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Ce que nous a révélé Léonard de Vinci dans ses Carnets secrets

mercredi 30 novembre 2016, par Robert Paris

Avertissement : en lisant les écrits de Léonard de Vinci, on prendra garde de se rappeler qu’il écrit à l’époque de François 1er et que la science et de la médecine de l’époque étaient très peu avancées…Cela permettra de mesurer toute l’audace révolutionnaire de sa pensée.

Ce que nous a révélé Léonard de Vinci dans ses Carnets secrets

A la fois peintre, naturaliste, poète, physicien et anatomiste

« Il y eut une fois Quelqu’un qui pouvait regarder le même spectacle ou le même objet, tantôt comme l’eût regardé un peintre et tantôt en naturaliste ; tantôt comme un physicien, et d’autres fois, comme un poète ; et aucun de ces regards n’était superficiel… Usant indifféremment du dessin, du calcul, de la définition ou de la description par le langage le plus exact, il semble qu’il ignorât les distinctions didactiques que nous mettons entre les sciences et les arts, entre la théorie et la pratique, l’analyse et la synthèse, la logique et l’analogie, distinctions toutes extérieures, qui n’existent pas dans l’activité intime de l’esprit, quand celui-ci se livre ardemment à la production de la connaissance qu’il désire…. Or l’examen de plus en plus approfondi de ces fragments donne de son génie une idée de plus en plus haute et imposante. On découvre d’abord qu’il est grand écrivain ; et même, singulièrement grand, car son style est d’une force, d’une précision, parfois d’une grâce et parfois d’un pathétique qui n’appartiennent qu’à lui. Dans l’ordre des sciences, il apparaît un précurseur. En géologie, en hydraulique, ses vues sont prévisions, la direction de ses pensées est bien souvent celle-là même où s’engagera la science qui va se constituer au XVIIe siècle. Il soupçonne, et presque formule, des principes de mécanique qui ne seront dégagés et établis que bien plus tard. »

Paul Valéry

« Il ne croyait point qu’aucun autre homme au monde eût atteint à un savoir aussi vaste que Léonard, et non point seulement comme sculpteur, peintre et architecte ; car, en outre, c’était un profond philosophe. »

Benvenuto Cellini rapportant les propos de François 1er

Citations de Léonard de Vinci :

Le scientifique

« Si comme eux, je n’allègue pas les auteurs, c’est chose bien plus grande et plus rare d’alléguer l’expérience, maitresse de leurs maîtres. »

« Fuis les préceptes de ces spéculateurs dont les arguments ne sont pas confirmés par l’expérience. »

La force

« La force se manifeste dans les corps qui, par suite de violence accidentelle, se trouvent hors de leur état ou inertie naturelle… Le corps où elle se manifeste n’augmente ni de poids ni de volume. Elle cherche perpétuellement à vaincre la cause qui l’a suscitée… »

Les ondes

« L’eau frappée par l’eau forme des cercles concentriques qui s’étendent jusqu’à une grande distance de l’endroit où elle a été frappée ; la voix, dans l’air, va plus loin et, plus loin encore, à travers le feu… »

La gravitation

« Tout poids tend à se précipiter vers le centre par la voie la plus brève. »

« Le poids d’un petit oiseau qui se pose suffit à déplacer la terre. »

« La surface de la sphère liquide est agitée par une minuscule goutte d’eau qui tombe. »

« La nature, pour accomplir un acte, prend toujours le chemin le plus court. »

La moelle épinière

« La grenouille continue de vivre quelques heures après que sa tête, son cœur et ses intestins lui ont été ôtés. Mais si tu lui piques la moelle épinière, elle se convulse instantanément et meurt… La grenouille meurt instantanément dès que sa moelle épinière est percée. C’est là, par conséquent, que semble être la source du mouvement et de la vie, puisqu’auparavant elle vivait, sans tête ni boyaux, écorchée. »

L’anatomie humaine

« Fais un discours sur le blâme mérité par les savants qui suscitent des obstacles à ceux qui pratiquent l’anatomie, et par les abréviateurs de leurs recherches. »

Léonard de Vinci

« En une partie isolée du château (d’Amboise), monseigneur et nous allâmes voir messer Lunardo Vinci le Florentin… Ce gentilhomme a écrit sur l’anatomie avec un grand luxe de détails, montrant par des illustrations à la fois les membres et les muscles, les nerfs, veines et ligaments des parties internes, et tout ce qui peut être montré dans le corps des hommes et des femmes, d’une façon qui n’avait encore jamais été égalée par personne. Et ceci, nous l’avons vu de nos yeux, et il nous a dit en outre qu’il avait disséqué plus de trente corps d’hommes et de femmes de tout âge. Il a aussi traité de la nature de l’eau, de diverses machines et autres matières qu’il a consignées en innombrables volumes – tout cela en langue vulgaire – lesquels s’ils viennent au jour, seront profitables, et de grand agrément. »

Extrait du « Voyage du Cardinal Luis d’Aragon à travers l’Allemagne, les Pays-Bas, la France et l’Italie du Nord » par Antonio de Beatis

« Léonard – les savants éditeurs des Quaderni d’Anatomia nous l’apprennent – fut le premier à relever les empreintes des ventricules du cerveau, et plusieurs siècles s’écouleront avant que l’idée ne s’en présente à l’esprit d’un autre anatomiste. »

Edward Maccurdy

Léonard de Vinci écrit :

« Cet Ouvrage devrait commencer par traiter de la conception de l’homme, et décrire la nature de la matrice et comment le fœtus l’habite, à quel stade il y réside, son mode de nutrition et de croissance, quels intervalles séparent les diverses étapes de sa croissance, quels intervalles séparent les diverses étapes de sa croissance, ce qui l’expulse hors du corps de sa mère, et pour quelle raison il en émerge parfois avant terme. Ensuite, tu décriras les membres qui se développent plus que d’autres après la naissance de l’enfant : et tu indiqueras les dimensions d’un enfant âgé d’un an. Puis décris l’homme adulte, ainsi que la femme, et mentionne leurs mesures et la nature de leur complexion, coloration et physionomie. Après quoi, tu décriras comment il se compose de veines, de nerfs, de muscles et d’os. Ceci, tu devras le faire à la fin du livre. Et puis, représentent en quatre scènes quatre états universels de l’humanité, à savoir : la joie avec diverses façons de rire, ainsi que le motif de l’hilarité ; les larmes et les diverses façons de pleurer ainsi que leurs causes ; la dispute avec divers mouvements évocateurs de tueries, fuites, craintes ; des actes de férocité, l’audace, l’homicide, et tout ce qui se rattache à des cas analogues. Fais ensuite une figure représentant le travail, dans l’acte de traîner, de pousser, de porter, de retenir, de supporter et autres états analogues. Puis décris les attitudes et le mouvement. Puis, la perspective au moyen de la vue et de l’ouïe. Il faudrait aussi faire mention de la musique et indiquer les autres sens. Ensuite, la nature des cinq sens. Nous décrirons cette structure mécanique de l’homme au moyen de diagrammes : les trois premiers traiteront de la ramification des os ; l’un les représentera de face et montrera les positions et les formes des os dans le sens horizontal ; le second de profil, et indiquant la profondeur du tout et des parties, ainsi que leur position. Le troisième figurera les os vus par derrière. Puis nous ferons trois autres diagrammes de ces mêmes aspects, après avoir scié les os de façon à voir leur épaisseur et leur creux ; et trois autres diagrammes encore, pour les os et les nerfs qui partent de la nuque et nous montrant dans quels membres ils se ramifient ; et trois autres, pour les os et veines et le point où ils se divisent ; puis trois pour les muscles et trois pour la peau et les dimensions ; et trois pour la femme ; qui montreront la matrice et les veines menstruelles aboutissant aux mamelles. »

« Les muscles ne sont fixés qu’aux extrémités de leurs réceptacles et de leurs tendons… »

« Le bras qui a deux os interposés entre la main et le coude sera un peu plus court en tournant la paume de la main vers le sol que lorsqu’elle est tournée vers le ciel, quand l’homme est debout et le bras tendu. Et il en est ainsi parce que les deux os, si l’on tourne la paume de la main vers la terre, viennent à s’entrecroiser de telle sorte que celui qui part du côté gauche aboutit au côté droit de la paume de cette main. »

« La veine forme un tout qui se divise en autant de rameaux principaux qu’il existe d’endroits essentiels à nourrir, rameaux qui vont se subdiviser à l’infini. »

« La première démonstration de la main sera faite simplement par ses os. La seconde par ses ligaments et diverses chaînes de nerfs qui les joignent. La troisième sera faite avec les muscles qui naissent sur ces os ; la quatrième, avec les premiers tendons qui se posent sur ces muscles et transmettent le mouvement aux extrémités digitales. Le cinquième aura trait à la seconde série de tendons, ceux qui meuvent l’ensemble des doigts et aboutissent à leurs avant-derniers os. La sixième montrera les nerfs qui rendent sensitifs les doigts de la main ; la septième fera voir les veines et artères qui alimentent les doigts et leur donnent leur force. La huitième et dernière sera la main revêtue de la peau ; et pour celle-ci on fera une main de vieillard, une de jeune homme, et une d’enfant ; et pour chacune, on indiquera les mesures de longueur, grosseur et largeur de toutes leurs parties. »

« Décris chaque muscle, à quel doigt il sert, et à quel membre, dessine-le tout dépouillé, sans qu’il soit gêné par la superposition d’un autre muscle, et ainsi on pourra par la suite reconnaître les parties endommagées… Ecris de combien chaque muscle peut s’allonger ou se contracter, ou s’amincir, ou grossir, et lequel a plus ou moins de puissance. Représente ici, toujours ensemble, les veines et les nerfs ainsi que les muscles, afin qu’on puisse voir comment ces veines et nerfs embrassent les muscles, et supprime les côtes pour mieux permettre de voir comment le plus grand des muscles s’attache à l’omoplate… La fin de chaque muscle se change en un tendon, qui lie la jointure de l’os avec laquelle se conjugue le muscle… Dans toutes les parties de l’homme appelé à fournir un plus grand effort, la nature a fait les muscles et les tendons plus larges et plus épais. »

Fonctionnement du corps humain

« Il faut étudier les fonctions du corps : cause de la respiration, cause du mouvement du cœur, cause du vomissement, cause de la descente de la nourriture dans l’estomac, cause de l’évacuation intestinale, cause du mouvement des matières superflues à travers l’intestin, cause de la déglutition, cause de la toux, cause du bâillement, cause de l’éternuement,cause de l’engourdissement des divers membres, cause de la perte de sensibilité d’un membre, cause de l’impression de chatouillement, cause de la sensualité et autres besoins du corps, cause de l’urination, et ainsi de tous les actes naturels du corps. »

« Comment les nerfs travaillent parfois d’eux-mêmes, sans commandement d’autres agents ou de l’âme. Ceci apparaît avec évidence, car tu verras les paralytiques ou ceux que le froid fait frissonner ou engourdir, remuer leurs membres tremblants, tête ou mains, sans la permission de leur âme qui, malgré tout son pouvoir, ne saurait empêcher ces membres de s’agiter. Ce phénomène s’observe aussi dans les cas d’épilepsie ou de membres coupés ; tels la queue du lézard. »

« Il existe autant de ramifications nerveuses qu’il y a de muscles, et il ne saurait y en avoir ni plus ni moins, car les muscles ne peuvent se contracter ou se détendre qu’en raison des nerfs, grâce auxquels ils perçoivent les sensations. Et il existe autant de tendons actionnant les membres, que de muscles. »

« La chaleur est produite par le mouvement du cœur, et la chose est manifeste, car à mesure que le cœur bat plus vite, la chaleur augmente, comme le prouve le pouls des fiévreux, lequel est mû par les battements du cœur… Le cœur se meut de lui-même et ne s’arrête point, sinon pour toujours. »

« Arbre de tous les nerfs ; il est démontré que tous ont leur origine dans la moelle épinière et celle-ci dans le cerveau. »

L’odorat

« Le sens de l’odorat, faisant partie de la substance cérébrale, celle-ci par un très large réceptacle, descend à la rencontre du sens olfactif qui s’introduit parmi de nombreuses cellules cartilagineuses à travers divers conduits rejoignant le cerveau. »

La vue

Les images d’un corps, transmises à l’œil par quelque ouverture, s’impriment renversées sur sa pupille et sont redressées par l’intellect ; la pupille de l’œil qui reçoit par un très petit trou rond les images des corps situés au-delà de ce trou, les perçoit toujours renversées, alors que la faculté visuelle les voit toujours droites, telles qu’elles sont. Ceci tient au fait que lesdites images traversent le centre de la sphère cristalline située au milieu de l’œil ; et dans ce centre, elles s’unissent en un point et s’étendent ensuite sur la surface opposée de cette sphère sans dévier de leur cours… Le mouvement lumineux est ainsi parce que la nature accomplit tout acte naturel par la voie la plus brève et dans le temps le plus court. »

« L’expérience prouve qu’un treillis fait de gros crins de cheval placé devant les yeux, ne dissimule rien de ce qui se trouve au-delà de lui et d’autant moins qu’il est plus près des yeux ; or, si la faculté visuelle était concentrée en un seul point, plus les crins en approcheraient, plus ils occuperaient d’espace. L’expérience démontrant le contraire, il est exact que la faculté visuelle est infuse dans la pupille entière ; elle en utilise toutes les parties et voit au-delà de ce crin, le débordant, le traversant dans sa partie la plus épaisse, et formant des pyramides auprès des crins. »

« Pourquoi les rayons des corps lumineux augmentent à proportion de l’espace interposé entre eux et l’œil ? La longueur des rayons émanant des corps lumineux s’accroît avec l’accroissement de l’espace qui s’interpose entre eux et l’œil. Il est nécessaire de définir d’abord ici ce que sont les rayons des corps lumineux et s’ils naissent dans l’œil qui regarde ces corps ou s’il émane d’eux ; et si nous devons conclure qu’ils émanent de l’œil, il convient de définir pourquoi et comment… Tout l’air qui voit l’objet placé en face de lui est vu par ce même objet… L’œil ne sera jamais capable de percevoir la limite exacte d’un corps quelconque lorsqu’il se détache sur le lointain… La faculté visuelle ne réside pas en un point, comme le soutiennent les peintres qui ont traité de la perspective, mais tout entière dans toute la pupille où les images des objets s’intègrent, et qu’elle est aussi à l’intérieur de l’œil dans un espace plus grand que n’en occupe ladite pupille. Mais ces images sont d’autant plus clairement perceptibles qu’elles sont plus proches du centre de la faculté visuelle située dans cet espace, et d’autant moins claires qu’elles en sont plus éloignées… En outre, si quelqu’un objectait que l’œil n’est pas apte comme l’oreille à recevoir les images des objets sans transmettre en échange une force quelconque, ceci peut être démontré par l’exemple du petit trou pratiqué dans une fenêtre, qui renvoie toutes les images des corps placés en face de lui. Donc, on pourrait dire que l’œil fait ainsi. Si le petit trou cité en exemple, sans rien renvoyer hormis sa forme dépourvue de puissance immatérielle, restitue à la maison les images des objets avec leur couleur et leur forme, et une fois là, les présente inversées, l’œil devrait donc faire de même, de telle sorte que tout y apparaitrait inversé. »

Médecine

« La médecine est le remède apporté à des éléments en conflit ; la maladie est la discorde des éléments infus dans un corps vivant. »

« Vous savez ce que les médicaments bien administrés rendent la santé aux malades ; ils seront bien administrés quand le médecin, en même temps qu’il aura la compréhension de leur nature, comprendra ce qu’est l’homme, ce qu’est la vie, ce que sont la constitution et la santé. Connaissez-les bien, et vous connaîtrez leur contraire ; et la cas échéant, vous saurez trouver le remède. »

Corps et esprit

« Séparer les parties spirituelles et corporelles est impossible…. Ici, Avicenne prétend que l’âme donne naissance à l’âme et le corps au corps et à tous les membres, mais il est dans l’erreur… Voir l’enfant qui est dans le ventre de la mère… »

« Nous avons prouvé que l’esprit ne peut exister dans les éléments sans un corps ni se mouvoir par un acte volontaire… Pour prouver si l’esprit peut parler ou non, il est nécessaire de définir d’abord la voix, et comment elle se produit. Nous en donnerons donc la définition suivante : la voix est un mouvement de l’air frotté contre un corps compact, ou d’un corps dense frotté contre l’air, ce qui revient au même ; cette friction du compact avec une substance raréfiée la comprime et ainsi la rend apte à la résistance ; en outre, une matière raréfiée qui se meut rapidement et une matière similaire douée d’un mouvement plus lent se compriment à leur mutuel contact et produisent grand bruit et tapage… Nous dirons donc que l’esprit ne saurait émettre de voix sans mouvement de l’air ; or, il ne contient point d’air et, n’en ayant pas, ne peut en exhaler…. Tout l’air qui pénètre dans la trachée a une quantité égale, en tous les degrés de ses ramifications, comme les branches nées durant la croissance saisonnière des plantes, qui, chaque année, si l’on additionne les différentes épaisseurs de tous les rameaux nouveaux, égalent l’épaisseur du fût de l’arbuste. Mais dans le larynx, la trachée se contracte pour condenser l’air qui semble une chose vivante quand il sort du poumon, afin de créer les différentes sortes de voix, et aussi pour presser et dilater les différents conduits et ventricules du cerveau ; car si la trachée était aussi dilatée à sa partie supérieure que dans la gorge, l’air ne pourrait se condenser et remplir les devoirs et offices nécessaires à la vie et à l’homme, c’est-à-dire parler, chanter et autres fonctions du même genre. Et le vent qu’expulse brusquement le poumon, quand il exhale de profonds soupirs, opère à l’aide de la paroi abdominale qui serre les intestins ; et ceux-ci soulèvent le diaphragme, lequel comprime le poumon. »

Le temps

« Ecris sur la qualité du temps, distincte de ses divisions mathématiques. »

« Notre jugement n’évalue pas dans leur ordre exact et congru les choses qui se sont passées à des périodes différentes ; car maints événements eurent lieu il y a bien des années, qui semblent toucher au présent, et beaucoup de choses récentes nous font l’effet d’être anciennes… »

« Bien que le temps soit rangé parmi les quantités continues, du fait qu’il est invisible et immatériel, il ne tombe pas intégralement sous la puissance géométrique qui le divise en figures et corps d’une infinie variété, comme on le voit constamment des choses visibles et corporelles ; mais il s’accorde avec elles simplement sous le rapport de ses premiers principes, à savoir le point et le ligne. Le point, si on lui applique les termes réservés au temps, se doit comparer à l’instant, et la ligne a la longueur d’une grande durée de temps. »

Le vide

« Le néant et le vide ne sont point pareils. »

« Dans la nature, le néant ne se rencontre point ; il s’associe aux choses impossibles, raison pour laquelle on dit qu’il n’a pas d’existence. »

Le son

« Il ne saurait y avoir de son où il n’y a pas mouvement ou percussion de l’air. Il ne saurait y avoir percussion de l’air où il n’y a pas d’instrument. Il ne saurait y avoir d’instrument sans corps. Dans ces conditions, un esprit ne peut avoir ni voix ni forme ni force, et s’il prenait un corps il ne pourrait pénétrer ni entrer ou les portes sont closes. »

Discontinuité

« Beaucoup de points imaginaires en contact continu ne constituent pas la ligne, et en conséquence beaucoup de lignes en contact continu ne constituent pas une surface, non plus que beaucoup de surfaces en contact continu ne forment un corps… »

Pourquoi De Vinci ne voulait pas publier son projet de scaphandre et de sous-marin :

« Grâce à un certain appareil, de nombreuses gens peuvent être immergées pendant quelques temps. Comment et pourquoi je ne décris pas ma méthode de rester sous l’eau aussi longtemps que je puis me passer de nourriture ; et je ne la publie ni ne la divulgue à cause de la nature maligne des hommes, qui les porterait o commettre des assassinats au fond des mers, en brisant les navires dans leurs œuvres vives et en les coulant avec leurs équipages. »

L’imagination

« L’idée ou la faculté d’imaginer est à la fois gouvernail et frein des sens, dans la mesure où la chose imaginée émeut le sang. Pré-imaginer, c’est imaginer les choses à venir. Post-imaginer, c’est imaginer les choses passées. »

Le mouvement

« Un corps en mouvement acquiert dans l’espace autant de place qu’il en perd. »
« Tout ce qui descend en chute libre acquiert une vitesse nouvelle à chaque degré de mouvement. »

« Le centre de tout corps pesant se trouvera en ligne perpendiculaire sous le centre de la corde à laquelle il est suspendu. »

Astronomie

« La lune n’a pas de lumière propre, mais seulement dans la mesure où le soleil l’illumine. De cette partie éclairée, nous voyons celle qui nous fait face. Et sa nuit emprunte sa splendeur à nos eaux qui lui renvoient l’image du soleil… Il te faut démontrer que la terre remplit le même office à l’égard de la lune que la lune à l’égard de la terre… Je dis que la lune étant lumineuse, bien qu’elle n’ait point de lumière propre, il faut forcément que cette clarté provienne de quelque autre corps. »

Géologie

« Au sommet des montagnes, dans chaque creux, tu trouveras toujours des replis de stratification rocheuse… Les coquilles et autres animaux analogues nés dans la vase de la mer témoignent du changement qui s’opère dans la terre… Les sillons que forment les couches de coquillages incrustés dans la vase marine, où ils étaient nés quand les eaux salées les submergèrent, ces sillons furent de temps en temps recouverts par les diverses épaisseurs de vase que les fleuves, en leurs crues plus ou moins importantes, entraînaient vers la mer et ainsi les coquilles restèrent emmurées et mortes sous cette vase, qui s’est trouvée élevée à une telle hauteur que le lit de la mer a surgi à l’air. Actuellement, ces lits sont à une si grande altitude qu’ils sont devenus des collines ou d’altières montagnes… Ainsi la légère écorce terrestre est continuellement soulevée… Les anciens lits de la mer sont devenus des chaînes de montagne. »

« L’eau érode les montagnes et comble les vallées, et si elle en avait le pouvoir, elle réduirait la terre à l’état de sphère parfaite. »

Machines

« Je trouve que si l’instrument pourvu d’une hélice est bien fabriqué – c’est-à-dire fait d’une toile dont les pores soient obturés avec de l’amidon – et promptement tourné, ladite hélice tracera une spirale en l’air et s’élèvera haut… La pression qu’une chose exerce contre l’air est égale à la pression de l’air contre la chose. »

« Ayant, très illustre Seigneur, vu et étudié les expériences de tous ceux qui se prétendent maîtres en l’art d’inventer des machines de guerre et ayant constaté que leurs machines ne diffèrent en rien de celles communément en usage, je m’appliquerai, sans vouloir faire injure à aucun, à révéler à Votre Excellence certains secrets qui me sont personnels, brièvement énumérés ici :

1) J’ai un moyen de construire des ponts très légers et faciles à transporter pour la poursuite de l’ennemi en fuite ; d’autres plus solides qui résistent au feu et à l’assaut, et aussi aisés à poser et à enlever. Je connais aussi des moyens de brûler et de détruire les ponts de l’ennemi.

2) Dans les cas d’investissement d’une place, je sais comment chasser l’eau des fossés et faire des échelles d’escalade et autres instruments d’assaut.

3) Item. Si par sa hauteur ou sa force, la place ne peut être bombardée, j’ai un moyen de miner toute forteresse dont les fondations ne sont pas en pierre.

4) Je puis faire un canon facile à transporter qui lance des matières inflammables, causant un grand dommage et aussi une grande terreur par la fumée.

5) Item. Au moyen de passages souterrains étroits et tortueux, creusés sans bruit, je peux faire passer une route sous des fossés et sous un fleuve.

6) Item. Je puis construire des voitures couvertes et indestructibles portant de l’artillerie et, qui ouvrant les rangs de l’ennemi, briseraient les troupes les plus solides. L’infanterie les suivrait sans difficulté.

7) Je puis construire des canons, des mortiers, des engins à feu de forme pratique et différents de ceux en usage.

8) Là où on ne peut se servir de canon, je puis le remplacer par des catapultes pour lancer des traits d’une efficacité étonnante et jusqu’ici inconnus. Enfin, quelque soit le cas, je puis trouver des moyens infinis pour l’attaque.

9) S’il s’agit d’un combat naval, j’ai de nombreuses machines de la plus grande puissance pour l’attaque comme pour la défense : vaisseaux qui résistent au feu le plus vif, poudres et vapeurs.

10) En temps de paix, je puis égaler, je crois, n’importe qui dans l’architecture, construire des monuments privés et publics et conduire l’eau d’un endroit à l’autre. Je puis exécuter de la sculpture et marbre, bronze, terre cuite. En peinture, je puis faire ce que ferait un autre, quel qu’il puisse être. Et, en outre, je m’engagerais à exécuter le cheval de bronze à la mémoire de votre père et de la Très Illustre Maison de Sforza.

Et si quelqu’une des choses ci-dessus énumérées vous semblerait impossible ou impraticable, je vous offre d’en faire l’essai dans votre parc ou en toute place qu’il plaira à Votre Excellence, à laquelle je me recommande en toute humilité. »

Lire ensuite : la pensée scientifique de Léonard de Vinci

Qui était Léonard de Vinci

Ses écrits

Œuvres de Léonard

Le Roman de Léonard de Vinci

Léonard de Vinci et la représentation du corps

Les manuscrits de Léonard

La suite

Laissons Léonard conclure :

« C’est au moment où ils travaillent le moins que les esprits élevés en font le plus ; ils sont alors mentalement à la recherche de l’inédit et trouvent la forme parfaite des idées qu’il expriment ensuite en traçant de leurs mains ce qu’ils ont conçu en esprit. »

« Il me paraît que vaines et pleines d’erreur sont les sciences qui ne naissent pas de l’expérience, mère de toute certitude, et qui n’aboutissent pas à une notion expérimentale, c’est à dire que ni leur origine (principes), ni leur milieu (la méthode), ni leur fin (vérification) ne passent pas les sens, combien nous devrions douter plus encore de ce qui concerne les choses rebelles à ces sens ’’comme l’essence de Dieu, l’âme et autres questions similaires ’’sur lesquelles toujours on se dispute et on conteste. Et vraiment, il faut que toujours où manque la raison, la dissertation n’y supplée, ce qui n’arrive pas pour les choses certaines. Nous dirons donc que là où l’on ergote, il n’y a plus de vraie science : car la vérité n’a qu’un seul terme et, ce terme une fois trouvé, le litige se trouve détruit à jamais. S’il peut renaître, il s’agit d’une science bavarde et confuse, et non de certitude née. Les vraies sciences sont celles que l’expérience a fait pénétrer par les sens et qui imposent le silence à la langue des argumentateurs, et qui ne nourrissent pas de songes leurs investigateurs, mais sur les premiers et vrais principes connus procèdent successivement et avec une vraie suite et arrivent à conclure, comme on le voit dans les mathématiques. »

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