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Des survivants de l’Holocauste accusent Israël de massacre à Gaza

samedi 6 septembre 2014, par Robert Paris

Des survivants de l’Holocauste accusent Israël de massacre à Gaza

Par Bill Van Auken

Dans une lettre publiée sous forme d’annonce samedi dans le New York Times, plus de 350 survivants et descendants de survivants de l’Holocauste nazi ont publié une condamnation cinglante du « massacre des Palestiniens de la bande de Gaza et de l’occupation et de la colonisation continues de la Palestine. »

La lettre se poursuit en dénonçant le gouvernement des États-Unis qui finance la machine de guerre d’Israël et d’autres pays occidentaux qui couvrent Israël diplomatiquement. La lettre lance la mise en garde que « Le génocide commence lorsque le monde reste silencieux. »

La lettre des survivants de l’Holocauste souligne avec inquiétude les parallèles troublants avec le nazisme qui se manifestent dans la société israélienne, notamment « l’extrême déshumanisation raciste des Palestiniens », les appels ouverts au génocide contre ces derniers lancés par des « politiciens et des experts politiques », et le fait que « les Israéliens de droite adoptent des insignes néonazis. »

La justesse de cette évaluation a rapidement été confirmée sous la forme de messages sur Facebook par des droitistes israéliens disant que les signataires de la déclaration devraient « retourner à Auschwitz » ou « aller mourir dans les chambres à gaz », déplorant que « Hitler n’ait pas fini le travail ».

De façon significative, la déclaration a été rédigée comme un désaveu d’une vile publicité publiée sous le nom d’Elie Wiesel qui a comparé le Hamas, le parti islamiste au pouvoir à Gaza, aux nazis, les accusant de se livrer à « des sacrifices d’enfants » en utilisant des civils comme « boucliers humains ». Ce mensonge est utilisé par l’État d’Israël pour justifier sa tuerie de plus de 2100 Palestiniens, dont 577 enfants, depuis le 7 juillet.

Les signataires de la lettre des survivants de l’Holocauste se sont déclarés « dégoûtés et scandalisés par l’abus de notre histoire » par Wiesel « ...pour justifier l’injustifiable » massacre à Gaza.

Récipiendaire du prix Nobel de la paix en 1986, Wiesel sert de propagandiste semi-officiel des États-Unis, se spécialisant dans l’exploitation de l’Holocauste comme moyen de justifier les crimes contre l’humanité menés par Israël et l’impérialisme américain. Répondant à l’hypocrisie morale de Wiesel qui invoque l’assassinat de masse des Juifs par les nazis pour défendre l’assassinat de masse des Palestiniens par Israël, la lettre conclue en disant que « Plus jamais doit signifier PLUS JAMAIS POUR PERSONNE ! »

La brutalité de la dernière guerre israélienne contre Gaza choque et scandalise les gens de partout dans le monde, y compris de nombreux juifs. L’assassinat aveugle de civils et la destruction massive des maisons, des hôpitaux, des écoles, des mosquées et des infrastructures tels les réseaux d’aqueduc, électriques et d’assainissement donnent l’impression que le régime israélien a perdu la tête.

Ce massacre découle inexorablement de la logique du sionisme et des principes sur lesquels l’État d’Israël a été fondé. Ce n’est en aucun cas une aberration, à la suite d’une série de plusieurs décennies de saignées unilatérales, allant du massacre de Deir Yassim en 1948, aux cycles successifs de massacres à Gaza, en Cisjordanie et au Liban.

Toutefois, la campagne militaire actuelle menée contre les 1,8 million de Palestiniens vivants à Gaza est parmi les plus brutales et elle a été accompagnée par une vague d’hystérie de droite et de chauvinisme qui, parfois, se fait l’écho de la politique du régime nazi même. Cela ne fait que souligner que 66 ans après la fondation de l’État d’Israël, le projet sioniste est dans une impasse, et aucune quantité de bombes, de missiles et d’obus ne peut surmonter ses contradictions insolubles.

Le mouvement sioniste s’est toujours nourri des défaites de la classe ouvrière et du pessimisme engendré par les crimes du système capitaliste. Il a pu développer un mouvement partisan de masse à cause de la Deuxième Guerre mondiale et de l’Holocauste nazi, ainsi que des trahisons de la bureaucratie stalinienne en Union soviétique.

Avant cela, les travailleurs et les intellectuels juifs s’orientaient vers le mouvement ouvrier et la lutte pour le socialisme comme moyen d’éradiquer toute forme d’oppression, y compris l’antisémitisme. Israël a été fondé sur la négation de ce point de vue.

Le nationalisme ethnique et religieux du sionisme et la création de l’État d’Israël ont été justifiés moyennant l’affirmation que l’Holocauste était inévitable et que sa répétition ne pouvait être empêchée que par la création d’un État juif sur la base de la dépossession des Palestiniens. Les atrocités des nazis ont été invoquées comme moyen de défense contre toute critique des crimes contre l’humanité perpétrés par l’État d’Israël qui, tant dans la bande de Gaza qu’au Liban et ailleurs, a employé des tactiques s’apparentant en tous points à celles utilisées lors du siège du ghetto de Varsovie.

Ainsi, la lettre signée par les survivants et les descendants des survivants de l’Holocauste porte-t-elle un coup au cœur même de l’idéologie sioniste. Elle incarne les idéaux universalistes, humanitaires, libéraux et même socialistes, avec lesquels le peuple juif a été identifié pendant des générations – des idéaux qui en ont fait les cibles du nazisme et de la droite politique, et qui provoquent maintenant les protestations de leurs homologues en Israël même. En ce sens, elle est révélatrice d’une profonde crise qui se développe au sein de la société israélienne.

La solution politique offerte par la lettre est un « boycott économique, culturel et académique d’Israël ». Le World Socialist Web Site est en désaccord avec cette approche qui équivaut à un appel moral aux capitalistes des États-Unis et d’Europe à faire pression sur leurs homologues israéliens pour accepter la soi-disant « solution à deux États » – un piège non viable pour les Palestiniens – comme moyen plus durable de défense leurs intérêts et profits.

Dans la mesure où la perpétration des crimes d’Israël serait impossible sans le soutien des États-Unis et des autres grandes puissances, l’appel au boycott soulève une question évidente, à savoir : « Mais pourquoi s’arrêter à Israël ? » En effet, pourquoi pas un boycott des États-Unis, du Royaume-Uni, etc.?

Et plutôt que de prôner un boycott universitaire, les opposants aux crimes actuellement perpétrés dans la bande de Gaza devraient se battre pour qu’il y ait un maximum d’interaction avec les universitaires et les intellectuels israéliens afin de lutter pour développer une opposition de principe à l’État d’Israël.

Plus important encore, il y a une classe ouvrière et une lutte des classes en Israël, l’un des pays les plus socialement polarisés qui soit. C’est vers cette force sociale – la classe ouvrière – que doivent s’orienter ceux qui cherchent à mettre un terme à la guerre sans fin et à la réaction sociale incarnées dans le sionisme.

La seule façon de s’extirper du bourbier sanglant actuel passe par la lutte pour unir les travailleurs juifs et palestiniens en Israël avec l’ensemble de la classe ouvrière arabe de la région, fusionnant du coup la lutte contre le sionisme au courant de la lutte contre l’impérialisme et pour la transformation socialiste de la société à l’échelle mondiale.

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