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Quels sont ces fondements du monde capitaliste qu’ATTAC n’attaque pas ?

mercredi 27 janvier 2016, par Robert Paris

Quels sont ces fondements du monde capitaliste qu’ATTAC n’attaque pas ?

Bien des points défendus par ATTAC peuvent sembler parfaitement valables et mériter notre soutien :

 l’effacement de la dette des pays pauvres

 des taxes pour la sphère financière

 la fin de la financiarisation et de la marchandisation du monde

 le refus du traité transatlantique

 la justice sociale et écologique

 une Europe solidaire

 la démocratie

 la mise au pas de la finance

et on en passe des mesures et proposition honnêtes et pleines de bonne volonté…

La seule gêne pour que nous soutenions les mesures ainsi proposées est qu’ATTAC ne semble pas savoir que nous vivons dans un système qui s’appelle le capitalisme et qui a des lois économiques et pas seulement des règlements politiques et des interventions étatiques.

Il se trouve que ce n’est pas l’opinion publique qui gouverne le fonctionnement du capitalisme mais le rendement de l’investissement du grand capital fondé sur l’exploitation de la main d’œuvre ouvrière.

ATTAC n’est pas fondé sur une vision lutte de classe et ne préconise rien sur le terrain de la classe ouvrière. Pour elle, il s’agit seulement d’individus, de citoyens qui doivent exercer leurs droits démocratiques. Et si les classes dirigeantes suspendent de plus en plus ces droits démocratiques sous prétexte de terrorisme ou à cause de la crise mondiale, eh bien ATTAC fait appel aux citoyens pour défendre la démocratie, ça se tient, non ?

Renverser le capitalisme n’est pas le but d’ATTAC qui préconise un « altermondialisme » qui aurait dû avoir l’honnêteté de s’appeler plutôt altercapitalisme puisqu’il n’est nullement question d’en finir avec le système capitaliste par la révolution sociale mais de le réformer sous la pression prétendue forte de l’opinion.

ATTAC écrit : « Le pari démocratique doit être la boussole des forces sociales qui visent l’émancipation humaine. « Le combat altermondialiste d’Attac est, fondamentalement, un combat pour la démocratisation des sociétés » rappelle le Manifeste altermondialiste, publié en 2007. Une manière de dire que pour nous émancipation et démocratisation sont indissociables. Il s’agit de transformer le monde pour le démocratiser, de le démocratiser pour le transformer. »

ATTAC fait partie de ces commentateurs qui confondent la fin du stalinisme avec la fin du communisme :

« Durant tout le XXe siècle, d’aucuns ont pensé que l’alternative était portée par le communisme, avec le marxisme en guise de guide suffisant. La chute du mur de Berlin a sonné le glas de cette perspective. » voir ici

Il rajoute que l’Etat n’est pas ou bourgeois ou ouvrier :

« La thèse selon laquelle la lutte des classes née du rapport d’exploitation salariale surdétermine tout « en dernier ressort » interdit de penser la portée révolutionnaire de l’État social, mais aussi, et non sans lien avec lui, de la démocratie. L’État, dans cette optique, ne peut finalement être que bourgeois ou capitaliste, à l’instar de la démocratie elle-même. »

La notion d’Etat de classe est abandonnée en faveur de l’affirmation que « La domination de ceux qui ont le pouvoir sur l’État s’exerce au nom de l’universel. »

« D’où ce paradoxe : l’État social est notre véritable révolution, en matière économique et sociale, mais nous ne disposons toujours pas de sa théorie. »

« L’État social n’a pas simplement une dimension antilibérale, il a aussi une dimension proprement anticapitaliste : avec lui – c’est le socialisme maintenant – des sphères entières d’activité échappent au capital. »

« L’État social a incontestablement été remis en cause, déstabilisé, même si c’est avec des contrastes selon les piliers et les pays. Il n’a cependant pas été mis à bas : il est toujours là. Si les reculs imposés par trente ans de réformes néolibérales ne doivent pas être sous-estimés, il est tout aussi important de ne pas noircir inutilement le tableau. Le néolibéralisme n’a pas tout emporté, contrairement à ce que laissent entendre les discours catastrophistes. »

En fait, ce discours a plutôt tendance à redonner des illusions dans l’Etat bourgeois qu’à créer une autre notion que l’Etat au service de la seule classe dominante.

Curieusement, c’est au moment où l’Etat intervient plus massivement que jamais en faveur du sauvetage du grand capital qu’ATTAC nous apprend que l’Etat ne serait pas au service de la classe dominante !!!

Toute l’idée d’ATTAC, c’est de renoncer à la notion de classe pour privilégier celle d’individu : voir ici les travaux de la commission scientifique chargée de cette grande œuvre

Alors que le système capitaliste s’avère incapable de sortir de sa propre crise fondamentale initiée en 2007, ATTAC a ses « solutions pour sortir de la crise » qui ne sont nullement des solutions pour sortir du capitalisme !

Quelles sont ces « solutions » ?

 Déconstruire le mythe néolibéral du marché et de la croissance
 Ne pas considérer la croissance comme une finalité mais seulement les droits humains fondamentaux

 Interdire les comportements spéculatifs

 Stopper l’évasion et la fraude fiscale

 Imposer un nouveau Bretton Woods des monnaies

 Taxer la spéculation

 Cesser de renflouer les banques

 Lutter contre les paradis fiscaux

 Combattre la mondialisation

Voir ici les solutions d’ATTAC

Ne confondez surtout pas ce programme d’ATTAC avec celui de la révolution sociale :

 Retirer tout pouvoir politique au grand capital

 Désarmer l’Etat bourgeois de sa police et de son armée, de sa justice et de son administration, de ses prisons et des ses chefs religieux

 Supprimer la propriété privée du grand capital, industriel, commercial et financier et remettre cette propriété à la collectivité organisée en comités de travailleurs et d’habitants

 Interdire tout licenciement, toute expulsion de logement, tout retrait de compte bancaire, toute coupure de gaz, d’électricité

Un exemple du faux radicalisme d’ATTAC contre les banques et la finance : "On ne demande pas aux gens de retirer en masse leur argent des banques", avait déclaré à l’AFP Thomas Coutrot, coprésident de l’association ATTAC, en réponse à l’appel de Cantona de 2010.

Ce n’est pas parce que le capitalisme est en crise qu’il est en capacité de se réformer ou d’être réformé par les citoyens de bonne volonté comme le croit généreusement ATTAC ou comme il essaie de le faire croire de manière purement réformiste…

Prétendre limiter le pouvoir des trusts, c’est bel et bien refuser de le supprimer !

Combattre le seul capitalisme financier, c’est omettre simplement que le capitalisme financier, c’est la totalité du capitalisme !!!

Taxer le capital ne lui permettra pas de se remettre de sa crise, contrairement à ce qu’ATTAC fait croire…

ATTAC nous propose un capitalisme qui aurait changé de politique comme on change de veste. Mais la finance, la mondialisation, les banques, l’exploitation et la marchandisation du monde ne sont pas des politiques dont le capitalisme pourrait se passer, pour peu que les « individus » le réclament….

Pierre Khalfa, un des dirigeants d’Attac, expliquait que " Attac veut essayer de dépasser le dilemme entre réformistes sans réformes et révolutionnaires sans révolution. Nous voulons agir pour construire des rapports de force afin d’imposer des mesures qui, tout en améliorant la situation actuelle en régulant le capitalisme financiarisé, ouvrent la voie à une société nouvelle dans laquelle les peuples et les citoyens auraient enfin la maîtrise de leur destin ".

Mais, faute d’avoir dépassé ce prétendu dilemme, Attac a surtout fédéré des bureaucrates des partis, des associations et des syndicats. Ce qui ne fait en rien avancer le rapport de force et la perspective de « réguler le capitalisme fincnciarisé » est une lubie vide de sens…

Dès la constitution d’ATTAC, "elle s’est d’emblée assignée une mission d’éducation populaire orientée vers l’action contre la dictature des marchés, et, d’autre part, qu’elle place cette mission dans un cadre non seulement international, mais également internationaliste, la solidarité avec les sociétés des autres pays du monde se situant au centre même de sa démarche."(plate-forme ATTAC)
Bien ! ATTAC ne dirigera pas la lutte sociale mais seulement son éducation politique. Pourquoi pas ? Mais sur la base de quelle théorie va-t-on éduquer le citoyen-individu ? Sur celle des illusions dans les possibilités d’un capitalisme réformé !!!

ATTAC n’éduquera personne sur le caractère de classe de l’Etat, son caractère bourgeois, ni sur le caractère de la crise actuelle du capitalisme.

Il est trop profondément ATTAC-hé au capitalisme !!!!

Un point de vue sur ATTAC

Les réformistes d’ATTAC

Le Manifeste altermondialiste d’Attac, une réponse keynésienne au capitalisme « néolibéral »

Qu’est l’association ATTAC ?

Le « syndicalisme rassemblé » que préconise ATTAC

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