TAFTA or not TAFTA, enjeux capitalistes et tromperie politique

TAFTA or not TAFTA, enjeux capitalistes et tromperie politique

Ces accords commerciaux interplanétaires ont des doux noms.

Celui-ci s’appelle aussi bien :

– TAFTA = Transatlantic Free Trade and Investment Partnership = Accord translatlantique de commerce et d’investissement

– GMT = Grand Marché Transatlantique

– PTCI = Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement

A signaler que cet accord qui concerne les USA et l’Europe est le seul à avoir les faveurs des média et des politiciens qui polémiquent à son propos alors que l’Europe de Barroso cherche aussi à signer un accord avec le Mercosur de l’Amérique du sud, accord que la France de Hollande est la seule à combattre car elle met en concurrence exacerbée l’agriculture française. Par contre, Hollande soutient la signature de TAFTA, affirmant même que « Nous avons tout à gagner à aller vite ». L’explication provient du fait que les partis anti-européens veulent montrer que l’Europe est pro-américaine et qu’eux sont à leur manière anti-capitalisme américain.

Dans la campagne européenne en France, le futur traité commercial et industriel de l’Europe avec les USA, le TACTA, est au centre des débats. Il est le principal accusé des anti-européens (d’une part le Front National de Le Pen et de l’autre le PCF, le PG, le Front de Gauche) et le principal point faible des pro-européens (l’UMP, le PS, les centristes).

Les Verts sont l’exception : ils sont pro-européens et anti-TAFTA. Mais, de leur part aussi, il s’agit d’une démagogie : on croirait que le développement durable avait été défendu par l’Europe et serait seulement menacé, en Europe, par les USA… « Ce traité c’est la fin du projet européen, la fin de notre capacité à décider de nos choix, la remise en cause de notre souveraineté, une faute politique considérable », attaque l’écologiste Yannick Jadot. A croire qu’il y a jamais et un projet européen populaire, à croire que la souveraineté française défend le peuple français (les Verts souverainistes !) et à croire que, dans l’Europe ou en France, les peuples ont jamais été en capacité de décider réellement de leurs choix !!!

Jadot dénonce : « Une ferme américaine, c’est en moyenne 180 hectares contre 13 hectares en Europe, 1 000 vaches aux Etats-Unis, 50 en Europe. Comment lutter ? L’accord risque de les saborder. »

Dans ce cas, il faudrait plutôt que Jadot devienne anticapitaliste puisque le trust français démolit la petite entreprise autant que la grande ferme américaine démolit la petite française ou européenne ! Mais Jadot ne rejoint pas ceux qui disent : A bas les trusts ! A bas les capitalistes !

Les anti-TAFTA, contrairement au gouvernement, à l’UMP, aux centristes et au PS, attaquent ce traité en le rendant responsable des futures fermetures d’entreprises en France et des futurs licenciements. Comme s’il y avait eu besoin jusque là de ce traité pour que la crise de 2007-2008, partie des USA, frappe l’Europe ou la France ! Comme s’il n’y avait pas déjà un système mondial capitaliste dont l’Europe fait partie et qui est dirigé depuis les USA ! Une manière pour les anti-européens de se donner un petit air anti-capitaliste sans être nullement pour le renversement du capitalisme. Comme si le capitalisme ne licenciait en France que du fait de la concurrence avec les USA (ou avec l’étranger) et pas du fait de l’effondrement mondial du capitalisme depuis 2007-2008. Comme si le capitalisme français était seulement attaqué et pas attaquant. Comme si les patrons français faisaient partie des victimes plus que des responsables de la destruction anti-sociale. Comme si les USA étaient en train de faire pénétrer en France des normes capitalistes qui n’y étaient pas déjà !!!

Le Pen a déclaré que le GMT était ‘« une machine de guerre ultra-libérale, antidémocratique, antiéconomique et antisociale ».

Mais elle considère aussi que l’Europe est déjà une telle machine donc pourquoi cibler spécialement le GMT et participer aux élections européennes ? C’est de la démagogie !

Cela fait partie de sa propagande contre les financiers sans montrer que tous les grands capitalistes français sont des financiers, de la propagande contre les spéculateurs qui sont justement pour l’essentiel les trusts, les banques et les autres possesseurs de capitaux. Ce sont les mêmes discours que l’on entend contre la finance, contre le libéralisme, contre les spéculateurs de l’autre côté du kaléidoscope politicien, au PCF, au Front de Gauche, du côté de Mélenchon ou même de l’extrême gauche officielle comme chez Besancenot.

Les anti-GMT, ou anti-TAFTA comme on veut, annoncent qu’avec le traité, l’Europe, donc la France, sera envahie par le bœuf aux hormones, le poulet à la javel, le porc à la ractopamine, les OGM et on en passe… C’est encore plus vrai en ce qui concerne le traité avec le Mercosur sud-américain mais ils n’en parlent pas autant... Brandir la menace de se faire manger tout cru par le capitalisme US semble plus crédible pour la faire avaler au gogo français que celle d’être digéré par l’agrobusiness sud-américain et pourtant...

Le raisonnement est fallacieux : l’Europe n’a pas besoin d’un traité pour défendre les profits des capitalistes européens. Elle n’a pas besoin du traité pour faire pression en faveur des OGM, en faveur du gaz de schiste, en faveur de la casse des retraites et des aides sociales, en faveur de l’aide aux entreprises, etc…

L’Etat français n’avait nullement besoin de telles pressions pour avoir envie d’aller dans ce sens. Il peut juste s’en servir pour faire semblant d’y avoir été contraint comme il fait semblant actuellement de faire 50 milliards d’économies parce que l’Europe le lui imposerait, pour réduire sa dette. Mais ce n’est pas l’Europe qui lui a imposé d’aider massivement ses trusts et ses banques, d’aider par exemple à fonds perdus la banque Dexia de multiples fois en faillite. Ce n’est pas l’Europe qui impose à la France d’intervenir militairement, avec des dépenses considérables, aux quatre coins du monde et particulièrement en Afghanistan, au Kosovo, en Syrie (discrètement), en Libye et surtout en Afrique (le plus possible et sans la moindre discrétion). Là, il n’est plus question des pressions de l’Europe pour que la France diminue ses dépenses, comme cela est le cas pour que la France privatise ses services publics, casse ses retraites !!! Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre !

Les traités internationaux ont bon dos. Les Etats les appliquent avec une géométrie variable et ils n’ont pas attendu la signature de tels traités pour trouver et défendre les intérêts du capital au détriment des masses laborieuses. Faire croire le contraire, c’est le propre des mensonges réformistes comme fascistes.

Les travailleurs et les peuples n’ont pas à poser la question sociale et politique en termes d’accords entre patrons capitalistes ni entre Etats capitalistes. Il n’y a pas de bon accord, du point de vue de classe, entre des capitalistes ou leurs représentants étatiques ou d’institutions supra-étatiques.

L’autre aspect que dénoncent les anti-TAFTA est l’opacité des négociations. Comme si tous les Etats et l’Europe aussi n’étaient pas opaques et que seules les négociations avec les USA l’étaient ! Le parti communiste qui a plusieurs fois participé au gouvernement a-t-il combattu l’opacité de l’Etat bourgeois quand il en était le cogestionnaire ? Jamais !

La droite et le centre, qui se disent pourtant volontiers nationalistes français, soutiennent l’Europe et le TAFTA. Le PS et le gouvernement aussi. Et leurs arguments ne diffèrent quasiment pas ! Tous n’y voient que les intérêts des trusts et des banques français…

« L’accord transatlantique est propice au déchaînement des fantasmes et des bobards, certains en font une exploitation », balance l’eurodéputé socialiste Henri Weber.

« Si Européens et Américains s’entendent, leurs normes s’imposeront comme les normes mondiales. Sinon ce sera Pékin et les émergents qui fixeront les leurs », prévient l’eurodéputé.

En somme, pour le PS, c’est carrément vive l’alliance avec l’impérialisme US et à bas la Chine !

Ce n’est pas un simple programme commercial et d’investissement : c’est le programme de la prochaine guerre mondiale !!!

Terminons en disant que l’extrême gauche type NPA se retrouve à soutenir tous les souverainistes et démagogues qui s’unissent à l’extrême droite pour « défendre la France » capitaliste contre les USA. C’est lamentable !

Les partis anti-TAFTA comme pro-TAFTA ont en commun de placer la lutte des nations ou des régions comme base de la situation actuelle alors que sa vraie base est toujours la lutte des classes ! Les uns nous proposent d’unir l’Europe et l’Amérique contre la Chine et la Russie et les autres la France à l’Europe contre les USA ! Dans tous les cas, cela repose sur de fausses unions : celle entre prolétaires et exploiteurs ! Pas d’unité des travailleurs d’un pays avec les patrons du même pays : ils sont nos pires ennemis ! Et il n’y a pas d’idéologie plus dangereuse en période de crise que le nationalisme qui prétend unir exploiteurs et exploités sous le prétexte qu’ils auraient la même nationalité !