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Pour déraciner quelques idées fausses sur les arbres

mercredi 13 avril 2016, par Robert Paris

Pour déraciner quelques idées fausses sur les arbres

L’arbre se distingue des plantes par la dimension du tronc

Faux. Il faut trois éléments pour reconnaître un arbre : la dimension (au-delà de 7 mètres pour certains des individus de l’espèce), le tronc individualisé et porteur et la production de bois. Ce n’est qu’avec ces trois éléments que l’on sait avoir affaire à un arbre. Au sens botanique, les arbres sont des plantes à bois véritable. Celui-ci, également appelé xylème secondaire, est produit par une rangée cellulaire (l’assise libéro-ligneuse) appelée cambium, située sous l’écorce. Mais il existe des plantes produisant du bois et qui ne sont pas des arbres. La taille est importante mais la même espèce peut exister en arbres de grande taille et en buissons ou en fourrés de plus petite taille. On peut rajouter à cette définition l’ancrage en profondeur par des racines.

L’arbre a inventé la fabrication de bois

Faux. L’arbre n’est pas la seule plante à produire du bois. Par contre, l’arbre a inventé le tronc, les grandes racines, les feuilles, les glands, la sève, les fruits, et le système microfluide, ou encore l’absorption en masse du gaz carbonique atmosphérique. L’arbre a inventé et fabriqué une quantité de substances comme des flavonoïdes, des terpènes, des lactones, et j’en passe.. Il a modifié les sols permettant ainsi à de nouvelles espèces d’arbres de s’implanter, les échanges moléculaires entre êtres vivants, les collaborations entre plantes (coévolution des espèces d’arbres en forêt), les possibilités de transplantation d’une vie dans une autre vie. Il a colonisé des territoires nouveaux.

L’arbre a une croissance de taille du même type que la nôtre

Faux. Nous grandissons. L’arbre développe des bourgeons aux extrémités et le tronc augmente d’épaisseur par couches, ce qui est très différent de la croissance du corps des animaux, en particulier de la nôtre.

La forêt diminue en Europe

Faux. Elle augmente de 0,13% par an. En France, elle augmente de 0,2% par an. On compte en hectares de forêt.

La forêt est moins bien traitée par les services des eaux et forêts

Faux. Le type actuel de soin de la forêt est au contraire d’origine récente et il vise à la stabilité et à la vitalité des arbres, ainsi qu’à la qualité de leur bois. Ces préoccupations sont nées au cours du XXe siècle. Par contre, tout comme les effectifs d’autres services publics, les eaux et forêts voient disparaître des emplois de fonctionnaires et les partants sont non remplacés, rendant le travail plus dur, physiquement et moralement, et moins efficace.

Couper du bois est nuisible à la forêt

Faux. Une forêt non entretenue est plus fragile et plus faible face au risque d’incendie. Une coupe de bois qui n’est pas exagérée donne de l’espace de développement aux jeunes pousses qui ont besoin de place pour leurs racines et de recevoir des rayons du soleil. Les forêts qui produisent le plus d’oxygène sont les forêts où l’on exploite le bois. En effet, un arbre qui croît produit plus d’oxygène qu’il n’en consomme.

Ce sont les gallo-romains puis les « moines défricheurs » qui ont, les premiers, détruit massivement la forêt

Faux. Les premiers à défricher massivement sont, bien avant les gaulois, les hommes du néolithique mais ils n’étaient pas très nombreux.

La distraction de la sortie en forêt est très ancienne

Faux. Elle date, par exemple, en France des années 1960. Auparavant, la forêt était un territoire de vie, de chasse, de cachette, de travail du bois, de brigandage et de protection des hors-la-loi, mais pas de loisirs. Les forêts étaient des lieux dangereux où l’on mourrait fréquemment alors qu’aujourd’hui les forêts sont plus sures que les villes. Autrefois, les forêts n’avaient pas d’importance touristique mais une bien plus grande importance sociale et économique.

L’essentiel des forêts est du domaine public

Faux. En moyenne, 22% des surfaces forestières sont publiques et 78% sont privées dans le monde. 74% des forêts sont privées en France. C’est l’Autriche et la Norvège qui arrivent en tête avec environ 80% des surfaces !

Les arbres ne sont pas aussi dynamiques que les animaux, ne bougent pas, ne communiquent pas, ne se déplacent pas, etc.

Faux. Ils ne se déplacent pas de la même manière (par les graines, par les racines, par les émissions de molécules qui sont des messages aux voisins, etc.). Ils ne communiquent pas de la même manière. Ils sont tout à fait dynamiques, changent, se déplacent, échangent, communiquent, relationnent même, entre eux, avec les autres plantes… voir ici

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Comment certains arbres se déplacent

Les racines occupent un volume aussi important que la couronne de l’arbre

Faux. Le volume des racines est beaucoup plus faible que celui de la couronne de l’arbre car les racines pénètrent beaucoup moins dans la terre que les branches dans l’atmosphère. C’est la surface des racines qui est grossièrement égale à la surface de la projection de la couronne au sol. La surface totale du feuillage est six à dix fois plus étendue que la surface de la projection de la couronne au sol.

La sève monte dans l’arbre

Faux. La sève monte et la sève descend. Mais ce n’est ni la même sève, ni par les mêmes canaux. La sève brute (eau et substances nutritives) monte des racines jusqu’aux feuilles, en passant dans le tronc dans les cernes annuels les plus récents, et la sève élaborée (fabriquée par les feuilles à partir de la sève brute, de la lumière et du gaz carbonique) s’écoule par une très mince couche de l’écorce (phloème).

Un arbre fait vivre une ou plusieurs personnes en produisant l’oxygène nécessaire à la respiration humaine

Faux. En moyenne, un arbre produit quinze à trente kilos d’oxygène par an et une personne adulte en consomme en moyenne deux cent à trois cent kilos…

Un feuillus voit ses feuilles devenir jaune, rouge, brun ou marron en hiver

Faux. Elles ne deviennent pas jaunes, rouges, brunes ou marrons. Ces couleurs existaient déjà dans la feuille mais elles étaient dominées par le vert dû à la chlorophylle. C’est le vert qui disparaît en hiver.

Il y a 1200 espèces de mousse dans les forêts

Faux. Ce n’est vrai qu’en France ou en Suisse. Il y en a 25.000 dans le monde.

Il n’y avait pas de forêt à l’époque des dinosaures, il y a deux cent à trois cent millions d’années

Faux. Les fougères géantes avaient un tronc qui en faisait de véritables arbres. Les véritables forêts ont commencé il y a trois cent millions d’années. Rappelons que les plantes vertes avaient conquis la terre ferme il y a quatre cent millions d’années.

Les arbres arrêtent de respirer l’hiver

Faux. Les arbres ne cessent jamais de respirer, tous les jours, toute l’année. Ils respirent même sous la neige. La respiration de l’arbre lui est indispensable. La respiration hivernale a comme particularité de se fonder sur les réserves réalisées dans les autres périodes.

Si on supprime des forêts, cela change le climat

Faux. Le climat global n’est pas essentiellement modifié par l’absence de forêts même si le climat local l’est. L’humidité de l’air est modifiée localement mais la quantité d’eau de la planète est juste répartie différemment. En ce qui concerne l’effet de serre, sur un cycle de vie-mort d’un arbre, il rend exactement le CO² qu’il avait fixé. Les forêts de toute la planète, y compris les forêts vierges, rejettent et absorbent exactement la même quantité e CO². Certes, ce CO² est momentanément fixé mais il est ensuite rendu. Si on plante autant d’arbres qu’on en coupe, l’équilibre est le même. Planter des arbres pour contrer l’effet de serre est illusoire. Les arbres sont un bienfait pour le cadre de vie et c’est tout.

Les arbres morts ou malades sont très reconnaissables

Faux. Si un arbre tombé est évidemment mort, si un arbre qui un énorme chancre ou des feuilles abimées est évidemment malade, cela ne veut pas dire que ce sont les seuls arbres morts ou malades de la forêt. Il faut être spécialiste et mener des investigations sérieuses sur le tronc de l’arbre pour reconnaître un arbre mort ou malade.

Au Moyen-Age, la forêt était plus sauvage, naturelle ou vierge qu’aujourd’hui

Faux. Elle était plus riche en arbres fruitiers sauvages.

Les résineux envahissent la forêt

Faux. Les résineux ne s’adaptent pas exactement aux mêmes zones et ne sont réellement dominants que là où ils sont mieux adaptés (zones d’altitude en montagne par exemple). Sinon, ils sont et restent quasiment à moitié des surfaces forestières.

Les arbres morts nuisent au développement de la forêt

Faux. La présence des arbres morts au sol est indispensable aux cycles de la vie et à la reconstitution des sols nécessaire à l’écosystème. Ils ne sont dangereux que pour les incendies.

« Ecouter la forêt qui pousse plutôt que l’arbre qui tombe. » propose Hegel.
L’arbre qui tombe est indispensable, en fait, à la forêt qui pousse.

Si on exploite le bois, le sol s’appauvrit

Le bois est composé de carbone, d’hydrogène et d’oxygène et assez pauvre en matières nutritives (azote, potassium, calcium, magnésium, soufre, phosphore et oligoéléments comme fer et zinc). Si l’on ne prélève que l’accroissement de bois de la forêt, le sol forestier ne s’appauvrit jamais, même à la longue.

Il y a 100 espèces d’arbres

Faux. Ce n’est vrai qu’en Europe avec 50 espèces au nord des Alpes. Mais il y en a 30.000 dans le monde, pour l’essentiel dans les forêts tropicales. Et il y en a eu bien plus dans l’histoire des arbres sur Terre : 80 à 90 des espèces d’arbres ont disparu dans l’histoire de la Terre. Les arbres actuels en Europe sont d’origine relativement récente pour la plupart. Par exemple, le hêtre et le sapin ainsi que l’épicéa sont arrivés il y a 5000 ans. La dominance des espèces actuelles date seulement de 5000 ans.Les bouleaux et les pins se sont développé avant, il y a environ 13.000 ans.

Les forêts diminuent partout dans le monde

Faux. En Europe, par exemple, les forêts augmentent de 0,13% par an. En France, l’accroissement est de 0,2% par an. En Amérique du nord, la surface forestière a diminué de 0,07% par an. L’exploitation forestière s’attaque au principal domaine forestier et à celui qui contient la principale source de biodiversité : la forêt tropicale. L’essentiel des destructions mondiales catastrophiques de forêt ne concernent en fait que trois pays : Indonésie, Brésil et Malaisie.

La pâte à papier détruit les forêts

Faux. L’essentiel de celle-ci ne nécessite pas de détruire des arbres car elle est surtout fabriquée à partir des déchets des scieries et des bois de petite taille, le reste servant de matériau de construction et d’ameublement.

Les forêts dépérissent

Faux. Il y a eu effectivement un véritable affolement médiatique, moins grand bien sûr que celui, actuel, sur le climat ou que celui qui l’a précédé sur la démographie dite galopante. Il y a des évolutions mais non dramatiques : les arbres croissent plus vite, la transparence est plus grande. Il y a des évolutions mais on est très loin d’une quelconque disparition. L’idée d’une « mort des forêts » des années 80 est un effet médiatique. La mortalité générale des arbres n’a pas augmenté ces années là ni après.

L’écorce étant du bois, l’arbre peut être incisé sur l’écorce sans dommage

Faux. Les blessures sur l’écorce nuisent à la vie de l’arbre. Le passage de la sève peut ainsi être atteint. Toute blessure expose l’arbre au danger de contamination par des champignons parasites.

Ce sont les racines qui nourrissent l’arbre

Faux. Ce sont à la fois d’un côté les racines et de l’autre les feuilles.

Les forêts sont un territoire naturel

Faux. Les forêts que nous connaissons ne le sont pas. Elles ont été créées par l’homme et sont gérées par l’homme. Il n’y a que certaines régions de la planète qui contiennent encore des forêts « naturelles » c’est-à-dire vierges.

La taille radicale est toujours bonne pour l’arbre

Faux. Elle n’est bonne que dans un environnement humain, dans les villes et pour la sécurité des propriétaires. Une petite taille peut être bonne pour le dynamisme de l’arbre. Une taille exagérée est nuisible. Toute taille mal conduite est un acte traumatisant pour l’arbre, une brèche dans son intégrité, la porte ouverte aux maladies et un affaiblissement de son système de défense. La fragilité de l’arbre peut alors être fatale même en cas d’agressions légères (sécheresse, traumatismes racinaires, attaques par des agents pathogènes...).

Si on plante des nouvelles forêts, on stoppe la pollution mondiale

Faux. Cela n’a rien à voir même si des pays le font pour se blanchir. L’essentiel de la pollution n’a rien à voir avec le gaz carbonique. L’idée de la « compensation carbone » est une manière de protéger… les trusts qui polluent et pas la planète !!!

Les forêts sont seulement le produit de lentes évolutions

Faux. Un exemple de ces révolutions : le Dévonien, entre 416 millions d’années et 359,2 millions d’années. C’est l’une des phases les plus intéressantes et étonnantes de l’ère primaire. C’est là que les petites plantes, les fougères puis les arbres vont coloniser les surfaces continentales. C’est une révolution à plus d’un titre. Outre les nouvelles formes de vie, de nouveaux processus et de nouveaux réservoirs apparaissent qui stockent le gaz carbonique par leurs développements à la fois aérien et racinaire. La lignine, par exemple, est un moyen de stockage d’une quantité considérable de carbone et c’est un stockage durable. Le cycle du carbone va donc s’en trouver perturbé de manière massive. On évalue l’évolution du taux de CO² pendant cette période comme un passage de 3.000 ppmv à 1.000 ppmv. Le CO ² atmosphérique est massivement pompé. On pourrait s’attendre à une chute impressionnante des températures dans la seconde partie du Dévonien. Et pourtant, les températures océaniques montrent une très grande stabilité voire une légère augmentation. En cause probablement la modification de l’albédo de la planète. Comme on le voit, une fois encore, le CO² est un facteur mais pas un facteur isolé, indépendant des autres, super-puissant, déterminant ni le plus important.

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Messages

  • On vient de découvrir que les arbres dorment la nuit !!!

    Une équipe de chercheurs finlandais, autrichiens et hongrois a mis en évidence, à travers un article publié dans Frontiers in Plant Science, le relâchement au cours de la nuit des branches et feuillage d’une espèce de bouleau (Bouleau verruqueux, ou Betula pendula)... et ce n’est pas de la faute du vent. Les branches voient leur hauteur nocturne fluctuer spontanément, l’amplitude du déplacement pouvant même atteindre 10 cm. En bref : l’arbre s’incline vers le sol par oscillations délicates puis se redresse au petit matin.

  • Les plantes sont elles sensibles aux sons ? Comme l’affirme le physicien mélomane Joël Sternheimer !

    Ceux qui, comme moi, aiment Franquin, ont probablement le souvenir de cette planche savoureuse où Gaston Lagaffe, pensant que les plantes sont sensibles à la musique et désireux d’accroître le bien-être d’un pied de lierre, veut lui jouer un petit air. Mais aux premières notes affreuses émises par le tristement célèbre gaffophone, la plante tente de s’échapper par la fenêtre ouverte… Ce que dit le gag, c’est que le son de cet instrument générateur de catastrophes doit vraiment être horrible si « même un végétal » ne le supporte pas. Encore faut-il que les plantes ne soient pas sourdes comme leurs pots et qu’elles puissent percevoir les vibrations sonores.

    La notion de communication dans le monde végétal a longtemps été tenue pour marginale (voire inexistante) quand elle n’a pas été raillée. Depuis quelques décennies, cette vision des choses a évolué et les chercheurs ont pu constater que la communication chez les plantes pouvait prendre plusieurs formes et se faire sous terre, par le biais des racines, comme dans les parties aériennes, les plantes disposant par exemple de récepteurs pour les composés organiques volatils émis par d’autres plantes. Elles sont ainsi capables de repérer leurs apparentés, ce qui leur évite de les prendre pour des concurrentes et de dépenser inutilement des ressources à lutter contre elles. Plusieurs études ont aussi montré qu’en cas d’attaque par des herbivores, certains végétaux envoient des signaux chimiques qui, une fois captés par leurs voisins, les aident à mettre en place des stratégies de défense, ce qui n’est pas sans rappeler le film Phénomènes de M. Night Shyamalan. On sait également que les récepteurs de lumière des plantes sont assez perfectionnés pour qu’elles reconnaissent les longueurs d’ondes renvoyées par les plantes qui les côtoient, ce qui leur donne des informations sur leur environnement et la présence d’éventuels concurrents. Point n’est besoin d’avoir des yeux pour voir…

    Dans une nouvelle étude publiée le 22 mai par PLoS ONE, une équipe italo-australienne a voulu explorer tous les modes de communication possibles entre deux plantes, le piment et le fenouil. Ce dernier a en effet la propriété d’émettre de puissants signaux chimiques par ses racines et ses parties aériennes, qui inhibent la croissance de certains de ses voisins (comme les tomates et les piments) quand ils ne les tuent pas. Les chercheurs ont employé un dispositif expérimental simple mais ingénieux pour tester leurs hypothèses.

    Au milieu, un cylindre transparent contenant un pied de fenouil en pot. Tout autour, soit des boîtes de Petri contenant des graines de piment (pour étudier la vitesse de germination), soit des jeunes pousses de piments en pots (pour observer la croissance de la plante). Le tout étant enfermé dans une boîte à deux parois entre lesquelles le vide était fait, afin qu’aucun signal extérieur ne vienne interférer avec l’expérience. Celle-ci a consisté à tester plusieurs conditions : soit le cylindre contenant le fenouil était ouvert, ce qui permettait à ses composés organiques volatils de se promener ; soit il était fermé hermétiquement, ce qui bloquait cette communication chimique mais n’empêchait pas le fenouil de rester « visible » par le piment, c’est-à-dire de lui renvoyer une partie bien précise de la lumière incidente ; soit la boîte était vide (ce qui servait de contrôle) ; soit elle était masquée par un revêtement noir (pour couper la communication lumineuse) et fermée avec le fenouil à l’intérieur ; soit, enfin, elle était masquée et vide, afin de mesurer l’influence du revêtement noir seul.

    Le résultat le plus étonnant de cette expérience (faite en 2010 et renouvelée en 2011, sur un total de 6 000 graines) concernait les deux dernières conditions. Tant les graines que les plantules de piment ont réagi différemment suivant que, dans la boîte masquée, se trouvait ou non le fenouil. Quand ce dernier y était enfermé, les graines se dépêchaient de germer et les pousses étaient plus grandes, comportement caractéristique de la plante lorsqu’elle est en compétition. Quand la boîte, opaque et close, était vide, graines et plantes avaient un comportement normal. A sa manière, ce résultat évoque un remake botanique du Mystère de la chambre jaune : comment diable, sans percevoir le moindre indice chimique ou lumineux et sans contact physique, le piment sait-il quand la boîte noire est vide et quand elle contient un concurrent ? De deux choses l’une, soit il y avait un défaut dans les quinze dispositifs expérimentaux (ou dans une partie d’entre eux), ce qui laissait « s’échapper » des signaux chimiques, soit un mode de communication inconnu était à l’œuvre.

    Dans la conclusion de leur étude, les chercheurs avancent deux hypothèses pour ce dernier. Première possibilité, les plantes étant sensibles au champ magnétique terrestre, peut-être sont-elles aussi capables de percevoir un champ magnétique ultra-faible émanant de la plante cachée ? Deuxième possibilité, que les auteurs semblent préférer : le son. On sait évidemment que les végétaux produisent des bruits, qui ne sont pas que des craquements et des bruissements. Toute la question est de savoir s’ils y sont réceptifs. Cette expérience pourrait ajouter un élément nouveau au dossier à condition de considérer que le piment, sous ses différentes formes, a perçu les ondes sonores émises par le fenouil et qu’il a, du coup, hâté sa croissance comme pour se renforcer face à la concurrence de cette plante voire anticiper l’arrivée de ses molécules chimiques nocives. La sensibilité des plantes au son est un sujet d’étude peu exploré mais qui a des chances de se développer, notamment depuis qu’une expérience réalisée par la même équipe et publiée en mars dans la revue Trends in Plant Science a montré qu’en présence d’un son continu émis à des fréquences comprises entre 200 et 300 hertz, les racines de jeunes plants de maïs poussant dans de l’eau avaient nettement tendance à se tourner vers la source sonore. Disons que le lierre de Gaston Lagaffe s’est juste trompé de direction…

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