailleurs, qui se soucie de combien de travailleurs adhéraient au Soviet de Pétrograd en 1905 ou en 1917 par rapport à l’ensemble des travailleurs du pays ? En ce qui concerne le parti des travailleurs révolutionnaires, qui se soucie du fait que Lénine, lorsqu’il défendait les conceptions de la révolution d’Octobre en avril 1917 devant son parti, était un homme quasiment seul ? Qui se soucie du fait que la politique qui allait entraîner ce parti était l’émanation d’un très petit nombre d’hommes comme Lénine et Trotsky et même de quasiment seulement eux deux ?

Oui, le nombre ne fait rien à l’affaire. Ce n’est pas le grand nombre de militants bolcheviks, ni le grand nombre des travailleurs des soviets, ni le nombre de travailleurs conscients en Russie qui marquent la révolution prolétarienne et amènent la formation d’un premier Etat prolétarien au monde ! Croire au nombre, c’est effacer le contenu politique et social, programmatique, théorique, la compréhension de l’évolution de la société, de ses crises, c’est effacer le rôle de la théorie, de la philosophie, de la compréhension des contradictions sociales de la société capitaliste, etc… C’est faire de l’apolitisme.

Au contraire, même dans les luttes ouvrières, même dans celles qui sont minimes, même dans la lutte des classes quotidienne, c’est d’abord la compréhension politique des enjeux de cette lutte de classes qui renforce la classe travailleuse. Il n’est pas vrai que ce sera seulement dans les grandes luttes et révolutions sociales que sera à l’ordre du jour une conscience politique de classe, une auto-organisation indépendante des travailleurs en conseils de salariés et une politique révolutionnaire, trois éléments qui ne sont nullement pris en compte dans l’idée fausse que « la force, c’est le nombre »…

Combien de militants révolutionnaires, principalement investis dans leur travail syndical, nous ont répété que nous avions été battus parce que nous n’étions pas assez nombreux dans la rue et dans la grève, comme dans le mouvement des retraites en 2010 ou dans bien d’autres occasions. Et ils affirmaient leur espoir qu’un jour viendra où… Où quoi ? Et bien où nous seront bien plus nombreux à suivre les appareils réformistes, ce qui selon eux mettra à l’ordre du jour leurs perspectives révolutionnaires…

Erreur totale : dans de telles circonstances, le poids des appareils syndicaux face aux révolutionnaires sera démultiplié et la conscience de la nécessité d’une conscience, d’une auto-organisation et d’une politique révolutionnaire seront très loin de découler directement et naturellement de la montée du nombre de travailleurs en lutte. En témoignent en France les mouvements comme juin 1936 et mai 1968 notamment… Et tous les pays disposent d’autres exemples de ce type où le nombre de travailleurs en lutte n’a pas manqué mais où les trois autres ingrédients déterminants que nous avons cités n’étaient pas au rendez-vous : conscience de classe, auto-organisation de classe et politique révolutionnaire défendue par un parti politique de classe.

Encore faut-il souligner d’autres points qui nous semblent aussi déterminants et d’abord le caractère dynamique d’une lutte qui démarre.

Le nombre est un facteur passif. Son accroissement ne l’est pas. Il y a une grande différence entre une grève massive sur un seul site qui ne cherche pas à s’étendre, ne menace pas d’entraîner d’autres sites, d’autres secteurs de la classe ouvrière et une grève peu massive sur un site mais qui a conscience de sa capacité à s’adresser à d’autres secteurs, à les organiser en assemblées inter-professionnelles avec elle, à donner des objectifs communs aux travailleurs, à construire l’élan qui permet à la dynamique de la lutte de faire basculer le barrage du rapport de forces.

Un barrage peut arrêter des masses considérables d’eau calmes, constituées en lac immobile. Un dixième seulement de cette masse d’eau descendant de la montagne, entraînant blocs de rocher, masse de terre et d’arbres constitue une force qu’aucun barrage ne peut arrêter. C’est le facteur dynamique de l’entraînement, de l’extension, de l’ « effet boule de neige »… C’est ce qui permet qu’une avalanche d’une toute petite quantité de neige au départ se termine comme une dévastation d’ampleur immense détruisant tout sur son passage une fois arrivée dans la vallée…
Ce facteur dynamique, c’est celui que toutes les directions réformistes refusent systématiquement de prendre en compte et de mettre en action dans leurs stratégies.

Si elles appellent dans la rue des salariés de sites, d’entreprises, de secteurs différents, c’est en refusant ou même en empêchant que ces groupes se fondent, s’unissent, se rencontrent, s’organisent ensemble, manifestent ensemble, discutent ensemble des suites, en décident ensemble… Ces centrales syndicales sont pour la stratégie calme du lac de barrage et pas pour la stratégie dynamique et révolutionnaire de l’avalanche !

La stratégie des « journées d’action », souvent étalées sous forme d’une journée par mois environ comme dans la lutte des retraites de 2010, est de ce type de méthode calme, visant à démontrer la force des appareils syndicaux et nullement celle de la classe ouvrière.

Il y a un autre facteur déterminant pour le rapport de force de la classe des travailleurs que nous n’avons pas encore cité : le choix des objectifs de lutte, de la manière de les décider et de la manière de les choisir et de les exprimer en vue d’en faire des armes de combat, en vue d’entrainer dans la lutte d’autres couches sociales ou d’entraîner leur sympathie. Occulter ce point, c’est encore traiter du rapport de forces dans les luttes de manière totalement apolitique.

Les travailleurs de Peugeot Aulnay ont fait grève contre les licenciements et la fermeture du site. Quelle était la stratégie de lutte permettant de développer davantage leur action ? Ceux qui l’ont dirigée, un courant de l’extrême gauche officielle française, ont proposé une grève sur le site contre sa fermeture et demandant la répartition des productions entre les différents sites sans perte de salaire et, dirigeants de la CGT, ils ont dirigé cette grève. Loin de prendre en compte que les licenciements annoncés avaient lieu sur tout le trust, ils n’ont agi que sur un site et avec un mot d’ordre concernant seulement celui-ci. Ils ont prétendu animer un comité de grève mais celui-ci n’a jamais joué un rôle public. Au moment où toute la classe ouvrière était choquée par l’annonce du patron de PSA de licenciements massifs, les premiers d’un grand trust en France, premiers d’une longue série qui continue, ils ont empêché le démarrage de la grève sous le prétexte que les grandes vacances venaient, qu’il ne fallait pas brûler les cartouches et que seule une minorité voulait partir en grève. Ils n’ont pas fait décider cela par une assemblée de travailleurs mais avec les syndicats pro-ptronaux et antigrève dont le syndicat fasciste maison, en intersyndicale. Résultat : ils n’ont pas pu organiser la grève au retour de vacances comme ils avaient prétendu
Vouloir le faire car entretemps, ils avaient laissé la propagande patronale et gouvernementale casser le moral des salariés et les centrales syndicales démontrer qu’elles ne comptaient rien faire, laissant isolés les salariés de Peugeot. Quant à l’auto-organisation par le comité de grève, elle n’a été qu’une couverture de cette politique syndicale puisque jamais le comité de grève n’a parlé dans les média, négocié, dirigé, et décidé dans la grève.

Et finalement, quand le résultat de la grève n’a nullement été un « cauchemar pour le patron Varin de PSA » comme le prétendaient les leaders d’extrême gauche du mouvement, ils ont affirmé que cela provenait uniquement du fait qu’un trop petit nombre de salariés avaient choisi d’y participer et non du fait de leur politique.

Même la Commune de Paris avait été isolée dans une ville mais toute sa politique consistait à donner un drapeau au prolétariat mondial. Le nombre ne faisait rien à l’affaire et si, un an après, des prolétaires d’Australie étaient en prison pour s’être revendiqués de la Commune de Paris, ce n’est pas à cause du nombre de prolétaires parisiens ni de communard au regard du nombre de prolétaires ou d’habitant de la France ou du monde, bien évidemment mais à cause de la conscience que leur combat sous-entendait, du mode d’organisation communard, de l’orientation politique révolutionnaire que représentait un Etat des opprimés se passant des organes de l’Etat bourgeois. Donc c’est bel et bien la conscience, l’auto-organisation et la politique révolutionnaire (en l’occurrence sans un parti) qui a fait le caractère historique de la Commune de Paris et nullement le nombre. Son échec lui-même n’est pas lié simplement au nombre, comme l’a très bien expliqué Marx…

Même la politique d’extension des grèves n’est pas fondamentalement fondée sur la question du nombre mais sur celle de la dynamique du mouvement. Il a existé des grèves qui ont été étouffé en les élargissant pour en étouffer le caractère dynamique, comme la grève Renault de 1947 qui a été battue quand la CGT, anti-grève jusque là, l’a élargie à toute l’usine en ôtant ainsi sa direction au comité de grève….

La force des travailleurs n’est pas leur nombre car leur force est le caractère de classe de leur intervention, de leur organisation, de leur conscience et même de leur existence

On peut être nombreux et sans force, sans conscience, sans organisation, sans la moindre idée des enjeux, des buts, des politiques adverses et du caractère et de l’état des forces adverses. Cela arrive malheureusement tous les jours et dans le monde entier. Des mouvements de masse par avance désarmés, c’est le cas le plus fréquent et pas le moins fréquent. La réponse de la plupart des extrême-gauches officielles, c’est encore le nombre, au travers du parti révolutionnaire, le nombre de militants, le nombre de travailleurs révolutionnaires, le nombre de groupes, de syndicalistes et de journaux vendus. C’est faux : le parti n’est nullement le nombre. Il est d’abord une politique et celle-ci ne découle en rien du nombre…

La conscience de classe elle-même dépend-elle du nombre ? Est-ce qu’en étant mobilisés en masse dans les rues et dans la grève, les travailleurs de France de 1936 avaient fatalement mieux conscience de leurs intérêts de classe ? Potentiellement, c’était possible s’ils s’étaient organisés en comités et si une politique révolutionnaire y était défendue. Sinon, la taille de la mobilisation favorisait au contraire les appareils réformistes politiques et syndicaux et donc la gauche gouvernementale et, derrière elle, la bourgeoisie.

« Le nombre fait la force » est une affirmation qui sous-entend qu’il vaut mieux être nombreux avec un engagement et une détermination limitée qu’un petit nombre déterminé et conscient. Ce n’est pas forcément et toujours faux pas plus que ce n’est généralement vrai. Cela suppose aussi que les idées qui viennent à un ou quelques individus restent nécessairement sans effet or l’Histoire démontre que les idées, au départ initiées par un ou quelques dirigeants révolutionnaires et limitées dans leur soutien à des petites minorités, peuvent acquérir force de masse. L’effet peut être assimilé soit à celle du catalyseur, soit à celle de noyau de cristallisation soit encore à celle de la canalisation pour entrainer vers une cible. L’idée que la force, c’est le nombre souligne la quantité en effaçant à tort la qualité : le contenu de la mobilisation, ses buts, ses moyens d’action, ses formes d’organisation, le développement des uns et des autres, leur évolution. Un petit nombre qui ne cesse de grandir n’est pas pareil qu’un grand nombre une journée dont on sait d’avance qu’elle n’est suivie de rien…Une idée est toujours partie d’une ou d’un petit groupe de personnes et sa réussite provient certes du fait qu’elle gagne en soutien et prenne force de réalité ainsi mais cela ne dit pas pourquoi et comment elle y parvient. Qu’est-ce qui fait qu’elle a trouvé l’oreille du grand nombre, pourquoi elle a pu dans la situation devenir une force, pourquoi elle peut aussi donner une force supplémentaire à ce grand nombre, lui ouvrir des perspectives nouvelles et lesquelles, comment la situation a pu être ainsi analysée par ceux qui ont produit et diffusé cette idée, ce mode d’action ou d’organisation, ces perspectives. Tout cela est effacé dans l’idée que le nombre serait déterminant. Et, derrière, il y a tout le discours selon lequel « les gens n’en sont pas là ».

Cela efface la compréhension des situations de crise dans lesquelles il faut parfois qu’une ou quelques personnes s’engagent dans un sens nouveau pour qu’un courant de masse renverse le sens du mouvement. On ne peut pas savoir que la situation peut basculer avant qu’on l’ait tenté. Si on se contente de regarder, on ne peut rien voir : il faut s’engager pour mesurer et que des milliers de gens puissent eux aussi mesurer et s’engager.

Bien sûr, on ne s’engage pas tout seul ni à un tout petit nombre ni dans une grève, ni dans une manifestation, ni dans une révolution sans avoir mesuré le succès possible de la proposition, sans une analyse de la situation et des bonnes raisons de s’y lancer. Inversement, on ne se contente, pas quand on est révolutionnaire, d’attendre que les situations nous parviennent toutes cuites dans la bouche. En cela le proverbe sur « le nombre » est plus désarmant qu’éclairant. La plupart des gens ont suffisamment la religion du nombre par crainte d’être isolés s’ils agissent, par crainte de l’inefficacité et de la répression pour qu’ils aient besoin des révolutionnaires pour en rajouter dans ce sens…

Par contre, on a assez des réformistes, des activistes, des pragmatistes et autres opportunistes qui prétendent qu’on ne pas aller au-delà des limites que se donne la majorité de la population pour que les révolutionnaires se mettent à défendre eux aussi ce point de vue. On n’a pas à se cacher derrière le nombre de ceux qui ne veulent pas pour refuser de défendre la perspective qu’on estime objectivement nécessitée par la situation.
En déclarant que la force c’est le nombre, des militants, des groupes et des partis d’extrême gauche justifient les réformistes, les opportunistes et autres traitres aux intérêts de travailleurs qui se cachent derrière des majorités prétendues (qu’ils se sont gardés de consulter, d’organiser, d’informer même) pour tourner le dos aux politiques qui seraient objectivement nécessaires à la classe ouvrière… Du coup, ils décident d’avance qu’ils ne les tenteront pas et qu’ils ne les proposeront même pas !

D’autre part, cette religion du nombre est de l’apolitisme car cela retire le contenu même de la politique nécessaire au prolétariat, une politique qui ne consiste pas seulement à se battre pour ses revendications en mesurant les rapports de forces permettant ou pas ces luttes mais à défendre un avenir de l’ensemble de la société en s’adressant à d’autres couches opprimées ou intermédiaires qu’il s’agit de gagner ou de neutraliser. On transforme ainsi l’action de la classe ouvrière en un soutien politique du régime bourgeois, la défense de l’emploi devient la défense de l’entreprise, du secteur industriel et même du pays, la défense des services publics devient la défense de l’étatisme bourgeois, la défense de la santé devient la défense de l’assistance publique et de sa bureaucratie, la défense des intérêts économiques des travailleurs devient la défense des banques et des trusts…

L’apolitisme dans l’action du prolétariat amène celui-ci à ne pas intervenir dans les événements politiques : les guerres menées par notre impérialisme, les choix politiques de la bourgeoisie, la politique vis-à-vis des immigrés, des sans papiers, des chômeurs, etc…

Une lutte d’ampleur peut très bien avoir un caractère de collaboration de classe suivant les objectifs mis en avant par les organisateurs.

Même la question de l’auto-organisation ne doit pas être tranchée en fonction de la fameuse question du nombre. Il n’est pas vrai que l’organisation autonome des travailleurs ne se pose que lorsque la mobilisation atteint un certain seuil. Toute lutte même limitée dans ses objectifs et sa portée peut être organisée à la base et du coup servir d’exemple pour des luttes de plus grande ampleur. Il n’y a aucune raison qu’une lutte limitée ne soit pas dirigée par les travailleurs eux-mêmes c’est-à-dire en assemblées générales souveraines et ouvertes vers les autres secteurs de la classe organisées au travers d’instances directrices élues et renouvelables que sont les comités, conseils ou soviets et reliés entre eux par des coordinations ou congrès des conseils et soviets. C’est dans les petites luttes qu’on prépare les militants et les travailleurs au mode d’organisation qui sera vital dans les grandes…

Dans toutes les luttes, dans toutes les occasions de lutte de classe quotidienne, il faut avoir en tête de pousser les travailleurs à décider eux-mêmes, sans attendre des consignes d’en haut, de ce que devront être les objectifs, les revendications, les mots d’ordre dans les tracts, sur les panneaux, dans les banderoles et d’en discuter et décider collectivement sans laisser aucun responsable le faire à notre place. S’imaginer que cela plus facile d’implanter cette habitude dans une grande lutte que dans une petite est une illusion.

Le caractère de classe des objectifs n’est pas non plus déterminé par le nombre de salariés en lutte. Même en dehors des grèves, l’attitude peut être celle de la lutte de classe ou celle de la collaboration ou de l’opportunisme. Il n’est pas besoin d’un rapport de forces déterminé pour refuser de marcher dans la collaboration de classe. Prétendre le contraire, c’est là aussi justifier les appareils syndicaux. Même quand on n’a pas les moyens de secouer l’ordre établi, on n’est pas obligés de le justifier.

On ne doit jamais oublier que tout ce qui nous éloigne d’une conscience de classe nous fait reculer même si on a mené une lutte dure. En particulier, tout ce qui fait croire qu’on a des intérêts nationaux à défendre, des intérêts de l’entreprise différents de ceux de l’extérieur, des intérêts différents suivant la corporation, des intérêts du secteur d’activité et tout ce qui fait croire aussi qu’on compte sur l’Etat bourgeois pour nous défendre, comme s’il était impartial entre patrons et salariés.

Développer la conscience de classe, c’est affirmer que nous devrons franchir toutes les barrières qu’imposent la société de classe actuelle, le droit bourgeois, la propriété bourgeoise, l’ordre bourgeois, le respect des traditions bourgeoises appelées démocratiques, le respect des institutions bourgeoises appelées républicaines, le respect des puissances de la bourgeoisie, etc… La conception lutte de classe ne reconnait pas le droit du patron sur l’entreprise, le droit de l’Etat de lever l’impôt et d’en répartir les produits, le droit exclusif de la police, de l’armée, de la justice de faire l’ordre sécuritaire, le droit national d’ériger des frontières entre les travailleurs du monde, etc….
Non, nous ne respectons pas le droit des patrons de posséder les capitaux et les entreprises, de licencier y compris un travailleur qu’ils disent en faute, le droit de l’Etat de réprimer, le droit des capitalistes de choisir où il leur chante d’investir et désinvestir… Tout ce qui dans nos luttes dit que nous comptons sur nous-mêmes et pas sur le gouvernement ou l’appareil d’Etat pour obtenir gain de cause est une avancée. Lutter pour que l’Etat nous sauve, c’est se battre pour être trompés…

Nous sommes pour cette conscience politique de classe car c’est elle qui nous fait le plus craindre de nos adversaires, qui nous donne des moyens de les faire reculer, d’avoir des soutiens autour de nous, parmi les chômeurs, les petites paysans, les petits artisans, les petits pêcheurs, les couches petites bourgeoises diverses, …

Même une lutte numériquement d’ampleur gigantesque, dans un ou plusieurs pays n’est porteuse d’un avenir révolutionnaire qui si elle ne s’en est pas tenu au seul nombre de participants mais a développé son caractère politique révolutionnaire de classe au travers de l’auto-organisation, de la conscience de classe et du développement du rôle du parti. Toutes les luttes même nombreuses qui ne vont pas dans ces trois sens, loin de faire avancer les prolétaires, les font reculer. Cela explique que juin 1936 n’ait pas renforcé le prolétariat au point que l’offensive anti-ouvrière ait démarré un peu plus d’un an après au point de mener au fascisme en France…

Ceux qui rajoutent l’idée de construction du parti à celle d’intervention nombreuse des prolétaires n’ont pas davantage la clef de l’énigme. En effet, il faut y rajouter combat pour la conscience de classe et pour l’auto-organisation sans lesquels aucune véritable révolution sociale n’est possible.

Un parti qui se construirait même en liaison avec la classe ouvrière sur les bases d’une activité syndicaliste opportuniste, à l’opposé de ce qui a été dit plus haut, ne mènerait nullement à un parti communiste révolutionnaire même si ses militants et ses dirigeants le souhaitaient vraiment. La social-démocratie n’avait pas conçu par avance ce qu’elle allait devenir : le véritable rempart contre la révolution prolétarienne mais c’est le chemin qu’elle a choisi qui en a décidé ainsi et pas les bonnes intentions. Il en va de même aujourd’hui.

Le prolétariat est la classe d’avenir même dans des régions où elle est très peu nombreuse. Car ce qui compte sur le terrain social et économique, c’est que le prolétariat est déterminant pour le système d’exploitation capitaliste.

Bien sûr, dans l’opinion, la masse petite bourgeoise semble beaucoup plus active, dynamique, entreprenante, sure d’elle-même. Cela ne doit pas nous tromper. Les travailleurs sont certes influencés par cette opinion petite bourgeoise et la jeunesse semble beaucoup plus inflammable que les prolétaires. Mais ce sont les critères économiques et sociaux qui sont déterminants et donnent au prolétariat un rôle d’avenir et la capacité de changer le système, pour peu qu’ils en aient conscience et s’organisent indépendamment dans ce but. Dire ce qui précède n’est pas une croyance dépassée mais une analyse des forces sociales en présence et du mode de fonctionnement actuel de la société.

Au moment où le système capitaliste a atteint ses limites et ne se maintient depuis 2007 que pas des artifices de plus en plus artificiels, acrobatiques et fragiles, il n’y a d’autre avenir pour l’humanité que porté par le prolétariat. Le fait qu’il n’y croit pas et que seule une infime minorité y réfléchisse ne change pas le caractère objectif de cette situation même si cela rend le combat plus difficile.

Nos idées n’ont qu’un tout petit nombre d’adeptes, mais la valeur des idées n’est pas non plus dans le nombre de ceux qui les défendent mais dans la validité des analyses qu’elles contiennent.

Jamais il ne doit non plus appeler rapport de forces ce que les travailleurs croient être celui-ci. Ce n’est pas parce que l’opinion ouvrière sur ses propres forces n’est pas élevée qu’elle a objectivement raison car cela dépend aussi des contradictions et problèmes des classes dirigeantes…

Concluons en rappelant que jamais un révolutionnaire ne doit raisonner politiquement en fonction du rapport de forces même s’il ne peut agir qu’en fonction de celui-ci, sinon il justifie les stratégies de défaites futures par les défaites passées en fait rentrer le prolétariat dans des cercles vicieux sans fin…

Messages

  • L’organisation Partisan-Voie prolétarienne s’adresse aux travailleurs de PSA Aulnay :
    « Vous vous êtes battus mieux que des lions. Les grévistes d’Aulnay et tous ceux qui les ont soutenu ouvertement ou discrètement ont défendu les intérêts ouvriers contre la dictature des patrons. La lutte a vaincu la fatalité et a permis de redresser la tête et d’engager la résistance. Toute la classe ouvrière combative de France et d’ailleurs s’est reconnue dans votre lutte pour l’emploi, contre la fermeture des usines : le soutien politique et financier de plus de 900.000 euros ont été immenses. Partisan-Voie prolétarienne, à la mesure de ses forces a participé activement à ce soutien. Vous avez montré de quoi la classe ouvrière est capable : même un nombre limité de grévistes actifs et courageux peut tenir en respect un patronat assoiffé de profit. .. Il a fallu s’organiser collectivement pour résister et agir contre le patronat – la force des ouvriers c’est leur nombre quand ils sont organisés ! … Beaucoup de grévistes l’ont dit : « Si TOUS ensemble on s’était battu, on aurait gagné ! »

    Mais organisés comment ? Dans les syndicats ? Comme ils l’étaient à Aulnay ? …

    Soyons nombreux aux manifestations du 9 octobre !
    Soyons nombreux à la manifestation du 13 juin

    Le 12 octobre et après
    Soyons encore plus nombreux dans la lutte

    Nombreux à Marseille

    Orléans et Loiret : toujours aussi nombreux
    Et toujours les « occasions » des journées d’action pour y être nombreux à montrer mais quoi ?

    Dans le CLT intitulé Le prolétariat international, la seule classe capable de mettre fin au capitalisme et à l’exploitation !

    « C’est bien le prolétariat – c’est-à-dire l’ensemble des travailleurs salariés – qui est en passe de devenir, de façon absolue, la classe la plus nombreuse sur la planète… Quelques chiffres : dans les trente dernières années, selon le BIT, aux Philippines, le nombre de travailleurs industriels a doublé, passant de 2,6 à 5 millions ; de même au Mexique, de 6,5 à 11,2 millions ; en Indonésie, il a triplé, passant de 6,7 à 19,2 millions.
    Et c’est bien sûr la Chine qui représente, si ce n’est en pourcentage mais en nombre absolu d’ouvriers, l’évolution la plus spectaculaire : si l’industrie en Chine employait 20 millions de travailleurs en 1960, 77 millions en 1980, ce qui n’était déjà pas rien, le chiffre serait aujourd’hui quelque de 210 millions ! C’est deux fois plus que dans tous les pays riches réunis….
    Tout d’abord, la baisse du nombre de travailleurs dans le secteur industriel, dans les pays riches, n’est pas si énorme qu’on voudrait nous le faire croire : de 1980 à 2009, elle oscille, selon les pays, entre 5 et 18%. Ce dernier chiffre concerne les États-Unis, ce qui n’empêche pas ce pays de compter encore pas moins de 24 millions d’ouvriers d’usine ! En France, sur cette période, la baisse a été de 5%, le nombre d’emplois industriels passant de 6,1 à 5,7 millions.
    En plus, ces chiffres sur les effectifs de l’industrie sont à manier avec des pincettes. Les statistiques contribuent largement à sous-estimer le nombre réel de travailleurs de ce secteur – et les patrons eux-mêmes ont contribué à cet effort, en externalisant de très nombreuses tâches qui étaient, auparavant, exécutées en interne. Ainsi, dans le passé, les tâches d’entretien, de contrôle, de nettoyage, de logistique, etc., étaient assurées par des salariés de l’usine, qui entraient donc dans la catégorie des salariés de l’industrie. Aujourd’hui que ces tâches sont exécutées par des sous-traitants, les salariés de ces sous-traitants, qui n’ont pas changé de métier mais seulement de bleu de travail, deviennent des employés de services ! Il est bien sûr impossible de savoir combien de travailleurs de l’industrie sortent ainsi des statistiques, mais on peut probablement faire confiance à un porte-parole de la très patronale Fédération des industries métallurgiques de Grande-Bretagne, qui déclarait il y a quelques années dans le Financial Times : « L’industrie manufacturière crée une large portion de l’industrie des services en sous-traitant ses activités. (...) L’industrie pourrait représenter jusqu’à 35 % de l’économie - au lieu des 20 % généralement acceptés - si elle était mesurée en faisant usage de définitions statistiques appropriées. »
    Alors certes, le prolétariat ne se limite pas aux ouvriers d’industrie ; mais il est absurde et mensonger de prétendre que celui-ci aurait disparu ou serait en passe de disparaître… S’il est invisible pour ceux qui sont aveuglés par leurs préjugés de classe, le prolétariat est donc bien une classe sociale toujours plus indispensable au fonctionnement de la société, toujours plus nombreuse, toujours plus implantée à l’échelle mondiale…. Alors oui, le monde a changé depuis Marx – et la classe ouvrière a changé. En mieux, par certains aspects : la classe ouvrière des pays riches est aujourd’hui bien plus cultivée, c’est-à-dire bien plus apte à acquérir des idées qu’elle l’était au 19e siècle. Et celle des pays pauvres, est plus nombreuse, plus concentrée, plus en contact avec le progrès technique, qu’elle l’a jamais été. Et ce qui n’a certainement pas changé, c’est que le prolétariat est plus que jamais au cœur de la production et de l’exploitation, et par là-même il reste la seule classe capable de changer le monde – et ça, tant que le capitalisme existera, cela ne disparaîtra jamais !
    Oui, le monde bouge, des usines ferment ici et s’ouvrent ailleurs, certaines productions apparaissent et d’autres disparaissent, les centres de gravité de la production se déplacent. Et alors ? Lorsque la production des calèches a presque disparu pour faire place à celle des automobiles, les militants révolutionnaires n’ont pas pleurniché, mais sont allés s’implanter dans les usines d’automobiles ! »

    Ne pas pleurnicher ne suffit pas, relever le nombre de travailleurs dans le monde non plus.

    La Chine, ce n’est pas seulement le nombre de travailleurs mais les luttes, leur caractère. Pas un mot de cela dans le CLT de Lutte Ouvrière...

  • Beaucoup de grévistes l’ont dit : « Si TOUS ensemble on s’était battu, on aurait gagné ! »

    Parfois une lutte même minoritaire au début peut gagné l’adhésion et agrégée d’autres secteur—> c’est ce qui s’est passé en 1988 à la Snecma, mais sous une politique réelle d’auto organisation des ouvrières/ers. Ce n’est pas la politique des syndicats qui a décidé les 3 usines à s’organiser en comité de grève .
    Pareil pour les infirmières, le nombre joue un rôle mais absolument pas sous une politique syndicale classique, c’est à dire corporatiste et dirigeant la lutte a travers les délégués élus 1 fois tous les 4 ans...

  • « Les ouvriers ont entre leurs mains un élément de succès : leur nombre. Mais le nombre ne pèse dans la balance que s’il est uni par l’association et guidé par le savoir. L’expérience du passé nous a appris comment l’oubli de ces liens fraternels qui doivent exister entre les travailleurs des différents pays et les inciter à tenir bon, coude à coude, dans toutes leurs luttes pour l’émancipation, sera puni par la défaite commune de leurs tentatives dispersées. Si l’émancipation des travailleurs demande, pour être assurée, leur union et leur concours fraternels, comment pourraient-ils remplir cette grande mission tant qu’une politique étrangère, poursuivant des buts criminels et mettant en jeu les préjugés nationaux, répand dans des guerres de pirates le sang et la fortune du peuple… Combattre une politique étrangère de cette nature, c’est participer à la lutte générale pour l’émancipation des travailleurs. Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! »

    Karl Marx – Adresse de 1864

  • « Les ouvriers ont entre leurs mains un élément de succès : leur nombre. Mais le nombre ne pèse dans la balance que s’il uni par l’association et guidé par le savoir. »

    Karl Marx, adresse de 1864

  • A quoi sert de connaitre la science de la société puisque ceux qui la connaissent sont une infime minorité et leurs thèses sont peu connues ?

  • « Même lorsqu’une société est sur le point de parvenir à la connaissance de la loi naturelle qui préside à son évolution […], elle ne peut cependant ni sauter, ni rayer par décret les phases naturelles de son développement. Mais elle peut abréger et atténuer les douleurs de l’enfantement. »

    « Préface à la première édition allemande », dans Le Capital, Karl Marx

  • La force des travailleurs, c’est leur conscience, c’est-à-dire leur capacité à appréhender la capacité historique de leur classe à faire avancer l’humanité.

  • Et le parti prolétarien, ce n’est pas seulement un grand nombre de travailleurs organisés politiquement : c’est une compréhension de l’état de la société et de sa place dans l’Histoire ainsi que des tâches du prolétariat.

    "Avant tout, qu’est ce qui caractérise un parti prolétarien ? Personne n’est obligé de militer dans un parti révolutionnaire, mais, s’il le fait, il prend son parti au sérieux. Quand on ose appeler le peuple à un changement révolutionnaire de société, on porte une énorme responsabilité qu’il faut prendre très au sérieux. Et qu’est-ce que notre théorie, sinon, simplement l’outil de notre action ? Cet outil, c’est la théorie, marxiste, parce que, jusqu’à présent, nous n’en avons pas trouvé de meilleur. Un ouvrier ne se livre à aucune fantaisie avec ses outils : si ce sont les meilleurs outils qu’il puisse avoir, il en prend grand soin ; il ne les abandonne pas et n’exige pas des outils fantaisistes, qui n’existent pas."

    Trotsky dans "Réponse à des questions concernant les Etats Unis" (1940)

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