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Echange de courriers de Voix des Travailleurs avec Olivier (gauche communiste)

mardi 15 octobre 2013, par Robert Paris

Débat avec Olivier

Salut gars !

Oui je disais qu’il faut s’interroger sur :

1/ La situation politique générale a t-elle changée et si oui, comment ? A t-elle des conséquences sur la situation politique générale ?

2/ Quel est le rapport de force entre les classes aujourd’hui (prolétariat-bourgeoisie au niveau mondial puis national comme conséquence) ? en lien : comment la LDC (lutte de classe) pourrait-elle se dérouler ? Pourquoi il n’existe pas d’organisation révolutionnaires ou de parti prolétarien et internationaliste ? Quel est le niveau de conscience politique de la classe ; en lien chez les révolutionnaires niveau théorique (quand la classe a perdu sa conscience politique, les organisations ou les militants cristallise le niveau de conscience passé du mouvement ouvrier et de la classe ? Quels sont les raisons qui font qu’il est difficile aujourd’hui pour la classe ouvrière de retrouver sa conscience politique et au minimum la conscience d’appartenir à une classe : la classe ouvrière

3/ Quelle est la situation des tensions inter-impérialistes ? et donc. Encore aujourd’hui elle évolue rapidement : c’est un tremblement de terre avec le changement d’alliance qui s’aborde au Moyen Orient avec les nouvelles relations entre les USA et l’Iran prélude à de nouveaux réalignements impérialistes. La lutte de classe au Moyen Orient va en être affectée.

4/ Quel est le cours historique : vers la guerre ou vers la révolution ?

5/ Last but not least : la crise économique, où elle en est ? Va t-elle s’approfondir ? Est-ce une crise majeure ? De quelle ampleur ? Jusque à quant, la FED va t-elle créer de la monnaie pour éviter le collapsus ?

Comment le capitalisme repartira ? En 1929 ce fut la guerre mondiale qui solutionna la question. Que se passera t-il aujourd’hui ? La LDC pourra t-elle arriver à temps pour arrêter la machine ?

Voilà les questions politiques.

Je vais faire grâce pour les questions théoriques (restauration et approfondissement du marxisme et de la théorie du prolétariat complétement détruite et laissée à l’abandon par le stalinisme et la plus grande contre-révolution de l’histoire : elle a durée presque tous le siècle dernier : 1920 à aujourd’hui. Comment s’en relever sachant que la SD s’est effondrée dans la guerre. La restauration du marxisme n’a eu lieu que quelques années : 1915-1920, aller je dis : 1926 peut être... ) qui sont évidemment en lien avec ces premières questions auxquelles nous devons répondre si nous voulons être à la hauteur de la situation et des enjeux qui se profilent.

Voilà l’ampleur du travail, c’est un vaste chantier. Mais nous avons le cœur bien accroché. C’est un peu la tâche que je me suis fixée avec un certain nombre de camarades. mais beaucoup pensent que cela se fera tout seul dans la lutte. Je ne le crois pas. Marx et Engels se sont mis à la tâche quand s’était nécessaire après 1848 en commençant le capital. Bordiga a tenté de le faire après 1952 mais de façon scolastique sans lien avec la lutte de classe et surtout en chambre. C’est très mauvais !! Il faut toujours un lien dialectique avec la classe ouvrière même s’il est très ténu. Dommage que Trotsky ne l’ai pas assez fait après 1930, il aurait pu apporter beaucoup au mouvement ouvrier. Mais il s’est trompé de cours historique. Il pensait que le cours était de nouveau à la révolution notamment après 1936. (beaucoup se sont trompés comme mon mentor : Marc Chirik surtout après 1980. ils voulaient voir la révolution ! Mais il faut garder la tête froide : une erreur politique peut entraîner beaucoup trop d’erreurs). Et dans un tel cours, s’il avait été tel, il aurait eu raison. "Mieux vaut le mouvement que mille programmes" (citation de tête). Eh oui, en période de lutte, il faut y aller, ce n’est plus le temps de la réflexion.

Bon, très bien, encore une fois tu arrives à me faire écrire mes réflexions à chaud.

Salut internationalistes,

Olivier

1/ La situation politique générale a t-elle changée et si oui, comment ? A t-elle des conséquences sur la situation politique générale ?

La situation politique est en permanence changeante. Pour répondre à la question il faudrait savoir par rapport à quoi la situation aurait changé. Je pense, et les animateurs essentiels du site M&R pensent d’après ce que je crois, que la situation politique actuelle dépend de la crise subprimes/Lheman-Brothers datée de 2007/2008 et dont les prémisses se percevaient déjà par les analystes financiers.

Pour aller vite, voici ce que je pense, ou du moins ce qui me vient à l’esprit quand je lis ta question :

La contre-offensive post-68 avait permis de contribuer à faire tomber le bloc de l’est et l’URSS. La Russie a gravement reculé en terme d’espérance de vie, et l’ensemble du prolétariat n’avait plus depuis bien longtemps une faible conscience politique, ou plutôt le prolétariat était divisé dans les divers nationalismes issus des décolonisations. Ainsi, à la chute de l’URSS, le capital a eu le champ libre pour mener la politique expansionniste et néo-coloniale des pays et mener la conquête du far-est.
L’ouverture en Chine a permis après 1978 une accumulation primitive, un déplacement des populations, une prolétarisation des couches sociales de la campagnes. Un premier développement s’est réalisé sur les côte et un second plus en arrière, ce mouvement progresse dans l’ouest du pays. La situation est ainsi relativement favorable pour le prolétariat en chine pour un développement des luttes, des bagarres ouvrières et pour la montée des salaires.
Un mouvement différent mais du moins d’expansion du prolétariat se rencontre en Inde et de nombreuses bagarres ouvrières ont eu lieu dans les années récentes.

Depuis al chute de Ben Ali, on a assisté à un début de révolution mondiale dans la zone méditerranéenne des deux co^tés de la méditerranée : Egypte, Libye , et même l’Algérie et le Maroc ont frémis. La Grèce l’Italie l’Espagne sont profondément touchées par la rétractation des capitaux et le désinvestissement actuel. Cependant, la situation qui s’est ouverte fin 2010 et début 2011 s’est partiellement refermée cet été. La chute de Morsi, les répressions des partisans islamistes et des frères musulmans ont permis de mettre le prolétariat de côté. La chute de Moubarak a été permise par l’activité autonome du prolétariat, principalement celui du textile, aidé par une fraction de la jeunesse étudiante et petite bourgeoise. La crise, pour les capitalistes a été finement gérée : la sympathie entre soldats et prolétaires qui existait au printemps 2011 a été cassée par les massacres de juillet/aout 2013.

La crise de 2008 a été gérée sur deux plans : renflouement des banques par les états, et endettement. Cet endettement a nécessité pour les états capitalistes de réduire les dépenses, ou plutôt d’entamer cette réduction des dépenses, mouvement qui n’a fait que commencer. La majeure partie des investissements de capitaux s’est tournée vers l’armement. C’est la guerre mondiale qui se prépare.

Parallèlement, le spéculateurs n’ont en rien supprimé leurs titres pourris, ils les ont remis sur le marché et vendent du crédits à de futurs chômeurs : de nouvelles bulles spéculatives ont émergé en 2009 et depuis. L’une de celle qui fait frémir les investisseurs, concerne les prêts étudiants qui ont bondit au EU, et qui risquent de ne pouvoir être remboursés par les jeunes générations qui risquent de ne pas trouver d’emploi à la suite de leurs études. Ainsi, les capitalistes n’ont fait que repousser les échéances des titres pourris non-remboursables en créant d’autres titres pourris non-remboursables. C’est lorsque des troubles sociaux majeurs arriveront que les préparatifs à l’instauration du fascisme et à la guerre mondialisée pourront être déclenché. Les capitalistes ont réfléchis à ce scénario et l’envisagent sérieusement.

Dans ce contexte, le prolétariat est bien mal en point, mais il n’a pas subit de défaites majeures. Il est neuf de toutes les expériences du passé, mais dans les deux sens du terme : l’anti-communisme n’est plus à l’ordre du jour comme dans les années 1980-90, mais les montées des nationalismes est très fort dans les métropoles impérialistes comme la France. Le véritable problème, c’est l’ascendant que les syndicats et les gauches issues de la social-démocratie (ou encore des partis islamistes qui font du social et gagnent de la sympathie par une politique paternaliste) ont encore sur le prolétariats ou les classes semi-moyennes, ou semi-prolétaires. Bref, l’indépendance politique du prolétariat manque cruellement et cela est plutôt de mauvaise augure pour les mois et les années qui viennent.

Le prolétariat est trop peu conscient de sa force et fait trop peu de politique pour le moment et du moins, il n’est pas à la hauteur de la situation. Mais les attaques et les guerres que vont mener les capitalistes sera peut-être un levier pour transformer les guerres impérialistes en guerres révolutionnaires. Rien n’est joué le socialisme est une perspective à défendre maintenant encore plus que dans les années passées.

Ephraïm

Merci de ta réponse.

Mais j’ai longtemps été aussi optimiste que toi et dis ce que tu dis.
Et maintenant, je me méfie et je préférerai que nous étayions ce que nous disons avec plus de matériel.

Amicalement,

Olivier

Je te répondrai plus longuement, c’est questions sont trop importantes et déterminantes pour notre combat. Nous y reviendrons sans cesse de toute façon et en en discutant nous irons bien sûr plus profondément dans la compréhension des questions politiques.

Il y a beaucoup d’utilisation de concepts et de mots pas dans le même sens pour nous deux. C’est extraordinaire. Il va falloir se faire un glossaire. Mais il y a tellement longtemps que nos courants ne se parlent pas, que nous ne nous parlons pas !
C’est super que nous puissions le faire, enfin !

Ensuite et rapidement. Il y a une autre vision politique, très nettement sur l’idée de "révolution au Moyen Orient". Là nous avons franchement un désaccord. J’essaierai d’y revenir plus profondément.

Il me semble aussi que tu as une manière de poser le problème de façon "mouvementiste" (si je peux dire, j’espère que tu comprends le sens de ce mot) ce qui te rapproche d’une certaine façon, de la manière des "conseillistes" et de Pannekoek de poser le problème (ce n’est ni péjoratif, ni une critique, puisque j’ai beaucoup de camarades qui pensent ainsi et un très grand respect pour Pannekoek comme Lénine sur la question de l’État notamment).
Donc, je préfèrerai que nous arrivions mieux à comprendre le cours de l’histoire (autant que c’est possible ; c’est sur cette question que j’ai un très grand désaccord avec le CCI) pour pouvoir être plus efficace dans nos interventions dans la classe ouvrière. C’est un travail qu’il faut essayer de faire et surtout ne pas l’écarter sous prétexte que nous n’y arriverions pas. C’est clair qu’il y aura toujours des paramètres inconnus (nous discutons de l’homme et des réactions de classe... Nous ne sommes pas devant des formules mathématiques) mais essayons tout de même d’aller plus loin.

Bien amicalement et saluts internationalistes,

Olivier

Le rapport des classes est celui de trois classes et pas seulement de deux : il y a aussi la petite bourgeoisie. Et l’erreur la plus grave en période de crise est d’oublier la petite bourgeoisie sous le prétexte que ce ne serait pas une classe historique.

On pourrait penser que le niveau côté prolétariat et révolutionnaires est très loin de ce qui serait nécessaire mais cela risque d’être une appréciation tellement générale qu’elle pourrait être vraie en tout temps.

En réalité, cela dépend de la profondeur des illusions dans la société bourgeoise et il est très difficile de les mesurer. Il est très possible que le prolétariat se méfie plus que jamais de la société bourgeoise et plus aussi que nous le pensons.

Le fait qu’une classe opprimée n’ait pas tendance à beaucoup s’exprimer fait qu’elle-même ne sait pas très bien ce qu’elle pense. On diffuse partout des affirmations selon lesquelles le prolétariat marcherait dans toutes sortes de tromperies. Rien n’est moins sûr. C’est seulement quand la classe ouvrière entre massivement en action et pénètre le terrain politique qu’elle délaisse l’essentiel du temps que l’on peut mesurer à quel point elle a changé, comment les événements se sont réfractés dans les consciences. Pour le moment, on ne peut pas et le pessimisme n’est pas une arme politique pour des révolutionnaires.

Comment le capitalisme repartira ?

Mais qu’est-ce qui prouve qu’il repartira ?
Tu dis : quel est le cours historique, vers la guerre ou vers la révolution ?

Non c’est vers le socialisme et en même temps vers la barbarie. C’est les deux à la fois qui vont se développer… Dialectiquement !

Amitiés communistes révolutionnaires

Robert Paris

Bonjour,
Je te réponds en gras dans le texte.
Le rapport des classes est celui de trois classes et pas seulement de deux : il y a aussi la petite bourgeoisie. Et l’erreur la plus grave en période de crise est d’oublier la petite bourgeoisie sous le prétexte que ce ne serait pas une classe historique. Bien sûr qu’il faut tenir en compte les différentes classes sociales en mouvement. Mais pour faire une étude il faut simplifier les paramètres puis ensuite revenir à la complexité de l’existant.
Donc, je reste d’abord sur les 2 classes historiques, c’est à dire celles qui possèdent un devenir historique, une issue. Donc aujourd’hui nous trouvons que la bourgeoisie est largement à l’offensive dans le monde contre nous et elle y va fort. Et la classe ouvrière qui prend les coups. Expliquons tout cela et comprenons les raisons de ce phénomène. Un des points est l’effondrement de l’Est qui a affaibli grandement la conscience de la classe surtout après les campagnes de la bourgeoisie qui ont tenté de faire croire qu’il n’y avait plus rien d ’autre que le capitalisme.
Ce n’est qu’un début de réflexion....

On pourrait penser que le niveau côté prolétariat et révolutionnaires est très loin de ce qui serait nécessaire mais cela risque d’être une appréciation tellement générale qu’elle pourrait être vraie en tout temps.
Nous possédons quelques instruments de mesure : les mystifications électorales, syndicales, etc. Il faut essayer de les mesurer. par exemple après 68, on voyait une ceraine désaffection par rapport aux élections et aux partis traditionnles (notamment des staliniens,) Quand est-il par rapport aux trotskistes de Lo ou du NPA, aujourd’hui ? Voilà quelques exemples à creuser. Il y en a d’autres. C’est tout ce que nous devons faire.

En réalité, cela dépend de la profondeur des illusions dans la société bourgeoise et il est très difficile de les mesurer. Il est très possible que le prolétariat se méfie plus que jamais de la société bourgeoise et plus aussi que nous le pensons. Oui, voir ci-dessus. Et en plus il faut ajouter les mystifications et campagnes de la bourgeoisie et petite bourgeoisie. Mais nous pouvons les étudier en creux. C’est à dire la violence d’une campagne et son intensité nous montre l’attention de la bourgeoisie pour brouiller les pistes : écologie, le mariage pour tous, etc....

Le fait qu’une classe opprimée n’ait pas tendance à beaucoup s’exprimer fait qu’elle-même ne sait pas très bien ce qu’elle pense. On diffuse partout des affirmations selon lesquelles le prolétariat marcherait dans toutes sortes de tromperies. Rien n’est moins sûr. C’est seulement quand la classe ouvrière entre massivement en action et pénètre le terrain politique qu’elle délaisse l’essentiel du temps que l’on peut mesurer à quel point elle a changé, comment les événements se sont réfractés dans les consciences. Pour le moment, on ne peut pas et le pessimisme n’est pas une arme politique pour des révolutionnaires.
ici aussi il faut essayer de voir dans chaque lutte ce que les ouvriers sont capables d’imposer. Le fait qu’il y ait bien souvent par exemple une intersyndicale montre que les syndicats ont besoin de plus de force pour s’imposer, peut être. Voilà des indices qu’il faut essayer de regarder et d’étudier. Voir si d’une lutte à une autre il y a recul ou avancée. Ensuite tu as raison qui savait qu’une manifestation de ménagères à Petrograd serait le début de la révolution ! Mais cet argument ne doit pas nous imposer silence dans notre recherche.

Comment le capitalisme repartira ?

La suite au prochain numéro. C’est plus complexe.

Mais qu’est-ce qui prouve qu’il repartira ?

Tu dis : quel est le cours historique, vers la guerre ou vers la révolution ?

Le cours historique ? Je ne suis pas d’accord avec toi. Globalement tu as raison mais il y a des moments où il y a une tendance qui gagne : la bourgeoisie ou le prolétariat. Dans la guerre impérialiste, le prolétariat est battu.

Non c’est vers le socialisme et en même temps vers la barbarie. C’est les deux à la fois qui vont se développer… Dialectiquement !
Olivier

Cher Olivier,

Comme d’habitude, ce qui nous sépare est surtout philosophique comme séparer le simple et le complexe, les périodes d’avancées et de recul, les avancées d’une force et de la force opposée, les avancées et les reculs de la conscience et de l’auto-organisation. L’histoire ne fonctionne pas ainsi et ce qui est une première étape de raisonnement n’est pas une simplification. On ne peut pas se contenter de simplifier la petite bourgeoisie d’autant que tu la réintroduis quelques lignes plus bas. Surtout si la petite bourgeoisie n’est pas le fondement du fonctionnement du système mais est par contre celui de sa stabilité sociale et politique. Comment discuter des illusions démocratiques sans discuter du poids social et politque de la petite bourgeoisie ? Impossible ! Faire croire que la lutte est un face à face de deux classes fondamentales n’est pas le point de vue du Manifeste communiste de Marx. Il relève seulement deux classes historiquement fondamentales ce qui est très différent...

Robert Paris

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