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Vous avez dit libéralisme ? Qu’y a-t-il de libéral là-dedans ?!!

lundi 11 septembre 2017, par Robert Paris

Edito

Vous avez dit libéralisme ? Qu’y a-t-il de libéral là-dedans ?!!

Tous les gouvernants de la planète se disent favorables au libéralisme, de Trump à Macron et de Poutine aux responsables européens, sud-américains, africains, chinois, etc. Mais qu’est-ce donc que ce nouveau libéralisme qui domine paraît-il aujourd’hui le monde ? C’était le credo des Reagan et Thatcher et, depuis, le monde entier s’est, nous dit-on, plié à cette nouvelle règle, y compris les pays de l’Est, la Russie et la Chine.

Ah bon ! L’économie chinoise, entièrement dirigée par l’Etat, et qui l’est encore plus depuis la dernière crise économique chinoise, depuis que les ventes d’action sont entièrement réglementées et parfois interdites ? L’économie chinoise pour l’essentiel dépendante de l’Etat ? Une Chine dirigée par un parti « communiste » stalinien, d’autant plus puissant qu’il est le seul, la politique étant restée un monopole d’Etat. Mais ce n’est qu’un cas très particulier dans le monde capitaliste, cette Chine qui est cependant, malgré son immense goulag de millions de détenus, la plus dynamique des puissances capitalistes !!!

Exception, c’est vite dit ! Car Bush Junior a été le plus libéral des présidents américains, en paroles, et le moins libéral en fait, puisque c’est lui qui a lancé, face à l’effondrement économique de 2007-2008, la plus grande opération de l’Histoire des USA d’intervention étatique dans l’économie privée, pour sauver les trusts et les banques, les assurances et les spéculateurs.

Le libéralisme, nous dit-on, ne consisterait plus dans la non-intervention étatique dans l’économie mais dans la diminution des impôts et des taxes pour les capitaux privés et dans l’augmentation des cadeaux financiers des Etats et des banques centrales aux capitalistes privés ! Belle définition d’une arnaque : l’Etat n’existe pas pour recevoir des sous mais existe pour en donner… mais uniquement aux capitalistes. Pour le bas peuple, c’est exactement l’inverse : l’Etat n’existe que pour payer ses impôts et taxes, pas pour recevoir des services publics en échange, pas pour distribuer des aides sociales, pas pour payer les allocations chômage, pas pour financer les transports, la santé et l’enseignement !

Moins d’Etat qu’ils disaient, ces libéraux ? Mais où voit-on ce « moins d’Etat » ? Dans la police et l’armée partout dans les rues ? Dans le fait que les manifestations, les rassemblements, les grèves sont de plus en plus interdits et réprimés violemment sous prétexte de sécurité publique et d’antiterrorisme ? Dans le fait que les gouvernants interviennent sans cesse contre les grèves, y compris celles qui ne concernent que des patrons privés ? Dans le fait que les Etats mènent des guerres dont le but, parfois affiché parfois caché, est d’ouvrir des pays aux entreprises privées ou de les maintenir ouverts ?

Est-ce que les politiques antisociales actuelles, marquées par des interventions des gouvernants pour casser le droit du travail, les avantages sociaux, les aides sociales et les services publics peuvent être qualifiés de non-intervention étatique dans l’économie ou d’intervention en faveur des intérêts des capitalistes privés ? Poser la question, c’est y répondre ! Il n’est que de voir les Macron, les Trump et autres gouvernants anglais, allemands, chinois ou russe, indien ou brésilien : tous ne défendent qu’un seul intérêt, l’intérêt du capital privé et sont prêts à ruiner les Etats et les banques centrales dans ce but, à ruiner les épargnants, les petits bourgeois et, bien entendu, les salariés et les milieux populaires ! Quand l’Etat ponctionne ainsi la population pour distribuer plus de milliers de milliards à une poignée de grands capitalistes, est-ce de la non-intervention dans l’économie, dans la vie sociale ?

Quand les gouvernants, les politiciens, les média, les institutions, toutes les organisations ayant pignon sur rue, se servent de l’Etat pour favoriser les lobbys, les trusts, les banques, est-ce de la non-intervention ? Quand les ministres sont gagnés par la corruption, imposent onze vaccins contre trois pour aider les trusts pharmaceutiques, construisent à tout va pour favoriser le secteur du Bâtiment, privatisent les services publics pour faire cadeau d’argent public au secteur privé, est-ce de la non-intervention de l’Etat dans l’économie ?

Et, dernier point et non le moindre, quand tous les investissements productifs privés sont garantis par l’Etat, aidés par l’Etat, et même souvent remplacés par des investissements étatiques, est-ce de la non-intervention dans l’économie ? Non ! Depuis 2008, la non-intervention dans l’économie, qui n’a jamais vraiment existé, n’a plus du tout de sens… Sans l’intervention étatique massive et mondiale de tous les Etats et toutes les banques centrales, sans les injections de sommes colossales tirées des caisses publiques, on ne parlerait même plus du capitalisme, disparu dans un soubresaut financier en 2008…

Et c’est encore sur des interventions étatiques que le capital privé compte pour faire face à la prochaine déflagration financière. Ce sont les Etats qui programment déjà leurs interventions, qui prévoient de voler toutes les épargnes et les comptes en banque des particuliers, les assurances-vie notamment, pour les donner aux banques, aux financiers, aux bourses, aux marchés, afin de pallier aux insuffisances des capacités financières publiques, ruinées par des années d’interventions à fonds perdus !

Normalement, si l’on peut dire, le capitalisme fonctionne par lui-même, a sa propre dynamique, ne vit pas seulement des aides publiques, en ponctionnant les impôts. Eh bien, cette époque est si révolue qu’on se demande parfois si on l’a vraiment vécue.

Et on laisse les gouvernants se proclamer « libéraux » en affirmant que le bon peuple ne doit plus vivre aux crochets de l’Etat ! Comme si c’étaient les fonctionnaires, les infirmières, les cheminots, les éboueurs, les enseignants, qui vivent de leur travail, qui sont des exploités, comme si c’étaient eux qui ponctionnaient les finances publiques !!!

L’étatisme d’aujourd’hui, sous couvert de libéralisme, est bien plus étatiste qu’il ne l’a jamais été dans toute l’histoire du capitalisme ! La « béquille étatique » ne date pas d’hier mais jamais, jusqu’en 2008, cette béquille n’avait consisté à remplacer les investisseurs privés, jamais elle n’avait consisté à payer les banquiers pour qu’ils empruntent aux institutions centrales, jamais elle n’avait consisté à autoriser les banques à voler la totalité des comptes en cas de crise, jamais elle n’avait consisté à sauver tous les capitalistes faillis aux dépens des fonds publics !

Le « laisser-faire », « laisser commercer », « laisser produire », c’était aussi le laisser faire faillite, laisser couler, laisser se concurrencer, sans que les Etats n’interviennent. Depuis 2008, il est interdit sur toute la planète de laisser couler une grande entreprise, un trust, une grande banque, une grande assurance, un grand financier et il est imposé à tous les Etats du monde d’intervenir en amont pour éviter toute faillite d’ampleur, qui pourrait déstabiliser tout le système mondial, toute la planète…

Le libéralisme anglais d’origine était le mode de fonctionnement d’une étape très dynamique du capitalisme, dans laquelle les crises étaient nombreuses, au moins une en neuf-dix ans, mais toutes se terminaient par un accroissement de la production, de la consommation, de la dynamique capitaliste, de la sphère de production capitaliste, et de l’accumulation et du réinvestissement des profits. Il n’y avait pas besoin pour cela que ces capitaux soient stimulés, aidés, soutenus, assurés…

L’époque actuelle est exactement à l’inverse : la dynamique du capital privé ne fonctionne plus toute seule. Il ne lui suffit plus d’espérer des fortes plus-values tirées de l’exploitation du travail humain pour se lancer dans la production de richesses. Non pas que l’accumulation de profits n’intéresse plus les capitalistes ! Mais du fait même du grand succès du capitalisme qui l’a mené à atteindre une limite : celle où ses capitaux déjà accumulés sont trop importants pour permettre de trouver suffisamment d’investissements productifs rentables pour s’y lancer. La hausse des profits entraîne alors la production d’investissements fictifs, en quantité jusque là inconnue, au point que des investissements spéculatifs fondés sur du vent, comme les subprimes, peuvent atteindre des sommets, au point qu’on titrise des dettes, qu’on fabrique des « titres pourris »…

Le plus beau dans tout cela, c’est quand le grand capital, et ses servants politiciens ou média, crachent dans la soupe, insulte l’Etat et l’étatisme, qui les ont pourtant sauvé ainsi que leur système d’exploitation ! Le plus beau, c’est quand il prétendent défendre les plus démunis contre… les salariés, contre les fonctionnaires, contre les détenteurs de contrats non précaires, contre les détenteurs… d’emplois, contre les prétendus privilégiés des grandes entreprises, quand ils se font les ennemis du service public qu’ils ont eux-mêmes dégradés volontairement et consciemment !

Ils s’adressent alors au précaire, au surexploité en lui présentant les autres salariés comme les ennemis à abattre. Ils affirment que l’Etat serait ruiné par ses salariés, et pas par le grand capital ! Ils affirment que c’est l’étatisme qui tuerait l’emploi et que c’est le libéralisme que le créerait, justement au moment historique où l’économie privée – le nec plus ultra du libéral – n’investit plus par lui-même sans aide l’Etat !!!

Quand au discours selon lequel économie libérale rimerait avec liberté de l’individu, c’est de l’idéologie pure en ce qui concerne le monde actuel ! Le nec plus ultra du capitalisme actuel, c’est la Chine où la liberté n’a pas droit de cité ! Le pays le plus puissant du monde capitaliste reste les USA où la liberté est plus pourchassée que jamais. La démocratie bourgeoise est sans cesse rognée dans les pays riches et n’a jamais existé vraiment dans les pays pauvres… Le monde capitaliste est dans une crise historique qui marque sa limite et cette crise l’oblige à entrer en guerre avec les travailleurs partout dans le monde. Dans ces conditions, la liberté est moins que jamais à l’ordre du jour, que ce soit au plan économique, au plan politique ou social…

Le « chacun pour soi » du libéralisme n’a plus aucun avenir, que ce soit pour les exploiteurs ou pour les exploités ! Même si les opinions publiques petites-bourgeoises continuent de prôner l’individualisme, il n’en est pas moins vrai qu’elles sont à côté de la plaque et vont dans le mur ! L’avenir n’appartient pas au blabla sur l’individu mais à l’une des deux classes sociales qui peuvent modeler maintenant l’histoire de la société humaine : si c’est la classe exploiteuse, ce sera vers la barbarie et pas vers le libéralisme !

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