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Des cheminots de Gare de l’Est pour une orientation de lutte de classe du syndicalisme

mercredi 11 décembre 2013, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Des cheminots de Gare de l’Est pour une orientation de lutte de classe du syndicalisme

Nous nous réunissons à un moment clef dans les attaques que nous subissons parmi lesquelles chacun d’entre nous a bien entendu en tête la remise en cause du service public ferroviaire mais aussi celle des retraites et encore celle de notre niveau de vie, celle de nos conditions de travail avec une charge de travail sans cesse en hausse et des effectifs au statut sans cesse en baisse. Mais on n’en finirait pas de faire la liste des attaques qui se profilent à l’heure actuelle et que les syndicats et les salariés dénoncent et combattent à juste titre.

Cependant, il y a un hic : peut-on combattre des attaques aussi graves sans se demander qui les mène, quels sont nos ennemis, quelles sont leurs raisons d’agir, dans quelle perspective agissent-ils ainsi ? La question, bien que très peu évoquée dans la plupart des documents syndicaux, est centrale. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire que nous voulons sauvegarder le service public ferroviaire, ou celui de l’énergie ou encore celui de la Santé ou de l’Education, sans se demander pourquoi quelqu’un voudrait le remettre en question et qui. Pourquoi la même société, les mêmes Etats, les mêmes classes dirigeantes avaient autrefois mis en place des services publics, des droits sociaux, un code du travail et sont en train de détricoter tout cela progressivement d’année en année et cela quelles que soient les pays, les équipes gouvernementales et leur couleur politique…

La seule réponse qui nous est donnée à cette question cruciale est celle des politiques économiques des gouvernants qui favoriseraient trop les milieux patronaux au travers de l’austérité, des libéralisations, des aides aux marchés financiers, aux trusts et aux banques et des politiques laxistes vis-à-vis de la spéculation.

Il y aurait donc des buts économiques consistant à aider les entreprises dans ces diverses attaques et ce pour les aider à passer la crise. C’est ce que nous disent aussi bien ceux qui soutiennent ces politiques que ceux qui les contestent.

Et pourtant, on peut légitimement se demander si on a trouvé là le pot aux roses !
Il est permis d’en douter.

Examinons le cas de la Grèce car c’est un pays qui, en Europe a connu les pires attaques anti sociales et les pires remises en question des acquis sociaux. Est-ce que cela a favorisé l’économie grecque ? Est-ce que cela fait repartir les entreprises grecques ou leurs investissements ? Est-ce que cela amène les investisseurs mondiaux à se tourner vers la Grèce ? Certainement pas ! Plus il y a de mesures d’austérité, plus l’économie grecque s’enfonce. Plus elle paie de dettes, plus elle s’endette…

Mais alors tous ces plans d’austérité, concoctés pour la Grèce par ses gouvernants et aussi par ceux de toute l’Europe dont les nôtres, ont servi à quoi si ce n’est pas à redresser l’économie ?

Progressivement, toutes les annonces de mesures anti sociales ont eu une efficacité et c’est seulement pour casser le moral des travailleurs et des milieux populaires, leur confiance dans leur propre force et dans leur avenir, la confiance aussi dans leurs organisations politiques de gauche mais aussi dans leurs organisations syndicales qui se révèlent impuissantes face à la situation. Il est permis de se demander si le but économique prétendu ne cache pas le but social réel : affaiblir le poids de la classe ouvrière à ses propres yeux et à ceux de l’ensemble de la population. On peut même dire qu’il s’agit, en attaquant ainsi, tranche par tranche les milieux populaires de les discréditer à leurs propres yeux en les faisant passer pour des privilégiés.

Dire que les attaques actuelles sont liées à la crise économique débutée en 2007 et qui n’a toujours pas de fin ne suffit pas. Des crises économiques, le système capitaliste en a connu des dizaines mais jamais, au grand jamais, on n’a connu de telles politiques face à la crise, à savoir des interventions massives de centaines de milliards de dollars de toutes les banques centrales de la planète pour sauver toutes les banques, tous les trusts et tous les gros financiers, en agissant ainsi à contre-courant de toutes les lois de l’économie, de la rentabilité et de l’intérêt des capitaux placés. Cela seul montre qu’il y a bien une question nouvelle à se poser sur la pérennité de ce système et sur les buts qui peuvent être ceux des classes dirigeantes, constatant qu’elles pourront seulement retarder l’effondrement mais pas l’enrayer.

Le capitalisme s’est heurté au mur de sa propre capacité à capitaliser. Il ne peut enrayer durablement sa chute et les risques révolutionnaires qui en sont le corolaire à l’image du printemps arabe. Face à ce risque les capitalistes doivent faire en sorte qu’elle ne mène pas les travailleurs à préparer un autre avenir en rendant leur classe inapte à réagir, en la cassant progressivement, en se servant du répit fourni par ces centaines, ces milliers de milliards de dollars jetés sur les marchés pour affaiblir et casser toute perspective de renversement du système.

La Réforme ferroviaire

Pourquoi présentons-nous ces textes à la discussion ?

Si nous soumettons à la discussion du syndicat régional de Paris-Est ces textes sur la réforme ferroviaire, c’est que nous ne nous retrouvons pas dans l’orientation défendue actuellement par le syndicat à l’échelle nationale et régionale.

La ligne actuelle défendue est incompatible avec les principes fondateurs de la fédération Sud-Rail qui proposent « l’autogestion des moyens de production, d’échange économiques, de communication… » et s’inspirent de la charte d’Amiens.

Charte d’Amiens qui précise que « (…) dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. ; Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme ; il prépare l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale (…) »

L’orientation du syndicat dans la défense de la SNCF en tant que service public ne met jamais en avant que la seule façon d’aller vers un Service Public à 100% ne répondant à aucun critère de rentabilité capitaliste et réponde réellement aux besoins des populations ne peut se faire qu’en rupture avec le capitalisme, c’est-à-dire en arrachant le pouvoir économique et par conséquent politique des mains des capitalistes. Défendre un SP à 100% c’est défendre une SNCF autogérée, c’est dire sous le contrôle des salariés et de la population laborieuse.

Et ce n’est pas le seul point sur lequel porte le désaccord. A l’adossement de la dette à l’Etat nous opposons l’annulation pure et simple de celle-ci.

Notre désaccord porte aussi sur la politique de dialogue social défendue par l’intersyndicale vis-à-vis du patronat et du gouvernement, la défense de la SNCF seule sans chercher à se lier aux autres services publics, aux salariés du privé comme si cette attaque pouvait être séparée du reste. A cela nous proposons de faire la propagande la plus large pour défendre qu’il faut se battre tous ensemble contre la privatisation, la casse des retraites, l’ANI, les hausses d’impôts….

Ni Epic, ni Monopôle d’Etat, ni Société Anonyme !

Service Public à 100% ! Capital financier à 0%

Non à la rentabilité ! 0% de normes capitaliste !

Contrôle des salariés et de la population sur la SNCF

EPIC, Monopole Public d’Etat : c’est le « service public » au service du capital

L’ensemble des syndicats dénoncent le PPU et les trois EPIC et mettent en avant un seul EPIC ou un monopole public d’Etat.
Un EPIC n’est en rien une garantie contre la privatisation ou un fonctionnement selon des normes capitalistes. Pour preuve, L’EPIC SNCF actuel compte pas loin de 1000 filiales, utilise la sous-traitance en cascade, a privatisé certaines activités.

Quant au monopole public d’Etat, cela laisse supposer que l’Etat pourrait mener une autre politique alors qu’il est à la manœuvre depuis des années pour organiser la casse de la SNCF et plus largement celle des services publics. C’est oublier que cet Etat n’est pas au service de la population mais des classes dirigeantes. La nationalisation sans contrôle ouvrier ne change rien à la logique de rentabilité.

Alors EPIC ou monopole d’Etat ou nationalisation, si c’est la même politique qui est menée au final, c’est-à-dire être rentable, autrement dit fonctionner selon des normes capitalistes, cela ne changera rien au problème.

Défendre un Service Public à 100%, c’est lutter pour le contrôle des salariés et de la population sur la production !

Dans ces conditions, défendre le Service Public (SP) sans remettre en cause ouvertement les normes capitalistes, sans dénoncer l’Etat et la nécessité du transfert des moyens de production entre les mains des salariés, c’est rester sur le terrain du capitalisme. Or défendre la SNCF en tant que SP et plus largement l’ensemble des SP, c’est lutter pour le contrôle des salariés et de la population sur les SP, autrement dit pour l’autogestion ouvrière qui seule peut garantir un SP répondant aux besoins des populations.

Lier la lutte pour un SP à 100% à la perspective de lutte contre le capitalisme

Pour qu’il existe de véritables services publics, il faudra des changements profonds dans la société tout entière, sinon elle ne sera jamais à l’abri de la rapacité et des méfaits des capitalistes.
Il faudra, en fait, que toute l’économie soit au service du public, c’est-à-dire que l’on produise en fonction des besoins réels de la population et non de la minorité capitaliste qui monopolise les richesses et les moyens de production.

Défendre que la SNCF soit sous le contrôle des salariés et de la population

Aussi nous proposons que le syndicat de Paris-Est défende ouvertement l’autogestion ouvrière de la SNCF, c’est-à-dire qu’elle passe sous contrôle des salariés et de la population et s’oriente dans ce sens en diffusant publiquement ce point de vue et le défende au sein de la Fédération.

Non au cadre social harmonisé

Un seul statut dans le ferroviaire : celui des cheminots

Pour l’amélioration de nos conditions de travail

Le cadre social harmonisé c’est la casse des conditions de travail des cheminots

Le rapport Bianco est limpide à ce sujet. Il faut « offrir aux partenaires de la branche ferroviaire l’occasion de conclure un nouveau pacte social ». « Un décret-socle précisera les principales règles communes à la branche ferroviaire (…). A celui-ci s’ajoutera une convention collective nationale qui aura vocation à s’appliquer à l’ensemble des entreprises (de fret, de transports de voyageurs, de gestion de l’infrastructure) de la branche ferroviaire en cours de construction (…) » « sous la présidence d’un haut fonctionnaire de l’Etat ».
L’Etat sera à la manœuvre pour casser nos conditions de travail.

Dénoncer le cadre social harmonisé ce n’est pas défendre le RH actuel

Il est juste de dénoncer et de montrer les conséquences de la mise en place d’une convention collective de branche inférieure au RH0077. Dans la brochure « pour une vraie réforme ferroviaire » de Sud-Rail, il est mis en avant que « Pour Sud-rail, dans une convention collective applicable à l’ensemble du secteur ferroviaire, ce sont les règles sociales de l’opérateur historique qui doivent être généralisées ; à l’exemple de ce qui s’est fait dans l’énergie où le statut national des d’EDF-GDF est devenu la convention collective du secteur. »
Notre mot d’ordre doit rester celui d’un seul et même statut pour l’ensemble des travailleurs du rail c’est-à-dire la fin de l’externalisation au travers de la filialisation, de la sous-traitance en cascade et mettre en avant la ré-internalisation...

Notre revendication n’est pas le RH0077. Nous combattons le fait qu’ils veulent des conditions inférieures au RH tout en combattant pour améliorer celui-ci. L’application à la virgule de celui-ci serait un recul dans bien des chantiers au regard des accords locaux. Dans ce domaine-là, il ne faut pas hésiter à mettre en avant nos revendications sur les conditions de travail (comme la baisse du temps de travail…) ou les salaires.

Améliorer les conditions de travail

Nous revendiquons entre autres :

 32 heures pour tous et toutes, sans perte de salaire, par l’attribution de journées supplémentaires et avec rattrapage des effectifs nécessaires par des embauches à temps plein au statut, pour un véritable service public.

 32 heures soit 1427 heures annuelles : 137 RP pour 7h30 de moyenne journalière et 149 RP pour 8h00 de moyenne journalière.

 Pas de travail le week-end quand celui-ci peut être exécuté la semaine.

 26 RP minimum les dimanches (avec un minimum de 2 par mois pour tous).

 Suppression des repos simples.

 Grande Période de Travail (GPT) : mini 2 ou 3 jours suivant les régimes de travail, maxi 5 jours. Pas plus de journées de travail que de jours par Grand Période de Travail (GPT).

 La prise en compte du travail de nuit entre 20 h et 7 h.

 La compensation en repos supplémentaires du travail de nuit, pénible ou du week-end sur la base de 20 minutes pour 1 heure.

 Pour les agents assurant leur séance de travail en une seule période, pause casse-croûte de 30 minutes minimum.

 Pour les agents travaillant sur écran, une pause de 20 minutes toutes les 2 heures.

Annulation de la Dette et de ses intérêts !

Le remboursement de la dette c’est la casse des conditions de travail

La stabilisation de la dette ou la réduction de la dette est un prétexte pour attaquer les conditions de travail. La preuve, Bianco préconise « d’agir sur les charges et les produits ». « Réduire les charges suppose, de la part du GIU comme de l’Opérateur Ferroviaire, la réalisation de gains substantiels de productivité. » Cela supposera entre autre « d’adapter de manière négociée et déconcentrée l’organisation et les règles de travail. », c’est-à-dire remettre en cause les conditions de travail de l’ensemble des cheminots, qui si l’on applique à la lettre le RH0077, sont loin d’être bonnes.
D’ailleurs Pepy a promis de mettre la SNCF au régime « dans les quatre à cinq ans » qui viennent au travers d’un « plan de performance industrielle » qui devrait permettre « d’améliorer la rentabilité du groupe en réalisant de 1,5 à 2 milliards d’économies ». Pour Pepy, il faut « faire mieux pour moins cher ».

Le rachat de la dette par l’Etat ne sauvera pas la SNCF en tant que Service Public !

Le rachat de la dette de la DB par l’Etat allemand est souvent pris en exemple. Comme si cela résoudrait le problème de la privatisation. N’en déplaise le rachat n’a pas empêché la DB de devenir une Société Anonyme (SA).

C’est une fausse solution que de faire peser sur l’Etat la dette de la SNCF comme de l’ensemble des SP. Celle-ci ne fera qu’accentuer la dette de l’Etat français et donnera du grain à moudre à tous ceux qui veulent diminuer les dépenses publics. Qu’on le prenne dans un sens ou dans un autre, rembourser la dette c’est la faire peser soit sur les cheminots soit sur l’ensemble de la population.

L’Etat est responsable de la dette de la SNCF

Dans le 4 pages de Solidaires (page 4), il est écrit : « cela doit être fait pour que ce ne soit pas la productivité (déjà très élevée) des cheminots, les suppressions de poste qui paie la « dette » au mépris de la sécurité ferroviaire ».

Mettre en avant que l’Etat doive reprendre la dette SNCF c’est oublier qui est à la tête de la SNCF. Pepy prend ses ordres (sa feuille de route) de l’Etat. Aussi l’Etat est responsable de la dette de la SNCF comme celle de RFF d’ailleurs.

C’est donner l’illusion que l’Etat qui est à la manœuvre pour casser les SP pourrait être une solution. Ce qui n’est pas le cas. Nous n’avons rien à attendre de l’Etat. Il est au service privé des capitalistes. D’un certain point de vue l’Etat est privatisé dans le sens où il sert des intérêts privés et non ceux de la population. Ce n’est pas la mainmise de l’Etat que nous défendons dans le service public à 100%, c’est le fonctionnement au service de la collectivité qui ne doit pas être au service du capital privé, même au travers de l’Etat. Et au final que la dette pèse sur l’Etat ou la SNCF, il faut toujours rembourser.

Rembourser la dette c’est rembourser le capital financier ! Annulation de la dette !

Or rembourser la dette, c’est rembourser les intérêts de celle-ci au capital financier. Le seul mot d’ordre viable face au capital financier qui ruine les entreprises publiques, les peuples comme en Grèce, c’est l’annulation pure et simple de la dette et à service public, investissement public à taux zéro.

Non à la titrisation des subventions du STIF !

Non à l’investissement de capitaux privés

A Service Public, Investissement Public à taux zéro

Crédit Agricole et Natixis titrisent les subventions du STIF, les capitalistes applaudissent !

Dans un communiqué de presse du Crédit Agricole et de Natixis en date du 5 février 2013, nous apprenons que les deux banques sont intervenues « en qualité de teneurs de livre associés dans le cadre d’une émission obligataire structurée au profit du groupe SNCF. (…)D’un montant de 952 millions d’euros et à échéance 2019, ces obligations sont adossées à des créances irrévocables payables mensuellement que SNCF détient sur une autorité organisatrice de transports. Ces créances, d’un montant d’un peu plus d’un milliard d’euros, concernent des contributions d’investissements fixes sur du matériel roulant. (…) Une structure ad hoc a été créée afin de permettre la monétisation des créances par un placement obligataire sur les marchés de capitaux. (elle est) cotée sur Euronext Paris. »
« Cette émission obligataire (…) a reçu un bon accueil de la part des investisseurs français, y compris de banques, de gestionnaires d’actifs et de compagnies d’assurance. » Autrement dit les capitalistes applaudissent.

En décrypté, la SNCF a reçu du STIF une subvention d’investissement de 1.026 milliard d’euro sur 8 ans. La SNCF a émis des titres sur ces créances détenues par l’EPIC et les a placés sur le marché. Ces titres ayant trouvé preneur auprès des investisseurs, la SNCF encaisse en une seule fois des rentrées d’argent qui auraient dû s’étaler sur les huit prochaines années. Cela permet à la SNCF de faire baisser l’endettement du groupe. Mais la contrepartie sera une dégradation de la marge opérationnelle. Et pour maintenir cette marge, la direction de la SNCF a lancé un plan de réductions des coûts qui vise à économiser 150 millions d’euros dès 2013 (Les Echos, 31/12/2012).

Par contre ce que nous ne savons pas c’est le montant remboursé mensuellement par la SNCF, le taux d’intérêt et notamment s’il est fixe ou variable. Nous avons posé ces questions au Crédit Agricole et à Natixis qui n’ont pas souhaité répondre ainsi qu’à la direction régionale qui a fait mine qu’on racontait n’importe quoi.

Désinvestissement Public : La SNCF sous la coupe des marchés financiers

C’est le manque organisé d’investissement public depuis des décennies qui pousse et présente les marchés comme une solution de financement incontournable pour les Services Publics. Alors que cette politique n’a d’autres buts que de rendre rentables des SP qui par essence ne le sont pas du point de vue capitaliste en rentabilisant leur dette. Et ce n’est pas les 2 milliards d’investissement de l’Etat qui va réduire le manque d’investissement criant dans le transport ferroviaire et empêcher la SNCF de tomber sous les fourches caudines du capital financier.

Avec cette titrisation, la SNCF est plus que jamais sous la coupe des marchés financiers de capitaux. Bref sous l’apparence de faire diminuer sa dette, la SNCF ne fait que l’augmenter. Tout le monde sait qu’emprunter aux marchés coûte de l’argent. A n’en pas douter, la SNCF n’hésitera pas à se servir de cette situation pour présenter de nouvelles réformes inévitables dans le futur sous prétexte que les marchés nous étranglent alors que c’est elle-même qui nous aura passer la corde autour du cou.

Les SP et la spéculation boursière : l’exemple de RFF

Nous apprenons dans la presse économique patronale, que « l’an passé, RFF a levé 3.8 milliards d’euros sur les marchés internationaux de capitaux » (source : transport public – avril 2013). Dans un autre article il est précisé comment ils font « RFF sollicite régulièrement des investisseurs « nous levons environs 5 milliards par an » précise Xavier Roche, le directeur financier de RFF, qui fait des « road-shows » à l’étranger pour « vendre » la dette de l’établissement. »

A Service Public, investissement Public

Voir chapitre « Contre la dictature du capital financier : Expropriation des banques privées » de la partie « crise du capitalisme et pouvoir ouvrier »

Privatisation, Titrisation : portes d’entrée du capital financier dans les Services Publics

Ce n’est pas la SNCF qui est privatisée
mais tous les Services Publics qui le sont !

L’entrée du capital dans les services publics ne concerne pas seulement la SNCF. Elle est une politique globale qui concerne tous les services publics, y compris la Santé, y compris la recherche. Par exemple, des hôpitaux publics deviennent locataires de leurs bâtiments, le profit revenant aux trusts du Bâtiment. Autres exemple, l’Etat construit des dizaines de campus universitaires en payant les mêmes trusts du Bâtiment alors qu’il n’y a plus d’argent pour le personnel, pour le matériel, pour la rénovation, pour la recherche.

Privatiser la SNCF, une nécessité pour la finance pas pour la population

La privatisation n’est pas une nécessité pour le service public mais une nécessité pour le capital financier. Ce qui est très différent et même diamétralement opposé. La finance a besoin de trouver des débouchés qui coûtent peu et rapportent beaucoup en des temps très courts. Il leur faut des taux de profit de plus en plus importants. Ce qui est parfaitement contradictoire avec les nécessités d’un service public qui n’est pas nécessairement rentable financièrement mais rentable socialement et humainement.

Privatiser les SP, une réponse capitaliste à la crise des années 70

La privatisation des services publics, politique menée à l’échelle mondiale par les classes dirigeantes, est une réponse parmi d’autres (dérégulation économique, réintégration des pays de l’est dans l’économie de marché, spéculation…) pour répondre à la crise des années 70.

Pour autant, ces solutions n’ont fait que repousser dans le temps les problèmes auxquelles le capitalisme était confronté. Trouver de nouveaux champs de valorisation avec un taux de rendement suffisant par rapport à une masse toujours plus grande de capitaux afin de compenser la perte de rentabilité voire le manque de rentabilité des secteurs où sont investis les capitaux.

Privatiser : compenser le manque de rentabilité d’autres secteurs de la production

Offrir de nouveaux secteurs d’activité au capital financier est indispensable à celui-ci puisqu’il se désinvestit de la production qu’il estime trop peu rentable. Si ce capital s’investit dans les services publics, ce n’est pas pour améliorer la santé, les transports, l’éducation, etc… Ce n’est pas non plus pour améliorer les conditions de travail des salariés, leurs salaires, leurs retraites....

Capital financier et Services publics sont incompatibles

Les taux de profits exigés par le capital financier ne sont pas compatibles avec le statut des cheminots, avec nos acquis sociaux. Ils ne sont pas compatibles avec les intérêts du public. Faire appel au capital financier privé, même en maintenant une prétendue gestion SNCF au-dessus, c’est livrer consciemment les moutons aux loups. Si c’est le berger qui le fait, c’est plus facile. C’est le cas ici, puisque c’est l’Etat qui détruit volontairement et consciemment les transports publics comme il a commencé à détruire l’énergie publique, les telecom publics, les postes publics, etc, en les livrant aux prédateurs… Il suffira alors qu’une de ces sociétés se déclare en difficultés pour que l’Etat soit contraint de payer encore plus, à moins d’arrêter le service. Or la situation économique actuelle est loin de nous garantir la stabilité des finances des sociétés privées. Veut-on une SNCF qui devienne comme la banque Dexia : un puit sans fond ?

La Privatisation : un coût social pour la population

Ce n’est pas moins couteux pour les finances publiques et ce n’est pas moins couteux socialement.
Quand le gouvernement de gauche vient d’annoncer qu’il va multiplier les contrats de recherche public/privé, ce n’est pas pour améliorer la recherche mais pour drainer les fonds publics vers le privé.

Il n’y a aucune raison que la réforme de la SNCF soit d’une nature différente. Pourquoi les capitaux privés deviendraient-ils soucieux de l’intérêt de la société et pas du seul profit immédiat ?

La méthode Hollande-Ayrault pour privatiser la SNCF : Associer les syndicats à la réforme ferroviaire

La méthode Hollande : débattre avec les OS tout en lançant la réforme

Le gouvernement Hollande-Ayrault a démarré des négociations dans tous les domaines de tous les services publics et tout le droit social afin dit-il de les réformer et, dans chacun de ces domaines, il est en train de détruire les droits anciens sans nullement les remplacer réellement par des nouveaux droits. Le cas du ferroviaire n’est nullement un cas à part et pourtant toute la méthode du gouvernement consiste à isoler chaque question pour éviter d’avoir à faire à une réaction d’ensemble.

Aucune des négociations proposées ne tiendra réellement compte des préoccupations des travailleurs. Elles ne servent que de caution à des décisions qui sont déjà prises et, dans le cas du ferroviaire notamment, déjà mises en œuvre en partie. Au moment où on discute de donner aux régions des droits de décider des fonctionnements du ferroviaire, ces régions commencent déjà à en décider ! Le débat n’est qu’une simple couverture.

Croire que la participation au débat change les choses est aussi une illusion. On peut débattre tant qu’on veut, on n’a pas changé les buts des patrons privés comme on l’a bien vu dans les licenciements et les fermetures. On peut débattre tant qu’on veut, ce n’est pas cela qui changera ce qu’a déjà décidé le gouvernement.

Il suffit aussi de voir que les directions au niveau Ile de France ont affiché publiquement commencer à mener cette politique avant même qu’une réforme ferroviaire soit décidée ou discutée pour voir que toute négociation ne peut être que comédie. Les choix sont déjà faits. Faisons les nôtres : par exemple, nous orienter (et le proposer aux autres centrales syndicales et aux associations de défense du service public) vers une liaison entre les personnels de tous les services publics en vue d’une défense commune et une propagande publique en ce sens.

Les syndicats et la privatisation du rail

Pas un syndicat de cheminots ne se dit favorable à une privatisation de la SNCF, mais cela n’est nullement une garantie puisque la direction et le gouvernement ne présentent pas la réforme de cette manière. Ce qui permet à ceux qui ne veulent pas s’affronter au gouvernement et se battre contre la privatisation de faire croire qu’en parole ils le sont toujours mais en réalité d’accompagner celle-ci. Pas si bêtes !

Même la CGT, qui du côté cheminot, s’est toujours dit hostile à toute privatisation et continue à l’être, a pourtant réalisé le rapport du CESE (Conseil Economique, Social Environnemental) en matière de privatisation, rapport voté par tous les conseillers syndicaux, patronaux et gouvernementaux sauf Solidaires et la Confédération paysanne.

Or ce rapport présente la privatisation comme une orientation inévitable et propose toute une méthode trompeuse pour la faire passer en douce, « sans lever le drapeau rouge » contre elle, a dit son rapporteur qui n’est autre que Lepaon, devenu depuis secrétaire général de la CGT !

C’est justement cette prétendue inévitabilité de la privatisation qu’il faut combattre et la première des choses pour le faire est de ne pas s’inscrire dans des débats hors sujets comme ceux des Epic, du mode de direction des organismes nationaux, ou d’autres organigrammes de la SNCF.

Etant donné que nous ne sommes nullement d’accord sur le « vers quoi » ni sur le « pourquoi », comment pourrions-nous discuter seulement du « comment » ?

L’orientation de l’intersyndicale : débattre de la réforme ferroviaire avec le gouvernement

L’intersyndicale veut débattre de la réforme ferroviaire

L’intersyndicale appelait les cheminots à se mettre en grève le 13 juin pour protester contre « un gouvernement et une direction d’entreprise qui n’entendent pas le mécontentement et les exigences des cheminots ! » (tract unitaire du 4 juin). Aussi l’objectif fixé à la grève était « (…) que Gouvernement et Direction SNCF entendent le mécontentement grandissant des cheminots. »

Si les organisations syndicales se disent opposées « à l’ouverture à la concurrence qui favorise le dumping social », elles reconnaissent qu’une « réforme est nécessaire car l’organisation actuelle du système ferroviaire a prouvé son inefficacité. ». L’aile gauche de l’intersyndicale, SUD-Rail, défend dans ses tracts ce point de vue. « Pour une vraie réforme » titre un 4 pages diffusé nationalement. Sud-Rail partage certains « constats dressés par Jean-Louis Bianco » qui « sont réels » et « certaines propositions sont de bon sens ».

Comme s’il n’y a avait pas eu de dialogue entre les syndicats, la SNCF et les gouvernements de droite comme de gauche depuis 2010. Quid des assises du ferroviaire, du rapport Lepaon (secrétaire confédérale de la CGT) au CESE sur l’ouverture à la concurrence du transport régional… ? La CGT le reconnait dans un de ses nombreux tracts : « Malgré de nombreuses rencontres, d’auditions et de bilatérales (…) ». Bref, les occasions de débattre entre partenaire sociaux n’ont pas manquées. Et que réclament-ils ? Encore des discussions : « gouvernement et la direction SNCF doivent prendre le chemin d’un véritable dialogue social » pour discuter de la réforme.

L’intersyndicale diffuse des illusions sur la politique de la gauche au pouvoir

« Il appartient donc au gouvernement et aux parlementaires de prendre en compte nos propositions et de construire un projet de loi répondant aux besoins de la nation et des usagers ». Comme si les parlementaires qui viennent de voter l’ANI à l’assemblée nationale ou le gouvernement de gauche, gauche qui chaque fois qu’elle a été au pouvoir a autant privatisé que le droite, mènerait une politique allant contre les intérêts des classes dirigeantes.

C’est la gauche (Paul Quilès) qui avait donné pour la France en juin 1991 le coup d’envoi pour la libéralisation des chemins de fers européens. L’ensemble des entreprises ferroviaires de l’UE devaient fonctionner comme des entreprises privées non subventionnées par l’Etat.

C’est la gauche (Lionel Jospin) qui, en 2000, au sommet de Lisbonne a demandé l’accélération de la libéralisation des secteurs publics tels que ceux du gaz, de l’électricité, des services postaux et des transports.

Il n’y a rien de bon à attendre de ce gouvernement ! Il n’y a rien à débattre ou négocier

Les différentes réformes des retraites comme l’ANI dernièrement sont là pour nous le rappeler. La réforme c’est détruire. Et les futurs projets de réforme sur les allocations familiales, les retraites seront du même acabit. Et si cela ne suffit pas pour convaincre demandons aux postiers, aux salariés des hôpitaux ce qu’ils en pensent.
Le gouvernement ne veut pas réformer la SNCF. Non ! Le gouvernement et le patronat ne se trompent pas. Derrière la réforme c’est la casse programmée de la SNCF qui est mise à l’ordre du jour. Il n’y a rien à réformer. La réforme c’est la privatisation, c’est la casse de nos conditions de travail et de vie. Nous devons dire ouvertement que nous sommes contre toute réforme, toute privatisation. Il n’y a rien à négocier.

Il n’y a pas de bonne ou de vraie réforme ferroviaire

Réformer c’est privatiser tout ce qui est rentable !

Réformer c’est détruire !

Non à la réforme ! Non à la privatisation !

Retrait du projet de réforme ferroviaire

On ne débat pas avec les casseurs

Il n’ y a pas de vrai réforme ou une bonne réforme du ferroviaire

Le fait de mettre en avant qu’il faudrait une « vraie réforme » ou que c’est un « débat » propagent l’idée qu’ « une réforme est nécessaire ». Ce qui crédite le gouvernement de l’intention de « vouloir réformer » alors qu’il veut seulement détruire. Le gouvernement prend prétexte d’une dégradation du service public qu’il a lui-même laissé faire ou qu’il a réalisée volontairement pour se faire le porte-parole de la nécessité du « changement ». Tous ses adversaires sont ainsi présentés comme passéistes, pour ne pas dire conservateurs. Hollande prend ainsi la suite des gouvernements de droite dont il mène exactement la même politique avec une seule différence : sa proximité des appareils syndicaux à l’image de la CFDT.

Réformer c’est casser et privatiser ce qui est rentable : le cas du fret !

Si le fret dans son ensemble a pâti de l’ouverture à la concurrence avec une perte de 25 milliards de tonnes au km, il a fait la preuve que pour les capitaux privés, il pouvait être source de profits juteux. Il représente plus de 500 millions d’euro et 1//5ème du marché. Dans la situation actuelle de désinvestissement massif des capitaux de la production mondiale, la recherche de nouveaux marchés pour investir est vitale pour le capital financier. Voilà pourquoi il ne lâchera pas si facilement l’affaire sur la privatisation de la SNCF.

Alors que le transport de biens utiles à la population devrait être l’œuvre d’un fret 100% public qu’il soit ferroviaire, routier, maritime…. Avec le même statut pour tous !

Mettre en avant ce type de revendication c’est gagner à notre combat contre la privatisation les salariés travaillant dans le transport de marchandise. On parle bien d’inter-modalité pour le voyageur, pourquoi pas pour le fret.

Retrait de la Réforme ferroviaire ! Non à la privatisation !

Alors on ne doit plus avoir de doute et le dire ouvertement, il n’y a pas de bonne ou de vraie réforme. Laisser sous-entendre qu’on pourrait en débattre c’est laisser croire que ce dernier n’aurait pas l’intention de détruire la SNCF et de la livrer aux appétits des capitalistes.
Il est temps de mettre en avant le retrait de la réforme.

Unité d’action pour le retrait du projet de réforme
Intégration à la SNCF de tous les salariés travaillant dans le secteur ferroviaire
……

Le syndicat SUD ne peut certes pas, tout seul, sauver les services publics ou faire changer les orientations de l’Etat et de la société française. Mais nous ne sommes pas totalement désarmés pour autant. Nous pouvons commencer par favoriser la clarté des débats, des prises de position et, par nos discussions, nos interventions, nous pouvons favoriser celles des cheminots, des autres syndicalistes, de l’opinion publique. Nous pouvons faire en sorte que les mensonges soient combattus, que les pièges soient déjoués. Nous pouvons rendre conscient le sale coup considérable qui se prépare contre nous. Nous pouvons même aider à infléchir les positions syndicales autour de nous.

Pour beaucoup de salariés, le besoin d’unité sur des questions comme les retraites, la réforme ferroviaire est une donnée importante. Ce besoin d’unité prend la forme de l’unité syndicale qui est, à leurs yeux, une condition sine qua non, qui conditionne la réussite d’un mouvement de lutte.

Bien sûr que nous sommes pour l’unité. Mais cette unité doit se faire sur des bases claires. Elle doit être proposée publiquement et débattue par les salariés. Ce n’est qu’à cette condition que nous pouvons entrainer ces derniers et leur permettre de rompre avec ceux qui sont prêts à négocier des reculs.

Cette unité doit avoir pour objectif la mobilisation en vue du retrait du projet de réforme ferroviaire. C’est la base minimale sur laquelle peut se faire l’unité. Or aucune organisation syndicale ne met en avant aujourd’hui de manière claire le retrait du projet de réforme mais toute accepte d’aller débattre, discuter de la réforme.

La réforme ferroviaire c’est la privatisation !

La privatisation ça ne se discute pas, cela ne s’amende pas !

Retrait de la réforme ferroviaire

Un seul statut pour tous les travailleurs du Rail, celui de cheminot

Une seule règlementation ferroviaire pour l’ensemble des salariés du secteur

L’annulation de la dette ferroviaire

La dénonciation de la titrisation

Diffuser la nécessité de se défendre tous ensemble

S’adresser aux travailleurs des entreprises privées (filiales, sous-traitance)

S’adresser aux autres services publics, aux travailleurs du privé pour se battre ensemble

Si ce n’est pas sur ce terrain que se fait l’unité, il faut la refuser et expliquer pourquoi. Sinon c’est prendre le risque de se laisser entrainer sur un terrain de collaboration de classe comme cela a été le cas pour la grève du 13 juin. A aucun moment, l’intersyndicale n’avait pour objectif de faire reculer le gouvernement et d’imposer le retrait de ce projet.

Sur les autres revendications, comme un SP à 100%, l’expropriation, l’autogestion ; nous devons être prêts à mener le débat et cela ne doit pas être un préalable à l’unité d’action pour le retrait du projet de réforme.

La privatisation, un aspect d’une attaque plus générale contre les conditions de vie et de travail des travailleurs

Le prétexte d’améliorer le service public pour mieux privatiser

Le gouvernement de gauche met en avant la nécessité de « réformer » la SNCF.

Les rapports Bianco et Auxiette mettent en avant que « le système ferroviaire connait une double impasse » :

Opérationnelle liée à la séparation de RFF et de la SNCF

Economique avec une dette de 10 milliards pour la SNCF et de 30 milliards pour RFF.

Pour Bianco, « la réforme ferroviaire doit améliorer la qualité du service offert aux usagers et clients » et sera mis en œuvre par l’Etat. Comme si l’Etat pouvait être garant des services publics alors que la situation actuelle de la SNCF est le résultat de la politique conjointe de la direction de la SNCF et des différents gouvernements de gauche et de droite qui ont été à la tête de l’Etat ces dernières années.

La réforme ferroviaire c’est la privatisation de la SNCF

La prétendue réforme ferroviaire n’est rien d’autre que la privatisation avec quelques efforts pour faire passer en douce une attaque en règle que ce soit en la faisant progressivement, en la camouflant, en prétendant en même temps préserver les droits des cheminots et autres mensonges éhontés. La preuve : la SNCF est d’abord découpée en morceaux, par région, entre gares et transport, entre matériel et roulants. Des lignes sont remplacées par des transports par cars. Des lignes sont isolées en vue de les privatiser ensuite. Ce sont les régions qui décident de leur politique de transport avec au bout leur choix de faire appel à des sociétés privées soi-disant pour économiser ou assurer un meilleur service. Et partout le même refrain : il faut que cela coûte moins cher car il y a des dettes ! Mais diviser en mille morceaux, cela coûte PLUS CHER ! Et la réalité est que l’objectif n’est pas économique mais politique : dans tous les domaines, les attaques ne visent pas à économiser, rationaliser et rentabiliser mais à détruire le moral de la classe ouvrière pour imposer un recul sans précédent à la population.

La privatisation du rail, une attaque parmi d’autres

Le secteur cheminot reste une fraction de la classe ouvrière qui reste marquée dans l’opinion par la grève de 1995. Il est important pour les classes dirigeantes de démontrer qu’elle n’a pas pu empêcher une attaque d’ampleur. Cela compte dans l’offensive anti-ouvrière enclenchée par le patronat et le gouvernement, offensive marquée à la fois par des licenciements massifs des grandes entreprises, la remise en cause des contrats et du code du travail, la remise en cause des retraites qui continue. L’attaque contre les services publics en fait partie et elle est générale. Elle ne se limite pas au service public ferroviaire et ce dernier ne peut pas être défendu séparément comme prétendent le faire les centrales syndicales en préparant des journées d’action séparées dans chaque type de service public.
Ne pas relier l’attaque que connaissent les cheminots aux attaques qui ont lieu aujourd’hui ou à venir, c’est qu’on le veuille ou non ne pas préparer les cheminots et les autres salariés à la nécessité de se battre tous ensemble et contribuer à l’éparpillement des forces.

Privatisation, Retraites, ANI, Sécu, Salaires….

Tous ensemble pour se défendre et
faire reculer patronat et gouvernement

Pour éviter le tous ensemble, les classes dirigeantes présentent les cheminots comme des privilégiés

Dans l’ensemble des tracts, la réforme ferroviaire est présentée de telle manière qu’on laisse penser que cette attaque ne fait pas partie d’une attaque bien plus vaste. Et pourtant tel est le cas. Il serait donc logique tout en cherchant à construire le mouvement chez les travailleurs du rail de diffuser l’idée qu’il va falloir entrainer d’autres catégories de travailleurs avec nous ou du moins que ces derniers soient favorables à notre lutte comme ce fut le cas en 1995. Ce qui n’est pas gagné. Depuis cette grève, les classes dirigeantes ont compris que ce secteur de la classe ouvrière pouvait être dangereux. En 1995, les cheminots avaient réussi à entrainer derrière eux des travailleurs du public comme du privé et étaient soutenus par la population. Pour éviter que cela se reproduise, les différents gouvernements ont réussi à faire passer dans la population que les cheminots sont des privilégiés.
C’est dans ce but que dernièrement la cour des comptes est revenue sur les facilités de circulation alors que celles-ci représentent moins de 0.5% du chiffre d’affaire de la SNCF.

Pour faire reculer le gouvernement et le patronat, il faut se faire craindre par la grève générale

En 2010, nous avons été des millions à manifester contre les attaques sur les retraites. Les secteurs les plus conscients (SNCF, raffineries…) n’ont pas hésité à partir en grève reconductible. Et malgré cela, alors qu’il y avait plus de grévistes et plus de manifestants qu’en 1995, le gouvernement d’alors, n’a pas reculé.

La raison est simple, nous ne nous sommes pas fait craindre. A aucun moment nous n’avons cherché à étendre le mouvement gréviste comme cela avait été le cas en 1995. Ce qui fait que les secteurs grévistes, sans réel lien entre eux pour débattre au quotidien de la suite, de comment étendre le mouvement, se sont essoufflés et ont repris le travail.

Rien à voir avec sept jours de grève générale d’affilée, avec des secteurs grévistes qui cherchent à étendre le mouvement, à entrainer d’autres travailleurs par leur propre action.

Au lieu de cela, La plupart des travailleurs étaient convaincus qu’il suffisait d’être en grève (à la maison) ou de manifester lors des sept journées d’action. Cela tient en partie à l’orientation défendue par l’intersyndicale à l’époque qui cherchait plus à apparaître comme un interlocuteur responsable qu’à tenter de faire reculer par la grève générale, décriée par Bernard Thibault, le gouvernement : « faire entendre le point de vue des organisations syndicales dans la perspective de définir un ensemble de mesures justes et efficaces pour assurer la pérennité du système de retraites par répartition » dans le cadre « d’un large débat public et une véritable concertation en amont ».

Rien de bien neuf…. Discuter avec les casseurs, voilà ce que proposait l’intersyndicale. Et c’est encore ce qu’on nous propose pour la réforme ferroviaire, pour les retraites ; pour l’ANI…. Et on connait tous le résultat.

Tous les militants syndicaux qui ont à cœur la défense de leur classe, doivent rompre avec cette politique néfaste pour la classe ouvrière et l’aider à surmonter la politique des centrales syndicales. Pour cela, nous devons convaincre que dès qu’une grève démarre, il faut que celle-ci cherche à s’étendre, s’adresse aux autres travailleurs et faire que les travailleurs contrôlent leurs mouvements de lutte.

Les travailleurs doivent contrôler leurs mouvements de lutte

AG souveraine, comité de grèves, conseils d’usines, coordination de lutte

C’est le sens même de ce qui été débattu et voté lors du congrès de solidaires en juin 2001 :

« Lors des grèves, nous développons au maximum l’organisation démocratique des mouvements, notamment par les assemblées générales dans lesquelles les salariées puissent décider du cours de leur action, des bases de négociations, en lien avec les organisations syndicales parties prenantes de l’action. (…) nous promouvons des organes démocratiques de conduite de la grève (coordination, comité de grève) en veillant à leur caractère représentatif des secteurs en lutte. »

L’unité syndicale, oui mais pas à tous prix
D’ailleurs dans le cadre d’une résolution de ce même congrès a été débattu de la politique à mener sur la question de l’unité syndicale :

« L’unité est une nécessité aux yeux des salarié-es qui en sont très demandeurs, pour créer le rapport de forces le plus favorable possible dans un contexte difficile, (…). C’est la raison pour laquelle Solidaires se bat pour l’unité d’action la plus large au-delà des divergences stratégiques que nous pouvons avoir avec telle ou telle organisation. Cependant, l’unité syndicale ne peut être un but en soi. Elle est tributaire des rapports de forces entre les organisations et de la façon dont la mobilisation des salariés pèse sur le contenu des propositions avancées. L’unité syndicale est donc ambivalente. Exigée par les salariés et nécessaire pour leur donner confiance, elle peut conduire à un alignement sur le plus petit dénominateur commun et être ainsi un frein à la construction du rapport de forces et à la mobilisation. Cette contradiction pose le problème de la stratégie de Solidaires qui ne peut être prisonnière d’un cadre dans lequel les marges de manœuvre pour influencer les autres syndicats sont faibles. C’est pourquoi Solidaires doit être capable en fonction des situations concrètes, de prendre des initiatives aptes à produire un effet levier pour peser sur le champ syndical, y compris hors du cadre unitaire lorsque celui-ci s’avère un frein à la construction du rapport de forces. »

Le syndicat doit promouvoir l’auto-organisation, c’est-à-dire l’action directe des ouvriers

Œuvrer à l’unité de tous les cheminots et plus largement de tous les travailleurs du rail ou à l’unité de tous les salariés ne pourra se faire qu’en mettant en avant la nécessité pour les cheminots comme pour tous les salariés de se battre tous ensemble.

Pour autant cela ne saurait suffire. Nous devons nous organiser dans des AG souveraines, les coordonner à tous les échelons du local au régional avec des délégués élus et révocables soumis aux décisions des AG. C’est le meilleur moyen pour les grévistes de décider de l’orientation d’un mouvement, de le contrôler dans ses moindres aspects et pas seulement de voter la grève ou entériner les différentes propositions syndicales, puis laisser les confédérations décider à la place des grévistes, des moyens et des méthodes de lutte à mettre en œuvre.

Se refuser à défendre cette orientation c’est nier la capacité des travailleurs à décider par eux-mêmes du contenu et des modalités de la lutte mais bien plus encore laisser la direction de nos luttes aux centrales syndicales qui ont fait preuve plus d’une fois qu’elles n’avaient pas envie d’en découdre.

Populariser le « tous ensemble »

Mener une campagne publique de défense de nos conditions de travail et de vie

Organiser une campagne publique de défense de nos conditions de vie et de travail

Préparer dès maintenant le tous ensemble, c’est nous adresser largement aux travailleurs et à la population. Le premier pas serait de mettre sur pied une campagne publique de défense des services publics, pour l’augmentation généralisée des salaires, l’interdiction des suppressions de poste et licenciements, contre la fermeture des usines, l’embauche immédiate de tous les précaires dans le public comme le privé.

Cette campagne doit être proposée à la fédération. Que la fédération s’engage ou pas dans cette voie, cela ne doit pas nous empêcher de porter cette perspective localement en s’adressant à l’ensemble du mouvement ouvrier (syndicats, partis, associations…) et aux travailleurs pour organiser une telle campagne.

Pour préparer une éventuelle lutte d’ensemble, nous devons nouer des liens avec les autres salariés. Et cela passe par une politique en ce sens dans l’entreprise, où nous devons convaincre de ce point de vue le plus grand nombre mais aussi en nous adressant à l’extérieure.

Nous devons nous adresser aux autres salariés et à la population travailleuse, à la jeunesse qu’il faut nous unir dans une seule et même lutte, c’est-à-dire mener une lutte de classe aux luttes catégorielles, éparpillées… qui sont défaites les unes après les autres comme à PSA. Il faut rompre avec cette logique qui ne fait que démoraliser toujours plus de travailleurs.

Organiser la défense la plus large contre les attaques, condition nécessaire à une offensive contre le patronat et le gouvernement

Et au travers de cette campagne nous ne devrions pas hésiter à tenter de convaincre, diffuser l’idée que si un mouvement de grève générale partait, ce serait l’occasion de passer des luttes défensives à des luttes offensives.

Et la seule garantie de ne pas se faire trahir, c’est que les comités de salariés se coordonnent pour diriger le mouvement, surtout que la plupart des centrales syndicales sont opposés à un mouvement de grève générale.

C’est une nécessité de le défendre. L’état et les classes dirigeantes ne veulent pas réformer les SP, les retraites, la santé l’éducation, la recherche, mais les détruire. C’est très différent comme attaque. Et par conséquent la riposte face à cela doit être à la hauteur.

Aussi plutôt que de diffuser l’idée qu’il faille résister c’est-à-dire qu’on n’offre pas d’horizon autre que celui du capitalisme et de renverser le rapport entre le travail et le capital pour une meilleure répartition des richesses, il serait temps de mettre en avant comme perspective générale d’enlever tout pouvoir au capital en transférant la propriété privée des moyens de production entre les mains des salariés ou si l’on préfère la socialisation des moyens de production afin d’orienter la production sociale en fonction des intérêts de la population et non des actionnaires privés.

Il est temps de lier la défense de nos conditions de vie et de travail, la lutte contre la privatisation…. A la perspective de révolution sociale. Il n’y a plus aucun avenir pour les travailleurs dans le capitalisme.
Contenu de la campagne publique

En ce qui concerne la SNCF

Défendre les SP et par conséquent la SNCF comme SP à 100% c’est défendre l’autogestion des moyens de production.

Depuis sa fondation, Sud-Rail défend la planification démocratique, l’appropriation sociale des moyens de production, de communication et l’autogestion

Défendre l’autogestion pour la SNCF c’est défendre l’autogestion pour tous les SP

Défendre l’autogestion dans les SP, c’est lutter pour que l’ensemble de l’économie passe entre les mains des salariés et de la population afin de répondre à nos besoins et non à des critères de rentabilités capitalistes

Ne pas défendre ouvertement l’autogestion, c’est faire le choix de laisser le pouvoir économique aux capitalistes de casser les SP, de fermer les usines, bref de mener les pays et les classes ouvrières à la ruine….

Et plus largement

Nous devons défendre que nous n’avons pas les mêmes intérêts que le patronat

Nous n‘avons rien à attendre de la gauche, il faut la combattre

Nous n’avons rien à attendre de l’Etat

Pour défendre nos retraites, les SP, les salaires, l’emploi, il faut en finir avec l’éparpillement des luttes, avec les luttes catégorielles

Nous devons mener une seule et même lutte, une lutte de classe, la grève générale

Nous devons mettre en avant l’expropriation des grands groupes capitalistes

Nous devons mettre en avant l’autogestion c’est-à-dire la socialisation des moyens de production au travers du contrôle ouvrier sous la direction de conseils ouvriers

Nous devons renverser le capitalisme

Et dans cette lutte, tous les travailleurs doivent être unis

Le syndicalisme face à la montée de l’extrême droite

Et la menace fasciste

La lutte contre l’extrême-droite

Lutter contre l’extrême droite, un axe prioritaire

« Le syndicalisme est irrémédiablement opposé au fascisme, à l’extrême droite, à la xénophobie, au racisme, à l’homophobie, au sexisme. Celles et ceux qui défendent de telles « idées » ne peuvent se revendiquer du mouvement ouvrier, ils et elles en sont les ennemis. »
(déclaration, 5ème Congrès de l’Union Syndicale Solidaire)

« C’est en tant que mouvement syndical, porteur d’idéaux et d’exigences démocratiques, de justice, d’égalité, que nous luttons contre l’extrême-droite et son cortège de haine, de division de la classe ouvrière. Plus généralement, notre syndicalisme Solidaires s’inscrit dans les luttes contre les discriminations, le racisme, le sexisme, l’homophobie. Dans un contexte marqué, en France comme dans de nombreux pays européens, par la montée des extrêmes droites et de leurs idées, notre union syndicale doit faire de cette lutte un axe prioritaire de réflexion et d’intervention auprès des salarié-es et des citoyen-nes »
(Solidaires, Congrès de juin 2011)

« Le syndicalisme doit relever le défi, redoubler d’efforts explicatifs sur la véritable nature du projet frontiste. Le collectif VISA (Vigilance syndicale antifasciste) est un de ces outils. L’association a récemment publié une brochure intitulée « FN, le pire ennemi des salarié-e-s » ». le but de celle-ci est d’aider les syndicalistes à expliquer et démonter le discours du FN qui trompes les salarié-e-s au moment où ces derniers/ères, fragilisé-e-s par la crise, le chômage, la précarité… peuvent plus facilement se faire piéger ? Solidaire a relayé cette brochure. »
(Solidaires, Congrès juin 2011)

Développer une intervention contre l’extrême-droite au sein du syndicat régional de Paris-Est

Il est important de prendre la mesure de la montée des idées réactionnaires dans la classe ouvrière tel que le racisme, le sexisme, l’homophobie, le nationalisme…. Si les idées d’extrême droite montent dans l’ensemble de la société, les travailleurs du rail ne sont pas immunisés. Il est important de combattre ces idées qui divisent les travailleurs selon le sexe, l’orientation sexuelle, la couleur de peau, l’origine ethnique ou nationale.

Notre syndicalisme est internationaliste. Les travailleurs n’ont pas de patrie. Il est de notre devoir de mener aussi la lutte sur ce terrain et dénoncer tous les discours nationalistes, patriotiques qui ne servent qu’à tromper les salariés et la population et à la diviser à l’heure ou l’unité est plus que nécessaire pour se défendre. …… A l’heure où les coups pleuvent, tout ce qui peut diviser les travailleurs est un danger mortel…

Le syndicat régional et les sections doivent développer une activité théorique et pratique sur les dangers que présentent le FN et plus largement la montée de l’extrême droite afin de diffuser une propagande sur le sujet auprès des salariés et de la population et participer à sa mesure aux débats et développement de cet axe au sein de la fédération et de Solidaires.

Racisme, groupe d’extrême-droite au sein de la SNCF
La direction ferme les yeux et dément

La direction SNCF étouffe les affaires de racisme

La délégation au CER de Paris-Est est intervenue à plusieurs reprises au Comité d’Entreprise Régional pour dénoncer les problèmes de racisme au sein de la SNCF

Le syndicat a rappelé au CER comme sur certains établissements l’obligation légale de l’employeur et une dénonciation ferme de tout acte de racisme quel qu’il soit. Au CER du mois de mai, la délégation a rappelé concernant le racisme mais pas uniquement que : « nous ne pouvons tolérer de tels agissements. Le RH0006 est très clair à ce sujet : « le harcèlement sous quelque forme que ce soit (moral, sexuel,…) est interdit. Toute discrimination en raison de l’origine, du sexe, des mœurs (…) est interdite ». « Il en va de la responsabilité légale et morale de la direction et des représentants des salariés. Vous devez condamner fermement de tels agissements et prendre les mesures qui s’imposent mais aussi de sensibiliser sur le racisme et ses dangers. »

A ce jour, la direction régionale refuse toujours de dénoncer fermement le racisme et couvre les établissements où il y a des collègues qui dénoncent cette situation. Au TEE, la direction locale se couvre au travers d’une note de service dénonçant la discrimination tout en mettant en garde les collègues qui oseraient dénoncer de tels faits de diffamation. Bref la SNCF combat les salariés qui osent dénoncer le racisme dont ils sont victimes. Pour preuve, elle n’hésite pas à faire appel alors qu’elle a été condamnée à Meaux, pour discrimination et harcèlement.

Cette attitude ne peut que renforcer au sein de la SNCF tous les idées et les courants les plus réactionnaires.

Présence de groupe d’extrême droite à la SNCF

Lors d’une tournée syndicale Sud-Rail, notre syndicat a été interpellé par le secrétaire du CHSCT du TEE qui nous a informés qu’il y aurait des militants du Bloc Identitaire au TEE.

Le Bloc identitaire est un mouvement politique issu d’Unité Radicale suite à la dissolution de ce dernier. La ligne politique de ce mouvement peut se résumer entre autres à une politique anti-immigrée qu’il entend renvoyer dans leur pays. Cela prend forme dans des slogans appelant à la haine raciale : « racaille immigrée » ou encore « pas de kärchers, mais des charters ! ». Ses membres affirment défendre les personnes de « souche européenne » et les « petits blancs de banlieue ». De plus, le Bloc entend donner à ses actions une dimension européenne puisque, par exemple, il soutient « nos frères serbes du Kosovo » contre les « Albanais musulmans » au Kosovo.

Montée des agressions fascistes en France

Ces appels à la haine à tout ce qui n’est pas blanc, non chrétien sont les raisons qui ont poussé à l’assassinat de Clément Méric, militant antifasciste et syndicaliste à Sud-Etudiant. Ses meurtriers portaient des inscriptions racistes sur leurs t-shirts comme « 100% pure race blanche ». Clément est mort pour avoir réagi à ces messages racistes.
Il serait faux de voir dans ce drame un simple fait divers. Il est à relier à la multiplication des agressions racistes, homophobes de ces derniers mois :

  Ibrahima Dia de Sud Santé a été agressé au mois de mai par des militants du FN. Militants qui sont défendus par Maître Collard.

  Un sénégalais a été poignardé par des skins à Metz.

  Une femme de confession musulmane enceinte a perdu son bébé suite à une agression par des skins à Argenteuil.

  Agression de couples homos par l’extrême droite en province comme à Paris.

Nous devons prendre au sérieux la menace que représentent de tels courants politiques. Au moment de l’assassinant de Clément Méric, jeune militant au Syndicat Sud-Etudiant, sur sa page Facebook, le national-solidariste flamand, Kris Roman, réagit à l’annonce du décès de Clément Méric en ces termes : « ’Un militant de gauche décède après une bagarre à Paris’ Les petits antifascistes pervertissent à nouveau la réalité. Je ressens la frustration du citoyen normal devant l’antifa. À juste titre. Si les antifas continuent à harceler les gens, d’autres mommies de "gauche" suivront… » Autrement dit, « on va en tuer d’autres ». Et ça, c’est sans parler de l’absence totale de regrets pour le décès de Clément Méric.

Kris Roman est un ex-membre de la N-SA (Alternative néo-solidariste), groupe néo-nazi flamand qui a notamment assisté à un concert prônant la haine des juifs, avec saluts nazis et tout le toutim. Il faut savoir que Roman a intégré le mouvement belge Nation cette année. Or, Nation est l’antenne belge (francophone) de la Troisième Voie de Serge Ayoub.

Ces différentes formations politiques font partie d’une même nébuleuse d’extrême droite.

D’où vient la montée de l’extrême droite ?

La croissance mondiale de l’extrême droite vient de la lutte des classes menée par la bourgeoisie, contre le prolétariat. Notre seule issue, mener à notre tour une lutte de classe contre la bourgeoisie.

Dans de nombreux pays, l’extrême droite progresse électoralement. Cela témoigne du discrédit des partis de gauche comme de droite. Dans certains pays, elle se signale surtout par des groupes de combat violents, racistes et anti-ouvriers, de la Russie à l’Allemagne et de la Hongrie aux USA…

Ces extrêmes-droites, qu’elles soient racistes ou religieuses, nationalistes ou ethniques, elles ne sont nullement en rupture avec le capitalisme et n’opposent pas d’autre système, même si elles prétendent défendre une morale différente. Elles cherchent à exploiter la colère des opprimés et à la transformer en haine contre d’autres opprimés pour détourner la révolte qui grandit contre le système d’exploitation et ses classes dirigeantes.

En ce sens, loin d’être craintes par les classes dirigeantes, ces extrême droites ont toujours été protégées, conservées et, parfois, favorisées par les classes dirigeantes. Non seulement le dérivatif est bien utile mais ces forces spéciales peuvent servir éventuellement de masse de manœuvre contre les travailleurs, si la crise sociale prenait un tour aigu. Hitler, Mussolini et Franco n’ont pas été les seuls à employer de telles méthodes. Des extrême-droites ont pu prendre le pouvoir dans bien des pays menacés par une crise sociale, de la Yougoslavie de Milosevic au Rwanda de Habyarimana et au Cambodge de Pol Pot. Les drapeaux n’étaient pas les mêmes mais le contenu l’est……

Certains voient dans cette évolution menaçante l’emprise d’idéologies extrémistes et veulent se raccrocher à la démocratie, au rôle de l’Etat, à la culture, à l’éducation… C’est prendre l’effet pour la cause. C’est aussi refuser de s’en prendre aux racines mêmes du fascisme qui monte : les classes dirigeantes elles-mêmes. Pour expliquer cet engouement dangereux, certains incriminent tel ou tel politicien, telle ou telle idéologie, le racisme, l’intégrisme ou la xénophobie, comme si ces idées planaient dans les airs, étaient simplement culturelles et ne se rattachaient pas à un changement économique, social et politique lié à l’évolution du rapport des classes sociales, en somme à la crise de la société capitaliste.

Mais c’est d’abord les classes dirigeantes qui entretiennent l’extrême droite, ses organisations comme son idéologie. Et tout d’abord l’impérialisme. C’est l’impérialisme dominant du monde qui a eu besoin de mettre en place cette fameuse opposition entre Musulmans et non-musulmans. Et s’il l’a fait c’est fondamentalement pour occulter une autre opposition diamétrale, bien plus réelle, celle entre oppresseurs et opprimés.

Le fascisme : réponse politique des classes dirigeantes à l’effondrement du système

Le fascisme est une réaction défensive de la bourgeoisie, mais une défense contre la désintégration de son propre système beaucoup plus que contre toute offensive prolétarienne - malheureusement inexistante. La crise du système capitaliste lui-même est ce qui a ébranlé le capitalisme dans ses fondations par l’assèchement des sources de profit. La classe ouvrière, d’autre part, paralysée par ses organisations et ses dirigeants à l’heure de la décadence de l’économie capitaliste, ne sait pas comment prendre le pouvoir et remplacer le capitalisme en train de mourir par le socialisme.

Hitler n’est pas arrivé au gouvernement par le soutien des Allemands fanatisés mais par la décision des sommets de la bourgeoisie et de l’Etat allemand. Il a été nommé chancelier en 1933 par le président Hindenburg, lui-même amené au pouvoir par des élections dans lesquelles il était le candidat du parti "socialiste" !!!

Ce sont les chefs des trusts et des banques qui ont, en définitive, fait le choix du nazisme... Et c’est un choix qu’ils n’ont jamais renié, même si, par la suite, ils se sont reconvertis au monde de l’après-guerre. Et personne n’a reproché aux trusts allemands ces choix. les Krupp et Thyssen ont continué tranquillement leurs affaires... À la Haute Commission économique du gouvernement nazi, nous trouvons Krupp von Bohlen, roi de l’industrie des armements, Fritz Thyssen, baron de l’acier, C. von Siemens, roi de l’électricité, Karl Bosch, magnat des colorants. Jusqu’au bout, le fascisme tire sa logique du capitalisme, de la position concurrentielle. Même dans les camps de la mort, on trouve les grands trusts... Dans les camps de travail, coûts salariaux et charges sociales sont pratiquement nuls. Dans la liste des entreprises concourant pour un maximum de main-d’oeuvre des camps, on trouve le top-10 du grand capital allemand. Pour encore épargner les frais de transport, plusieurs firmes installent des usines à proximité immédiate des camps : IG-Farben, Krupp et Siemens ont des sites à Auschwitz, Siemens à Ravensbrück.

Le fascisme une réponse au risque révolutionnaire : l’exemple d’Hitler

Adolf Hitler expose en 1923 dans « Mein Kampf » (Mon combat) le lien qu’il établit entre Ia destruction de la classe ouvrière en tant que classe, en tant que conscience et révolutionnaire, et l’idéologie raciste, chargée de rétablir une conscience nationale du peuple allemand « J’avais entre temps découvert les rapports existants entre cette doctrine destructrice (communisme et socialisme) et le caractère spécifique d’un peuple (le peuple juif) (...) La doctrine juive du marxisme rejette le principe aristocratique observé par la nature. (...) Un jour, la catastrophe fit soudain sa brusque irruption. Des marins arrivèrent en camions automobiles et excitèrent à la révolution ; quelques jeunes Juifs étaient les chefs de ce mouvement (...) La situation était intenable et poussait à la continuation de la révolution (...) et conduisit finalement à la dictature de soviets, pour mieux dire à une souveraineté passagère des Juifs, ce qui avait été originellement le but des promoteurs de la révolution et l’idéal dont ils se berçaient. (...) Le Juif restera le chef incontesté du mouvement ouvrier tant que n’aura pas été entrepris un gigantesque travail (...) tant que l’Etat ne sera pas débarrassé du Juif et de son travail souterrain. (...) Au point de Vue politique, le Juif commence à remplacer l’idée de la démocratie par celle de la dictature du prolétariat. (...) Il faut agir nationalement avec toute la fougue qu’exigent les solutions extrêmes. (...) La nation allemande ne pourra plus s’élever de nouveau, si l’on n’envisage pas résolument la question de la race, et par suite la question juive (...) l’incorporation dans une communauté nationale de la grande masse de notre peuple, qui est aujourd’hui dans le camp de l’internationalisme (...) l’incorporation d’une condition, devenue une classe, dans la communauté populaire (...) Tous les intérêts particuliers aux différentes conditions ou professions ne doivent entraîner en rien une séparation entre les classes. (...) Le plus gros obstacle au rapprochement du travailleur d’aujourd’hui et de la communauté nationale, ce n’est pas l’action des représentants de ses intérêts corporatifs, mais celle des meneurs qui le travaillent dans le sens de l’internationalisme dans un esprit hostile au peuple et à la patrie. (...) La doctrine marxiste est, en résumé, l’essence même du système philosophique aujourd’hui. (...) Le monde bourgeois est marxiste (...) et ce monde vise délibérément à remettre le pouvoir dans la main des Juifs. Au contraire, la conception raciste fait place à la valeur des différentes races primitives de l’humanité. En principe, elle ne voit dans l’Etat qu’un but qui est le maintien de l’existence des races humaines. (...) Notre peuple allemand n’a malheureusement plus pour base une race homogène. (...) Si, par exemple, un individu d’une race donnée s’unissait au représentant d’une race inférieure, le résultat du croisement serait un abaissement du niveau en soi (...) L’Etat raciste aura à réparer les dommages causés par tout ce que l’on néglige de faire aujourd’hui dans ce domaine. (...) L’Etat doit déclarer que tout individu notoirement malade ou porteur de tares héréditaires, donc transmissibles à ses rejetons, n’a pas le droit de se reproduire et il doit matériellement lui en enlever les moyens. (...) Des commissions de race, constituées spécialement, doivent délivrer un permis de coloniser, en² fonction d’une pureté de race définie et dont il faudra donner la preuve. ( ... ) le premier devoir de l’Etat qui est au service du peuple ( ... ) est de conserver les meilleurs éléments de la race ( ... ) Notre première tâche est de détruire l’Etat juif actuel. (...) L’Allemagne est aujourd’hui le prochain objectif important du bolchevisme. Il faut toute la force d’une grande idée, toute la conscience d’une mission à accomplir pour arracher encore une fois notre peuple à l’étreinte de cette hydre, pour arrêter le progrès de la contamination de notre sang (...) Un Etat qui, à une époque de contamination des races, veille jalousement à la conservation des meilleurs éléments de la sienne, doit devenir un jour le maître de la terre. »

Les vrais objectifs de Marine Le Pen

Marine Le Pen a pris la mesure de la crise. Elle prend le tournant de la démagogie du fascisme en tenant un discours aux relents anticapitalistes.

Elle fait une dénonciation virulente des « marchés financiers », de « nos élites politiques » et de « la délinquance ».... car ça fait peuple et cela n’oblige pas à dire comment elle compte gouverner... Son axe de campagne est ainsi résumé : « J’ai un grand projet (...) rendre aux Français leur pays, leurs richesses et leur fierté. »
Rendre nos richesses comme celles volées aux communes par la banque Dexia ? Mais elle ne dit pas comment !

Elle n’est nullement contre le capitalisme et prône un capitalisme national qu’elle sait totalement impossible.

Certains milieux populaires pensent peut être que les déclarations de Le Pen contre « la dictature des marchés financiers » sont très radicales. Ils se trompent. La finance, ce n’est pas spécifique des spéculateurs et boursicoteurs, c’est l’ensemble du capital et plus encore aujourd’hui. Ces déclarations visent au contraire à blanchir la bourgeoisie mondiale, l’ensemble du grand capital. Faire croire que tout est de la faute de l’Etranger, c’est aussi une manière de blanchir la bourgeoisie française, qui fait pourtant partie du grand capital et des trusts mondiaux.

Marine Le Pen désigne l’islamisme et le « mondialisme » comme les deux responsables des maux dont le peuple « français » souffre. Avec la crise, la désignation de boucs-émissaires est payante.

L’essentiel de ce qu’a dit Marine Le Pen est son programme commercial et monétaire qui conduit à une sortie de l’euro et du marché unique. La cause du mal est le « mondialisme », la concurrence déloyale des pays sans protections sociales (la Chine) et la perte de la souveraineté monétaire.

Répression, renforcement des moyens de la police... contre les citoyens sous prétexte de les défendre
Pour frapper les travailleurs dans la crise, il faut renforcer l’appareil répressif. Le prétexte est tout trouvé : l’insécurité... Et l’ennemi désigné : l’Islam !!!
« L’Etat doit censurer et sanctionner toutes les atteintes à la loi de 1905, s’agissant par exemple de la participation publique directe ou indirecte à la construction de mosquées. Il doit interdire l’aménagement d’horaires particuliers dans les piscines pour les femmes musulmanes ou l’introduction d’interdits religieux alimentaires dans les cantines scolaires. »

Rétablir la peine de mort pour les crimes les plus graves.
Répression sévère contre les attaques organisées visant les forces de l’ordre, les secours ou les pompiers, notamment dans les quartiers sensibles.

Démantèlement par la police et la gendarmerie des réseaux du banditisme, des « grands frères » et des caïds maintenant en otages les populations immigrées.

Développer les contrôles fiscaux et douaniers en vue de réprimer les trafics de tous ordres, dans les banlieues-ghettos, générateurs d’une véritable économie parallèle.
Pour faire toutes ces mesures, il faudra embaucher bien des policiers...
Mettre fin à la suspicion qui pèse sur les forces de l’ordre lorsqu’elles font usage de la force, en créant une présomption de légitime défense.

Le programme "social"

Marine le Pen prétend tenir un discours « radical », de « rupture », dénonçant la « marchandisation » et le « règne de l’argent », mais les faux semblants ne pourront pas tenir bien longtemps. Marine Le Pen est prise dans une contradiction entre sa volonté de développer une rhétorique « anticapitaliste de droite » et la nécessité de donner des gages de gestion gouvernementale en annonçant qu’elle sera respectueuse des règles de l’économie de marché et de la défense du capitalisme français.

Sortir de l’euro ?

Le FN propose l’établissement d’une parité fixée à « 1 euro = 1 franc » « pour maintenir au mieux le pouvoir d’achat », en expliquant que la « baguette d’1 euro passerait à 1 franc et non à 6,57 francs ». Et il oublie juste de souligner que le SMIC qui est environ de 1055 euros nets passerait donc avec le FN à 1055 francs avec la sortie de l’euro. On imagine la perte de pouvoir d’achat énorme qui en résulterait !

La retraite.

Son programme défend deux mesures : « La retraite à la carte : l’âge de la retraite pourrait être reculé de 60 ans à 65 ans. Les retraites par capitalisation C’est une voie qu’il faudra privilégier à long terme. » Le MEDEF n’aurait pas dit mieux !
Elargir le financement des retraites aux revenus du capital (stock options, produits financiers divers…)

Remise en cause des heures de travail.

Renégocier par branches les 35 heures.
Le Front National est « favorable à la flexibilité du temps de travail » et s’oppose à une réduction du temps de travail sans baisse de salaires.

Le programme de Marine Le Pen est particulièrement inégalitaire puisque dans un contexte où les inégalités s’accroissent, il va favoriser les plus riches (patrimoines, hauts revenus, profits financiers) et faire payer les plus pauvres (impôt sur la consommation).

L’extrême droite et le repli national, une arme contre les travailleurs.

Le repli national, une fausse solution à la crise

Beaucoup de travailleurs marchent dans les fausses solutions comme la lutte contre les délocalisations, le protectionnisme, le patriotisme économique présentant la nation comme un rempart face à la situation de plus en plus catastrophique à laquelle nous nous trouvons confrontés.
Le nationalisme est une politique de la bourgeoisie pour détourner les travailleurs de la lutte de classe contre les capitalistes. Au travers du nationalisme, les classes dirigeantes cherchent à nous diviser sur des bases nationales. Refuser la division sur des bases nationales entre travailleurs nés en France ou issus de l’immigration ou entre travailleurs de France et du monde c’est se donner les moyens de mener une lutte en tant que classe contre une autre classe.

L’étranger responsable de la crise ?

Nous devons combattre la thèse qui consiste à affirmer que la crise, la dette, les fermetures d’usine, le chômage et toutes les catastrophes économiques et sociales qui en découlent proviendraient d’ailleurs, de l’extérieur du pays. Cela suppose qu’en s’enfermant dans nos frontières, dans nos valeurs "nationales", on résoudrait la crise.
Mais l’étranger, c’est qui ? Pour les uns c’est l’Europe et l’euro qui nous refilent leur crise. C’est la Grèce qui « aurait abusé ». C’est l’Espagne qui aurait trop spéculé sur l’immobilier. C’est l’Allemagne qui écraserait de sa domination le reste de l’Europe. C’est l’Angleterre qui n’a jamais apprécié l’euro et en profite pour le couler. Pour d’autres, c’est les pays émergents, Chine, Brésil et Inde qui nous volent nos emplois en travaillant pour presque rien. Pour d’autres encore, ce sont les agences de notation étrangères qui poussent les marchés à attaquer « notre pays » et à nous voler notre AAA. On a presque oublié qu’en 2007-2008, le pays qui était accusé d’avoir propagé la crise partout dans le monde était les USA. Tous les jours, aux infos, on nous parle de délocalisations et tous les politiciens y vont de leur couplet dans le domaine comme si on ne savait pas que les délocalisations sont la cause de 4% des suppressions d’emploi et d’un pourcentage encore plus faible du chômage, sans parler du sous-emploi.
Le discours anti-délocalisation de Sarkozy rejoint sur ce plan celui anti-mondialisation ou anti-Chine de Montebourg et le nationalisme exacerbé de Le Pen. Hollande ne fait pas mieux en prétendant qu’on est en train d’annexer la France à l’Allemagne.
Que l’on parle d’Europe ou de Chine, en tout cas, on désigne du doigt les « étrangers ». PSA, Renault, le Bâtiment, les banques qui suppriment des emplois, sont-ce des entreprises et des capitaux « étrangers » ? L’Etat français qui supprime des emplois, est-ce la faute aux « étrangers » ? La Grèce en crise, vous n’y voyez pas la main des banques et des financiers français, eux qui ont spéculé sur les dettes grecques ? Si les banques coulent à nouveau, après avoir massivement été aidées grâce à nos impôts, seront-elles d’innocentes victimes ou des acteurs directs de la spéculation mondiale ?

La France, victime de la crise ou responsable de celle-ci ?

La « France » n’est nullement un pays innocent des manigances mondiales du grand capital ! Au contraire, nos capitalistes sont parmi les plus grands bénéficiaires de la mondialisation, du marché unique européen et c’est eux qui saignent aujourd’hui le peuple travailleur de Grèce…
La « France » victime « de l’étranger », c’est gonflé. C’est de l’impérialisme français que nombre de peuples, à commencer par ceux du Maghreb, d’Afrique et du Proche et Moyen-Orient, en sont les victimes, notamment par le soutien apporté aux dictatures et le pillage des ressources ! Ce sont les trusts français qui profitent que nombre de bourgeoisies du tiers monde préfèrent investir leurs capitaux en France plutôt que dans leur pays. C’est la France qui a fait la guerre aux quatre coins de la planète pour défendre la domination des grandes puissances.
Les gouvernants de droite comme de gauche ont favorisé la financiarisation de l’économie. Ils ont développé eux-mêmes la spéculation. Cela a fait la fortune des trusts français. En accuser le reste du monde est vraiment fort de café !

Combattre le nationalisme sous toutes ses formes

Le risque fasciste que représente le FN est réel. Il est lié à la situation d’effondrement du capitalisme. Pour le combattre, il faut dénoncer toutes les dérives nationalistes, patriotiques, anti « étrangers » qui nourrissent le fumier sur lequel le fascisme se développe.

Le patriotisme de Hollande c’est la défense des intérêts de la bourgeoisie
Dans son discours de Marseille, Hollande explique son patriotisme :

« le patriotisme c’est celui du créateur, de l’entrepreneur, qui invente, qui innove, qui crée – de l’emploi, de la richesse – qui embauche, qui exporte. Oui ces entrepreneurs sont des patriotes ! Patriotes aussi sont les salariés qui se dévouent pour que leur entreprise soit la meilleure dans la compétition. Qui font des sacrifices »

Désolé pour Hollande, mais le patronat licencie, réduit à la misère des millions de familles ouvrières, détruit les richesses produites et la planète (surexploitation des ressources naturelles, pollution nucléaire…). Et de quel sacrifice parle Hollande ? Celui d’accepter les suppressions de postes, les licenciements, les baisses de salaires, la précarité pour que les trusts français, comme la SNCF, soient compétitifs ?

Oui, le patriotisme d’Hollande envers les capitalistes, les grands groupes, les investisseurs privés c’est la casse des retraites, de la sécu, des services publics, la précarité, les hausses d’impôts…

Lutter contre les délocalisations un combat nationaliste et non une lutte de classe

Gouvernants, bourgeoisie, syndicats, extrême droite, droite et gauche, tout le monde ne parle plus que des délocalisations, comme si telle était la cause des suppressions d’emploi en France alors qu’elles n’en représentent que 4%. Eh bien c’est un mensonge ! La délocalisation signifie, aux yeux des travailleurs, que des travailleurs étrangers leur prennent leur travail, en "profitant" du fait qu’ils "acceptent" des conditions de travail et de salaires très inférieures aux leurs. Et nous, on le sait que c’est faux. La casse des conditions de travail et de salaire par exemple entre un TB et un CRTT, c’est la SNCF et non les délocalisations qui en sont responsables. Il faut le dire et l’écrire.

Lutter contre les suppressions de postes, les licenciements sur le terrain de la lutte contre les délocalisations, c’est opposer les travailleurs entre eux au nom du nationalisme au lieu d’opposer l’ensemble des travailleurs au grand capital au nom de la défense du travail ! Cela offre comme perspective la défense nationale contre « l’Etranger » au lieu de la défense de classe, c’est-à-dire celle de tous les travailleurs, de France et d’ailleurs, contre la classe capitaliste.
On ne peut pas s’appuyer sur la Gauche ou la République démocratique comme rempart à l’extrême-droite

La gauche n’a jamais été un rempart contre l’extrême-droite

La perspective « de gauche » contre la montée des fascismes est une illusion particulièrement dangereuse. Toute l’histoire passée montre que la gauche n’a jamais servi à battre le fascisme mais, au contraire, à le favoriser. Mussolini a été lancé en politique par le parti socialiste italien. Le fascisme allemand s’est développé dès 1919 sous la houlette du parti socialiste combattant contre la révolution puis a été amené au pouvoir par Hindenbourg, président élu par le parti socialiste. Franco n’a pu battre la révolution ouvrière espagnole qu’après que le parti socialiste et le parti communiste l’aient désarmée, isolée et démoralisée. Le général Pinochet, ancien chef d’état-major du socialiste Allende a été porté au gouvernement par le socialiste Allende avant même de se servir de ce poste pour faire son coup d’état fasciste contre les travailleurs mobilisés. Pétain a été élu par le parlement du front populaire qui n’avait servi qu’à dévoyer la combativité de la grève générale ouvrière de 1936 avant que les fascistes ne puissent encadrer les masses populaires en cassant les organisations syndicales.

Ni l’Etat bourgeois, ni « la démocratie », ni la gauche ne peuvent nous défendre contre la montée du fascisme. Quand la société capitaliste bascule dans la violence, il ne sert à rien de pleurer et d’appeler de ses vœux un pacifisme des classes dirigeantes. Il faut changer de manière de lutter et de s’organiser. Il faut se préparer à des affrontements sociaux beaucoup plus radicaux. Il ne faut pas craindre de radicaliser la lutte sociale…

Démontrer que les prolétaires sont capables de se battre contre le banquiers, les spéculateurs, les trusts et autres bandits capitalistes, c’est aussi une des manières d’entraîner derrière les travailleurs et vers le socialisme, des couches paupérisées des classes moyennes et donc de couper l’herbe sous le pied du fascisme tant qu’il est encore temps…. Inversement, si les travailleurs suivent de manière timorée les dirigeants syndicalistes ou les politiciens de gauche, s’ils se contentent de marches sans perspective et d’élections pour un faux changement, ils laisseront les fascistes offrir des fausses perspectives aux couches sociales paupérisées et toute la société humaine connaîtra à nouveau les horreurs du nazisme, ce sous-produit du capitalisme en crise.

La gauche attise le racisme et fait monter le FN pour diviser les travailleurs

Hollande s’est dit différent de Nicolas Sarkozy. Pourtant il reprend le thème de « l’immigration choisie » du président sortant. Dans une interview au journal « Le Point » (26 mai), il met en avant le contrôle des flux migratoires, quant à l’immigration économique : « quel nombre d’étrangers et quel nombre de travailleurs nous acceptons pour répondre à des insuffisances dans certains secteurs d’activités. »
Il est pour le maintien des centres de rétentions.
Ségolène Royal sur l’immigration illégale : « les immigrés légaux et les catégories populaires sont victimes de la baisse qu’entraine l’immigration illégale »

Pour Montebourg, il y un consensus PS-UMP-FN sur l’immigration. Les propos de Montebourg ne font qu’édulcorer et présenter la politique de Marine Le Pen contre les travailleurs immigrés comme peu nocive. Ajoutons à cela les amalgames de Royal accusant les travailleurs immigrés de tirer à la baisse les salaires. Bref si la SNCF paie en dessous du SMIC (traitement de base hors primes) nombre de salariés, c’est la faute aux « immigrés » ? Non. Qui dé-rembourse les frais médicaux, les médicaments ? Les « étrangers » ? Non l’Etat Français

La politique que le PS va mener contre les travailleurs immigrés est une attaque contre tous les travailleurs pour nous diviser.

Sans parler de Valls et de son discours sécuritaire, raciste, anti-rom, soutenu par Hollande, qui n’a pas pour but uniquement de surfer sur les terres électorales du FN, mais, bel et bien de faire monter le racisme, le communautarisme parmi les travailleurs afin de nous diviser…. Et qui au final récoltera les fruits ? Le FN….

Ne pas combattre ouvertement la gauche au pouvoir
C’est faire monter l’extrême-droite

La gauche au pouvoir : une autre manière d’imposer des attaques aux travailleurs

Si l’élection de Hollande comme président n’a suscité que peu d’illusions sur un changement positif. Bien des travailleurs ont plutôt tendance à avoir une illusion en négatif : « ça ne peut pas être pire ». Ce qui est une erreur profonde. L’expérience est amère mais les travailleurs voient aujourd’hui le vrai visage de la gauche au pouvoir si jamais ils l’avaient oublié ou n’en avaient pas fait l’expérience.
Il n’est pas vrai que la gauche soit différente de la droite contrairement aux derniers propos tenus par Lepaon. Il n’est pas vrai qu’on peut faire pression pour lui faire mener une vrai politique de gauche. La gauche n’est nullement l’ennemi de la bourgeoisie. Elle ne remet rien en cause dans la domination de cette dernière ni dans sa volonté de s’en prendre aux travailleurs.

Rappelons-nous des privatisations de Jospin et du PS puisque nous savons tous que la droite est une fan des privatisations :

• Air France, 1999

• Autoroutes du sud de la France , mars 2002

• Crédit lyonnais, mars 1999

• France Télécom, 1997-1998

• Eramet, 1999.

• GAN, 1998.

• Thomson Multimédia, 1998 et 2000

• CIC, 1998.

• CNP, 1998.

• Aérospatiale (EADS), 2000.

Franchement, peut-on attendre quoi que ce soit de ceux qui ont été les premiers à démolir les services publics ? Non !
Et aujourd’hui au travers des attaques contre le code du travail (ANI), les retraites, les services publics, elle n’hésite pas à prendre des mesures très impopulaires sur lesquelles la droite aurait hésité. C’est d’autant plus facile pour Hollande qu’il a le soutien des directions syndicales qui l’ont aidée à être élu plus ou moins ouvertement. Le numéro 2 de la CFDT faisait partie de l’équipe de campagne d’Hollande tandis que Bernard Thibault a appelé à voter pour lui.

Le dévoiement des luttes fait monter l’extrême-droite

La montée du FN provient, comme dans le reste de l’Europe, du dévoiement des luttes sociales par les appareils réformistes.
Une fois encore, la montée du fascisme ne peut provenir que d’une trahison de la lutte des classes par les réformistes. La lutte contre le fascisme est la même que la lutte pour en finir avec le capitalisme, lutte que les appareils réformistes, syndicaux et politiques, rejettent catégoriquement....

Indépendance vis-à-vis de la gauche,
pour que l’extrême-droite n’apparaisse pas comme
« la seule véritable alternative » à la gauche et à la droite

Dans la situation actuelle, il est plus que nécessaire si nous voulons faire reculer le gouvernement de gauche de ne pas donner d’illusion sur ce dernier.
Si aujourd’hui nous dénonçons à juste titre que « le gouvernement de gauche poursuit les contre-réformes des gouvernement de droite », les déclarations de Solidaires comme de Sud-Rail n’ont pas toujours été aussi clair, bien au contraire.
Au travers d’un certain nombre de prises de positions, des illusions ont été entretenues ne préparant pas les travailleurs aux coups que la gauches allaient porter pouvant déboucher sur une démoralisation et poussant ces derniers dans les bras de l’extrême droite.

Dans diverses publications de Solidaires comme de Sud-Rail, nous taisons nos critiques vis-à-vis de la gauche, comme si elle n’avait jamais été à la présidence, au gouvernement, dirigé des régions des grandes villes…

Pendant les élections, Solidaires n’a pas hésité à dresser publiquement le bilan des politiques menées par l’actuel Président de la République (Sarkozy, ndlr), de son gouvernement et la majorité sortante. L’essentiel de son action a été de répondre aux désidératas du patronat, à se soumettre aux marchés financiers, en réalité les actionnaires et les spéculateurs. » (déclaration du 11 avril 2012). Ecrivant même qu’« il est temps de tourner la page de Nicolas Sarkozy ». Comme Solidaire a ouvertement appelé à ne pas voter pour le FN en diffusant une brochure intitulée « FN, ne pas se tromper de colère »
Cela revenait à appeler à voter Hollande par défaut.

Au CE de Gare de l’Est, nous avons écrit :

« Les électeurs et électrices ont tranchés « le gouvernement de Sarkozy qui détruisait la société française est viré »
Fini la minorité (patrons banquiers) qui profitait du travail des salariés pour leur enrichissement personnel ! (…)
Le nouveau président de la république a promis « un changement maintenant, une meilleure justice pour tous » ! (…)

Premièrement Sarkozy n’était que l’instrument des classes dirigeantes en France comme Zapatero en Espagne ou Hollande aujourd’hui. Ce sont les classes dirigeantes qui nous portent les coups avec l’aide de la droite comme de la gauche. Deuxièmement la casse ne date pas de 2007 et de Sarkozy. C’est vite dédouaner et oublier le rôle qu’a joué la gauche dans ce pays. Et troisièmement, reprendre ainsi les propos de Hollande sans le critiquer ouvertement, c’est laisser penser qu’on peut croire dans les promesses d’un politicien de la bourgeoisie fut-elle de gauche.

Ne rien dire, c’est laisser subsister un doute chez les travailleurs quant à notre position vis-à-vis de la gauche. C’est de la tromperie. Et par conséquent nous n’aidons pas les travailleurs à se préparer aux mauvais coups. Il est temps de redresser la barre et dire ouvertement aux travailleurs qui n’ont pas connu la gauche au pouvoir ou qui auraient encore des illusions sur ce qu’est réellement cette gauche : la gauche est un faux ami des travailleurs !

Contre l’extrême droite et la menace fasciste :
mener une lutte de classe

Dans la situation actuelle, l’erreur principale serait donc de croire que le fascisme découle des discours politiciens et pas des intérêts des classes dirigeantes. Nous avons eu des exemples récents qui le montrent clairement : en Grèce. Non seulement le Pasok (le PS Grec) a été à la tête d’un gouvernement d’union nationale allant de la gauche à l’extrême droite. Gouvernement qui, a été constitué sans élections pour imposer la politique d’austérité de fin 2011 jusqu’à Février 2012. Mais c’est bel et bien la politique de casse de la gauche et de la droite au pouvoir au travers des politiques d’austérités qui a eu pour conséquence lors des dernières élections l’entrée au parlement grec des nazis du parti de l’aube dorée.
Combattre l’extrême droite c’est par conséquent mener une lutte anticapitaliste, une lutte de classe, mais c’est combattre et dénoncer ouvertement les attaques quand elles viennent aussi de la gauche.

Il découle de cette situation une nécessité impérieuse pour les travailleurs et tous les opprimés : mener une politique offensive contre l’ancienne société pourrie et entraîner ainsi les couches sociales ruinées des anciennes classes moyennes en les entraînant à se battre contre la classe capitaliste. Certes un tel objectif n’a rien d’évident. Mais l’obstacle principal réside dans les réticences des travailleurs eux-mêmes à se voir à la tête d’une nouvelle révolution sociale prolétarienne pour en finir avec le capitalisme. S’ils le faisaient, il ne manquerait pas de paysans pauvres, de pêcheurs démunis, d’épargnants ruinés, d’artisans découragés, d’étudiants sans perspective, pour se joindre à eux.

Régularisation de tous les sans-papiers

Plein droit de citoyenneté pour tous les travailleurs

Non à la chasse aux rom

Défendre les travailleurs immigrés en tant que partie la plus précaire de la classe ouvrière

Face à la gauche au pouvoir, nous ne devons pas hésiter à mettre en avant la régularisation immédiate de tous les travailleurs sans papier. Nous devons dénoncer les discours et la politique anti-immigrés de la gauche comme une attaque anti-ouvrière. Ne pas le faire c’est agir qu’on le veuille ou non, en bon gestionnaire de la main d’œuvre pas chère pour la bourgeoisie comme le propose Hollande.

Toutes les « solutions nationales » et la lutte contre l’immigration sont des armes contre les travailleurs pour dévoyer leurs luttes et les opposer entre eux sur des bases nationales afin que celles-ci ne deviennent pas une lutte de classe entre travailleurs et capitalistes.

Internationalisme Défendre un point de vue internationaliste au quotidien

Notre syndicalisme est internationaliste

« L’internationalisme est une des valeurs fondamentales du syndicalisme que nous construisons. En cela aussi, il est l’héritier du syndicalisme révolutionnaire et de l’anarcho-syndicalisme du début du siècle dernier, marqué notamment par la Charte d’Amiens. (…)
Trop souvent, les textes de congrès sur l’international sont massivement approuvés, parce que partagés dans les intentions… mais très insuffisamment mis en œuvre, dans les faits. (…)
Les orientations fédérales dans le domaine international (…) ne valent la peine d’être pris que s’ils sont compris comme des axes de travail engageant réellement les syndicats qui constituent la fédération. »
(Extrait de la résolution internationale, Congrès Sud-Rail 2006)

(…) « Cela nécessite d’intégrer l’international dans notre syndicalisme au quotidien : à Solidaire, à la fédération, dans les syndicats et les sections. (…) »
(Résolution stratégie d’action, Congrès Sud-Rail 2009)

Développer une orientation internationaliste au sein du syndicat régional de Paris-Est

Diffuser un point de vue internationaliste régulièrement est une nécessité pour combattre les divisions que les classes dirigeantes et les partis à leurs ordres diffusent au sein des travailleurs. Lutter contre les divisions sur des bases nationales, ethniques au sein de la classe ouvrière de France renforcera la solidarité de classe entre tous les travailleurs. C’est une des conditions pour développer un syndicalisme de classe et permettre de développer la lutte de classe contre les attaques menées contre le monde du travail.

Etre internationaliste c’est diffuser que nous ne sommes pas cheminots, postiers, travailleurs du publics ou du privés, français, allemands, algériens, …. mais des ouvriers. Nous appartenons à une seule et même classe à l’échelle internationale, la classe ouvrière.

Diffuser ces idées permettra de renforcer non seulement la collaboration entre travailleurs d’origines et de nationalités différentes en France mais aussi la coopération internationale entre tous les travailleurs. Agir sur ce terrain fera reculer les idées d’extrême-droite, de repli national que veut nous imposer la bourgeoisie pour nous affaiblir et mener ses attaques contre les classes ouvrières en France comme dans le reste du monde.

Aussi, il est impératif de débattre régulièrement dans les sections et le syndicat régional de la situation internationale afin de diffuser sur la région de Paris-Est un point de vue sur ces questions et participer pleinement à l’élaboration du travail international de la fédération et de l’Union Syndicale Solidaires.
Le syndicalisme face aux guerres impérialistes de la France

L’impérialisme et les guerres : un produit du capitalisme

« Le capitalisme a besoin des guerres pour maintenir sa domination. Elles sont dirigées contre les pays pauvres, afin d’exploiter leurs richesses naturelles au profit des pays dominant et au détriment des populations locales. (…)

Lorsque les Etats font la guerre, ils ne se préoccupent pas une seconde des peuples. Leur libération de la dictature que les opprime est pourtant une nécessité. Il est d’autant plus indécent de s’en servir comme d’un prétexte pour bombarder les populations ! (…)

Ces guerres sont avant tout des guerres d’hégémonie, avant même toute considération sur leurs motivations économiques. Elles sont des guerres d’influence entre pays dominants, pour démontrer et renforcer leur suprématie. (…)

Le mouvement syndical doit soutenir et impulser les luttes contre la guerre.

Nous sommes solidaires de tous les travailleurs/ses qui font acte d’objection de conscience pour refuser de participer aux préparatifs guerriers. Nous revendiquons le droit de retrait pour raison de conscience. Nous soutenons les actions de résistance civile.

La guerre sert toujours les riches, elle tue toujours les pauvres.
Non à toutes formes de violences guerrières !
Pour un désarmement et une démilitarisation partout dans le monde
Liberté pour les peuples et droit à l’autodétermination !
Solidarité avec les peuples victimes des dictatures. »

(Extraits de la résolution Internationale du Congrès Sud-Rail octobre 2006).

« Le syndicalisme, en développant la coordination internationale des travailleurs doit assurer sa part de responsabilité dans l’organisation mondiale indispensable au développement des libertés, à la solidarité entre les peuples et au soutien à la paix. »

(Article 1 – But, Statuts de la fédération des syndicats Sud-rail)

Dénoncer les guerres impérialistes de la France

Tout d’abord, il importe de remarquer que les guerres de la France ne sont pas seulement celles dont parlent les média. Ainsi, pendant que les média nous rapportaient heure par heure ce qui se passait au Mali, la France envoyait autant d’hommes au Niger sans en dire un mot.

Ainsi, également, la France continue à occuper le Centrafrique et y fait ses manipulations à l’aide des soldats tchadiens qui sont eux aussi au service de la France comme on l’a vu au Mali…

On se souvient aussi, sous Sarkozy, de l’intervention française en Côte d’Ivoire mais on se garde bien de demander aujourd’hui aux média qui l’ont couverte quel est le bilan de cette guerre, en quoi le nouveau chef d’Etat vaut finalement plus cher que le précédent.

Sans rentrer dans les détails des multiples interventions militaires françaises, du Kosovo à l’Afghanistan et de la Syrie (où on ne nous dit rien de ce qu’y font les forces spéciales) à la Somalie, il convient de rappeler qu’aucune de ces guerres n’a eu lieu pour aider des peuples, aucune pour défendre liberté ou démocratie et toutes pour défendre des intérêts impérialistes.

Le rôle d’une organisation ouvrière digne de ce nom est de ne pas laisser le moindre doute au sein des travailleurs sur les buts de la soi-disant démocratie française.

Vous savez la fameuse démocratie qui a organisé depuis la cellule spéciale de l’Elysée pour le Rwanda mise en place par Mitterrand sous la cohabitation… le génocide rwandais !

Les peuples du monde ont eu à souffrir de l’oppression coloniale, néo-coloniale et impérialiste de la France. Nous, travailleurs de France, devons absolument nous désolidariser des interventions militaires françaises.

Non seulement elles servent à défendre les intérêts des Total et autres Bouygues et Bolloré, les mêmes patrons qui nous exploitent ici. Mais en plus elles mettent en place des dictatures « amies » qui ne sont pas amies du peuple travailleur de France mais des exploiteurs français.

Quand un pays comme la Guinée (Conakry) a connu des mobilisations ouvrières écrasées par une dictature amie de la France, la France des exploiteurs a choisi son camp et il est dramatique de constater que le mouvement syndical n’a rien dit.

Quand la révolte populaire et ouvrière a gagné la Côte d’Ivoire ou le Mali, même silence, qui pourrait passer pour complice, des centrales syndicales.

Eh bien, nous devons discuter entre nous de cette attitude et combien elle favorise ici nos adversaires.

Facile ensuite aux extrêmes-droites, par exemple, de dire que les travailleurs africains ne devraient pas venir aussi nombreux en France quand on n’a pas montré aux travailleurs de France que toutes les richesses d’Afrique sont pompées par des trusts français.

Ainsi, le trust français Bouygues a organisé plusieurs fois des arrestations de syndicalistes de ses mines en donnant l’ordre de le faire au gouvernement malien…

Voilà ce que des syndicalistes ne doivent pas taire et ils ne doivent pas craindre de dire qu’un gouvernement de gauche, sur ce terrain, ne vaut pas plus cher qu’un gouvernement de droite.

Syndicalisme de classe

Autogestion

République des Travailleurs

Un syndicalisme de masse,
de lutte de classe et de transformation sociale

« Pour un syndicalisme de classe et de masse. Agir pour la convergence des luttes et œuvrer pour une transformation sociale de notre société, afin de favoriser l’émancipation sociale des salariés. »
(Congrès Sud-Rail 2009)

« Notre démarche s’inspire de la Charte d’Amiens : défense immédiate des salariés, transformation sociale et contre-pouvoir »
(Qu’est-ce que l’Union Syndicale Solidaires)

« Mais qu’est-ce que l’émancipation sociale ? C’est l’abolition du travail salarié, c’est-à-dire le conflit entre capital et travail ou autrement dit le renversement du capitalisme. »
(Charte d’Amiens)

Autrement dit : « l’abolition (…) des classe sociales)
(Statuts de la fédération des syndicats Sud-Rail)

« Le syndicat combat le capitalisme »
(Statuts de la fédération des syndicats Sud-Rail)

« Nous organisons la résistance des exploité(e)s pour l’amélioration des conditions de vie et l’abolition, un jour des classes sociales. Nous proposons l’autogestion des moyens de production, d’échanges économiques, de communication. »
(Statuts de la fédération des syndicats Sud-Rail)

Qu’est-ce que l’Autogestion ?
« Nous voulons habituer le prolétariat à se passer de gouvernants. Nous devons donc conseiller, instruire, mais non diriger. » (Pelloutier, secrétaire de la Fédération des bourses du travail en 1895)

La CGT a ses origines

Syndicalisme de classe, Autogestion
et République des travailleurs

La doctrine syndicaliste révolutionnaire et le syndicalisme d’action directe

Le syndicalisme seul représentant de la classe ouvrière
La charte d’Amiens (congrès de la CGT à Amiens en 1906) le proclame solennellement :

« En ce qui concerne les organisations, le congrès déclare qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérales n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale. »

Cette précaution vise, pour ses auteurs, représentants du mouvement ouvrier, à prendre leurs distances par rapport au gouvernement « socialiste-bourgeois » de Millerand-Waldeck-Rousseau.

L’action directe

« L’action directe signifie que la classe ouvrière, en réaction contre le milieu actuel, n’attend rien des hommes, des puissances et des forces extérieures à elle, mais qu’elle crée ses propres conditions de lutte et puise en soi les moyens d’action. »

L’action directe s’exerce en premier lieu contre le patronat : on n’entend pas véritablement négocier avec le patronat comme on le ferait avec un partenaire qu’on reconnaît ; l’objectif, c’est d’établir une législation corporative, votée librement par les assemblées syndicales et imposée aux employeurs par la grève comme une loi. L’autonomie ouvrière doit se manifester face à un patron qu’on ignore et dont on refuse de reconnaître les droits.

L’action directe s’exerce également contre l’État ; il s’agit de faire une pression extérieure sur l’État par un ensemble de manifestations susceptibles de susciter un mouvement d’opinion qui oblige l’État à prendre en compte le problème.

Pour imposer sa force, la classe ouvrière dispose de plusieurs moyens : la grève, le boycott (ne pas travailler, ou ne pas se fournir chez tel patron ou tel commerçant), le label syndical (on recommande de travailler ou d’acheter chez tel bon patron), le sabotage, le ralentissement volontaire de la production, la malfaçon, le gaspillage du produit, voire l’attaque directe contre l’instrument de production.

Ainsi à l’occasion du mot d’ordre de la journée de 8 heures pour le 1er mai 1906, la CGT préconise aux travailleurs de limiter eux-mêmes leur journée de travail à 8 heures : on décide soi-même.
L’action directe est déclarée auto éducative, elle permet à chaque individu d’affirmer son autonomie et celle de sa classe.

Cette prise de conscience des travailleurs doit se faire tant par l’action directe que par la réflexion et l’analyse, l’une enrichissant l’autre, et réciproquement (la CGT assurera la formation théorique de ses adhérents et de ses militants par des cours, des bibliothèques...). La CGT, marquée par les idées anarchistes, affirme le droit du producteur sur son produit, rejette tout pouvoir et annonce une société future libérée de toute exploitation, de toute oppression, de toute aliénation.

Pour une république des travailleurs

La CGT veut rester indépendante des partis politiques ; ce refus des partis n’a rien à voir avec l’apolitisme ; le syndicalisme ne peut être apolitique quand il remet en cause la société toute entière. À la République bourgeoise, le syndicalisme d’action directe oppose la République des travailleurs :
« L’amélioration immédiate de la condition des salariés n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme : il prépare l’émancipation intégrale avec, comme moyen d’action, la grève générale, et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera dans l’avenir le groupe de production et de répartition, base de réorganisation sociale. »

« Suffrage universel, démocratie, sont toutes choses que la société capitaliste a apportées en elle, d’où leurs imperfections et leurs tares... seul le refus du travail est du domaine prolétarien ; seule la grève fait surgir quotidiennement l’antagonisme patronal et ouvrier ; seule la grève générale fera surgir la libération définitive, car elle sera pour le salarié le refus de produire pour le parasite et le point de départ d’un mode de production ayant pour seul bénéficiaire le producteur. » (Griffuelhes)

« Nous voulons habituer le prolétariat à se passer de gouvernants. Nous devons donc conseiller, instruire, mais non diriger. » (Pelloutier)

Selon la CGT, il s’agit donc d’aboutir à une véritable contre-société basée sur le fédéralisme des producteurs où les hommes de métier gèrent leurs propres affaires, sans déléguer à aucune personnalité, à aucune organisation, un pouvoir politique, une autorité qui dégénère tôt ou tard en tyrannie. Il ne faut pas habituer les individus à compter sur l’organisation plutôt que sur eux-mêmes.
(extraits tirés de la brochure, Le mouvement ouvrier et le syndicalisme,
édité par Solidaires Industrie)

Pour le renouveau d’un syndicalisme de classe

Méthodes de lutte bureaucratiques

Et méthodes de classe

Les deux méthodes : lutte pour l’émancipation ou conciliation
Tout oppose les deux méthodes, celle des centrales syndicales d’aujourd’hui et celle défendue alors par la CGT : les buts, les perspectives, les moyens, les formes d’organisation, les revendications, les formes de lutte et les résultats.

Si on commence par les résultats, il est clair et les centrales le répètent suffisamment que, pour elles, l’achèvement d’une lutte est un accord avec les patrons en vue d’une nouvelle collaboration. La négociation n’est même pas un moyen mais un but et les dirigeants syndicaux sont des négociateurs qui passent le plus clair de leur temps à blablater avec les patrons et le gouvernement...
Dans le sens des intérêts de classe, l’aboutissement d’une lutte de classe qui monte est une rupture avec la logique patronale et même, si la lutte de classe va jusque-là, avec la société capitaliste.

On mesure toute la distance...

Griffuelhes, secrétaire confédérale de la CGT en 1909, écrit dans le livre « l’action syndicaliste » :
« L’ouvrier veut naturellement acquérir un mieux-être. Mais, pour y parvenir, il lui faut se grouper, afin d’obtenir de son patron les satisfactions nécessaires. Et, comme ce dernier ne les lui donnera pas de bon gré, l’ouvrier est contraint de lutter. Celle lutte de l’ouvrier doit donc s’exercer contre le patron ; elle doit, en augmentant la puissance du travailleur, tendre à diminuer le privilège du patron. Il y a là deux adversaires irréductibles en présence, qui doivent se combattre jusqu’au moment où les chocs successifs auront fait disparaître les causes de la lutte : l’exploitation et l’asservissement des travailleurs.
Pour nous, syndicalistes révolutionnaires, la lutte repose, non sur des sentiments, mais sur des intérêts et des besoins. Telle est la conception qui nous guide dans notre mouvement. Nous nous séparons de ceux qui, comme les syndicats réformistes, veulent combiner les efforts ouvriers et les efforts patronaux pour assurer des avantages communs, lesquels ne peuvent s’obtenir que sur le dos du consommateur, et par conséquent sur le dos de l’ouvrier, celui-ci étant consommateur. En notre milieu social actuel, l’ouvrier produit parce qu’il lui faut consommer, c’est-à-dire que, pour être à même de calmer sa faim et de parer à ses premiers appétits, le travailleur est obligé de produire.

La question ouvrière est posée par nous, syndicalistes révolutionnaires, de la façon suivante : lutter contre le patronat pour obtenir de lui, et à son désavantage, toujours plus d’améliorations, en nous acheminant vers la suppression de l’exploitation. Pour les camarades syndicalistes réformistes, avec lesquels nous sommes en opposition, la même question ouvrière se pose comme suit : se grouper pour établir une entente avec le patronat, ayant pour but de lui démontrer la nécessité d’accorder quelques satisfactions, n’entamant en rien le privilège patronal. Cette dernière façon de procéder nous amène loin du but que nous nous assignons ! »

Organisation Autonome de la Classe Ouvrière, Action directe, Autogestion des luttes

En ce qui concerne les formes d’organisation, il est clair que les centrales - toutes de manière unanime - sont contre des formes d’organisation et de décision à la base, des comités, des conseils, des collectifs, des coordinations, quelle que soit la manière dont on les appelle : comités de grève, comités de lutte, comités d’action, comités de quartier, comités inter-entreprises, comités interprofessionnels...

L’organisation de classe, en comités qui interfèrent de plus en plus dans la société jusqu’à la prise du pouvoir, menace l’ordre existant et révèle aux travailleurs eux-mêmes leur capacité à diriger la société et le sens dans lequel ils souhaitent la diriger. Toute forme d’organisation de classe, même embryonnaire, remet en question l’ordre social.

Au contraire, les centrales syndicales visent à convaincre les travailleurs qu’elles feront tout très bien à leur place, comme avocats, comme assurance, comme sécurité, comme négociateurs, comme décideurs des rythmes et moyens de lutte... Elles trouvent les revendications, les décident et les discutent avec patronat et Etat, tout cela sans consulter les travailleurs et même pas leurs militants !

A l’opposé, le but numéro un des comités, c’est que les travailleurs décident, discutent de tout devant tout le monde, en se soumettant au maximum au choix des travailleurs. Pas par goût des réunions sans fin mais parce que c’est ainsi que les travailleurs renforcent leur capacité de lutte et de changement social.

Et ils combattent férocement toute tentative de les mettre en place, prétendant qu’il suffit d’assemblées générales dans lesquelles les propositions viennent seulement des syndicats, c’est-à-dire de leur direction.

Les grandes centrales : un syndicalisme de collaboration de classe

Centrales syndicales et classe ouvrière ne défendent même pas les mêmes intérêts. Il suffit pour le montrer de voir que les centrales se sont estimées victorieuses lors du conflit des retraites en 2010 en mettant en avant que les travailleurs auraient gagné la bataille de l’opinion, pour mieux préparer à nous faire voter Hollande, qui soi-disant, serait moins pire que Sarkozy. Ce qui n’est pas le cas. Chacun peut le mesurer. Mais cela n’empêche pas la CGT de dire que gauche et droite, ce n’est pas la même chose. Qu’on pourrait en se mobilisant, obliger la gauche à faire une vraie politique de gauche.

Pourquoi une telle politique alors ? Parce que l’intérêt des centrales est d’obtenir la reconnaissance des patrons et de l’Etat ce qui les oblige régulièrement à s’appuyer sur la force de la classe ouvrière afin de contraindre leurs interlocuteurs à ne pas trop baisser les prix payés aux syndicats pour leurs services. Une petite démonstration sans danger de temps en temps suffit....

Tout oppose :

conscience de classe et collaboration de classe,

organisation de classe et bureaucratie,

lutte de classe et ballet journée d’action/négociations

lutte allant vers la rupture avec le capitalisme et la destruction de l’Etat bourgeois et concertation patronat/syndicats/Etat.

Des centrales syndicales qui s’accommodent du capitalisme

Quand les centrales syndicales se plaignent, ce n’est pas du mode d’organisation de la société bourgeoise mais du fait qu’elles ne sont pas assez entendues ou même assez écoutées. Elles ont arrêté bien des mouvements qui partaient forts simplement parce qu’elles avaient obtenu des négociations.

La lutte des classes aiguise l’opposition entre exploiteurs et exploités.
La lutte des centrales syndicales l’émousse, l’épuise, l’étouffe, la détourne.

L’idéologie des centrales syndicales est l’illusion d’un capitalisme qui profiterait de manière équilibrée à la fois aux travailleurs et aux capitalistes. Autant dire qu’en période de crise du système un tel discours est plus qu’irréaliste : dangereux !

Pour les centrales syndicales, l’Etat est un intermédiaire qui permet la discussion et l’entente avec les patrons sur des bases équilibrées. La lutte, quand il le faut entre deux négociations, mène à un nouvel équilibre.

La conscience de classe montre, à l’inverse, que l’Etat n’est rien d’autre qu’un instrument de la classe dirigeante contre les travailleurs et qu’il ne sert à rien de demander à bouc de donner du lait...

Pouget dans la CGT (1910) :

« D’autre part, l’espoir en l’intervention de l’État qui, parce que saturé de démocratisme, se ferait bon gendarme en faveur des exploités aboutissait aux mêmes fins conservatrices. De l’une et l’autre conception découlait la collaboration de classes, substituée à la lutte de classe, pierre angulaire du syndicalisme.
Cette orientation déviatrice et pacifiste, qui est en voie d’extinction, les pouvoirs publics cherchent à la revivifier par des mesures législatives qui tendent à subordonner les syndicats à l’État, à restreindre leur champ d’activité et à parlementariser leur action. »

Un syndicalisme de transformation révolutionnaire

La conscience de classe, c’est la conscience de la nécessité pour les travailleurs, dans l’avancée de la société, de renverser la direction de la classe capitaliste dont l’Etat bourgeois n’est que l’expression.

Pouget dans la CGT (1910) :

« À l’origine, le corporatisme, en limitant son action à des améliorations de détail, n’ayant ni vues d’ensemble, ni idéal, ni d’autre horizon que la frontière corporative, ne menaçait en rien la société capitaliste. »

Il faut remonter avant la première guerre mondiale pour trouver des syndicats qui tenaient un discours de classe. Cela ne veut pas dire qu’ils ont tenu compte de l’évolution des sociétés modernes. Cela veut dire au contraire, qu’à l’époque impérialiste où la lutte de classe est exacerbée, ils ont changé de camp !

Quelle est la politique des syndicats face à un gouvernement de gauche menant une politique ouvertement à droite ?

La CGT de Thierry Lepaon, pas plus que celle de Bernard Thibaut ne met un signe égal entre gauche et droite et elle l’affirme haut et clair. La question reste de savoir si elle a raison…

Pour la CGT, il suffit de lire Thierry Lepaon s’adressant, vendredi 26 avril, dans une lettre ouverte à François Hollande : « Ce n’est pas une démarche hostile, pas du tout », a précisé au « Monde » le secrétaire général de la CGT qui, depuis son élection le 22 mars, a rendu une visite de courtoisie au chef de l’Etat. « C’est une démarche de responsabilité ».

Et le même Lepaon écrit à Hollande que :

« Il y a maintenant un an les Françaises et les Français vous élisaient président de la République. Ils affirmaient ainsi le besoin d’une rupture avec la politique économique et sociale menée précédemment. De ce besoin, vous en avez fait votre slogan : ’Le changement, c’est maintenant’. La CGT s’était clairement exprimée pour un changement de majorité dans l’intérêt des salariés. Or, nous sommes contraints de constater l’écart grandissant entre vos engagements et les actes. Le décalage est immense entre les attentes des salariés et les réponses politiques apportées. Pour les salariés, rien n’a changé positivement dans leur vie au travail et dans leurs conditions sociales."

Voilà comment Lepaon rappelle la politique syndicale qui avait consisté à décommander la grève générale sur les retraites en prétextant que, face à Sarkozy, elle ne pouvait pas gagner. Il fallait d’abord changer de président… Résultat : néant ! Lepaon affirme s’être fait blouser.

Le numéro un de la CGT Thierry Lepaon a assuré que son syndicat faisait « la différence entre la gauche et la droite », estimant qu’avec l’actuel gouvernement de gauche « les choses peuvent avancer », à condition de « créer un rapport de force ».
Pourquoi les patrons n’ont-ils pas besoin de créer un rapport de forces pour être entendus d’un gouvernement de gauche, il ne le dit pas…

Dans une interview, Lepaon répond à la question : Mettez-vous le gouvernement actuel sur le même plan que les précédents ?

« Non ! Il y a une différence entre la gauche et la droite. Considérer que c’est la même chose, c’est permettre au Front national d’empocher la mise. Jamais la CGT ne jouera ce jeu. »

Et, en faisant croire que le syndicat est du côté d’une gauche gouvernementale qui s’attaque elle aussi aux travailleurs, qui justifie de nouvelles attaques des retraites, de la SNCF, de l’EDF, de la Santé, de l’Education, de la Recherche, etc, on fait le jeu de qui ?

D’ailleurs pourquoi prétendre mener des luttes et dire ensuite que tout dépendra du président ?

Pourquoi descendre dans la rue contre un projet de loi sur les retraites sans revendiquer le retrait pur et simple de la loi ? Pourquoi dire qu’on compte sur le parlement pour « améliorer le projet » ? Est-ce qu’on améliore une attaque antisociale qui aggrave l’attaque de Sarkozy au lieu de revenir dessus ? Est-ce que la « démarche de responsabilité » d’un dirigeant syndicaliste consiste à refuser de mener la lutte pour se lier à un gouvernement qui se comporte de manière aussi anti-ouvrière que le précédent, qui envoie ses flics de manière aussi hostile que le précédent (voir les Goodyear) ?
Du côté de FO, il y a eu dispute au plus haut sommet pour savoir s’il fallait réclamer ou pas le retrait du projet de loi et la direction de FO est arrivée à une formule insipide, interprétable dans les deux sens…

C’est dire que ces syndicats ne veulent pas être hostiles à ce gouvernement de gauche et même souhaiteraient le soutenir. Mais pourquoi ? Ce gouvernement, Lepaon l’avoue, n’est en rien plus favorable aux salariés. Il a même reconnu qu’Hollande comptait privatiser SNCF et EDF !!!

Du côté de la CFDT, Berger a expliqué qu’il faut cesser de se prétendre en colère quand on est satisfait. Satisfait de quoi ? De devoir travailler de plus en plus longtemps pour obtenir une retraite ? De voir deux des principaux dirigeants syndicaux de la CFDT être récompensés de leurs prises de position par deux postes ministériels ? « Quand on obtient ce qu’on demande, on l’assume. Et l’on ne va pas chercher ailleurs des motifs d’insatisfaction », affirme M. Berger.

« Nous sommes fiers d’avoir pesé pour que la réforme ne coûte pas trop cher aux salariés » a déclaré la direction du syndicat CFDT, par la bouche de son nouveau secrétaire Laurent Berger. Pas trop cher, 43 années de cotisations pour avoir droit à une retraite entière ! Berger se moque des travailleurs.

La CGT est-elle radicalement opposée à cette attitude de la CFDT. Non ! « Je suis d’accord avec Laurent, on n’a rien à gagner à tout casser », renchérit même M. Lepaon….

Quelle va donc être l’attitude de SUD sur cette question ?

Faut-il refuser de voir ce qui crève les yeux : gauche et droite sont du même côté du bâton qui nous frappe. Quelle nécessité de prétendre le contraire face à l’évidence des politiques menées ?

La crise du capitalisme et Le pouvoir ouvrier

La crise du capitalisme pose la question de la
transformation révolutionnaire de la société

Poser la perspective de la lutte que ce soit sur la réforme ferroviaire, les retraites, la sécu…ne peut se faire indépendamment de l’analyse du système capitaliste. Aussi devons-nous nous pencher sur l’état du malade, c’est-à-dire du capitalisme. Va-t-on assister à un début de croissance comme le gouvernement le crie sur les toits ou bien n’est ce que des paillettes pour mieux nous endormir sur la signification de cette non reprise.

Média, hommes politiques, centrales syndicales essaient de nous embrouiller sur la signification de la situation économique, politique et sociale et nous sommes de plus en plus matraqués par l’idée qu’il suffira de quelques sacrifices pour faire repartir la machine, sous-entendant que la France est une victime de la mondialisation et de la financiarisation et aussi une victime d’un manque de sacrifice dans les années précédentes. Nous allons voir qu’il s’agit d’une somme de contrevérités et d’une embrouille de grande ampleur destinée à amener les travailleurs dans un piège accepté de tous bords, droite comme gauche, patronat comme syndicats…

Peut-on obtenir des réformes dans un système qui s’effondre ? Mais avant même de débattre de cette question, il faudrait savoir de quoi on parle.

Avons-nous à faire à une crise, qui en fait est un moment particulier du développement du capitalisme au travers de période de croissance et de crise, ou plutôt à un effondrement, c’est-à-dire une rupture dans le fonctionnement du système capitaliste.

Si tel était le cas, il ne serait pas de notre intérêt à vouloir faire repartir le capitalisme.

Quelle est l’origine de la crise ?

« La crise actuelle n’est pas simplement le produit du comportement de « traders fous » et de banquiers cupides, elle est celle d’un système bâti sur l’appropriation toujours plus grande de la richesse produite, par une petite minorité ». (tract 4 page « face à la crise… mobilisation citoyenne »).

Effectivement c’est la dynamique même du capitalisme, la recherche effrénée du profit au détriment des besoins des travailleurs et des populations, qui est responsable de la crise. Car comme le souligne le 2ème Congrès de Solidaires : « La principale caractéristique du système de production capitaliste demeure l’appropriation privée des moyens de production » c’est-à-dire produire en fonction des intérêts privés des capitalistes et non en fonction des besoins des populations. Si ça rapporte ils investissent, dans le cas contraire ils désinvestissent comme c’est le cas aujourd’hui et provoquent les fermetures en masse d’entreprises.

Aménager le capitalisme est une utopie réactionnaire

Nous expliquons que c’est le système dans son essence même qui est responsable de la crise mais en même temps nous expliquons qu’il faut « un meilleur partage des richesses » et « imposer des mesures visant à casser les reins de la domination de la finance ». Ces revendications portent une certaine ambiguïté dont nous devons débattre.

L’augmentation générale des salaires est un meilleur partage de la plus-value. Pour autant cela règle-t-il la crise actuelle ? Si nous répondons par l’affirmative comment expliquer la crise de 1973 alors qu’il existait un partage plus favorable de la plus-value pour les salariés dans les pays impérialistes. La crise a bien eu lieu. Et c’est après que la part des salaires a diminué. On peut conclure qu’un meilleur partage ne résoudra pas la crise.

La restriction de la liberté de circulation des capitaux, l’interdiction de la titrisation posent le problème de la régulation économique du système capitaliste. Pense-t-on qu’un capitalisme mieux régulé n’entrerait pas en crise ? Non seulement c’est en contradiction avec ce que nous avons écrit auparavant mais le capitalisme ne peut pas se réguler pour éviter les crises, sinon comment expliquer, là encore, la crise des années 70 alors que les marchés de capitaux étaient quasi inexistants et que les états intervenaient avec des politiques keynésiennes. Le capitalisme ne peut ni se moraliser, ni se réguler pour éviter les crises puisque son mode de fonctionnement sont les crises.

Même à l’apogée des 30 glorieuses, le capitalisme n’a pas réglé le problème de la pauvreté pour l’immense majorité de la population mondiale. Et depuis 1973, malgré les politiques mises en œuvre, il est entré en crise tous les 2 ans. Et cette chaine de crises a débouché sur un effondrement économique majeur qui précipite l’humanité dans la pauvreté. Il n’y a donc ni bon ni mauvais capitalisme, mais uniquement le capitalisme auquel nous devons opposer une nouvelle société, celle de la libre association des travailleurs.

« Construire un autre système économique » : la libre association des travailleurs

Si nous voulons « mettre en œuvre une autre logique économique basée sur la satisfaction des besoins sociaux et une nouvelle répartition de la richesse produite »(4 pages solidaires sur la crise) ; cette « autre logique économique » doit reposer comme écrit dans le préambule des statuts du syndicats « sur la planification démocratique, l’appropriation sociale des moyens de production et de communication et l’autogestion »

Qu’est-ce la planification démocratique sinon la libre association des travailleurs se réunissant collectivement pour débattre de leurs besoins et des moyens à mettre en œuvre pour y répondre sur une base non capitaliste. Le moyen c’est « l’appropriation sociale des moyens de production » (usines, transports, écoles…) par les travailleurs c’est-à-dire la remise en cause de la propriété individuelle des capitalistes et la transformation de celle-ci en propriété collective.
Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons construire la libre association des travailleurs et avancer vers « l’abolition des classes sociales ».

Mettre fin à l’exploitation capitaliste : l’expropriation sans indemnité ni rachat

Et c’est tout le rôle que doit prendre aujourd’hui le syndicalisme défendu par Sud-Rail. Notre vision est celle d’un « syndicalisme de transformation sociale (…) qui veut changer cette société capitaliste en voulant un monde où l’humanité, et non le profit, soit au centre des décisions. » Notre Syndicat doit convaincre les travailleurs, qu’aujourd’hui dans ce contexte de crise majeure, que l’aiguillon de la production ne doit plus être la recherche du profit mais la satisfaction des besoins des travailleurs et des populations. Cela suppose d’enlever tout pouvoir économique et politique aux capitalistes. Leur pouvoir économique existera tant que les travailleurs respecteront la propriété privée des moyens de production. La charte d’Amiens que nous citons comme modèle pour la transformation sociale de la société explique que le rôle de notre syndicalisme doit être de préparer « l’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l’expropriation des capitalistes. » sans indemnité ni rachat.

Contre la dictature du capital financier : Expropriation des banques privées

C’est en appliquant les principes de la Charte d’Amiens auxquelles Solidaires et les SUD se réfèrent que nous pourrons réellement « briser les reins de la finance ».Pour cela « la création de pôles financiers publics, y compris au niveau européen » ne remet pas en cause l’existence des banques privées et ne brisera pas la finance.
Plus que la création de pôles financiers publics, il faut proposer la nationalisation de toutes les banques en une seule et unique banque nationale et européenne sous contrôle des salariés et des populations. Cette politique s’effectuerait au détriment de la haute finance qui serait expropriée et permettrait ainsi de construire un organisme de comptabilité et de direction de l’économie nationale. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons « protéger et soustraire l’épargne populaire à l’emprise de la finance privée » pour laquelle nous créerons des conditions plus favorables qu’actuellement et orienter l’ensemble de l’économie et des investissements en fonction des besoins des populations et non d’une minorité de possédants.

Exproprier les Capitalistes

Capital financier et Capital industriel ont tissé de nombreux liens. Aussi la question de l’expropriation et la nationalisation se pose pour l’ensemble des grands groupes que ce soit dans le domaine de l’alimentaire, pharmaceutique, de l’immobilier ou du transport si nous voulons répondre aux besoins des populations.

En France, cela représenterait l’expropriation d’une centaine de ménages dont le patrimoine moyen représente 24000 fois le patrimoine moyen des 6.600.600 millions de ménages les moins fortunés. L’économie et les richesses sont entre les mains d’une toute petite minorité comme cela pouvait être le cas dans la France d’Ancien Régime. Et à l’époque, les sans-culottes ne cherchaient pas à réformer le droit de propriété mais à aller de l’avant en l’abattant.

La voie vers l’expropriation : le contrôle ouvrier sur la production au travers des conseils ouvriers

Nous écrivons vouloir un « encadrement des politiques bancaires » et « un contrôle démocratique de la BCE ». Mais nous ne disons pas un mot sur qui contrôlera. Serait-ce « l’Etat qui constitue un régulateur indispensable pour faire contrepoids au marché et assurer une plus juste répartition des richesses sous la pression des forces sociales. » ? (2eme congrés solidaires)

Pourtant l’Etat ces dernières 30 années, que ce soit sous les gouvernements de droite ou de gauche, a organisé les attaques contre nos conditions de vie et de travail (retraites, temps de travail, salaires, privatisations, réductions d’effectifs …). L’Etat a montré ouvertement qu’il est du côté des capitalistes. Comment pourrait-il alors gérer et répartir en notre faveur les richesses ? A moins d’avoir l’illusion que cet Etat est aussi celui des travailleurs. Et s’il doit lâcher sur nos revendications effectivement, il ne fera que sous la contrainte. Mais comme les patrons dès qu’il pourra il reviendra dessus.

Le « seul encadrement » possible est celui que les travailleurs imposeront au travers du contrôle ouvrier sur l’économie. C’est à cette condition que les nationalisations ne seront pas faites en faveur des capitalistes (fermeture des mines, nationalisations des pertes bancaires). Les nationalisations serviront les travailleurs seulement si les travailleurs y participent à chaque étape. Il faut qu’ils interviennent dès maintenant et interviennent dans la gestion de l’industrie et de l’économie tout entière sous la forme du contrôle ouvrier en commençant par leur usine au travers de comité d’usines, de travailleurs. Ces comités doivent être composés le plus largement possible par les travailleurs du rang élus par tous les ouvriers de l’entreprise qui les contrôleront. Ainsi fera place à la démocratie bourgeoise du patron dans l’entreprise, celle de la classe ouvrière.
Ce n’est qu’à cette condition que le syndicat s’il entraine les masses travailleuses dans la gestion des affaires publiques, qu’il ouvre la voie à « la planification démocratique, (à) l’appropriation sociale des moyens de production et de communication et l’autogestion ».

Le contrôle ouvrier pose la question du régime politique : pour une république des Conseils Ouvriers

Seuls les travailleurs ont intérêt à un tel changement. Les classes possédantes s’y opposeront de toutes leurs forces. Elles se serviront d’ailleurs de leur Etat, de leur police, leur justice pour mettre hors la loi nos interventions dans le domaine économique et politique et au final nous contrecarrer.

Mais il y a une question qui domine toutes les autres, c’est celle ci : quelle est la classe qui détient le pouvoir ? Pour transformer la société féodale en société capitaliste, il a fallu que la bourgeoisie arrache par la violence le pouvoir des mains de la monarchie, de la noblesse, et du clergé. Le Tiers-État a très bien compris qu’il lui fallait un régime économique adéquat. Dans cette entreprise, la bourgeoisie consciente n’a pas chargé Louis Capet d’abolir le régime médiéval, le prolétariat ne peut charger aucun chef de la bourgeoisie d’appliquer la politique qui doit aboutir à l’expropriation de la bourgeoisie elle même. Celui qui détient le pouvoir décide des formes de la propriété et toute la réforme se réduit en dernière analyse à l’abolition de la propriété privée et à l’instauration de la propriété collective ou socialiste des moyens de production. Il faut le dire carrément : seul un gouvernement révolutionnaire, celui des ouvriers et des paysans, prêt à la lutte implacable contre tous les exploiteurs, peut appliquer l’expropriation. Cela signifie pour le prolétariat : conquérir le pouvoir.

Nos propositions d’orientations générales

Cette Assemblée Générale du Syndicat Sud-Rail de Paris-Est se tient en pleine réforme ferroviaire. Cette réforme s’inscrit dans une vaste attaque généralisée contre les conditions de vie et de travail des salariés et de l’ensemble de la population laborieuse. Attaques menées de concert par le gouvernement de gauche Hollande-Ayrault et le patronat contre le code du travail, contre les allocations familiales, contre les retraites, contre les salaires, contre l’emploi, la santé, l’éducation…

Ces attaques sont une nécessité pour les classes dirigeantes qui sont confrontées à l’effondrement économique du système capitaliste. Il est vital pour les travailleurs du rail de comprendre la situation dans laquelle se trouve le capitalisme. On ne se bat pas de la même manière et avec les mêmes objectifs selon que le système se développe économiquement ou s’effondre. Si pendant toute une période, les luttes ouvrières pouvaient se contenter d’arracher des réformes pour améliorer temporairement le sort de la classe ouvrière, ce qui a été le cas pendant les trente glorieuses dans les pays impérialistes, cette période est aujourd’hui révolue. Ce qui a été arraché dans les pays centraux du capitalisme, les capitalistes l’ont repris en partie par une exploitation de plus en plus accrue de la classe ouvrière et de la paysannerie à l’échelle mondiale. Sauf qu’aujourd’hui, le capitalisme est dans une impasse. Pour en sortir, il n’est pas dit qu’il balaiera tout avec lui, il n’a d’autres choix que de casser tout ce qui avait été obtenu.

Pour nous défendre, nous devons débattre non seulement des raisons de cette privatisation et des réponses que nous, salariés, devons apporter, mais nous ne pouvons pas le faire sans discuter de la situation dans laquelle elle se produit, c’est-à-dire celle de l’effondrement du capitalisme.

Dans ce contexte, défendre la SNCF en tant que service public mais aussi la retraite des cheminots, c’est lier la lutte des cheminots à la lutte de tous les travailleurs et plus largement c’est lier la lutte des travailleurs contre la casse des conditions de vie et de travail à celle contre le capitalisme.

Si seul un mouvement de toute la classe ouvrière peut avoir une chance de faire reculer gouvernement et patronat, il sera aussi la condition pour passer à l’offensive. Il ne faudra pas alors hésiter à prendre appui sur le recul des classes dirigeantes et des gouvernements à leur botte pour porter les coups définitifs au système d’exploitation. L’expropriation des grands groupes industriels et financiers détenteurs des capitaux, des moyens de production et du foncier doit être un de nos objectifs stratégiques. L’ensemble de l’économie et de sa production doit passer entre les mains de la classe ouvrière.

Face à l’effondrement du capitalisme à l’échelle mondiale, se battre pour ne pas trop perdre, limiter la casse voire même pour des réformes sans lier la défense de nos conditions de travail et de vie (retraites, sécu…), la défense des services publics, la lutte contre les privatisations, les licenciements, les réductions d’effectifs à la lutte contre le capitalisme et pour l’autogestion ouvrière de la société c’est aller dans le mur.

Aussi nous proposons à l’ensemble du syndicat de s’orienter sur les bases suivantes :

  La classe dirigeante tente, au travers des politiques d’austérité ou de croissance, de nous faire croire qu’il existe une issue dans le cadre du capitalisme. Il n’y aura pas de relance. En réalité, elle n’a pas de solution à la crise, qui bien plus qu’une crise est un effondrement du système capitaliste, en ce sens : le monde d’avant, c’est fini. Les différentes politiques mises en œuvre ne sont là que pour nous tromper. Il n’y aura pas de retour à un développement économique « pacifique et harmonieux » du capitalisme quelle que soit la politique qui sera menée. Ce qui nous attend, ou ce que l’on nous prépare, ce sont de nouvelles catastrophes : chômage de masse, misère, guerres et régimes autoritaires ;

  Débattre largement au niveau du syndicat et avec tous les travailleurs des raisons de l’échec des luttes menées (entre 2009-2010) sous la direction de l’intersyndicale et de la nécessité pour les travailleurs de s’organiser à tous les niveaux pour discuter, décider entre eux de la défense de leurs intérêts pendant ou en dehors de l’existence d’une lutte particulière. Oui, nous devons affirmer clairement que c’est aux travailleurs de diriger leurs luttes. Il y va du salut de notre classe sociale ;

  Défendre au quotidien la nécessité du « tous ensemble » face à l’éparpillement, à la division, au chacun pour soi. Nous devons défendre et œuvrer concrètement à unifier les travailleurs.

  Pas de collaboration et une indépendance totale des travailleurs vis-à-vis de la politique de la gauche au pouvoir. C’est la gauche au pouvoir qui dirige aujourd’hui les attaques contre les travailleurs, en fonction des intérêts de la bourgeoisie. Il faut réfuter les arguments selon lesquels « il faudra faire une contre pression vis-à-vis de Hollande contre les marchés ou ne pas gêner la gauche » ou que « la gauche c’est différent de la droite » comme le dit Le Paon secrétaire confédéral de la CGT. Le pire, pour nous les travailleurs, serait, dans la période à venir, que l’extrême droite apparaisse comme la seule « véritable » opposition à la gauche au pouvoir ! Car derrière son discours raciste, anti-musulman, anti-rom, homophobe..., le rôle de l’extrême droite en période d’effondrement économique, comme dans les années 30, est d’écraser la classe ouvrière.

  Défendre la perspective de l’autogestion, c’est-à-dire l’appropriation collective des moyens de production, autrement dit l’expropriation des capitalistes (industriels, bancaires, financiers, fonciers) et le passage de l’économie entre les mains des salariés qui pose la question du régime politique, c’est-à-dire le renversement du capitalisme et de ses régimes politiques par une république des conseils ouvriers.

Des cheminots de Gare de l’Est pour une orientation de lutte de classe du syndicalisme

Messages

  • "Le risque fasciste que représente le FN est réel. Il est lié à la situation d’effondrement du capitalisme. Pour le combattre, il faut dénoncer toutes les dérives nationalistes, patriotiques, anti « étrangers » qui nourrissent le fumier sur lequel le fascisme se développe."

    Chaque lutte sociale que nous perdons en ce moment, donne des forces aux fascistes.

    Si nous continuons à suivre les syndicats dans leur stratégie de défaite, nous allons droit vers un pouvoir de type Hitlérien ou Mussolinien.

    La bourgeoisie saigne en ce moment la classe ouvrière mais son objectif est sa destruction.

  • ".. peut-on combattre des attaques aussi graves sans se demander qui les mène, quels sont nos ennemis, quelles sont leurs raisons d’agir, dans quelle perspective agissent-ils ainsi ?"

    La gauche politique & syndicale mènent avec le patronat les plus graves attaques qu’a connu la classe ouvrière depuis des années.
    Licenciements de masse / destruction du code du travail / baisse des salaires& primes/ acharnement politique contre les prolo musulmans/ immigrés & Rom / guerres en Afrique.
    Les syndicats organisent les défaites et signent les pires accords anti ouvriers !

    Alors y a t il encore beaucoup d’ouvrier/ere, d’instit, d’infirmière, d’ingénieur qui disent dans ce contexte se réclamer du drapeau de "la gauche".
    non et ceux qui le font, savent ce que cela veut dire.
    Le courage de cette gauche qui a fabriquer 1 loi pour le mariage homo , mais qui venait d’autoriser juste avant l’annulation des procès pour harcèlement sexuel contre des femmes...
    La seule promesse que cette gauche a tenu, est de permettre le déclenchement de la chasse à l’homo, aux musulmane, aux militants gauchistes, par des nazillons.
    La seule promesse de cette gauche est de faire semblant de lutter contre les groupes fachos (les partis & les syndicats ne s’en préoccupent pas du tout), alors que toute sa politique sociale & économique , permet le grossissement de la misère et de la colère contre cette gauche qui avait soi disant les solutions .
    Alors quand les prolos/homos décident de prendre les fusils au nom de cette gauche, ils se trompent lourdement et ne pas leur dire ou prendre leur défense, c’est laisser le mensonge perdurer !
    Se réclamer de la sociale démocratie, c’est se réclamer de la mort de la révolution.
    Il faut le dire et ne pas chercher le consensus en essayant de plaire à tout le monde et faire dans la diplomatie.
    Cela n’empêche en rien d’être fraternel et d’être d’accord avec Blanqui : qui a du fer a du pain.

  • "on n’en finirait pas de faire la liste des attaques qui se profilent à l’heure actuelle et que les syndicats et les salariés dénoncent et combattent à juste titre"

    C est une blague ?

  • "Les travailleurs doivent contrôler leurs mouvements de lutte".
    Controler est 1 chose, le diriger 1 autre.
    A PSA ALNAY, les dirigeants CGT/LO peuvent dire que le mouvement etait controle par les grevistes mais la direction etait dans les mains de l intersyndicale et de l appareil militant de la cgt/lo.
    on a vu a la fete de lo 2013 comment Mercier/JULIEN raconte leur greve en tant que CGT/ LO sans laisser faire le topo par 1 ouvrier du comite de greve sans etiquette.
    Non la greve est utilisee a des fins electorales et politicienne.
    Ce ne sont pas les grevistes qui sortent plus forts et conscients de leur limite, ils sont la variable des equations des syndicats et du patronat.

  • Pas de collaboration et une indépendance totale des travailleurs vis- à-vis de la politique de la gauche au pouvoir. C’est la gauche au pouvoir qui dirige aujourd’hui les attaques contre les travailleurs, en fonction des intérêts de la bourgeoisie. Il faut réfuter les arguments selon esquels « il faudra faire une contre pression vis-à-vis de Hollande contre les marchés ou ne pas gêner la gauche » ou que « la gauche c’est différent de la droite » comme le dit Le Paon secrétaire confédéral de la CGT. Le pire, pour nous les travailleurs, serait, dans la période à venir que l’extrême droite apparaisse comme la seule « véritable » opposition à la gauche au pouvoir ! Car derrière son discours raciste, anti- musulman, anti-rom, homophobe..., le rôle de l’extrême droite en période d’effondrement économique, comme dans les années 30, est d’écraser la classe ouvrière

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