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Nouveau voyage au centre de la Terre

mardi 9 octobre 2018, par Robert Paris

« Un nouveau voyage au centre de la Terre » de Vincent Courtillot :

« Le climat est souvent défini par les spécialistes comme la moyenne, sur (au moins) trente ans, des conditions d’une région donnée, reconstituées à partir des enregistrements de la température et des précipitations.

C’est plutôt un système qui comprend l’atmosphère, l’hydrosphère, la lithosphère et la biosphère, en interactions permanentes par le biais de processus physiques, chimiques et biologiques.

La végétation, l’humidité du sol ou les glaces sont donc des composantes du « système climat » aussi importantes que la température ou les précipitations.

Bien qu’on les confonde un peu trop souvent, le climat ne se réduit pas au « temps qu’il fait ». Et il ne suffit pas de comparer la température de l’été dernier ou les précipitations du printemps précédent à leurs équivalents des deux ou trois années précédentes pour savoir si « le climat change »…

En plus, du fait que le climat ne peut être défini sur moins d’une génération, force est de constater que l’histoire nous indique qu’il n’a jamais été stable sur de longues périodes…

Nous savons, avec les travaux d’Emmanuel Le Roy-Ladurie, qu’un petit âge glaciaire a affecté l’Europe du XIVe siècle au milieu du XIXe… Ce petit âge glaciaire avait été précédé par quelques siècles plus chauds, connus sous le nom de « optimum climatique médiéval ». C’est alors que les Vikings ont colonisé un Groenland (ou Greenland, terre verte) qui était vraiment vert…

Nos civilisations se sont développées de manière accélérée depuis le grand réchauffement qui a suivi la dernière très grande avancée des glaces, c’est-à-dire depuis environ 20 000 ans. Les glaciers arrivaient alors jusqu’à Lyon…

Quatre âges glaciaires, nommés autrefois « Günz », « Mindel », « Riss » et « Würm », se sont succédé depuis 400 000 ans. Les variations correspondantes de la température moyenne étaient de l’ordre de 10°C à l’échelle régionale.

Encore plus loin de nous, au Crétacé, les climat de la Terre, tel qu’on peut le reconstituer à l’aide des paléobiologistes et des paléontologues, était celui d’une serre chaude.

Le Carbonifère, il y a 300 millions d’années, a connu de grandes glaciations, qui recouvrirent alors une bonne partie du continent unique de la Pangée, mais aussi des forêts tropicales humides…

Le système climatique dans son ensemble est « forcé » (pour utiliser un anglicisme assez expressif) par trois causes, trois facteurs principaux, chacun d’eux étant plus variable qu’on ne le réalise : les fluctuations d’émission du Soleil, les changements légers de l’orbite de la Terre dus aux effets perturbateurs des autres planètes étudiés dans les cycles de Milankovic, et la tectonique (pour les variations de beaucoup plus long terme)…

Il ne fait guère de doute qu’à l’échelle des dizaines de millions d’années, la distribution des continents, des reliefs et du niveau des mers, tous éléments résultant de la dynamique interne du globe et de la convection du manteau, bref de la tectonique des plaques, contrôlent le climat et modulent les effets du Soleil…

Il reste à expliquer des phénomènes climatiques encore plus anciens et plus extrêmes, ces moments où l’on pense que la Terre a peut-être été transformée en une véritable « boule de neige », une planète blanche, la « snowball Earth »… La glaciation d’Elatina ou « glaciation sturtienne » s’est étendue pendant quelques centaines de milliers à quelques millions d’années jusqu’à l’équateur de l’époque ! (…) Ces épisodes de Terre englagée ne sont connus qu’à deux époques, longues chacune de 100 à 200 millions d’années, au début (2,45 à 2,22 milliards d’années) et à la fin (0,73 à 0,58 milliard d’années) de l’ère protérozoïque….

Bien qu’on ne puisse attendre de l’étude de la seule température une description et une compréhension complètes des changements climatiques, leurs mesures et leur évolution séculaire sont un des indicateurs les plus parlants et les plus fréquemment employés. Un modèle plus complet nécessite naturellement la connaissance de la pression, des précipitations, du champ des vents, de la couverture nuageuse… Mais c’est l’évolution de la température que mettent en avant la plupart des articles et des rapports sur le réchauffement climatique, comme par exemple le tout dernier (4e) rapport du groupe de travail du GIEC (IPCC en anglais) ou un récent article de revue d’Hervé Le Treut pour La Science (janvier 2007)…

Mais d’abord livrons quelques réflexions sur la notion de température globale moyenne de la basse atmosphère…

L’amplitude annuelle des variations journalières de la température dans certaines stations météorologiques dépasse 50°. Celle des variations analysées au compte du réchauffement climatique est en général inférieure au degré Celsius et se mesure en dixièmes de degrés. Extraire l’une à partir des autres n’est pas trivial. La répartition dans le temps des mesures, la répartition dans l’espace des stations, les méthodes de mesure, les corrections appliquées (altitude, températures de l’eau et de l’air supposées égales pour les mesures océaniques, etc.) sont autant de paramètres à prendre en compte pour tenter d’estimer l’incertitude des mesures finales…

Trois physiciens, C. Essex, R. MeKitrick et B. Anderson, ont fait remarquer que, pour un système hors équilibre comme l’atmosphère ou l’océan terrestres, il n’était pas évident de déterminer de manière unique une température moyenne.

Ces auteurs rappellent qu’on peut ajouter des volumes et obtenir un volume, mais que la somme de deux température n’est pas (physiquement) une température et ne peut représenter l’évolution de l’énergie interne du système…

Ce sont les différences de températures et non les températures elles-mêmes qui provoquent la dynamique du système climatique. De plus, celui-ci est en partie chaotique, des changements importants pouvant intervenir sans modification des facteurs qui « forcent » le système. C’est, comme les climatologues le savent bien, une question d’échelle…

La question est de savoir si les moyennes gardent un sens à l’échelle du globe entier…

Le nombre de groupes qui se consacrent au recueil, à la critique et à la synthèse des données d’observation de la température à l’échelle planétaire est très limité. Deux groupes principaux y travaillent, aux Etats-Unis et au Royaume Uni… Avant 1900, les deux tiers de l’océan mondial sont vides de données d’observation… A notre demande de pouvoir réexaminer l’ensemble des données pour procéder à une vérification indépendante, Phil Jones nous répond que… « les données mensuelles ne sont pas disponibles »… « le centre a signé des accords avec les stations disant qu’il ne transmettrait pas les données brutes à des tiers ».

Un autre aspect important est le fait que ces courbes globales reposent sur des moyennes mensuelles. Elles ont donc perdu l’information sur les variations de plus haute fréquence, notamment diurnes.

Si le système climatique est linéaire, ce n’est peut-être pas une limitation sérieuse, mais s’il est non linéaire, comme la plupart des chercheurs le pensent, cela peut se révéler essentiel…

De 1900 à 1987, on constate que la tendance est pratiquement « plate » : il n’y a aucune indication de réchauffement (ni de refroidissement).

En revanche, la courbe effectue un saut en 1987, et la tendance est à nouveau plus plate depuis vingt ans…

Ce n’est pas l’image qu’on en donne en général. Notons tout de suite que la CO² ne peut en rendre compte…

Des spécialistes renommés du climat, qui se sentent isolés et marginalisés par les médias, défendent depuis des années sans être vraiment entendus des idées divergentes : je citerai par exemple Richard Lindzen, professeur en climatologie au MIT, Jan Veizer, géochimiste de l’Université d’Ottawa, mais aussi des spécialistes du magnétisme externe et du climat comme H. Svensmark ou E. Friis-Christensen, des spécialistes du Soleil comme P. Foukal ou S. Solanki, un spécialiste des rayons cosmiques, I. Usoskin, etc…

Rappelons l’inventaire des grands traps mésozoïques et cénozoïques : les traps de la rivière Columbia qui auraient donné naissance au point chaud de Yellowstone il y a 15 millions d’années ; les traps d’Ethiopie, à celui d’Afar, il y a 30 millions d’années ; la province volcanique « brito-arctique » au point chaud d’Islande il y a 60 millions d’années ; les traps du Deccan à celui de la Réunion il y a 65 millions d’années ; les traps de Madagascar et ceux des Caraïbes, nés il y a 88 millions d’années ; ceux de Rajmahal et le palteau de Ontong-Java, il y a 115 millions d’années ; ceux du Parana-Etendeka donnant naissance au point chaud de Tristan da Cunha, il y a 103 millions d’années ; ceux de Karoo-Ferrar apparus il a 183 millions d’années ; la grande province magmatique centre-Atlantique, il y a 200 millions d’années ; les traps de Sibérie, il y a 250 millions d’années ; ceux d’Emeishan, il y a 258 millions d’années ; enfin les traps de Viluy-Yakutsk d’un âge incertain, autour de 360 millions d’années…

La remarquable corrélation (entre les dates des grands traps et celle des grandes destructions de la biodiversité) ne peut que suggérer fortement un rapport de cause à effet, ou au moins une cause commune aux deux séries d’événements. L’hypothèse de modifications environnementales majeures liées aux exhalaisons des énormes volumes de lave émis en peu de temps que je défens depuis une vingtaine d’années, en sort manifestement renforcée…

Les effets climatiques des très grandes éruptions qu’elles soient basaltiques ou non, ne font plus de doute…

Le volcanisme du Deccan apparaît bien constitué d’un assez petit nombre d’éruptions majeures, chacun des « paquets » ayant pu être mis en place en tout au plus quelques dizaines d’années… Cela confirme la brièveté du paroxysme volcanique…

Régression marines, événements d’anoxie, crises du méthane, modifications majeures de l’environnement et du climat peuvent tous être associés directement ou indirectement, de manière donc causale, à un mécanisme unique, qui implique la convection du manteau terrestre… »

La suite

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