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Le « gouvernement de combat » Valls-Hollande contre la classe ouvrière

mercredi 2 avril 2014, par Robert Paris

LA VOIX DES TRAVAILLEURS

« Travailleurs de tous les pays unissez-vous »

Karl Marx

Le « gouvernement de combat » Valls-Hollande contre la classe ouvrière

Le virage à droite entamé par Hollande avant les municipales s’accentue après. Au-delà des péripéties politiciennes, il marque surtout la nécessité pour la classe dirigeante d’accélérer dans l’offensive contre les CDI, contre les retraites, contre les salaires, contre les conditions de travail, contre les services publics, contre la sécu, contre les sans papiers, etc… Ce n’est pas une question de lutte entre gauche, droite et extrême droite. C’est une question de classe.

Si la dernière élection municipale souligne quelque chose, c’est à quel point ces oppositions entre droite, gauche et extrême droite sont factices. Tous gouverneraient exactement de la même manière. Car tous défendent exactement les mêmes intérêts de la même classe capitaliste, même s’ils n’ont pas exactement le même discours politique. On a bien vu, au cours des crises en Europe, comment de la gauche de la gauche à l’extrême droite, ils étaient capables de faire des gouvernements d’union nationale et de cesser brutalement de diverger sur la politique à mener. Et ils ont toujours convergé pour mener une politique offensive contre les travailleurs et les milieux populaires.

La crise du système capitaliste ne laisse aucune latitude pour une autre politique des gouvernants de la bourgeoisie. Et la gauche gouvernementale n’est pas moins que les autres partis au service de la bourgeoisie capitaliste.

Certes, le gouvernement Valls-Hollande aura un affichage plus à droite que le précédent, au point que les écologistes ne se voient même pas y participer alors qu’ils avaient avalé toutes les couleuvres du précédent et que le Front de Gauche y voit carrément un gouvernement de droite alors qu’il se disait peu avant disponible pour toute proposition de gouverner avec Hollande.

L’essentiel n’est nullement dans ces magouilles politiciennes mais dans la lutte des classes elle-même. Certes, les patrons la mènent actuellement, mais ils peuvent le faire parce qu’ils trouvent des syndicats pour signer des accords comme l’ANI, ou comme le pacte de responsabilité, des accords d’entreprise comme à Renault ou PSA, c’est-à-dire des accords dans lesquels les intérêts des salariés sont ouvertement bafoués sous le prétexte d’un chantage à l’emploi, accord organisés sous l’égide et avec la bénédiction du gouvernement de gauche.

Ce gouvernement a eu jusqu’à présent la caution syndicale. Les grandes fédérations ont accepté de participer à toutes ses discussions sur les « pactes », à toutes les négociations sur les privatisations, sur la casse du système social, … les protestations contre les mesures antisociales du gouvernement sont restées minimes et les mobilisations n’ont jamais été appelées avec des efforts réels et généraux pour en découdre. On se souvient que les fédérations syndicales de salariés avaient pris parti contre Sarkozy en prétendant que tout ce qui bloquait sur le terrain social venait de sa personne. On voit aujourd’hui à quel point ils mentaient. Si le mouvement des retraites de 2010 a échoué, ce n’est pas parce que Sarkozy aurait été un gouvernement antisocial fort mais parce que les fédérations syndicales l’ont envoyé percuter un mur, ont refusé la perspective de la généralisation de la lutte et de la grève.

Le gouvernement Hollande-Valls n’est pas davantage un gouvernement antisocial fort même s’il se proclame fièrement un « gouvernement de combat ». Il suffirait que les travailleurs et les militants syndicalistes honnêtes cessent de se sentir liés à ce gouvernement parce qu’il se prétend de gauche et mènent la lutte, sans crainte d’en découdre avec lui, prenant en compte à quel point il est clair que c’est un gouvernement classique de la bourgeoisie française, avec un « président normal » de celle-ci, qu’il n’a aucune solidarité à avoir avec lui.

A l’heure actuelle, la plus grande force est encore et toujours la classe ouvrière, si elle décide qu’il y en a assez qu’on sauve les banques comme Dexia mais pas les hôpitaux qui lui ont fait des emprunts qui se sont révélés pourris, qu’on aide Renault et PSA mais pas les salariés que ces trusts attaquent, assez qu’on détruise les contrats CDI, assez qu’on expulse les gens de leurs logements, assez qu’on ferme les compte en banque des petites gens dans le rouge, assez qu’on coupe le gaz et l’électricité de leurs maisons, assez qu’on refuse des papiers aux travailleurs sans papiers qui veulent juste pouvoir vivre et travailler alors qu’on laisse les patrons profiter de leur situation précaire, assez qu’on jette la jeunesse dans le chômage et la misère, assez qu’on oppose entre elles les populations d’origine française et d’origine étrangère, assez qu’on oppose les jeunes et les vieux, les hommes et les femmes, les Français et les étrangers, assez qu’on dépense des milliards dans des guerres aux quatre coins du monde, assez qu’on soutienne les dictateurs d’Afrique et qu’on prétende en même temps libérer à coups de canons les peuples de Syrie, du Mali, de Côte d’Ivoire ou de Libye, assez qu’on monte la prochaine guerre mondiale en mobilisant contre la Russie et la Chine ainsi que leurs alliés iraniens, syriens, ou nord-coréens, assez qu’on fomente le fascisme en France en développant la démagogie anti-Roms.

Si la classe ouvrière en as assez, elle a maintes fois montré en France qu’elle peut se faire craindre des classes dirigeantes, qu’elle n’est en rien une classe faible et contrainte de soutenir le système de domination capitaliste. Souvenons-nous de la peur terrible qu’avaient ressenti les classes dirigeantes en 1936 quand les travailleurs occupaient les usines, en éjectaient les patrons et déclaraient ne pas vouloir en sortir. Et souvenons-nous aussi que ce sont les mêmes faux amis des directions syndicales, des partis socialiste et stalinien qui ont fait échouer ce grand mouvement de la classe ouvrière. Si nous nous rappelons qu’alors, il a surtout manqué à la classe ouvrière une organisation autonome sous la forme de comités de travailleurs élus et fédérés à l’échelle nationale, alors l’avenir de la classe dirigeante n’est pas rose, avec ou sans Hollande-Valls, avec ou sans Sarkozy, avec ou sans Le Pen. Ce n’est pas ces pantins qui représentent une force réelle, si le prolétariat se convainc qu’il n’a que ses chaînes à perdre et un monde à gagner…

Personne ne replâtrera le système capitaliste qui n’est pas simplement malade ou en crise, mais qui n’est plus capable de se relancer. Personne ne sortira le système de ses dettes pour la bonne raison qu’il les augmente sans cesse. Même le pays le plus dynamique du monde capitaliste, la Chine, doit constituer des montagnes de dettes pour pouvoir continuer à développer des industries productives. Il faut actuellement 4 yuans de dettes pour investir en Chine un seul yuan. Et c’est encore pire dans le reste du monde. Tout l’argent des banques centrales est distribué en pure perte aux marchés financiers et, si on s’arrêtait de le faire, c’est le monde capitaliste tout entier qui s’arrêterait de respirer. Sous perfusion, le système ne pourra pas durer bien longtemps et tous les responsables du monde le savent. Ils se contentent de faire trainer la situation pour préparer des dérivatifs à la colère sociale qui monte, des guerres locales, des guerres civiles, des fascismes et la guerre mondiale.

Ils se servent du répit pour casser le moral des travailleurs, détruire leur capacité de combat, les jeter dans les bras des fascistes, monter les haines nationales, raciales, ethniques, etc…

Tous les gouvernants des Etats bourgeois sont complètement mobilisés par ces projets, quelles que soient les étiquettes politiciennes derrière lesquelles ils se cachent.

Bien des gens ont déjà désespéré des capacités révolutionnaires du prolétariat, vu le cours descendant de la courbe de la civilisation capitaliste mais ils ont bien tort. Ce n’est pas parce que le monde capitaliste est en chute libre, que le prolétariat n’aurait plus d’avenir. Bien au contraire.

Les militants syndicalistes de la classe ouvrière, croyant défendre les intérêts des travailleurs, en négociant des reculs, en cloisonnant les luttes dans les frontières de l’entreprise, en luttant contre des fermetures par la recherche de repreneurs, en luttant isolément contre les licenciements, en refusant l’auto-organisation des travailleurs. Ils n’ont pas compté sur les capacités du prolétariat et n’imaginent pas que celui-ci ait des possibilités révolutionnaires. Ils ont contribué de bonne foi à faire croire aux travailleurs que l’Etat bourgeois aurait dû défendre la classe ouvrière contre la bourgeoisie et autres balivernes.

Le monde bourgeois va dans le mur, vers le fascisme et la barbarie guerrière mais l’humanité n’est nullement contrainte de s’enterrer avec le capitalisme. C’est justement au moment où l’humanité est la plus menacée qu’elle peut rebondir et choisir d’aller d’un seul coup de l’avant. Les militants de la classe ouvrière ne doivent pas chercher à accompagner l’effondrement capitaliste, fût-ce sous le prétexte de défendre leur emploi, leur entreprise, leur pays, leur société. Ces choses-là ne nous ont jamais véritablement appartenues. Sous le capitalisme, rien n’est à nous, même si ce sont les travailleurs qui ont produit toutes les richesses de cette société. Il ne sert à rien de s’en plaindre : il faut préparer un autre avenir, une autre société. Celle-ci ne nous réserve que des effondrements impressionnants. Cessons de suivre les prétendus dirigeants qui nous proposent de réformer, de repeindre les murs quand c’est la maison qui brûle…

Messages

  • La nomination par Hollande de Valls montre la faillite absolue des affirmations selon lesquelles les électeurs peuvent compter sur le PS ou d’autres partis bourgeois pour faire barrage à la montée du FN et à la dérive constante de la politique française et européenne vers l’extrême-droite. L’on peut prédire sans être téméraire que la nomination de Valls, tout comme la décision prise par le prédécesseur de droite de Hollande, Nicolas Sarkozy, de lancer des appels chauvins et sécuritaires à la base électorale du FN ne feront que renforcer le FN.

    On peut se faire une idée de la politique que va poursuivre Valls si l’on considère l’ensemble des idées réactionnaires qu’il avait avancées lorsqu’il avait annoncé sa candidature pour la primaire PS de l’élection présidentielle de 2012, finalement remportée par Hollande.

    Valls, souvent comparé au premier ministre britannique Tony Blair, partisan d’une politique libérale, critiquait les programmes sociaux, exigeant que le PS s’oppose à ce qu’il appelait « une société de l’assistanat ». Pour mieux afficher sa politique droitière, il avait dit « Je pense aux moyens qu’il faut donner à la justice, à la lutte contre la criminalité ou encore au dossier de l’immigration. » Il avait aussi exigé l’augmentation de la durée légale du travail.

    De façon significative, Valls avait proposé que le PS abandonne l’idée d’avoir un lien quelconque avec le socialisme et cesse de s’appeler « socialiste. » Il avait précisé, « Il faut transformer de fond en comble le fonctionnement du PS, nous dépasser, tout changer : le nom, parce que le mot socialisme est sans doute dépassé, il renvoie à des conceptions du 19e siècle. »

  • Manuel Valls se positionne d’emblée en défenseur des capitalistes : « Nous devons soutenir les entreprises… Nous allons mobiliser 10, peut être 20 milliards pour les entreprises… Il faut agir vite…. »

  • On nous bassine sans cesse sur la prétendue popularité de Valls, prouvée par les sondages d’opinion. Mais que signifient-ils sinon que ce personnage reçoit des suffrages de droite et d’extrême droite en plus de quelques (rares) suffrages de gauche… Sa popularité provient également d’une vaste campagne de presse soutenue par un puissant lobby de grands patrons comme Dassault, Fouks, Pinault, Bompard, Bouygues, Bolloré, etc…

    Pas étonnant si dans sa campagne des primaires socialistes, Valls défendait « le déverrouillage des 35 heures », « la création d’un ministère de l’Économie franco-allemand » ou encore « un allégement des coûts des entreprises ». Dans la course à l’investiture PS en 2011, il se disait également « convaincu que la Gauche doit renouer un véritable pacte avec le monde économique, avec le monde de l’entreprise… » Bien entendu, le « monde de l’entreprise », pour tous ces gens-là qui se disent « socialistes » ce n’est pas la classe ouvrière….

  • En 2011, lors de primaires PS, Ségolène Royal s’était opposée à l’exploitation au gaz du schiste. Pourtant, ce jeudi 3 avril, la ministre a tenu une position beaucoup plus ouverte. Elle invite à réexaminer la politique de la France. C’est un dossier sur lequel il faut "prendre le temps de l’écoute et l’expertise du sujet", affirme-t-elle. Cette position tranche fortement avec celles de ses prédécesseurs, en particulier avec Delphine Batho et Philippe Martin, qui refusaient jusqu’à la discussion autour de ce thème, y compris au sein d’organismes scientifiques comme l’Académie des sciences ou l’Institut Français du Pétrole (Ifpen).

    En tenant de tels propos, la ministre séduit sans doute son collègue de l’Economie et du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui défend l’intérêt d’explorer le sous-sol français. En deux ans, seul Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, l’avait soutenu sur ce point.

    Donc un gouvernement de combat pour... les gaz de schistes !!!

  • « Réduire les déficits, il n’y a pas d’autre choix, c’est une question de crédibilité pour la France, notre dette, nous devons la maîtriser sinon nous perdons notre souveraineté nationale », a dit Valls.

    Il a juré d’appliquer le prétendu Pacte de responsabilité de Hollande – un ensemble de coupes sociales qui comprend 50 milliards en réduction des dépenses, 20 milliards d’exonérations d’impôts pour les entreprises et des réductions de la contribution des employeurs aux aides familiales estimées à 10 milliards d’euros.

    Tout en intensifiant les attaques contre la classe ouvrière, le gouvernement PS essaye de cultiver des sentiments d’extrême droite par des appels chauvins. Né dans une famille espagnole, Valls s’est vanté de sa fierté d’être français et a critiqué la mondialisation, notant que de nombreuses entreprises avaient transféré leur production hors de France en conséquence.

    Il a mis la responsabilité de la dévastation des régions industrielles du Nord de la France sur la « mondialisation » en tentant de cacher le fait que c’est le PS qui dirigeait ces régions pendant des dizaines d’années et qui a supervisé les dernières fermetures de mines dans les années 1980, sous la présidence PS de François Mitterrand. En incitant au chauvinisme et à la haine contre les entreprises étrangères, Valls cherche à diviser la classe ouvrière internationale et favorise la montée du FN.

  • Valls promet des miettes aux salariés, des déductions d’impôts aux patrons et des suppressions de services publics par la baisse des dépenses !

  • Le premier ministre, ancien maire d’Evry, ancien ministre de l’intérieur a attribué, en avril 2011, le marché « d’élaboration du projet de territoire » de l’agglomération d’Évry à une urbaniste qui n’est autre que son ex-compagne. Parmi les candidats non retenus, l’architecte Michel Cantal-Dupart, moins-disant, s’étonne des modalités de l’appel d’offres.

  • Le plan d’économies de 50 milliards, annoncé par Manuel Valls, vise à financer le pacte de responsabilité et de solidarité, traduisez l’aide au patronat.

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