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La dialectique de la sexualité

mercredi 20 juillet 2016, par Robert Paris

La dialectique de la sexualité

Le thème de la confrontation des sexes a souvent été traité, sur le mode consensuel ou conflictuel. Il reste à le traiter de manière dialectique, qui n’est ni consensuelle ni conflictuelle au sens où le point de vue dialectique signifie que les contraires ne font pas que s’opposer : ils se composent, ils s’unifient, ils sont mutuellement indispensables et ne se séparent jamais définitivement. Cela va à l’encontre du point de vue dichotomique selon lesquelles il y aurait d’un côté les femmes et de l’autre les hommes sans rien de commun au plan physiologique, sexuel comme psychologique et intellectuel.

Bien sûr, on me dira : on est mâle ou on est femelle, quand on est un être vivant sexué. On me dira également : on est déterminé sexuellement dès le départ puisqu’on nait avec ses gènes qui sont sexués, soit masculin (gène XY) soit féminin (gène XX). Cela semble bel et bien une contradiction diamétrale et non dialectique. Ce n’est pas exact car un autre élément est en fait déterminant dans la formation sexuelle de l’individu : c’est la production des hormones mâles et des hormones femelles. Et les hormones ce ne sont pas les gènes : elle ne sont pas produites dès la naissance !

Si les hormones masculines ne se sécrètent pas suffisamment ou sous forme assez puissante, il y a développement féminin chez un individu réputé masculin. Et inversement, pour la femme qui n’aurait pas assez d’hormones féminines.

Il peut donc y avoir divergence entre le sexe génétique et le sexe anatomique. La sexualité est donc une fonction contradictoire et non un attribut directement relié à une dichotomie génétique.

Il peut y avoir des sexualités moins clairement définies que d’autres. Il peut y avoir des êtres vivants qui sont partiellement d’un sexe et partiellement d’un autre ou d’une sexualité faible, atténuée. Ce ne sont pas des êtres malformés. Ce sont des êtres tout à fait normaux.

En fait, il n’est pas exact qu’un individu soit déterminé sexuellement (mâle ou femelle) dès le début de l’embryon. Dans les débuts de tout être vivant sexué mâle, il y a des éléments femelles en quantité et en importance variable. Les éléments de la formation sexuelle se développent d’abord sans différenciation. Et, même par la suite, dans tout être vivant sexué femelle, il y aura des éléments mâles en quantité et en importance variable, éléments qui ne sont bien entendus pas les gènes. L’individu mâle produit majoritairement des hormones sexuelles mâles (androgène) et l’individu femelle sécrète essentiellement des hormones sexuelles femelles (estrogène et progestérone), mais c’est variable selon les indivdus et cela peut être différent.

Et ce mixage mâle/femelle, selon lequel les mâles ont aussi des hormnes femelles et inversement, se produit dès la naissance. Ces éléments communs sont à la fois physiologiques et psychologiques. Tout est toujours relayé dans le cerveau pour tous les êtres sexués qui possèdent un organe nerveux central.

C’est au cours du troisième mois que le sexe de l’embryon se différencie. Avant, les organes génitaux chez le garçon sont les mêmes que ceux de la fille.
Au cours de la 9 ème semaine, les voies génitales vont se différencier et les testicules vont sécréter la testostérone.
Au cours de la 12 ème semaine, les glandes sexuelles vont sécréter des hormones de chaque sexe conduisant à la formation des organes sexuels externes comme la prostate et le pénis du petit garçon.

De façon surprenante, l’embryon humain n’est ni mâle ni femelle jusqu’à la 7e semaine après la conception. En fait, à cette période, l’embryon possède un système reproducteur primitif avec des gonades qui peuvent se développer ultérieurement soit en ovaires, soit en testicules. En même temps, il y a formation de deux systèmes de canaux reproductifs, un femelle, soit le canal Müllérien et un mâle, soit le canal de Wolff. Le canal Müllérien deviendra plus tard l’utérus, les trompes de Fallope et une partie du vagin chez la fille et le canal de Wolff évoluera en vésicule séminale, en canal déférent et en épididyme chez le garçon. Donc, jusqu’à la 7e semaine de gestation, chaque embryon possède toutes ces structures et a conséquemment le potentiel de devenir une petite fille ou un petit garçon. Qu’est-ce qui déclenche la différenciation sexuelle alors ?

En réalité, dans notre vie fœtale, tous les embryons sont femelles jusqu’à la sixième semaine de vie, avant que les androgènes (hormones mâles) n’entrent en action et ne puissent agir sur les possibilités d’attraction sexuelle.

Fondamentalement, vers la 8e semaine de gestation, ce sont les chromosomes sexuels qui déclenchent la différenciation et qui, en quelque sorte, décident si c’est la voie féminine ou masculine qui doit être prise. Chez le mâle, le chromosome Y porte un gène (SRY) qui agit comme déclencheur d’une cascade d’évènements qui font en sorte que l’embryon se développe en tant que garçon. Une fois ce gène activé, les gonades primitives deviennent les testicules qui, à leur tour, commencent à sécréter la testostérone, la principale hormone sexuelle mâle. La testostérone stimule alors le canal de Wolff, menant ainsi au développement du système reproducteur mâle. De plus, la conversion périphérique de la testostérone en dihydrotestostérone favorise la formation du pénis, de la prostate et du scrotum. Au même moment, les testicules produisent un facteur inhibiteur menant à l’atrophie et à l’éventuelle dégénération du canal Müllérien ne laissant ainsi aucune chance au développement sexuel féminin.

De l’autre côté, l’embryon féminin ne possède pas de chromosome Y et par le fait même, ne dispose pas de ce gène déclencheur. Alors, les gonades primitives évoluent en ovaires, l’absence de testostérone incite le développement sexuel dans la direction féminine, le canal Müllérien évolue en système reproducteur féminin et le canal de Wolff se résorbe. Donc, le modèle de développement de base ou par défaut est en fait féminin, à moins de l’intervention du chromosome Y. Si celui-ci est absent, ou déficient, l’embryon deviendra une fille, du moins d’un point de vue génétique. En général, au bout de 12 semaines de gestation, le fœtus voit tout son système reproducteur ainsi que ses organes génitaux externes complètement différenciés.

Même lorsque l’être sexué a atteint un certain âge où le sexe est déterminé (on peut dire que c’est un mâle ou que c’est une femelle), cela ne signifie pas que cet être soit exclusivement mâle ou exclusivement femelle.

On peut pas le comprendre si on ne sait pas que la fabrique d’un mâle et la fabrique d’une femelle ne sont pas deux fabrications séparées, deux branches complètement différentes, mais au contraire un processus d’inhibition, de blocage au sein de la fabrique d’un être potentiellement à la fois mâle et femelle.

Cela signifie que la sexualité est un facteur négatif et non positif. Je dirai même que la sexualité est une négation dialectique au sens de Hegel !

En effet, ce qui est en positif chez un individu est une sexualité à la fois masculine et féminine et c’est un processus de négation (d’inhibition d’une certaine branche du développement potentiel) qui détermine si un individu est mâle ou femelle.

Cela signifie que tous les êtres vivants sont au départ à la fois mâle et femelle potentiellement et que des processus du développement inhibent l’un des deux mais l’inhibent seulement partiellement ce qui fait que dans tout homme il reste un certain pourcentage de femme et inversement, pourcentages variables selon les individus.

On croyait autrefois à la fabrique d’un homme séparée et opposée à la fabrique d’une femme, fabrique qui se serait enclenchée, en positifi, à un certain stade du développement du fœtus, mais cette opposition n’est pas diamétrale : elle est dialectique. La femme est au sein de l’homme et l’homme au sein de la femme. Ce qui commence à naître est à la fois femme et homme et ce n’est qu’enseuite l’un des deux voit son développement inhibé.

Quand le développement du fœtus lance la sexualité de l’individu, elle lance à la fois une sexualité masculine et féminine et elle ne tranche pas entre les deux. Les éléments anticipateurs des organes féminins et masculins sont produits en même temps, que ce soit au plan hormonal, neurologique, physiologique et des organes sexuels.

Ainsi, ce que l’on a pris à tort pour des dysfonctionnements de la sexualité (homosexualité, sexualité faible, sexualité non clairement définie, etc.), ou même pour des dérèglements et des immoralismes ou des perversités, sont en fait un nouvel éclairage de son fonctionnement. En fait, tous les êtres humains ont plus ou moins une sexualité qui tend vers celle de l’autre sexe et plus ou moins une sexualité multiple (capacité à être attiré sexualité par un être du même sexe notamment). Cette sexualité minoritaire nous en apprend beaucoup sur la manière dont l’homme acquiert et met en œuvre sa sexualité.

Il n’y a pas de sexualité contre nature. Il n’y a pas de sexualité immorale du moment qu’elle n’est ni contrainte, ni exploitée, ni imposée à des individus qui ne possèdent pas leur pleine liberté, qui n’ont pas une maturité sufffisante pour choisir et du moment que ces individus sont libres de s’en retirer quand ils le désirent. Par contre, toute la sexualité est aujourd’hui contrainte par des critères moraux, sociaux et relationnels qui sont imposés par l’ordre social et idéologique dominant, qu’il accepte ou pas l’homosexualité, la sexualité faible, la sexualité autre qu’en vu de l’enfantement, la diversité sexuelle ou d’autres choix.

C’est la compréhension du mécanisme naturel qui est mal compris et qui l’est souvent consciemment et volontairement. Ce sont les idéologies en noir et blanc des religions qui ont œuvré activement à cette incompréhension, avec l’aide des Etats et des classes dirigeantes, celles-ci exploitant l’opposition diamétrale entre les sexes. Opposer diamétralement un rôle social de l’homme et un rôle social de la femme, sans parler d’un rôle sexuel, a permis d’opposer deux moitiés de la population, en stabilisant ainsi l’exploitation et l’oppression par la division des exploités et des opprimés.

Il importe tout d’abord de se rappeler que la sexualité, pour naturelle et spontanée qu’elle soit, n’est pas un simple produit biologique, physiologique et psychologique de l’homme mais c’est aussi un produit social et, comme tel, il dépend de manière historique du type de société, du mode de production, de l’état de la société, des contradictions de celle-ci, des politiques de ses classes dirigeantes et de leur Etat. Même si chaque individu peut croire avoir la sexualité qu’il a librement choisie, il est conduit, dans ses actes comme dans ses pensées, par la société vers des modèles de comportement qu’il n’a pas du tout inventé lui-même. Dans la sexualité, les modes de relations, les coutumes, les préjugés, les comportements, les mots, les actes, les premières relations, les relations entre adultes, tout est du domaine social et pas seulement du domaine du choix individuel. Comme toute la société est conduite d’abord et avant tout par la lutte des classes, il en va de même de la sexualité. C’est la classe dominante qui choisit quel type de famille favoriser, quel type de relations sexuelles, quel type de sexualité, quel type de relations entre hommes et femmes, quelle image de chaque sexe, et quel rôle de chacun d’eux : à quel âge commencent les relations sexuelles, de quelle manière, dans quel but, avec quels résultats, pour quelle relation durable ou fixe. C’est la classe dominante qui décide comment encadrer cette liberté individuelle, entre quels individus, de quel sexe, dans un but de pure procréation ou non, avec égalité ou non entre hommes et femmes, dans quel cadre de droits et de devoirs, de respect mutuel ou non. Nous n’en avons généralement pas conscience et aimerions bien croire avoir agi entièrement librement, par simple choix personnel, par conception culturelle, sexuelle ou religieuse, éventuellement du fait d’antécédents familiaux mais cela est faux. C’est bel et bien la société qui impose les modèles de relations sexuelles. Et ce n’est pas les préjugés et les croyances qui déterminent les règles de la société mais la classe qui domine la société qui impose en même temps les règles et les croyances qui lui conviennent. La lutte des classes, qui détermine le fonctionnement économique et social, est également déterminante dans les relations sociales, y compris celles entre hommes et femmes et jusque dans la sexualité. Les gens croient obéir à l’opinion, aux croyances, éventuellement aux préjugés ou aux idées de leur entourage, notamment de leur famille mais ils ont rarement conscience d’obéir aux intérêts de la classe dominante. Pourtant, ce sont les classes dirigeantes qui imposent ainsi leurs règles de vie d’une société donnée à une époque donnée, règle qui vont évoluer au cours de l’Histoire.

Tout au long de l’Histoire, l’évolution de la sexualité se fait en parallèle avec l’évolution de la société humaine. Ce sont des critères sociaux qui déterminent des changements dans la sexualité, imposant par exemple des mariages croisés entre des tribus, interdisant l’inceste, mettant en place des règles de passage à l’adolescence, des règles de rencontres entre jeunes de deux sexes, des règles de mariage, des règles de mise en scène des accouchements, des interdits sexuels, etc… La plupart des gens ignorent que la société a fait pression sur eux pour leur imposer une certaine image de la sexualité, des règles, des conceptions, des pratiques, des mots même qui dirigent complètement les individus dans leurs relations sexuelles. A la limite, ils admettent que l’on peut diffuser des modes, des préjugés, influencer l’opinion publique, dans le domaine de la sexualité aussi bien que dans celle des modes de vêtements, de coiffure, de comportement. Mais bien des gens, qui sont irréligieux ou très peu religieux, ignorent que la religion a joué un rôle considérable dans leur sexualité. En effet, sous prétexte de « défense de règles morales », de « défense de la famille », de « défense de l’enfance », de « défense de l’identité culturelle et religieuse d’une communauté », les appareils religieux interfèrent, directement ou indirectement, sur la sexualité, que ce soit en éduquant les enfants, en leur introduisant subrepticement des préjugés qu’ils n’auront même pas conscience d’avoir intégré à un âge où ils ne peuvent s’en défendre, ou en influençant les personnels des professions médicales, longtemps liées à la religion (les « bonnes sœurs » des hospices et hôpitaux dans le temps, les infirmières et médecins ensuite). La religion influence ensuite directement les pouvoirs publics en relationnant avec les dirigeants politiques qu’ils peuvent appuyer ou combattre. Ainsi, une question qui pourrait sembler entièrement privée, concernant seulement deux individus, va devenir non seulement mise sur la place publique de la famille mais même dépendre de critères sociaux de toute la société, critères qui n’ont plus rien à voir avec les désirs, les volontés, les plaisirs, le bien-être des deux personnes concernées par la sexualité en question. La société, la religion, l’environnement social s’érige en juge de ce que ces deux individus font entre eux et ce n’est pas pour protéger les enfants, ce n’est pas pour protéger la société d’éventuelles dérives violentes ou nuisibles sur le plan de la santé physique ou morale, ce n’est pas pour protéger ces individus de dérives de toutes sortes. Non, c’est pour utiliser les relations individuelles comme point d’appui de l’ordre social existant, du pouvoir religieux et du pouvoir d’Etat, les deux servant à étayer le pouvoir des classes dirigeantes aussi bien en érigeant en règle morale, s’imposant à tous, ce qui doit se faire en termes de mariage, d’enfantement, de sexualité.
Pourtant, les tendances spontanées de l’individu vers la sexualité, hétérosexuelle, homosexuelle, ou de simple plaisir masturbatoire, n’ont nullement besoin d’un tel encadrement social, religieux et politique. Elles ont encore moins besoin d’être désignées du doigt comme des désirs et des pratiques sales, comme impures, comme porteuses d’opprobre, comme dégradantes, comme sataniques, comme contre-nature (la nature a bon dos !), comme péchés, comme non voulue par dieu, par la médecine ou par la société des hommes. La sexualité, qui est déjà une petite épreuve pour le jeune adolescent ou la jeune adolescente, qui voit déjà avec inquiétude son corps changer, ses préoccupations se modifier, des attirances nouvelles se produire, un nouvel individu apparaître, sans avoir besoin que sa recherche de cette identité nouvelle ne soit perturbée par des prêches affolants dirigés par des prétraillons, des hommes auxquels leur religion interdit parfois ou encadre sévèrement toute relation sexuelle avec des femmes sans parler d’autres relations sexuelles. C’est ceux qui ne peuvent pratiquer librement des relations sexuelles quelconques qui se mettent à interférer sur ce que devraient ou ne devraient pas être des relations sexuelles dites « normales », « saines », « reconnues », « moralement non réprouvables », etc. C’est eux qui vont semer, des fois pour toujours, des peurs, des réticences, des dégoûts, au nom de la morale et de préceptes soi-disant supérieurs.

L’homosexualité n’est ni une maladie, ni une dépravation, ni un détournement de la nature, ni une mode, ni une tare. C’est une tendance naturelle des êtres humains. La sexualité des individus en homme et femme est certes définie à la naissance, mais elle ne l’est pas de manière tranchée en noir et blanc. Chez chaque homme, il y a des tendances féminines et des tendances masculines chez chaque femme. Et plus ou moins selon les individus.

Freud montre notamment que la contradiction entre homme et femme est interne à chaque individu. Une thèse très novatrice puisque Freud affirme que tous les hommes sont plus ou moins bisexuels dans le fonctionnement de leur cerveau. L’être vivant a un sexe mais il a des sentiments et des besoins de l’autre sexe. Freud a eu le mérite à son époque d’affirmer que chaque être vivant a des côtés hétérosexuels et d’autres homosexuels, des sentiments d’homme et d’autres de femme. Pour Freud, la contradiction est permanente et indispensable. C’est pour rejeter un des éléments de la contradiction qu’apparaît la maladie nerveuse. La maladie est la rupture de la dynamique des contradictions. Freud défend notamment « l’idée que chaque sexe manifeste certains traits caractéristiques de l’autre ». Et aussi « du masculin et du féminin, ces notions faisant partie des notions les plus confuses du domaine scientifique ». En fait, Freud développe une dialectique du masculin/féminin dans laquelle les deux sont contradictoires tout en étant interdépendants et inséparables.

Dans ses Essais de psychanalyse (1915), Freud explique que chaque être humain naît avec des capacités bisexuelles et oscillerait toute sa vie entre des sentiments hétéros et homos, ou que cette double attirance s’effacerait à mesure que se stabilise son identité sexuelle.

Dans ses Trois Essais sur la Théorie Sexuelle (1920), Freud étudie le concept d’inversion (i.e. d’homosexualité) dans son caractère inné, autrement dit la prédisposition biologique à l’homosexualité ou à la bisexualité.

Dans Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse (1933) (la féminité), Freud écrit :

« Elle [la science]… attire votre attention sur le fait que des parties de l’appareil génital masculin se trouvent dans le corps de la femme, bien qu’à l’état atrophié, et vice versa. Elle voit dans cette occurrence l’indice d’une double sexualité, d’une bisexualité, comme si l’individu n’était pas homme ou femme, mais à chaque fois les deux, seulement l’un plus que l’autre…Vous êtes enfin invités à vous familiariser avec l’idée que les proportions dans lesquelles masculin et féminin se mêlent dans un individu sont soumises à des variations considérables…. Vous ne pouvez donner aucun nouveau contenu aux notions de masculin et de féminin. Cette distinction n’est pas psychologique ; quand vous dites masculin, vous pensez en général « actif », et quand vous dites féminin, vous pensez « passif »… »

La suite

« La sexualité humaine est une psychosexualité où le féminin et le masculin se succèdent, s’opposent, s’intriquent, constituant la bisexualité psychique… La conflictualité générale et, plus encore, celle inhérente au thème de la différence des sexes se répète, dans le débat entre psychanalystes sur les similitudes, les oppositions et la complémentarité des hommes et des femmes. » lit-on dans le Cycle de Conférences d’introduction à la psychanalyse de l’adulte, jeudi 6 février 2003 sous la plume de Litza Guttieres-Green.

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La sexualité est l’une des symétries les plus connues et la symétrie homme/femme est une contradiction dialectique et loin d’être ma seule dans le domaine du vivant. Bien sûr, l’existence des chromosomes XX et XY pourraient faire croire que l’on a soit un homme (et rien qu’un homme) et de l’autre une femme (et rien qu’une femme) mais cela est faux. Chez chaque homme et chaque femme, il n’y a pas élimination des hormones inverses, respectivement femelles ou mâles. Il y a un combat d’influence, dans lequel il n’y a pas définitivement un vainqueur et un vaincu. Tout homme est un peu femme, et inversement. La sexualité est une rupture de symétrie. Non seulement les hormones peuvent modifier l’expression réelle de la masculinité ou de la féminité mais il existe un dispositif de rupture de symétrie homme/femme. Cette rupture est réalisée par un troisième larron : le gène de détermination sexuelle RSPOL qui permet à un être doté d’un XX d’être un homme et non une femme. Une inhibition de l’expression du RSPOL permet l’inversion sexuelle et fait un homme de ce qui devrait être une femme. Une inhibition provoque une inversion de symétrie et la femme XX devient un homme XX. En fait, on a découvert que les gènes des chromosomes XX et XY peuvent être inhibés, ce qui fait que les déterminations sexuelles, loin d’être des propriétés fixes, appartiennent à la chaîne sans fin des rétroactions comme tout le matériel du vivant. L’attirance sexuelle peut donc être portée sur le même sexe et aussi il est possible d’être de tendance sexuelle intermédiaire. La discussion sur l’inné et l’acquis est aussi peu utile que dans les autres domaines qui concernent la conscience. L’homme n’est pas divisible en morceaux. Tout, dans la vie des hommes, est à la fois un choix et une tendance naturelle et bien malin qui pourrait séparer les deux. Ce qui est inacceptable c’est la culpabilisation des êtres humains.

Dans de nombreux cas (dont les mammifères), le chromosome Y porte un ou plusieurs gènes déterminant le sexe masculin. Chez l’homme un seul gène appelé SRY sur le chromosome Y permet d’enclencher les voies développementales permettant la détermination sexuelle vers le sexe mâle. Le chromosome Y ne porte pas seulement des gènes impliqués dans la détermination du sexe masculin. De plus, il y a des chromosomes Y sans le gène SRY et des chromosomes X avec le gène SRY, donc le Y ne détermine pas vraiment le sexe bien qu’il y soit associé la très grande majorité du temps. Toutefois, d’autres gènes du Y sont essentiels à la reproduction (tout homme sans Y est infertile) et un deuxième X entraîne la production œstrogène (il cause et est nécessaire aux caractères secondaires féminins, il stérilise les hommes et il est obligatoire pour qu’une femme soit fertile).

Il faut exposer aussi le rôle des gènes dans la formation de la sexualité de l’individu. On remarquera que les gènes agissent en inhibiteurs.

Gènes impliqués dans la différenciation ovarienne : les gènes ( Wtn4 ) et ( Dax1) inhibent l’expression génique de la différenciation mâle. Chez la femelle, on ne connaît pas de gène déclenchant la différenciation ovarienne. C’est ainsi, par négation, qu’ils s’expriment donc en faveur d’une différenciation femelle. On sait que DAX1 inhibe l’action de SF1 et on a récemment identifié un gène (Wnt4) capable d’empêcher la différenciation des cellules de Leydig et leur production de testostérone (peut-être par l’intermédiaire de DAX1).

Le gène AMH provoque la régression des canaux de Müller et inhibe l’aromatase. Chez les femelles, un taux élevé de facteur DAX1 (ayant deux chromosomes X, elles possèdent ce gène en deux exemplaires) inhiberait l’action de SF1 sur le promoteur du gène de l’AMH.

Dans l’espèce humaine, la duplication d’une région du chromosome X, localisée sur le bras court (Xp), entraîne le développement d’un phénotype féminin, avec dysgénésie gonadique, chez des individus de caryotype 46/XY. Cette région, de 160Kb, a été appelée DSS (Dosage Sensitive Sex-reversal) car elle contient au moins un gène capable, à double dose (deux allèles) d’inhiber la différenciation testiculaire.

Il existe alors des substances masculinisantes qui inhibent des substances féminisantes et inversement.

L’expression de plusieurs gènes permet, dans un premier temps, le développement des crêtes génitales en gonades indifférenciées. Les évènements diffèrent ensuite selon le sexe :
Chez l’homme :
Le gène SRY ne s’exprime que dans les crêtes génitales, au niveau des cellules de soutien. Ces cellules se différencient alors en cellules de Sertoli, dans les cordons testiculaires. Dans le même temps, d’autres cellules sont induites par ces cellules de Sertoli pour former les cellules de Leydig dans le mésenchyme qui se développe entre les cordons testiculaires. Les hormones stéroïdes sont ensuite synthétisées dans les cellules de Leydig pour continuer la différenciation en organes génitaux mâles, internes et externes, alors que la synthèse d’AMH (hormone anti-müllerienne) par les cellules de Sertoli permet la régression du canal de Müller.
Chez la femme :
En l’absence de SRY, les cellules de soutien se différencient en cellules folliculeuses, entourant les cellules germinales. Au contraire de ce qui se passe chez l’homme, l’entrée en méiose de ces cellules germinales n’est pas inhibée : elles deviennent des ovogonies. Les cordons sexuels dégénèrent.

Cette différenciation ovarienne est permise par le gène DAX1 (dont l’expression persiste, au contraire des testicules) et le déterminant génique sexuel Wnt4a. DAX1 permet d’inhiber les gènes impliqués dans la masculinisation.

L’expression des oestrogènes par l’ovaire en développement permet l’acquisition des caractères sexuels féminins (maintien et différenciation du canal de Müller). L’absence des hormones testiculaires induit la disparition du canal de Wolff.

Les caractères sexuels secondaires, ainsi que l’apparence "homme" ou "femme" se réalise ensuite sous l’action des hormones produites par les gonades différenciées.

Les gènes ne détermine pas entièrement la sexualité : par exemple, les hormones jouent aussi un rôle fondamental. Il y a des hormones nasculines (androgènes) et des hormones féminines (œstrogène).

SIKPSAYLPLRF-NH2 ou GnIH, pour « Gonadotropin-inhibitory hormone », est le nom d’une hormone qui joue un rôle sexuel, en inhibant la sécrétion de gonadotrophine, ce qui bloque la GnRH, une autre hormone qui elle-même en contrôle d’autres, nécessaires au bon déroulement de la reproduction.

La fonction de l’hCG est essentiellement le maintien du corps jaune de la grossesse et de sa sécrétion de progestérone. Mais elle a aussi un effet anti-gonadotrope puisqu’elle inhibe la sécrétion de la LH et de la FSH.

La principale fonction biologique de la Prl chez la femme est de contrôler le développement mammaire et la lactation. Le rôle de la Prl chez l’homme et celui de la Prl endométriale chez la femme reste encore inconnu. Si la progestérone est le principal régulateur de la Prl endométriale c’est essentiellement la dopamine (autrefois appelée PIF ou prolactin inhibiting factor) qui régule la Prl hypophysaire.

L’inhibine inhibe spécifiquement, au niveau de l’hypophyse antérieure, la synthèse de la sous-unité béta de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et la libération de celle-ci induite par la gonadolibérine (GnRH). Elle participe à la régulation du cycle menstruel, avec deux inhibines :

• inhibine A (ou alpha) produite pendant la 2e phase du cycle ovarien,

• inhibine B (ou beta ou β) produite pendant la 1re phase du cycle.

Deux effets de l’inhibine :

Effet endocrine : Baisse de la production de FSH mais la traduction des ARNm de βFSH est réprimée par l’inhibine de blocage de l’action de GnRH et de la régulation des sites fixateurs de GnRH.

Effet paracrine : favorise la production d’androgène (cellules de Leydig), ralentit l’activité aromatasique (transformation de testostérone en œstradiol) et diminue la mitose des cellules germinales.

La rétroaction des hormones ovariennes sur le complexe hypothalamo-hypophysaire :

• Au début de la phase folliculaire, une faible augmentation du taux des œstrogènes inhibe la sécrétion de FSH et de LH, c’est la rétroaction négative.

• A la fin de la phase folliculaire, une forte augmentation du taux des œstrogènes déclenche les pics de FSH et LH. Il se produit une rétroaction positive.

• En phase lutéale, les taux élevés de progestagènes et œstrogènes inhibent la sécrétion de LH et FSH. Il y a rétroaction négative.

Par ces rétroactions positives et négatives, la sécrétion des gonado-stimulines est cyclique.

Les actions positives elles-mêmes ne sont que des inhibitions d’inhibitions, des négations de la négation, et donc dialectiques !!!

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