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De quel droit ?

dimanche 11 juin 2017, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Avertissement : cet article critique vis-à-vis de la défense du code du travail ne signifie nullement que nous ayons des réticences de participer aux mobilisations à venir pour défendre la classe ouvrière face aux attaques qu’elle subit. Nous avons seulement notre manière de concevoir cette lutte, manière qui ne nécessite pas, au nom de la lutte immédiate, de renoncer à nos objectifs fondamentaux et historiques. Cela signifie que nous n’acceptons pas d’être enfermés dans l’opposition entre deux pôles soutenir le code bourgeois du travail ou le démanteler. De même que nous ne voulons pas être enfermés dans la défense de l’entreprise lorsqu’on nous menace de sa fermeture. Nous ne nous laissons pas piéger par la fausse alternative (qui frise le chantage) : sectarisme ou opportunisme !

Edito

De quel droit ?

Le président Macron affirme qu’il va transformer le droit du travail. Désormais, les licenciements abusifs où des patrons s’arrogent le droit de licencier sans motif reconnu par la justice pourront se faire sans leur coûter trop cher, par exemple. La notion de contrat à durée indéterminée sera flexibilisée pour rejoindre celle de contrat à durée déterminée, en somme la précarité sera généralisée. Et on ne fait pas liste des autres prétendues réformes au service du Capital et qui visent à casser le Travail. Les syndicats sont défavorables à ces « réformes » qui ne servent de manière évidente que les capitalistes. Et l’objectif que les syndicats et autres organisations réformistes, associatives ou politiques, assignent à la lutte à venir est « la défense du code du travail » et « la défense du droit du travail ».

On peut s’interroger sur la validité de cet objectif quand on sait que le fameux droit du travail transforme en religion le droit des propriétaires des capitaux et des entreprises que ce code et ce droit considèrent comme inattaquable et indiscutable.

Et pourtant, dès qu’on admet le droit indiscutable des propriétaires de capitaux et d’entreprises, on admet aussi que ceux-ci fassent ce qu’ils veulent de leur argent, c’est-à-dire ouvrent ou ferment quand cela leur plaît, embauchent ou licencient comme cela leur plaît.

Si ce code du travail, ces négociations avec les syndicats, ce mode de fonctionnement relativement serein avec les « représentants » des salariés, a vu le jour et s’est maintenu, c’est essentiellement parce que tel était l’intérêt des capitalistes et pas pour faire plaisir aux syndicats, sans parler des travailleurs eux-mêmes. D’ailleurs, si ce code du travail donne des droits aux syndicats, il faut rappeler qu’il ne les donne pas aux salariés eux-mêmes qui sont des sans droit dans l’entreprise.

En effet, les syndicats peuvent représenter, peuvent rassembler, peuvent appeler à la grève, peuvent distribuer des tracts, peuvent discuter avec l’encadrement et les patrons mais les travailleurs eux-mêmes ne peuvent faire rien de tout cela et peuvent même, toujours selon ce code du travail, être licenciés au simple motif d’avoir fait l’une des actions précédemment citées !!!

On remarquera d’ailleurs que ces lois s’appellent « code du travail » et pas code du capital !!! Le capital obéit seulement à la loi de l’économie, appelée recherche du profit maximal et cette loi-là, aucune législation nationale ne l’a jamais remise en question dans aucun des Etats bourgeois de la planète…

La constitution bourgeoise est rès claire : pour elle, le droit du capital est inscrit dans le marbre, pas le droit à l’emploi, pas le droit au logement, pas le droit à l’éducation, pas le droit à la santé, pas le droit à la parole, pas le droit de réunion, pas le droit de grève, pas le droit de vivre !!!

Alors, en luttant contre les projets de contre-réformes de Macron et des classes possédantes, devons-nous nous lier les mains au code du travail actuel, cautionner cet ensemble de règles qui ne servent que les capitalistes, même si les classes possédantes veulent l’aggraver ? Certainement pas !

Le droit du travail s’oppose diamétralement au droit du capital et les réformistes ne peuvent pas le cacher au moment même où les deux s’affrontent de manière évidente. Il est inutile de pleurer après le dialogue, la négociation, la réforme au moment où les classes dirigeantes et leurs représentants gouvernementaux s’en détournent. Il ne reste qu’à préparer et organiser la lutte des classes puisque les exploiteurs organisent la lutte des classes de leur côté. Mais ce n’est nullement la leçn qu’en tirent les dirigeants syndicaux !

Contrairement à ce que prétendent ces réformistes, dans le monde capitaliste, il n’y a jamais eu de protection du salarié. Les millions d’ouvriers morts au travail, par accident, par pollution, par fatigue, par erreur, sans droit, sans jugement, sans sépulture parfois, sont là pour le prouver. Les millions de salariés licenciés par l’arbitraire patronal, sans jugement, sans indemnité, sans justice sont également une preuve que les lois ne défendent que le capital. Même les restrictions aux possibilités violentes des patrons ne sont là que pour défendre l’intérêt général de la classe capitaliste et éviter des réactions de classe de la part des travailleurs en leur laissant croire que la justice bourgeoise, que la loi bourgeoise, que l’Etat bourgeois seraient là pour défendre tous les citoyens, y compris les travailleurs, y compris les milieux populaires.

Les réformistes, agents de la bourgeoisie au sein des milieux populaires et prolétariens, affirment que le code du travail est à nous, que la législation du travail est pour nous, que l’entreprise est aussi notre entreprise, qu’il faut la défendre comme il faudrait défendre « notre pays », « notre armée », « notre police », « notre démocratie » !! Eh bien, désolés, mais pour nous, prolétaires, rien de tout cela ne sera à nous tant que nous n’en aurons pas délogés les capitalistes, tant que les travailleurs organisés en comités sur des bases de classe n’auront pas pris le pouvoir en détruisant l’Etat capitaliste, le pouvoir des possesseurs de capitaux sur l’économie comme sur le pouvoir politique, militaire, policier, carcéral et administratif.

Mais, si, du point de vue de Capital, les exploités n’ont que le droit de se taire, il en va de même dans le sens inverse : du point de vue des exploités, du point de vue des opprimés, du point de vue humain, le Capital n’a aucun droit !!!

« Dès que la loi abrège la journée de travail, la machine se transforme aussitôt entre les mains du capitaliste en moyen systématique d’extorquer à chaque moment plus de labeur. »

Karl Marx, Le Capital, Livre Premier

Le droit de vivre est au-dessus du droit de la propriété privée du grand capital !

Le droit à l’emploi est au-dessus du droit du capital de fermer une usine ou de licencier !

Le droit au salaire est au-dessus du droit du capital de refuser d’investir pour spéculer !

Le droit des peuples à la vie est au-dessus du droit des Etats à faire la guerre !

Le droit du Travail est au-dessus du droit du Capital !

Le droit des exploités et des opprimés de se soulever, de s’organiser et de s’insurger est inaliénable !

Le droit des salariés de saisir une entreprise qui ferme ou qui licencie est indiscutable !

Le droit à la vie exige de se soulever quand on veut nous lancer violemment en guerre contre d’autres peuples !

Le droit à la vie, c’est le droit de ne plus obéir aux lois et à l’Etat quand ceux-ci ne la respectent pas !

Le droit à la vie est un droit de l’homme, le capital, lui, n’est pas un droit humain !!!

Le droit à la vie passe au-dessus du droit bourgeois !!!

Le droit de vivre n’est pas le devoir d’être exploité pour survivre !

Le droit de vivre n’est pas l’obligation de soumettre sa liberté aux volontés des polices et des armées, soi-disant contre-terroristes, pour ne pas être tué par des terroristes !!!

Licencier n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

Expulser n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

Exploiter n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

Opprimer n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

Bombarder n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

Terroriser n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

Interdire de faire grève n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

Interdire de manifester n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

La tromperie politicienne bourgeoise n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

L’obéissance aveugle aux chefs militaires et policiers n’est pas un droit reconnu du peuple travailleur !

La liberté de licencier, de fermer des entreprses, de spéculer, de détruire, de casser les travailleurs et les milieux populaires n’est pas une liberté reconnue du peuple travailleur !

La guerre impérialiste, la guerre néocoloniale, la guerre des puissances occidentales soi-disant contre les dictatures et les terrorismes n’est pas reconnue du peuple travailleur !

La propriété des grands moyens de production, de transport, de communication, d’extraction, des capitaux, des entreprises doit être reconnue pour ce qu’elle est : une propriété collective du peuple travailleur ! Ce n’est bien évidemment jamais le droit bourgeois, la justice bourgeoise, la législation bourgeoise qui vont reconnaître cela ! Il faut un pouvoir prolétarien, avec une justice prolétarienne et un droit prolétarien pour y parvenir !

Prenons garde, prolétaires, que, sous prétexte de défendre nos droits, les réformistes ne nous enlèvent notre principal droit : le droit à remettre en cause la propriété privée des moyens de production, le droit réel à la liberté : le droit à l’insurrection, notre véritable identité : la classe des travailleurs, notre véritable droit à l’organisation : les conseils ouvriers, notre principale revendication : le pouvoir politique, notre principal moyen : la destruction de l’Etat bourgeois, notre principale force : l’alliance internationale des exploités !!!

La suite

Messages

  • "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs".

    Le seul article des constitutions de la révolution française qui reste d’actualité !!!

  • Edouard Philippe a lâché la dernière piste : la possibilité pour les employeurs de négocier avec les syndicats, dans chaque entreprise, les causes préalables du licenciement. Un vieux rêve du Medef, qui pourrait conduire à ce que les salariés, par exemple, s’engagent, à l’avance, à produire une quantité précise et définie de travail. Au risque, sinon, d’être virés, sans possibilité de recours devant le juge, le fait de ne pas atteindre les objectifs constituant une « cause réelle et sérieuse » de licenciement. Une proposition clairement présente dans le document de la Direction générale du travail (DGT) publié le 7 juin par Libération. Ce texte, qui recensait les réformes sur lesquelles le cabinet de la ministre du Travail demandait à ses services de plancher, proposait ainsi, pour les CDI, d’« élargir les possibilités de négociation en ce qui concerne la période d’essai, le préavis, les congés familiaux, l’indemnité de licenciement, le motif du licenciement ».

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