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Défendre l’hôpital public et ses agents - Bulletin La Voix des travailleurs de l’APHP

vendredi 1er août 2014, par Robert Paris

Déshabiller Pierre pour habiller Paul

Les exemples se multiplient, à Saint-Antoine notamment (mais c’est loin d’être un cas à part !), de « mutualisation »… des personnels par la direction qui nous envoie travailler provisoirement dans un autre service ou dans un autre hôpital. Ainsi des personnels de la Médecine interne, du standard, de l’Ortho et de bien d’autres services sont envoyés travailler dans tout le pôle et même dans le GH ! Le sous-effectif est entretenu sciemment par la direction qui prétend régler les problèmes qui en découlent en nous faisant jouer les acrobates, ce que nous sommes censés faire docilement. Et pourquoi au fait ?

Nous ne sommes pas des moineaux

Il paraît que, dans la fonction publique hospitalière, les catégories B et C auraient été reclassées . Il paraît que cela aurait une incidence sur notre salaire. Il paraît seulement car, pour la catégorie B, par exemple, les échelons 1 et 2 peuvent espérer 30e d’augmentation et les autres peuvent toujours se gratter… il paraît…

Il paraît que le gouvernement veut nous prendre pour des moineaux en nous lâchant des miettes. Mais ce qu’on voit, c’est que notre point d’indice est bloqué depuis plusieurs années, ce qui empêche notre salaire d’augmenter. Avec des prix, des charges, des loyers, des impôts et des taxes toujours en hausse, il n’est pas question d’accepter des salaires bloqués car cela signifie être progressivement paupérisés…. Un peu plus chaque mois !

Tous les mêmes problèmes et pourtant tous divisés

De nombreuses luttes se font ici et là. Des luttes d’un service, d’un hôpital, d’un secteur et cela dans le privé comme dans le public. En espérant ainsi gagner leur petit bout de pain, ou défendre leur emploi, chacun de son côté, sans s’occuper des autres ? Mais c’est oublier que nous ne sommes pas attaqués en tant qu’individus, en tant qu’une profession particulière, en tant qu’une entreprise particulière mais comme une classe et par l’ensemble de la classe capitaliste ainsi que l’Etat capitaliste. Oui, nous faisons partie d’une classe, la classe des exploités et que l’on soit hospitalier, caissier, technicien, balayeur, éboueur, postier ou intermittent… c’est notre force de travail que l’on vend. Méfions-nous de ceux qui nous divisent, qui nous font croire que nous avons des intérêts particuliers qui nous sépareraient des autres exploités, qui nous pousseraient à nous défendre seuls, sans discuter avec les autres, sans se concerter avec eux. Nous, travailleurs, devons avoir conscience de nos liens de classe, et créer, dès que possible, partout où c’est possible, des lieux de travail aux lieux de transport, aux quartiers, des liens avec tous ceux qui sont dans la même situation que nous, qui ont les mêmes amis et les mêmes ennemis, en somme tous les exploités.

Interdit de défendre le service anticancéreux

Les forces de l’ordre ont empêché des défenseurs de la santé de manifester aux abords de l’Elysée pour interpeller le chef de l’Etat sur la fermeture du service d’oncologie pédiatrique de Garches où va fermer l’Unité spécifique d’Oncologie Pédiatrique individualisée de l’hôpital Raymond Poincaré. La Direction de l’AP/HP, a profité du départ en retraite du Chef de Service, le Professeur Jean-Claude DESBOIS, pour faire transférer ce service à l’Hôpital AVICENNE, mais privée de la moitié de ses lits et de ses capacités d’accueil, notamment des très jeunes enfants. C’est une longue lutte qui se conclue ainsi de manière catastrophique : en Octobre 2004 un protocole d’accord avait été signé par la Direction de l’AP/HP, en présence de Mr le Ministre de la Santé de l’époque (Mr DOUSTE-BLAZY), prévoyant le redéploiement de cette Unité et le rétablissement de sa capacité d’accueil initiale, courant de l’année 2006, au sein de l’Hôpital Raymond POINCARE à GARCHES, après exécution des travaux nécessaires. Le protocole n’est plus respecté, les locaux, moyens matériels et même humains sont petit à petit grignotés. Sa fermeture régulièrement annoncée déstabilise le personnel harcelé par l’encadrement pour pallier aux restrictions de postes.

Pour quelques euros de moins

Pour faire des économies, la CPAM propose de diminuer les durées de séjour à l’hôpital après un accouchement afin de réaliser une économie d’environ de 280 millions d’euros. Cette mesure, encore une fois, ne se place que d’un point de vue comptable, et va réduire encore et toujours plus les durées de séjour sans tenir compte de l’intérêt des patientes. Si, pour certaines femmes, cette diminution de la durée d’hospitalisation ne posera aucun problème, pour d’autres, cela n’ira pas sans poser certaines difficultés et même accroître les risques. Certains médecins s’inquiètent de cette proposition et de cette prétendue économie dont le montant n’a été validée par aucune étude ni économique ni, encore moins, médicale.....

Tout travail mérite salaire

De plus en plus, dans les hôpitaux, les directions imposent au personnel de faire des heures supplémentaires pour pallier au sous-effectif. Dans certains établissements comme à l’APHM (assistance publique des hôpitaux de Marseille), certains agents cumulent jusqu’à 300 heures supplémentaires non payées ! C’est que la direction utilise la menace d’abandon de poste comme moyen de pression sur les personnels pour les inciter à faire des heures sup qu’elle prétend ensuite ne pas pouvoir payer ni rendre en repos récupérateur. Mais les personnels se lassent de cette situation, les mouvements de grève se multiplient dans ces établissements et les personnels commencent à réclamer ce qui leur est dû.

Plan de retour au déséquilibre

Pour faire face au déficit des hôpitaux, l’ARS a décidé de tailler à la hache et de fusionner plusieurs établissements, afin de « faire des économies ». De cette fusion est né le centre hospitalier universitaire de Martinique qui se trouve dans une situation catastrophique. Manque de personnel, matériel obsolète, voire inexistant (pas de draps dans certaines chambres, absence de tensiomètre, absence de compresses). Le personnel se trouve, en conséquence, dans une situation d’insécurité. Les patients fuient cet établissement au vu des conditions dégradées et de l’insécurité des soins, ce qui accroît le déficit de cet établissement déjà surendetté. L’ARS reconnaît les difficultés mais ne compte nullement revenir sur cette fusion car l’objectif à terme est bien de casser le service publique hospitalier par une réduction des établissements et une dégradation de la sécurité des soins.

Quelle autorité !

La HAS (Haute Autorité de la Santé – très haute, votre altesse !) estime que les femmes françaises restent trop longtemps en lit d’hôpital en maternité après un accouchement et la seule preuve de cette affirmation n’est pas médicale mais se fonde seulement sur la comparaison avec des exemples comme les USA (niveau de santé très bas pour un pays riche !) où les femmes resteraient seulement hospitalisées 48 heures ou des Pays-Bas (très bas pour les femmes !) où 30% des femmes accouchent à la maison avec l’aide d’une sage-femme ! Les Harpagons de l’Austérité des Soins ont encore frappé et font semblant que « leur étude » justifie la mesure gouvernementale de réduction d’une journée de la durée d’hospitalisation pour accouchement !

D’autres pistes pour des économies…

Et ce n’est pas fini : le gouvernement Hollande-Valls a plus d’une idée pour faire des cadeaux aux patrons en se payant sur le dos du public : par exemple, diminuer la durée de séjour en chirurgie en supprimant un dixième des malades alités et en les contraignant à passer en ambulatoire, en réduisant de 15% les prescriptions d’IRM des membres inférieurs, en pratiquant partout des diminutions d’offres de soins et d’effectifs, en accélérant les regroupements d’hôpitaux et de services et en augmentant le sous-effectif seulement compensé par des mutuellisations de personnels, en ne remplaçant pas les personnels partant en retraite, etc… Pendant le même temps, le même gouvernement accorde aux patrons le droit de ne pas payer d’impôts, de ne pas payer de taxes, de ne pas payer de cotisations sociales sous tous les prétextes imaginables : parce que cela leur permettrait d’être plus compétitifs, parce que les aiderait à exporter, parce qu’ils seront incités à créer des emplois, parce qu’ils feront plus de recherche, plus d’innovation, etc... Pendant le même temps, et malgré ces cadeaux, les patrons licencient et ce sont les banques, aidées elles aussi, qui refusent de prêter de l’argent aux particuliers et aux petites entreprises ! Soigner les patrons coûte cher à la santé et à tous les services publics !

Les portes ouvertes et celles qui restent fermées…

Le 14 juin, c’était la journée « portes ouvertes » des hôpitaux Tenon, Saint-Antoine, Trousseau et du GH. On rappelle à la direction qu’un hôpital est un service public ouvert au public toute l’année et pas un jour par an ! Il paraît que cette journée était festive. C’est du moins ce qu’a prétendu la direction de l’APHP et qu’elle a réalisé en organisant une course/marche sur les bords de la Seine et en remettant des trophées. Mais, pour nous, personnels de l’hôpital, c’est tous les jours la marche/course dans les services, on est tout le temps « à la fête » et notre seul trophée, faute des salaires corrects et de conditions de travail acceptables, c’est notre sueur et notre stress !

Les Antilles livrées à la dengue et au chikungunya
Le moustique-tigre continue de piquer aux Antilles. Plus de 46.000 cas de chikungunya ont été recensés en Guadeloupe et 40.000 en Martinique. Mais d’autres chiffres indiquent plus de 90.000 personnes déjà infectées et même plus selon d’autres sources ! Il y a même environ 170 000 cas suspects depuis six mois…
C’est une véritable épidémie grave qui menace toute la population des Antilles, colonie française, alors que la santé française n’est nullement mobilisée pour chercher un moyen médical de combattre les virus concernés portés par les moustiques et qui s’infectent en piquant des personnes déjà infectées avant de le porter à d’autres personnes. Il y a donc épidémie même s’il n’y a aucune contamination directe d’homme à homme. Ces maladies se développent depuis des années sans que rien ne soit fait et c’est seulement maintenant que le sud de la France est touché que l’inquiétude devient palpable et des recherches envisagées !!!

Le chikungunya n’est pas une maladie nouvelle. Le virus a été isolé pour la première fois en 1952-1953… au Tanganyika (actuelle Tanzanie). La dengue, non plus, n’est pas une maladie récente : elle avait déjà touché le continent européen, notamment la Grèce en 1881, 1889, 1895-1897 et 1910, mais l’épidémie qui a frappé ce pays, en 1927-1928, fut d’une gravité sans précédent. Plus d’un million de personnes furent malades et on comptabilisa environ 1500 morts.

Pourtant les labos pharmaceutiques, qui sont depuis longtemps « proches d’avoir trouvé des vaccins », ne se pressent pas : les populations concernées des forêts tropicales essentiellement sont pauvres ou très pauvres et les grands Etats des pays riches ne se sont pas engagés à payer donc les labos attendent les gros sous pour sortir leur produit…

Pour comparer les réactions de l’Etat en métropole et dans la colonie : 200 personnes ont été mises en quarantaine en France hexagonale pour un seul cas identifié ; la réactivité pour traiter la zone fut de 48 heures ! Avec 90.000 cas aux Antilles (un chiffre considérable comparé aux 450.000 habitants), il n’y a pas un tel branle-bas de combat…

Les blocs de l’hôpital PPR (Toulouse) en grève

Le 10 juin, a débuté la grève des infirmiers et aides-soignants des blocs opératoires du tout nouvel hôpital Pierre-Paul Riquet de Toulouse, se poursuivait au moment où nous écrivons. L’activité des 25 blocs opératoires est fortement perturbée. Au premier jour de grève, mardi, 40 % des opérations ne relevant pas de l’urgence avaient été déprogrammées. Le taux de grévistes était alors officiellement de 72 % et une cinquantaine d’agents avait dû être "assignés" à travailler pour assurer le service minimum. Une fois encore, en cause la gestion calamiteuse du manque d’effectifs en refusant d’embaucher ! Quand on pense que tous ces gens-là n’ont à la bouche que la « lutte contre le chômage » !

La santé se dégrade en Europe

Nous avons déjà eu l’occasion de souligner l’effondrement de la santé en Grèce. C’est un cas extrême mais il n’est pas isolé. Sous prétexte de coupes budgétaires, le Royaume-Uni recourt à des sociétés privées pour sous-traiter des missions auparavant réalisées par son administration publique. La société française Atos s’est vue confier la tâche de mettre en œuvre la réforme des pensions que perçoivent invalides et handicapés. Et d’évaluer leur aptitude au travail. Résultat : malgré des pathologies lourdes, plusieurs dizaines de milliers de bénéficiaires ont été recalés et exclus de ce système de protection sociale. En Espagne, Médecins du Monde dénonce l’exclusion sanitaire et le refus du caractère universel et gratuit de la santé publique par le gouvernement. Il relève des conséquences catastrophiques pour la santé publique. En Belgique, c’est un scandale concernant les handicapés qui a fait la une. En Wallonie, près de la frontière franco-belge, il existe bon nombre de centres pouvant accueillir des personnes handicapées. Des handicapés français, mentaux, légers et lourds, autistes, trisomiques : 8 000 dont plus de 1 000 mineurs. Mais, lorsque l’on pousse les portes de certains de ces lieux, on est saisi par un sentiment d’horreur. Des conditions matérielles épouvantables : moisissures, sols dégradés, fils électriques pendant des murs, chauffage presque inexistant, salles d’isolement proposant des carpettes pour pouvoir s’allonger.

Les mêmes politiques contre la santé publique frappent la France : n’attendons pas qu’on ait détruit notre système public de santé pour nous plaindre !


LA VOIX DES TRAVAILLEURS DE L’APHP

Et un ! Et deux ! Et trois-zéro de… la lutte sociale ?!!

Le prolétariat de France, comme celui de bien d’autres pays, se passionne pour le football et étudie ainsi toutes les stratégies de lutte sur le terrain, examinant comment passer de la défensive à l’offensive, comment se faire craindre de l’adversaire, comment le faire reculer, comment faire en sorte que les actions individuelles favorisent l’action collective, comment constituer une véritable force, en somme un grand nombre de questions qui permettront demain à ces supporters de football d’appliquer cette grande expérience à... la lutte des classes.

Et ce sera bel et bien nécessaire, vu que les batailles se déroulent depuis la lutte des retraites, dans lesquelles on ne peut pas dire que la stratégie offensive et efficace soit bien présente dans les luttes sociales, dans lesquelles les « sélectionneurs » et « entraîneurs » syndicaux n’ont été capables que d’envoyer les ballons dans les murs et pas dans les buts patronaux, de tirer contre leur camp, de bloquer les offensives et de nuire à la défensive, d’isoler les attaquants et de discréditer toute l’équipe… ouvrière.

Résultat : les travailleurs en sont réduits à clamer des « on a gagné » dans les matchs de foot, faute de pouvoir le proclamer dans les luttes contre les licenciements et les fermetures d’entreprises, dans les luttes pour défendre les retraites, dans les luttes pour défendre les droits sociaux et le code du travail pour finir par la dernière lutte pour défendre le service public ferroviaire qui est un échec comme les autres.

Il faut dire que, là, notre adversaire n’est pas le football du Nigeria mais le patronat français et le gouvernement qui est à son service. Il faut dire que les dirigeants syndicaux avaient choisi comme « président de club » un dirigeant de l’équipe adverse, celle de la bourgeoisie, puisque, depuis belle lurette, la social-démocratie française (avec Mitterrand puis Jospin,et enfin Hollande et Valls) ne défend plus les salariés mais les patrons, prétendant même être ceux qui auraient réussi à recrédibiliser les entrepreneurs et la bourse en France ! Et ce sont effectivement les dirigeants syndicaux, censés animer les luttes sociales, qui avaient éteint la lutte des retraites dans l’élection présidentielle, en prétendant que la défense des retraites ne passait pas par la grève générale mais par l’élection de Hollande à la présidence. On a vu rapidement combien ils ont menti en prétendant que Sarkozy était le seul blocage à la défense des retraites. Et on est en train de voir maintenant combien il n’était pas non plus le seul blocage à la défense des emplois, des salaires, du code du travail, des services publics et on en passe…

Mais est-ce que ce sont les peuples qui gagnent vraiment dans les compétitions du Mundial ? Et d’abord le peuple brésilien ? Ce dernier n’a pas semblé apprécier que le gouvernement brésilien « de gauche », qui se dit celui du « Parti des Travailleurs » de l’ancien leader syndical Lula, dépense des sommes colossales à construire des stades et des infrastructures pour le Mundial alors que cet argent fait défaut pour lutter contre la faim, contre la misère, contre le manque de logements, d’écoles, de routes, d’emplois, etc… Les manifestations, les grèves, les révoltes et même les insurrections se sont multipliées dans le peuple brésilien pour protester contre le Mundial, ou plutôt contre la politique des classes dirigeantes et de l’Etat à leur service. Car ce sont des fortunes qui, une fois de plus, se sont constituées ainsi sur le dos du peuple brésilien. Et le goût du foot – que le peuple brésilien n’est pas le dernier à avoir – ne signifie pas qu’on doive cacher derrière celui-ci le détournement de fonds publics, les aides au grand capital, l’enrichissement illicite, les dépassements de budgets incroyables, les pots de vin, et autres concussions et vols qui caractérisent les grands travaux du Mundial au Brésil.

Bien sûr, les classes dirigeantes comptent bien que la passion du foot serve de dérivatif aux passions populaires échauffées par la crise mondiale. Elles font le calcul qu’il vaut mieux des dérives violentes des supporters plutôt que des accélérations de la tension sociale dues aux luttes ouvrière, aux grèves, aux manifestations et révolutions. Certes, les hommes politiques et les représentants des Etats protestent contre certaines violences qui suivent les matchs, partout dans le monde. Mais ils savent bien que c’est eux-mêmes qui organisent ainsi ces lâchers de vapeur et les programment dans un sens qui leur convient : celui du nationalisme.

Rien d’étonnant alors si ces débordements ont lieu davantage dans des populations plus frappées par la misère et le chômage. Au Brésil même, les violences liées aux matchs de football ont fait bien plus de victimes que les « violences » de la révolte populaire contre le Mundial, y compris les victimes de la répression violente par les forces de l’ordre. Non, ce n’est pas le football, tel qu’il est instrumentalisé par les classes dirigeantes et les grands organisateurs tels la FIFA, qui adoucit les mœurs ! Depuis 1988, 234 amateurs de football brésiliens sont décédés au cours de matchs et dans les affrontements autour de ceux-ci !

Et la violence du Mundial est aussi sociale : pour faire le Mundial au Brésil, il a fallu non seulement voler les budgets sociaux, détourner l’argent des services publics et des aides sociales, endetter durablement l’Etat, mais aussi déloger violemment les misérables des favelas de Rio, enlever de nouvelles terres aux Indiens, donner 650 millions pour des équipements spéciaux de la police anti-manifestations. Quant aux profiteurs de toute cette agitation, ce n’est pas seulement le sport : c’est le tourisme sexuel, c’est le fric des sociétés de la construction, c’est le fric des grands hôtels, c’est le fric des sociétés de tourisme, c’est le fric des vendeurs d’alcool, c’est le fric des financiers qui prêtent à prix d’or à l’Etat brésilien, c’est le fric des proxénètes, etc…

Le Mundial va coûter 13,6 milliards de dollars au moins au peuple brésilien (alors que le précédent avait coûté 4,5 milliards de dollars à l’Afrique du sud en 2010 et celui en France en 1998 seulement 1,5 milliard d’euros) et le gouvernement dit espérer qu’il rapportera deux fois plus…. à des intérêts privés ! C’est dire ! Et ce n’est pas fini : s’y rajoutent les Jeux Olympiques de Rio 2016 dont le budget public devrait dépasser dix milliards d’euros. Pendant ce temps, il n’y a pas d’argent dans les caisses publiques pour subventionner les transports, par exemple, et cela signifie que le billet de bus vaut 71 reis (alors que le salaire minimum est de 675 reis) !

Et ce n’est pas particulier au Brésil. L’univers de la FIFA est parfaitement en adéquation avec celui du capital mondial qui domine le monde : corruption, détournements de fonds, affaires liées au crime organisé, bénéfices juteux liés aux droits de télévision et à la pub, aux dessous de table, aux arrangements financiers avec les Etats, etc, etc… Résultat : la FIFA revendique 1,386 milliard de dollars de chiffre d’affaire et un bénéfice net annuel de 72 millions de dollars, en hausse d’année en année de manière fabuleuse, crise ou pas crise… La FIFA a des « réserves » de 1,432 milliard de dollars… Il n’y a pas que le ballon qui tourne rond dans cette grande affaire financière mondiale du Mundial !!!

Bien sûr, on pourrait se dire : tant mieux qu’il y ait un peu de joie, un peu de plaisir, un peu de fête, un peu de communion entre tous, quelque soient leur profession, leur origine sociale, leur niveau de vie, tant mieux que tous se retrouvent derrière quelque chose qui les rassemble, qu’ils soient cheminot, salarié du privé ou petit commerçant…

Sauf que ce qui les rassemble, ce n’est pas seulement le foot mais le nationalisme. C’est autour de l’unité nationale que l’on célèbre le foot et pas autour de l’unité entre les peuples de la terre. Sauf que cette illusion de communier pour la même chose couvre le détournement par la minorité capitaliste de cet engouement, comme on vient de le décrire plus haut. Sauf que, si les prolétaires du monde oublient leurs soucis le temps d’un match de « leur équipe nationale », les capitalistes, eux, n’oublient pas un instant leurs intérêts ! Ils n’oublient pas, par enthousiasme sportif, de prélever leurs intérêts, de s’en prendre aux plus pauvres, de leur faire payer la facture.

Et pendant qu’au nom du nationalisme, on prétend que tous les Français, riches et pauvres, salariés et capitalistes seraient « dans le même camp », marqueraient des buts du même côté, tout en affirmant que nous ne serions pas dans « le même camp » que nos frères des autres pays, les patrons ne cessent de marquer des buts contre le camp des travailleurs et des milieux populaires !

Bien sûr, il peut y avoir un côté sympathique à voir les gens se parler sans réserve dans les lieux de travail, de transport ou dans les cafés, mais si nous pouvons aussi librement débattre de stratégie de la lutte sur le terrain de foot, il est plus que nécessaire que nous décidions d’en faire autant pour ce qui concerne la lutte des classes, déterminante aujourd’hui face à l’effondrement du système capitaliste initiée en 2007 et seulement retardée depuis 2008, d’un système qui menace de s’effondrer sur nos têtes avec un maximum de dégâts, si nous n’envisageons pas un autre avenir en discutant entre salariés. Oui, c’est aux prolétaires de débattre du match qui se joue entre le Capital et le Travail et de notre capacité à nous engager dans ce match-là dépend notre avenir, notre vie et celle de nos enfants…

Ce qui est plus que jamais indispensable aux salariés et aux chômeurs, aux travailleurs du public comme du privé, d’une profession ou d’un autre, d’un secteur ou d’un autre, d’une origine ou d’une autre, c’est de parler de nos intérêts communs de travailleurs, de parler de nos problèmes communs, de la crise de la société capitaliste, de notre avenir, de nos luttes, des moyens de les faire aboutir.

Le pas indispensable pour faire avancer nos intérêts à nous, prolétaires, c’est de nous réunir, d’échanger nos avis. Oui, alors, ils auront une force que ne leur donneront jamais leurs faux amis politiciens de tous bords et leurs autres faux amis des directions syndicales. Ils verront la force là où elle est : en eux-mêmes et pas dans les prétendus sauveurs ! Et pas non plus dans l’union autour du nationalisme, ni celui de l’économie, ni celui du foot, ni celui qui mène aux guerres…

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