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Histoire des grèves de cheminots en France et dans le monde

lundi 12 juin 2017, par Robert Paris

En France, en 1986-1987, quand la grève des cheminots était organisée non par les directions syndicales mais par les cheminots eux-mêmes, non seulement par la coordination (corporatiste) des conducteurs mais, en comités de grève et coordination inter-catégories, animée par Daniel Vitry Voir ici la fin des actualités télévisées

Un épisode marquant des luttes cheminotes : la coordination des cheminots de 1986-1987

La télévision sur la coordination des cheminots la parole à Daniel Vitry

Daniel Vitry et Serge Torrano, un trotskiste et un anarchiste, les leaders de la coordination des cheminots

Les bureaucraties syndicales se défendent contre les coordinations

La grève de 1986 à la télé

Les actualités télévisées sur la grève

Réveillon en grève !!!

La police intervient contre les cheminots grévistes

Un compte-rendu de la grève des cheminots en janvier 1987 :

Quelques agents de conduite du dépôt de Paris-Nord - le secteur où la grève a commencé - avaient lancé une consultation auprès de leurs camarades, et après discussion avec eux, décidé de partir en grève le 18 décembre. Ce n’est qu’une fois cette décision prise qu’ils sont allés trouver les syndicats pour leur demander de les couvrir en lançant un préavis de grève. Et ceux de ces syndicats, la CFDT et la Fédération Générale Autonome des Agents de Conduite (FGAAC syndicat corporatiste des conducteurs de train), qui ont accepté, ne l’ont fait que du bout des lèvres : le préavis ne concernait que les agents de conduite du secteur. Or, une fois décidés à se mettre en grève et la date fixée, les conducteurs de Paris-Nord s’étaient mis en relation avec d’autres dépôts, les informant de leurs intentions et les invitant à se joindre à leur mouvement.
Pendant la même période, une agitation un peu semblable se faisait jour dans un autre secteur, la banlieue Paris-Sud-Ouest. Là aussi, des conducteurs commençaient à se réunir, parlaient de la nécessité de la grève, s’adressaient à leurs camarades pour les inviter à se prononcer en faveur de cette grève et s’organiser en conséquence. Eux, contrairement à ceux de Paris-Nord, ne se limitaient pas aux seuls conducteurs, mais voulaient s’adresser à tous les cheminots. Ils tentaient même de lancer la grève alors que le mouvement étudiant battait son plein. Cette action resta très minoritaire, limitée à un dépôt, et s’arrêta au bout d’un jour et demi. Mais les grévistes avaient eu le temps de faire le tour de quelques secteurs aux alentours, de les appeler à les joindre et à s’organiser. Et cela n’a pas manqué d’avoir des conséquences quelques jours plus tard quand la grève générale a réellement commencé.
Enfin, au début du mois de décembre, un autre mouvement avait commencé parmi une autre catégorie de cheminots, les agents des recettes, ceux qui sont chargés de la vente des billets et des réservations. La SNCF menaçant de leur supprimer une prime, ceux-ci, sans se mettre formellement en grève, ne faisaient plus les réservations qui sont une partie de leur travail. Le mouvement, en quelques jours, s’étendit dans tout le pays quasi-spontanément, comme il avait démarré. Les syndicats CGT et CFDT, qui se contentaient de suivre, se voyaient imposer, dans certaines grandes gares parisiennes d’où le mouvement était parti des assemblées générales quotidiennes des travailleurs syndiqués et non syndiqués impliqués dans cette action, assemblées dont ces syndicats se seraient très bien passés.
A partir du jeudi 18 décembre au matin, quand les conducteurs de Paris-Nord ont arrêté le travail, la grève s’est répandue comme une traînée de poudre de dépôt en dépôt, le long du réseau ferré, d’abord le réseau Nord puis ensuite tous les autres. Quatre jours plus tard, dimanche 21 au soir, pratiquement tous les dépôts étaient en grève sans qu’aucun mot d’ordre ait été lancé par les syndicats.
Si dans bien des dépôts les militants syndicalistes étaient les organisateurs de la grève, les fédérations syndicales, elles, étaient à la traîne et se contentaient au mieux d’enregistrer que la grève était là. Et c’était vrai aussi bien de la CFDT que de la FGAAC (syndicat corporatiste des seuls conducteurs). La CGT, elle, traînait encore plus les pieds et gardait une attitude encore plus ambiguë. Son premier réflexe fut la plus grande méfiance devant un mouvement qui se déclenchait et s’étendait sans son contrôle. Du coup, ses militants dans les dépôts prirent les attitudes les plus contradictoires, interprétant l’attitude de leur direction en fonction de leurs propres sentiments, ou encore en fonction des situations locales. Dans certains dépôts, ils furent les initiateurs et les organisateurs de la grève, dans ; d’autres, ils suivirent en rechignant, dans d’autres enfin, ils s’opposèrent pendant plusieurs jours à cette grève. Ainsi, à Paris-Sud-Ouest, les responsables CGT firent de véritables « piquets de travail », incitant les conducteurs à surtout ne pas suivre la grève. Jusqu’au moment où, débordés par les travailleurs qui se mettaient en grève malgré eux, ils changèrent d’attitude... et appelèrent à la grève à leur tour. Mais là, il était trop tard pour que leur attitude n’ait pas été perçue par la majorité des cheminots du secteur.
Jusqu’au lundi 22 décembre la grève ne fut guère réelle que parmi les seuls conducteurs (18 000 sur 230 000 cheminots). D’abord, elle était partie de conducteurs qui ne s’adressaient qu’aux conducteurs sans se préoccuper des autres catégories. D’autre part, les syndicats, comme on l’a vu, réticents ou hostiles à cette extension même parmi les seuls conducteurs, n’avaient certainement aucune envie de l’étendre aux autres cheminots. Pendant les quatre premiers jours, la grève ne toucha donc qu’une très petite minorité des autres catégories, parmi ceux, contrôleurs ou encore ouvriers des dépôts, qui sont le plus en contact avec les agents de conduite.
A partir du lundi 22, par contre, elle s’étendait aux autres cheminots : ceux des gares, des triages, des ateliers. Mais là aussi, c’est la base qui l’imposa. Les syndicats conservèrent une attitude ambiguë, n’appelant pas franchement. Aucun ne prononcera le mot de grève générale dans les chemins de fer : certains parce qu’ils jouaient sur le corporatisme des agents de conduite dont beaucoup ne tenaient pas à ce que leur mouvement s’étende à d’autres catégories ; tous, sans aucun doute, parce qu’ils ne désiraient pas cette grève. Les militants de la CGT continuèrent donc à prendre les attitudes les plus diverses comme ils l’avaient fait parmi les roulants : ici, militants enthousiastes de la grève et de son extension, là, s’opposant à elle, y compris physiquement.
Et c’est cela qui explique que la méfiance vis-à-vis des directions syndicales déjà préexistante à la grève, soit devenue un sentiment extrêmement répandu et grandissant parmi les cheminots.
Cette méfiance vis-à-vis des organisations syndicales et le fait que ce sait la base qui ait décidé la grève et l’ait étendue, se sont traduits dans l’organisation du mouvement. D’abord par le fait que beaucoup de grévistes, dans beaucoup de secteurs, sont présents chaque jour sur leur lieu de travail, et ceci en pleine période des fêtes de fin d’année, période traditionnelle de congés et d’absentéisme. Mais ensuite et surtout par le fait que les grévistes ont commencé à se donner une organisation propre, indépendante des organisations syndicales.
D’abord, un peu partout, ont lieu des assemblées générales de grévistes qui discutent, contestent, entendent prendre des décisions, même là où les syndicats contrôlent la grève et restent sa direction reconnue et acceptée par les grévistes. Au point que toutes les fédérations syndicales, la CGT en tête, affirment maintenant que ce sont à ces assemblées générales de trancher.
Et puis dans certains secteurs, là où certaines directions syndicales locales ont été écartées parce qu’elles s’opposaient à la grève, des comités de grève élus par les grévistes ont été mis en place pour diriger le mouvement sous le contrôle des assemblées générales de grévistes.
Enfin, l’idée de la coordination de ces comités, c’est-à-dire d’une organisation centrale du mouvement, a fait son chemin et s’est même concrétisée. Cette idée de coordination - le mot même - est certainement venue de l’exemple des étudiants qui se sont donné des coordinations semblables. L’exemple étudiant a frappé d’autant mieux qu’une grève des chemins de fer par sa nature même est un mouvement qui touche des dizaines de milliers de gens dispersés sur toute l’étendue du territoire national, comme le mouvement étudiant, et qui a donc besoin, comme le mouvement étudiant, d’une organisation centrale.
Et c’est ainsi que sont nées des coordinations nationales. D’une part, une Coordination Nationale des Agents de Conduite ; d’autre part une Coordination Nationale inter-catégories de tous les cheminots. La première s’appuie sur le sentiment corporatiste qui existe très fort chez les conducteurs. La seconde au contraire essaie de donner corps à l’idée que la force du mouvement réside dans le fait qu’il ne doit pas se laisser diviser par catégories mal au contraire faire des 230 000 cheminots une force unique.
Ces coordinations ne représentent pour l’instant qu’une minorité des cheminots. Même à celle des seuls agents de conduite déjà une minorité parmi l’ensemble des travailleurs de la SNCF, même s’ils ont été le fer de lance de cette grève, seul le tiers des dépôts est représenté. Mais des assemblées générales et des comités de grève, c’est-à-dire la majorité des travailleurs de certains secteurs, ont délégué des représentants aussi bien à la Coordination Inter-catégories où à celle des agents de conduite ou aux deux pour certains dépôts. Des minorités de nombreux autres secteurs ont envoyé des observateurs à la Coordination Inter-catégories, vers laquelle des cheminots d’un peu partout regardent.
Telles qu’elles sont, ces coordinations ont donc créé le fait nouveau de ce mouvement de grève en France, où il n’existe aucune tradition d’une organisation démocratique des grévistes indépendante des appareils syndicaux, la direction de la grève étant considérée, parmi les travailleurs eux-mêmes, comme revenant de droit aux directions syndicales. Le combat pour l’organisation démocratique de la grève, pour des comités de grève élus et contrôlés par les grévistes est depuis des dizaines d’années celui des seuls révolutionnaires. On pourrait même dire quasiment celui des seuls militants de Lutte Ouvrière, la plupart des autres organisations d’extrême-gauche, même trotskystes, comme on le voit encore maintenant dans ce mouvement des cheminots, avec l’attitude de la Ligue Communiste Révolutionnaire et du Parti Communiste Internationaliste, acceptant ou même demandant que la direction de la grève revienne de droit aux directions syndicales.
Cette grève des cheminots, quelle que soit sa suite, va donc probablement laisser un exemple d’organisation de la grève inhabituel et qui peut faire date.
De plus, depuis huit jours, ces coordinations, qui s’ajoutent aux assemblées générales régulières, aux comités de grève et aux coordinations régionales, et qui expriment à la fois la détermination de la base et sa méfiance envers les organisations syndicales traditionnelles, poussent ces dernières en avant, même si c’est l’épée dans les reins. Le fat que les fédérations syndicales n’aient rien signé avec la SNCF à l’issue des négociations, qu’elles aient été extrêmement prudentes dans la présentation des résultats de ces négociations, qu’elles aient dit et redit que c’était à la base, aux grévistes de décider, est le résultat de cette pression exercée par les coordinations, c’est-à-dire l’organisation indépendante du mouvement gréviste, aussi embryonnaire soit-elle encore.

Lire encore sur cette grève dans l’historique qui suit...


Histoire des grèves de cheminots en France et dans le monde

A lire notamment : La répression des cheminots au travers de l’Histoire

1898 : échec de la grève générale des chemins de fer lancée par le Syndicat national, dont la figure de proue est Guérard

L’événement déterminant fut l’échec de la grève générale chez les cheminots en 1898, suite au noyautage de la structure par la police, celle-ci réceptionnant les appels à la grève chez les destinataires, dès l’envoi par la poste. Lagailse lui-même se reniera devant la police, et il disparaîtra du mouvement ouvrier sans même que l’on retienne son prénom.

A. Lagailse était employé de bureau au réseau des Chemins de fer de l’État. C’est immédiatement à la suite du 4e congrès, qu’il est « débarqué » du secrétariat général, à la suite de son attitude jugée d’une « couardise impardonnable » lors d’une grève des cheminots qu’il désavoue.

1910 : « grève de la thune », première grande grève des cheminots français, fortement réprimée mais victorieuse à terme avec en 1911 une augmentation des salaires et l’obtention d’un règlement des retraites

Premier texte sur la grève de 1910

Deuxième texte sur la grève de 1910

Quatrième texte sur la grève de 1910

1919-1920 : plusieurs vagues de grèves se succèdent, très fortement réprimées (arrestations, 18000 révocations). Leur échec nourrira les débats entre révolutionnaires et réformistes, qui se scinderont définitivement en janvier 1922 entre CGT et CGT Unifiée. C’est à cette même période qu’est accordé un Statut du cheminot.

1920 : Millerand brise la grève des cheminots

Le 19 février 1920, répondant à la mise à pied d’un syndicaliste cheminot de l’atelier de Villeneuve-Saint-Georges, 1 500 travailleurs des chemins de fer se mettent en grève. Durant cinq mois, diverses vagues de grèves vont se succéder, au rythme des controverses entre les syndicalistes réformistes et les révolutionnaires, aboutissant à la scission de la CGT.

Le 19 février, Campanaud militant à l’atelier de Villeneuve-Saint-Georges se rend à une réunion de la commission administrative de l’union de réseau (PLM). Il est aussitôt sanctionné par une mise à pied : 1 500 cheminots des ateliers arrêtent le travail. Sous l’impulsion des révolutionnaires, forts présents au sein de l’union du PLM, le mouvement de solidarité s’étend rapidement. Le 23 et 24 le mouvement touche les agents parisiens quel que soit leur réseau d’origine. L’enthousiasme des cheminots révolutionnaires de l’union des syndicats parisiens, dont Besnard, Sirolle et Monmouseau, est particulièrement vif. Le 27 février Sirolle et Monmouseau menacent la fédération de créer un comité directeur parallèle qui se chargerait de l’extension du mouvement sur l’ensemble du territoire.

La fédération accepte alors d’appeler à la grève autour de cinq revendications : respect des droits syndicaux, échelle des salaires, extensions des commissions paritaires aux petites compagnies (qui existent encore), étude d’un régime des chemins de fer, enfin absence de sanctions pour fait de grève. Les directions de réseaux cèdent sur les quatre premières revendications, mais il faudra encore une fois l’intervention de Millerand pour obtenir le dernier point. L’ordre de grève est levé dans la nuit du 1er au 2 mars.

Mais les dirigeants de réseau ne l’entendent pas de cette oreille. Des militants sont sanctionnés comme Midol (PLM) révoqué pour provocation de militaires à désobéissance (rappelons que les cheminot sont toujours sous affectation spéciale). Ultime provocation : les non grévistes des réseaux de l’État, du PLM et du PO reçoivent double salaire.

Les révolutionnaires sont excédés. Ils ont le sentiment qu’au vu du rapport de forces on aurait pu obtenir beaucoup plus et que la majorité laisse sacrifier leurs camarades. Aux congrès de réseaux de l’État, du PLM et du PO, là où les cheminots ont été les plus combatifs, les minoritaires deviennent majoritaires. Au congrès de la fédération qui se tient du 22 au 24 avril le désaveu de la direction est patent. Les révolutionnaires deviennent majoritaires.

De suite, puisque la révolution n’a pas eu lieu en 1919, elle débutera, décident-ils, le 1er mai 1920 par la grève générale de la corporation. Puis, pour entraîner dans la grève générale une confédération jugée peu combative, ils se rallient au mot d’ordre de nationalisation, contre l’avis de Pierre Semard.

Le 29 avril, la confédération accepte de soutenir la fédération en lançant un mot d’ordre où différentes corporations, mais pas toutes, doivent entrer en grève par vagues successives

Le samedi 1er mai, les cheminots sont en grève avec manifestations violentes (deux morts à Paris) dans tout le pays. Le lundi 3, les fédérations des Ports et Docks, des Marins et des Mineurs se lancent dans l’action : il s’agit bien de bloquer le pays.

De son côté, le gouvernement ne reste pas inactif. Sous prétexte de complot contre la sécurité de l’État, il commence une série d’arrestations dans tous l’Hexagone, à commencer par les dirigeants de la minorité révolutionnaire, Pierre Monatte, le 3 mai, pourtant non cheminot (mais directeur de La Vie ouvrière) puis Henri Sirolle, secrétaire adjoint de la fédération des cheminots, le 4. De leur côté, les compagnies commencent à révoquer de nombreux militants.

Coup dur, ce lundi 3 mai, sur le réseau nord une délégation de l’union syndicale négocie la reprise contre l’absence de sanction. La mobilisation sur le réseau Est est très faible.

Le 5 mai, le syndicat des métaux de Paris, qui s’est lancé dans l’action, est désavoué par la confédération. Le 8, de manière confuse, des travailleurs de tous secteurs se joignent au mouvement. La fédération appelle alors la confédération à lancer de nouvelles troupes dans la bataille, pour passer le cap du 10 mai.

Le mardi 11, le conseil des ministres engage des poursuites contre la CGT et envisage sa dissolution. Du coup, l’union syndicale du Nord appelle à la grève contre ce quelle estime être une provocation. Le syndicat du gaz s’engage pour le 14.

Dans tout le pays la situation est confuse et troublée. Altercations et bagarres se multiplient. Au sein même de la fédération des cheminots, la tension est à son comble. Le comité confédéral se réunit, les débats y sont houleux et se concluront par un appel à la reprise le 21 mai.

La fédération, elle, ne lève pas son mot d’ordre mais la grève se délite.
Le 25, le réseau de l’État cesse la grève, et la fédération appelle finalement à la reprise le 28 mai 1920. Les cheminots paieront chèrement cet échec : 400 militants inculpés de complot contre la sécurité de l’État, 20 000 révoqués.

Premier texte sur la grève de 1920

Deuxième texte sur la grève de 1920

Troisième texte sur la grève de 1920

1936 : participation des cheminots à la grève générale

Tous les secteurs sont touchés : la métallurgie, les magasins d’alimentation, la chimie, les salles de spectacle, le pétrole, les écuries, les bistrots… Même l’hôtellerie se met en vacances !

Tout… sauf les chemins de fer ? Pas tout à fait. Les grèves n’ont affecté ni les chemins de fer ni les postes ni les services publics de l’État et des collectivités, mais, pour le secteur privé, leur ampleur est sans précédent. La CGT a essayé de ne pas entraîner dans le mouvement le secteur public et elle y est parvenue !!! Soutien au gouvernement et aux classes dirigeantes oblige. N’oublions pas que la grève s’était étendue spontanément et pas sous l’impulsion de la direction de la CGT qui, comme le PCF, soutenait le gouvernement Blum pour faire arrêter les grèves…

Les dirigeants de la fédération CGT des cheminots avaient donc fait en 1936 ce qu’il fallait pour que les travailleurs du rail ne se lancent pas dans le conflit social !!!!

Ce qui signifie que l’un des plus grands conflits sociaux en France a passé complètement à côté des travailleurs du Rail !

C’est précisément l’exemple que prend Antoine Prost pour démontrer la volonté du parti communiste, très influent dans la CGT, de ne pas étendre les grèves, voir « Le PC et Léon Blum face aux grèves de 1936 », Sciences humaines, « L’histoire aujourd’hui ».

Les licenciements massifs de 1920, seize ans avant, ont servi de prétexte pour demander au cheminot « passer son tour » dans la lutte de classe, en fait pour diminuer considérablement le rapport de forces de la classe ouvrière et soutenir ainsi le gouvernement bourgeois de Blum !!!

La CGT, qui préfère ne pas s’en expliquer, démarre son histoire de… 1938

1938 : grève générale contre les décrets-lois Daladier Reynaud, remettant en cause les acquis du Front populaire ; les cheminots sont réquisitionnés par le gouvernement. La grève se conclut par un échec.

La grève de novembre 1938 en réaction au sabotage des conquêtes du Front Populaire par la bourgeoisie, marque les difficultés de la politique de collaboration de classe. La bourgeoise ayant même dû décréter la réquisition des cheminots le 25 novembre 1938.

1945

Dans L’Humanité du 7 août 1945, Benoît Frachon, alors qu’une fraction majoritaire de la CGT a basculé dans la grève, dénonce les grévistes des PTT :

« Les fonctionnaires, cheminots, les ouvriers des services publics, les ingénieurs et agents des cadres, les retraités ont satisfaction complète dans leurs revendications immédiates. Les travailleurs des PTT verront également le triomphe de revendications qu’on leur refusait depuis des mois, en même temps qu’on excitait leur mécontentement. (…) Devant de tels résultats, on comprend que toute la tourbe réactionnaire s’agite et cherche à nuire à une organisation qui remplit si bien sa tâche. (…) L’utilisation par les ennemis de la classe ouvrière de l’acte d’indiscipline de quelques éléments des PTT n’est qu’une resucée de ce que nous avons connu à plusieurs reprises. Quel meilleur moyen de discorde que d’entraîner une partie d’entre eux dans une grève, en utilisant un juste mécontentement et de leur opposer ceux qui ont respecté la discipline syndicale ? (…) Les travailleurs des PTT ne manqueront pas de régler démocratiquement, à l’intérieur de leur organisation et dans le cadre des statuts qui les régissent, les problèmes posés devant eux. Ils déjoueront toutes les manœuvres de division et feront échec à cette première tentative violente d’introduire dans la CGT des germes de conflit. Ce faisant, ils suivront la voie qu’a prise le Comité confédéral national. »

1946

L’ambiance dans la classe ouvrière

1947

Si, depuis près de dix ans, les travailleurs de chez Renault n’avaient pas fait grève, cette année ils en ont fait deux. Mais, bien que très rapprochées et ayant les mêmes objectifs : le salaire minimum vital garanti, ces deux grèves ont été totalement différentes l’une de l’autre.

Au mois de mai, la grève contre la direction patronale et gouvernementale fut déclenchée par une poignée d’ouvriers, malgré l’hostilité ouverte des dirigeants syndicaux.

La grève du mois de novembre, au contraire, fut déclenchée par les dirigeants cégétistes.

Cependant, à force d’avoir endigué le mouvement gréviste général pendant des mois, c’est dans les pires conditions qu’ils furent obligés d’y entrer (l’approche de l’hiver, le manque de travail dans l’usine et la méfiance qu’à juste titre ils s’étaient attirée de la part des ouvriers).
Mais, "au mois de mai, le mouvement avait été déclenché par une poignée de diviseurs et n’avait aucune chance d’aboutir, tandis qu’aujourd’hui c’est la grande C.G.T. qui prend ses responsabilités". Ainsi se rassuraient les fidèles. Dans leur enthousiasme, ils avaient oublié ce que disait Carn aux responsables syndicaux, huit jours avant : "Vous savez bien qu’actuellement c’est impossible de déclencher la grève. Les ouvriers ne nous suivraient pas".

Les ouvriers ont suivi quand même ce mouvement déclenché d’en haut, en dehors de leur volonté, parce qu’ils savent bien que seule l’action directe peut faire aboutir leurs revendications.

Mais il s’est avéré que la grève a été mieux conduite au mois de mai avec des ouvriers du rang, qu’aujourd’hui par la "grande" C.G.T.
Au mois de mai, la seule grève Renault a donné le branle à tout le mouvement revendicatif de cet été, sans aucun ordre venant d’en haut. La grève générale des cheminots a fait capituler le gouvernement au bout d’une semaine.

C’est l’unanimité de tous les travailleurs qui caractérisait le mouvement au mois de mai, que seule l’opposition farouche de la C.G.T. a empêché d’éclater en une grève générale.

Au mois de novembre, la C.G.T., englobant des millions d’adhérents et dirigeant le mouvement, n’a pas pu empêcher la division, le manque de confiance, elle n’a pas été capable de faire renaître un nouveau juin 1936.

Au mois de mai, le comité de grève Collas fut capable de rallier dans la grève tous les ouvriers de l’usine, y compris les cadres, qui débrayaient malgré l’opposition farouche des responsables cégétistes.

Au mois de novembre, il a fallu que les piquets de grève emploient la force pour empêcher la maîtrise et les employés de continuer le travail.
En mai, alors que tous les ouvriers étaient dans la grève, alors qu’ils refusaient de reprendre le travail le mardi 29 avril, à 13 heures, comme l’avait préconisé la C.G.T., celle-ci organisait un vote secret dans l’usine, pour briser le mouvement. Le résultat fut que deux tiers des ouvriers se prononcèrent pour le comité de grève.

En novembre, la même direction cégétiste dut s’opposer de toutes ses forces à ce qu’un vote ait lieu, tant elle craignait le sentiment des ouvriers.

Au mois de mai, les travailleurs de Collas, continuant la grève trois jours de plus que le restant de l’usine, arrachèrent à M. Mayer le paiement des heures de grève pour tous, revendication reprise depuis dans toutes les grèves. Contre les grévistes de Collas, la section syndicale C.G.T. fit alors appel à MM. Lefaucheux et Mayer pour faire respecter la "liberté du travail". Mais les grévistes avaient pour eux la sympathie de tous les travailleurs de la Régie qui, en deux jours, collectèrent plus de 60.000 francs pour les soutenir.

Au mois de mai, les ouvriers formaient eux-mêmes leurs piquets et comités de grève, chaque travailleur pouvant ainsi librement se manifester. La démocratie ouvrière réalisait l’unité.

Au mois de novembre, la section syndicale a rejeté du Comité central de grève les militants ouvriers du S.D.R. partisans de la grève, parce qu’ils n’étaient pas dans la C.G.T., pendant que les bureaucrates pro-grévistes (Frachon) et antigrévistes (Jouhaux) faisaient "l’unité" dans le bureau confédéral.

Au mois de mai, les ouvriers allaient eux-mêmes faire débrayer d’autres usines et faire la propagande pour la grève générale et ses revendications.

Au mois de novembre, le Bureau confédéral de la C.G.T., de peur de prendre ses responsabilités, s’est défendu publiquement d’avoir voulu déclencher la grève générale.

L’échec du mouvement de novembre n’est pas une défaite directe de la classe ouvrière, mais celle d’une entreprise que les dirigeants cégétistes ont mené à sa perte, parce qu’ils sont désormais incapables de gagner la confiance des ouvriers qu’ils ont abusés.

La grève de mai prouve que l’organisation des travailleurs du rang est capable de surmonter obstacles et difficultés, la grève de novembre prouve que les défaites sont l’oeuvre des directions bureaucratiques. Les ouvriers n’avaient pas encore suffisamment compris en mai la leçon que leur renouvelle le mouvement en novembre.

Film sur le grève des cheminots de 1947

A partir de 1947

Les grèves des cheminots après 1947

1948

Les mouvements sont nombreux et combatifs mais sciemment éparpillés pour ne pas risquer la grève générale :

En septembre (avant la grève des mineurs) 1er septembre - Débrayage et manifestation chez les métallos de Nantes, Saint-Nazaire, Montargis, Bagnolet. - Débrayage partiel à Dôle. Manifestations dans le 15e. 3 septembre - Grève de 2 heures à Marseille. 5 septembre - Débrayage et manifestation à Tulle. 7 septembre - Grève de 24 heures à Troyes. Débrayage et manifestation à Strasbourg. Débrayage dans le Rhône. Débrayage à Pont-de-l’Arche. 8 septembre - Débrayage à Aubusson. 9 septembre - Débrayage au Blanc-Mesnil. Grève de 24 heures à La Rochelle et dans la Somme. 10 septembre - Débrayage et manifestation à Boulogne, Saint-Ouen, Puteaux, Courbevoie, Clichy, Saint-Denis et Issy. Débrayage dans les Ardennes, la Haute-Garonne, le Cher et à Saint-Etienne. 11 septembre - Débrayage et grève dans plusieurs endroits : métallos, bâtiment, textile et papeteries, dans l’Ariège ; dans l’Aisne ; papeteries de Saint-Girons. Débrayage à Levallois. 12 septembre - Débrayage à Arras et à Boulogne. 14 septembre - Débrayage à Hagondange. Débrayage et manifestation à Gennevilliers, Asnières, Saint-Cloud. Grève d’une heure à Alès et à Nîmes. Grève générale dans le Doubs. 16 septembre - Débrayage et manifestation à Tarbes et en Charente. 17 septembre - Débrayage à Orléans et dans la Sarthe. 21 septembre - Débrayage dans le Haut-Rhin, à Lorient et à Grenoble (obsèques de l’ouvrier Voitrin, assassiné par les gaullistes). 25 septembre - Grève générale de 2 heures dans toute la France, à l’appel de toutes les centrales syndicales (CGT, "Force Ouvrière", CFTC, Cadres). 28 septembre - Débrayage au Havre. A partir du 1er octobre : 1er octobre - Grève de 24 heures du personnel du gaz et de l’électricité dans toute la France. 5 octobre - grève des taxis à Paris et Bordeaux. Journée d’agitation des communaux (CGT et CFTC) dans toute la France. Début de la grève des chemins de fer du Nord-Est et des métallurgistes de Lorraine (qui durera jusqu’au 16). 8 octobre - Grève de 24 heures de toute la marine marchande. 11 octobre - Grève de 24 heures dans la Moselle. Grève de 48 heures des métallurgistes de Moselle. 13 octobre - Grève de 24 heures de tous les ports de France. 15 octobre - Grève de 24 heures des métallurgistes de Bordeaux. Grève du textile à Troyes, Sedan, Vendôme. 20 octobre - Grève de 24 heures des cheminots de la région méditerranéenne. Grève générale dans le Tarn. 21 octobre - Grève de 48 heures des cheminots du Mans, d’Alençon et de Château-du-Loir. 22 octobre - Grève de 24 heures des cheminots de Toulouse, de Nîmes, d’Alès, d’Avignon, de Sète et du Teil. Refus des dockers de Calais et de Boulogne de décharger du charbon. Débrayage de solidarité dans toute la métallurgie parisienne. 25 octobre - Grève de 24 heures dans la Loire. Débrayage à Lyon, Marseille, Limoges, Saint-Julien, etc... Nombreuses grèves dans tout le pays. 26 octobre - Débrayage à Marseille, Rouen, Dieppe, Montpellier, Béziers, Sète, Clermont-Ferrand, La Rochelle. 27 octobre - Débrayage à Marseille, La Bocca, Toulon, Brignolles, Périgueux. 28 octobre - Grève de 24 heures dans le Gard. Débrayage dans la Vienne, à Mantes, chez les métallos de Denain. 29 octobre - Débrayage à Boulogne-sur-Mer. 1er novembre - Grève des marins de Marseille.

1952-1953

Un témoignage

De 1961 à 1999, la lutte contre les trahisons syndicales

Un film sur la grève des transports de 1962

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1963

En 1963, malgré une sympathie marquée pour la dure grève des mineurs de 1963, la CGT refuse d’appeler les cheminots au moindre geste de solidarité à part des collectes …. Et les mineurs isolés sont battus. • 1968 : La grève à la SNCF et la grève générale de mai-juin 1968. Le mouvement des cheminots né le 16 mai 1968 dans la banlieue lyonnaise puis le 17, à partir de la gare d’Achères et qui fait rapidement tâche d’huile. Ainsi, c’est d’abord par la paralysie progressive des chemins de fer que la grève s’étend dans de nombreux départements français. En mai 1968, tout en organisant de fait la grève générale afin d’empêcher de se laisser déborder par le mouvement spontané, la CGT a dans le même temps démobilisé en s’opposant à l’occupation massive et effective des usines comme en juin 1936. Du coup, il ne lui a pas été trop difficile de faire reprendre le travail malgré la minceur des concessions patronales et gouvernementales, malgré aussi l’échec politique puisque le ras-le-bol du régime gaulliste qui était pour une bonne part dans le déclenchement de la révolte n’eut aucun débouché immédiat. Qui a donné un coup d’arrêt à la grève générale ouvrière de mai-juin 1968 ? Les syndicats et, en premier, la CGT. Durant les années où la CGT est passée pour très « lutte de classes » parce que son discours est calqué sur celui du PCF, la centrale principale de la classe ouvrière en France n’a pas cessé d’être un frein aux luttes en n’organisant que des grèves partielles, tournantes et d’autres stratégies de refus de la lutte en prétextant que De Gaulle était « un pouvoir fort ». En 1968, la CGT va être contrainte de laisser ses militants prendre la direction des grèves. Les étudiants de 1968 ont montré qu’il n’en était rien et les premières grèves de 1967-1968 ont contraint la CGT à soutenir les grèves au risque d’être débordée. La CGT n’a jamais appelé à la grève générale même si ses militants ont cru avoir le feu vert pour étendre la grève. Suite aux accords avec le gouvernement, la CGT pèse de tout son poids pour faire reprendre le travail… avec un bilan très faible si on compare à 1936 et à la montée du rapport de forces des travailleurs en France.

1968

Le mouvement des cheminots né le 16 mai dans la banlieue lyonnaise puis le 17, à partir de la gare d’Achères et qui fait rapidement tâche d’huile. Ainsi, c’est d’abord par la paralysie progressive des chemins de fer que la grève s’étend dans de nombreux départements français.
La grève se généralise à compter du 30 mai (...) Pendant la semaine, la grève se propage vers les petites usines qui s’arrêtent. (...) Il n’y a pas de mot d’ordre de grève générale ou de constitution d’un Comité central de grève, comme en novembre 1947. Le mouvement se diffuse par la base où la grève devient généralisée en fin de semaine. Dans le même temps, les grévistes suivent les faits qui se déroulent ailleurs : dans les usines à proximité, dans la ville ou le bassin d’emploi, et surtout à Paris. La scène nationale est cruciale, qui rythme d’une manière décisoire la chronologie et donne aux grèves un caractère de mouvement. Dès lors, les négociations, qui se déroulent au ministère des Affaires sociales, rue de Grenelle du 25 au 27 mai, revêtent une importance déterminante.

Après deux nuits d’intenses négociations, un constat est proposé aux grévistes afin de reprendre le travail. Le présentant aux ouvriers de Renault-Billancourt qui ont déjà reconduit leur mouvement, Georges Séguy constate que les clauses du constat sont huées. Le refus de Billancourt, qui déçoit les dirigeants de la CGT, devient le symbole de la tenacité ouvrière.

Dans de nombreux départements, les ouvriers font valoir leur hostilité à un constat qu’ils jugent bien maigre. Les préfets soulignent souvent que l’heure est au durcissement, en Haute-Marne, dans les Vosges, l’Hérault, le Loiret ou le Calvados. (...)

Les journées entre le 27 et le 30 traduisent donc une certaine ambivalence. Pour une minorité, elles constituent le moment de la reprise du travail. Ailleurs, elles coïncident avec un durcissement du mouvement. A cet instant, le mouvement apparait à la fois puissant et totalement ouvert. Des ouvriers participent au meeting de Charléty, durant lequel la CGT est violemment critiquée. Ils sont à la recherche d’une issue révolutionnaire.

Dans le droit fil du discours de De Gaulle du 30 mai, aspirant à "ramener le pays à la liberté et à la paix" (selon lui menacée par le communisme), le ministre de l’intérieur invite ses représentants à l’action. Ils doivent réduire les grèves, notamment en s’attaquant aux occupations. Le 5 au petit matin, la police évacue 150 grévistes irréductibles chez Lockheed à Beauvais et, dans le Nord, les forces de police interviennent dans trois usines le lendemain. Ainsi, les interventions policières très brutales à Flins le 6 et à Sochaux le 11 juin, provoquant au total la mort de trois personnes (...) s’inscrivent dans une stratégie gouvernementale d’expulsion des grévistes des usines, afin de briser le mouvement de grèves.

Parallèlement, et ce malgré un rejet massif du constat de Grenelle, les discussions se poursuivent à l’échelle des fédérations professionnelles dans les jours qui suivent.

La grève des cheminots de 1968

1969

La grève SNCF du 10 au 18 août 1969 est liée à la grève RATP qu’elle a entraînée, mais les syndicats de la SNCF font reprendre le travail sur un bilan de « succès pour les cheminots » (accord sur les conditions de travail) en « lâchant » les travailleurs de la RATP qui reprennent quatre jours plus tard, le 22 août…

1976-1978 : les comités de grève de Paris-Sud-Ouest et Villeneuve-Saint-Georges

En mars 1976, un comité de grève fut constitué au dépôt de Paris-Sud-Ouest, lors d’une grève nationale de cheminots.
En décembre 1978, un comité de grève impulsé par des militants de Lutte Ouvrière mena une grève de 10 jours au dépôt de Villeneuve-Saint-Georges sur un problème de jours de repos. En janvier 1979, Daniel Vitry (militant de LO) constituait avec deux cent cheminots du chantier de manœuvre de la gare d’Austerlitz un Comité de Grève pour mener les quatorze jours de leur mouvement, sur les conditions de travail. En novembre 1981, le service intérieur du dépôt d’Ivry menait lui aussi une grève de quatorze jours avec son Comité de Grève, sur un problème de salaires.

« A propos des grèves SNCF de Villeneuve-triage et Paris-Austerlitz (décembre 1978 et janvier 1979) » :

Ces deux grèves concernaient un nombre de travailleurs limité (environ 400 pour la première, 200 pour la seconde). Elles avaient pour objet des revendications locales elles aussi très limitées, qui mettaient hors de question la perspective de la moindre extension du mouvement. Elles se sont soldées toutes les deux par un échec au plan des revendications. Et elles n’ont eu un petit retentissement et n’ont soulevé d’intérêt que parmi les cheminots des secteurs SNCF qui côtoient immédiatement les secteurs qui ont fait grève (régions Paris-Sud-Est et Paris-Sud-Ouest SNCF). (…)

La grève à Villeneuve-triage

(…) Il fallait organiser la grève au mieux. Mais la première condition, puisque pression de la base il y avait, était de ne pas organiser cette grève au nom des syndicats en général et de la CGT en particulier, même si nos camarades étaient des dirigeants cégétistes locaux. Puisque la situation le permettait, il était de notre devoir de militer pour que les gars forment leur comité de grève et prennent en mains leur propre lutte, ou bien alors de s’associer à la grève en tant qu’individu, mais en refusant de la diriger.

A la suite de l’assemblée de jeudi matin nous décidons donc de proposer de mettre en place un comité de grève, élu par les grévistes, responsable devant eux et éventuellement révocable par eux, composé des plus représentatifs d’entre eux, syndiqués ou non et quelle que soit leur appartenance syndicale.

En fait, surtout vu rétrospectivement nous avons sans doute trop tardé à faire cette proposition.

Mais surtout nos camarades eux-mêmes ont quelque mal à la faire passer dans les faits. Les grévistes eux-mêmes, sans être contre, ne voient pas bien la nécessité ou l’utilité du comité de grève. Le dirigeant de la CFDT, tout libertaire qu’il soit, estime que « le comité de grève, c’est un slogan » et n’entend pas pousser à la constitution d’un réel comité. Et surtout nos camarades, qui ont agi jusqu’ici en tant que dirigeants CGT, ont du mal à se reconvertir, à ne plus agir en tant que représentants du syndicat mais à se poser en dirigeants des grévistes ne voulant tenir leur autorité dans la grève que des grévistes eux-mêmes et au travers des structures mises en place par les grévistes.

Du coup, jeudi et vendredi, la propagande pour le comité de grève semble rencontrer peu d’échos et les propositions de le mettre en place tombent à plat. En fait, nos propres camarades sont peu convaincus de la nécessité de ce comité de grève et, en tout cas, de la nécessité pour eux de cesser de diriger la grève si les travailleurs ne sont pas assez conscients de la nécessité d’un comité, car cela fait partie de notre analyse.

Pour pouvoir faire grève avec des chances de succès, il leur faut non seulement la volonté de faire grève, mais encore la conscience et l’on peut se demander qui de nos camarades ou des travailleurs étaient les moins conscients pendant cette période de quelques jours car, de fait, les travailleurs avaient déjà dépassé ce niveau et le problème du comité de grève était le problème de l’heure depuis déjà plusieurs jours.

Car pendant tout ce temps, nos camarades continuaient à se conduire en simples responsables du syndicat car, dès le vendredi, ils pourront vérifier que cela avait des conséquences et que le niveau de conscience des travailleurs dépassait déjà la représentation syndicale… Ce jour-là, la direction SNCF régionale accepte de recevoir les représentants des syndicats. (…) Et lorsqu’à la demande de nos camarades d’interrompre la réunion pour aller faire le point avec les grévistes qui attendaient dehors, les représentants de la CGT ne bougent pas… et nos camarades non plus.

Aussi, deux heures plus tard, lorsque les délégués sortent, c’est par des huées qu’ils sont accueillis par les 120 grévistes qui prennent violemment à partie les syndicats pour les avoir fait attendre, dans le froid, et qui plus est pour rien (car la direction n’a pratiquement rien cédé) et sans avoir pris la peine de leur rendre compte régulièrement de la situation. Ce soir-là la proposition de faire un comité de grève, refaite aux 120 présents par un camarade, est carrément repoussée. Les grévistes n’y voient qu’une proposition des syndicats. Et ils sont bien décidés à montrer aux syndicats qu’ils sont mécontents en votant contre toutes leurs propositions. Les camarades n’avaient plus le choix : ou ils continuaient de se comporter en dirigeants syndicalistes qui savent eux, à la place des travailleurs, ce qu’il est bon de faire, ce qu’il n’est pas bon de faire, etc…, ou ils prennent conscience qu’ils sont avant tout des militants révolutionnaires et que c’est trahison que de ne pas mettre en place des formes démocratiques et révolutionnaires de direction et d’organisation de la classe ouvrière dès que les circonstances le permettent.

(…) On ne fait pas de syndicalisme lorsque les travailleurs sont en mouvement et prêts à prendre leur lutte en mains. (…) Les réformistes ne sont pas tous des traîtres conscients ; l’immense majorité d’entre eux se trompent tout simplement sur le niveau de conscience des masses et restent un pas en retard par rapport à elles. C’est ce qui, en tout petit, a failli arriver à nos camarades en cette circonstance. Disons que ce n’est pas une critique car c’est arrivé à bien d’autres et cela arrivera encore à bien d’autres. (…) Mais bien entendu en d’autres circonstances, dans des mouvements plus larges, plus décisifs, c’est une véritable trahison. C’est pour cela que nous attachons tant d’importance à la discussion de ce mouvement.

Pour en revenir au triage de Villeneuve, le comité de grève sera mis en place, le matin suivant. (…) A partir de ce jour, samedi 2, c’est le comité qui devient la direction effective de la grève. (…)Il faut dire aussi que le camarade qui était secrétaire de la section CGT nous a fait parvenir sa décision de démissionner (de LO et de son mandat syndical). Depuis le début de la grève, il tirait en arrière. (…)
Les cheminots s’invitent à la télé

La grève à Paris-Austerlitz

Le mouvement à Paris-Austerlitz qui va suivre celui de Villeneuve dans la foulée va bénéficier des enseignements que nous avons pu tirer de celui-ci. (…)

Au début décembre, la soixantaine de « nicoteurs » commencent à parler de faire grève pour les départs de fêtes de Noël. (…) La CGT intervient pour expliquer que c’est une erreur de faire grève au moment des fêtes. (…) Les travailleurs ne comprennent pas trop la nécessité de s’organiser, ne voient pas le sens d’un comité de grève. (…)

Le 22 au matin les quelques gars battants tentent de lancer la grève. Les syndicats, malgré le soutien promis, sont absents. (…) C’est l’occasion pour notre camarade de rediscuter avec eux, d’expliquer une nouvelle fois et, cette fois, d’être mieux compris. (…) Finalement il y a 21 candidats pour ce comité de grève provisoire. (…)

Après la constitution du comité, l’appareil CGT commence à réagir. Les dirigeants du syndicat font leur réapparition dans les assemblées générales, dans les tournées. Ils essaient de dissuader de aire grève en présentant les propositions de la direction comme positives et, surtout, critiquent le comité de grève. (…) Celui-ci n’en continue pas moins son travail. (…)

L’hostilité de la CGT envers la grève et le comité de grève ne fait que croître au fil des jours. (…) C’est toujours le comité qui dirige, qui propose, qui organise et c’est lui que les grévistes regardent comme l’unique direction de la grève. (…)

La grève n’a rien amené. Pourtant, là aussi comme à Villeneuve, les travailleurs ne sont pas du tout démoralisés. Ils ont vraiment fait l’expérience – et ils le disent – que leur mouvement, ils pouvaient l’organiser et le contrôler contre la direction mais aussi contre les bureaucraties syndicales. (…)

Dans ces deux mouvements, nous aurions pu nous contenter d’essayer de prendre la direction en tant que représentants du syndicat (CGT à Villeneuve, CFDT à Paris-Austerlitz). Cela aurait sans doute été parfaitement possible, et dans ce cas nous aurions pu certainement coopérer avec l’appareil CGT. (…) Nous nous y sommes refusés, considérant que dans un tel mouvement tout ce que les travailleurs avaient à y gagner était d’élever leur niveau de conscience en apprenant qu’il était possible d’avoir une autre organisation de la grève, qui à la fois permette le contrôle démocratique de celle-ci par les grévistes et amène ceux-ci à être partie prenante de toutes les décisions et de toute l’organisation. (…)

1978 : le rapport Guillaumat, remettant en cause le service public est le support de plusieurs actions de protestation de la CGT, qui dans le même temps soutient le projet du TGV. L’unité syndicale se réalise sur la base d’un dossier commun sur les transports et s’illustre dans une « journée sans transport », le 7 mars 1979.

La grève de janvier 1979 au chantier de manœuvre de la gare d’Austerlitz : quatorze jours de grève de deux cent cheminots.

1981

En novembre, le service intérieur du dépôt d’Ivry est en grève. 80 cheminots mènent 14 jours de grève avec un comité de grève sur les salaires.

La gauche est au gouvernement et les syndicats collaborent avec le nouveau pouvoir en bradant systématiquement des intérêts des cheminots en 1981-1982. Le 30 décembre, c’est la promulgation de la Loi d’Orientation des Transports Intérieurs : la SNCF est transformée en Etablissement Public Industriel et Commercial. La loi sur les comités d’entreprise s’applique à la SNCF et fera l’objet de longues négociations avant d’aboutir à leur définition et au transfert des activités sociales. C’est la « récompense » aux syndicats pour avoir accepté gentiment cette « réforme » antisociale.

Le gouvernement socialo-communiste de Mauroy débute, en 1982, par un blocage des salaires, déguisé au début, affiché ensuite. De mai 1981 à août 1984, le « communiste » Fiterman est ministre des transports et il a dans sa manche l’ensemble des organisations syndicales et tout particulièrement la CGT et la CFDT. Les cheminots qui revendiquent au triage de Villeneuve Saint-Georges sont qualifiés par Fiterman de « provocateurs » en novembre 1981. De la même manière, les aiguilleurs et autres cheminots au travail posté vont être dénigrés lors des grèves de mai 1984 par les dirigeants syndicalistes Krazucki, Bergeron et le ministre Bérégovoy.

1984 : La grève des cheminots contre l’application des 35 heures en mai 1984

1984

En mai 1984, plusieurs Comités de Grève locaux se constituèrent lors des grèves à propos de l’application des 35 heures : à la manœuvre d’Austerlitz, à Bécon (réseau Ouest), à l’atelier du Landy, à La Chapelle.

Une assemblée générale de cheminots grévistes :

1986-1987 : Les coordinations

Novembre 1986 marque une rupture pour le mouvement ouvrier, après l’anesthésie générale de 1981 avec la gauche gouvernementale. La droite, revenue aux affaires en mars 1986, a lancé des attaques tous azimuts. Quatre puissants mouvements vont la faire reculer : les étudiants à l’automne 1986, les cheminots en décembre 1986, les instituteurs au printemps 1987, les infirmières à l’automne 1988. Un nouveau cycle de luttes s’annonce alors, marqué par l’avènement de pratiques de démocratie directe et d’auto-organisation. C’est le temps des « coordinations ». Il y aura des suites : à la SNECMA et Air France...

En décembre 1986 janvier 1987, les cheminots vont faire une grève qui va durer 27 jours. Partie du réseau Nord chez les conducteurs, celle ci va s’étendre à tout le pays malgré les réticences, voir l’hostilité des états-majors syndicaux. Et elle touchera plus ou moins toutes les catégories de cheminots. La grève, qui porte essentiellement sur les salaires et l’arrêt des baisses d’effectifs, sera marquée par la détermination des grévistes à la base, avec des assemblées générales massives un peu partout. Sur le réseau de Paris Sud Ouest, dans bien des secteurs, les assemblées générales de grévistes élisent des comités de grève. C’est à dire une direction démocratique de la grève, ouverte aux grévistes syndiqués (toutes tendances confondues) et aux grévistes non syndiqués. Ceux ci vont même se coordonner régionalement, puis nationalement en créant une coordination nationale intercatégorie des cheminots en grève. Bien que faible celle ci va représenter prés de 10 000 grévistes. Daniel Vitry en sera un des animateurs et le porte parole.(ci contre debout au milieu du comité de grève d’Ivry). Cette grève malgré la détermination des grévistes n’a pas gagné. Dans bien des secteurs les grévistes n’ont pas su sortir du catégoriel, restant déterminés dans le milieu roulant, mais ne cherchant pas à gagner d’autres cheminots dans la grève. Là ou cette barrière a été franchie, comme à Paris Sud Ouest, nous n’avons pas pu vaincre le corporatisme très présent chez les grévistes.

Novembre 1986 marque une rupture pour le mouvement ouvrier, après l’anesthésie générale de 1981 avec la gauche gouvernementale. La droite, revenue aux affaires en mars 1986, a lancé des attaques tous azimuts. Quatre puissants mouvements vont la faire reculer : les étudiants à l’automne 1986, les cheminots en décembre 1986, les instituteurs au printemps 1987, les infirmières à l’automne 1988. Un nouveau cycle de luttes s’annonce alors, marqué par l’avènement de pratiques de démocratie directe et d’auto-organisation. C’est le temps des « coordinations ». Il y aura des suites : à la SNECMA et Air France...

La grève des cheminots a duré exactement quatre semaines puisque les premiers grévistes à Paris Nord « posaient le sac » comme on dit, le jeudi 18 décembre à 0 heure et que les derniers, ceux de Paris Sud-Ouest par exemple, ne reprenaient le travail que jeudi 15 janvier au matin. Sa caractéristique première, c’est qu’elle a été voulue, préparée, décidée, démarrée et étendue par la base.

Pour s’en convaincre, il n’est d’ailleurs que de voir comment la grève a démarré à Paris Nord. Au début novembre, une pétition circula parmi les conducteurs, proposant de « poser le sac une fois pour toutes », c’est-à-dire en clair proposant la grève illimitée jusqu’à satisfaction des revendications. Cette pétition n’était pas d’origine syndicale. Au contraire, elle était due à des cheminots excédés par les actions ou, plutôt, par les inactions syndicales. Depuis la rentrée de septembre, en deux mois, les fédérations syndicales avaient organisé, ensemble ou séparément, quatre journées, une tous les quinze jours, aussi soigneusement programmées que limitées. La CGT, se prétendant maintenant à l’origine de la grève, se vante d’avoir, au cours de l’année 1986, organisé pas moins de quatorze journées d’action à la SNCF. Mais c’est justement parce que les cheminots en avaient ras-le-bol non seulement de voir leur salaire réel se réduire, leurs conditions de travail empirer, les effectifs diminuer et la sécurité mise de plus en plus en cause par la SNCF, mais aussi ras-le-bol des simagrées de leurs organisations syndicales, qu’ils ont organisé et lancé un mouvement hors des cadres syndicaux.

La pétition ayant recueilli l’approbation d’une large majorité, un tract fut alors rédigé au début décembre par quelques-uns des agents de conduite. Parmi ceux-ci il y avait des militants syndicalistes, mais c’est toujours hors des cadres syndicaux qu’il se fit. Il ne portait d’ailleurs - et c’était évidemment voulu - aucun sigle syndical. Bien plus il contenait même une menace à peine voilée contre les syndicats, les agents de conduite y écrivant en effet qu’ils « demandent aux différentes organisations syndicales, CFDT-CFTC-CGT-FGAAC-FO, de soutenir leur mouvement ». Mais ils ajoutaient « les agents de conduite sauront prendre leurs responsabilités vis-à-vis des organisations syndicales qui ne leur apporteraient pas leur soutien ».

Ce tract, qui présentait les revendications des agents de conduite - dont le refus du nouveau projet de grille de salaire avancé par la direction, mais aussi l’augmentation des salaires et les conditions de travail - affirmait aussi que « les agents de conduite ont pris la décision de se mettre en grève à partir du 18 décembre 1986 à 0 heure et jusqu’à complète satisfaction de leurs revendications ».

C’était clairet net. C’est bien la base qui avait décidé, la base, c’est-à-dire les travailleurs du rang y compris bien entendu des syndiqués, y compris aussi des militants syndicaux, mais en dehors du cadre syndical, et des directions et des appareils des fédérations syndicales.

C’est la base aussi qui se chargea de propager et d’étendre son mouvement. Les agents de conduite laissèrent ce tract de dépôt en dépôt, là où ils vont au cours de leurs déplacements puisque leur travail consiste justement à conduire les trains le long du réseau. Ce tract circula largement et l’ensemble des agents de conduite fut informé de la volonté et des décisions de ceux de Paris Nord.

Quand les conducteurs de Paris Nord arrêtèrent le travail jeudi à 0 heure comme ils l’avaient décidé, la grève ne mit pas longtemps à s’étendre. Le soir elle était déjà générale sur tout le réseau Nord du pays, de Paris jusqu’à Lille. Et des dépôts d’autres réseaux tinrent déjà des assemblées générales dans lesquelles la grève fut décidée pour les heures qui venaient. L’exemple du Nord était contagieux.

Tout cela se fit sans, ou même contre, les fédérations syndicales, même si parmi ceux qui ont fait le tract d’appel, qui l’ont porté ici ou là, qui se sont déplacés dans les autres dépôts lors de ces premières heures de la grève, il y avait des militants syndicaux, en particulier CFDT et FGAAC (la fédération autonome des agents de conduite, le syndicat corporatiste des conducteurs).

Mais les fédérations syndicales, elles, n’étaient ni à l’origine ni vraiment à l’oeuvre. Au mieux elles se sont contentées de suivre, et dans ce cas, avec méfiance. Et si la caractéristique du démarrage de ce mouvement allait être la grande méfiance de la base vis-à-vis des organisations syndicales, ce ne fut que le simple retour des choses, la contrepartie de la méfiance bien plus grande encore des directions syndicales vis-à-vis de la base.

Aucune fédération syndicale, et pas plus la CFDT ou la FGAAC que les autres, ne lança un appel à la grève générale, même lorsque celle-ci fut de toute manière en route, même pour les seuls agents de conduite. Et à plus forte raison pas pour l’ensemble des cheminots.

La CGT, elle, fut encore plus opposée à cette grève qui échappait à son contrôle, d’autant plus opposée qu’elle a eu l’impression que ses concurrents, la CFDT et la FGAAC, avaient mieux manoeuvré dans les premières heures pour apparaître tout de même comme accompagnant le mouvement. Durant la première journée, la CGT garda tout simplement le silence. Alors que tout le réseau Nord était déjà en grève, les communiqués de la CGT, le jeudi 18 décembre, n’en disaient pas un mot et ne parlaient que de la grève de la réservation qui se terminait à ce moment-là.

Cette attitude de la CGT, en fait très claire dans son opposition à la grève, mais extérieurement ambiguë, eut pour conséquence, comme d’habitude en pareil cas, que les militants cégétistes prirent des attitudes contradictoires. Un certain nombre d’entre eux, suivant sans aucun doute leur propre sentiment, le même que celui des autres cheminots, poussèrent tout de suite à la grève, et furent dans leur dépôt parmi ses initiateurs.

Mais ailleurs les responsables CGT ne se méprenant pas, eux, sur la véritable volonté de la fédération, s’opposèrent ouvertement, carrément à la grève. Ainsi par exemple sur le secteur Paris Sud-Ouest.

Dès le vendredi 19 décembre, quand la question se posa pour les roulants de Paris Sud-Ouest de se joindre à la grève de Paris Nord, on vit resurgir les « piquets de travail » de la CGT c’est-à-dire comme quinze jours auparavant dans un secteur particulier (la ligne C sur RER), des responsables CGT venus sur place tout spécialement pour inciter à ne pas faire grève. Vendredi matin, au dépôt d’Ivry, à la gare des Invalides, à Brétigny, dans tous les points névralgiques du secteur, les responsables CGT étaient là, accompagnés de quelques militants ou adhérents. Pas tous, très loin de là, il faut le souligner. Beaucoup de travailleurs CGT furent du côté de la grève dès le début. Mais les responsables CGT militaient activement pour le travail, s’opposant aux cheminots qui voulaient faire grève, et aux militants, dont ceux de Lutte Ouvrière, qui appelaient à faire grève. Dans cette affaire les responsables CGT et la direction marchèrent même la main dans la main. C’est ainsi que la direction SNCF mit « en réserve » un responsable de la CGT, le dispensant de conduire les trains, afin qu’il puisse demeurer en permanence au dépôt pour inciter les cheminots à bien prendre leur travail.

Et à Paris Sud-Ouest, cela dura deux jours, jusqu’au samedi soir, jusqu’à ce que la majorité des cheminots ait rejoint la grève et que la fédération CGT, se rendant compte qu’elle ne pouvait pas de toute manière s’opposer à une grève qui était déjà devenue nationale, change alors son fusil d’épaule et se déclare ouvertement en faveur de cette grève.

Mais pendant ces deux jours, les grévistes furent gagnés un à un, les agents de conduite balançant, d’un côté poussés par leur envie de se battre et de se joindre à une grève qui s’étendait nationalement, de l’autre côté repoussés par l’attitude des responsables syndicaux ouvertement hostiles à la grève. C’est ainsi que le dépôt d’Ivry ne fut majoritairement en grève que le samedi soir et qu’il fallut deux jours pour gagner cette majorité à partir du premier gréviste, un militant de Lutte Ouvrière, le vendredi à 6 heures du matin.

Encore une fois cette attitude des militants CGT ne fut pas la même partout. Dans maints endroits, ils se sont joints à la grève avec moins de réticences, ou même sans aucune réticence. Mais ce n’est certainement pas qu’à Paris Sud-Ouest que les responsables ont manifesté leur opposition, même si à Paris Sud-Ouest ils l’ont manifestée aussi violemment - à cause de la présence de militants révolutionnaires. La preuve, c’est que les derniers dépôts à se mettre en grève, le dimanche 21 décembre, furent généralement les dépôts où la CGT a la plus grande influence. L’organisation indépendante des grévistes inquiète bourgeoisie... et syndicats

Dans cette grève la base n’a pas seulement voulu, décidé, étendu la grève sans un ordre des appareils syndicaux. Elle a aussi commencé à s’organiser hors des cadres syndicaux. C’est cela d’ailleurs qui a inquiété un moment la bourgeoisie et le gouvernement.

C’est en effet au milieu de la deuxième semaine, au bout de six ou sept jours de grève que les journalistes et commentateurs de tout poil, ont commencé à s’interroger ouvertement sur la faiblesse des syndicats, exactement au moment où ils ont découvert que s’étaient mis en place, ici et là, des comités de grève, élus par les grévistes, contrôlés par eux et qui avaient pris la direction de la grève dans leur secteur, et même qu’existaient des coordinations de ces comités de grève. Alors on a vu, non seulement Le Monde, ce porte-parole des bourgeois prétendument de gauche, mais Le Figaro lui-même qui n’est pourtant guère coupable, habituellement, de tendresse à l’égard des syndicats, déplorer cette faiblesse. « Quelque soit le désarroi des syndicats qui n’ont à aucun moment maîtrisé le mouvement et qui se sont lassés déborder par des « coordinations » créées de toute pièce » écrivait son éditorialiste du lundi 29 décembre, « ils restent les seuls interlocuteurs de la direction SNCF ».

Et c’est vrai que ce qui a été différent dans cette grève, par rapport à d’autres grèves générales de la SNCF, celle de 1971 par exemple, qui avait duré onze jours, ou celle de 1976, c’est l’organisation des grévistes. Elle a été encore embryonnaire, parcellaire, limitée. Mais telle quelle, elle a impliqué tout de même, à un degré ou à un autre, des dizaines de milliers de travailleurs. Et les cheminots ont certainement au moins été conscients de son existence et de ce qu’elle changeait dans l’ordre habituel.

Bien sûr, cette grève, qui touchait une entreprise de 230 000 travailleurs répartis sur la totalité du territoire, a eu des caractères différents, variés, selon les villes, les situations locales, l’implantation plus ou moins grande des divers appareils syndicaux concurrents et aussi des militants d’extrême-gauche.

Tout d’abord, presque partout, des assemblées générales de grévistes se sont tenues régulièrement. Dans quelques secteurs, et en particulier ceux où étaient influents les militants de notre tendance, ces assemblées ont eu lieu au moins une fois par jour y compris les jours de Noël et du 1er de l’An. Cela devrait paraître banal. On sait pourtant que cela ne l’est pas forcément et que les grèves où les directions syndicales renvoient les grévistes chez eux, attendre patiemment ou non que ces directions syndicales aient négocié la fin du mouvement avec les patrons, ont ces dernières décennies été la règle à la SNCF et dans bien d’autres entreprises en France. Cette fois, cela n’a pas été le cas. Les grévistes étaient là et entendaient y rester. C’est, bien sûr, la maque de la méfiance que beaucoup éprouvaient envers les directions syndicales.

Et ces assemblées générales, dans lesquelles étaient prises nombre de décisions concernant la poursuite de la grève, se sont imposées non seulement là où existaient des comités de grève élus par elles et responsables devant elles, mais dans bien des secteurs où la direction de la grève est restée entièrement dans les mains des syndicats. Là, les grévistes n’ont peut-être pas trouvé la force d’imposer l’élection de la direction de la grève ; ils ont puisé cependant dans leur méfiance vis-à-vis de leurs directions traditionnelles la force d’être là et de demander des explications, sinon des comptes.

La CGT elle-même l’a reconnu. Prenant son parti de l’état de fait, après une semaine de grève environ, elle se disait brusquement en faveur de « la démocratie, l’assemblée générale souveraine et la réunion des syndiqués ». Bien sûr ce slogan était mis en avant pour faire pièce à celui de la véritable démocratie : « l’assemblée générale souveraine et le comité ». C’était tout de même, quoique avec retard et avec réticence, reconnaître qu’une grève devait être contrôlée par les grévistes... et qu’elle l’était au moins en partie cette fois-ci.

Et puis, il y a eu les coordinations. Des coordinations régionales, pas seulement à Paris Sud-Ouest, mais aussi dans le secteur de Paris Saint-Lazare, à Tours, à Lyon, à Rouen, et puis des coordinations nationales, la Coordination des agents de conduite d’une part, la Coordination inter-catégories d’autre part.

De même que les comités de grève ne se sont mis en place que par endroits, et pas dans la majorité des endroits loin de là, de même les coordinations n’ont représenté qu’une minorité de secteurs. La Coordination des agents de conduite elle-même n’a représenté qu’un peu plus du quart des dépôts, peut-être 5 000 conducteurs sur un total de 18 000. La Coordination inter-catégories, lors de sa troisième réunion plénière, au cours de la troisième semaine de grève, représentait 12 000 grévistes qui avaient dûment mandaté leurs représentants dans les assemblées générales. Mais à ce moment-là, il y avait plus ou moins 100 000 grévistes à la SNCF, ce qui signifie que la Coordination ne représentait qu’une petite partie des cheminots en grève.

L’organisation démocratique et indépendante de la grève à l’échelle nationale, n’a donc été qu’embryonnaire. Et pourtant, telle quelle, c’était tout de même le début de quelque chose de nouveau.

Mardi 23 décembre encore, après un semblant de négociations avec les syndicats, la direction se félicitait qu’un accord salarial ait été conclu avec la CFTC, la Fédération des Maîtrises et Cadres et la CGC, FO retirant sa signature à la dernière minute. Elle semblait croire que le fait que ces syndicats, ultra-minoritaires à la SNCF, appellent à la reprise, allait calmer les choses, sans voir le ridicule des appels à la reprise de la part de syndicats... qui n’avaient jamais appelé à la grève, jamais même approuvé la grève.

Le vendredi 26 décembre, Dupuy, le directeur-général de la SNCF, lançait un ultimatum : il fallait, parait-il, que les cheminots reprennent le travail pour que les discussions redémarrent, et de toute manière la promotion au mérite, l’essentiel du nouveau projet de grille des salaires dont les cheminots demandaient le retrait, serait maintenu. Dupuy, il faut le dire, avait sans doute été encouragé par l’attitude des directions syndicales qui s’étaient toutes précipitées chez lui la veille de Noël, en ordre dispersé, parce que Essig, le président socialiste de la SNCF, et Seguin, le ministre des Affaires Sociales, avaient laissé entendre qu’on pouvait négocier.

Mais les grévistes n’ont été ni impressionnés ni trompés. Il n’y a pas eu de reprise, mais la mise en place des coordinations nationales, celle des agents de conduite, réunie le vendredi 26 et le dimanche 28 décembre, et la Coordination inter-catégories, réunie elle-même le vendredi 26 et le lundi 29. La CGT était obligée de durcir le ton. Elle organisait une manifestation des cheminots le mardi 30.

Du coup, le mercredi 31, à minuit, en guise de cadeau de nouvelle année, le projet de grille de salaire qui prétendait instituer la seule promotion au mérite était pratiquement retiré par la direction de la SNCF.

L’irruption de la base, sa détermination et son début d’organisation n’inquiétaient pas que le gouvernement. Cela inquiétait aussi les fédérations syndicales. La CGT adoptait, on l’a vu, un ton plus radical, parlait d’extension, tout en attaquant violemment les coordinations, en bloc. La CFDT, qui avait commencé son OPA sur la Coordination des agents de conduite, ne pardonnait pas par contre à la Coordination inter-catégories. Le lendemain même de la constitution provisoire de celle-ci, une réunion extraordinaire de son bureau fédéral décidait de retirer son poste de permanent à Daniel Vitry, un des principaux dirigeants de cette Coordination. Les dirigeants de la CFDT dirent que « puisque Daniel Vitry se voulait le représentant de la base, ils le remettaient à la base ». Ce semblant d’humour et cette réelle hypocrisie, bien jésuite, ont eu au moins un mérite involontaire : celui de reconnaître qu’à la CFDT le fait d’occuper un poste de responsabilité et celui d’être représentant de la base sont incompatibles. Donnons-en acte aux dirigeants de la fédération CFDT. Quant à savoir ce qu’en pensent réellement les adhérents et les militants, c’est sans doute une autre histoire.

Lire ici sur la grève de 1986-1987

Lire le témoignage de Serge Torrano

Lire aussi

La télévision sur la coordination des cheminots la parole à Daniel Vitry

Les bureaucraties syndicales se défendent contre les coordinations

La télévision sur la coordination

L’hiver de la grève des cheminots

Coordination des Cheminots

Quand Lutte Ouvrière organisait des coordinations pour donner une direction ouvrière à la lutte

La télé sur la grève

1995 : les cheminots entraînent le secteur public et sont arrêtés par la CGT dès que le secteur privé menace d’entrer en lutte

En 1995, on oublie souvent qu’il y a eu séparément une grève se généralisant dans le privé (par exemple Renault, Thomson, SNECMA, Danone, etc..., au printemps 1995) et une grève se généralisant aussi dans le public en octobre. Les syndicats, après avoir approuvé les mesures prévues par Juppé, ont œuvré consciemment et efficacement à diviser et affaiblir. Au début, elles ne prévoyaient même pas une véritable réaction. Par exemple, Jean-Paul Roux, le dirigeant du syndicat indépendant l’UNSA, déclarait : "On ne peut pas faire la grève du siècle tous les mois, beaucoup de fonctionnaires ne peuvent se permettre de perdre 2 jours de salaire à 6 semaines d’intervalle à l’approche de Noël". Grâce aux syndicats, le gouvernement a pu se contenter d’un petit recul alors qu’il faisait face à une remontée des luttes sociales. Certains syndicats comme la CGT et FO se sont portés à la tête de la lutte des salariés du public alors qu’ils avaient signé les projets de réforme de Juppé qui s’est suffisamment plaint de leur retournement. Alors que Nicole Notat et la CFDT se rangeaient aux côtés du gouvernement Juppé contre les cheminots et les postiers), en décembre 1995, Bernard Thibault avait lui-même bradé la grève dont il apparaissait comme le principal leader, en appelant à la reprise, sans consulter aucun gréviste, dès la signature d’un accord avec le ministre des transports de l’époque. Cette grève, de la part des dirigeants de la CGT comme de Marc Blondel qui dirigeait FO, était surtout une façon de s’imposer comme interlocuteurs au gouvernement Juppé-Chirac, à qui ils démontraient, en s’appuyant sur la colère des cheminots, que ce n’était pas en collaborant avec la seule CFDT que l’on pouvait marchander le calme social.

Les cheminots, dont le système de retraite et le statut de l’entreprise, via le projet de contrat de plan, sont remis en cause, occupent une grande place dans le mouvement. La grève de novembre-décembre 1995 montre que la grève des cheminots peut gagner, faire reculer un projet antisocial, faire chuter un ministre, en entraînant les autres secteurs, en organisant des assemblées générales interprofessionnelles et en passant dans les autres secteurs les entraîner à la grève. En sortant du ministère, Bernard Thibaut secrétaire de la CGT des cheminots annonce, sans consultation des cheminots en grève et sans concertation avec les travailleurs de la RATP qui ont suivi la grève SNCF, que la grève est finie. C’est le début d’une politique de trahison ouverte menée par celui qui va vite devenir le dirigeant de la CGT.

Si 1995 a marqué une remontée de la lutte, un recul du gouvernement et une accentuation de la confiance des travailleurs, les travailleurs y sont apparus comme suivants les syndicats nationaux contrairement aux années précédentes et elle a été aussi un tournant vers une plus grande collaboration entre syndicats et gouvernement et avec le patronat qui sera souligné par le choix que fera la CGT de venir un syndicat qui négocie, qui propose, qui est "positif"...

Raconter la grève

Journal de grève

Alors que Nicole Notat et la CFDT se rangeaient aux côtés du gouvernement Juppé contre les cheminots et les postiers), en décembre 1995, Bernard Thibault avait lui-même bradé la grève dont il apparaissait comme le principal leader, en appelant à la reprise, sans consulter aucun gréviste, dès la signature d’un accord avec le ministre des transports de l’époque. Cette grève, de la part des dirigeants de la CGT comme de Marc Blondel qui dirigeait FO, était surtout une façon de s’imposer comme interlocuteurs au gouvernement Juppé-Chirac, à qui ils démontraient, en s’appuyant sur la colère des cheminots, que ce n’était pas en collaborant avec la seule CFDT que l’on pouvait marchander le calme social.

Chemins de Traverse, film sur la grève des cheminots de 1995

Encore le film

1998

La presse commente la grève

Film de grève
La grève de FGAAC

2002 : la CGT reste l’arme au pied

Fillon annonce son projet définitif vendredi prochain. Entre temps, il a pris soin de “ consulter ” les représentants des différentes organisations syndicales. Ils ont défilé dans son bureau les uns après les autres. Qu’y ont-ils défendu ? Blondel, de FO, a été content de la réception, puisqu’il s’est félicité de la reprise d’un “dialogue correct, direct et constructif ”. Chérèque, de la CFDT, est d’accord pour une réforme de la loi sur les 35 heures… Et Thibault de la CGT, s’est contenté d’affirmer que “ la CGT se mobilisera si le projet reste en l’état ”. Ils ne sont pas pressés de préparer les travailleurs à utiliser leur force pour faire ravaler ces projets à leurs auteurs. Ils se préparent plus sûrement à négocier les conditions de dépassement des 35 heures branche par branche. Autant dire à négocier les reculs, et non pas à s’y opposer.

FO appelle seule à la grève à la SNCF… et signe un accord bidon avec les patrons du transport routier, sabotant ainsi d’avance le mouvement des chauffeurs. Avec la CGT ou la CFDT qui lancent le mouvement chez les routiers… mais font pression sur les syndicats cheminots pour qu’il n’y ait surtout pas de grève le 26 novembre, avec les transports aériens ou urbains, de La Poste, de la Santé ou de l’Education nationale.

2003 : les syndicats empêchent une mobilisation sur les retraites, sujet pourtant explosif

2003 est un pic des grèves en France contre le projet Fillon de retarder les départs en retraite de tous les salariés (vers les 42 ans et plus d’années de cotisation). mais cela ne mène à rien !
Le succès de la journée d’action du 13 mai (deux millions de manifestants) a, comme on dit poliment, « dépassé les espoirs » des directions syndicales, en particulier du fait de la bonne participation des travailleurs du secteur privé. L’empressement de Chérèque à signer une version à peine améliorée du projet de Fillon semble dicté par la volonté de briser au plus vite l’élan d’un mouvement dont l’énorme potentiel s’est clairement manifesté.

De nombreux secteurs ont reconduit la grève du 13 mai sans réel soutien des dirigeants syndicaux, comme par exemple à la RATP. Le soir du 13 mai, Bernard Thibault a déclaré « comprendre l’émotion » des cheminots qui venaient de décider de reconduire la grève pour le 14 mai. Après quoi ceux-ci ont été abandonnés à leur propre sort, c’est-à-dire sans que leur soient données de perspectives sur une généralisation du mouvement.

Le 25 mai, la CGT clôturait le ban par une manifestation imposante mais conçue comme une fin... Plus exactement, elle avait décidé que c’était fini. Ce qui ne l’empêchait pas de faire crier aux manifestants : "Grève générale" !!!!

Le 13 mai, dans de nombreux centres SNCF les cheminots indiquaient leur intention de s’engager dans la grève en votant la reconduction. Il en était de même dans les bus et métros parisiens, dans les transports en commun de plusieurs villes de province. Certes, les grévistes restaient minoritaires. Bien moins cependant que ne l’étaient au début les enseignants, et surtout ils n’étaient pas seuls. A La Poste, dans plusieurs hôpitaux, à la DDE, chez les éboueurs, les « territoriaux », des grèves commençaient aussi. Mais les directions syndicales ne voulaient pas d’une généralisation. En deux jours, dans les transports, pour tout le monde le secteur clé pour l’extension du mouvement, elles cassaient la grève au prétexte de mieux la préparer. Et de reprendre la routine : nouvelle journée d’action le 19 mai, manifestation nationale à Paris le dimanche 25.

La CGT pesait de tout son poids pour faire reprendre le travail à ceux des cheminots qui avaient continué la grève après la journée d’action du 3 juin.

2007 : trahison syndicale de la lutte des cheminots sur les « régimes spéciaux »

Les syndicats ont réussi à isoler et trahir la grève des cheminots pour la défense des régimes spéciaux de retraite. Après dix jours, sans aucune perspective sur laquelle se baser pour battre le gouvernement du président Nicolas Sarkozy, les assemblées générales qui se sont tenues dans toute la France ont voté pour la reprise du travail. De larges poches de résistance, quelque 10 pour cent, soit près de 14 000 cheminots, étaient encore en grève.

Les 18 et 19 octobre démarre une grève pour défendre la retraite des cheminots. Loin de chercher à l’appuyer, moins encore à l’étendre, elle est brisée par les syndicats dont la CGT.

A la Gare de Lyon, bastion de la CGT, deux des trois assemblées générales ont voté pour la poursuite de la grève, « au grand dam des délégués CGT », rapporte Libération.

Les travailleurs venus faire pression sur la réunion entre les syndicats de la RATP, la direction et le gouvernement, mercredi dernier, étaient furieux. Libération rapporte, « Des sifflets. Puis des huées. Dans le hall du siège de la RATP, hier en fin de matinée, le responsable de la CGT redescendu de la négociation tripartite, a du mal à terminer son compte-rendu. "Trahison !", "Vendu !", lance une grande partie de l’assemblée, pourtant composée en majorité de cégétistes. L’ambiance est électrique. De petits groupes se forment, s’engueulent. Assis à l’écart, Jean-Pierre a "envie de vomir". »

On peut lire dans la presse : "Bernard Thibault, Didier Le Reste (cheminots), Frédéric Imbrecht (énergie) et Gérard Leboeuf (RATP) s’expliquent ouvertement. Il faut entendre Didier Le Reste expliquer qu’il n’avait jamais été question de contester le passage aux 40 ans ! Il faut entendre Frédéric Imbrecht expliquer qu’en tant qu’organisation majoritaire (et responsable) il fallait engranger des résultats pour être crédible… Il a l’air malin, à l’heure où les négociations sont suspendues faute de résultat dans le domaine de l’énergie ! Il faut entendre Bernard Thibault assurer que le mouvement a déstabilisé les projets gouvernementaux !"

2008 : encore une tromperie syndicale

Quand le 7 mai, le ministre du Travail Xavier Bertrand a confirmé son projet de faire passer de 40 à 41 années la durée de cotisation ouvrant droit à une retraite complète, les syndicats n’ont pas appelé les autres travailleurs touchés par cette mesure, dont les cheminots, les travailleurs du transport aérien, de l’énergie, de Telecom et de la poste, à rejoindre l’action du 15 mai, mais ont plutôt appelé à une journée d’action séparée le 22 mai. Durant la manifestation du 15 mai, plus de 300 000 personnes ont défilé et un million de travailleurs ont fait grève ; cela a été suivi par la manifestation pour les droits à la retraite le 22 mai où 700 000 personnes ont défilé dans tout le pays.
Le jour suivant, les syndicats signaient un accord sur le « dialogue social » et les conditions d’emploi dans le service public. En signant un accord que les grèves des travailleurs du secteur public avaient pour but d’empêcher, les syndicats ont, dans les faits, torpillé la mobilisation des travailleurs du secteur public. Le 24 mai, une manifestation contre les suppressions d’emplois dans l’éducation n’a réuni que 7000 personnes à Paris.

Au moment des grèves croissantes des marins-pêcheurs les 26 et 27 mai sur la question du prix des carburants, les syndicats ont décidé de ne pas appeler à d’autres grèves contre les suppressions de postes dans l’éducation, au motif qu’il était nécessaire de laisser lycéens et enseignants travailler pour les examens de fin d’année. Une déclaration commune des syndicats de l’éducation des différentes confédérations syndicales déclarait qu’elles « renvoyaient la question d’une suite à leur mouvement après les vacances d’été ». Le 10 juin, la mobilisation des fonctionnaires et des cheminots contre les suppressions de postes, la réforme des retraites et la réforme du fret à la SNCF a eu lieu alors que se déroulaient des grèves de travailleurs dans les ports commerciaux stratégiques contre la privatisation, ainsi que des grèves de pêcheurs, de transporteurs routiers et d’ambulanciers et fermiers contre la hausse des prix du gazole. Mais les syndicats n’ont aucunement cherché à organiser une grève plus large du secteur des transports contre la privatisation et la hausse du prix des carburants.

Le 11 juin, les syndicats ont signé un accord sur « seize points de convergence » avec le ministre de l’Education nationale Xavier Darcos, torpillant la relance du mouvement des lycéens après les grandes vacances ce qu’ils avaient faussement suggéré être en train d’envisager le 27 mai. Les 12 et 13 juin, le parlement votait des lois de réforme et de déréglementation du marché du travail, la précédente ayant été signée par les syndicats en janvier. Ces actes montrent de plus en plus clairement aux travailleurs que les syndicats ne s’opposent pas sérieusement au gouvernement, lequel n’a aucune intention de céder devant des grèves isolées.

2010 : le torpillage du mouvement des retraites

Les syndicats nous appellent à une journée nationale et de manifestations le 23 mars 2010. Cela serait bien entendu indispensable et important vu l’ampleur des attaques qui menacent nos retraites. Le gouvernement vide les caisses, amplifie les suppressions d’emplois en supprimant des emplois dans le public et en organisant les suppressions d’emplois des prestataires de l’Automobile par exemple. Il prévoit, soi-disant pour renflouer les caisses, d’imposer des retraites sous-payées, des cotisations salariales en hausse et une retraite à 60, 61 ans ou plus… Mais, le texte même des appels syndicaux en dit long sur leur absence de combativité sur le fond. Au lieu d’écrire tout simplement : pas touche aux régimes de retraites, ils écrivent : « pas de réforme sans un débat national ».

Avec la soi-disant grève générale des raffineries de fin février 2010, on assiste à une de raffinerie...dans la tactique pour renouveler le jeu patron/Etat/syndicat qui commençait à s’user.

Finalement, la CGT annonce que la grève générale des raffineries est finie avant d’avoir commencé, sans consulter ni les sections syndicales, ni les travailleurs, sans que les travailleurs de la raffinerie en question n’aient obtenu de réelles garanties, sans rien...

Chez les cheminots et les enseignants de la région parisienne, de nombreuses AG syndicales sont organisées. La division et le sabotage confinent d’ailleurs ici au ridicule. A la SNCF, les AG syndicales sont organisées par catégories (les roulants d’un côté, les contrôleurs de l’autre, les administratifs dans un autre coin encore) ; dans certains hôpitaux, chaque étage à sa propre AG ! De plus, elles ne sont absolument pas souveraines. Par exemple, Gare de l’Est, à Paris, alors que la reconduction de la grève doit être votée jeudi 14 au matin, les permanents syndicaux la vote entre eux la vielle, le mercredi. Cette stratégie a un double effet :

* elle vide de son intérêt l’AG, les personnels ne s’y rendent donc pas puisque tout est déjà décidée ;

* elle permet aux médias de présenter les votes de la reconduction de la grève comme le fruit d’une extrême minorité, ceci dans le but de rendre le mouvement impopulaire.

D’ailleurs, les syndicats tirent là sur leur plus grosse ficelle : paralyser les transports (à partir du 12 octobre, de nombreux trains ne circulent plus et le blocage des raffineries fait planer la menace de la pénurie d’essence) pour créer des tensions au sein de la classe ouvrière et dresser ceux qui veulent (doivent) aller travailler contre les grévistes.

Les syndicats ont peur de la grève reconductible

Le mouvement des retraites de 2010 : le bilan

Où mène la stratégie d’usure...

Lire encore sur le mouvement des retraites

2012

Quand Lepaon, nouveau secrétaire général de la CGT, prépare avec la bourgeoisie la manière de faire passer en douce la privatisation de la SNCF

2013

Faire grève sans la faire, tout en la faisant

Cheminots : comment lutter pour gagner ?

Pour une orientation lutte de classes

2014

Vive la grève des cheminots de juin 2014 !

Les cheminots en grève défendent les intérêts des usagers et ceux de tous les travailleurs

Tracts dans la grève
Grève contre la privatisation de la SNCF couverte par une prétendue réforme

Lire ici le bilan de la grève de 2014

Avec la lutte des cheminots, ce sont tous les travailleurs qui ont perdu une bataille

Tirer des leçons des luttes

2015

Quelle perspective pour la grève ?

2016

Quelle perspective de lutte pour les cheminots ?

Bilan de la grève

Quelle grève en 2016 ?

Lire ici le bilan de la grève de 2016

Lire encore cette autre Chronologie des grèves de cheminots

2018

Le mouvement des syndicats de cheminots

Chronologie de la fausse « grève perlée » de l’intersyndicale des cheminots en 2018

Les préparatifs

Le 27 juin 2012 : Le futur secrétaire général de la CGT fait un rapport d’Etat au CESE en faveur de la privatisation des TER

Le « Rapport Lepaon » au CESE du 27/06/2012 en faveur de l’ouverture à la concurrence du secteur ferroviaire sera signé des organisations patronales et étatiques (sous gouvernement de droite de Sarkozy) comme des pires organisations syndicales
En voici des extraits :

« Ce texte présente une grande unité de ton révélatrice d’un consensus assez fort sur le sens que devrait avoir une expérimentation (de privatisation de la SNCF), si l’Etat le décide, et sur les principes que doivent inspirer sa conduite pour concourir à son succès. J’ai employé à dessein le mot consensus et je souhaite maintenant dissiper toute erreur d’appréciation sur ce terme. Il n’aura échappé à personne dans cette assemblée que la locution « ouverture à la concurrence » appliquée à un noyau dur du service public peut agir immédiatement comme un chiffon rouge. Dans le monde ferroviaire, agiter un chiffon rouge est justement le moyen le plus ancien, mais toujours en vigueur, pour signifier l’arrêt d’urgence notamment lorsqu’il s’agit d’une manœuvre. « Je dois dire que j’ai personnellement considéré comme un challenge de faire la preuve qu’il était possible, et même utile, de dépasser le stade de la réaction allergique afin de clarifier les idées en affrontant la réalité. Affronter la réalité, c’est toujours confronter les points de vue, polir ses arguments en les frottant, souvent vigoureusement, à ceux des autres. (…)
Le thème de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire régional de voyageurs s’inscrit dans le cadre d’une orientation prise au niveau européen. Dès lors, la responsabilité d’une telle initiative appartient à l’Etat et à lui seul. Il doit être clair que la question de l’ouverture à la concurrence ne peut pas se résoudre par la voie d’une discussion, d’une négociation, d’une concertation entre la direction et les syndicats de l’entreprise publique auquel ce service est dédié par la loi.
La SNCF appartient à la nation et ce sera donc aux élus de la nation, à l’issue d’un débat public associant les citoyens et les usagers, de prendre leurs responsabilités et de l’assumer, le cas échéant, devant leurs électeurs. (…)
Pour aller à l’essentiel, je voudrais maintenant présenter la méthode et le calendrier législatif et social que nous préconisons. J’insiste bien sur le fait que nous proposons d’abord une méthode car nous avons voulu mettre l’accent sur le « comment faire » et pas seulement sur le « quoi faire ».
Cette méthode se décline en six recommandations qui tracent un chemin, c’est-à-dire un cap, une succession d’étapes et une méthode permettant de conduire à terme une telle expérimentation (en vue de la privatisation de la SNCF), si elle était décidée, et d’en tirer les enseignements. C’est ensuite à son heure que viendra le moment de la décision.
Je l’ai dit, le thème de l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire régional de voyageurs a donné lieu à de nombreuses initiales ayant produit des études et des rapports. Pour autant, notre contribution ne constitue pas une synthèse au sens de la compilation condensée et plus ou moins hiérarchisée des préconisations des rapports précités, et ce, malgré leur qualité.
Nous avons extrait de ce corpus ce qui nous a semblé le plus élaboré et le plus cohérent pour inventer l’avenir. Pour cela, il nous faut d’abord bien comprendre les spécificités du cadre social des cheminots, spécificités du cadre social des cheminots, spécificités qui découlent du statut même de l’entreprise SNCF, qui s’est vue confier des missions de service public.
Ensuite, nous avons imaginé des évolutions possibles au plan social dans la perspective d’une ouverture à concurrence qui semble se dessiner.
Cette idée prenant progressivement corps, elle s’est traduite en quelques scénarios descriptifs assez précis pour que l’on comprenne le sens de l’histoire qui pourrait s’écrire et suffisamment ouvert pour laisser toute sa place et sa créativité au dialogue social.
J’en suis, mes Chers Collègues, pleinement convaincu : rien ne pourra aboutir sans le dialogue social et il s’agit là d’une première recommandation.
Tout le monde connaît la combativité des cheminots, mais peu de gens ont une idée du rôle des relations collectives au sein de l’entreprise pour que ce grand système industriel de service puisse fonctionner. Lorsqu’on a compris que c’est le statut de l’entreprise qui a défini le statut des cheminots et non l’inverse, on comprend alors beaucoup d’autres choses.
C’est en fonction de certaines obligations de résultat, notamment en matière de sécurité, qu’ont été définies l’organisation du travail, le régime du travail, y compris le régime de retraite. (…)
Comme le dit le projet d’avis, si l’on veut que l’expérimentation d’une ouverture à la concurrence soit réussie, il convient de faire en sorte que l’opérateur historique et ses salariés s’y reconnaissent.
Une autre recommandation – la deuxième – qui s’est imposée porte sur la nécessité d’une évaluation préalable des résultats des expérimentations régionales avant de mettre en place un cadre social harmonisé, c’est-à-dire un socle commun en matière de durée et d’organisation du travail. (…)
Je voudrais aussi évoquer une autre question essentielle, celle du devenir des personnels en cas de changement d’opérateur. Ce projet d’avis se distingue des rapports d’experts, puisqu’il préconise le reclassement interne à la SNCF avant d’envisager un éventuel transfert de personnels. (…) »

On aura compris que tout l’effort de Lepaon consiste à faire passer sans levée de drapeau rouge de la part des cheminots… la privatisation de la SNCF !!!!

Il rajoute :

« Le Transport Express Régional de voyageurs (TER) a connu grâce à la régionalisation un essor remarquable. Mais son coût tend à s’accroître et son développement paraît sous contrainte, alors que l’Union européenne a engagé une libéralisation progressive des transports ferroviaires. Dans ce contexte, le Premier ministre a demandé l’avis du CESE sur l’ouverture à la concurrence des transports régionaux de voyageurs, en particulier quant au périmètre géographique, à la propriété du matériel roulant, aux relations contractuelles entre région et exploitant, ainsi qu’à sa dimension sociale. Pour le CESE, la décision d’ouvrir, même à titre expérimental, les TER à la concurrence est politique et relève du gouvernement. Dans cet esprit, l’avis esquisse un chemin de réforme qui permette, via une expérimentation maîtrisée, d’avancer prudemment sur ce dossier sensible, en associant l’ensemble des parties prenantes. L’enjeu est en effet de maintenir, voire d’amplifier le succès de la régionalisation des TER, afin de favoriser la compétitivité et l’accessibilité des territoires, la mobilité des personnes, la préservation de l’environnement et le développement de la filière ferroviaire. »

2016 : La grève organisée par les syndicats a lieu en ordre dispersé. Reconductible pour SUD quand la CGT n’appelle qu’à des journées d’action. Quand les grévistes SUD sont épuisés, la CGT annonce qu’elle démarrera dans des semaines… une grève reconductible !!! D’autre part, les deux syndicats ont exclus de leurs revendications la lutte contre la privatisation de la SNCF, revendiquant même explicitement « le même RH pour tous », ce qui veut dire pour le secteur privatisé et le secteur public, ce qui signifie clairement accepter la privatisation. Ces trahisons ne permettent pas au mouvement de faire reculer la direction et le gouvernement sur aucun point !!! On peut voir, deux ans à l’avance, que les syndicats considérés comme les plus radicaux ne comptent pas lutter contre la privatisation mais feront seulement semblant pour éviter que les cheminots n’agissent de manière autonome… On remarquera que, tout du long, ces syndicats, comme les autres, non grévistes, ont accepté de participer à des négociations dont l’objectif étaient clairement un recul social intitulé « augmenter la productivité du travail des cheminots » !!!
Négocier le décret socle même si la revendication est " décret socle = RH0077 ", ce n’est pas le retrait c’est à dire le retrait de la réforme de juin 2014 qui entérine la séparation en trois EPIC de la SNCF. Bref, aller négocier le décret socle, c’est accepter la privatisation, et c’est accepter de négocier l’augmentation de l’exploitation...

Janvier 2018 : Emmanuel Macron, a longuement expliqué comment il souhaite voir se réformer la SNCF à un panel de dix cheminots invités à échanger avec lui. « Pour être franc, je pense que le modèle sur lequel on a vécu, le mythe de la SNCF, n’est pas celui sur lequel on construira la SNCF du XXIe siècle », a-t-il répondu à un salarié du Technicentre Atlantique de Châtillon (Hauts-de-Seine), qui l’interrogeait sur l’avenir du groupe public. « Votre défi sera de ne pas rester sur la protection du passé (…). Le vrai défi sera de dire : si vous voulez défendre votre entreprise, il faut la réinventer. » Pour lui réinventer, c’est privatiser, précariser et renoncer à la retraite !!!
"La SNCF est un modèle dépassé... Nous demandons à SNCF d’aller plus loin sur les réformes, le statut, la mobilité, le régime de retraite. SNCF, elle, a besoin que nous allégions sa structure financière, que nous accompagnions la rénovation du réseau existant." déclare Macron.

19 février 2018 : Le rapport Spinetta commandé par Macron est rendu public et annonce toutes les attaques de celui-ci sur le statut de cheminots, sur le statut de la SNCF et sur la dette de la SNCF notamment. Le rapport accuse clairement les cheminots de plomber les comptes de la SNCF. Commissionné par le gouvernement en octobre, Spinetta a remis un rapport de 127 pages jeudi dernier. Sous prétexte de moderniser la SNCF dans l’intérêt des voyageurs, le rapport préconise la libéralisation du transport ferroviaire et la transformation de la SNCF en société anonyme, c’est-à-dire sa privatisation, qui a eu des conséquences désastreuses dans d’autres pays. Cela permet aussi de généraliser le recours aux emplois en CDD ou en intérim. Le rapport justifie le démantèlement de l’entreprise publique en déclarant que c’est le seul moyen de maîtriser la dette de la SNCF.

Le rapport déclare : « Dans le cadre de la loi, il pourrait être mis un terme au recrutement au statut des nouveaux embauchés, en préservant strictement les droits individuels des personnels en bénéficiant. Les nouveaux recrutements devront s’opérer (...) dans un cadre conventionnel à parachever ». Le rapport préconise aussi que la SNCF puisse « recourir pendant deux ans à la procédure des plans de départs volontaires ». Ces départs « volontaires » pourraient concerner 5.000 cheminots.

Le rapport propose de « Recentrer le transport ferroviaire sur son domaine de pertinence » et déclare : « Le maintien des lignes héritées d’une époque où le transport ferroviaire était l’unique moyen de déplacement doit être revu ».. En clair, l’Etat prévoit de supprimer les petites lignes moins rentables ainsi que de nombreuses petites gares.
Cette politique, qui vise à libérer d’énormes sommes d’argent pour les banques et pour l’Etat, est une absurdité réactionnaire. Alors que l’Etat a trouvé d’un jour à l’autre 360 milliards d’euros de garanties à apporter aux banques lors du krach de 2008, il déclare que le train de vie de cheminots qui gagnent 1.800 euros mensuels est un fardeau insupportable. Tout indique que la privatisation se traduira par une dégradation importante des conditions des cheminots comme des voyageurs.
Le Monde, qui prône la privatisation de la SNCF, la compare au rail britannique privatisé et écrit que « plus rapide, moins cher, la supériorité du réseau ferroviaire français n’est pas à démontrer. » Il avoue que les franchises privées britannique « sont loin d’être un succès systématique », et même que les appels à nationaliser le rail britannique afin d’améliorer sa performance sont « très populaires ». Mais il recommande toutefois la privatisation, laissant planer l’espoir qu’elle améliorerait les prestations des lignes régionales en France, que le rapport Spinetta prévoit d’éliminer carrément.
Selon le rapport Spinetta, l’Etat devrait reprendre la dette de la SNCF, afin de créer le maximum de profit pour les gestionnaires privés qui se porteraient acquéreurs du rail : « Le traitement de la dette est une condition préalable et nécessaire à un retour à l’équilibre du gestionnaire d’infrastructures ».

Spinetta veut en même temps faire payer les usagers et supprimer les lignes dites non rentables ou peu fréquentées, tant pis pour le service public !!!
Des ajustements sur la politique tarifaire des TGV pourraient rapporter 200 millions d’euros de recettes supplémentaires sur le dos des clients, selon Spinetta.
Il s’y connaît en casse d’entreprise l’ancien patron d’Air France-KLM !
La SNCF a détruit en quelques années les 40% du kilométrage de rails et s’apprête à en détruire encore une bonne partie, sous prétexte de manque de fréquentation et de rentabilité. Elle a transféré nombre de ses lignes de rail aux bus, bien que ceux-ci soient plus couteux, plus fatigants, moins sûrs, plus dangereux même et moins réguliers. En même temps, elle a détruit un grand pourcentage de ses emplois de cheminots tout en accumulant les plus grandes dettes de son histoire. Tout cela sans améliorer les conditions de travail de ses agents ni la desserte des lignes de rail qui restent !!!
C’est cela « réformer le rail » !!! C’est le détruire puis prendre prétexte de cette destruction pour le privatiser !

A mort la SNCF !!! déclare en substance Spinetta, dans son rapport commandé par Macron-Philippe !!! Fini le service public : vers une société anonyme ! Et pas une seule société anonyme mais plusieurs différentes !!! Fini le statut de cheminot (qui n’est pas à proprement parler un statut de fonctionnaire) et les nouveaux seront des contractuels ! Finies les petites lignes de province ! Vente à des opérateurs privés des lignes TER !!! Transfert des personnels SNCF vers les opérateurs privés !!! Fini le statut de cheminot !!! Finies les toutes petites lignes qui n’ont pas assez de passagers ! Il se donne vingt ans pour moderniser le réseau (vingt ans avec des blocages type Montparnasse et aussi vingt ans avec des Brétigny...) !!! Il voudrait aussi supprimer la retraite cheminots ainsi que le type de contrats et on en passe...
En somme, la direction de la SNCF et les gouvernants ont augmenté les dettes de la SNCF de 3 milliards par an, notamment en faisant en sorte que le Rail aide les trusts privés et les banques dans la crise, mais c’est aux personnels du Rail et à ses usagers que le gouvernement veut faire payer la situation !!!
Les fonctionnaires sont globalement menacés par la privatisation, par la suppression du statut de fonctionnaire, y compris à la SNCF, y compris dans l’hôpital public et même dans l’enseignement et la recherche. Les salariés du privé voient la disparition du CDI. La garantie de l’emploi est du passé dans tous les secteurs d’activité, dans toutes les professions, partout dans la classe ouvrière. Public comme privé, ni l’emploi, ni le salaire, ni le site, ni la charge de travail, ni la retraite, ni les conditions de travail ne sont plus garantis…

Cette attaque anti-sociale de grande ampleur, une lutte de classe clairement et nettement menée par la classe possédante et son Etat signifie que les exploiteurs ne craignent pas les fausses réactions syndicales. Il suffit de voir que ceux-ci proposent aux cheminots de lutter séparément (le même jour mais à part des autres fonctionnaires !) pour voir à quel point une attaque d’ensemble n’a en face d’elle que des ripostes partielles, localisées ou corporalisées, par journées ou par secteur.

La seule réponse qui ferait reculer les capitalistes et le gouvernement serait de couvrir le Rail (tout : les gares, les technicentres, les conducteurs, l’entretien, le nettoyage, les guichets, toutes les EPIC !) de comités de grève élus et révocables, au sein d’assemblées générales, coordonnés nationalement et proposant à toute la classe ouvrière du pays, public et privé, y compris les chômeurs d’en faire autant. Rien que ça !!!

Bien entendu, les centrales syndicales ont aussi peur de cette perspective que le gouvernement et le patronat. c’est cette peut qui va dicter leur tactique « de lutte » consistant à éviter une vraie lutte !

On aurait pu s’attendre qu’au lendemain du rapport Spinetta, les cheminots soient réunis partout en assemblées générales. Eh bien, non ! Les syndicats ne l’ont pas voulu, la gauche de la gauche ou l’extrême gauche officielle non plus !!!

Les cheminots n’ont pas été réunis « à chaud », au moment où ils étaient massivement indignés par l’annonce d’attaques d’ampleur contenue dans le rapport Spinetta commandité par le gouvernement. A ce moment-là, les syndicats ne demandaient pas aux cheminots de se rassembler, de discuter, mais d’attendre la réunion au sommet de l’intersyndicale, annonçant que l’unité serait le produit d’une telle entente entre dirigeants des appareils bureaucratiques, y compris ceux qui s’étaient déclarés favorables à la nouvelle politique incarnée par Macron !

20 février 2018 : A entendre les centrales syndicales, on voit que ne viendra pas d’eux une riposte à la hauteur des enjeux pour les cheminots et pour toute la classe ouvrière ! En effet, la CGT dégaine sa traditionnelle journée d’action, comme si de rien n’était ! Comme si Macron allait reculer après une, deux, trois journées d’action !! Après une dizaine de mouvements intersyndicaux de ce type, on connaît toute l’efficacité de la méthode : défaite assurée ! Sud n’est pas plus claire, se garde de proposer la grève reconductible mais parle seulement de « préparer la riposte ». La dernière fois qu’elle a avancé la grève reconductible, la CGT l’a laissée s’user avant d’annoncer que, deux semaines après, elle allait aussi proposer… la grève reconductible pour être battue séparément !!! Seule la CFDT parle de grève reconductible, s’il s’avère que Macron attaque, s’il se confirme que…, si les négociations ne donnent pas… et patati, si les négociations ne permettent… et patata. Car tout ce joli monde est en plein en train de négocier dans le dos des cheminots !!! Ils participent à la réforme !!
Le syndicat SUD en a de bonnes en déclarant : « La convergence, ça ne se décrète pas. » pour justifier d’avoir organisé, avec les autres confédérations syndicales, la divergence systématique des luttes, y compris la séparation entre luttes du service public.
Quand chaque corporation est appelée séparément à la grève et qu’un jour par-ci par-là, ils sont appelés à se retrouver une journée ensemble dans la rue, ils affirment avoir œuvré à la convergence des luttes !
Mais cela ne les empêche pas de préparer des luttes différentes, d’un côté les cheminots, de l’autre les traminots, d’un troisième les bus, d’un quatrième la RATP, les hôpitaux séparément des EPHAD ou de la Psychiatrie, sans parler du secteur privé, d’un côté les chômeurs, de l’autre les retraités et on en passe…

22 février 2018 : « S’il y a un passage en force, les cheminots feront en sorte d’être entendus », a expliqué Martinez, dirigeant de la CGT, comme si c’était un problème de surdité !!!
La CGT commente ce rapport qui affirme que "Dans le cadre de la loi, il pourrait être mis un terme au recrutement au statut des nouveaux embauchés, en préservant strictement les droits individuels des personnels en bénéficiant. Les nouveaux recrutements devront s’opérer (...) dans un cadre conventionnel à parachever", selon ce rapport, qui préconise aussi que la SNCF puisse "recourir pendant deux ans à la procédure des plans de départs volontaires".
« Des propositions qui actent la mise à mort du service public ferroviaire » dit la CGT.
Mais elle oublie le rapport Lepaon qui avait lancé cette privatisation !!! Vous savez Lepaon devenu ensuite secrétaire général et pas du MEDEF !!!

24 février 2018 : L’extrême gauche officielle s’aligne sur la CGT et SUD. Un article de « Révolution permanente » explique que la victoire est impossible sans la CGT... "Si la CGT n’appelle pas en tant que première organisation syndicale en France à un vrai plan de bataille qui puisse déboucher sur une généralisation de la grève, la défaite sera inévitable." Pour Lutte Ouvrière, le rapport Spinetta, "C’est une déclaration de guerre à laquelle a aussitôt répondu un appel de la CGT à riposter le 22 mars." LO ne.dit.pas que la Cgt comme les autres Organisations Syndicales participent toutes à la réunion des négociations autour de ce rapport…
C’est une attaque contre tous les travailleurs, disent-ils, mais pas.un mot de LO sur comment unifier nos luttes... juste un appel symbolique au fait que nous sommes dans le.même camp... rien de concret
Tout à fait alignés sur la CGT qui dit que cela fait partie de l’attaque contre les fonctionnaires tout en mobilisant séparément les cheminots !!!

26 février 2018 : Édouard Philippe a présenté la réforme de la SNCF
« La situation est alarmante pour ne pas dire intenable. Les Français, qu’ils prennent ou non le train, payent de plus en plus cher pour un service public qui marche de moins en moins bien… »
Ils mettent en avant les dettes mais oublient de dire, par exemple, combien ont coûté les travaux de construction et de rénovation des gares et combien cela a rapporté aux trusts du Bâtiment !!!

A diverses époques, plus de 791 millions d’euros ont versés des caisses de la SNCF dans les caisses de l’Etat au titre de dividendes… Dans ce cas, l’Etat estimait pouvoir puiser dans les caisses de la SNCF puisque c’était une entreprise d’Etat…

Sa dette originelle, la SNCF en a hérité lors de sa création en 1938, au moment du rachat des compagnies privées. C’était donc un cadeau au secteur privé du capitalisme !
Depuis, la dette de la SNCF, passée de moins de 30 milliards d’euros en 1990 à désormais plus de 50 milliards et elle augmente sans cesse des intérêts de la dette qui profite aux intérêts privés, les prêteurs…
Comme chacun le sait, le gouvernement instrumentalise la dette de la SNCF pour en faire une arme de guerre contre les cheminots et le service public. Il prétend que les trous dans les comptes proviendraient des privilèges des cheminots, notamment du statut de cheminot, des retraites des cheminots, du trop grand nombre de cheminots et on en passe… Et la solution, bien entendu, serait la privatisation de la SNCF… L’exemple anglais montre exactement l’inverse : les chemins de fer n’ont jamais autant coûté à l’Etat anglais que depuis la privatisation !
En fait, l’essentiel de la dette de la SNCF-RFF a été contractée dans le cadre d’un mauvais montage financier pour la construction du TGV, et d’autre part de préparer l’ouverture du réseau à des opérateurs privés.
L’énorme coût du TGV voulu par les pouvoirs publics depuis Mitterrand a été supporté entièrement par l’entreprise, contrairement aux autres entreprises publiques.
Et l’augmentation de la dette va dans la poche des banques !!
Environ 3 000 euros par minute sont versés aux banques !!!
Le coût de la dette de la SNCF est de 1,5 milliard d’euros d’intérêts/an aujourd’hui.

27 février 2018 : Macron déclare :
« … le réseau ferroviaire dont l’entretien est financé par une dette dont l’accroissement ne pourra pas se poursuivre éternellement… »
« … et nous avons vécu dans le secteur sur beaucoup de mensonges parce que ces dettes accumulées, un jour, quelqu’un les paiera ; parce que les ouvertures se poursuivront… »
« Le modèle du ferroviaire doit être repensé dans une démarche globale d’amélioration de la performance du secteur qui permettra notamment de traiter le sujet de la dette qu’il supporte et là-dessus, je vous le dis très clairement, il n’y a pas de tabou ! C’est l’absence de décisions qui nous paralysera progressivement ; c’est le mensonge répété ; c’est au fond le plaisir coupable des inaugurations qui est le pire des pièges ! Et donc je vous je vous remercie instamment de m’offrir cette occasion de le faire avec vous, mais pour vous dire que nous devons ensemble prendre nos responsabilités. »

La dette sert seulement de moyen de chantage pour en menacer les cheminots, les syndicats et le public !
C’est occulter la réalité de la dette SNCF. La SNCF devant devenir une société européenne capitaliste à la recherche de profit comme toutes ses conjointes, se lance dans la diversification et la conquête de nouveaux marchés : Keolis, Geodis, Ouigo, Ouibus, Voyages-sncf, Effia, Altameris, Arep, Systra... « De 187 en 2010, elles sont aujourd’hui plus d’un milliers. À travers elles, la SNCF est présente dans 120 pays. » .
« En 2016, l’opérateur historique du train français réalisait un tiers de son chiffre d’affaires à l’international, contre 12 % il y a dix ans ».
En 2015 le groupe a été divisé en trois établissements publics à caractère commercial (EPIC) gérant et créant ses propres filiales au gré d’une stratégie de développement impliquant le transfert d’activités vers des sociétés privées. SNCF réseau gère ainsi les infrastructures, les voies ferrées, la circulation des rames. SNCF mobilités se consacre au transport des voyageurs et des marchandises sur ses trains. Ces établissements sont incorporés dans la troisième entité, SNCF tout court, qui est donc un holding.
L’objectif est ici atteint. Non pas la résolution de la question de la dette mais le basculement des actifs, comme les wagons, les machines ou l’immobilier vers les sociétés privées en parallèle avec une dette et le coût du personnel restant dans l’entreprise public. La conquête des marchés et les bénéfices promis aux uns, la dette et la rémunération (dans l’austérité) pour le personnel et les sacrifices pour les usagers auxquels on affirme maintenant qu’ils ne paient que 30% du coût du transport parce que c’est un service public.

La SNCF a été un service public dirigé par l’Etat et toutes ses politiques ont été menées au nom de l’Etat, en particulier quand il a dépensé des sommes colossales pour acheter des trains à grande vitesse, afin de sauver des trusts comme Alstom. A ce moment, on ne nous parlait pas des dettes que cela allait entraîner. Quand la crise de 2007-2008 a frappé, les caisses de la SNCF et du RFF ont été ouvertes à l’Etat et au gouvernement qui voulait des liquidités pour en faire cadeau aux banques, à Renault, à PSA, aux trusts du Bâtiment ou aux trusts pharmaceutiques, pour ne citer que ceux-là. Dans ce cas, les caisses du Rail faisaient partie des caisses de l’Etat et maintenant qu’il faut rembourser, on nous dit que les dettes auraient été réalisée uniquement pour payer les frais des transports quand on ne nous dit pas que c’est pour favoriser les privilèges prétendus des cheminots.

Mars 2018 : Tout le mois de mars, le gouvernement va brandir la dette de la SNCF, en accusant les cheminots de l’avoir creusée et en menaçant l’opinion publique de devoir la payer par ses impôts !!!
Le capitalisme, qui vient dans une seule petite crise financière mondiale en bourse, de détruire les bénéfices financiers de toute une année affirme que ce sont les cheminots qui sont cause de la dette de la SNCF, que ce serait le « statut cheminot » qui s’applique d’ailleurs à une minorité de travailleurs du Rail qui causerait l’essentiel des trous des comptes, il y a de quoi mourir de rire ! Comme si les dettes, ce système ne s’entendait pas à en faire encore un moyen pour les financiers prêteurs pour faire du profit !

Macron annonce aux syndicats que l’Etat ne pourra pas reprendre intégralement la dette de la SNCF et les syndicats déclarent qu’ils ont été trompés, que la négociation elle-même n’est qu’une vaste tromperie parce que « l’Etat devrait rependre intégralement la dette de la SNCF ». En somme, les syndicats créditent la stratégie gouvernementale, en faisant croire que le problème c’est que l’Etat reprenne ou pas la dette de la SNCF. Pourtant, la SNCF c’est encore l’Etat, dette ou pas dette. Et la dette, c’est au profit des trusts et des banques qu’elle a été creusée. C’est donc au grand capital de payer les dettes et pas au contribuable, n’en déplaise aux syndicats lèche-bottes

7 mars 2018 : « C’est l’ensemble du monde du travail qui est attaqué », dit Sud, mais ils n’appellent pas l’ensemble du monde du travail à riposter : seulement les cheminots !
Et c’est avec les bureaucrates de la CGT, de la CFDT et de FO et pas avec les cheminots qu’ils vont décider de l’action…
"Aujourd’hui, je ne sens pas, au-delà de la SNCF, que les salariés aient envie de descendre massivement dans la rue de manière interprofessionnelle", a dit Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, sur France Inter, interrogé sur la mobilisation contre la réforme de la SNCF.

14 mars 2018 : Reçu par le premier ministre Édouard Philippe, Philippe Martinez de la CGT est ressorti déçu de la réunion. « Nous avons présenté un projet mais le gouvernement refuse de discuter », a-t-il affirmé ce matin.
Mais il continue à discuter !!!
« Le vrai sujet aujourd’hui, ce n’est pas la question de savoir s’il y aura un mouvement social (...), c’est la question (de) comment on l’évite », a estimé le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur Europe 1. « Il y a ceux qui voudraient à tout prix le faire, comme ça, on montrerait les gros bras de chaque côté. Je me demande si parfois le gouvernement n’est pas dans cette stratégie-là aussi pour essayer de montrer que finalement il y aurait des privilégiés qui feraient grève » afin de pouvoir ensuite « revoir les choses plus en profondeur », a-t-il ajouté.
Le syndicalisme réformiste est « en marche » donc à reculons…

15 mars 2018 : Réunion de l’intersyndicale qui, à la surprise générale des cheminots, y compris les militants syndicalistes eux-mêmes, annonce que la grève des cheminots se fera… sans grève reconductible !!! Une grève est pourtant obligatoirement reconductible, sinon cela s’appelle seulement des journées d’action !!!

L’intersyndicale CGT-Unsa-Sud-CFDT de la SNCF a annoncé ce jeudi 15 mars une grève sur le rythme de "deux jours sur cinq", à partir du mardi 3 avril et jusqu’au jeudi 28 juin, pour protester contre la réforme du rail en cours. A mort la SNCF !!! déclare Spinetta, dans son rapport commandé par Macron-Philippe !!! Fini le service public : vers une société anonyme ! Et pas une seule société anonyme mais plusieurs différentes !!! Fini le statut de cheminot (qui n’est pas à proprement parler un statut de fonctionnaire) et les nouveaux seront des contractuels ! Finies les petites lignes de province ! Vente à des opérateurs privés des lignes TER !!! Transfert des personnels SNCF vers les opérateurs privés !!! Fini le statut de cheminot !!! Finies les toutes petites lignes qui n’ont pas assez de passagers ! Il se donne vingt ans pour moderniser le réseau (vingt ans avec des blocages type Montparnasse et aussi vingt ans avec des Brétigny...) !!! Il voudrait aussi supprimer la retraite cheminots ainsi que le type de contrats et on en passe...
En somme, la direction de la SNCF et les gouvernants ont augmenté les dettes de la SNCF de 3 milliards par an, notamment en faisant en sorte que le Rail aide les trusts privés et les banques dans la crise, mais c’est aux personnels du Rail et à ses usagers que le gouvernement veut faire payer la situation !!!
Les fonctionnaires sont globalement menacés par la privatisation, par la suppression du statut de fonctionnaire, y compris à la SNCF, y compris dans l’hôpital public et même dans l’enseignement et la recherche. Les salariés du privé voient la disparition du CDI. La garantie de l’emploi est du passé dans tous les secteurs d’activité, dans toutes les professions, partout dans la classe ouvrière. Public comme privé, ni l’emploi, ni le salaire, ni le site, ni la charge de travail, ni la retraite, ni les conditions de travail ne sont plus garantis…
Cette attaque anti-sociale de grande ampleur, une lutte de classe clairement et nettement menée par la classe possédante et son Etat signifie que les exploiteurs ne craignent pas les fausses réactions syndicales. Il suffit de voir que ceux-ci proposent aux cheminots de lutter séparément (le même jour mais à part des autres fonctionnaires !) pour voir à quel point une attaque d’ensemble n’a en face d’elle que des ripostes partielles, localisées ou corporalisées, par journées ou par secteur.
La seule réponse qui ferait reculer les capitalistes et le gouvernement serait de couvrir le Rail (tout : les gares, les technicentres, les conducteurs, l’entretien, le nettoyage, les guichets, toutes les EPIC !) de comités de grève élus et révocables, au sein d’assemblées générales, coordonnés nationalement et proposant à toute la classe ouvrière du pays, public et privé, y compris les chômeurs d’en faire autant. Rien que ça !!!

Drôle de rythme, deux jours sur cinq ! Quel bon moyen de ne pas recourir à la grève générale !!! Quel bon moyen de ne pas donner le moyen aux cheminots de véritablement se mettre en lutte ! Et aussi de se mettre bien à dos le public !!! Et surtout sans obliger réellement le gouvernement à reculer !
En effet, cela permet aux dirigeants de la SNCF de faire fonctionner les trains quand cela leur chante et de les bloquer aussi quand cela leur chante, en utilisant les cadres, les employés et les non grévistes !
C’est réellement la pire des stratégies syndicales de ces dernières années !!!
La réponse des dirigeants syndicaux répond seulement à la question : comment faire semblant de lutter sans réellement mener de lutte !!!

Ce n’est pas pour éviter aux cheminots de payer trop cher la grève que l’intersyndicale renonce à la grève reconductible et de faire grève deux jours sur cinq. Ce n’est pas pour menacer davantage et plus longtemps le gouvernement. C’est pour ôter le pouvoir de décision aux grévistes. D’ailleurs, s’il en était autrement, les centrales auraient organisé des assemblées générales partout dès l’annonce du rapport Spinetta ordonné par Macron. Il aurait ainsi été aisé de demander aux cheminots, qui venaient d’être révoltés par la violence de l’attaque, ce qu’ils souhaitaient faire, que ceux-ci mesurent eux-mêmes les réactions de leurs camarades de travail. Bien entendu, les centrales syndicales ont fait tout le contraire : aucune assemblée générale nulle part. Pendant tout le temps où ils ont dit aux cheminots d’attendre la décision qui allait être prise par l’intersyndicale, ils ont même gelé toute prise de décision locale de la base sous le prétexte que c’était l’unité syndicale qui primait sur toute autre considération.
Leurs oppositions ou dissensions actuelles sur les modes de grèves convergent en réalité toutes sur un point : détourner la discussion sur la nécessité pour les cheminots de lier la lutte à la SNCF aux autre luttes des travailleurs en une lutte ouverte contre le capitalisme dirigés par les travailleurs eux-mêmes sous la forme de comités de travailleurs fédérés. Même si SUD apparaît plus radical en prônant la grève reconductible tout en affirmant que c’est la base qui décidera, il n’en est rien. Les AG pour Sud-Rail ne sont que des chambres d’enregistrement des politiques syndicales. Sud ne milite pas et ne défends pas que le AG doivent se coordonner, se fédérer entres-elles pour diriger que les cheminots dirigent par eux mêmes leur luttes. Sud ne propose pas plus de lier aux autres catégories au travers de comités interpro ou de quartier pour mener une lutte ouverte contre le capital.
Toutes les centrales syndicales, sans exception, estiment que l’auto-organisation des travailleurs est une remise en cause de leur rôle, de leur importance, de leur politique. Elles s’y opposent parce ce qu’elles monnaient auprès des classes possédantes c’est justement d’empêcher les travailleurs de s’organiser eux-mêmes. Toute l’expérience des luttes passées démontre que les directions syndicales, engluées dans de multiples collaborations avec les classes possédantes et leur Etat, sont de grandes organisatrices des défaites ouvrières, défaites qui ont déjà accompagné la destruction des services publics, des droits sociaux, des aides sociales, des retraites, de l’hôpital public, de l’énergie, du code du travail et on en passe…

L’intersyndicale prétend que sa stratégie permettra de gêner plus longtemps la circulation des trains.

Comme si gêner la circulation des trains, c’était cela que craignaient gouvernants et capitalistes !!!
Mais ce sont eux-mêmes qui la gênent les trois quart du temps et pas la grève !
Par contre, le lien entre cheminots et le reste de la classe ouvrière, y compris celle déjà en lutte comme les Ephad ou les entreprises qui luttent contre des licenciements, cette liaison, loin d’être favorisée par ce mouvement, ce dernier proclame l’isolement des cheminots !!!

Les postiers, les ephad, les hospitaliers, les fonctionnaires départementaux et communaux, les radio et télé, voilà du monde qui aurait dû participer à un mouvement commun avec les cheminots !!!

Avec tous les secteurs qui vont être privatisés comme la SNCF : ADP, Français des Jeux et Engie…

Et avec les Carrefour, les banques, les Conforama, les Airbus, les Air France, les Areva, les EDF, les CEA et on en passe...
Avec les chômeurs, les retraités avec les sans logis, avec les sans papiers, avec les jeunes, avec les étudiants, avec les chercheurs…
Cela nécessitait que des assemblées de cheminots s’auto-organisent, se coordonnent, se fédèrent, décident ensemble d’un mode d’intervention qui se fasse craindre de nos ennemis et qui fassent avancer non seulement la question des cheminots mais toute la question sociale, dans le privé et dans le public

16 mars 2018 : Le journal de la bourgeoisie "Les Echos" écrit :
« Le pari gouvernemental de l’isolement cheminot
« Emmanuel Macron parie-t-il que les cheminots le serviront comme les mineurs ont servi Margaret Thatcher ? L’intransigeance de la Dame de fer face à la grande grève des ouvriers des mines britanniques au mi-temps des années 1980 avait contribué à renforcer son pouvoir. Dans cette perspective, le pari du chef de l’Etat, qui pourrait connaître là son premier conflit social dur, serait sans doute d’affaiblir d’autant la réplique lors de la réforme des retraites programmée pour 2019. »
Le choix des syndicats va dans le sens de cet isolement : pas de liaison avec les salariés de Carrefour, pas d’appel commun de tous les transports, pas de liaison avec les fonctionnaires, eux aussi menacés, pas de lien avec la lutte de la Santé et on en passe !!!
Les syndicats nous avaient déjà fait le coup du refus de la liaison entre lutte des cheminots et lutte contre la loi Travail !!!
Une fois encore, ils tentent d’isoler la lutte des cheminots !!!
Pourtant, le mouvement de 1995 nous avait bien prouvé que c’est seulement quand les cheminots entrainent toute la classe ouvrière qu’ils sont craints !
Et là, on ne propose même pas que les cheminots soient en grève, c’est-à-dire une grève reconductible, votée par les assemblées ! Non ! Ce sont les Etats-majors qui imposent un rythme fou, ridicule, où ne saura même pas pourquoi des trains circulent et ne circulent pas !!!

Deux jours sur cinq, drôle de grève sans vraie grève, sans effet d’entraînement, sans montée du moral et de la force collective !!! On grève, on reprend, on grève, on reprend ! On ne mesure pas les effets, le succès, on a un programme tout fait d’en haut, sans décision de la base, sans organisation des grévistes !
Les centrales syndicales ont choisi de ne prendre aucun risque, en particulier aucun risque de contagion de la grève, aucun risque que les salariés débordent du cadre, aucun risque qu’ils se fassent craindre du patronat et du gouvernement.

18 mars 2018 : "On veut justement amener le gouvernement à négocier, poursuit Bruno Charrier. On fait grève deux jours, on reprend trois jours. S’il n’y a pas d’avancée, on fera grève à nouveau deux jours...Si on partait sur un conflit fermé, ce serait plus difficile de discuter. On maintient la porte ouverte".
Réformisme et refus de la lutte des classes assumés !!!

20 mars 2018 : SUD joue le radicalisme et la démocratie. "A SUD-Rail, nous pensons qu’il est plus efficace de lancer une grève puissante, illimitée, reconductible par décision des Assemblées Générales. C’est comme ça qu’on construit la dynamique et l’élargissement de la lutte." "SUD-Rail rappelle que ce sont les grévistes, en Assemblées Générales, qui décideront de leur grève." Auto-organisez-vous, disent-ils, mais c’est pour que " Les fédérations (portent) les revendications qui sont au cœur de la grève. Les négociations et leurs avancées soumises aux A.G. de grévistes." Mais, finalement, SUD reconnait quelques jours plus tard ne pas demander aux AG de voter la grève reconductible contre l’exigence de l’intersyndicale !!! Nulle part, SUD n’organise les AG indépendamment des bureaucraties, puisqu’elle en fait partie, négociant sans cesse avec le gouvernement dans le dos des AG et des cheminots.
Sud rail fait mine de protester mais...
"Ce calendrier permet de rassurer l’Unsa et la CFDT qui sont moins dans la contestation, admet Bruno Poncet, de Sud-Rail. On part ensemble et ça permet de le faire accepter à leurs élus et à leurs syndiqués."
"Cela va perturber le service, mais pas tout le temps pour les mêmes, explique Bruno Poncet, de Sud-Rail. Imaginez si on avait fait tous les mercredis pendant trois mois... Je trouve ça plus écoutable pour les usagers."

22 mars 2018 : journée d’action des syndicats présentée comme en solidarité avec les cheminots mais sans que la CGT et les principaux syndicats appellent les cheminots à la grève. L’intersyndicale a décidé de ne pas faire démarrer son action de deux jours sur cinq à partir du 22 mars, car les cheminots n’y seront pas les seuls en grève et dans la rue. Or, l’intersyndicale des cheminots tient à ce que le mouvement qu’elle organise soit purement corporatif. Nombre de cheminots vont cependant faire grève le 22 mars, conscients que c’est là que cela devrait démarrer !!

23 mars 2018 : Les syndicats ont appelé les travailleurs d’Air France à la grève le lendemain des cheminots, traminots et fonctionnaires. C’est si bien la convergence nous disent pourtant les syndicats qu’ils en « oublient » de… converger !!!

Les syndicats appellent la décision syndicale d’attendre les grèves deux jours sur cinq et de ne pas lancer la grève le 22 mars « une bonne idée » !!! Deux jours de grève sur cinq, la Convergence nationale Rail, notamment, appelle cela « une bonne idée et un mouvement alternatif » !!!
C’est "une mobilisation innovante", a souligné Didier Aubert (CFDT Cheminots, 4e syndicat).
Inquiétant quand on sait combien la direction syndicale CFDT est proche des politiques patronales et loin de la lutte des classes !!!

Deuxième particularité de cet agenda, les jours de grève changent d’une semaine à l’autre. Mardi 3 et mercredi 4 avril, dimanche 8 et lundi 9 avril... Jeudi 3 et vendredi 4 mai, mardi 8 et mercredi 9 mai... Vendredi 22 et samedi 23 juin... Etc.
Cela consiste donc à casser les pieds au maximum aux usagers et au minimum au gouvernement en ne prenant aucun risque d’extension et de généralisation !

Deux jours de grève sur cinq, quelle technique innovante… de sabotage de la lutte de classes !!!

C’est effectivement une alternative à… une vraie grève !!!

Et l’intersyndicale des bureaucraties syndicales cheminotes est pleine de « bonnes idées » novatrices !!!

Quelle « bonne idée » aussi de faire une manif cheminots séparée de la manif fonctionnaires !!!
Quelle bonne idée de faire une manif étudiants séparée des deux autres !!!
Quelle bonne idée que la CGT n’appelle pas à la grève le 22 en même temps que la RATP !!!

Quelle bonne idée de refuser d’appeler tous les cheminots à la grève le 22 mars !!!
Et que l’extrême gauche n’ait rien de sérieux pour dénoncer tout cela !!!

Seul le syndicat Sud-rail a déposé pour l’instant un préavis de 24h pour le 22. Quant à la question d’un préavis reconductible, elle en laisse en discussion pour l’intersyndicale…
« Aujourd’hui, je ne sens pas, au-delà de la SNCF, que les salariés aient envie de descendre massivement dans la rue de manière interprofessionnelle », a dit Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, sur France Inter, interrogé sur la mobilisation contre la réforme de la SNCF.
Et le syndicat FSU, à travers sa secrétaire Bernadette Groison d’expliquer : « nous n’avons pas construit la date du 22 mars en convergence avec les cheminots », « le statut des cheminots n’est pas le statut de la fonction publique » et finir enfin par « nous restons, nous l’intersyndicale, sur la nécessité et l’exigence d’une visibilité de nos questions de fonction publique ».
La CGT quant à elle déclare à qui veut l’entendre qu’elle fera ce qu’il faudra pour se faire entendre du gouvernement, comme si celui-ci avait seulement un petit défaut d’audition !!! Mais elle se garde bien de préciser ce que cela suppose de faire, comment et avec qui… Elle remet toutes ces question à la discussion de six bureaucrates syndicaux qu’elle appelle « l’intersyndicale » et qu’elle a retardé autant que possible pour éviter toute décision « à chaud ».

Pendant ce temps, les cheminots ne se réunissent pas, ne discutent pas, ne décident pas, les syndicats dénoncent le gouvernement mais n’annoncent aucunement leurs intentions. Tout pour l’unité syndicale, disent-ils !!!

Les centrales syndicales nous rejouent le refrain : « il faut l’entente syndicale ». C’est même le prétexte qu’elles ont pris pour ne pas diffuser de perspective claire de lutte dès l’annonce de l’attaque violente et rapide du gouvernement. En effet, elles ont remis à plus tard leur réunion intersyndicale qui seule allait être habilitée à décider du mode d’action. En attendant, les cheminots ne risquaient pas de pouvoir discuter ce qu’ils pensaient devoir faire pour se battre, puisque rien n’était proposé de clair, à part une manifestation le jour de la journée d’action des fonctionnaires ! Aucune centrale syndicale ne s’est permis d’évoquer un mode d’action, une méthode, des propositions avant cette date. Toutes se disent « contraintes » de faire grève et déclarent qu’ « on ne pourra pas faire autrement ». Sous-entendu : on aimerait ne pas faire grève, on n’a pas envie de faire grève, on pense que la grève ira au casse-pipe mais on n’aura pas le choix. Quel meilleur moyen de casser le moral ! Quel meilleur moyen d’empêcher la montée d’une force de lutte ! Quel meilleur moyen d’empêcher les cheminots de s’exprimer sur ce qui est proposé : que rien ne soit proposé de clair, qu’on soit dans le noir complet sur ce qui sera fait !
Et parlez d’une unité syndicale alors que certains de ces syndicats ont signé tous les reculs à la SNCF, que tous ont négocié sans fin avec nos ennemis, que tous continuent à négocier maintenant que l’on sait que rien dans cette réforme n’est acceptable ni négociable !!! Les syndicats acceptent de participer à la comédie de « concertation sociale » sur la réforme SNCF ou destruction SNCF, alors que cette négociation sert de caution à toutes les attaques, comme on l’a vu dans toutes les attaques précédentes !!!

La lutte actuelle des cheminots reste donc dirigée par des bureaucraties qui ne veulent absolument pas en découdre avec nos adversaires, qui ne veulent pas d’une véritable grève et encore moins d’une convergence de luttes ouvrières et elle ne débouche du coup nullement sur un recul gouvernemental. Nul ne peut prétendre que gouvernement est en bout de course, qu’il est prêt à craquer, bien au contraire. Certes, il est vrai que l’affirmation dès le départ, que l’ensemble des fédérations cheminotes n’appelaient pas à la grève reconductible, transmise au gouvernement, signifiait que ces syndicats n’avaient nullement l’intention de mener une lutte déterminée pour faire reculer le gouvernement. Le fait de dire, d’avance aussi, que les cheminots ne se sentaient pas capables de payer le coût sur leurs salaires d’une grève reconductible était, là aussi, un message clair de recul. le fait, encore, de refuser d’appeler à un mouvement d’ensemble des services publics, alors qu’il est clair qu’ils sont tous menacés comme la SNCF, que toutes les embauches de fonctionnaires le sont, que tous les statuts des services publics le sont, en disait tout autant. Le fait, toujours, de ne mettre aucune revendication concernant d’autres services publics, était encore un message clair qu’ils ne comptaient en rien riposter sérieusement à une attaque aussi grave. Pour finir, le fait qu’au même moment, les mêmes syndicats organisent des grèves dans la même période, parfois les mêmes jours, parfois non, mais jamais conjointement, jamais de manière convergente, à la RATP, dans le secteur de l’Energie, dans les EPHAD, chez les éboueurs, à Air France, à Carrefour et ailleurs, était une démonstration que la menace des convergences des luttes brandie par la CGT et SUD (et pas les autres) n’était que verbale.

23 mars 2018 : A Perpignan pour le congrès des cadres cégétistes, Martinez, secrétaire général de la CGT a déclaré qu’il « croit à la convergence des luttes ». C’est sans doute pour cela qu’il a soutenu l’idée de deux manifs séparées : une cheminots et l’autre fonctionnaires et zéro AG communes, pas de revendications communes, pas de grève commune, pas liaison interpro et on en passe…
Il y a encore déclaré : « C’est à la CGT de s’adapter au monde du travail, pas l’inverse. C’est un vrai défi ». C’est sans doute pour cela que la CGT impose sa tactique bidon du « deux jours sur cinq », sans demander son avis au « monde du travail » !!!
Jean-Marc Canon de la CGT déclare : « C’est le gouvernement qui a choisi la convergence des attaques, pour lui-même favoriser la convergence des luttes ».
Comprenez que la CGT, elle, n’a pas choisi la convergence des luttes mais d’isoler la grève des cheminots !!!

19 avril 2018 : Les syndicats organisent une « journée de convergence des luttes ». La convergence, ce n’est qu’une journée !!!
La CGT RATP qui a toujours tout fait pour éviter la convergence des luttes RATP-SNCF déclare maintenant :
« La lutte des cheminots a des échos à la RATP, la CGT-RATP invite les salariés de la RATP à s’interroger sur leur propre engagement dans la mobilisation sociale, notamment à l’occasion de la journée nationale d’action du 19 avril prochain. »

Mailly de FO, loin d’attiser la lutte sociale, s’est toujours contenté d’affirmer qu’il fallait laisser le temps à la concertation. Laurent Berger, dirigeant CFDT, a pour sa part estimé que la convergence des luttes "ne permet jamais d’avoir des résultats concrets pour les travailleurs". Où est-elle la fameuse unité syndicale au nom de laquelle on a imposé la méthode de lutte aux cheminots ?

Si les conflits sont nombreux (SNCF, Air France, NDDL...), la journée du 19 avril n’a pas débouché sur une « convergence des luttes ». La mobilisation a été moindre que le 22 mars. Ce n’était fait que pour faire semblant sans coordination des secteurs en lutte…
Depuis le début, les centrales syndicales font semblant de mener une lutte qu’en réalité elles ne voulaient pas mener mais ne voulaient surtout pas que les travailleurs la mènent sans elles !!!

« Le mécontentement des cheminots a peu à voir avec le mal-être profondément légitime à l’hôpital qui dure depuis des années... » assure Macron. En refusant d’unir les luttes, ce sont les syndicats qui lui permettent de parler ainsi !

24 avril 2018 : L’intersyndicale avait annoncé qu’elle ne voulait plus participer aux fausses négociations avec la ministre Borne mais elle veut bien de fausses négociations avec Philippe !!! « Le Premier ministre prend le dossier en main, c’est un élément positif pour nous à mettre au crédit du rapport de force », a déclaré mardi Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, s’exprimant au nom de l’intersyndicale, Nous participerons donc avec de fortes exigences le 7 mai aux réunions » prévues à Matignon. La réponse des syndicats au premier ministre dénote le plaventrisme !! Le réformisme exacerbé nous tuera !!! Et les syndicats se gardent de quitter la table de négociation tout en prétendant que la négociation est bidon, qu’ils sont trompés, etc.

25 avril 2018 : Édouard Philippe a annoncé que la reprise progressive de la dette par l’État « demandera un effort supplémentaire des contribuables ». Il va donc y avoir un impôt "dette SNCF" !!! Et pourquoi pas un impôt "dette des hôpitaux" puis "dette d’Areva-EDF-CEA et du nucléaire", puis "fermeture des centrales nucléaires", puis "dette de la RATP", etc... Tout cela pour cacher que c’est impôt du capitalisme en déroute, pour couvrir les destructions de la finance contre la société....

Premier mai : certains syndicats (mais pas l’intersyndicale) appellent à manifester et à préparer la convergence des luttes !!! En réalité, il n’y a aucune convergence qui sortira de la manifestation, traditionnelle et bien tranquille, des syndicats !!!
La convergence défendue en parole n’est pas l’objectif réel donné à ces conflits comme à ces journées. Comme le souligne Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, pourquoi converger si « le statut des cheminots n’est pas le statut de la fonction publique » et pour qui l’objectif est « (d’obliger) le gouvernement a ouvrir des négociations ». La « convergence des luttes » n’est rien d’autre que des mouvements corporatistes se battant au coude à coude et qui manifesteraient ensemble lors de journées d’action et se renforceraient mutuellement… dans leur corporatisme et leur isolement. En fait, tout en appelant à la convergence, chaque conflit est présenté avec ses buts propres, ses modes d’action propres, ses problèmes particuliers, ses revendications indépendantes. Rien, par conséquent, qui favorise une véritable unité de classe en vue de la confrontation de classe à venir, ni surtout aucune conscience de classe ni politique de classe.
Pourtant, tous ces conflits ont une cause commune : la volonté de casser les services publics, les droits sociaux, les aides sociales… Faire en sorte que les dépenses publiques soient de plus en plus exclusivement consacrées à aider le secteur privé et le grand capital. Lutter séparément, c’est donc le meilleur moyen d’être battus face à une offensive d’ensemble.

Mai 2018 : Les syndicalistes d’extrême gauche qui dirigent l’assemblée inter-gares affirment que :
« Aujourd’hui, à l’échelle des secteurs cheminots qui souhaitent faire reculer Macron mais également ne pas être dépossédés de leur mouvement par des décisions, prises entre quatre murs, par quatre secrétaires fédéraux, c’est notamment la question du rapport aux directions syndicales et la nécessité ou non de les interpeller pour les rappeler à leurs responsabilités. »
Et encore :
« Dès lors, puisqu’elle proclame, à l’instar des autres fédérations du Rail, son opposition à la réforme ferroviaire, il est légitime que les cheminots les plus mobilisés et auto-organisés, notamment au sein de l’Inter-gares, interpellent la direction cégétiste comme celle des autres fédérations : « si vous êtes réellement opposés à cette réforme, alors donnez-vous les moyens d’en obtenir le retrait. Pour cela, à minima, vous devez discuter sous le contrôle des grévistes et vos décisions doivent être validées en AG par les cheminots en lutte ». C’est en quelque sorte dans cette logique qu’a été adoptée la motion d’interpellation de l’Inter-gares réunie à Paris-Nord le 22 mai, en présence de délégations de régions. Elle réclame à l’Inter-fédérale « un nouveau plan de bataille pour donner un second souffle [au] mouvement » ainsi qu’un appel « ferme à la grève le 26 mai prochain pour la manifestation ‘marée populaire’ ». Poser la question de la perlée collectivement, pour décider d’un véritable plan de bataille, tout en refusant la segmentation du calendrier des mouvements actuels (la CGT Cheminots n’appelant pas, par exemple, à la grève le 22 mai), voilà le seul chemin qui pourrait donner aux cheminots les outils pour faire plier Macron, ou en tout en cas en poser les bases. »
Interpeler les dirigeants syndicaux sans leur proposer un véritable programme de lutte, ce n’est absolument pas une démarche de front unique telle que la concevaient les révolutionnaires. Affirmer qu’on leur demande de prendre leur responsabilité, c’est les reconnaître comme la direction des luttes, ce qui est le contraire de l’auto-organisation dont ces militants prétendent se réclamer.
Se refuser à faire élire des délégués dans les assemblées des gares en vue de les réunir dans une coordination inter-gares, c’est ce refuser à faire autre chose qu’accompagner, certes sur la gauche, avec un petit air critique, les appareils bureaucratiques des syndicats. C’est tout à fait la démarche inverse de celle qui consiste à appeler les cheminots les plus radicaux à s’organiser pour prendre la direction de la lutte ou même seulement pour tenter de la contester aux appareils. C’est amener ces éléments radicaux dans une impasse qui n’est absolument pas une perspective d’avenir.
Certes, l’assemblée inter-gares organise quelques actions un tout petit peu plus radicales que les appareils mais ils se gardent de donner publiquement la possibilité aux cheminots de s’auto-organiser sans les appareils syndicaux.

9 mai 2018 : Tous les syndicats ont été négocier avec le premier ministre qui avait annoncé à l’avance qu’il ne négocierait rien...
Ils sortent avec des petites phrases nulles, de SUD qui réclame "la réouverture du dossier", à la CFDT qui "veut entendre les propositions du gouvernement", ou l’UNSA qui déclare : "Nous sortons de cette réunion avec une certain nombre d’engagements en terme de discussion".
En fait, ils sortent avec... rien ! Leur méthode de lutte n’a rien donné et donc... ils la continuent !

10 mai 2018 : La CGT avait menacé d’une "journée sans cheminots", en fait une nouvelle journée d’action simplement... C’est elle-même qui déclare que "Le projet syndical de journée sans cheminots ce lundi est maintenu, mais nous savons très bien qu’elle ne sera pas sans cheminots", comme l’a reconnu M. Brun, de la CGT cheminots. En somme, il renonce à son projet avant qu’il soit en route !! Ils prétendaient arrêter tous les trains et annoncent d’avance qu’ils maintiennent la journée sans qu’elle soit "sans cheminots" ! Beau moyen de faire reculer des adversaires !

Comment rester unis face au gouvernement ? Les syndicats se sont posé la question et leur réponse a été... de faire un vote des cheminots !!! L’intersyndicale de la SNCF a en effet décidé de lancer la semaine prochaine une consultation pour demander aux cheminots s’ils sont "pour ou contre" la réforme ferroviaire. Mais ils ne les consultent pas du tout pour savoir s’ils sont pour s’organiser par eux-mêmes en élisant des comités de grève qui se fédèrent ensuite en assemblée centrale et qui se relient aux autres salariés par des assemblées interpro !!! Ils ne les consultent même pas pour savoir s’ils veulent la grève reconductible plutôt que ce mode d’action bidon du deux jours sur cinq !!!

12 mai 2018 : L’unité syndicale, disent les syndicalistes, pour justifier des stratégies folles du type grève perlée, mais on voit tout autre chose ! Le gouvernement s’entend avec certains syndicats !
La ministre des Transports Elisabeth Borne compte poursuivre le dialogue avec l’Unsa et la CFDT, "qui souhaitent être forces de proposition" pour compléter sa réforme du secteur ferroviaire, avant l’examen du texte au Sénat fin mai.
"Evidemment, le gouvernement ne reviendra pas sur les principes de la réforme qui ont été votés par l’Assemblée nationale" - l’ouverture à la concurrence, la fin du recrutement au statut de cheminot et la transformation de la SNCF —, prévient-elle d’emblée dans un entretien à l’AFP.
"Mais il reste un certain nombre de champs à compléter ou à préciser sur le texte de loi lui-même, et puis la négociation doit s’intensifier au sein de l’entreprise (SNCF) et de la branche du ferroviaire. (...) Par ailleurs, on doit aussi travailler sur la trajectoire financière du secteur", note-t-elle
"On a ces sujets majeurs sur lesquels il est important d’échanger avec les organisations syndicales qui le veulent, d’ici à la discussion au Sénat" qui commencera en commission le 23 mai, relève la ministre.
"Le dialogue social a véritablement commencé cette semaine", estime Luc Bérille de L’UNSA !!

14 mai 2018 : Seulement un train sur deux circulent sur les portions du RER A et B gérées par la RATP, en raison d’une grève des conducteurs lancée par quatre syndicats, indépendante de la grève à la SNCF.
Les perturbations sur les RER A et B n’ont « strictement rien à voir » avec le conflit à la SNCF, même si les deux grèves coïncident lundi, tient à préciser Michel Leben (CGT-RATP).
Surtout qu’on ne s’imagine pas qu’il y aurait un mouvement commun SNCF-RATP !!!
Des lignes de bus sont aussi en grève. Là encore, les syndicats précisent que cela n’a rien à voir.
Chacun dans sa corporation, les convergences, c’est seulement en paroles ou pour quelques journées d’action !!!

15 mai 2018 : Le secrétaire fédéral de SUD-Rail, Bruno Poncet, a déclaré sur LCI :
« Il faut expliquer aux collègues qu’on n’est pas contre la réforme par principe. Aujourd’hui, la direction nous fait passer pour des radicaux alors que ce n’est pas le cas. »
« On a rencontré un Premier ministre très déterminé sur ses axes mais, derrière ça, prêt à ouvrir des discussions sur des sujets qui nous semblent importants comme celui du nouveau cadre social des nouveaux cheminots, comme celui de la dette, de la pérennisation du financement des infrastructures ferroviaires », a ajouté Didier Aubert de la CFDT.
« On travaille à sortir proprement du conflit » a déclaré Roger Dillenseger de l’UNSA cheminots.

22 mai 2018 : les fonctionnaires sont appelés à faire grève et à manifester tous ensemble, mais ils restent mobilisés séparément. Ainsi, cela n’a rien à voir avec la grève de la SNCF, ni avec celle de la RATP, ni avec celle des EPHAD ou des postes et on en passe... Et ce n’est qu’une journée d’action, pas une grève !!!
Les fonctionnaires se battent contre la suppression du statut de fonctionnaire et les cheminots contre la suppression du statut de cheminot et les syndicats nous expliquent que ce n’est pas la même lutte !!!

14 juin : La « réforme » de la SNCF a été adoptée par le Parlement, sénat comme assemblée nationale, exactement sous la forme que voulait le gouvernement. L’intersyndicale n’a pas encore décidé si elle va poursuivre l’action « deux jours sur cinq » pendant l’été… Les syndicats appellent les cheminots à « une convergence des lutte dans une nouvelle journée d’action aux côtés des étudiants, de chômeurs et des retraités ». Pas aux côtés d’Air France, des hôpitaux, des ADP, d’Engie, etc. !!!! Toujours les mêmes méthodes et fausses perspectives…

15 juin : Belle unité syndicale de façade !!! Finalement, à l’issue d’une réunion intersyndicale plutôt mouvementée qui s’est tenue mercredi, les quatre organisations représentatives de la SNCF (CGT, Unsa, Sud Rail et CFDT) appellent à la grève la semaine prochaine : dimanche 17 et lundi 18 juin, puis vendredi 22 et samedi 23 juin. La réunion s’est déroulée de manière particulièrement houleuse compte tenu de l’opposition croissante entre l’Unsa et la CFDT, alors que le gouvernement comme la SNCF placent tous leurs espoirs dans ces deux centrales pour appeler à la fin de la grève. « Le grand écart de la CFDT me semble physiquement et intellectuellement difficile à tenir », estime pour sa part le secrétaire fédéral de SUD, Erik Meyer. Libération a tenté, sans succès, d’entrer en contact avec Didier Aubert, le responsable de la CFDT Cheminots. Signe de la tension qui s’est désormais installée chez les cheminots, les organisations représentatives ont tenu deux réunions intersyndicales (la première s’est faite sans SUD Rail) pour décider de la suite à donner à leur action. Anasse Kazib, militant SUD Rail, y voit « une volonté de briser l’unité syndicale. Ils se sont vus une première fois à 14 heures à trois, et à 15 heures, ils ont fait une autre réunion avec SUD ». En début d’après-midi une centaine de cheminots ont tenté de perturber l’intersyndicale, les CRS sont intervenus et ont dispersé les manifestants avec du gaz lacrymogène.

Des CRS qui protègent l’intersyndicale contre les cheminots, curieux non ?!!!

16 juin : Laurent Brun, de la CGT Cheminots, a annoncé vendredi que la grève à la SNCF allait "se poursuivre" en juillet, au delà du calendrier de l’intersyndicale, qui avait fixé le dernier jour du mouvement au 28 juin. "Il n’est pas question de s’arrêter au calendrier". "Nous allons poursuivre au mois de juillet", a-t-il affirmé sur franceinfo le jour d’une importante réunion tripartite (gouvernement, patronat, syndicats) pour mettre au point la nouvelle convention collective du ferroviaire.
"Pour combien de temps ? On verra. Comment ? On verra. Il n’est pas question de s’arrêter au calendrier, puisque le gouvernement souhaite passer en force", a ajouté le responsable de la première organisation syndicale à la SNCF, au lendemain de l’adoption de la réforme ferroviaire au Parlement. "La grève, après 30 jours de grève, ça pèse très lourdement sur les familles. Donc nous avons un débat sur la manière de continuer la lutte tout en essayant de préserver les familles sur le coût de la grève", a-t-il ajouté.
En fait, pas question de laisser un secteur radical des cheminots organiser une véritable grève !!!
La CGT a cassé la possibilité d’un vrai mouvement cheminot ! Et, là, elle s’en moque de l’unité syndicale !!!

Pour conclure :

Il convient de remarquer que depuis 2007-2008, les conflits syndicaux ne mènent qu’à des défaites. Ce grand tournant en la matière correspond, et pas seulement en France, à un moment charnière pour les classes possédantes puisque c’est l’époque de la chute historique du système mondial.

Avant 2007, par exemple en France, plusieurs mouvements prolétariens ont été menés avec un succès au moins partiel par les travailleurs et les jeunes comme en 1982 contre le blocage des salaires, en 1986 contre la loi Devaquet, en 1993 contre le CIP, en 1995 la lutte commune des cheminots et du secteur public, en 2006 la lutte contre le CPE.

Après 2008, tous les mouvements syndicaux, absolument tous, mènent à des défaites complètes comme en 2010 sur les retraites, en 2013 contre le CICE, en 2014 pour les cheminots, en 2015 pour Radio France et l’Hôpital public, en 2016 sur le Code du travail contre la loi El Khomri, et maintenant en mars-avril 2018 pour les fonctionnaires, les cheminots et bien d’autres catégories.

Entre les deux, les syndicats n’ont pas changé de nature ; c’est la situation de la lutte des classes qui a changé. La crise historique du capitalisme est passée par là et elle ne laisse plus place au réformisme. Depuis la crise systémique, les classes possédantes aiguisent les couteaux. C’en est fini de la collaboration de classe, il faut casser le moral de la classe ouvrière pour préparer le rapport de forces nécessaire quand le système s’effondrera. Pour cela, il faut détruire toute conscience de classe, toute organisation de classe, toute lutte de classe. Les luttes sociales ne sont plus dès lors des occasions de pactiser avec les syndicats mais de leur faire mordre la poussière.

Et ce n’est pas propre à la France. L’Europe a connu des journées d’action massives depuis 2008 mais sans succès, que ce soit en Angleterre, en Espagne, en Grèce, etc. La plus grande grève générale de l’Inde n’a rien donné. La méthode des journées d’action a été utilisée par les directions syndicales et, partout dans le monde, elle n’a mené qu’à des échecs. En Guinée, c’est en 2007 que le mouvement ouvrier s’est retrouvé avec une véritable occasion révolutionnaire, face à un pouvoir faible et a été complètement trahi par la direction syndicale qui s’est fait le rempart de ce pouvoir pourri.

Nulle part au monde, un syndicat ne s’est réellement lancé dans la grève reconductible interprofessionnelle. et ce n’est pas seulement parce que c’est une méthode d’action qui nécessite une volonté déterminée d’une grande masse de travailleurs, mais parce qu’une telle confrontation mène nécessairement à la révolution sociale, ce que les appareils syndicaux ne veulent absolument pas, nulle part au monde, ayant compris que leur rôle consiste au contraire à désamorcer de tels mouvements, comme l’a fait le syndicat Solidarnosc en Pologne ou les syndicats français en 1936 en France, quitte à favoriser ainsi l’extrême droite, par retour de balancier, une fois la classe ouvrière désarmée ! Les syndicats égyptiens ont même détourné une révolution, laissant ainsi le mouvement révolutionnaire aux mains de la petite bourgeoisie et laissant les classes dirigeantes reprendre ensuite l’offensive contre-révolutionnaire. Il en a été de même en Tunisie. Les syndicats algériens ont fait de même lors des débuts de la vague des printemps arabes.

Si les syndicats n’ont pas attendu 2007-2008 et la crise historique du capitalisme pour être capables de trahir les mobilisations ouvrières, quelque chose a par contre fondamentalement changé depuis cet effondrement du capitalisme de 2007.

Ce qui a changé en 2007, c’est le fait que le ressort qui fonde le dynamisme du capitalisme a cassé et que personne ne le réparera. Ce ressort, c’est l’investissement privé productif. On est passé à un stade où le niveau des dettes privées et publiques est tel qu’il est beaucoup plus rentable de spéculer sur elles, par des titres de la dette, subprimes ou autres, que d’investir dans la production, et donc que produire de la plus-value. Toujours à la recherche aveugle du plus grand profit possible, le grand capital privé a donc pris dans les années 2000 un rôle plus destructeur que constructeur, et il démolit par ses spéculations le monde capitaliste lui-même. Les Etats et institutions financières centrales ont beau utiliser tous les fonds disponibles, et bien au-delà même, des sommes colossales dont ils ne disposeront jamais, qu’ils ne rembourseront jamais, qu’ils ne peuvent faire payer à personne, ils n’ont pas pu changer cette orientation nouvelle. Ils n’ont pu que retarder l’échéance où cette tendance irrépressible du capital tuera le système lui-même.

En tout cas, une conséquence claire de cette situation, c’est que le système capitaliste est au bord du gouffre. Et si personne ne sait quel petit souffle, quel accident financier secondaire, suffira à le faire basculer dans l’abîme, les classes dirigeantes n’ont fais, depuis cet effondrement, que se préparer au prochain, se préparer politiquement et socialement puisqu’il n’existe aucune solution économique. Cette préparation consiste à casser le moral, la boussole sociale et politique et l’organisation de son seul adversaire dangereux : le prolétariat. Cela nécessite de détruire tout sentiment de victoire, tout risque que les travailleurs prennent conscience de leur force. Il est devenu indispensable de casser le moral des travailleurs, au niveau individuel comme collectif. La vague de suicides en témoigne. En témoigne aussi la volonté des gouvernants de provoquer les travailleurs, de leur balancer des propos venimeux et insultants, de proclamer que les gouvernants peuvent désormais se passer des syndicats, etc.

Les appareils syndicaux, loin d’aider les travailleurs à prendre conscience de la situation nouvelle depuis 2007, n’ont fait que prétendre qu’il n’y avait rien de changé, que le monde était toujours le même et qu’on aurait simplement affaire a des gouvernements mauvais, anti-ouvriers, qui essaieraient de voler toujours plus les travailleurs. Les syndicats ont fait partie de ceux qui prétendaient qu’on allait vers une sortie de crise et que c’étaient seulement des patrons avides et des gouvernements corrompus qui empêchaient les travailleurs de profiter de la reprise économique.

Balivernes ! Ces mêmes syndicats nous démontrent, par l’inefficacité des luttes qu’ils mènent, que la situation a changé, que le temps du réformisme est dépassé et qu’on est entré dans une autre ère, celle des révolutions et des contre-révolutions. Et les guerres, les dictatures, les fascismes font partie du programme de ces contre-révolutions. Seule la révolution sociale peut y faire face, mais jamais les dirigeants syndicaux ne peuvent admettre une telle perspective parce qu’elle contredit tout ce pourquoi ils se sont activés, servir d’intermédiaires pacificateurs entre prolétaires et capitalistes. Ils préfèrent donc désarmer socialement et politiquement les travailleurs plutôt que de voir se dérouler un affrontement de classe entre eux. C’est comme cela que les luttes qu’ils prétendent diriger ne sont rien d’autre que le moyen de désarmer les travailleurs, de dévoyer la véritable lutte de classe et de diminuer la pression sociale des travailleurs en colère. Cette trahison n’empêchera rien, ni la contre-révolution, ni la révolution, mais elle nuit au camp des travailleurs sans nullement calmer le camp des exploiteurs.

La réalité de la dette de la SNCF

La lutte des cheminots à un tournant ?

Après ? On lutte séparément, cheminots seuls, énergie seuls, hospitaliers seuls, postiers seuls, Carrefour seuls, Air France seuls, ou tous ensemble ?

Les cheminots en grève défendent les intérêts des usagers et ceux de tous les travailleurs

Mais les cheminots doivent-ils défendre seuls le Rail public, l’ensemble du service public et toute la classe ouvrière ?

Comment les cheminots peuvent gagner...

Que se passe-t-il à la SNCF ? Quelle perspective de lutte pour les cheminots ?

Lutter, oui, mais dans quelle perspective et avec quelle organisation ?

Pour ne pas se battre désorganisés et les yeux bandés

C’est toute la société qui dérape et c’est toute la classe ouvrière qui peut faire face

Les fonctionnaires avec les cheminots

Tout le service public est attaqué !

Comment reconstruire l’unité de la classe ouvrière ? En menant la lutte des classes vers la révolution sociale !

Comment lutter pour… gagner ?

Pour ne pas se battre désorganisés et les yeux bandés, il faut aux salariés un collectif de coordination et d’initiative interprofessionnel

La boussole dont la classe ouvrière a besoin

Pour de nouvelles assemblées générales interprofessionnelles préparant un mouvement d’ensemble

Dans le monde…

USA, 1877

USA, 1894

Angleterre, 1919

Canada, 1919

Allemagne, 1922

Roumanie, 1933

Cameroun, 1945

Sénégal, 1947

Cameroun, 1947

Hongrie, 2009

Belgique, 2010

Algérie, 2010

Gabon, 2013

Angleterre, 2017

Messages

  • A la SNCF, ce n’est pas 1995 qui a mar­qué l’apparition (ou le retour) à des pra­tiques d’auto-organisation de la lutte. Neuf ans plus tôt, les trois semaines de grève de décembre 1986-janvier 1987 avaient per­mis d’imposer une rup­ture nette avec un sys­tème où la grève était deve­nue depuis long­temps l’affaire des syn­di­cats, voire même des seules fédé­ra­tions syn­di­cales dès lors qu’on par­lait de mou­ve­ment national.

    La grève de 1986/1987 se situe dans une période de forte ten­sion sociale : mou­ve­ment lycéen et étudiant contre la loi Deva­quet, assas­si­nat de Malik Ous­se­kine par la police, grève des agents com­mer­ciaux de la SNCF puis grève des agents de conduite, qui se trans­forment rapi­de­ment en grève inter-catégorielle sur l’ensemble de l’entreprise. De sa pré­pa­ra­tion à sa conclu­sion, ce mou­ve­ment est placé sous la res­pon­sa­bi­lité des assem­blées géné­rales de gré­vistes ; c’est un acquis impor­tant qui se retrou­vera « natu­rel­le­ment » lors du démar­rage de la grève 1995, avec une dif­fé­rence de taille : en 1986, si les col­lec­tifs CFDT-cheminots sont sou­vent à l’initiative du mou­ve­ment, les mili­tants et mili­tantes CGT com­battent la grève dans ses pre­miers jours puis s’y insèrent de manière fort mal­adroite vis-à-vis des assem­blées géné­rales ; en 1995, du côté de la CGT la leçon a été retenue.

    Cette pra­tique des assem­blées géné­rales est bien sûr essen­tielle. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est une A.G. de gré­vistes. Ce n’est pas une réunion d’information orga­ni­sée par les syn­di­cats, c’est bien un moment où cha­cun et cha­cune doit pou­voir se sen­tir suf­fi­sam­ment à l’aise pour par­ler, pour pro­po­ser, pour cri­ti­quer, pour déci­der. En 86/87 comme en 95, la quasi-totalité des A.G. au sein de la SNCF se font sur la base du col­lec­tif de tra­vail : le dépôt, l’atelier, la gare, le chan­tier de ventes ou de manœuvre lorsqu’il s’agit de gros établis­se­ments. C’est à cette échelle qu’on a réel­le­ment des A.G. Il ne s’agit pas de « mee­tings » où les porte-paroles des syn­di­cats, fussent-ils des repré­sen­tants ou repré­sen­tantes locaux, donnent les nou­velles, appellent à recon­duire le mou­ve­ment ou à l’arrêter, avant que la démo­cra­tie se limite à lever la main pour approu­ver ce qui vient d’être dit.

    C’est cette pra­tique de véri­tables assem­blées géné­rales où chaque gré­viste peut aisé­ment trou­ver sa place qui per­met une appro­pria­tion de la grève par les gré­vistes ; d’où les mul­tiples ini­tia­tives auto­gé­rées, par­fois for­ma­li­sées sous forme de « com­mis­sions » : pour la revue de presse quo­ti­dienne, pour les repas, pour les pro­po­si­tions d’actions, pour les liens avec les autres A.G., etc. C’est de là que se feront « natu­rel­le­ment » les occu­pa­tions de locaux durant le temps de la grève : il s’agit alors de se réap­pro­prier col­lec­ti­ve­ment les lieux de la grève, qui sont aussi ceux qui cor­res­pondent au champ de l’A.G., au cadre connu car fré­quenté quo­ti­dien­ne­ment depuis des années. C’est ainsi qu’en novembre-décembre 1995, à la SNCF, beau­coup de direc­tions locales ont été, soit expul­sées, soit mises de côté, durant tout le mou­ve­ment ; des endroits stra­té­giques (com­mande du per­son­nel rou­lant, postes d’aiguillage, gui­chets, etc.) ont été occu­pés dès les pre­miers jours de la grève. Tout ça s’organise à par­tir du col­lec­tif de tra­vail, devenu col­lec­tif de grève ! Ca me parait impor­tant d’insister sur ce point : depuis 1986 et 1995, il n’est plus ques­tion pour les orga­ni­sa­tions syn­di­cales appe­lant à la grève de com­battre, du moins ouver­te­ment, l’existence des Assem­blées Géné­rales ; mais trop sou­vent elles se trans­forment en cari­ca­ture d’A.G. de gré­vistes, d’A.G. de tra­vailleurs et de tra­vailleuses déci­dant et coor­don­nant leur lutte.

    Quelle que soit l’organisation poli­tique à laquelle ils et elles se réfèrent, celles et ceux qui consi­dèrent que la classe ouvrière n’est pas en capa­cité de défi­nir et mener poli­tique et luttes auto­nomes, ne sup­portent pas les vraies A.G., repré­sen­ta­tives, démo­cra­tiques, déci­sion­nelles. A contra­rio, l’animation auto­ges­tion­naire des luttes consiste à orga­ni­ser cette démo­cra­tie ouvrière, à la défendre : la pra­tique de l’Assemblée Géné­rale quo­ti­dienne en est une des bases. Elle ne résout pas tout, d’autres points méritent une atten­tion par­ti­cu­lière, notam­ment la coor­di­na­tion du mou­ve­ment à l’échelle natio­nale, les liens inter­pro­fes­sion­nels loca­le­ment, etc.

    Une des nou­veau­tés de 95 est la géné­ra­li­sa­tion des liens directs entre salarié-es de sec­teurs dif­fé­rents : piquets de grève com­muns, délé­ga­tions réci­proques dans les A.G., départs com­muns pour les mani­fes­ta­tions, étaient deve­nus pra­tiques cou­rantes entre cheminot-es, postier-es, enseignant-es, étudiant-es…

    Je ne sais pas si on peut par­ler d’auto-organisation à ce pro­pos, mais la réus­site de 1995 chez les che­mi­nots et les che­mi­notes, le rejet mas­sif du recul de l’âge de la retraite, se sont aussi appuyés sur le fait que nous avions su faire vivre une tra­di­tion ins­crite dans la culture ouvrière che­mi­note : celle du rejet des col­lègues ne par­tant pas à l’âge « nor­mal » de départ en retraite (50 ans pour les agents de conduite, 55 ans pour les autres). Cette res­pon­sa­bi­li­sa­tion indi­vi­duelle dans la défense des acquis et la lutte contre le chô­mage des jeunes a été un élément déter­mi­nant d’une défense collective.

  • La SNCF sans cheminots ? Le rêve de la direction !!!!

    L’automatisation des trains, prévue dès 2021, concernera aussi le fret.

    Un TGV lancé à 320 km/h conduit par un robot… C’est le scénario que la SNCF compte écrire et réaliser dans les cinq à six ans à venir.

  • Les grands stratèges ont encore changé : cette fois, personne ne fait plus la grève en même temps !!! C’est la grève tournante !!!

    La CGT appelle les cheminots de la SNCF à se mettre en grève à partir du lundi 26 juin 2017 pour une mobilisation tournante à travers la France. Selon la compagnie, elle ne devrait pas perturber le trafic sur son réseau grandes lignes mais pourrait avoir un impact localement sur les trajets des TER.

    La CGT cheminots a déposé un préavis de grève "tournante" pour cette semaine, en vue de défendre le statut de la profession, et en particulier la caisse de prévoyance du rail qui serait menacée selon l’organisation syndicale.

    En Provence Alpes Côte d’Azur la grève est prévue pour mardi, avec un rassemblement à 11h devant la direction régionale à Marseille pour remettre des pétitions "en masse" sur ce sujet. Si la SNCF n’a pour l’heure pas encore émis de prévisions, peu de perturbations sont a priori attendues sur le réseau provençal.

  • Rappelons la grève des cheminots en France en 2001 :

    Treize jours après l’appel de tous les syndicats de la SNCF à une journée d’action le 29 mars, la grève tenait ferme encore dans une dizaine de dépôts et la direction n’était pas parvenue à rétablir un trafic normal. Le PDG de l’entreprise ferroviaire, Louis Gallois, avait pourtant bénéficié de l’intervention appuyée du ministre PCF des transports Jean Claude Gayssot, de celle du leader de la CGT Bernard Thibault, sans compter celui de la fédération des cheminots Didier Le Reste, lesquels tous en choeur, avaient appelé à la reprise et crié haro sur les grévistes, fustigeant leur prétendu corporatisme et leur irresponsabilité.
    Ces pelés, ces galeux de grévistes, il est vrai essentiellement des roulants, qu’ont-ils donc fait de répréhensible ? Ils se sont contentés de poursuivre la grève au-delà de la journée d’action, sur la base même des mots d’ordres syndicaux, c’est-à-dire sur des revendications générales à tous les cheminots.

    Face à l’augmentation du trafic, fret et voyageurs, depuis quelques années maintenant, la SNCF a refusé d’embaucher en conséquence pour absorber la charge de travail supplé mentaire. La mise en oeuvre des 35 heures s’est également faite sans embauches correspondantes. Cela aboutit à une situation folle où la direction ne peut accorder ni les repos dus aux 35 heures, ni même les repos périodiques et les congés annuels de l’année 2000 ! Pour assurer malgré tout des congés, elle ferme des gares, elle supprime des trains... Par ailleurs, le gel des salaires, appliqué depuis des années, a été scellé avec les organisations syndicales signataires (CGT, CFDT) par l’accord 35 heures en 1999.

    C’est cette situation faite aux cheminots qui est à l’origine de leur colère. A cela s’ajoute le projet de gestion par activité (" Cap clients "), qui demeure flou pour nombre d’entre eux, mais provoque la crainte d’éventuelles privatisations. En tout cas ce projet a pour objectif de diviser les cheminots et de tenter d’augmenter encore leur charge de travail.
    Dans ce contexte, la journée d’action du 29 mars a connu un certain succès. Des centres ont reconduit la grève le lendemain. Le gouvernement et la SNCF inquiets des suites possibles, ont avancé les négociations du 9 au 5 avril.

    La CGT et la CFDT, organisations majoritaires à la SNCF, ont adopté une attitude " responsable ", demandant d’attendre le résultat des négociations du 5 avril, sans pour autant appeler à la grève, laissant ainsi l’initiative de l’action aux minoritaires. Mais à la base, les militants de la CGT, pas à l’aise face au mécontentement ambiant, ont souvent suivi le mouvement, d’autant que la politique de collaboration de leur fédération pour la mise en place des 35 heures leur vaut encore des rancoeurs.

    Il eut été étonnant dans ces conditions que la direction lors de la négociation du 5 avril ne lâche autre chose que des miettes : 0,7 % en plus sur les salaires pour compenser la hausse annuelle des prix et des sommes ridicules sur quelques primes, et la " suspension " jusqu’à de nouvelles négociations avec les syndicats du projet " Cap clients ". C’était cependant suffisant pour la CGT et la CFDT pour se prononcer pour la reprise d’une grève... à laquelle elles n’avaient pas appelé.

    SUD, la FGAAC et FO se sont prononcés pour la continuation de la grève. Mais sans vraiment chercher concrètement à l’étendre là où elle n’était pas effective, c’est-à-dire aux catégories des sédentaires. C’était là pour eux une façon de se donner une image radicale à bon compte. Reste que ni SUD, ni la FGAAC, ni FO ne souhaitaient vraiment entraîner les deux autres syndicats à leurs côtés, leur préoccupation principale étant de marquer des points par rapport à eux, et de faire la preuve de leur " représentativité " auprès de la direction à qui ils reprochent de collaborer pour l’essentiel avec les dirigeants de la CGT et de la CFDT. Quant à la FGAAC, syndicat catégoriel par définition, ce fut pour elle l’occasion de tenter de dévoyer le mouvement sur des revendications purement corporatistes en réclamant une augmentation de 5 % à 10 % pour les seuls conducteurs.

    Si ces syndicats, minoritaires aux élections chez les cheminots, ont partiellement réussi à atteindre leurs objectifs, force est de reconnaître que c’est grâce à la politique des dirigeants CGT et accessoirement CFDT. Les deux fédérations majoritaires n’ont même pas appelé à une journée d’action pour le 5 avril : elles avaient précisé qu’elles se contentaient de déposer un préavis pour permettre à ceux qui le souhaitaient de débrayer ce jour-là. Et pire, elles ont au lendemain incité les grévistes à la reprise, plus ou moins ouvertement, avec plus ou moins d’insistance, en fonction du rapport de force local. C’est ainsi par exemple qu’on a pu voir samedi 7 avril la CGT de Marseille, jusque-là encore dans la grève bien que s’étant prononcé pour son arrêt, se retirer du mouvement alors que 95 % des conducteurs du dépôt votent en assemblée générale pour la continuation.

  • Dans 75 gares de l’Ile de France, depuis début novembre, des salariés chargés du nettoyage sont en grève pour demander notamment l’application de la convention collective du secteur et la revalorisation de primes.

    Des interventions ont été faites dans les « gares les plus critiques » par du personnel non gréviste, a affirmé la porte-parole de la SNCF qui fait appel aux jaunes en prenant le risque d’affrontements violents avec les grévistes !!!

  • La lutte séparée, des nettoyeurs de la SNCF, certains révolutionnaires disent que ça paie !!!
    Pourquoi se battre tous ensemble quand, comme.le dit l article qui suit, on peut repousser boîte par boîte la politique de Macron :

    "Leur combat est exemplaire, d’ abord et avant tout car il fait la démonstration de la possibilité d’empêcher par la lutte l’application concrète, boîte par boîte, des attaques permises par la réforme du code du travail. "

    Lire ici

  • Cet article du journal révolution permanente (NPA) à propos de la grève des salariés de l’entreprise de nettoyage Onet à la SNCF est représentatif de la politique d’une partie de l’extrême gauche dans les luttes de la classe ouvrière cad des méthodes de luttes syndicales faussement auto-organisés (AG mais pas de comité de grève), faussement convergentes (manifs commune avec d’autres secteurs en lutte mais pas d’AG communes avec ces dernières) et faussement "anticapitaliste" avec une perspective réformiste puisque n’est nullement défendu comme perspective sociale le renversement du capital et son expropriation mais la la lutte contre la sous traitance et l’embauche de tous les précaire par les donneurs d’ordre comme réponse à des "conditions de travail semi esclavagiste".

    Voir aussi la déclaration de sud rail publiée sur le site de révolution permanente : Lire ici

  • Belle politique de casse des luttes, y compris par la direction de la CGT !!!

    Et ça date de longtemps.

    Ainsi, Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP et peu porté à soutenir le syndicalisme à plus forte raison le syndicalisme de gauche, avait même félicité le dirigeant de la CGT pour l’aide apportée au gouvernement durant les grèves de 2007 à la SNCF : « ce que fait Bernard Thibault, c’est courageux, c’est réaliste » (dépêche AFP, jeudi 15 novembre 2007, 08h49).

  • La CGT fait semblant de donner, un peu, satisfaction à tous ceux qui trouvent qu’il fallait un « tous ensemble » mais, attention, cela ne durera qu’une seule journée ! En effet, Philippe Martinez, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne s’agira que d’une « journée nationale de mobilisation interprofessionnelle » le jeudi 19 avril. Et c’est la maximum de qu’il compte faire « dans la recherche de convergence des luttes ». Une expression très marquée « extrême gauche » et plutôt boudée, jusqu’ici, par la CGT.

    Pourquoi la CGT refuse d’unir gaziers, électriciens, traminots, ratp, cheminots, hospitaliers, enseignants, éboueurs, etc… Elle ne s’en explique pas.

    Et les autres dirigeants syndicaux sont sur la même longueur d’ondes.

    La « convergence des luttes […], cela ne s’improvise pas, a réagi lundi le numéro 1 de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, auprès de l’AFP. Ce n’est pas parce que vous avez plusieurs points de conflit qu’obligatoirement cela coagule. » Même prudence pour Baptiste Giraud, maître de conférence en sciences politiques à l’université Aix-Marseille : « Mai 68 peut inspirer symboliquement des franges de militants, mais ce n’est pas ça qui va faire converger les luttes. A l’époque, le privé, et notamment l’industrie, était fortement syndiqué. Aujourd’hui, le monde du travail n’a plus rien à voir : seuls les secteurs public et parapublic bénéficient d’un fort ancrage syndical. Pour cette raison, la mobilisation générale du monde du travail est hautement improbable. »

  • La SNCF supprime des trains même les jours sans grève !!!!!

    Cela lui permet d’employer des non grévistes les jours de grève !!!

  • On nous dit que la côte de popularité des cheminots grévistes n’est que de 46% mais Macron n’est populaire qu’à…. 45% !!!

  • La grève "perlée" des cheminots continue et les syndicats continuent de négocier avec le premier ministre...

    Rien ne marche mais tout continue !

    Les syndicats se déclarent prêts à aller jusqu’au bout mais au bout de quoi ? Pas de la peur des classes possédantes qui, dans ce mouvement, n’ont pas grand chose à craindre...

  • Si les syndicats démontrent ainsi qu’ils "ont été jusqu’au bout", le pouvoir en fait autant, les classes possédantes démontrent grâce à eux que les travailleurs sont impuissants CQFD !!! Mais c’est mensonger car la force des travailleurs, la vraie, n’est pas mise en oeuvre.

  • Le but des classes dirigeantes n’est pas nécessairement de casser les syndicats. Ils les laissent faire leur démonstration comme quoi ils auraient « été jusqu’au bout », jusqu’à user les grévistes et les usagers, mais ils visent à démoraliser, à casser la confiance des travailleurs dans leurs propres forces, dans leur capacité à faire reculer et même à battre la classe possédante. C’est pour cela que les syndicats ne feront rien qui puisse réellement frapper ces possédants. Et leur rôle consiste surtout à éviter que les travailleurs s’organisent par eux-mêmes dans cette lutte, se lient par delà les secteurs, les corporations, en cassant toutes les divisions.

  • Lundi matin, Julien 26 ans, cheminot au technicentre de Pantin et militant SUD rail s’est jeté sous un train en prenant son service. En plein conflit sur la réforme de la SNCF, ce drame, qui intervient un an après le suicide d’un autre cheminot, et de bien d’autres auparavant, repose la question du mal-être dans l’entreprise, de l’accroissement des pressions, de la charge de travail et un véritable harcèlement organisé par la direction de la SNCF.

  • La méthode soi-disant nouvelle des deux journées d’action par semaine ne donne rien et... les syndicats n’en changent surtout pas, disant aux plus radicaux que le mieux et de continuer ce qui n’a rien donné et ne donnera rien !!!

  • Bien entendu, maintenant que les syndicats ont mené séparément la lutte des cheminots, il n’aurait plus qu’à mener séparément la lutte des personnels hospitaliers contre la casse de l’hôpital public, et de même pour la privatisation de ADP, FDJ et Engie, pour la casse des aides sociales, pour la casse de l’Enseignement public, de l’Université publique, des moyens publics de communication et on en passe !!!

    Lutter séparément, c’est faire le jeu de l’ennemi de classe !!!

  • La méthode de la CGT à la SNCF ne marche pas, la grève deux jours sur cinq ne donne rien. Conclusion : la CGT propose de la prolonger !!!

  • La stratégie de l’intersyndicale n’a permis de faire reculer le gouvernement sur aucun des points : l’ouverture à la concurrence, le changement de gouvernance de la SNCF et la fin du statut des cheminots !!!

  • Les syndicats appellent les retraités à descendre dans la rue... SEULS !!!

    Ils appellent les ADP à lutter contre la privatisation... SEULS, sans même appeler les autres entreprises privatisées à lutter ensemble et en particulier sans s’unir aux cheminots et à l’hôpital public qui sont exactement dans le même cas !!!

  • La CGT ne lâche rien au sujet de la réforme de la SNCF. L’organisation syndicale compte organiser une nouvelle grève le 19 juillet, d’autres en août et « probablement » d’autres encore à la rentrée, a annoncé sur CNews, vendredi 6 juillet, Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots.

    Le mouvement de grève n’aura « pas de point final tant que nous n’avons pas les garanties que nous demandons depuis le début » de la part du gouvernement, a expliqué le leader syndical. Il a dénoncé « la responsabilité du gouvernement » qui reste « absolument intraitable », notamment sur la question du statut des cheminots.

    « Pour nous, la bataille est loin d’être terminée », a de son côté déclaré sur Radio Classique Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT. « Il y en a encore pour un petit moment si le gouvernement ne change pas son fusil d’épaule », a-t-il ajouté.

    Eh oui ! Ce n’est pas terminé de tromper les travailleurs !!!

    La "méthode toute nouvelle" de l’intersyndicale a porté ses fruits : il n’y a plus d’intersyndicale, les prétendus réformistes, alliés d’un moment, ont rejoint le gouvernement mais on nous vend encore la fameuse méthode de l’intersyndicale : les journées d’action que la CGT se vante de pouvoir poursuivre jusqu’à la fin des temps !!!

  • Les travailleurs ne peuvent rien attendre de la CGT et de Sud Rail, pas plus que des autres syndicats qui ne sont pas beaucoup plus "réformistes" c’est-à-dire traitres aux intérêts ouvriers.

    Ils ont laissé les cheminots lutter seuls contre une privatisation qui touche tout le service public.

    Ils ont isolé les cheminots des autres secteurs en lutte car ils craignent d’être débordés par la radicalisation des travailleurs.

    Ils ont renoncé à l’arme de la grève en faveur de la journée d’action à répétition.

    Ils ont accepté de négocier des reculs sociaux d’ampleurs alors que cela ne se négocie pas.

    Maintenant, dans la brèche qu’ils ont laissé s’ouvrir, le gouvernement attaque exactement de la même manière l’hôpital public, la poste, les communications, l’énergie, l’enseignement, la recherche, les personnels communaux et départementaux mais les mêmes syndicats vont continuer la même politique aussi catastrophique, soutenus en cela par tous les partis "de gauche", de la gauche de la gauche, de l’extrême gauche officielle...

    Aucune de ces organisations ne plaide en faveur d’assemblées générales interprofessionnelles, aucune ne défend les comités de grève élus en assemblée, se fédérant et dirigeant eux-mêmes la lutte à la place des bureaucraties syndicales.

    Aucune ne veut relier les attaques à l’état du capitalisme depuis 2007-2008.

    Aucune ne veut relier ces attaques à celles contre la démocratie et vers le fascisme, aux guerres, aux agressions contre les migrants, au terrorisme et à l’antiterrorisme violents, à la montée des dictatures et de l’extrême droite.

    Aucune ne nous prépare aux attaques et aux luttes à venir.

  • L’intergare lance un appel dont nous citons les extraits suivants :

    "Nous, cheminots et cheminotes de l’intergares, avons depuis le début affirmé notre volonté de lutter pour le retrait pur et simple du pacte ferroviaire. "

    Comme si l’on pouvait séparer la lutte contre la privatisation de la SNCF de celle de la privatisation de tout le secteur public et semi public !!!

    "nous n’avons pas attendu les ordres venues d’en haut pour agir ou réfléchir à notre mouvement"

    Et pourtant si ! Il n’y a pas eu d’AG avant que l’intersyndicale fasse sa première réunion et décide des journées d’action à répétition et il n’y a pas eu de consigne proposée et appliquée de ne pas suivre ce mot d’ordre !

    "nous avons proposé des dates de grève et mobilisation en plus de celles du calendrier"

    Ce n’est pas un changement de méthode ni de type d’action, ni de mobilisation plus large que les cheminots, ni de remise en cause des revendications

    "Nous tenons à affirmer que nous ne sommes pas contre les syndicats, bien au contraire, les syndicats restent pour nous un outil fondamental pour s’organiser face à la direction."

    c’est là le point fondamental : on confond "les syndicats" et quelques hauts bureaucrates et on affirme haut et fort ce point qui complètement faux et dangereux : le rôle des syndicats est de diriger les luttes grévistes !

    Alors que l’intergares dirigée par l’extrême gauche aurait dû affirmer haut et fort : les cheminots ont besoin de s’organiser eux-mêmes indépendamment des appareils syndicaux (même pas contre mais de manière totalement indépendante ce qui n’exclue nullement les militants syndicalistes), avec des comites de grèves élus, on répète ELUS, et révocables par les assemblées générales souveraines et ces dernières décident de tout, participent aux négociations, ne suivent pas les appareils !!!

  • Appel des cheminots de l’intergares

    *La bataille du rail n’est pas finie... préparons la deuxième mi-temps !*

    Après plus de 3 mois du conflit le plus long et le plus massif à la SNCF depuis 1995, Macron a mis en scène la signature du pacte ferroviaire devant les caméras. La direction de Pepy, quant à elle, a donné l’ordre de dénoncer l’ensemble des accords locaux dans chaque métier et établissement, ce qui n’est rien d’autre que le début de l’application concrète du pacte ferroviaire et une véritable attaque en règle à nos conditions de travail.

    Du côté des directions syndicales, celle qui n’ont pas officiellement abandonné la lutte contre le pacte ferroviaire, il n’y a eu visiblement aucune volonté réelle de poser la question sur la stratégie pour gagner aux cheminots de la base, syndiqués et non-syndiqués, qui ​se battent​ depuis des mois et qui ont montré un niveau de détermination exemplaire.

    Mais la colère et la contestation cheminote à cette destruction organisée du service public et de nos conditions de travail sont bel et bien encore là. Il est hors de question que l’on rentre chez nous, sans avoir obtenu satisfaction sur nos revendications, à savoir le retrait du pacte ferroviaire. Le fait que la loi soit votée ne change rien pour nous. Tant que la réforme ne sera pas appliquée de manière effective, on peut toujours se battre pour son abrogation et c’est bien ce qu’on compte faire ! D’autant plus que le gouvernement et la direction annoncent d’ores et déjà la couleur avec les attaques contre notre système de retraites dès la rentrée prochaine.

    Nous, cheminots et cheminotes de l’intergares, avons depuis le début affirmé notre volonté de lutter pour le retrait pur et simple du pacte ferroviaire. ​Force est de constater que les pseudo-négociations et concertations auxquelles ont participé l’ensemble des directions syndicales n’ont rien donné. ​Nous avions raison, ce pacte est ni amendable ni négociable​.​ La question était de savoir quelle stratégie fallait-il mettre en place pour paralyser l’économie​, entraîner d’autres secteurs de travailleurs dans la bataille​ et obtenir ainsi le rapport de forces nécessaire pour obliger le gouvernement à retirer sa réforme. Et c’est en ce sens que nous avons interpellé les directions syndicales​, sans pour autant obtenir de réponse,​ et que nous ​exigions d’être consultés.

    Cette rencontre intergares regroupe aujourd’hui quelques centaines de cheminots grévistes et a le mérite d’être ouverte à l’ensemble de cheminots, quelque soit leur appartenance syndicale. Notre bannière est et restera celle des cheminots en lutte ! Dans ces rencontres, tous les grévistes, syndiqués ou non-syndiqués, sont invités à prendre la parole et à être force de proposition. Les décisions sont prises de manière collective et démocratique, tous et toutes ensemble : un gréviste = une voix.

    Pendant ces trois derniers mois, nous n’avons pas attendu les ordres venues d’en haut pour agir ou réfléchir à notre mouvement. Nous avons cherché à prendre notre grève en main ! ​Nous avons localement participé et construit des Assemblées Générales inter-service, des comités de mobilisation, des comités de grève et organisé des piquets de grève. A partir de la rencontre intergares, nous avons proposé des dates de grève et mobilisation en plus de celles du calendrier, comme par exemple le 7 mai, jour des négociations avec le premier ministre, le 22 mai, jour de grève dans la fonction publique, ou encore le 5 juin, jour du vote de la régression sociale au Sénat. Nous avons organisé des tournées massives de l’intergares dans les principales gares parisiennes pour aller discuter avec nos collègues et amplifier la mobilisation. Nous avons soutenu nos collègues victimes de la répression au sein de l’entreprise, car si l’on touche à l’un d’entre nous, c’est l’ensemble de cheminots qui est attaqué ! Nous avons cherché à tisser des liens avec d’autres secteurs, comme les travailleurs de Géodis, les postiers, les étudiants, la RATP, car on est convaincus que ce n’est qu’avec un mouvement d’ensemble que nous ferons reculer l’ensemble des attaques du gouvernement. Nous avons également organisé de nombreuses actions pour visibiliser notre grève, comme l’envahissement du siège à St Denis le 5 juin, ou les envahissements à Transdev ou Keolis pour faire comprendre là-haut qu’on ne se laissera pas faire !

    L’expérience que nous avons vécue pendant ces trois mois est pour nous précieuse et doit nous servir pour la suite de ce mouvement, ainsi que pour les batailles à venir. C’est pour cette raison que nous avons décidé de devenir un collectif intergares, au-delà même des moments de grève, qui regroupe les cheminots, syndiqués et non-syndiqués, qui partagent cette analyse et qui souhaitent garder des liens et se coordonner pour être plus forts à l’avenir. Nous voulons garder les leçons et l’expérience vécue pendant ces trois mois dans un cadre collectif, sans distinction d’étiquette ou bannière syndicale.

    Nous tenons à affirmer que nous ne sommes pas contre les syndicats, bien au contraire, les syndicats restent pour nous un outil fondamental pour s’organiser face à la direction. L’objectif de ce collectif intergares est d’être un outil pour s’organiser à la base, entre cheminots, quelque soit notre appartenance syndicale. C’est bien en tant que cheminots que l’on est attaqués, c’est tous ensemble que l’on doit réagir et s’organiser !

    Nous invitons tous les cheminots qui partagent ces idées à se rapprocher de l’intergares, à participer à ses réunions, et à apporter leur pierre à l’édifice ! Nous ​allons rester mobilisés pendant l’été en participant à des actions et des journées de grève. Et nous ​organiserons une nouvelle réunion en septembre pour réfléchir tous ensemble aux contours et au fonctionnement de ce collectif intergares.

    Contact : rencontre.intergares@gmail.com

  • Un compte-rendu journalistique de la grève à gare du Nord :

    Malgré une mobilisation en baisse – y compris chez certaines professions très engagées comme les conducteurs ou les contrôleurs -, Eric s’empare du micro avec fermeté. « Oui, les chiffres [de grévistes] étaient plus élevés au début du mouvement, mais la bataille n’est pas finie. Notre grève, elle nous appartient », lance l’élu Sud-Rail, dont Paris-Nord est un des bastions.

    C’est au tour de Xavier, conducteur, de prendre la parole. Le ton est offensif : « Cette grève-là, on ne peut pas la perdre. On n’a pas le droit de lâcher. L’objectif, c’est la guérilla, et on a un règlement qui nous permet de faire ça. On va leur montrer qu’en respectant les règles à la lettre, on va faire plier la direction de la SNCF ».

    Au bout du quai 36, tout le monde est globalement d’accord : la grève doit continuer coûte que coûte. « C’est le début du combat, affirme Stéphane, technicien au Landy, le centre de maintenance des TGV. On arrive à la fin d’un calendrier perlé qui a montré ses limites. Je suis déterminé à ne rien lâcher, même si demain je dois manger des cailloux. »

    La détermination des plus radicaux de l’extrême gauche syndicale et politique, c’est seulement de continuer, ce qui... ne marche pas !!! Et cela va les conduire à s’isoler...

    C’est un déni de réalité : toutes les grèves menées par les syndicats ces dernières années mènent à l’échec !

  • Aucune leçon à tirer de nos défaites ?

    La France connaît actuellement un conflit social d’importance avec la grève des cheminots. Malgré le fait qu’elle doive durer des semaines, le gouvernement ne recule toujours pas devant la stratégie de grève perlée, de deux jours sur cinq, mis en place par l’intersyndicale cheminote jusqu’à la fin juin. Dans le même temps de nombreux conflits se développent, d’Air France aux éboueurs, des facultés à Carrefour, de l’Energie aux fonctionnaires, à la RATP, aux bus et tramways, à La Poste, à l’hôpital public, à la Psychiatrie, aux EPHAD et à la Justice, pour ne citer qu’eux. Et, bien que tous les services publics soient attaqués, les syndicats refusent de lier les luttes entre elles et recourent aux sempiternelles journées d’action, proclamées par une partie des gauches syndicales et de l’extrême gauche officielle comme des journées de convergences des luttes et point d’appui pour une grève générale, un nouveau mai 68, disent-ils. Pourtant, lutter séparément, c’est donc le meilleur moyen d’être battus face à une offensive d’ensemble.

    Il convient de remarquer que depuis 2007-2008, les conflits syndicaux ne mènent qu’à des défaites. Ce grand tournant en la matière correspond, et pas seulement en France, à un moment charnière pour les classes possédantes puisque c’est l’époque de la chute historique du système mondial.

    Avant 2007, par exemple en France, plusieurs mouvements prolétariens ont été menés avec un succès au moins partiel par les travailleurs et les jeunes comme en 1982 contre le blocage des salaires, en 1986 contre la loi Devaquet, en 1993 contre le CIP, en 1995 la lutte commune des cheminots et du secteur public, en 2006 la lutte contre le CPE.

    Après 2008, tous les mouvements syndicaux, absolument tous, mènent à des défaites complètes comme en 2010 sur les retraites, en 2013 contre le CICE, en 2014 pour les cheminots, en 2015 pour Radio France et l’Hôpital public, en 2016 sur le Code du travail contre la loi El Khomri, et maintenant en mars-avril 2018 pour les fonctionnaires, les cheminots et bien d’autres catégories.

    Entre les deux, les syndicats n’ont pas changé de nature ; c’est la situation de la lutte des classes qui a changé. La crise historique du capitalisme est passée par là et elle ne laisse plus place au réformisme. Depuis la crise systémique, les classes possédantes aiguisent les couteaux. C’en est fini de la collaboration de classe, il faut casser le moral de la classe ouvrière pour préparer le rapport de forces nécessaire quand le système s’effondrera. Alors préparons-nous et organisons-nous !

  • La CGT envisage une nouvelle grève à la SNCF le vendredi 27 juillet.

    On est revenus de la "nouvelle stratégie" des journées d’action de plusieurs jours, qui n’est pas une grève reconductible, à la bonne vielle stratégie des journées d’action... d’une seule journée !!!

    Côté syndical, on n’arrête pas le progrès... à reculons !!

  • Un cheminots syndicalistes SUD est en voie de licenciement parce qu’il s’est mis à genoux devant sa hiérarchie pour protester contre les pressions qui ont occasionné son burn out !!!

  • La grève de la RATP est un énorme succès et… un énorme échec car elle ne va servir à rien et surtout pas à relier les secteurs qui voudraient lutter contre la réforme des retraites. En ne mobilisant que la RATP et pour un seul jour, les syndicats ont réussi… à casser par avance la lutte !!! Beau succès en effet !!! Pourquoi la grève de la RATP s’en tenait à une journée ? Parce que, sinon, ils faisaient chuter le pouvoir en bloquant Paris !!! Pourquoi ne cherchaient-ils pas à étendre leur lutte à la SNCF, aux hôpitaux et au-delà ? Parce que les syndicats ne veulent pas développer une lutte de classe, une organisation autonome de classe et une conscience de classe ! Et il ne faut pas s’imaginer, quels que puissent être les événements, qu’ils le feront jamais !!!

  • L’appel à la grève au technicentre de Châtillon a été lancé par le syndicat Sud Rail et porte sur des revendications" « contre un projet de réorganisation des conditions de travail, lié à l’arrivée de la concurrence sur les lignes à grande vitesse".

    "Le mouvement a débuté mardi 22 octobre mais les effets ne s’en font sentir qu’aujourd’hui", explique la communication de la SNCF en Pays de la Loire. "La grève touche le technicentre, en région parisienne, qui a en charge la maintenance des TGV et des Ouigo »."

    En conséquence, "il y a moins de rames disponibles pour le transport des voyageurs. Des TGV doivent donc être supprimés. D’autres trains ne comportent qu’une seule rame au lieu de deux initialement prévues".

    Le trafic restera perturbé ce jeudi 24 octobre entre Paris et les villes de l’ouest de la France, dont Nantes. Seuls six TGV sur dix circulent sur ces lignes. "Nous essayons au maximum de garder les trains sur les périodes de pointe pour impacter au minimum les abonnés", rassure la SNCF.

  • La SNCF est un baril de poudre prêt à exploser ! Même si le dernier mouvement de grève spontané s’est arrêté, la contestation ne baisse pas ! Suppressions de postes en cascade, réorganisations qui se succèdent, mal-être des salariés : le conflit survenu après l’accident de TER s’inscrit dans un contexte d’une révolte générale prête à véritablement exploser... Guillaume Pepy, le patron de la SNCF reconnaissait lui-même qu’"il y avait beaucoup d’interrogations" et, "franchement, de l’inquiétude" chez les salariés avant l’ouverture à la concurrence et la fin des embauches au statut de cheminot. Mais cela dépasse tout à fait ce type de propos et d’inquiétude. La révolution gilets jaunes gagne les cheminots, même si les syndicats parviennent encore à la contenir.

  • Vendredi de la semaine passée, une grève a éclaté à la SNCF après un accident mercredi soir qui a fait 11 blessés. Quand un TER allant de Charleville-Mézières à Reims avec 70 passagers a heurté un convoi exceptionnel coincé près de Saint-Pierre-sur-Vence, le conducteur, blessé et choqué, a dû s’occuper seul des passagers, y compris les autres blessés et des femmes enceintes.

    Sur fond de colère sociale contre le manque de personnel, la casse des retraites et la casse du statut des cheminots lors de la privatisation partielle de la SNCF par Macron l’année dernière, les cheminots ont débrayé à travers la France. La grève a paralyzé le trafic dans tout le pays. Trois quarts des TER, les trains sur plusieurs lignes de TGV et ceux sur plusieurs lignes du RER parisien ne circulaient pas.

    La grève a pris les syndicats totalement au dépourvu. Ils avaient travaillé étroitement avec Macron pour planifier sa réforme de la SNCF puis organisé une grève « perlée » qui permettait à la direction d’anticiper les grèves et de planifier le recours aux remplaçants. A présent, les syndicats sont largement perçus, avec raison, comme ayant été complices des attaques menées par Macron.

    Alarmés, les syndicats ont rencontré la direction de la SNCF vendredi soir sans pouvoir se mettre d’accord sur des propositions pour donner satisfaction aux grévistes. Ils leur ont simplement dit de reprendre le travail, alors que le gouvernement menaçaient de licencier les grévistes. « Tout le week-end, les syndicats, débordés par leur base, ont plutôt tenté de calmer le jeu face au mouvement », a écrit le quotidier financier Les Echos.

  • Plus de 3000 chefs de train, opérateurs de train et travailleurs de la voie ferrée du Canadien National (CN) ont entamé un débrayage mardi, les négociateurs n’ayant pas réussi à s’entendre avant minuit. Les travailleurs, qui sont sans contrat depuis juillet, protestent contre les conditions de travail dangereuses et les longs quarts de travail, qui entraînent un fort épuisement.

    Trois jours seulement avant la grève, la direction du CN a dévoilé une autre attaque contre la main-d’œuvre avec 1600 suppressions de postes, qui toucheront principalement les cols blancs. Les licenciements vont exacerber la crise de dotation en personnel de la compagnie de chemin de fer très rentable, où les travailleurs sont régulièrement envoyés dans des allers-retours de 42 heures avec seulement deux heures de préavis.

    La direction du CN Rail fait de nouvelles demandes provocatrices, notamment celle d’imposer aux employés un plafond sur les médicaments d’ordonnance. Cela empêcherait les travailleurs du CN et leurs familles d’être traités efficacement pour un certain nombre de maladies.

    La direction souhaite également consolider la pratique des trains opérés par un seul conducteur, ce que les travailleurs ont vivement critiqué en raison du risque pour la sécurité.

    Des attaques similaires se produisent au niveau international. Aux États-Unis, un reportage de l’AP a révélé le mois dernier que les principaux exploitants de chemins de fer s’efforçaient d’éliminer les équipages composés de deux personnes lors de la prochaine ronde de négociations. En France, en Allemagne et en Grande-Bretagne, les cheminots ont fait grève à plusieurs reprises ces dernières années pour protester contre la détérioration des conditions de travail et faire part de leurs préoccupations en matière de sécurité, y compris l’introduction de trains à conducteur unique au Royaume-Uni.

    La grève a lieu au CN alors que les chemins de fer britanniques menacent de faire grève 27 jours le mois prochain et que les cheminots français devraient se joindre aux transports en commun, aux aéroports, aux postes et à d’autres travailleurs de la fonction publique pour organiser une grève générale le mois prochain afin de s’opposer à l’attaque du gouvernement Macron contre les retraites.

    Le gouvernement libéral fédéral canadien a cherché jusqu’au dernier moment à empêcher la grève du CN. Le ministre des Transports, Marc Garneau, et la ministre du Travail, Patty Hajdu, ont rencontré les deux parties lundi. Mardi, Hajdu a publié une déclaration demandant instamment la conclusion rapide d’un accord.

    Dans des conditions où les gouvernements provinciaux du pays imposent des mesures d’austérité féroces, l’élite dirigeante est déterminée à intensifier l’exploitation impitoyable des cheminots, quels que soient les coûts pour la sécurité. Dès le premier jour de la grève, des représentants de grandes exploitations pétrolières et agricoles de l’Ouest canadien ont demandé aux libéraux d’intervenir en proposant une loi de retour au travail afin de mettre fin à la grève et de garantir la mise en marché des barils de pétrole et d’autres produits.

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