vendredi 12 septembre 2014, par
Bien sûr, certains vont croire que le but des guerres des grandes puissances occidentales est justement d’éviter que le monde bascule dans de grands conflits guerriers, c’est le mythe bien connu de la guerre pour la paix, de la guerre pour la démocratie, de la guerre pour la liberté qui a été développé durant bien des conflits dont deux guerres mondiales… Mais les puissances en question n’ont pas fait la deuxième guerre mondiale pour lutter contre le fascisme ! Sinon elles n’auraient pas pactisé avec le fascisme… stalinien, elles n’auraient pas laissé au pouvoir, après leur victoire, les dictateurs fascistes du Japon (l’empereur), du Portugal, de l’Espagne, de la Grèce, et un grand nombre de potentats fascistes comme en Autriche ou dans les pays de l’Est. Ils n’auraient pas laissé faire l’extermination des Juifs des camps de la mort pendant toute la guerre. Ils n’auraient pas cherché à pactiser avec Mussolini et avec ses sous fiffres, etc, etc… Quant au bombardement massif des populations civiles des pays vaincus à la fin de la guerre, il a été une action fasciste de premier ordre puisqu’il s’agissait de terroriser la classe ouvrière et de l’écraser pour que dans ces pays la guerre ne se termine pas en révolution sociale… Mais comment croire les buts de guerre des puissances occidentales impérialistes ? Comment croire par exemple la prétention de lutter pour la démocratie quand on voit le régime que ces puissances imposent en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Egypte et en Tunisie, sans parler des pouvoirs qu’ils soutiennent en Afrique, en Arabie saoudite ou en Asie ! Sans parler de la dictature des banquiers et des capitalistes qui règne aux USA ou en Europe et au Japon ! Et que dire des buts de guerre visant à combattre le terrorisme islamique ? Quand on voit que ces mêmes puissances ont soutenu, financé et armé Al Qaïda en Afghanistan, qu’elles soutiennent et arment des bandes armées islamistes en Syrie contre le régime en place, qu’elles en ont soutenu et armé aussi contre Khadaffi, qu’elles soutiennent les régimes des monarchies pétrolières qui financent ces bandes armées comme l’Arabie saoudite et le Qatar ! Comment croire qu’elles sont hostiles aux dictatures qui dominent en Russie et en Chine ? Quand on sait que ce sont les USA qui ont favorisé les régimes en place dans ces deux pays, prétendant qu’ils étaient devenus de vraies démocraties ou, au moins, des régimes accceptant « la liberté du marché » et soutenant désormais « le monde libre » ! Interdit par exemple dans le monde occidental de parler du goulag chinois qui concerne pourtant des millions d’hommes traités en esclaves. Comme il était interdit à la fin de la guerre dans ces démocraties occidentales de critiquer le stalinisme de type fasciste sans être traité de…fasciste et d’ « hitléro-trostskyste » !
Dans le monde entier, les gouvernements bourgeois sont plus que jamais en guerre contre les milieux populaires et, dans le monde entier aussi, on n’a jamais vu autant de pays qui basculent dans des affrontements violents, qui se lancent dans des guerres nouvelles, qui reprennent de guerres qu’ils avaient interompu et il y a un lien entre les deux : la guerre des bourgeoisies contre la classe ouvrière et les milieux populaires et les interventions armées qui se multiplient aux quatre coins du monde (Yémen, Syrie, Irak, Nigeria, Mali, Libye, Somalie, Irak, Palestine, etc, etc…) et dont les peuples sont victimes. Les deux ont une origine commune : la crise du système capitaliste débutée en 2007-2008 et dont le système est bien incapable de sortir. Car il s’agit de bien autre chose que d’une récession, d’une crise classique, conjoncturelle, mais bel et bien d’un chant du cygne du système qui a si longtemps gouverné le monde… Vu de loin, vu des téléviseurs des populations des pays riches, la guerre semble encore lointaine. Elle semble encore localisée. Bien des gens ne voient pas le lien : Gaza n’a rien à voir, disent-ils, avec Donetzk, ni le Yémen avec la Syrie, ou la Libye avec le Nigeria. Bien sûr, c’est une manière de découper les questions. Un peu comme quelqu’un qui dirait que la casse du code du travail n’a rien à voir avec la casse des retraites, ni la casse des services publics avec la hausse du chômage ou encore avec la casse de la sécu et de la santé. Tout ça, diraient-ils, c’est des questions différentes. Et les mêmes prétendraient que la crise en Europe, c’est un problème différent de la crise économique en Ukraine ou de la crise économique en Russie ou en Inde. Il ne faut pas tout globaliser, nous disent-ils. On défend les Palestiniens face au massacre et à l’oppression d’Israël mais cela n’a paraît-il aucun rapport avec l’opposition armée entre la Chine et la Corée du Nord d’un côté et le Japon et la Corée du sud de l’autre. Rien à voir non plus avec l’opposition en Ukraine entre la Russie d’un côté, l’Europe et les USA de l’autre. Bien sûr, les mêmes auraient trouvé que la question des Balkans qui opposait Autriche, Russie et Empire ottoman ne risquait pas d’entraîner toute l’Europe et les USA dans la première guerre mondiale, pas plus que l’occupation par l’Allemagne de l’Est de l’Europe et de l’Autriche n’allait pas entraîner le monde entier dans la guerre. Mais ils se seraient trompés. Parce qu’un autre facteur doit être pris en compte, c’est l’état du système capitaliste. A chaque fois qu’il a commencé tous les conflits locaux en une guerre générale, c’est qu’il était entré dans une crise systémique dont il ne se voyait pas sortir sans de graves conflits de classe, sans des insurrections ouvrières et populaires. Si bien qu’hier, on apprenait que le Yémen basculait dans la guerre, avant-hier qu’une vaste alliance autour des USA lançait une guerre en Irak et en Syrie, que la Libye était devenue ingouvernable et livrée à une guerre civile, que le Nigéria l’était également, que la Somalie ne valait pas mieux, que la guerre continuait au Pakistan sans jamais avoir été déclarée, que l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie étaient devenus ingouvernables, sans parler du Centrafrique, du Mali, du Niger à deux doigts de retomber dans la violence. La guerre progresse dans le monde de manière presque épidémique, aussi vite qu’Ebola et les prétendus efforts de la communauté internationale semblent autant de la poudre aux yeux dans les deux cas. Il semble bien que les pays d’Afrique touchés par Ebola, la Guinée, le Sierra Leone, le Liberia et le Nigeria, et bientôt le Sénégal ou la Côte d’Ivoire, vont devenir aussi ingouvernables, du fait de l’affolement et de la révolte des populations, que les précédents pays en guerre et en guerre civile. On assiste à un basculement impressionnant de la planète dans la violence.
En même temps, les pays riches connaissent des radicalisations vers la xénophobie, vers le racisme, vers le fascisme, comme on le voit avec la police et l’extrême droite aux USA, comme on le voit également en Europe ou encore avec les gouvernements d’extrême droite d’Israël ou du Japon. Là aussi, on peut se dire, voilaà autant de situations différentes qui ne doivent pas être globalisées. Mais est-ce vrai qu’il n’y aurait aucun rapport entre ces diverses situations, qu’elles n’ont pas toutes un rapport avec l’effondrement mondial du système ?
Dans la classe ouvrière, les organisations qui s’en réclament ne poussent nullement à connecter les différentes évolutions globales internationales. Les organisations syndicales par exemple ne veulent déjà pas relier la politique sociale de la bourgeoisie et sa politique internationale. Elles ne veulent même pas relier intervention sociale des travailleurs et intervention politique de classe. Elles ne tiennent pas tellement à défendre des points de vue sur la politique internationale de la bourgeoisie, y compris dans des pays impérialiste, ce qui leur permet de la cautionner de fait en se taisant pour l’essentiel sur leurs crimes. Du coup, s’ils dénoncent telle ou telle situation dans le monde, c’est en se gardant de fonder cela sur une analyse de la situation mondiale. Quand ils se fendent d’une analyse de la crise économique c’est plutôt pour dire que c’est un prétexte bien commode pour obliger les travailleurs à des sacrifices pendant que les patrons s’en mettent plein les poches. Loin de chercher à rendre la classe ouvrière consciente du danger que représente la situation mondiale, les syndicats tiennent à en faire une situation nationale. Loin d’aider les travailleurs à mesurer les enjeux historiques, ils se donnent des enjeux locaux, profession par profession, secteur par secteur. Loin de permettre à la classe ouvrière de montrer sa force face à une classe capitaliste en déconfiture, ils étalent celle-ci, la décomposent en revendications partielles, en luttes partielles, en journées d’action, en fausses offensives suivies d’interruptions puis de nouvelles négociations et enfin de nouveaux reculs sociaux. Le ballet entre syndicats de salariés, syndicats patronaux et gouvernement est répétitif à l’excès : déclarations, protestations, finalement signature de syndicats aux bottes, manifestation et échec. Ils ont des propositions à faire au gouvernement. Ils ont des propositions à faire au patronat. Mais ils n’en n’ont pas à faire aux travailleurs face à la situation mondiale. Ils n’ont pas de programme de rechange face au programme des bourgeoisies capitalistes, face à la vaste entreprise de destruction et de guerre qui se met en place. Ils n’admettent même pas que la bourgeoisie est entrée en guerre car ils n’ont nullement l’intention de mener une telle lutte. Quant à la crise générale du capitalisme mondiale, ils font comme s’ils ne l’avaient pas vue. Ils n’ont rien d’autre à dire que : non à l’austérité ! Mais l’austérité, ce n’est pas la crise du capitalisme ; c’est seulement une politique antisociale d’un gouvernement. Il suffirait d’un bon gouvernement, vraiment de gauche par exemple, pour en changer.
La crise fondamentale du capitalisme, ils ne veulent surtout pas la voir. Parce qu’elle nécessiterait de reconnaître qu’ils sont au pied du mur. Là où il faut soit préparer la révolution, soit préparer son propre enterrement. Même une fois que les patrons ont démontré mille fois qu’ils veulent seulement détruire, ils vont continuer à dialoguer mille fois avec eux. Même une fois que le gouvernement de gauche, qu’ils avaient appelé mille fois de leur vœux, a démontré mille fois qu’il était du côté du patronat, s’est fait acclamer par lui, ce n’est pas pour cela qu’ils vont abandonner leur réformisme fondamental, leur souci du dialogue, leur attitude de proposition, de négociation. Il faut bien qu’ils aient l’air de se fâcher un tout petit peu. On leur demande de cautionner des reculs importants. Il faut bien qu’ils se dandinent en ayant l’air d’avoir mal au derrière ! Il faut bien qu’ils nous promènent périodiquement dans les rues avant de retourner s’asseoir dans des négociations sans fin avec le patronat et le gouvernement. Mais ils se gardent de dire aux travailleurs quels sont les vrais enjeux de cette situation, que ce qu’on leur cache est bien plus important que ce qu’on leur montre : derrière les politiques d’austérité, il y a une situation autrement sérieuse qu’aucune politique bourgeoise, de droite, de gauche ou d’extrême droite ne peut résoudre. Le capitalisme est bel et bien en bout de course. Aucune austérité ni aucune relance ne vont le sauver. Ce n’est pas la France qui est ne faillite. Ce n’est pas l’Europe. C’est le capitalisme. C’est mondial. C’est historique. C’est cela qui mène à la guerre mondiale. C’est cela qui mène aux affrontements violents, au fascisme, à la dictature.
Il ne s’agit pas de s’affoler. Il ne s’agit pas de se jeter dans les bras d’une extrême droite tout aussi attachée au capitalisme que la droite ou la gauche et tout aussi hostile à la classe ouvrière. Il s’agit maintenant que la classe ouvrière offre une alternative, s’affirme comme une classe qui vise le pouvoir politique, économique, social, qui offre un autre choix que celui de s’enfoncer dans la misère et la dictature qui ne peuvent que résulter de l’effondrement capitaliste, masqué avec peine par les cadeaux de milliers de milliards de fonds publics aux capitalistes. Il s’agit que le prolétariat affiche son indépendance politique vis-à-vis des buts de sa bourgeoisie, de son gouvernement, de son Etat, de sa nation. Il s’agit que la classe ouvrière mette en place des formes nouvelles d’organisation, lui permettant de débattre en permanence en son propre sein, débattre à la fois de la situation inédite et des solutions pour y faire face. Il s’agit que chaque réunion qu’organise la classe ouvrière, que chaque lutte que mène la classe ouvrière implante le programme social du prolétariat, le programme d’avenir qui s’adresse non seulement aux travailleurs mais à toutes les couches sociales qui sont et vont être frappées.
Il s’agit que la classe ouvrière déclare haut et fort : les guerres que mène l’Etat en notre nom ne sont pas nos guerres. Qu’elle affirme : les politiques soi-disant pour sauver l’économie ne sont pas nos mesures, ne visent pas à sauver notre société mais la société capitaliste. Si le capitalisme est incapable de continuer à fonctionner, s’il doit ponctionner toujours plus les fonds sociaux, sans pour autant offrir à nouveau des emplois, qu’il meurt, nous ne mourrons pas avec ! Nous ne voulons pas sauver les banques ! Nous ne voulons pas sauver les financiers ! Nous ne voulons pas sauver les trusts ! Nous ne voulons pas soutenir les guerres aux quatre coins du monde que ces Etats en faillite trouvent encore les moyens de mener, soi-disant pour lutter contre les dictatures, soi-disant pour lutter contre les terrorismes, soi-disant pour libérer les peuples ! Nous ne voulons pas revivre la première guerre mondiale que l’on nous sert dans les média comme pour nous remettre dans le bain. Nous ne voulons pas une nouvelle fois être envoyés pour mourir face à nos frères des pays voisins ! Cette société n’est pas la nôtre et nous n’allons pas donner notre peau pour la sauver ! Le capitalisme, bien des travailleurs s’y sont accoutumés tant qu’on pouvait y vivre à peu près correctement dans les pays riches. Mais, pour autant, ce n’est pas notre société, ce n’est pas notre démocratie, ce n’est pas notre avenir qui y est attaché. Nous avons un tout autre avenir à proposer et à défendre. C’est le moment de s’en souvenir au lieu de rechercher dans des équipes politiciennes bourgeoises ce qu’elles ne peuvent pas nous offrir, qu’elles soient de gauche, de droite, du centre, des verts, d’extrême droite… Si les hommes politiques nous dégouttent, cessons de nous occuper de leur agitation.
La politique, faisons-la nous-mêmes en constituant nos propres comités de travailleurs, en y débattant de politique. Les syndicats ont trop longtemps prétendu que nos luttes sociales ne devaient pas être politiques. C’est faux. Ils ont affirmé que les revendications économiques devaient être dissociées des questions politiques. C’est faux. Du coup, ils ne donnent aucune réponse politique à la situation : à la crise, à la montée de la guerre, à la montée du fascisme. Nous, travailleurs, que nous soyons ou pas syndicalistes, nous devons être indépendants de ces appareils syndicaux qui sont trop liés à la société bourgeoise, à son Etat, à ses institutions pour penser même de manière indépendante de la société bourgeoise, de ses lois, de son ordre social.
Or, c’est justement tout cela qu’il faut repenser, qu’il faut remettre en question, qu’il faut renverser. Il faut affirmer haut et fort : toutes les guerres que mène l’Etat en notre nom sont des guerres contre nous, travailleurs ! Toutes ces guerres locales qui s’étendent préparent la guerre mondiale.Toutes préparent une situation où les armées seront le seul pouvoir, où la grève sera bannie, où le droit syndical sera banni, où la démocratie sera bannie.
Ainsi, à chaque fois qu’ils entrent en guerre dans le monde, les Etats augmentent l’attirail de lois répressives intérieures qui les autorisent à emprisonner sans jugement, à interdire de manifester, à réprimer, à arrêter des militants, à empêcher la diffusion d’informations, toujours au nom de la sécurité nationale, toujours du fait de la mobilisation pour la guerre. Chaque guerre nouvelle que mènent ces Etats aggrave un peu plus cet attirail répressif et vise à plonger petit à petit le monde dans l’ambiance de la mobilisation générale. N’oublions jamais qu’Etat en guerre est toujours une dictature. L’Etat français, dans la première guerre mondiale par exemple, faisait fusiller les soldats qui refusaient de partir au front se faire massacrer et arrêter les militants ouvriers qui dénonçaient la guerre… Un jour, on ne nous dira plus qu’on entre en guerre au Mali, en Côte d’Ivoire, en Libye, en Syrie, en Irak. On ne nous dira plus que l’armée de métier va faire le boulot. On dira que c’est la mobilisation générale. On nous dira que l’on entre en guerre pour sauver les Ukrainiens contre la Russie ou pour sauver les Coréens contre la Chine. Et ce sera la troisième guerre mondiale. La raison fondamentale, c’est bien sûr la concurrence que se livrent ces grandes puissances, ce n’est pas l’opposition entre les anciennes puissances comme les USA, la France, l’Angleterre, le Japon et les nouvelles puissances comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud). Mais, plus fondamentalement, la raison de ce basculement vers la violence de masse de toute la société capitaliste, c’est la nécessité pour un capitalisme aux abois de s’attaquer à la classe ouvrière, de s’attaquer aux peuples travailleurs du monde, pour empêcher ceux-ci de contester l’ordre social, pour empêcher la révolution sociale de renverser le pouvoir des capitalistes. La guerre de la bourgeoisie, c’est toujours d’abord et avant tout une guerre contre la classe ouvrière !
Nous entrons dans une phase historique pour l’humanité, dans une période où seront à l’ordre du jour les révolutions comme les contre-révolutions, les insurrections comme les fascismes et les guerres.
Cela ne doit pas nous affoler devant l’ampleur de la tâche et la petitesse des moyens. Certes, à peu près tout nous fait défaut pour faire face à cette situation nouvelle. Mais, ne l’oublions pas, c’est la classe capitaliste qui est historiquement aux abois. C’est elle qui s’affole et voudrait, pour se sauver, nous affoler aussi. C’est le fonctionnement capitaliste qui ne marche plus, au point que, juste pour tenir quelques années, il a besoin de ponctionner sans cesse plus les fonds publics, les Etats et les banques centrales.
Ce sont les capitalistes qui ne veulent plus investir. C’est eux qui n’ont plus confiance dans l’investissement productif. C’est eux qui scient la branche sur laquelle ils étaient assis. La société qui s’effondre, c’est leur société. Cela n’a jamais été la nôtre. Ce n’est pas notre démocratie non plus. Ce n’est pas nos institutions. Ce n’est pas notre Etat. Ce n’est pas notre nation. Notre avenir, c’est notre classe, celle des travailleurs, qui ne vivent que de leur travail, qui n’exploitent personne, qui ne font de guerre à personne, qui n’ont pas besoin qu’on bombarde le peuple libyen, le peuple ivoirien, le peuple malien, le peuple irakien, qui n’ont pas besoin qu’on assiste les banques, les trusts, les bourses à coups de milliers de milliards, qui n’ont pas besoin qu’on sauve le système capitaliste, la propriété privée des moyens de production et des capitaux, qui ne veulent pas qu’on jette à nouveau la planète dans une boucherie générale comme en 1914 et en 1939 parce que le capitalisme a fait son temps, qu’il doit céder la place et qu’il va tout tenter pour ne pas le faire.
Notre avenir, c’est la défense de notre vie sociale à nous, de nos salaires, de nos retraites, de nos emplois, de notre santé, de nos services publics, de nos logements, de notre eau, de notre gaz, de nos transports, de notre éducation. Le capitalisme ne les assure plus ? Qu’il cède la place ! Les gouvernements bourgeois ne les assurent plus. Que la classe ouvrière gouverne elle-même ! Ce n’est pas l’équipe gouvernementale qu’il faut changer : c’est la classe qui tient entre ses mains les destinées du monde ! Défendre le Travail, ce n’est pas demander au Capital de continuer à assurer l’exploitation quand il n’en est plus capable, ce n’est pas non plus le demander à l’Etat bourgeois au service du Capital, c’est, au contraire, libérer le travail de tout asujettissement au Capital et supprimer toute mainmise du Capital sur l’Etat !
Et en dépend non seulement la paix mondiale mais aussi la vie des hommes, des femmes et des enfants menacés par de nouvelles guerres, par des nouveaux fascismes, des nouveaux génocides comme lors des guerres mondiales capitalistes précédentes. Nous sommes trop peu nombreux à penser ainsi ? Nous allons être isolés si nous expliquons cela ? Nous serons pris pour des oiseaux de mauvais augure ?
Non ! Les événements nous donneront raison. Nous dirons la vérité. Nous n’aurons pas à suivre les mensonges de ceux qui nous gouvernent et font tourner les têtes comme des girouettes pour mieux déboussoler les peuples ! Nous aurons une perspective, un avenir à défendre ! Il n’y a pas d’autre avenir que celui de la classe ouvrière décidant de se gouverner elle-même par ses comités pour se préparer à gouverner le monde par l’Etat de ces comités ouvriers et botter ainsi le derrière de tous ses ennemis, les capitalistes et les Etats à leur service ! Il n’y aura de paix que si nous désarmons ces Etats de tueurs, que si nous nous fédérons avec d’autres Etats ouvriers ! Il n’y aura de mesures sociales que celles que nous prendrons, une fois que la classe ouvrière sera au pouvoir. Il ne s’agit pas d’attendre le grand jour. Il faut que chaque situation politique de crise le prépare. Il faut que chaque lutte sociale ou politique le prépare. Il faut que chaque grève le prépare. Il faut que chaque discussion avec nos camarades de travail, avec nos amis, avec nos voisins le prépare. Calmement, tranquillement, par la discussion, sans grandes proclamations, il faut diffuser des vérités qui sont cachées et dévoiler les mensonges officiels.
Les événements mondiaux nous offriront des occasions pour défendre nos idées. Les prochains craquements de la crise économique mondiale se chargeront des dernières croyances dans le système d’exploitation. Les prochaines crises politiques se chargeront d’enlever les illusions restantes dans les équipes politiciennes. La croissance des affrontements mondiaux se chargera de montrer l’importance des enjeux et l’impossibilité de rester passifs devant la montée vers la catastrophe.
Les classes dirigeantes savent tout cela et elles savent que le gouffre est devant elles. Les travailleurs ignorent certes leur force. Ils ne se sont pas encore emparés de leur programme. C’est au cours des luttes et des événements de demain que tout cela pourra se faire. Ni affolement, ni découragement. Nous, travailleurs, n’avons pas encore montré nos capacités mais cela ne veut pas dire que nous soyons abattus ni d’avance battus. C’est la société capitaliste qui n’a plus d’avenir. L’avenir des travailleurs est devant nous !
Tout est fait et sera fait pour nous faire croire que la fin du monde capitaliste est la fin du monde, de toute société humaine mais cela est faux. La transformation initiée par la Commune de Paris de 1871 et par la révolution d’Octobre 1917 doit être appliquée à l’échelle planétaire : la libération du travail de la mainmise du capital, la fin de la propriété privée des moyens de production et de commercialisation ainsi que des capitaux et leur remise à la collectivité organisée en comités, conseils, collectifs, coordinations et soviets. La fin du capitalisme n’est que la fin des sociétés fondées sur l’exploitation de l’homme par l’homme et peut être soit le début d’une barbarie encore pire, si la révolution ne nous débarrasse pas des Etats défendant les armes à la main l’exploitation, soit le début de la libération de l’humanité si les travailleurs reprennent le flambeau de leurs frères de 1871 et 1917. Malgré tous les discours pessimistes sur les capacités révolutionnaires du prolétariat moderne, l’avenir est à nous ! Aujourd’hui, le prolétariat est la principale classe sociale de toute la société et dans le monde entier et la bourgeoisie subit la pire crise de son histoire. Dans les mois et années qui viennent, toutes les économies et tous les pouvoirs vont être gravement déstabilisés. La bourgeoisie et son Etat vont subir des coups réels de grande ampleur et une perte de confiance non seulement du côté de la classe ouvrière mais aussi de la part de ses alliés potentiels, la jeunesse, les femmes, les milieux populaires, les petits-bourgeois, les peuples opprimés, eux aussi durement frappés. La classe capitaliste n’a plus de perspective et la classe ouvrière débute à peine à développer les siens. Cherchez de quel côté doit aller la confiance !
Bien des travailleurs nous disent : comment voulez-vous que nous soyons capables de gouverner puisque même des spécialistes de l’économie, de la sociologie, de la politique, formés dans les grandes écoles ont autant de mal à gouverner ? Comment voulez-vous que le gouvernement des travailleurs par eux-mêmes soit capable de répondre aux questions du monde moderne ? Comment voulez-vous qu’il soit capable de se défendre vues les énormes forces militaires des Etats les plus puissants ? Comment saurons-nous, travailleurs, faire face à la crise économique mondiale si les capitalistes eux-mêmes sont incapables de s’en sortir ? Comment gérerons-nous les relations économiques, dans un pays comme en Europe ou dans le monde ? Comment gérerons-nous le pouvoir afin de s’assurer qu’il ne devienne ni dictatorial ni bureaucratique et ne revienne pas vers d’anciennes classes dominantes ? etc, etc… Mais justement, voilà des questions qui devraient se poser dans des assemblées ouvrières, requérir au sein de ces assemblées toutes les compétences des travailleurs, des ouvriers, des techniciens, des ingénieurs. La classe ouvrière produit toutes les armes de la planète et elle les connaît mieux que les politiciens interchangeables et incompétents. La classe ouvrière travaille dans tous les réseaux économiques, productifs, comme commerciaux, bancaires et financiers de la société capitaliste. Collectivement, elle en connaît tous les rouages.
Mais ce qui lui fait défaut, c’est de mettre en commun ses compétences et ses réponses politiques et sociales. C’est la tâche du moment…