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Syndicats contre luttes de classes révolutionnaires

lundi 10 février 2014, par Robert Paris

« Ils (les syndicats) ne doivent pas oublier qu’ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu’ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu’ils n’appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. (…) Au lieu du mot d’ordre conservateur : « Un salaire équitable pour une journée de travail équitable », ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d’ordre révolutionnaire : « Abolition du salariat »... Les syndicats, utiles comme centres de résistance aux exagérations du capital, sont impuissants dans la mesure où ils se contentent de ne faire qu’une guerre de partisans à l’ordre capitaliste. Sans renoncer à cette action quotidienne ils doivent travailler à la transformation de la société capitaliste, faire de leur force organisée un levier de l’émancipation définitive de la classe ouvrière, c’est-à-dire de l’abolition du salariat... En plus de leurs buts initiaux, ils doivent maintenant apprendre à agir délibérément en tant que centres organisationnels de la classe ouvrière pour réaliser le but plus large de l’émanciper complètement. Ils doivent aider chacun des mouvements sociaux et politiques qui va dans ce sens. Se considérant eux-mêmes comme les champions et les représentants de toute la classe ouvrière, et agissant comme tels, ils ne peuvent échouer à enrôler les hommes qui n’en sont pas membres. Ils doivent s’occuper avec grand soin des intérêts des moins bien payés, comme les travailleurs agricoles, rendus impuissants par des circonstances exceptionnelles. Ils doivent convaincre le monde dans son ensemble que leurs efforts, loin d’être mesquins et égoïstes, visent à émanciper les millions d’opprimés. »

Karl Marx

dans un rapport sur les syndicats pour le Conseil Général de la Première Internationale

Les syndicalistes, écrivait Engels en 1885 avec un sarcasme cinglant, « sont de nos jours de très bonnes gens avec qui faire affaire, en particulier pour n’importe quel capitaliste sensé, et en général pour toute la classe capitaliste. »

« C’est précisément les syndicats anglais, a écrit Rosa Luxembourg, en tant que représentants classiques de l’étroitesse d’esprit imbue d’elle-même, qui éclaire le fait que le mouvement syndical, en soi et pour soi, est entièrement non-socialiste ; en fait, il peut être dans certaines circonstances un obstacle direct à l’expansion de la conscience socialiste ; exactement comme la conscience socialiste peut être un obstacle à la réalisation de succès purement syndicaux. »

Rosa Luxemburg  : "La lutte de la classe ouvrière contre la classe capitaliste est nécessairement une lutte politique. Les intérêts de classe de la bourgeoisie ne peuvent manquer d’engendrer une volonté de réduire les syndicats à une activité mesquine et étroite dans le cadre du système existant."

Extraits de "Grève de masse, partis et syndicats"

« Il y a un aspect commun dans le développement ou, plus exactement, dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’Etat. Ce processus est également caractéristique pour les syndicats neutres, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes. Ce fait seul indique que la tendance à s’intégrer à l’Etat n’est pas inhérente à telle ou telle doctrine, mais résulte des conditions sociales communes pour tous les syndicats. (...) En réalité, toute la tâche de la bourgeoisie consiste à liquider les syndicats, en tant qu’organes de lutte des classes, et à les remplacer par la bureaucratie syndicale comme organe de direction de l’État bourgeois sur les ouvriers. (...) Tout comme il est impossible de revenir à l’Etat démocratique bourgeois, il est impossible de revenir à la vieille démocratie ouvrière. Le sort de l’un reflète le sort de l’autre. Il est un fait certain que l’indépendance des syndicats, dans un sens de classe, dans leur rapport avec l’Etat bourgeois, ne peut être assurée, dans les conditions actuelles, que par une direction complètement révolutionnaire... »

Léon Trotsky

dans "Les syndicats à l’époque de décadence impérialiste"

« Les syndicats n’ont pas et, vu leurs tâches, leur composition et le caractère de leur recrutement, ne peuvent avoir de programme révolutionnaire achevé... Les syndicats, même les plus puissants, n’embrassent pas plus de 20 à 25 % de la classe ouvrière et, d’ailleurs, ses couches les plus qualifiées et les mieux payées.... En tant qu’organisation des couches supérieures du prolétariat, les syndicats, comme en témoigne toute l’expérience historique, y compris l’expérience toute fraîche des syndicats anarcho-syndicalistes d’Espagne, développent de puissantes tendances à la conciliation avec le régime démocratique bourgeois. Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s’efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois. »

Léon Trotsky

dans "Le Programme de Transition"

Plus les luttes de la classe ouvrière sont de grande ampleur, plus leurs enjeux sont cruciaux et plus elles soulignent les limites sociales et politiques des directions syndicales réformistes

La classe ouvrière a mené des grandes luttes dans le passé et il est indispensable que les travailleurs s’approprient la connaissance des leçons de ces luttes. De multiples fois, les chefs syndicaux ont assuré la direction de ces luttes et elles ont démontré alors leurs limites plus que celles des travailleurs qui ont accepté de les suivre et encore moins que les limites des possibilités de la situation.

Bien des fois, les classes dirigeantes étaient au bout du rouleau, les exploités étaient spontanément en tête de toutes les forces sociales opprimées, les forces armées incapables de réprimer le mouvement et c’est à ce moment que la politique des directions syndicales a consisté à détourner la lutte de ses objectifs, à convaincre les travailleurs ne pas aller à l’offensive, de ne pas pousser leur avantage, de rentrer dans le rang même. Ils ont ainsi permis aux classes dirigeantes de se ressaisir et leur ont donné ainsi l’occasion de réprimer dans le sang le soulèvement des exploités. Les exemples sont légion et les exemples de situations inverses n’existent pas. La leçon est claire : plus la lutte des classes est portée à un niveau élevé, plus les syndicats trahissent violemment les intérêts de la classe ouvrière et des opprimés…

Nous citerons les exemples suivants : les syndicats anglais à la fin du chartisme et au début de l’impérialisme, les syndicats allemands face à la crise révolutionnaire de 1918-1920, les syndicats anglais en 1926, les syndicats français en 1936 et 1953, les syndicats belges devant la grève générale de 1961, les syndicats français en 1968, les syndicats tunisiens en 1977-1984, les syndicats polonais dans les années 1970-80 contre les comités de travailleurs, les syndicats coréens dans la même période, les syndicats turcs dans les années 70-80, les syndicats yougoslaves en 1986-1988, les syndicats sud-africains dans la tromperie de la « fin de l’Apartheid » en 1984-1990, les syndicats algériens en 1988-1995, les syndicats guinéens en 2007, les syndicats dans la révolution tunisienne et égyptienne de 2011, etc.

Les syndicats anglais à la fin du chartisme et au début de l’impérialisme

Les syndicats allemands face à la crise révolutionnaire en 1918…

… et en 1920

Les syndicats anglais en 1926

Les syndicats français en 1936

Les syndicats mexicains avant la deuxième guerre mondiale

Les syndicats français en 1953

Les syndicats français en 1953 (la suite)

Les syndicats belges devant la grève générale de 1961

Les syndicats français en 1968

Les syndicats tunisiens en 1977-1984

Les syndicats polonais dans les années 1970-80 contre les comités de travailleurs

Les syndicats polonais (la suite)

Les syndicats coréens dans les années 1970-1980

Les syndicats coréens (la suite)

Les syndicats turcs dans les années 1970-1980

Les syndicats yougoslaves en 1986-1988

Les syndicats sud-africains dans la tromperie de la « fin de l’Apartheid » en 1984-1990

Les syndicats algériens en 1988-1995

Les syndicats guinéens en 2007

Les syndicats guinéens (suite)

Les syndicats coréens en 2008

Les syndicats dans la révolution tunisienne de 2011

Les syndicats dans la révolution égyptienne de 2011

Chronologie des luttes ouvrières et des trahisons syndicales en France

Syndicats et comités d’usine

Syndicat, Etat et classes dirigeantes

Syndicats / travailleurs : Un fossé grandissant

Une discussion sur la question syndicale

Méthodes de lutte des centrales syndicales et méthodes ouvrières

Les syndicats contre la lutte des classes révolutionnaire

Les syndicats contre la révolution

Parti révolutionnaire, syndicats et soviets : quelle politique pour les militants révolutionnaires ?

Syndicalisme de classe, oui, mais de quelle classe ? La bourgeoisie ou le prolétariat ?

Le syndicalisme réformiste contre la lutte de classe et la révolution

Messages

  • « Les faits démontrent que des syndicats politiquement “indépendants” n’existent nulle part. Il n’y en a jamais eu. L’expérience et la théorie indiquent qu’il n’y en aura jamais. Aux Etats-Unis, les syndicats sont directement liés par leur appareil au patronat industriel et aux partis bourgeois. En Angleterre, les syndicats, qui dans le passé ont principalement soutenu les libéraux, constituent maintenant la base du parti travailliste. En Allemagne, les syndicats marchent sous la bannière de la social-démocratie. En république soviétique, leur conduite appartient aux bolcheviques. En France, une des organisations syndicales suit les socialistes, l’autre les communistes. En Finlande, les syndicats ont été divisés il y a un peu de temps, l’un allant vers la social-démocratie, l’autre vers le communisme. C’est comme ça partout. Les théoriciens de l’ »Indépendance » du mouvement syndical n’ont pas pris la peine jusqu’ici de penser à cela : pourquoi leur slogan non seulement est loin de se réaliser où que ce soit, mais, au contraire, pourquoi la dépendance des syndicats vis-à-vis du leadership d’un parti devient partout la règle, sans exception, et ce ouvertement ? Ceci correspond en fait aux caractéristiques de l’époque impérialiste, qui dévoile toutes les relations de classe et qui, même chez le prolétariat accentue les contradictions entre son aristocratie et ses couches les plus exploitées. »

    Léon Trotsky dans "Syndicalisme et communisme", 14 octobre 1929


  • « Le pire crime des dirigeants du syndicalisme régnant - Rosmer l’a bien vu - consiste en ce qu’ils "ont remplacé l’action directe de la classe ouvrière par la sollicitation de faveurs auprès du gouvernement". Mais il est impossible de modifier cette tactique contre-révolutionnaire en "sollicitant" à notre tour les social-impérialistes du mouvement syndical et politique. Quand les Jouhaux, Renaudel, Merrheim et Longuet s’emploient à convaincre les députés capitalistes et bourgeois qu’ils doivent faire des concessions à la classe ouvrière, les représentants authentiques du prolétariat ne peuvent pas, eux, perdre leur temps en cherchant à convaincre Renaudel et Longuet de la nécessité d’une lutte révolutionnaire. Pour se débarrasser des députés capitalistes et bourgeois, la classe ouvrière doit chasser de ses organisations les Renaudel et les Longuet.
    La lutte contre ces gens-là ne doit pas être menée comme s’il s’agissait d’une querelle de famille ou d’une discussion académique, mais de façon conforme à la gravité de l’enjeu, afin que l’abîme qui nous sépare des social-impérialistes apparaisse dans toute sa profondeur devant la conscience des masses.
    Notre devoir est d’utiliser à fond les épouvantables leçons de la guerre impérialiste. Nous devons faire assimiler par les masses l’expérience de la dernière période, et leur faire comprendre qu’elles ne peuvent plus continuer à vivre sous le règne du capitalisme. Nous avons le devoir de porter à son paroxysme, au plus haut degré révolutionnaire, la haine qui s’éveille dans les masses contre le capitalisme, contre les capitalistes, contre l’Etat capitaliste et ses organes. Nous devons apprendre aux masses à haïr non seulement les capitalistes, mais tous ceux qui défendent le capitalisme, qui tentent de dissimuler ses plaies nauséabondes, qui cherchent à excuser ou à minimiser ses crimes. »

    Léon Trotsky dans "Le socialisme français à la veille de la révolution"

    20 novembre 1919

  • « Dans les périodes de luttes de classes aiguës, les appareils dirigeants des syndicats s’efforcent de se rendre maîtres du mouvement des masses pour le neutraliser. Cela se produit déjà lors de simples grèves, surtout lors des grèves de masse avec occupation des usines, qui ébranlent les principes de la propriété bourgeoise. En temps de guerre ou de révolution, quand la situation de la bourgeoisie devient particulièrement difficile, les dirigeants syndicaux deviennent ordinairement des ministres bourgeois.

    C’est pourquoi les sections de la IV° Internationale doivent constamment s’efforcer, non seulement de renouveler l’appareil des syndicats, en proposant hardiment et résolument dans les moments critiques de nouveaux leaders prêts à la lutte à la place des fonctionnaires routiniers et des carriéristes, mais encore de créer, dans tous les cas où c’est possible, des organisations de combat autonomes qui répondent mieux aux tâches de la lutte des masses contre la société bourgeoise, sans même s’arrêter, si c’est nécessaire, devant une rupture ouverte avec l’appareil conservateur des syndicats. S’il est criminel de tourner le dos aux organisations de masse pour se contenter de fictions sectaires, il n’est pas moins criminel de tolérer passivement la subordination du mouvement révolutionnaire des masses au contrôle de cliques bureaucratiques ouvertement réactionnaires ou conservatrices masquées ("progressistes"). Le syndicat n’est pas une fin en soi, mais seulement un des moyens dans la marche à la révolution prolétarienne. »

    Léon Trotsky, Programme de Transition

  • "Il y a un aspect commun dans le développement ou, plus exactement, dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’Etat.

    Ce processus est également caractéristique pour les syndicats neutres, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes. Ce fait seul indique que la tendance à s’intégrer à l’Etat n’est pas inhérente à telle ou telle doctrine, mais résulte des conditions sociales communes pour tous les syndicats."

    Léon Trotsky

    dans "Les syndicats à l’époque de décadence impérialiste"

  • Depuis mardi, plusieurs agents, notamment de la Fonction publique, observent le mot d’ordre de l’UAS, principale coalition d’organisations de syndicats au Burkina Faso, pour exiger du gouvernement de la transition une baisse ’significative’ des prix des hydrocarbures en particulier et de meilleures conditions de vie en général. Ces syndicats ont rappelé avoir retardé la grève qu’ils programmaient du fait de la révolution sociale contre la dictature. Le caractère contre-révolutionnaire de ces syndicats est dévoilé par leurs discours eux-mêmes !

    « Depuis 2012 jusqu’à l’heure actuelle, nous avons constaté que le prix du baril est passé de 130 dollars à 45 dollars, mais c’est en tenant compte du contexte que le pays traverse, que le mouvement syndical a estimé qu’il ne fallait peut-être pas être extrémiste et qu’il fallait au moins, de façon raisonnable, demander la baisse qui pouvait être constatée entre 100 à 150 francs », explique Bassolma Bazié, le secrétaire général de la Confédération générale du travail au Burkina.

    Il est certain que les centrales syndicales n’ont rien d’extrémiste à part leurs liens extrêmes avec le système dominant de chaque pays !

  • "Il n’y a pas d’austérité en France", juge le numéro un de la CFDT !!!

    On peut même rajouter qu’il n’y a pas de profiteurs, pas d’exploiteurs et d’exploités, pas de société capitaliste même, ce mot de capitaliste ne franchissant pas plus les lèvres du dirigeant syndical que celui de prolétaire, d’exploité ou d’exploiteur.... Et ne parlons pas de lutte de classe, de conscience de classe, d’action directe, d’auto-organisation, de comité de grève ou de conseil de travailleurs... Il faut dire qu’en la matière, il ne se distingue pas des autres dirigeants syndicaux qui ne combattent que l’austérité, pas le capitalisme...

  • LES CHEFS RÉFORMISTES RÉPUDIENT LA LUTTE DE CLASSES

    Après avoir brisé l’unité syndicale, les chefs réformistes s’attachent à établir les « principes » de leur action. Tous leurs efforts s’appliquent à démontrer à la bourgeoisie que grâce à eux le prolétariat supportera le fardeau de la guerre que la bourgeoisie mène pour son intérêt. Il faut dire qu’une semblable tâche n’est guère facile ; les chefs réformistes sont pris entre le marteau et l’enclume, entre la nécessité de dorer (de mots) la pilule aux masses travailleuses, et les exigences de la guerre impérialiste : cesser toute équivoque, parler le langage brutal de la « paix sociale ». Sinon la bourgeoisie saurait se passer d’eux. Forcés de prêcher la paix sociale, ils se sont démasqués.

    Chaque ouvrier sait que la suppression du salariat ne peut résulter que de la lutte de classes, c’est-à-dire l’expropriation de la bourgeoisie par le prolétariat. Les réformistes prétendaient se distinguer des révolutionnaires uniquement parce que soi-disant ces derniers étaient contre les réformes partielles et voulaient une révolution violente. (Comme si les réformes de Juin 1936 n’étaient pas sorties justement de la lutte révolutionnaire – grèves, occupations, etc... – et comme si la perte de ces conquêtes partielles n’était pas due précisément à la conciliation pratiquée par les chefs de la CGT de 1936 à 1938, empêchant les ouvriers d’aller jusqu’au bout). Mais jusqu’à présent, renier la lutte de classes, aucun chef réformiste ne l’a osé. Voilà qui est fait. Pour Jouhaux il ne s’agit plus que de trouver les modalités de la collaboration entre les « organismes » gouvernementaux, patronaux et ouvriers !

    Dumoulin déclare sans ambages : « il faut défendre les libertés également menacées par le bolchevisme (sic) et par l’hitlérisme, mais les défendre dans la mesure où le permet l’intérêt national ». Si quelque ouvrier avait encore eu des doutes, il saurait maintenant qu’entre les libertés et l’« intérêt national » il doit choisir. Merci, M. Dumoulin !

    Sur la guerre on nous sert les mêmes balivernes qu’en 14-18 : « responsabilités de la guerre », « intérêt national », etc... Le « responsable » de 1914 soigne en toute tranquillité sa goutte dans un château de Hollande. Mais le prolétariat n’a pas retrouvé ses meilleurs militants tombés dans la guerre que Jouhaux disait la « dernière ».

    Malgré le dégoût qu’ils ont pour les chefs réformistes, les travailleurs doivent rester dans la CGT. Ils lutteront pour la démocratie syndicale, pour le droit pour tout salarié d’y adhérer, d’y être élu quelque soit sa profession ou ses opinions politiques, ils y briseront le sabotage des chefs réformistes qui déclarent comiquement « veiller jalousement (en effet) à l’indépendance syndicale » et servent servilement l’impérialisme français en exigeant des adhérents ou responsables de la CGT de souscrire à la sainteté ou à la malfaisance des pactes diplomatiques.

    A BAS LA DICTATURE RÉFORMISTE DANS LA CGT !

    VIVE LA DÉMOCRATIE SYNDICALE !

    Signé BARTA

  • Il est rare, cependant, d’obtenir une preuve documentaire de l’arrogance et du mépris que les hauts dirigeants de l’UAW ont pour les travailleurs. Le Président de l’UAW Dennis Williams, le Vice-Président Norwood Jewell et d’autres évitent généralement les travailleurs de base comme la peste et passent leur temps à frayer avec les patrons de l’automobile, les conseillers de Wall Street et les représentants des médias contrôlés par la grande entreprise.

    Heureusement, les travailleurs de base de Toledo, Ohio se sont servis de leurs smartphones pour enregistrer la réunion d’information de dimanche où ils ont affronté Jewell, l’architecte en chef de l’accord de capitulation avec Fiat-Chrysler. La grande majorité des travailleurs de l’usine avait déjà décidé de voter « non » et a boycotté la réunion. Toutefois, plusieurs centaines de travailleurs y ont participé, dont un grand nombre d’intérimaires, forçant Jewell à montrer ses vraies couleurs alors qu’un travailleur bien informé après l’autre l’a bombardé de questions et a dénoncé furieusement le contrat.

    Jewell, qui avait déclaré au Detroit News avant la réunion que sa tâche principale dans ces réunions était de permettre aux travailleurs de « s’exprimer », a commencé par défendre une demi-heure le contrat pro-entreprise, en disant que la plupart des travailleurs avaient été « mal informés » sur son contenu. « Ils se peut que nous n’ayons pas obtenu tout ce que certains croient que nous aurions dû obtenir, mais nous avons fait ce que nous croyons être dans l’ intérêt des membres, » a-t-il dit, déclenchant des grognements sceptiques de l’auditoire.

    Jewell a tenté de justifier le mépris flagrant par l’UAW de son engagement de 2011 de rétablir un plafond de 25 pour cent pour les travailleurs de second niveau, à bas salaire, ce qui aurait immédiatement transféré 7.000 travailleurs au premier niveau, leur donnant une augmentation de $9 de l’heure. Il a cyniquement présenté cette alternative comme aidant seulement un « groupe restreint », alors que le syndicat avait choisi de défendre tous ses membres.

    Puis il est entré dans le vif du sujet, insistant sur le fait qu’il n’y avait pas moyen d’abolir le système haï des deux niveaux, la revendication principale des travailleurs, parce que l’entreprise ne le voulait pas ! En outre, a-t-il dit, la société se délocaliserait hors du pays si les travailleurs exigeaient « trop », affirmant que ce qui est arrivé en 1999 quand les travailleurs de Delphi, récemment revendu, avaient exigé le même salaire que celui qu’ils avaient en tant que salariés de GM.

    « Nous ne pouvions pas relever le haut et en même temps relever tous les salaires d’en bas jusqu’en haut ; nous n’aurions même pas pu prendre les 7000 et les remonter jusqu’au au sommet si le haut passait à $30 de l’heure. Nous avons fait de notre mieux pour garder encore la production dans ce pays ».

    Jewell a parlé comme un représentant de FCA, commençant non pas avec les revendications des travailleurs qu’il prétend représenter, mais avec les bénéfices de l’entreprise. C’est devenu encore plus clair quand il a dit que la proposition que l’UAW prenne en charge les soins de santé était dictée entièrement par les besoins de réduction des coûts des constructeurs automobiles.

    Faisant écho aux affirmations calomnieuses des patrons de l’automobile, du gouvernement Obama et des médias patronaux selon lesquelles les travailleurs de l’automobile reçoivent des avantages de santé trop généreux, Jewell a déclaré, « Beaucoup de gens du public ne comprennent pas que nous ne payions pas pour nos allocations. Mais ceux qui fournissent vos pièces paient 5 à 25 pour cent et parfois plus, de leurs soins médicaux ... La frustration ici c’est que nos membres ne comprennent pas ça parce que nous n’avons jamais eu à payer les soins de santé.

  • À un moment une ouvrière hurle, « Travaillez-vous pour nous ou pour Sergio ? »

    « Vous n’avez pas à être assise là à me châtier comme si j’avais ce genre de pouvoir quand vous savez très bien que je ne l’ai pas. Vous ne pouvez pas faire grève contre une entreprise pour garder un produit dans cette ville, et cela, vous le savez bien », a-t-il dit, se faisant à nouveau huer.

    L’affrontement entre les travailleurs de Toledo Jeep et Jewell a révélé la véritable relation entre la classe ouvrière et l’UAW. Il n’est pas une organisation contrôlée par ou responsable devant les travailleurs. Au contraire, il fonctionne comme gendarme industriel de la direction, cherchant à réprimer la résistance à l’exploitation toujours plus grande des travailleurs.

    L’opposition des travailleurs de Fiat-Chrysler est une expression de la lutte des classes entre les travailleurs d’une part et de l’autre les dirigeants d’entreprises de la classe moyenne supérieure et les aspirants gestionnaires de fonds d’investissement qui gèrent l’UAW.

    Jewell est typique de ceux qui grimpe dans l’hiérarchie de la bureaucratie de l’UAW. Il a organisé d’innombrables trahisons des travailleurs de GM, dont celle de la grève de 1999 qui a ouvert la voie à la revente de Delphi, à la destruction de dizaines de milliers d’emplois et à la première introduction de salaires à deux vitesses dans l’industrie automobile. Il gagne au moins $200,000 avec ses postes de dirigeant de l’UAW International, de membre de la Mutuelle des prestations médicales des retraités de l’UAW et du Joint Programs de UAW-Chrysler. Comme tant d’autres, il emploie aussi des membres de sa famille, dont son fils qui gagne $110 000 comme « organisateur ».

  • La clé de voute de la bureaucratie des programmes conjoints UAW-Fiat Chrysler est le Centre national de formation UAW-Chrysler (NTC), situé à Detroit non loin du siège de l’UAW, Maison de la solidarité. Selon la dernière déclaration de revenus disponible, le Centre National de Formation UAW-Chrysler avait $59 millions en actifs bruts à la fin de 2014, dont 34 millions en espèces et des revenus bruts de $46,5 millions. Ces actifs étaient de seulement $36 millions en 2012.

    Dans le contrat 2015, la formule de financement des programmes conjoints basée sur les heures travaillées des employés est remplacée par un engagement de couverture de la part de Fiat Chrysler. Le contrat ne fixe pas de limite au montant des paiements, ouvrant grand les robinets de trésorerie.

    C’est là un paiement pour service rendu. En effet, les premiers paragraphes de l’accord expriment une identification complète de l’UAW avec la direction. Il y est écrit : « Les parties reconnaissent que le succès de l’Entreprise et la sécurité d’emploi des employés dépendent de la réussite de l’entreprise dans la construction d’un produit de qualité et de sa capacité à vendre un tel produit. »

    « À ces fins, l’Entreprise et le syndicat encouragent un degré maximal d’amitié et de coopération entre leurs représentants respectifs à tous les niveaux et entre tous les employés. »

    En d’autres termes, l’objectif principal de l’accord national est d’assurer le bien-être de l’Entreprise, et non pas le bien-être des travailleurs. Pour ces services rendus à Fiat-Chrysler, le contrat récompense l’UAW de multiples façons.

    Les possibilités d’emplois « pépères » abondent pour les cadres de l’UAW, les membres de leurs familles et leurs acolytes. Parmi les programmes parrainés par le Conseil des activités conjointes et animés par des gens non-élus de l’UAW, il y a : le Programme d’aide aux employés, le Comité de sécurité d’emploi, d’efficacité opérationnelle et d’approvisionnement (NJSOESC), des Conseils locaux de partenariat de classe mondiale, le Programme UAW-Chrysler pour enfants à charge, le Comité de formation technique locale, le Comité de la formation à la diversité, le Comité consultatif pour la loi sur les Américains handicapés, Diversité de sensibilisation et de sélection des Apprentis, le Sous-comité pour des véhicules industriels motorisés, et plus encore.

  • "En réalité, toute la tâche de la bourgeoisie consiste à liquider les syndicats, en tant qu’organes de lutte des classes, et à les remplacer par la bureaucratie syndicale comme organe de direction de l’État bourgeois sur les ouvriers."

    Léon Trotsky
    dans "Les syndicats à l’époque de décadence impérialiste"

  • Bernard « Rambo » Gauthier, chef syndical en vue de la FTQ-Construction sur la Côte-Nord, a pris la tête d’un nouveau parti populiste de droite au Québec, Citoyens au pouvoir, qui combine un discours anti-immigrants à des dénonciations démagogiques de « l’establishment ».

    En conférence de presse la semaine dernière, Gauthier s’en est pris aux « nouveaux arrivants » en disant « qu’à un moment donné, ça allait bien, mais c’est rendu qu’on est en train de l’échapper ». Il a assimilé les immigrants à des « envahisseurs » et déclaré que les accommodements raisonnables envers les minorités, « on n’en veut pas nous autres ».

    Disant avoir tiré des leçons de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, Gauthier a dénoncé les partis traditionnels et promis de « redonner le pouvoir au peuple ». Faisant référence aux inégalités sociales et à la misère grandissante, il a déclaré : « tout aux plus riches et rien aux plus pauvres, il faut que ça arrête ça, ostie ! » Il a également mis en garde contre le risque d’une « guerre civile ».

    Gauthier se décrit comme un souverainiste québécois qui est déçu du Parti québécois. Il est trop tôt pour savoir si son nouveau parti arrivera à s’établir sur la scène politique québécoise. Son apparition reflète néanmoins une tendance internationale qui a vu des partis de droite et d’extrême-droite profiter de la profonde crise économique et sociale causée par le capitalisme en faillite, et du discrédit des partis traditionnels de la classe dirigeante, pour accroître leur popularité en adoptant une posture d’opposition aux coupes sociales et aux mesures d’austérité.

    Le facteur décisif dans l’émergence du populisme de droite a été le rôle joué par les syndicats pro-capitalistes, les partis officiels supposément « de gauche » comme le parti travailliste en Angleterre ou le parti socialiste en France, et des éléments de la pseudo-gauche comme Syriza en Grèce, pour imposer l’austérité capitaliste et appuyer le tournant militariste de l’élite dirigeante. Au Québec, le rôle clé a été joué par les syndicats qui subordonnent les travailleurs depuis des décennies au Parti québécois, un parti de la grande entreprise de plus en plus basé sur le chauvinisme québécois.

    Tout comme la victoire électorale de Trump a mis à nu la crise terminale du système des deux partis aux États-Unis, et la montée des partis xénophobes en Europe celle de l’Union européenne, l’entrée en scène de Gauthier avec son discours ultra-nationaliste et ouvertement anti-immigration représente une condamnation de toute la classe politique québécoise et canadienne.

    Le Parti québécois et le Parti libéral, les deux partis de la grande entreprise ayant exercé le pouvoir en alternance au Québec, ont mené au cours des dernières décennies un assaut dévastateur contre les conditions de vie de la classe ouvrière.

    Au nom du « déficit-zéro » ou sous le prétexte qu’ « il n’y a pas d’argent », on réduit drastiquement les salaires, on pille les régimes de retraite et on supprime les avantages sociaux. Les services publics, y compris la santé et l’éducation, sont en sous-financement chronique et une place de plus en plus importante est laissée à l’entreprise privée pour soi-disant « combler le manque ». Au même moment, des sommes toujours plus importantes sont accaparées par une petite minorité au sommet de la pyramide.

    Ce programme de guerre de classe a été pleinement appuyé par la bureaucratie syndicale au sein de laquelle Gauthier a fait carrière. Depuis des décennies, à chaque fois qu’une opposition a fait surface parmi les jeunes ou la classe ouvrière, la direction syndicale manœuvre pour étouffer leurs luttes. Cela s’est vu lors de la grève étudiante militante de 2012 lorsque la bureaucratie syndicale a canalisé l’opposition populaire derrière l’élection du Parti québécois. En 2015, une vaste mobilisation des travailleurs du secteur public québécois a été de nouveau sabotée par les chefs syndicaux, qui ont brandi la menace d’une loi spéciale pour forcer leurs membres à accepter des concessions majeures.

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