jeudi 12 février 2015, par
Quelques chiffres et quelques faits ont frappé ces derniers temps les milieux populaires frappés par la crise. Tout d’abord on peut citer différents scandales bancaires, notamment le dernier concernant la HSBC qui organisait systématiquement la fraude fiscale pour éviter à ses clients de payer des impôts. Les noms qu’elle a dévoilé ne sont que les plus petits de ses clients, les plus gros ayant échappé à l’ « effort de transparence » ! Mais y a-t-il besoin de passer par la Suisse pour ne pas payer d’impôts ? Demandez aux trusts du Cac 40 comme Total ! Ce sont les gouvernants eux-mêmes qui font crédit de leurs impôts aux grands capitalistes sous prétexte d’aide à l’emploi, d’aide à la recherche, d’aide à l’exportation, d’aide en tout cas aux seuls plus grands capitalistes. Car il n’y a pas de crédit d’impôt pour les salariés, les petits artisans, paysans, pêcheurs ou commerçants !!!
D’après le rapport de Forbes 400 publié en septembre, les 400 individus les plus riches aux États-Unis ont augmenté leur fortune de 17 pour cent en 2013, leur richesse collective passant de 1,7 billions de dollars à plus de 2 billions de dollars.
La richesse de ces 400 individus représente plus de deux fois la somme nécessaire pour rembourser le déficit du budget fédéral, qui est utilisé comme justification pour sabrer l’aide alimentaire, l’éducation, le logement et les programmes de services de santé.
Une statistique en particulier illustre l’incroyable augmentation de l’inégalité sociale aux États-Unis. La part des revenus des 1 pour cent les plus riches de la société a presque doublé entre 1979 et 2013, passant de 10 pour cent à 19.8 pour cent.
Le fossé grandissant qui sépare les riches et super-riches du reste de la population est lié au dépérissement de l’infrastructure productive du capitalisme américain et au rôle grandissant de la spéculation financière. Une étude récente publiée dans l’American Economic Review a trouvé qu’entre 1982 et 2011, la portion des Forbes 400 qui doivent leur fortune à la finance a augmenté de façon importante : de 4.4 pour cent à 20 pour cent.
On a appris dans le même temps que, plus les milieux populaires plongent dans la misère, plus les grandes fortunes prospèrent. L’organisme international de bienfaisance Oxfam a publié un nouveau rapport sur les inégalités sociales qui montre que le gouffre qui sépare les super riches de la majorité de la population non seulement ne se referme pas mais s’élargit à un rythme accéléré. Selon des chiffres actualisés, les 92 multimilliardaires les plus riches détenaient en 2013 autant de richesse que les 50 pour cent les plus pauvres de l’humanité. En 2014, ce chiffre était descendu à 80 milliardaires. L’inégalité est en train de croître à une telle vitesse que l’année prochaine, le un pour cent le plus riche possédera plus de richesse que les 99 pour cent restants. En fait, il est fort possible qu’au niveau mondial la société n’ait jamais été, dans les milliers d’années d’histoire de l’humanité, aussi inégale qu’elle ne l’est aujourd’hui.
On pourrait regrouper les possesseurs de richesses équivalentes au total de celles des populations des USA, de l’Union Européenne, de l’Inde et de la Chine dans un seul bus à deux étages : ces 92 multimilliardaires possèdent en effet plus de richesses que 3,5 milliards de gens !
Et savez-vous ce qui paraît le plus cocasse dans cette situation : tous les gouvernants n’ont plus qu’un mot à la bouche, l’union sacrée derrière les gouvernants et les classes dirigeantes du fait des « risques sécuritaires ». Au moment même où ces classes dirigeantes mettent en cause la sécurité des emplois, des logements, de la santé, de l’éducation, pour mieux remplir le tonneau sans fond des profits capitalistes et financiers, ils se prétendent les meilleurs défenseurs de notre sécurité. Est-ce un hasard ? Est-ce un complot ? Non, c’est une politique ! C’est la politique par laquelle les capitalistes mènent la lutte des classes, la lutte du Capital contre le Travail !
Les sociétés opérant au niveau mondial ont utilisé le chômage de masse dû au ralentissement économique pour réduire drastiquement les salaires et imposer l’accélération des cadences à leurs ouvriers tandis que les gouvernements du monde entier ont mis à profit la crise économique pour imposer de vastes mesures d’austérité.
Près de sept ans après l’effondrement de Lehman Brothers qui a menacé d’effondrement immédiat tout le système capitaliste mondial, la politique suivie après le krach, consistant à faire durer le système à coups de centaines de milliards de fonds publics, conduit à un nouveau stade de la crise mondiale. Il semble bien que la bulle des marchés boursiers chinois qui a produit des dizaines de nouveaux milliardaires cette année, ayant subi lundi sa plus grosse perte depuis 2008, soit en train d’éclater. L’Europe est touchée et les analystes prédisent que l’économie russe se contractera de cinq pour cent cette année. Le Fonds monétaire International a révisé à la baisse lundi ses prévisions de croissance pour cette année.
Et pourtant, la seule réponse de la classe dirigeante à la crise de son système est d’acheminer encore plus d’argent dans les coffres des riches. « La politique monétaire doit… rester accommodante, » a déclaré le FMI, « y compris par d’autres moyens si les taux directeurs ne peuvent être réduits davantage, » une référence voilée aux programmes d’‘assouplissement quantitatif’.
Ici comme en Grèce, on nous fait miroiter que, si nous ne sommes pas contents, le seul moyen de le montrer, ce serait de voter. Comme si le fait d’avoir voté pour Syrizas allait permettre aux milieux populaires de Grèce de ne pas être tondus pendant que les armateurs et les profiteurs de la Grèce, nationaux comme étrangers, profitent de tout y compris des dettes et de l’effondrement du pays !!! Non seulement, il n’y a aucune illusion à se faire sur les politiques qui seront menées par les Valls, les Sarkozy et autres Le Pen, pas même sur Mélenchon ou tout autre politicien n’ayant ni les moyens ni le but de mettre en cause le grand capital juste par un vote dans les élections bourgeoises. Mais, en plus, il n’y a aucune illusion à nous faire sur la possibilité de changer quelque chose à ce monde capitaliste ayant atteint ses limites.
Il est tout à fait naïf de croire qu’un seul des grands problèmes auxquels la société est confrontée puisse être résolu sans briser l’emprise de l’oligarchie financière. Sa fortune mal acquise doit être expropriée ; les entreprises qu’elle contrôle doivent être nationalisées et placées sous contrôle démocratique de la classe ouvrière pour être gérées dans l’intérêt de la société et non à des fins d’enrichissement personnel.
L’enrichissement continu des super-riches à travers les injections d’argent dans les marchés financiers par le gouvernement, pendant que des programmes sociaux vitaux sont éliminés, reflète la subordination complète du système politique et des deux grands partis à l’élite patronale et financière. Le système capitaliste entraîne la pauvreté et la misère pour de sections grandissantes de la population. La défense des droits sociaux les plus élémentaires : un emploi stable et bien payé ; un logement ; des soins de santé et une retraite confortable, requiert une lutte consciente de la classe ouvrière pour un système basé sur la propriété collective des moyens de production – c’est-à-dire, le socialisme.
Il faut à cette fin construire un mouvement politique qui vise à unifier la classe ouvrière internationale – la vaste majorité de la population mondiale – sur la base d’un programme révolutionnaire dans le but de renverser le système capitaliste en faillite et bâtir un avenir sur de tout autres bases : sur le pouvoir de ceux qui travaillent organisés en conseils de salariés.