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Compter sur la conscience de classe, n’est-ce pas contraire au matérialisme ?

lundi 22 septembre 2014, par Robert Paris

« Ce n’est pas la conscience qui détermine l’existence mais l’existence sociale qui détermine la conscience »

(Marx et Engels, L’idéologie allemande)

Compter sur la conscience de classe, n’est-ce pas contraire au matérialisme ?

Un camarade, travailleur communiste et révolutionnaire, nous dit : « Ai-je besoin de toute cette science, de toute cette économie, de toute cette philosophie pour savoir que je vais devoir mettre à genoux le patron, puis le mettre à plat ventre, pour finalement le battre définitivement et balayer les patrons ? Ai-je besoin d’analyses compliquées et hasardeuses sur la crise finale du capitalisme ? Ai-je besoin de considérations compliquées sur la dialectique ou sur les sciences ? J’ai surtout besoin de savoir comment faire pour mener la lutte ouvrière pour faire plier le patron, pour le mettre à genou, puis pour le battre définitivement. J’ai juste besoin de développer la conscience de classe, celle des intérêts des travailleurs et de la manière de s’organiser pour y parvenir, celle du parti. Je n’ai pas besoin de grands développements théoriques, scientifiques ou philosophiques. »

La question posée ainsi ne lui est pas si particulière. Elle est fréquente chez bien des défenseurs d’un certain pragmatisme, d’une distance avec le travail théorique, pour ne pas dire d’un opportunisme, même si elle a un air radical, puisqu’elle prétend rompre avec la conscience insuffisante actuelle du prolétariat…

Mais trop de militants et de groupes nous ont démontré qu’en partant de cette conscience soi-disant insuffisante, ils arrivaient seulement à justifier soit de se retirer de l’arène pour se contenter de l’étude savante, soit ils prétendaient que l’activité pratique nécessitait de réduire la voilure et de ne plus défendre l’intégralité du programme, des perspectives et du programme, sous le prétexte que le prolétariat n’en était pas là. On passait ainsi de la critique radicale de la conscience collective à l’adaptation à cette situation transitoire…

Etre conscient n’est pas séparable de la situation objective dont il convient d’être conscient et la conscience de classe n’est pas séparable d’une compréhension de la situation des classes en lutte. La conscience ouvrière n’est pas seulement la conscience d’intérêts particuliers des travailleurs, des prolétaires, mais de leur rôle politique et social par rapport aux autres classes ou couches sociales, non seulement par rapport aux patrons des trusts et des banques, mais par rapport aussi à la petite bourgeoisie, aux autres milieux populaires, aux jeunes, aux chômeurs, aux femmes, aux petits paysans, au reste du monde… C’est aussi la conscience d’un rôle historique qui dépasse la situation immédiate ou locale. C’est une conscience internationale…

Une conception de la conscience séparée des expériences réelles, des analyses des situations économiques, sociales et politiques du passé, refusant une analyse théorique, historique et philosophique, ne serait qu’une conception idéaliste, inefficace pour agir réellement sur le monde, même si elle se cache derrière un prétendu réalisme, un pragmatisme dans lequel Marx, Lénine et Trotsky ne sont jamais tombés.

Dire que ce qui fait le plus défaut est la conscience de classe, si on ne relie pas cela avec la réalité de l’histoire de la lutte des classes, peut être en rupture avec le matérialisme. Ce dernier affirme que ce qui prime, c’est la réalité, la conscience ne venant qu’en second, comme un reflet plus ou moins déformé de la réalité, qu’elle soit physique, physiologique, sociale ou politique. Cela s’oppose à l’idéalisme philosophique selon lequel c’est notre pensée qui crée la réalité…

Cela peut également être en rupture avec la conception dialectique. C’est dans les moments où la conscience de classe était au plus bas que les travailleurs ont lancé des offensives historiques. La Commune de Paris de 1871 en pleine guerre entre France et Allemagne, la révolution russe de 1905 en pleine guerre entre Russie et Japon, la révolution russe de 1917 et les révolutions en Allemagne, Italie, Hongrie, Finlande en pleine guerre mondiale… La révolution ouvrière n’a jamais été un développement linéaire découlant de manière continue du développement des grèves… Ce sont les réformistes qui présentaient les choses ainsi : une progression continue de la force politique de leurs partis et de leurs syndicats d’où découlerait directement l’entrée dans le socialisme.

Parler du manque de conscience de classe peut cacher les problèmes que pose la situation et qui ne manqueront pas de se poser aux travailleurs… Il n’y a pas de conscience en soi, de conscience immanente. Et d’ailleurs, il n’y en a jamais eu dans le passé. Opposer la conscience actuelle à celle du passé, c’est effacer les hauts et les bas actuels comme les hauts et les bas du passé… Idéaliser le passé n’est nullement un moyen de combattre les manques actuels… Combattre les défauts de la conscience, c’est développer la compréhension de la situation et détruire les fausses images de celle-ci.

Est-ce que ce qui va déterminer l’avenir du monde serait la conscience, indépendamment de la situation objective des classes et d’abord l’état économique du capitalisme ? Est-ce que la conscience collective des travailleurs peut être durablement déconnectée de l’état du système ? Est-ce que la « chute du mur de Berlin », assimilée à la chute du communisme peut suffire à camoufler la prise de conscience de ce que représente la « chute du mur de Wall Street » en 2007-2008 ? Est-ce que la crise historique du capitalisme peut durablement être camouflée par les mesures des Etats et des banques centrales ? Est-ce que l’incapacité du système à se tirer d’affaire peut continuer éternellement à être camouflé aux yeux des travailleurs ?

Mais d’abord qu’est-ce que la conscience communiste de classe ? Est-ce seulement l’idée que les travailleurs doivent s’unir ? Est-ce seulement celle que les travailleurs ont des intérêts politiques qu’ils doivent défendre en s’organisant de manière indépendante ? Est-ce seulement l’idée qu’ils ont des intérêts diamétralement opposés à ceux de la classe capitaliste qui les exploite ? Non, il y a un fossé entre la conscience de classe, au sens syndicaliste, au sens social-démocrate, au sens réformiste et la conscience de classe révolutionnaire et communiste.

Il y a un fossé entre l’idée de s’unir dans des grèves pour des objectifs immédiats et l’idée de la nécessité de détruire l’Etat bourgeois, l’idée de construire un pouvoir aux travailleurs, l’idée de faire cela à l’échelle du monde en détruisant la domination mondiale de la bourgeoisie et l’idée de la nécessité de supprimer la propriété privée des moyens de production. Et c’est cela la conscience de classe communiste et révolutionnaire…

Ce n’est pas seulement l’idée d’une lutte gréviste ou réformiste. C’est l’idée que l’Histoire a des lois, qu’elle connaît des situations objectivement révolutionnaires, qui ne sont pas seulement des situations où les travailleurs et les opprimés en ont assez, mais des situations où les classes dirigeantes ne sont plus capables, pour des raisons économiques, sociales et politiques, et pas essentiellement du fait de la conscience des prolétaires. La racine des situations révolutionnaires, la racine également de la nécessité d’en finir avec la propriété privée des moyens de production, n’est pas dans la tête des exploités mais dans la réalité objective.

La conscience de classe, ce n’est pas seulement un projet politique et social qui serait, ou pas, dans la tête des exploités. C’est la conscience (ou pas) d’une situation réelle, fondée sur des causes objectives, que ce soit une situation ancienne ou actuelle.

La conscience de classe n’est pas seulement fondée sur l’expérience quotidienne mais aussi sur la connaissance des lois de la société humaine, des lois de l’Histoire, des lois de la lutte des classes. La conscience révolutionnaire communiste ne peut pas être entièrement spontanée. Elle doit s’appuyer sur la science, sur la connaissance historique, sur des conceptions philosophiques indispensables pour comprendre le mode de changement radical du monde…

Une véritable conscience nécessite de dépasser les problèmes de l’heure et les capacités du moment et de se plonger, dans le passé ou dans l’avenir, dans l’imagination, dans des situations plus critiques dans lesquelles les prolétaires pourront être infiniment plus radicaux et plus déterminants sur la suite des événements. L’imaginaire, lui aussi, fait partie de la conscience de classe et c’est même la partie qui fait le plus défaut car les classes dirigeantes se sont débrouillées pour présenter un monde humain… sans avenir !

Une conscience de classe, ouvrière, internationaliste et communiste fait défaut, après les trahisons social-démocrate, syndicale et stalinienne. La social-démocratie est plus que jamais du côté de l’ordre bourgeois et contribue à diffuser l’idée que ce serait un horizon indépassable. La participation du stalinisme à sa propre chute, l’abandon de toute idée de dictature du prolétariat, la participation au pouvoir bourgeois, le nationalisme outrancier des ex-staliniens, tout concourt à l’idée que le communisme n’aurait pas d’avenir. La thèse dominante, aussi bien de la part des organisations ouvertement pro-patronale que de la part de celles qui se revendiquent des travailleurs, est celle diffusée par les centrales syndicales dans la classe ouvrière : le dialogue social, l’entente des classes, l’intérêt de l’entreprise, l’intérêt du pays, l’intérêt de la corporation, l’intérêt de l’économie qui sont bien entendu les mêmes que l’intérêt du système capitaliste. Les luttes sont saucissonnées depuis des décennies, au point que très peu de travailleurs s’interrogent sur le fait de se battre entreprise par entreprise, site par site, secteur d’activité par secteur d’activité. L’individualisme est développé à l’extrême dans l’entreprise, le salarié se retrouvant seul devant son cadre chargé de l’auditionner et de le juger régulièrement. Le salarié est seul face à des attaques collectives comme les licenciements et les fermetures d’entreprise. En même temps, le crédit des syndicats et des partis de gauche est plus bas que jamais dans la classe ouvrière. Des militants ouvriers dans la classe ouvrière, il y en a moins que jamais. Et moins que jamais des militants qui se revendiquent d’un pouvoir aux travailleurs, qui se revendiquent de la révolution sociale, qui se revendiquent de l’internationalisme et encore moins qui appliquent dans leur politique une telle revendication…

Cela ne veut pas dire que cette perspective soit moins que jamais à l’ordre du jour…

Quand la classe ouvrière russe a remis la révolution communiste à l’ordre du jour, elle-même était dans un état pitoyable, ses groupes révolutionnaires et même syndicalistes au plus bas, en pleine boucherie mondiale, croyant moins que jamais en un avenir du socialisme, au point que Lénine lui-même écrivait qu’il ne verrait sans doute pas le socialisme de son vivant et que, peut-être, il faudrait deux générations d’êtres humains avant qu’on voie le socialisme… Ce qui a rapproché les délais, c’est la crise du système mondial. C’est le niveau de la crise des classes dirigeantes qui détermine la croissance de la révolution et qui change de manière brutale et étonnante les consciences. C’est l’incapacité des classes dirigeantes à continuer à gouverner qui est le facteur déterminant des révolutions et c’est la révolution qui produit la conscience.

Marx avait déjà relevé ce point dans ses écrits.

Il remarquait ainsi dans « L’Idéologie allemande » :

« Voici les résultats qui découlent, entre autres, de la conception de l’histoire, telle que nous l’avons développée : 1- A un certain degré de développement des forces productives, surgissent des forces de production et des moyens de communication tels que, dans les conditions existantes, ils ne font que provoquer des catastrophe. Ce ne sont plus alors des forces de production mais des forces de destruction (la machine et l’argent)… Par voie de conséquence, on voit apparaître une classe qui doit supporter toutes les charges de la société sans jouir de ses avantages, une classe qui, rejetée de la société, est reléguée dans l’opposition la plus radicale à toutes les autres classes ; une classe qui rassemble la majorité des membres de la société et dont émane la conscience de la nécessité d’une révolution fondamentale, autrement dit la conscience communiste… Pour créer cette conscience communiste parmi les masses comme pour faire triompher la cause elle-même, il faut une transformation en masse des hommes, qui ne peut se produire que dans un mouvement politique, qui ne peut se produire que dans un mouvement pratique, dans la révolution. La révolution est nécessaire non seulement parce qu’il n’est pas possible de renverser par une autre moyen la classe dominante, mais encore parce que c’est seulement dans une révolution que la classe destructrice peut réussir à se débarrasser de toute la vieille ordure et à devenir ainsi capable de donner à la société de nouveaux fondements… Dans l’activité révolutionnaire, l’homme se transforme lui-même en transformant les conditions sociales. »

Il précise dans la « Sainte famille » :

« Comme les autoéaliénations pratiques de la masse existent le monde réel de façon sensible, elle doit les combattre également de façon sensible. Elle ne doit pas considérer ces produits de son autoaliénation comme des fantasmagories idéales, comme de simples aliénations de sa conscience ; elle ne doit pas se contenter de vouloir anéantir l’aliénation matérielle par une action purement intérieure et spirituelle. Déjà, en 1789, la revue de Loustalot portait en exergue : « Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous ! » Mais pour se lever, il ne suffit pas de se lever en esprit et de laisser planer au-dessus de sa tête réelle et sensible le joug réel et sensible, qui ne se laisse pas exorciser par de simples idée. »

Marx considérait tellement les « conditions économiques objectives » comme déterminantes qu’il pouvait écrire dans Le Capital Tome III, chapire XV :
« Le crédit public et le crédit privé sont le thermomètre économique permettant de mesurer l’intensité d’une révolution. Dans la mesure où ils diminuent, l’ardeur embrasante et la force créatrice de la Révolution montent. »

Et dans « Introduction à une critique de la philosophie du droit de Hegel » :

« L’arme de la critique ne saurait remplacer la critique par les armes, la force matérielle doit être renversée par la force matérielle. Mais la théorie se change, elle aussi, en force matérielle, dès qu’elle saisit les masses. La théorie est capable de saisir les masses lorsqu’elle argumente ad hominem, et elle argumente ad hominem lorsqu’elle devient radicale. Etre radicale, c’est saisir les choses à leur racine… Les révolutions ont besoin d’un élément passif, d’une base matérielle. La théorie ne se réalise dans un peuple que dans la mesure où elle est la réalisation de ses besoins… De même que la philosophie trouve dans le prolétariat ses armes matérielles, de même le prolétariat trouve dans la philosophe ses armes spirituelles… Le prolétariat ne peut se libérer ans la réalisation de la philosophie. »

Eh oui, le prolétariat communiste et révolutionnaire, le prolétariat conscient de son rôle historique, de sa position dans les relations de classe, est d’abord et avant tout le produit… des révolutions et les meilleures avant-gardes communistes et révolutionnaires doivent surtout avoir le mérite d’être restées vraiment communistes et révolutionnaires quand le prolétariat ne l’était pas et non se cacher derrière les défauts réels ou prétendus de la classe révolutionnaire pour reculer sur ces principes et justifier un réformisme pratique en prétendant ne pas se couper des masses…

Même quand les travailleurs acceptent sans broncher la thèse selon laquelle il faut sauver l’entreprise, sauver le pays, sauver les banques, sauver le système capitaliste, se sauver face aux terrorismes, et autres balivernes, les révolutionnaires doivent patiemment et systématiquement proposer les analyses et les perspectives des révolutionnaires, semant ainsi les graines du futur.

Même quand le prolétariat ne semble porteur ni de la révolution, ni du socialisme, ni du communisme, et pas même de la lutte de classe quotidienne pour se défendre face aux licenciements et autres attaques, les facteurs qui vont le rendre demain révolutionnaire peuvent être à l’œuvre et d’abord la crise de la domination des classes bourgeoises et son fondement économique…

Aux militants révolutionnaires de ne pas tomber dans les deux travers propres à ce type de situation : d’un côté, le risque de se couper des préoccupations des travailleurs et de l’intervention en leur sein, en devenant un groupe de « penseurs » en chambre, et, de l’autre, le risque de l’opportunisme au nom du pragmatisme, qui consiste à s’adapter à l’état de la classe ouvrière et de ce qu’on estime être ses limites actuelles et qui ne sont que les limites conjoncturelles et locales… Sectarisme et réformisme menacent les révolutionnaires mais, à ceux qui veulent continuer à défendre et à étudier réellement la perspective communiste du monde, l’avenir est à eux….

Faire avancer la conscience collective de classe, c’est s’adresser à l’ensemble des travailleurs en leur disant la vérité sur ce que nous sommes capables de comprendre de la situation, sans faire de calculs tactiques à l’égard des travailleurs, ou à l’égard de la fraction militante. Inutile de cacher quoique ce soit de ce que nous sommes capables d’analyser. Nous ne pouvons pas nous élever sur la base de l’ignorance de la situation objective. Une classe consciente est une classe qui a les yeux ouverts sur le monde, sur l’état du capitalisme, sur les rapports de force mondiaux, sur les relations avec les autres classes et couches sociales. Cette conscience peut momentanément être incarnée dans une infime minorité mais elle n’existe pas pour rester à l’intérieur de cette minorité. Elle doit être diffusée dans les masses les plus larges possibles. Ce ne sont pas ces minorités qui créeront la situation de crise dans laquelle les masses pourront s’emparer de ces idées mais ce n’est pas non plus la situation à elle seule qui pourra produire spontanément ces idées. Pour la révolution prolétarienne, il faudra la rencontre des masses révolutionnaires et des idées révolutionnaires…

Karl Marx dans « l’Idéologie allemande » :

« La production des idées, des représentations et de la conscience, est d’abord directement et intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes : elle est le langage de la vie réelle. »

« Les idées ne sont rien d’autre que les choses matérielles transposées et traduites dans la tête des hommes. »

Marx dans « Thèses sur Feuerbach » :


« Le principal défaut, jusqu’ici, du matérialisme de tous les philosophes – y compris celui de Feuerbach est que l’objet, la réalité, le monde sensible n’y sont saisis que sous la forme d’objet ou d’intuition, mais non en tant qu’activité humaine concrète, en tant que pratique, de façon non subjective. C’est ce qui explique pourquoi l’aspect actif fut développé par l’idéalisme, en opposition au matérialisme, — mais seulement abstraitement, car l’idéalisme ne connaît naturellement pas l’activité réelle, concrète, comme telle. »

Engels dans « Ludwig Feuerbach » :

« La grande question fondamentale de toute philosophie, et spécialement de la philosophie moderne, est celle ... du rapport de la pensée à l’être, de l’esprit à la nature... la question de savoir quel est l’élément primordial, l’esprit ou la nature... Selon qu’ils répondaient de telle ou telle façon à cette question, les philosophes se divisaient en deux grands camps. Ceux qui affirmaient le caractère primordial de l’esprit par rapport à la nature, et qui admettaient, par conséquent, en dernière instance, une création du monde de quelque espèce que ce fût... formaient le camp de l’idéalisme. »

Messages

  • Refuser d’étudier la société actuelle du point de vue du programme révolutionnaire, ou d’en diffuser publiquement les analyses, sous le prétexte que la révolution n’est pas encore prête dans les consciences et dans l’action est absurde car c’est comme de refuser de planter parce que la plante ne pousserait pas tout de suite. Mais si on ne plante pas maintenant, elle ne poussera jamais ! C’est au cours de la révolution elle-même que les masses acquièreront une conscience révolutionnaire, et pas avant, et elles ne pourront pas le faire si les révolutionnaires ont abandonné, avant, la défense de cette perspective sous prétexte de ne pas affoler les masses. Même avant le moment de la maturité révolutionnaire, les militants révolutionnaires doivent préparer les masses aux tâches qui vont venir…

    « Pour produire massivement cette conscience communiste aussi bien que pour faire triompher la cause elle-même, il faut transformer massivement les hommes, transformation qui ne peut s’accomplir que dans un mouvement pratique, dans une révolution. La révolution est donc nécessaire, non seulement parce qu’il est impossible de renverser autrement la classe dominante, mais encore parce que seule une révolution permet à la classe qui renverse de balayer la vieille saleté, et de devenir capable de fonder la société sur des bases nouvelles. »

    Karl Marx, Idéologie Allemande

  • Tout le problème des militants révolutionnaires marxistes est justement de passer d’une conscience syndicaliste défensive et même corporatiste à une conscience historique, d’une classe qui défend "des acquis" à une classe qui défend un avenir de la société humaine dans laquelle elle voit son rôle dirigeant...

  • Léon Trotsky écrivait le 31 octobre 1914 :

    Nous, marxistes révolutionnaires, n’avons aucune raison de perdre espoir. L’époque dans laquelle nous entrons sera notre époque. Le Marxisme n’est pas vaincu. Au contraire : si le grondement de l’artillerie sur tous les champs de bataille européens signifie la faillite des organisations historiques du prolétariat, il proclame la victoire théorique du Marxisme. Que reste-t-il à présent du développement « pacifique », de l’effondrement des contradictions capitalistes, de l’accroissement mesuré et progressif du Socialisme ? Les réformistes, qui espéraient « arriver » en faisant collaborer la Social-démocratie avec les Partis bourgeois, en sont réduits à souhaiter une victoire des armées nationales. Ils comptent sur les castes dirigeantes pour exaucer les vœux des prolétaires en récompense de leur patriotisme. Cette conception serait complètement « imbécile », si elle ne dissimulait pas un espoir beaucoup moins « idéaliste « : la victoire apporterait à la bourgeoisie de la nation victorieuse une base plus large d’enrichissement au détriment des autres bourgeoisies vaincues et permettrait un partage des « dépouilles » avec le prolétariat de cette nation au détriment des autres prolétaires. Le Réformisme socialiste s’est métamorphosé en Socialisme impérialiste.

    Sous nos yeux, se produit la liquidation désastreuse de tout espoir en un meilleur bien-être du prolétariat mondial. Pour sortir de leur impasse, les réformistes cherchent, en contradiction avec leur doctrine, la force, non chez les travailleurs, mais chez les classes dirigeantes.

    Après 1848, la bourgeoisie allemande renonça aux méthodes révolutionnaires. Elle confia aux féodaux le soin de régler la question de son développement par la solution guerrière. Le processus général du demi-siècle dernier a placé le prolétariat devant le problème de la Révolution. S’en détournant, les réformistes durent accepter les restes du Libéralisme bourgeois : ils laissent le soin aux féodaux de régler le problème que pose le prolétariat par la solution de la guerre. Mais là se termine l’analogie. La création de gouvernements nationaux a résolu le problème de la bourgeoisie pour toute l’époque passée et les guerres coloniales si nombreuses sont venues en complément pour élargir le champ d’action ouvert au développement capitaliste.

    L’ère des guerres coloniales a conduit au conflit actuel. Après le partage du monde entre les puissances capitalistes, il ne restait plus à celles-ci qu’à s’arracher leurs conquêtes l’une à l’autre. Citons à nouveau les paroles de Georges Imer ! « Qu’on cesse de nous dire que le peuple allemand est arrivé trop tard »...

    Un nouveau partage des colonies n’élargit pas la base du développement capitaliste ; ce qu’il gagne d’un côté, il le perd de l’autre. Un apaisement momentané de la lutte des classes en Allemagne ne serait atteint que par une recrudescence de ces mêmes conflits en Angleterre et en France et vice versa.

    A ceci vient se joindre un facteur décisif : le réveil capitaliste des colonies auquel la guerre donnera une forte impulsion. La désorganisation de l’ordre mondial entraînera celle de l’ordre colonial. Les colonies perdront leur caractère « colonial ». Quoi qu’il en soit de l’issue du conflit, le résultat ne peut en être que l’amoindrissement de la base du Capitalisme européen. La guerre ne résout pas la question du prolétariat ; au contraire, elle la rend plus aiguë. Et voici le monde capitaliste placé devant ces deux possibilités : Guerre permanente ou Révolution du prolétariat. Si la guerre a « passé par-dessus » la tête de la IIe Internationale, ses conséquences immédiates la feront passer par-dessus celle de la bourgeoisie mondiale. Nous ne nous livrons pas au désespoir devant le naufrage de l’Internationale, cette vieille forme idéologique balayée par l’Histoire L’ère révolutionnaire sera créée à partir des sources inépuisables du prolétariat qui s’élèveront à la hauteur des nouveaux problèmes. Nous nous mettons à l’ouvrage sous les aboiements enragés des mercenaires et le glapissement patriotique des chacals capitalistes. Nous gardons la tête froide au milieu de cette musique infernale de mort. Nous gardons la vue claire et nous nous sentons l’unique force créatrice de l’avenir ! Nous sommes plus nombreux qu’il ne le paraît ! Demain, nous serons incomparablement plus nombreux qu’aujourd’hui. Soixante-sept ans après la publication du « Manifeste », se grouperont sous notre drapeau des millions d’hommes qui n’ont rien à perdre, sauf leurs buts !

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