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La terreur blanche : les massacres des armées blanches et impérialistes occidentales contre la révolution russe

samedi 14 janvier 2017, par Robert Paris

Terreur blanche en Finlande

Troupes anglo-françaises à Vladivostok en 1918

Le général blanc Wrangel

Le général blanc Kornilov

Le général blanc Krasnov

Le général blanc Koltchak

Le général blanc Dénikine

Affiche de propagande antisémite des armées blanches

Le général Kornilov déclare en décembre 1917 : « Même si nous avons à brûler la moitié de la Russie et à verser le sang des trois quarts de la population, nous devrons le faire si c’est nécessaire pour sauver la Russie ».

Au cours du congrès de fondation de l’Internationale communiste, en mars 1919, un texte est voté par les délégués sous l’intitulé Résolution sur la terreur blanche :

« À présent, les Krasnov et les Dénikine, jouissant de la collaboration bienveillante de l’Entente, ont tué et pendu des dizaines de milliers d’ouvriers, décimé, pour terroriser ceux qui restaient encore, ils laissèrent même pendant trois jours les cadavres pendus à la potence. Dans l’Oural et dans la Volga, les bandes de gardes-blancs tchécoslovaques coupèrent les mains et les jambes des prisonniers, les noyèrent dans la Volga, les firent enterrer vivant. En Sibérie, les généraux abattirent des milliers de communistes, une quantité innombrable d’ouvriers et de paysans. »

Les massacres des armées blanches et impérialistes occidentales contre la révolution russe

On se souvient que le « Livre noir du communisme » (qui compte « URSS : 20 millions de morts », en mêlant allègrement les famines, les guerres, les guerres civiles et les massacres de toutes sortes) attribue l’essentiel des massacres de la guerre civile russe non aux armées Blanches (tsaristes, nationalistes ou « socialistes ») ni des divers dictateurs locaux ou « des Verts » mais à la seule armée rouge bolchevique. Un mensonge grossier et une contre-vérité historique flagrante, même s’il est vrai que l’armée rouge s’est défendue par les armes et a répondu à la « terreur blanche ». Bien entendu, les commentateurs favorables à la bourgeoisie contre la révolution prolétarienne prétendront que la riposte ouvrière est assimilable aux massacres staliniens ! La réalité est inverse : ce sont les massacres blancs et impérialistes qui ont rejeté la Russie dans l’arriération et l’isolement et livré le pays à la bureaucratie contre-révolutionnaire de Staline…

En janvier 1918, la révolution en Finlande, où la révolution prolétarienne s’est pourtant bien gardée d’être répressive et même méfiante vis-à-vis de sa bourgeoisie démocratique et « socialiste, est violemment réprimée par les « Blancs », aidés par la division allemande du général Rüdiger von der Goltz. La répression est brutale. Les prisonniers rouges sont abattus à la mitrailleuse dans des fossés. La Terreur blanche fait 35 000 morts dans un pays de 4 millions d’habitants. En comparaison, l’ensemble de la révolution soviétique avait fait moins de mille victimes, des deux côtés. Début mai 1918, on compte 64 camps de concentration comprenant 81 000 prisonniers (soit 6 % de la population adulte finlandaise), essentiellement répartis au sud du pays. Pour les monarchistes russes, c’est un exemple à suivre et un avertissement de ce qui attend les révolutionnaires s’ils perdent le pouvoir.

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Dans la région du Don, les forces blanches s’organisent autour des généraux Mikhaïl Alekseïev et Lavr Kornilov pour créer l’armée des volontaires, qui s’oppose aux bolcheviks lors de la première campagne du Kouban en février 1918.

À partir d’avril 1918, les Alliés - Français et Britanniques - interviennent dans le nord et dans le sud du pays.

Les troupes anglo-françaises débarquèrent le 1er juillet 1918 à Mourmansk ; les Blancs entrèrent le 2 à Orenbourg ; les Tchèques entrent le 3 à Oufa. Le 6 juillet, l’armée contre-révolutionnaire du général Alexiev prend Yaroslavsk et y massacre les communistes.

Le 3 août, les troupes anglaises débarquaient à Arkhangelsk. Les 6 août, les troupes tchécoslovaques prenaient Kazan.

Après leur victoire de novembre 1918 face à l’Allemagne, les Alliés prennent ouvertement position contre les Rouges et aux côtés des Blancs. Écœurés par le traité de Brest-Litovsk qui a permis au Kaiser de transférer ses divisions d’Est en Ouest et de manquer de peu de remporter la victoire en France, beaucoup de dirigeants occidentaux s’en tiennent à l’époque à la thèse d’un Lénine agent des « Boches », et conçoivent au départ leur intervention comme un prolongement de la lutte contre l’Allemagne. S’y mêle ensuite la peur de la contagion révolutionnaire. Comme le déclara Winston Churchill, certes anti-bolchevik particulièrement virulent même au regard des critères de l’époque, « le bolchevisme doit être étranglé dans son berceau ».

L’idée de Lénine et Trotsky n’était pas d’instaurer un régime socialiste dans la seule Russie, mais que l’extension de la révolution aux pays industriellement avancés, comme l’Allemagne était le seul moyen de sauver la révolution.

Le Soviet de Bakou, dirigé par Chaoumian, s’empara du pouvoir début 1918 et la première république soviétique de l’Azebaidjan s’organisa, nationalisant le pétrole de la mer Caspienne. Les partis bourgeois dits démocratiques prirent le parti des compagnies capitalistes expropriées. L’intervention anglaise et celle des troupes turco-musulmanes mirent fin à cette république dans un bain de sang incroyable. Non seulement tous les leaders bolcheviques furent passés par les armées mais les armées réactionnaires firent un terrible bain de sang dans Bakou, égorgeant pendant trois jours les Arméniens, les Russes, les ouvriers, les rouges, etc. Le chef « socialiste » du gouvernement géorgien, pro-impérialiste, qui avait laissé passé les troupes du massacre déclarait dans un banquet avec le général turc massacreur Noury-pacha : « Je vous félicite d’avoir chassé de Bakou les usurpateurs bolcheviques, et d’y avoir institué votre glorieuse démocratie… »

À partir de l’été 1918, Anglais, Allemands, Français, Américains, Grecs, Polonais, Roumains et Japonais interviennent. Avant l’armistice de Rethondes, l’Ukraine reste occupée par les troupes allemandes, qui renversent le gouvernement et privent la Russie d’approvisionnement en blé. Les troupes autrichiennes occupent Odessa, les Japonais débarquent à Vladivostok, les Turcs pénètrent dans le Caucase.

Le comportement des troupes Tchèques et Slovaques, contre-révolutionnaires, vis à vis des populations est considéré comme épouvantable par tous les historiens, y compris antibolcheviques. Ils font partir 250 trains de marchandises pillées vers Vladivostok.

En septembre 1918, l’armée rouge contre-attaque bénéficiant du ras-le-bol des populations. La Légion se replie vers l’Est et s’intègre dans l’armée blanche de Koltchak "chef suprême" de Sibérie.

Comment les armées bolcheviques ont cassé l’offensive contre-révolutionnaire

Le 10 septembre 1918, après avoir repris Kazan aux troupes blanches et Tchécoslovaques, Trotsky fait un discours :

« Nous chérissions la science, la culture, l’art et nous voulons les rendre accessibles au peuple, ainsi que toutes les institutions, c’est-à-dire les écoles, les universités, les théâtres, etc. Mais si nos ennemis de classe voulaient de nouveau nous montrer que tout cela n’existe que pour eux et non pour le peuple, nous dirions : Que le soleil s’éteigne et que règnent l’obscurité, les ténèbres éternelles... C’est précisément pour cela qu’on s’est battu sous les murs de Kazan, c’est pour cela qu’on se bat sur la Volga et dans l’Oural. On se bat pour savoir à qui appartiendront les maisons, les palais, les villes, le soleil, le ciel : appartiendront-ils aux travailleurs, aux ouvriers, aux paysans, aux indigents, ou bien aux bourgeois et aux propriétaires qui se sont de nouveau efforcés, après avoir dompté la Volga, et l’Oural, de dompter aussi le peuple ouvrier. »

Trotsky s’adresse à nouveau directement aux troupes tchécoslovaques. Le 13 septembre 1918, un autre appel est diffusé sur le front oriental. « Soldats tchécoslovaques, ouvriers et paysans ! On vous a promis l’aide anglaise, française, japonaise, mais on vous a trompés. Les bourgeois anglais et japonais ont besoin de votre sang pour soumettre le peuple travailleur russe et lui soutirer l’or. Les officiers russes gardes blancs se cachent derrière votre dos et vous obligent à mourir pour la cause de la bourgeoisie.Vous voyez maintenant la force de notre Armée Rouge. Nous avons pris Kazan et Simbirsk, demain tomberont Ekaterinbourg, Samara et toutes les autres villes occupées temporairement par la bourgeoisie au prix de votre sang. Vous périrez tous pour les intérêts des riches, des banquiers et des rois. On vous trompe. Ouvrez les yeux : les ouvriers et les paysans russes luttent pour leur liberté et le pouvoir contre la bourgeoisie russe et étrangère. Ne vous mettez pas en travers de notre route ! Solennellement, devant la classe ouvrière de tous les pays, je vous déclare : Tout soldat qui livrera volontairement son arme sera pardonné et aura la possibilité de vivre en Russie avec les mêmes droits que tous les citoyens laborieux de la République soviétique.Soldats tchécoslovaques ! Rappelez-vous que vous êtes en majorité des ouvriers et des paysans. Arrêtez vos officiers contre-révolutionnaires, unissez-vous aux ouvriers et aux paysans. Arrêtez vos officiers contre-révolutionnaires, unissez-vous aux ouvriers et aux paysans de la Russie soviétique, là est votre salut !

« Ce n’est pas par la terreur que l’on fait des armées (...). Pour notre armée, le ciment le plus fort, ce furent les idées d’Octobre. » (Trotsky)

« Le communisme ne sera instauré que par la persuasion et par l’exemple. » (Trotsky 1919)

« A la fin 1918 les forces interventionnistes en Russie avaient un total de presque 300 000 hommes – français, britanniques, américains, italiens, japonais, baltes allemands, polonais, grecs, finlandais, tchèques, slovaques, estoniens et lettoniens – à Arkhangelsk, Murmansk, en Finlande, en Estonie, en Lettonie et en Pologne comme sur la Mer Noire, sur le chemin de fer transsibérein, et à Vladivostok. » (J F C Fuller, The Decisive Battles of the Western World)

Au printemps 1919, le général blanc Koltchak, appuyé par les puissances anglo-françaises, domine la Sibérie qui est parcourue en tous sens par des armées de massacreurs qui fusillent les moujiks par milliers, violent et pillent les campagnes. La seule répression d’un soulèvement ouvrier à Omsk fait 900 victimes rouges. L’arme de Koltchak prend des otages qui, à chaque acte de l’armée rouge, sont fusillés.

Entre octobre 1918 et octobre 1919 la Grande-Bretagne a envoyé à Omsk 97 000 tonnes de fournitures, dont 600 000 fusils, 6 871 mitrailleuses et plus de 200 000 uniformes. Selon Pipes, « toutes les munitions de fusil tirées par les troupes [de Koltchak] étaient fabriquées en Grande-Bretagne ».

Le total de l’aide des Alliés à Koltchak dans les premiers mois de 1919 se comptait à 1 million de fusils, 15 000 mitrailleuses, 800 million de bandes de munition, et des vêtements et de l’équipement pour 500 000 hommes, « équivalent en gros à la production soviétique de munitions pour toute l’année 1919 ». En août 1919 La Grande-Bretagne avait déjà dépensé 47,9 million de livres sterling pour aider les Blancs – somme qui allait monter à 100 millions de livres à la fin de l’année, une somme équivalente à approximativement 3,6 milliards d’euros aujourd’hui. La contribution française valait à peine moins, et les Etats-Unis ont permis à des « sommes considérables » qu’ils avaient octroyées au gouvernement de Kerensky d’être diverties pour la cause Blanche par l’ambassadeur du Gouvernement Provisoire.

Au printemps 1919, voici l’état des troupes de massacreurs de toutes sortes qui occupent la Russie : 40.000 troupes « alliées » (Anglais, Américains, Italiens, Serbes, Français) occupent Arkhangelsk, Onéga, Kem, Mourmansk ; 40.000 Finlandais menacent Pétrograd et la Karélie ; en Esthonie, Lattvie, Lithuanie, trente à quarante mille gardes blancs résistent, appuyés par le corps de volontaires allemands de von der Goltz (30.000 hommes). L’armée polonaise (50.000 hommes au printemps), les armées française et grecque d’Odessa et Kherson (20.0000 hommes), l’armée tchécoslovaque (40.000 hommes) plus trois divisions japonaises, plus 7000 soldats américains en Extrême-orient appuient la contre-révolution russe, c’est-à-dire l’armée cosaque du Don (50.000 hommes), l’armée blanche du Kouban (80.000 hommes), l’armée nationale de Koltchak (100.000 hommes), l’armée de Dénikine (15.000 hommes), l’armée ukrainienne (15.000 hommes), les bandes contre-révolutionnaires d’Ukraine (20.000 hommes), etc…

Anglais et Français arment le général tsariste Denikine, les Allemands la division cosaque de Krasnov. Clemenceau conçoit même une intervention française de grande envergure en Ukraine en utilisant des troupes prises sur l’armée d’Orient, mais l’action tourne court à cause du manque de moyen engagés et de l’hostilité de la population locale (mars-avril 1919). Le général blanc Lavr Kornilov (mort en 1918) écrit : « Même s’il faut brûler la moitié de la Russie et verser le sang de trois quarts de la population, nous le ferons si c’est nécessaire pour sauver la Russie ». L’écrivain blanc Andreïev écrit : « Là où on fusille les gens comme des chiens, règnent la paix, la prospérité et un sens très fin de la légalité ». Les pogroms antisémites que perpètrent ou laissent perpétrer les généraux blancs font plusieurs centaines de milliers de victimes et constituent les pires massacres anti-juifs jamais perpétrés avant la Shoah.

Les pogroms antisémites ont été l’un des grands crimes des Blancs, provenant du fait que les Juifs étaient systématiquement considérés comme des alliés objectifs des Rouges.

Malgré l’adhésion au bolchevisme d’une minorité de Juifs seulement, le département de Surveillance et de Propagande de l’armée Blanche (OSVAG) et la presse blanche diffusaient en permanence une lourde propagande antisémite puisant son inspiration dans les Protocoles des Sages de Sion et affirmant haut et fort l’équivalence entre le Juif et le bolchevik. Le cahier photos du recueil est édifiant. Y sont reproduites notamment des affiches de l’OSVAG datant de 1919. Sur une, intitulée « Paix et Liberté dans le pays des
Soviets », Léon Trotski, gras et velu, assis sur la muraille du Kremlin, surveille une montagne de crânes des victimes de la Tcheka, pendant que ses sbires aux faciès non russes préparent l’exécution d’un malheureux moujik. Sur une autre, une femme dans un couvre-chef typiquement russe est sacrifiée sur l’autel de l’Internationale, couronné d’une tête de Marx. Lénine qui préside le rituel est entouré de dirigeants communistes juifs qui sont prêts à enfoncer leurs couteaux dans la chair de la victime.

De 1918 à 1920, rien qu’en Ukraine, essentiellement du fait de l’Armée de volontaires, une des principales armée blanches, plus de 1 500 pogroms se produisirent à 1 300 emplacements différents. Suivant diverses évaluations entre 50 000 et 200 000 Juifs furent tués ou blessés. Environ 200 000 furent blessés ou mutillés. Des milliers de femmes furent violées. Environ 50 000 épouses devinrent veuves, environ 300 000 enfants devinrent orphelins.

Trois grandes vagues de pogroms peuvent être distinguées en Biélorussie durant la période 1918-1922. La première, lors de l’occupation polonaise de 1919-1920 pendant la guerre russo-polonaise contre la révolution russe. Le massacre de Pinsk le 5 avril 1919 en est un exemple. La deuxième est une « épidémie » de pillage et de meurtres accomplis surtout par un des détachements appelés « bandes ». La troisième est une « orgie de banditisme à caractère pogromiste » en décembre 1920 et au début 1921.

L’Armée populaire ukrainienne de Simon Petlioura commit davantage de pogroms que l’armée Blanche et fut l’auteur des pires atrocités de cette période. Par exemple, à Proskourov, les 15 et 16 février 1919, près de 1 500 Juifs (y compris des vieillards et des bébés) furent massacrés à l’arme blanche par des petits groupes de tueurs cosaques, sur l’ordre de l’ataman Semesenko (commandant d’une unité de l’Armée populaire ukrainienne) qui exigeait l’extermination totale des Juifs, « l’ennemi le plus perfide et le plus dangereux du peuple ukrainien ». Cet acharnement très particulier des Cosaques s’explique, en plus de leur antisémitisme traditionnel, par la campagne de « décosaquisation » menée sans pitié par les bolcheviks.

Les Britanniques emploient des armes chimiques développés pendant la guerre contre l’Allemagne et l’empire Ottoman, 50 000 « M Devices », des bombes contenant de l’adamsite, sont envoyées en Russie. L’aviation britannique les utilise le 27 août 1919 sur le village de Iemtsa dans la région de Arkhangelsk. L’effet de surprise et les morts spectaculaires (vomissements de sang) font fuir l’ennemi. Il y a d’autres bombardements de villages sous contrôle bolchevique. Les bombardements visent d’autres localités sous contrôle rouge tels que Tchounova, Vikhtova, Pocha, Tchorga, Tavoïgor et Zapolki.

Du 15 au 18 juin 1919, Kharkov, après la reprise de la ville par l’armée de Dénikine, subit la terreur blanche : 2 500 victimes.

En Russie, les troupes de l’Armée blanche de Dénikine sont à l’origine de plusieurs pogroms dont le plus important est celui de Fastov le 15 septembre 1919, qui fait environ 1 000 morts. Pour l’année 1919, les historiens ont recensé 6 000 morts dans les pogroms anti-juifs en Russie.

Le 22 octobre 1919, alors que Petrograd est soumise à l’offensive de l’Armée Blanche de Ioudenitch, soutenu par le gouvernement britannique, et risque de tomber, Trotsky publie l’ordre du jour n° 158 exigeant le respect de la vie des prisonniers :

« Camarades soldats de l’Armée rouge ! Épargnez les prisonniers ! Recevez amicalement les transfuges. Dans l’armée blanche, les ennemis vénaux, corrompus, sans honneur, les ennemis du peuple travailleur sont une insignifiante minorité. La majorité écrasante est faite d’hommes dupés ou mobilisés de force. Une part importante même des officiers de la Garde Blanche combat contre la Russie soviétique sous la menace de la trique, ou parce qu’elle a été trompée par les agents des financiers russes et anglo-français et des propriétaires. » Et Trotsky souligne plus loin que son appel « ne s’adresse pas seulement aux simples soldats, mais aussi aux officiers ».

Trois fronts principaux se constituent par divers groupes nationaux qui mettent à profit la situation pour tenter de s’émanciper :

• au sud (l’armée des Volontaires et celle des cosaques dans la région du Don, commandée par le général Dénikine) ;

• au nord-ouest (armée de Ioudénitch) ;

• en Sibérie occidentale (armée de l’amiral Koltchak, renforcée par les 40 000 hommes de la Légion tchèque) à Omsk.

À ces trois fronts s’ajouteront d’autres forces blanches plus ou moins autonomes :

• en Sibérie orientale : les troupes cosaques de l’ataman Grigori Semenov appuyées par un fort contingent de « conseillers » japonais ;

• en Mongolie : la division asiatique de cavalerie du baron balte Ungern von Sternberg.

Le 13 novembre 1918, une flotte alliée mouille devant Constantinople, prête à intervenir en URSS. Elle comprend la deuxième escadre française, commandée par l’amiral Amet, et deux divisions de forces terrestres, avec le général Franchet d’Espéret.

Le 20 novembre 1918, des Russes blancs réunis à Jassy (en Roumanie, alliée de la France, où Berthelot et Franchet d’Espérey jouent un rôle très important) demandent officiellement à l’Entente (France, Grande Bretagne, Serbie...) l’envoi d’un corps expéditionnaire pour renverser les soviets.

Le lendemain, 21 novembre, Clémenceau brosse pour Franchet d’Espéret « un plan général pour l’isolement économique du bolchevisme en Russie en vue de provoquer sa chute ». Il s’agit d’occuper les ports et d’établir un « cordon sanitaire » : étouffer l’économie soviétique et isoler l’Europe de la contagion des idées révolutionnaires. L’importance donnée à l’occupation du Donbass montre bien que les objectifs économiques impérialistes priment.

Bientôt, la flotte "alliée" composée surtout de forces françaises débarque à Sébastopol (Crimée, 13 décembre) puis dans le port d’Odessa comme en pays conquis. En janvier 1919, viendront le tour des ports de Nikolaïeff et de Kherson.

Les unités françaises et alliées (Grecs, Polonais, Roumains...) opèrent conjointement avec les bandes séparatistes de Petlioura et de Gregoriev, avec les armées blanches de Krasnov dans la région du Don, de Denikine au Kouban.

Le 17 décembre 1918, le général français Borius débarque à Odessa avec la 156ème division. Trois compagnies de fusiliers marins aidées de "volontaires" russes et polonais prennent le contrôle du port ; 4000 Allemands gardent la gare et ses environs.

Le 25 décembre, la Crimée commence à être investie par des troupes françaises (débarquement du 175ème Régiment d’infanterie à Sébastopol).

Fin décembre et début janvier de nouveaux renforts français arrivent, par exemple le 8 janvier 1919, le 4ème Régiment de Chasseurs d’Afrique (unité d’élite qui a joué un rôle important dans l’offensive de septembre) et une compagnie de mitrailleuses.

Toutes ces troupes sont placées sous le commandement du général d’Anselme qui a commandé en 1918 le 1er Groupement de Divisions de l’Armée d’Orient.

Fin janvier 1919, l’armée française a la haute main des bouches du Danube aux bouches du Dniepr (Kherson) en passant par celles du Boug ( Nicolaïeff) et du Dniestr (Tiraspol).

Les capitaux français sont majoritaires dans la société contrôlant l’arsenal de Nicolaieff où se construisent des destroyers, des croiseurs légers, des remorqueurs, des sous-marins. Deux régiments grecs viennent compléter le dispositif français dans cette ville.

La France joue alors un rôle central dans l’accompagnement des armées blanches pour renverser l’URSS. D’Anselme maîtrise un puissant émetteur radio dans le Sud alors qu’en Sibérie ce sont également des Français qui manoeuvrent la station d’Omsk, capitale de l’Etat fascisant de Koltchak. Des techniciens français sont attendus pour faire entrer les deux en relation.

Officier de l’armée tsariste, Grigory Mikhaylovich Semyonov est nommé en juillet 1917 Commissaire du Gouvernement provisoire dans la région du Baikal. En octobre, il prend la tête d’un soulèvement antibolchevique. De décembre 1917 à novembre 1920, il porte le titre de lieutenant général et ataman de Cosaques du Baikal.

Battu par une troupe sibérienne favorable à la révolution, il s’enfuit en Mandchourie puis revient après le soulèvement réussi de la Légion tchèque.

Désigné commandant du Gouvernement provisoire sibérien siégeant à Tchita, il se taille un pays vaste, lié aux Japonais qui le soutiennent et l’utilisent. Sa Transbaïkalie va s’étendre en gros du lac Baikal à l’Ouest, à Stretensk, le Fleuve Shilka, le fleuve Amour au Sud, le Pacifique à l’Est.

Le régime politique de Semenov peut être caractérisé comme à mi-chemin entre un fascisme militaire et une colonie (japonaise).

Ses soldats pillent, volent et violent en permanence, tout droit et toute institution judiciaire ayant disparu dans la Transbaïkalie blanche. Son antisémitisme mériterait une étude.
Battu par les troupes de la 5ème armée rouge, il passera au Japon puis aux Etats-Unis, enfin en Chine avec l’Armée japonaise où il reprendra ses méfaits.

Les hommes, les munitions, les fournitures et l’argent qui affluait vers les Blancs prolongèrent la guerre de façon incommensurable. Sans cette aide la contre-révolution aurait été écrasée de façon décisive dans la première au début de 1918. L’intervention étrangère est directement responsable de millions de morts du fait des combats, de la maladie et de la faim, exacerbés par les sanctions économiques, et a contribué substantiellement à l’échec des gouvernements révolutionnaires en Finlande, en Hongire et dans les états baltes.

Les armées russes de la réaction ne sont pas moins criminelles…

Les Blancs supplicient et abattent impitoyablement les bolcheviks faits prisonniers. Ils perpètrent ou laissent leurs troupes perpétrer une série de pogroms antisémites extrêmement meurtriers (400 000 morts). Ils s’aliènent vite les populations locales en refusant toute concession aux minorités nationales, auxquelles ils n’ont rien à offrir que le retour au nationalisme grand-russe traditionnel. Ils dépossèdent aussi violemment les paysans, inquiets d’un retour probable des grands propriétaires dans les fourgons des armées blanches.

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Les mutineries de l’armée française dans la mer noire

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« Conseil des Quatre » de Paris :

7 mai 1919

Lloyd George : Je voudrai vous parler de la Russie La situation s’y transforme de la façon la plus remarquable : nous assistons à un véritable effondrement du bolchevisme, à tel point que le cabinet britannique sollicite de nous une décision immédiate sur notre politique en Russie. D’après nos renseignements, Koltchak est sur le point de joindre ses forces à celles d’Arkhangel ; il est possible aussi qu’il arrive à bref délai à Moscou et y établisse un nouveau gouvernement. (...)

Président Wilson : Que fournissez-vous à Koltchak et à Dénikine ?

Lloyd George : Des armes et des munitions. »

9 mai 1919

Lloyd George : Si l’amiral Koltchak peut nous rejoindre, c’est la fin du bolchevisme. (...)

Président Wilson : Les troupes américaines d’Arkhangel ne sont pas bien sures. (...) Il est toujours dangereux de se mêler de révolutions étrangères. (...)

Lloyd George : Ici ce sont des Russes qui agissent et nous ne ferons que les seconder. (...)

19 mai 1919

Lloyd George : Nous sommes au milieu des sables mouvants. (...) Avez-vous vu le télégramme de Lénine qui accuse les troupes de Denikine d’atrocités. J’ai bien peur qu’en fait les atrocités n’aient lieu des deux côtés. Que penser des victoires de Koltchak ? (...)

Président Wilson : J’ai donné au Département d’Etat l’instruction d’entrer directement en communication avec l’amiral Koltchak et de lui poser un certain nombre de questions, notamment sur ses intentions en ce qui concerne l’Assemblée Constituante et le régime agraire.

20 mai 1919

Lord Robert Cecil : Lénine ne veut pas accepter la condition de suspension des hostilités. Après consultation avec le Conseil suprême économique, je conseille aux gouvernements de choisir entre deux politiques : il faut ou écraser les Bolcheviks ou imposer aux différents groupes belligérants de la Russie (...) qu’une Constituante soit immédiatement convoquée. En tout cas, il ne faut pas essayer de mêler les deux systèmes. (...)

Clemenceau : Si nous cessons d’envoyer des armes à Koltchak et à Denikine, ce n’est pas cela qui arrêtera Lénine. (...)

Lloyd George : D’un côté, nous avons des révolutionnaires violents et sans scrupules, de l’autre des gens qui prétendent agir dans l’intérêt de l’ordre, mais dont les intentions nous sont suspectes. Toutefois, nous avons le devoir de ne pas abandonner ceux dont nous avons eu besoin (...)

Lloyd George : Nous aurons aussi à examiner la question des provinces baltiques. (. ;) Comment faire fond sur ces populations ? Nous avons à un moment donné cherché à leur distribuer des armes pour combattre contre les Bolcheviks, mais nous y avons renoncé, parce que nous trouvions trop peu de gens en qui on pût avoir confiance.

Président Wilson : N’est-ce pas l’Angleterre qui a fourni la plus grande partie des armes et des munitions à Koltchak et à Denikine ? Les Etats-Unis n’ont rien fourni, sauf aux Tchécoslovaques.

Lloyd George : C’est en effet la Grande-Bretagne qui a fait la plus grande partie de ces fournitures.

Clemenceau : Nous en avons fait aussi mais moins que vous.

Président Wilson : Notre rôle est différent. Nous n’avons fait que venir en aide aux Tchécoslovaques et assurer en partie la garde du chemin de fer transsibérien. (...)

Lloyd George : Il faut reprendre la question de l’armement des petits Etats de l’Europe centrale. (...) Nous laisserons des troupes à la Pologne à cause du voisinage de la Russie. Nous laisserons des troupes à la Roumanie pour la même raison.

24 mai 1919

Président Wilson : Nous craignons que l’amiral Koltchak, le général Denikine et le gouvernement d’Arkhangel ne soient soumis à des influences contre-révolutionnaires et que, s’ils n’ont pris aucun engagement vis-à-vis de nous, leur victoire n’aboutisse à une réaction qui conduirait sans doute à de nouveaux désordres et à une nouvelle révolution. (...)

Lloyd George : En Angleterre, le sentiment contre l’action de toute troupe britannique en Russie est de plus en plus fort. En revanche, nous pouvons laisser tous les individus qui, de leur propre gré, s’engageront au service d’un des gouvernements russes (Koltchak ou Denikine), leur fournir cette sorte d’assistance individuelle. En fait, lorsque nous avons demandé des volontaires pour notre corps d’occupation d’Arkhangel, nous en avons trouvé beaucoup. (...) D’ailleurs, ce qu’il faut en Russie, ce sont avant tout des spécialistes, artilleurs, aviateurs, etc… (…) Il est peut-être mieux de ne même pas mentionner ces volontaires dans notre dépêche (...).

Président Wilson : Ce n’est pas moi qu’il faut persuader mais le Congrès des Etats-Unis qui s’est montré jusqu’à présent hostile à l’idée de toute intervention en Russie. Je crois que cette attitude pourra changer si l’amiral Koltchak réponde d’une manière satisfaisante aux questions que nous allons lui poser. (...) Mais, pour aider l’amiral Koltchak dans sa marche vers l’ouest, nous ne lui fournissons que des moyens matériels, en laissant aux individus le droit de s’engager volontairement dans les armées russes. (...) Notre ambassadeur à Tokyo est en route pour Omsk ; il doit voir l’amiral Koltchak et se former une opinion sur lui et son entourage.

Lloyd George : Il serait bon d’envoyer quelqu’un faire la même enquête chez le général Denikine. (...) Denikine est entouré de bons officiers mais dont les méthodes sont brutales : ils ont fusillé quinze mille bolchevistes après les avoir fait prisonniers.

29 mai 1919

Lloyd George : En Russie, rien n’a plus contribué à rendre les Bolcheviks populaires que l’occupation étrangère. (En Europe centrale) il faut éviter que l’occupation irrite la population, accumule les haines et crée un danger pour l’Europe entière.

3 juin 1919

Lloyd George : Je crains que Koltchak n’ait subi un échec sérieux. » « 6 juin 1919 Le président Wilson donne lecture du télégramme de l’amiral Koltchak en réponse à la demande de garanties des Alliés : (...) « Il paraît impossible de rappeler l’assemblée de 1917 élue sous un régime de violence bolcheviste et dont les membres sont maintenant en majorité dans les rangs des Soviets.

17 juin 1919

Lloyd George : Le Conseil économique nous demande s’il n’y a pas lieu de lever le blocus de la Russie bolcheviste et de la Hongrie dès la signature du traité avec l’Allemagne. La question, en réalité, se borne à savoir si les allemands seront les seuls à avoir le droit de commercer avec la Russie. (...) Si je croyais que nous puissions écraser les Bolcheviks cette année, je serai d’avis de faire un grand effort auquel participeraient les flottes anglaise et française. Mais l’amiral Koltchak vient d’être repoussé à trois cent kilomètres en arrière. Une des ses armées est détruite. (...) Pour moi, l’amiral Koltchak ne battra pas Lénine. Il arrivera plutôt un moment où les adversaires se rapprocheront pour mettre fin à l’anarchie. Il semble que les affaires militaires des Bolcheviks soient bien conduites. Mais les observateurs qui nous renseignent disent que la pure doctrine bolcheviste est de plus en plus abandonnée et que ce qui se constitue là-bas, c’est un Etat qui ne diffère pas sensiblement d’un Etat bourgeois.

Clemenceau : Etes-vous sûr du fait ?

Président Wilson : Il est peut-être encore trop tôt pour le croire. (...)

Clemenceau : Il faut, en tout cas, tenir l’engagement que nous venons de prendre vis-à-vis de l’amiral Koltchak.

Lloyd George : Certainement. (...)

Président Wilson : Nous ne nous sommes engagés d’ailleurs qu’à l’aider en lui fournissant du matériel. (...) La question est celle-ci : sommes-nous en guerre avec la Russie bolcheviste ?

Lloyd George : Des troupes britanniques sont à Arkhangel. (...)

Président Wilson : Je vous signale que le Conseil interallié des transports maritimes a donné hier l’ordre d’arrêter les navires chargés de vivres à destination des ports de la Baltique (...) Je rappelle que j’ai beaucoup insisté pour que nous commencions par l’action militaire et que nous n’ayons recours au blocus qu’en dernier lieu. (...) Je ne suis pas d’avis de réduire à la famine la population d’un grand pays, sauf si c’est le dernier moyen d’action qui nous reste (...)

Lloyd George : M. Winston Churchill viendra sous peu vous parler du rapatriement des Tchèques par Arkhangel. On réclame instamment en Bohême le retour des troupes tchèques de Russie. M. Winston Churchill est surtout préoccupé d’établir, si cela est possible, des communications entre l’amiral Koltchak et Arkhangel, et les troupes tchèques sur le retour pourraient y aider. Mais il faut pour cela qu’elles soient remplacées le long du Transsibérien par des troupes japonaises et américaines. »

25 juin 1919

Lecture d’un rapport de la commission des affaires baltiques sur l’avance allemande qui se poursuit systématiquement. Le danger du côté des Bolcheviks n’est pas moins sérieux. (...) Un rapport annexe provenant des agents des Puissances alliées et associées dans la Baltique demande l’envoi d’une mission militaire interalliée sous le commandement d’un général anglais. Il demande également l’envoi d’instructeurs et d’armes. (...)

Lloyd George : Voilà des gens qui se battent pour leur liberté, et qui ne pourront pas continuer si nous ne leur envoyons pas d’argent. Pour ce qui est de les approvisionner en vivres et en munitions j’y suis prêt et je sui d’avis de leur envoyer la mission demandée. (...) Vous vous souvenez de l’échec et du recul de l’amiral Koltchak : il a perdu trois cent kilomètres de terrain. Mais en même temps Dénikine avance du côté du sud et les cosaques du Don se sont levés pour l’aider. (...) D’après un rapport, même si le front bolchevik était percé, les tchécoslovaques n’arriveraient pas à Arkhangel en temps voulu pour y être embarqués avant l’hiver. Nous pouvons leur proposer de faire un effort pour hâter leur libération mais nous courrons quelque risque si l’effort ne réussit pas.

« Les délibérations du Conseil des Quatre »

Compte-rendu officiel des chefs d’Etat des grandes puissances

(Wilson président des Etats-Unis, Lloyd George chef du gouvernement anglais, Clemenceau chef du gouvernement français, Orlando chef du gouvernement italien, Paderewski chef du gouvernement polonais, Montagu secrétaire d’Etat pour l’Inde)

Edition du CNRS 1955

Journal d’un correspondant de guerre français du côté des armées blanches

Récit du contre-amiral français de la flotte militaire à Mourmansk

Général Alexandre Netchvolodov et la thèse selon laquelle la révolution ce sont les Juifs

Les Protocoles des Sages de Sion, un faux à l’usage des armées blanches antisémites

General Denikin (en anglais)

Général Dénikine

Alexandre Jevakhoff, Sur les Russes Blancs

Messages

  • Dans son organisation de crimes de masse antisémites, la terreur blanche, contre-révolutionnaire, a été une anticipation violente du génocide nazi

  • Pour répondre à la question de savoir si les bolcheviks de la révolution d’Octobre représentaient ou pas le peuple révolutionnaire qui avait fait la révolution de Février, nous allons demander un témoignage indiscutable, celui des généraux blancs !!!! Nous citerons d’abord le chef des Gardes Blancs, le général Kalédine, puis le général Dénikine, général en chef des armées blanches, aucun d’eux ne pouvant être soupçonné d’avoir jamais sympathisé avec les bolcheviks, même après leur défaite !!!

    Le général Kalédine, battu par l’armée rouge en 1918, écrivait : « Notre situation est désespérée. La population, non seulement ne nous soutient pas, mais elle nous est même franchement hostile. Nous n’avons plus aucune force, et la résistance est inutile. » Témoignage d’autant plus fiable que celui qui le cite est le général Dénikine dans « Ocherki Russkoi Smuty », (vol II, p. 220).

    Le général Dénikine écrivait également dans l’ouvrage précédemment cité, au volume V :

    « La libération par nos troupes d’énormes territoires aurait dû provoquer un soulèvement de tous les éléments hostiles au pouvoir soviétique… La seule question qui se posait était de savoir si les masses populaires avaient assez du bolchevisme…. Le peuple marchera-t-il avec nous ?... Sa réponse fut d’abord indécise, puis négative…. Les troupes de l’armée du sud (de l’armée blanche) n’échappèrent pas à la maladie générale et ternirent leur réputation en se livrant à des pogroms de Juifs… Les abcès internes crevèrent dans l’atmosphère de haine. Les pogroms éprouvèrent douloureusement les Juifs, mais ils affectèrent aussi l’esprit des troupes, les pervertirent et ruinèrent la discipline… Cette fête (celle des armées de pillage) en un temps de peste suscita la colère et le dégoût des observateurs étrangers… Les munitions anglaises et le pain du Kouban nous parvenaient encore de nos bases d’approvisionnement, mais les bases morales avaient déjà été détruites. »

    Et Dénikine y cite encore le général Wrangel, général en chef de l’Armée des Volontaires :

    « L’Armée des Volontaires s’est discréditée elle-même par ses pillages et ses violences. Nous avons tout perdu. Nous ne pouvons même pas essayer de marcher une nouvelle fois le long des mêmes routes, derrière le même drapeau. »

    Dénikine écrivait également dans « La décomposition de l’armée et du pouvoir » :

    « La révolution était inévitable. On dit qu’elle a été voulue du peuple tout entier. Ce n’est vrai qu’à un point de vue : toutes les classes de la société étaient également mécontentes de l’ancien pouvoir — et ce fut la cause de la révolution. Mais touchant son extension, touchant les buts qu’elle devrait atteindre, il n’y avait aucune entente : il était fatal qu’apparussent des crevasses profondes, dès le jour qui suivit la chute du régime. La révolution avait un visage multiple. Pour les paysans, elle était la terre qu’ils obtenaient enfin ; pour les ouvriers, les bénéfices de l’industrie ; pour la bourgeoisie libérale, une transformation de la vie politique, et des réformes sociales modérées ; pour la démocratie révolutionnaire, le pouvoir et toutes les conquêtes sociales possibles ; pour l’armée, la suppression des chefs et la fin de la guerre. »

  • Merci de nous avoir rappelé que la première shoah était le produit de la contre-révolution de 1918 !!! Quelle était alors la réponse des bolcheviks et de la révolution ?

  • « L’antisémitisme signifie de répandre la haine contre les juifs. Quand la monarchie tsariste maudite vivait ses derniers jours, elle essaya de monter les ouvriers et paysans ignorants contre les juifs. La police tsariste, en alliance avec les propriétaires terriens et les capitalistes, organisa des pogroms contre les juifs. Les propriétaires terriens et les capitalistes essayèrent de dévoyer par défaut la haine des ouvriers et paysans torturés contre les juifs.

    Dans d’autres pays aussi, on voit souvent les capitalistes fomenter la haine contre les juifs afin d’aveugler les ouvriers, de détourner leur attention du véritable ennemi du peuple travailleur, le capital. La haine contre les juifs subsiste uniquement dans ces pays où l’esclavage des propriétaires terriens et des capitalistes a créé une ignorance abyssale parmi les ouvriers et paysans.

    Seuls les personnes les plus ignorantes et les plus opprimées peuvent croire les mensonges et les calomnies qui sont répandus contre les juifs. Cela est une survivance des anciens temps féodaux, où les prêtres brûlaient les hérétiques au bûcher, où les paysans vivaient dans le servage, et que où les gens étaient écrasés et amorphes. Cette vieille ignorance féodale est en train de s’éteindre ; les yeux du peuple sont en train de s’ouvrir.

    Ce ne sont pas les juifs qui sont les ennemis du peuple travailleur. Les ennemis des ouvriers sont les capitalistes de tous les pays. Parmi les juifs, il y a des travailleurs, et ils forment la majorité. Ce sont nos frères, qui, comme nous, sont opprimés par le capital ; ce sont nos camarades dans la lutte pour le socialisme. Parmi les juifs, il y a des koulaks, des exploiteurs et des capitalistes, tout simplement comme il y en a chez les russes, et parmi les peuples de toutes les nations. Les capitalistes s’efforcent de semer et fomenter la haine parmi les ouvriers de différentes confessions, différentes nations et différentes races. Ceux qui ne travaillent pas sont maintenus au pouvoir par la puissance et la force du capital. Les riches juifs, comme les riches russes, et les riches de tous les pays, sont en alliance pour opprimer, écraser, voler et désunir les ouvriers.

    Honte au tsarisme maudit qui torturait et persécutait les juifs ! Honte à ceux qui fomentent la haine contre les juifs, qui fomentent la haine contre d’autres nations !

    Vive la confiance fraternelle et l’alliance combattante des ouvriers de toutes les nations dans la lutte pour renverser le capital ! »

    Contre l’antisémitisme (discours enregistré)

    Lénine, mars 1919.

  • « Le caractère universel de la révolution prolétarienne russe est lui-même le résultat d’une catastrophe mondiale — la guerre entre les titans impérialistes — notre révolution menace d’allumer l’incendie de la révolution sociale prolétarienne dans le monde entier et de transformer la guerre mondiale impérialiste en une guerre de classes. Pour cette raison la république prolétarienne des soviets a sans cesse été en butte tantôt aux attaques des puissances impérialistes (de l’Allemagne en 1918, de l’Angleterre, de la France et des autres en 1919), tantôt à celles des mercenaires russes ou étrangers organisés, soutenus et subsidiés par ces mêmes puissances impérialistes (Tchécoslovaques, Serbes, Grecs, Koltchak, Dénikine, Lianosoff, Tchaïkovsky, etc.). Grâce à ce concours des forbans impérialistes, la guerre civile traîne en longueur, la bourgeoisie russe ruinée par le prolétariat reçoit les moyens de se réorganiser et de lutter pour le rétablissement du droit sacré d’exploiter le prolétariat. Grâce à cette circonstance la production de la Russie soviétiste qui se trouve sous la direction ouvrière se trouve isolée des sources de combustible (de charbon : le bassin du Don a été occupé par les Allemands ; de pétrole : Bakou a été occupé par les Allemands, puis par les Anglais), de celles de matières premières (de l’étoupe : le Turkestan a été occupé par les Tchécoslovaques, puis par Koltchak ; de minerai : Krivoï Rog a été occupé par les Allemands puis par Dénikine ; l’Oural — par les Tchécoslovaques ; puis par Koltchak), de celles des produits alimentaires (l’Ukraine et le Caucase septentrional, occupés d’abord par les Allemands, puis par Dénikine ; la région du Volga, l’Oural et la Sibérie, occupés d’abord par les Tchécoslovaques, puis par Koltchak). Enfin un blocus bien que non déclaré officiellement, mais sévèrement organisé par les puissances impérialistes de l’Entente, sépare la république des soviets des sources où elle aurait pu renouveler son outillage très détérioré pendant la guerre et dont le renouvellement est absolument indispensable à l’industrie comme à l’agriculture. Malgré toutes ces difficultés, la direction ouvrière de l’économie, dans un pays arriéré, ruiné et serré dans l’étau puissant d’un impitoyable blocus, continue, tenant le marteau d’une main et le fusil de l’autre, à lutter voilà déjà près de deux ans pour la réalisation de la révolution sociale universelle, marchant en tête du prolétariat du monde entier et défendant ses positions contre un ennemi qui semblait et semble encore pour certains esprits tout-puissant. Cette force de résistance colossale et que personne n’aurait pu prévoir, la république prolétarienne la doit à son désir inné de sauver de la décomposition les forces vives du travail. La force humaine est une des plus grandes forces productrices de la société. Le capital en général et tout capitaliste en particulier se conduisait dans le domaine économique à l’égard de la force ouvrière en exploiteur invétéré. De toutes les forces productrices de la société seule la main-d’œuvre appartenait au prolétariat. Les capitalistes ne jouissaient que du droit de l’exploiter, droit basé sur la nécessité où se trouvait le prolétaire de vendre sa capacité de travail à quiconque était en état de le rétribuer. Les capitalistes n’étaient donc pas directement intéressés à son accroissement. Il en résultait que la main-d’œuvre était continuellement soumise à l’action des facteurs de destruction : en temps ordinaire la longueur excessive de la journée de travail et d’intensité du travail. Dans les périodes de grands développements industriel (et de guerre) la force ouvrière de même que les instruments de production était vouée à une usure rapide par suite de l’intensification fiévreuse du travail ; pendant les crises c’est la faim provoquée par le chômage et la baisse des salaires qui était d’un effet destructif pour la force ouvrière. »

  • Jean Jacques Marie dans « La guerre civile russe » :

    « Les officiers blancs, animés d’une haine méprisante pour les « moujiks », pillent à l’envi les territoires qu’ils « libèrent » des Rouges. Le général Dénikine, comprenant que ce comportement leur aliène la population, qui qualifie l’armée des Volontaires (dobrarmia, en russe) d’ « armée de Pillards » (grabarmia), multiplie les ordres et les circulaires tous plus inefficaces les uns que les autres.

    Ainsi, dans son ordre du 21 août 1919, il dénonce « des agissements criminels qui risquent de devenir un fléau national » :

    « Dans les districts sur le front de toutes les armées, on assiste à un véritable pillage des biens de l’Etat et de tout ce que la population civile avait réussi à préserver. Manifestement encouragés par la complaisance de certains membres de l’Etat-Major et justifiant leurs actes par l’idée pernicieuse, qui s’est répandue dans les armées, que les biens publics et privés laissés par les bolcheviks sont un butin dont on peut disposer à sa guise, de nombreux régiments se livrent au pillage dans des proportions inquiétantes, causant ainsi des pertes gigantesques au Trésor public et achèvent de ruiner la population civile. »

    0n peut difficilement dire mieux que Dénikine comme jugement des troupes russes blanches !

  • Le général Wrangel, pourtant chef des armées blanches, dénonce lui aussi l’occupation blanche :

    « Le pays était dirigé par toute une série de petits satrapes, à commencer par les gouverneurs pour finir par n’importe quel gradé de l’armée, n’importe quel commandant ou chef de services de renseignements. Eperdu, le citoyen apeuré ne savait à qui obéir. Une horde d’aventuriers de tous poils, produits typiques de la guerre civile, avaient su utiliser l’impuissance du pouvoir pour pénétrer dans tous les secteurs de l’appareil d’Etat. Le concept de légalité était complètement ignoré. Les représentants du pouvoir sur place se perdaient dans une pluie de dispositions contradictoires. Chacun agissait à sa guise ; l’exemple funeste venait d’en haut. Le commandant de l’armée des Volontaires et préfet de la province de Kharkov, le général Maï-Maievsky, donnait le premier l’exemple par sa conduite scandaleuse et débauchée. Les autres suivaient son exemple… L’existence désordonnée d’ivrogne du commandant de l’armée des Volontaires, l’indiscipline des troupes, la débauche et l’arbitraire régnant à l’arrière n’étaient un secret pour personne ; tous se rendaient compte qu’il était impossible de continuer comme cela, que nous allions à grands pas vers notre perte…. Le pillage et la corruption avaient pénétré profondément tous les secteurs de l’administration. Avec un bon pot-de-vin, on pouvait esquiver n’importe quelle disposition gouvernementale. Malgré les immenses richesses naturelles des régions que nous occupions, notre monnaie ne cessait de se dévaluer. L’exportation, confiée par le haut commandement à des entrepreneurs privés contre paiement par eux de taxes, ne rapportait presque rien à la caisse de l’Etat. L’essentiel du montant des taxes obligatoires sur les marchandises vendues à l’étranger restait dans la poche des entrepreneurs. Les énormes stocks fournis par les Anglais étaient honteusement dilapidés. L’armée mal ravitaillée se nourrissait exclusivement sur le dos de la population, ainsi grevée d’un fardeau insupportable. »

  • 1er Congrès de l’I.C. (troisième internationale)

    Résolution sur la terreur blanche

    Mars 1919

    Le système capitaliste fut dès son début un système de rapine et d’assassinats massifs. Les horreurs de l’accumulation primitive, la politique coloniale qui, au moyen de la Bible, de la syphilis et de l’alcool, amena l’extermination impitoyable de races et de peuplades entières ; la misère, la famine, l’épuisement et la mort prématurée d’innombrables millions de prolétaires exploités, la répression sanglante de la classe ouvrière lorsqu’elle s’insurgeait contre ses exploiteurs, et enfin la boucherie immense et inouïe qui a transformé la production mondiale en une production de cadavres humains - voilà l’image de l’ordre capitaliste.

    Dès le début de la guerre les classes dominantes qui, sur les champs de batailles avaient tué plus de dix millions d’hommes et en avaient estropiés encore bien davantage, ont érigé à l’intérieur de leurs pays aussi le régime de la dictature sanglante. Le gouvernement tsariste russe fusilla et pendit les ouvriers, organisa des pogromes contre les juifs, extermina tout ce qui vivait dans le pays. La monarchie autrichienne étrangla dans le sang l’insurrection des paysans et des ouvriers ukrainiens et tchèques. La bourgeoisie anglaise assassina les meilleurs représentants du peuple irlandais. L’impérialisme allemand fit rage à l’intérieur de son pays et les marins révolutionnaires furent les première victimes de cette brute. En France on abattit les soldats russes qui n’étaient pas prêts à défendre les profits des banquiers français. En Amérique la bourgeoisie lyncha les internationalistes, condamna des centaines parmi les meilleurs prolétaires à vingt ans de travaux forcés, abattit les ouvriers pour faits de grèves.

    Lorsque la guerre impérialiste commença à se transformer en guerre civile, et que les classes dominantes, ces malfaiteurs les plus grands que l’histoire du monde ait jamais connus, se trouvèrent menacés du danger immédiat de l’effondrement de leur régime sanglant, leur bestialité devint encore plus cruelle.

    Dans sa lutte pour le maintien de l’ordre capitaliste, la bourgeoisie emploie les méthodes les plus inouïes, devant lesquelles palissent toutes les cruautés du moyen-âge, de l’Inquisition et de la colonisation.

    La classe bourgeoise, se trouvant au bord de sa tombe, détruit maintenant physiquement la force productive la plus importante de la société humaine - le prolétariat, et s’est démasquée à présent par cette terreur blanche dans toute sa hideuse nudité.

    Les généraux russes, cette personnification vivante du régime tsariste. ont tué et tuent encore en masse les ouvriers avec l’appui direct où indirect des social-traîtres. Durant la domination des socialistes-révolutionnaires et des mencheviks en Russie, des milliers d’ouvriers et de paysans remplissaient les prisons et les généraux exterminaient des régiments entiers pour cause de désobéissance. A présent, les Krasnov et les Dénikine, jouissant de la collaboration bienveillante de l’Entente, ont tué et pendu des dizaines de milliers d’ouvriers, décimé, pour terroriser ceux qui restaient encore, ils laissèrent même pendant trois jours les cadavres pendus à la potence. Dans l’Oural et dans la Volga, les bandes de gardes-blancs tchécoslovaques coupèrent les mains et les jambes des prisonniers, les noyèrent dans la Volga, les firent enterrer vivant. En Sibérie, les généraux abattirent des milliers de communistes, une quantité innombrable d’ouvriers et de paysans.
    La bourgeoisie allemande et autrichienne ainsi que les social-traîtres ont bien montré leur nature de cannibales, lorsqu’en Ukraine ils pendirent à des potences transportables en fer, les ouvriers et les paysans qu’ils avaient pillés, ainsi que les communistes, leurs propres compatriotes, nos camarades allemands et autrichiens. En Finlande, pays de la démocratie bourgeoise, ils ont aidé la bourgeoisie finlandaise à fusiller plus de treize à quatorze mille prolétaires et à en torturer à mort plus de quinze mille dans les prisons.

    A Helsingfors, ils poussèrent devant eux des femmes et des enfants pour se protéger contre les mitrailleuses. C’est par leur appui que les gardes-blancs finlandais et les aides suédois ont pu se livrer à ces orgies sanglantes contre le prolétariat finlandais vaincu. A Tammerfors on força les femmes condamnées à mort à creuser elles-mêmes leurs tombes, à Viborg on abattit des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants finlandais et russes.

    A l’intérieur de leur pays, la bourgeoisie et la social-démocratie allemande, par la répression sanglante de l’insurrection ouvrière communiste, par l’assassinat bestial de Liebknecht et de Luxemburg, en tuant et en exterminant les ouvriers spartakistes, ont atteint le degré extrême de la rage réactionnaire. La terreur massive et individuelle des blancs - voilà le drapeau qui guide la bourgeoisie.

    Dans d’autres pays c’est le même tableau qui s’offre à nous.

    Dans la Suisse démocratique tout est prêt pour l’exécution des ouvriers au cas où ils oseraient violer la loi capitaliste. En Amérique, le bagne, la loi du lynch et la chaise électrique apparaissent comme les symboles choisis de la démocratie et de la liberté.
    En Hongrie et en Angleterre, en Bohème et en Pologne - partout la même chose. Les assassins bourgeois ne reculent devant aucune infamie. Pour raffermir leur domination ils déchaînent le chauvinisme et organisent par exemple la démocratie bourgeoise ukrainienne, avec le menchevik Petlyura à sa tête ; celle de Pologne avec le social-patriote Pilsudsky et ainsi de suite ; des pogromes immenses contre les juifs qui dépassent de loin ceux qu’organisaient les policiers du Tsar. Et si la racaille polonaise réactionnaire et « socialiste » a assassiné les représentants de la Croix Rouge russe, ce n’est là qu’une goutte d’eau dans la mer de crimes et d’horreurs du cannibalisme bourgeois décadent.

    La « Ligue des Nations » qui, selon les déclarations de ses fondateurs, doit amener la paix, va vers une guerre sanglante contre le prolétariat de tous les pays. Les puissances de l’Entente voulant sauver leur domination, frayant avec des armées de noirs la voie vers une terreur d’une brutalité incroyable.

    En maudissant les assassins capitalistes et leurs aides social-démocrates, le premier Congrès de l’Internationale Communiste appelle les ouvriers de tous les pays à rassembler toutes leurs forces pour mettre définitivement fin au système d’assassinat et de rapine en abattant la puissance du régime capitaliste.

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