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Quel que soit le résultat d’élection présidentielle, une chose est sûre : les classes dirigeantes s’en serviront contre les travailleurs

mardi 24 janvier 2017, par Robert Paris

Quel que soit le résultat d’élection présidentielle, une chose est sûre : les classes dirigeantes s’en serviront contre les travailleurs, l’emploi, les droits sociaux, les aides sociales, les libertés, les services publics, etc…

Jamais les travailleurs auront eu moins d’illusion à se faire sur une élection présidentielle en France, quel qu’en soit le résultat. Jamais les candidats n’ont dit aussi crument que leur objectif immédiat, dès qu’ils seront élus, sera de faire payer les travailleurs, de les mettre en coupe réglée, de leur enlever des droits sociaux, des aides sociales, des acquis, des conditions de travail, des avantages sociaux, des droits des salariés, etc. Il faut dire qu’on sort tout juste de la plus belle tromperie politicienne de la gauche au pouvoir, qui, avec à sa tête Hollande-Royal-Valls-Cazeneuve et autres Le Drian, a mené une politique de sarkozisme accentué sans Sarkozy, poursuivant l’attaque contre les retraites, contre le droit du travail et contre tous les services publics. Même une politicienne de gauche comme Hidalgo doit reconnaître que la gauche gouvernementale a été à droite toute ! Au point de produire deux candidats extrêmement à droite mais issus de la gauche : Valls et Macron !

Le Pen, Fillon, Macron, Valls, même combat !!!, c’est bien ce qu’on pense en examinant les perspectives politiques et sociales des principaux candidats à la présidentielle, les seuls qui aient des chances d’être au deuxième tour et d’être élus…

Ce n’est pas parce qu’ils se disputent le poste qu’il faut les croire quand ils se disent opposés par leurs positions politiques et sociales. On peut même dire que jamais le kaléidoscope politicien français n’a été aussi convergent !

Ce qu’il y a de commun entre les programmes de ces personnages qui entendent gouverner pour la bourgeoisie française dans une phase de crise historique de la domination capitaliste sur le monde ? Eh bien l’essentiel !

Tous sont d’accord que le but principal de l’élection présidentielle française doit consister à démoraliser les travailleurs, à les discréditer dans les milieux populaires, à les démolir dans les classes moyennes, et à faire disparaître l’idée que les travailleurs sont une force sociale non seulement importante mais bien plus importante que celle des capitalistes et des banquiers !

Tous sont d’accord que le point essentiel de la méthode consiste à porter l’effort sur tout ce qui peut diviser les travailleurs : opposer les fonctionnaires aux autres, opposer les jeunes aux vieux, opposer les retraités et les actifs, opposer les grandes et les petites entreprises, opposer les syndicalistes aux autres, opposer les nationaux et les immigrés, opposer les hommes et les femmes, opposer les Muslmans et les autres, etc…

Tout sont d’accord pour dire que ce qui manque à la société c’est plus de dureté, plus d’ordre, plus d’obéissance, plus d’effort, plus de soumission, plus de vertu, plus de respect, plus de défense de l’ « identité française » et, bien sûr, plus de discours moralisateur des politiciens !

Guerre sociale contre les travailleurs et aussi guerre tout court, puisque les classes dirigeantes françaises et leur armée sont lancés tous azimuths dans des interventions militaires sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Tous sont d’accord pour accuser les étrangers, les immigrés, les migrants, les musulmans de tous les crimes du terrorisme, de toutes les guerres aux quatre coins de la planète. Tous désignent du doigt l’ensemble des jeunes d’origine musulmane comme des terroristes potentiels. Tous affirment que l’ensemble de la communauté d’origine musulmane est complice des criminels. Aucun de ces politiciens bourgeois ne reconnaît que l’armée française a été complice des véritables groupes terroristes intégristes en Libye, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Mali, en Tunisie et partout !

Oui, ce qui est frappant dans cette campagne présidentielle française, c’est à quel point tous les candidats principaux convergent. Tous ont le même discours travail, famille, patrie, comme à la « belle époque » du vichysme et du pétainisme. Tous sont partisans de la France chrétienne, de la France identitaire, de la France repliée sur « ses valeurs », de la France menacée et en guerre.

Et, bien entendu, tous sont surtout d’accord que le rôle économique de l’Etat consiste à « aider l’entreprise », « aider l’investissement », « aider les exportations », « aider l’innovation et la recherche », « aider la France face à a concurrence », en somme aider le grand patronat, la grande banque et le grand capital. Aucun n’a jamais regretté que l’Etat se soit mis dans des dettes folles pour aider les banques, les financiers et les capitalistes depuis l’effondrement de 2007-2008 ! Aucun n’a affirmé vouloir récupérer ces sommes pour combler les déficits abyssaux de l’Etat ! Tous sont prêts à s’engager à recommencer de payer des milliards si les banques françaises et la bourse flanchent !

Cette convergence remarquable de la politique politicienne bourgeoise française a une racine profonde : l’importance historique de la crise du capitalisme qui en est la source.

Justement à la fin des années trente, la France a connu une telle convergence entre toutes les familles politiciennes de la bourgeoisie, convergence vers une politique d’extrême droite, qui a suivi la crise de 1929 et la grande mobilisation ouvrière de 1936. Cette dernière a certes eu lieu avec l’arrivée de la gauche de Blum soutenu par Thorez au pouvoir. Mais cela a surtout masqué le fait que la gauche de Blum allait de plus en plus à droite, de plus en plus à l’encontre des travailleurs qui se tournaient de plus en plus à gauche, de plus en plus en faveur de la lutte de classe contre le patronat. La gauche a fini comme soutien du régime de Pétain, même si ce haut fait de la social-démocratie française est aujourd’hui occulté !

Et, à nouveau, avec les Hollande, les Royal, les Valls, les Cazeneuve, les Le Drian et autres Sapin, la gauche se tourne de plus en plus à l’extrême droite, fomente des guerres, attise la guerre anti-sociale contre les travailleurs, contre les fonctionnaires, contre les retraités, contre les chômeurs, contre les étrangers.

Certains s’imaginent la démocratie bourgeoise comme un bouclier contre les risques de l’extrême droite et du fascisme mais ils se trompent. Cela n’a jamais été le cas, ni dans la France de 1937-1939, ni dans l’Allemagne de 1933, ni dans l’Italie de 1922, ni dans aucun cas où la bourgeoisie a fait des choix d’extrême droite. Dans tous ces cas, l’ensemble de la sphère politique de la bourgeoisie a convergé vers le fascisme.

En cette période anniversaire de la révolution russe débutée il y a cent ans, en février 1917, il faut se rappeler que la gauche bourgeoise et petite bourgeoise russe avait déjà convergé vers les forces les plus réactionnaires de la société russe, avec les généraux « blancs » massacreurs et pogromistes, avec les pires assassins cosaques et autres.

Il faut se rappeler aussi que les politiciens de gauche avaient, dès l’annonce de la première guerre mondiale, convergé avec les extrêmes droites nationalistes de chaque pays, les Guesde se retrouvant ministres de la guerre des différents pays et sauvant la bourgeoisie contre la révolution sociale, quand la vague révolutionnaire en Europe imposait enfin la paix !!!

Alors oui, au lieu de se plaindre des politiciens comme les électeurs trompés par Sarkozy devenus des trompés par Hollande-Valls, et qui seront demain les trompés de Macron, de Fillon ou de Le Pen, les travailleurs ont tout autre chose à faire que de demander aux élections bourgeoises, comme du lait à un bouc, de les sauver de la crise, de les sauver des licenciements, de les sauver des attaques anti-sociales, de les sauver du terrorisme, de les sauver de l’insécurité généralisée qui monte dans le monde, car tous ces malheurs ont une même source : la classe bourgeoise ayant atteint ses limites et incapable de faire encore marcher le système capitaliste.

Si tous ces candidats à la présidence de la République française en ont plein la gueule de leurs solutions, ils se gardent bien de dire le moindre mot des racines profondes de la crise mondiale et ne nous expliquent pas comment on pourrait résoudre un problème mondial en se contentant de « bien voter » en France !!!

Alors, ne soyons dupes d’aucun d’entre eux, même les plus à gauche de la gauche, prétendument à l’extrême gauche même puisqu’aucun n’a le courage de dire que le capitalisme a fait son temps et qu’aucune soumission des travailleurs ne sauvera le vieux système d’exploitation. Même l’élection américaine, celle de Trump, si elle démontre quelque chose, c’est bien l’impasse qu’a atteint le capitalisme même dans son centre le plus riche et puissant, les Etats-Unis, puisque la « solution » de Trump c’est le protectionnisme, c’est de remplacer la « mondialisation » par le « protectionnisme », suivant ainsi le choix du brexit anglais, et menant ainsi inévitablement à une aggravation de la chute du commerce mondial et donc aussi de la production et de l’investissement mondial, au lieu de les enrayer…

La politique de Trump marche autant à la guerre (non seulement celle d’Orient soi-disant contre le terrorisme mais contre la Chine et la Russie) que celle d’Obama-Clinton et cette convergence nous montre que les élections bourgeoises n’expriment plus de choix politiques mais une impasse générale à toute la société bourgeoise.

La bourgeoisie montre ainsi qu’elle n’a pas d’autre solution que de mener le monde à la guerre nucléaire qui signifie la barbarie planétaire et elle montre aussi que nous travailleurs avons tout intérêt à nous détourner des élections bourgeoises et à préparer un tout autre avenir, en discutant sur nos lieux de travail et d’habitation de nos propres perspectives sociales et politiques, de nos perspectives de classe en tant que travailleurs et d’élire sur ces bases nos vrais représentants, de conseils de travailleurs et des milieux populaires.

La démocratie bourgeoise n’a rien à voir avec une quelconque représentation des travailleurs. Elle n’est que la manière d’imposer aux travailleurs l’ordre des possesseurs de capitaux. En période de crise grave de la domination capitaliste, la démocratie bourgeoise mène elle-même au fascisme et à la dictature. Les chefs des armées et des polices qui commencent à s’agiter pour accéder directement au pouvoir nous le rappellent de plus en plus ouvertement !

Messages

  • Lu sur in site Anglais : French government prepared coup if Le Pen won presidential election
    By Alex Lantier
    19 May 2017
    According to an extraordinary report published yesterday in L’Obs magazine, top members of France’s Socialist Party (PS) government prepared to launch a coup d’état if Marine Le Pen of the neo-fascist National Front (FN) won the May 7 presidential run-off.
    The purpose of the coup was not to keep Le Pen from taking office. Rather, it was designed to crush left-wing protests against Le Pen’s victory, impose martial law, and install Le Pen in power in an enforced alliance with a PS-led government.
    “No one dared imagine what would happen the day after the run-off if Marine Le Pen won. A social explosion could be expected,” wrote L’Obs. It explained, “The strategists who conceived this plan B supposed that after the National Front victory, the country would be on the verge of chaos : state of shock, Republican demonstrations, but above all extreme violence, especially coming from the ultra left.”
    “The plan was never written down black on white, but everything was really ready,” L’Obs wrote. “Its execution was so precisely planned that a handful of members of the government, chiefs of staff, and top state officials can still describe it from memory, step by step. … To be sure of the details, L’Obs verified its report with three different sources in the outgoing government and in institutions of the state.”
    The plan reportedly entailed launching massive police operations to put France on lockdown, and a PS power grab set into motion by a refusal of Prime Minister Bernard Cazeneuve to step down. A top state official involved in the plan told L’Obs, “The country would have been totally shut down. The government would have had only one priority : ensuring the security of the state.”
    To be clear, this signifies the imposition of a police-military dictatorship in France. Basic democratic rights are already suspended under the terms of the PS government’s state of emergency, which has been perpetually extended since it was first imposed after the November 13, 2015 terrorist attacks in Paris. Police are authorized to arbitrarily detain individuals, ban protests and consign individuals to house arrest. The plan clearly entailed the full use of these powers to impose martial law and permanently suspend the normal functioning of the state.
    Police authorities in each of France’s 100 departments had been in contact with the Interior Ministry to prepare for a post-election crisis. These discussions indicated that police were “afraid” of the situation after a Le Pen victory, L’Obs writes, citing a domestic intelligence memo already reported in Le Parisien : “Far-left movements that are more or less rooted in the population will doubtless try to organize protests, some of which could lead to serious disturbances.”
    As these discussions were unfolding, L’Obs reports, police officials and police trade unions were demanding total freedom to use potentially deadly weapons against protesters, apparently including stun grenades and rubber bullets. “The instructions given not to use one or another weapon have become intolerable,” wrote one police trade union official.
    Within the state machine itself, Cazeneuve’s refusal to step down was intended to “freeze the political situation,” according to one of the sources of L’Obs and, exploiting a loophole in the French constitution, launch a constitutional coup against the newly elected president.
    “At first,” L’Obs writes, “it was planned that the head of government would not submit his resignation. Of course, for a prime minister to remain in his position is contrary to Republican tradition, but his resignation is not in fact imposed by the constitution. In the next step, the parliament would be assembled in extraordinary session. A date was even chosen : May 11. The agenda would have been the national crisis provoked by the violence that followed the elections. The deputies would have been asked to give the government a vote of confidence.”
    In short, the National Assembly would have been told to give a pseudo-legal stamp of approval to a coup hatched by the police and intelligence services behind the backs of the French people. This transitional government was to last as least as far as the legislative elections of June 11 and 18, assuming that the new authorities would have allowed those to proceed.
    What L’Obs is describing would have been the most serious suspension of normal democratic procedures in France by the security forces since the Algerian war, when officers loyal to the Algerian colonial lobby seized power in Algiers in May 1958. They then launched a coup, Operation Resurrection, to topple the government in Paris. General Charles de Gaulle stepped in, seized emergency powers and ordered his supporters to hastily rewrite the French constitution, laying the basis for France’s current Fifth Republic.
    The media silence on this report in L’Obs yesterday evening was deafening, even though the magazine is a well-respected publication, and there is little reason to doubt its reporting. However, the report has the most far-reaching political implications and immediately raises serious questions about the administration of incoming President Emmanuel Macron.
    Are there other scenarios besides the election of Le Pen in which the police and intelligence agencies would suspend constitutional rule and impose martial law ?
    If the Interior Ministry now treats as existential threats all left-wing protests at which violence might occur—whether by protesters or by police provocateurs—are similar plans being made to repress protests that will erupt against Macron’s policies, whether on war or social austerity ? Will police react to constitutionally protected rights to strike and protest with attempts to suspend constitutional rule and install a dictatorship ?
    The quarter century of relentless austerity in France and across the European Union (EU) since the Stalinist dissolution of the Soviet Union has profoundly transformed European capitalism. As economic inequality and social anger reach unprecedented levels, the old political and social relations are breaking down. The brutal repression of protests against the unpopular PS labour law, imposed without a parliamentary vote amid the longest-running state of emergency in France’s history, is a sign that French democracy is in an advanced state of collapse.
    Under these conditions, the attempts to downplay the significance of the L’Obs story by PS officials contacted by the magazine, as well as by L’Obs itself, are complacent and false. Their assurances that the planned operation was constitutional and would have rapidly led to a restoration of the normal functioning of the Fifth Republic are not worth the paper they are printed on.
    Outgoing PS Prime Minister Bernard Cazeneuve himself has given credibility to the L’Obs story of a coup plot by the PS, as he said he had “no intention to desert the front at Matignon [Palace, the prime minister’s residence] if Marine Le Pen won the presidential election.” Contacted by L’Obs about the coup plot, his staff said he had “never ever mentioned such a plan” to them.
    As for L’Obs itself, it insisted that the coup plan was constitutional. Taking as good coin the coup plotters’ assurances that they would have handed over power, the magazine concludes that it would have led to a “brief interim period without precedent in the history of the Republic.”
    In fact, if the police-intelligence apparatus attempted to put such plans into effect, they would be openly breaking with the constitutional order and paving the way for an even more extended break of the ruling class with democratic forms of rule. It would be a prelude to a violent confrontation with the working class, where there is still a profound commitment to democratic rights.

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