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La France soutient la nouvelle guerre des États-Unis en Irak

jeudi 14 août 2014, par Robert Paris

La France soutient la nouvelle guerre des États-Unis en Irak

Par Kumaran Ira

La France soutient les frappes aériennes américaines perpétrées dans le nord de l’Irak contre les forces de l’État islamique d’Irak et de Syrie (ISIS). Samedi, après s’être entretenu avec le premier ministre britannique David Cameron et le président français François Hollande, le président américain Barack Obama a annoncé que « les deux dirigeants ont exprimé leur soutien à nos actions et sont d’accord pour nous appuyer dans l’assistance humanitaire que nous offrons ».

Vendredi, le palais de l’Élysée a publié un communiqué soutenant la nouvelle intervention d’Obama en Irak. Ensuite, Hollande a confirmé l’implication de la France dans l’offensive irakienne. « La France va procéder dans les prochaines heures à de premières livraisons d’équipements de premiers secours en Irak », a-t-il dit.

Le communiqué a clairement indiqué que la France planifiait de participer militairement à une nouvelle guerre. On peut y lire que « La France va examiner avec les États-Unis et l’ensemble de ses partenaires les actions qui pourraient être menées afin d’apporter conjointement tout le soutien nécessaire pour mettre un terme aux souffrances des populations civiles… Elle est prête à y prendre toute sa part. »

Jeudi, Hollande a confirmé, sans fournir de détails, « la disponibilité de la France à apporter un soutien aux forces engagées dans ce combat ».

Durant le week-end, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, s’est rendu en Irak pour défendre la position que le régime irakien à Bagdad, qui est appuyé par les États-Unis, devait former un « gouvernement d’union nationale » pour combattre l’ISIS.

Les affirmations des États-Unis et de la France de combattre l’ISIS pour des raisons humanitaires sont des mensonges réactionnaires et de la pure hypocrisie. L’ISIS a émergé de l’occupation américaine en Irak et en premier lieu de la guerre impérialiste menée par procuration en Syrie et durant laquelle Washington, Paris et leurs autres alliés ont fortement armé des milices sunnites telles l’ISIS pour combattre le président syrien Bachar al-Assad. Aujourd’hui, ils utilisent le résultat de cette guerre sanglante qui a coûté la vie à plus de 100.000 personnes et fait des millions de réfugiés comme prétexte pour lancer une nouvelle guerre « humanitaire » en Irak.

Leur intervention contre l’ISIS en Irak n’a pas empêché les puissances impérialistes d’intensifier leur campagne en faveur d’un changement de régime en Syrie. Au moment où les forces d’ISIS s’emparaient de vastes zones du Nord et de l’ouest de l’Irak – dont Mosul en juin, sa deuxième plus grande ville – Hollande tenait une réunion d’urgence pour débattre de possibles options militaires pour l’Irak et la Syrie.

L’impérialisme français considère la crise irakienne comme une occasion pour renouveler des interventions dans ses anciennes colonies, dont la Syrie et le Liban. La campagne de guerre contre l’Irak jouit du soutien de tous les principaux partis de l’impérialisme français : le Parti socialiste (PS) de Hollande, le parti droitier Union pour un Mouvement populaire (UMP) et le néofasciste Front national (FN).

Sur son blogue, l’ancien ministre UMP des Affaires étrangères, Alain Juppé, a réclamé une initiative forte de la France et de l’Europe en Irak : « Nous devons nous associer à la lutte contre la folie du fanatisme djihadiste qui finira par nous atteindre si nous contemplons sans réagir le génocide des chrétiens d’Orient. » Il a exigé que la France « doit faire entendre plus fort sa voix » dans la crise au Moyen-Orient.

La présidente du FN, Marine Le Pen, a dit que la lutte contre le terrorisme « ne peut et ne doit se limiter à des discours et des déclarations d’intentions... La France se doit d’être aux côtés des gouvernements qui combattent les forces militaro-islamistes en leur apportant, comme le demande le Front national, une aide logistique et un soutien dans le domaine du renseignement. »

Des responsables militaires français insistent pour que soient armées les forces militaires du gouvernement libanais qui est appuyé par l’Arabie saoudite. Le général français Dominique Trinquand a dit, « le premier soutien que la France peut fournir pour bloquer l’offensive djihadiste c’est de soutenir l’armée libanaise, en particulier en l’approvisionnant en armement ».

En janvier, durant sa visite en Arabie saoudite, Hollande a signé un contrat d’armement avec l’Arabie saoudite qui s’est engagée à acheter pour 3 milliards de dollars d’armes françaises pour l’armée libanaise. En plus de cette aide de 3 milliards dollars, l’Arabie saoudite avait décidé de verser la semaine passée à l’armée libanaise 1 milliard de dollars d’aide militaire. Ceci représente plus de trois fois le budget militaire libanais annuel qui s’élève à 1,2 milliard de dollars.

Le rôle que joue l’impérialisme français dans une nouvelle intervention sanglante en Irak signale un changement significatif par rapport à l’invasion américaine de l’Irak en 2003 qui était fondée sur des mensonges disant que le président irakien Saddam Hussein entretenait des liens avec Al-Qaïda et possédait des armes de destruction massive (ADM). A l’époque, le gouvernement du président français Jacques Chirac (UMP) s’était publiquement prononcé aux Nations unies contre l’intervention américaine.

Les capitalistes français ne poursuivaient pas une politique de paix, mais celle de s’opposer à une politique américaine de la guerre préventive qui ébranlait la loi internationale et menaçait d’exclure l’impérialisme français du Moyen-Orient. Les sociétés pétrolières comme Total et Elf-Aquitaine avaient obtenu des licences pour l’exploitation du vaste projet de Bin-Umar et les champs pétroliers de Majnoun en Irak du Sud. Elles avaient toutefois été incapables d’exploiter ces champs en raison de l’embargo commercial décrété par les États-Unis contre l’Irak suite à la guerre du Golfe de 1990-1991.

Le virage à droite effectué par la politique bourgeoise en Europe au cours de cette dernière décennie trouve son expression la plus nette dans la politique étrangère de l’impérialisme français. En 2006, Chirac avait annoncé une politique autorisant la France à recourir à des frappes nucléaires ciblées contre des États qu’elle accuse d’activités terroristes. Peu après son élection en 2007, le président de droite Nicolas Sarkozy avait proposé son soutien explicite à l’occupation américaine de l’Irak et de l’Afghanistan ainsi que la réintégration de la France dans les structures de commandement militaire de l’OTAN.

L’impérialisme français fut rétribué par une part des profits pillés à l’Irak sous occupation américaine. En 2007, le géant pétrolier français Total signait un accord avec la compagnie pétrolière américaine Chevron pour collaborer sur le champ pétrolier de Majnoun en Irak.

Depuis, la classe dirigeante française s’est de plus en plus étroitement alignée sur Washington en lançant des guerres en Libye, en Syrie et en Afrique subsaharienne et visant le pillage et la recolonisation de l’Afrique et du Moyen-Orient. Cette politique réactionnaire et foncièrement irresponsable a mené à une catastrophe. Tout en soutenant des milices islamistes sunnites telles ISIS en Syrie, la France et les États-Unis sont en conflit avec ces mêmes forces en Irak où celles-ci menacent les intérêts stratégiques et industriels français et américains.

En octobre dernier, la société pétrolière française Total avait annoncé la découverte de champs pétroliers et gaziers dans la région kurde semi-autonome d’Irak où les États-Unis ont mené des frappes aériennes contre ISIS. Le puits de découverte sur le bloc Harir est situé à 60 kilomètres d’Erbil, dans le Nord. Il atteint une profondeur qui dépasse 4.000 mètres et recèle « des colonnes d’hydrocarbures importantes », a précisé Total.

« Cette découverte est très encourageante et nous conforte dans notre stratégie de développement dans cette région très prospective », avait remarqué à l’époque Arnaud Breuillac, directeur général du pôle Exploration-Production de Total au Moyen-Orient.

Messages

  • Le coût des opérations extérieures (Opex) des armées françaises devrait avoisiner 1,1 milliard d’euros en 2014, a estimé aujourd’hui le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. La dotation budgétaire au titre des Opex s’élèvera à 450 millions d’euros en 2015, comme en 2014, a-t-il indiqué devant la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale.

    Pour l’année en cours, le chiffrage global du surcoût est en cours d’évaluation. "Je peux toutefois déjà vous dire qu’au 31 août 2014, la consommation effective au titre des surcoûts Opex s’élevait à 743 millions d’euros (680 millions au 31 juillet) et que le surcoût prévisionnel total devrait avoisiner 1,1 milliard d’euros en 2014", a-t-il déclaré.

    Au-delà des 450 millions inscrits dans la loi de finances, "les Opex non budgétées font l’objet d’un financement interministériel" et ne pèsent pas sur le budget de la Défense, a-t-il rappelé. "Ce fut le cas en 2013 et ce le sera a l’avenir", a assuré le ministre.

    En 2013, le surcoût Opex avait été de plus de 1,2 milliard d’euros, mais l’année avait notamment été marquée par le désengagement des forces françaises d’Afghanistan. Il était de 873 millions en 2012 et de 1,24 milliard en 2011, année des opérations en Libye et en Côte d’Ivoire.

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