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Comment Hitler est arrivé au pouvoir

dimanche 22 décembre 2019, par Robert Paris

Comment Hitler est arrivé au pouvoir

Yvan Craipeau, « Le mouvement trotskyste en France » :

Communisme ou fascisme ?

Tandis que l’Internationale Communiste (devenue le fief de Staline) bavardait sur la « radicalisation des masses », se préparait en Allemagne la plus terrible défaite de la classe ouvrière et de toute la civilisation.

L’Allemagne était une terre d’élection pour le fascisme. Le traité de Versailles, avec les réparations, les dettes de guerre, l’occupation et la perte d’importantes régions industrielles avaient entraîné la désorganisation de l’économie et la faillite de la monnaie. Nul pays ne subit aussi profondément que l’Allemagne les contrecoups du krach de Wall Street et les convulsions de la crise économique de 1929.

Plus de trois millions de travailleurs furent jetés sur le pavé. Des centaines de milliers de jeunes – dont une immense armée d’étudiants – n’avaient jamais été intégrés dans la production et n’avaient aucun espoir de l’être jamais. Il faut comprendre l’exaspération des classes moyennes réduites à la misère par l’inflation et la fermeture des débouchés internationaux. Pour l’Allemagne, prise à la gorge par la misère, il n’y avait que deux issues possibles : la révolution prolétarienne entraînant la réorganisation de l’économie européenne, planifiée dans le cadre des Etats-Unis Socialistes de l’Europe, ou alors un coup de force fasciste écrasant les revendications de la classe ouvrière, redonnant du travail à tous par un réarmement gigantesque qui permettrait à son tour à l’Allemagne de prendre la part du lion dans le partage des marchés internationaux.

Communisme ou fascisme ? Socialisme ou barbarie ? Tel était le dilemme. Des deux voies, laquelle suivrait l’Allemagne ?

Les travailleurs allemands avaient lutté pour le socialisme. Leurs soulèvements héroïques, de 1918 à 1923, avaient été écrasés avec le soutien actif de la social-démocratie, alors que la bourgeoisie était incapable de les réprimer elle-même – du moins au début. La social-démocratie s’était pendue aux basques de la bourgeoisie. Elle avait fait tirer sur les grévistes et les manifestants ouvriers. Elle avait aidé le grand Etat-Major à retrouver tout son pouvoir et largement subventionné le budget de la guerre.

Maintenant que la crise de Wall Street avait définitivement tari la source des munificences municipales et des libéralités réformistes, il n’y avait plus de place pour la démocratie de Weimar, son libéralisme de pacotille et son champion social-démocrate.

A chaque élection, la social-démocratie s’effondrait davantage, en même temps que les formations libérales bourgeoises. Avec sa propagande révolutionnaire (au moins en apparence), le Parti Communiste voyait ses suffrages monter à chaque élection. Mais son influence montait bien moins vite que celle des nationaux-socialistes. Ceux-ci utilisaient à fond la situation. Ils avaient rallié les fanatiques nationalistes des corps francs – déclassés, prêts à tous les coups de main. Ils apparaissaient comme les brigades de choc de la lutte contre les « antinationaux », marxistes et communistes. Pour mettre fin à la menace ouvrière, ils avaient obtenu des subventions massives, non seulement de la bourgeoisie allemande, mais aussi de la bourgeoisie de l’Angleterre et des Etats-Unis – sans compter celle des bourgeois chauvins de France, du type Schneider. Leur propagande excitait le chauvinisme exaspéré par la défaite, canalisait vers l’antisémitisme l’anticapitalisme du petit bourgeois borné, parfois même d’ouvriers arriérés ; promettait aux boutiquiers de les protéger contre les trusts juifs et, dans l’ambiance mystique de ses meetings et de ses démonstrations paramilitaires, donnait à la poussée humaine des déclassés et des petits bourgeois, l’illusion qu’elle constituait une force sous la direction providentielle de son Führer.

Aux élections de 1930, le Parti Communiste allemand passe de 3 300 000 voix à 4 600 000. Mais les nazis passent de 600 000 à 6 400 000 voix.

Social-démocrates et staliniens ouvrent la porte à Hitler

Les dirigeants des partis ouvriers, dans le monde entier, ne comprennent nullement les dangers. La social-démocratie compte sur sa puissance, sur ses manœuvres, sur les bourgeois démocrates, sur le centre catholique, sur le « Casque d’Acier » nationaliste, sur les Von Papen et Cie. Elle les soutient successivement au pouvoir, au nom du principe du moindre mal. En novembre 1932 encore, parce que les nazis ont perdu 2 millions de voix dans les élections présidentielles (mais ils en ont encore 11 500 000), Léon Blum exulte dans « Le Populaire » : « Hitler est désormais exclu du pouvoir. Il est même exclu, si je puis dire, de l’espérance du pouvoir. » Il ajoute, avec la perspicacité qui le caractérise : « Entre Hitler et le pouvoir, une barrière infranchissable est dressée. Et cet échec définitif (sic) du racisme est, par excellence, la victoire de la social-démocratie. » Ainsi, a réussi la tactique « des actes et inactions ( !) qui ont le plus surpris et le plus ému l’opinion française ».

Trois mois plus tard, le vieux maréchal Hindenburg, le Pétain allemand, que les socialistes ont fait élire contre Hitler à la présidence de la République – toujours au nom de la tactique du moindre mal – appelle Hitler au pouvoir.

Il est vrai que Blum n’est pas seul à répandre des illusions. L’Humanité écrit le même jour, sous la plume de Berlioz : « Le mouvement hitlérien, stationnaire en juillet, est sur le déclin. La mystique est brisée » (8 novembre 1930).

Comment les communistes staliniens comprendraient-ils le danger fasciste ? Ils sont alors aveuglés par la théorie de la troisième période. Pour eux, il n’y a aucune différence entre la démocratie bourgeoise et le fascisme. C’est ainsi que le dirigeant stalinien de l’Internationale Communiste déclare, en avril 1931, dans son rapport au XIe plénum : « D’où la première conclusion politique que, seul, un bourgeois libéral peut construire ou plutôt admettre, une opposition entre la démocratie bourgeoise et le régime fasciste, qu’il s’agit là de deux formes politiques principiellement différentes » (Internationale Communiste, 16 avril 1931, page 703).

L’arrivée au pouvoir d’Hitler ? Les communistes staliniens s’en moquent bien : « Le chancelier Brüning a fait tant de choses, qu’il restera à peine quelque chose pour un gouvernement Hitler » (Correspondance 16.12.1931).

Et ils plastronnent : « Ces messieurs les fascistes ne nous effrayent pas. Ils se liquideront plus rapidement que n’importe quel autre gouvernement » (Remmelé au Reichstag, le 14 octobre 1931). « Très juste » clame-t-on sur les bancs communistes.

Remmelé ajoute : « D’abord les fascistes, ensuite nous ! »

Le 6 août 1932, la « Rote Fahne », organe du Parti Communiste Allemand, déclare : « Les mesures de dictature fasciste favorisent le mouvement révolutionnaire. »

L’opposition de gauche (trotskyste) jette l’alarme

Au contraire, l’opposition de gauche jette l’alarme depuis 1930. le 12 décembre 1931, la Vérité est tout entière consacrée à une étincelante polémique de Trotsky.

Trotsky écrit dans « La clef de la situation est en Allemagne » :

« Sur le fond de la politique mondiale, qui est loin d’être pacifique, la situation en Allemagne se détache nettement.

Les leaders du prolétariat mondial ont un bœuf sur la langue. Ils croient se mettre hors d’affaire en se taisant… A la politique de Lénine, ils substituent celle de l’autruche… Après la troisième période d’aventure et de vantardises (période inventée par l’Internationale stalinienne), la quatrième période est arrivée, celle de la panique et des capitulations…

Si l’on traduit le silence des dirigeants actuels du Parti Communiste Russe en langage clair, ce langage signifie : fichez-nous la paix. »

Trotsky continue, prophétique :

« Le devoir de l’opposition de gauche est de donner l’alarme. La direction de l’Internationale Communiste conduit le prolétariat allemand à une catastrophe qui consistera en une capitulation causée par la panique, devant le fascisme. »

Il prévient :

« Eviter la bataille serait livrer le prolétariat à son ennemi. L’arrivée au pouvoir des « nationaux-socialistes » aurait pour effet avant tout, l’extermination de l’élite du prolétariat allemand, la destruction de ses organisations ; elle lui ôterait toute foi en lui-même et en son avenir ; l’œuvre infernale du fascisme italien semblerait probablement insignifiante en comparaison de ce que pourrait être le national-socialisme allemand…

Bien entendu, le fascisme qui triomphe pour le moment, tombera quelque jour victime des contradictions objectives et de sa propre inconsistance. Mais d’une façon plus immédiate, dans un avenir que l’on peut pronostiquer au cours des 10 ou 20 années qui vont suivre, la victoire du fascisme en Allemagne signifierait une rupture dans la tradition révolutionnaire, l’effondrement de l’Internationale Communiste, le triomphe de l’impérialisme mondial sous ses aspects les plus odieux et les plus sanguinaires.

La victoire du fascisme en Allemagne déterminerait inévitablement une guerre contre l’URSS…

Hitler, en cas de victoire, deviendrait un super-Wrangel de la bourgeoisie mondiale. Quiconque prêche une « retraite stratégique », c’est-à-dire une capitulation, est un traître…

Les propagandistes d’une retraite devant les fascistes, doivent être considérés comme des agents inconscients de l’ennemi dans les rangs du prolétariat.

Le devoir du Parti Communiste Allemand est de dire : le fascisme ne peut arriver au pouvoir qu’au moyen d’une guerre civile implacable et exterminatrice, sans merci. »

L’ennemi principal pour les staliniens : les socialistes

Mais, comment la classe ouvrière pourrait-elle se défendre et contre-attaquer, quand ses chefs la dressent en deux blocs violemment hostiles ?

En effet, pour défendre l’ordre capitaliste, les sociaux-démocrates n’hésitent pas à faire tirer sur les ouvriers communistes, comme le 1er mai 1929 le préfet de police « socialiste » Zoergiebel. Quant aux staliniens, pour eux, socialistes et fascistes sont des frères jumeaux.

C’est ce qu’explique encore Staline en 1932 :

« Le fascisme est l’organisation de combat de la bourgeoisie qui s’appuie sur le soutien actif de la social-démocratie. La social-démocratie est l’aile modérée du fascisme. Il n’y a aucune raison d’admettre que l’organisation de combat de la bourgeoisie puisse obtenir, sans soutien actif de la social-démocratie, des succès décisifs dans les luttes ou dans le gouvernement du pays… Il y a aussi peu de raisons d’admettre que la social-démocratie puisse obtenir des succès décisifs dans les luttes ou dans le gouvernement du pays… sans le soutien actif de l’organisation de combat de la bourgeoisie. Ces organisations ne s’excluent pas réciproquement, mais au contraire se complètent l’une l’autre. Ce ne sont pas des antipodes mais des jumeaux. Le fascisme est un bloc uniforme de ces deux organisations… Sans ce bloc, la bourgeoisie ne peut rester au gouvernement. » (Staline, cité par « Die Internationale », février 1932, page 68).

L’ennemi principal c’est donc le parti socialiste. Thaelmann, chef du Parti Communiste Allemand, déclare :

« Et cependant, il y a de telles tendances qui, devant les arbres nationaux-socialistes ne veulent pas voir la forêt social-démocrate. Parce que les nationaux-socialistes… ont pu remporter un important succès électoral, ces camarades sous-estiment l’importance de notre lutte contre le social-fascisme… En cela s’exprime indubitablement des indices d’une déviation de notre ligne politique qui nous fait un devoir de diriger le coup principal entre le parti socialiste allemand.

Face à ces fausses idées, nous devons établir en toute fermeté : les fascistes peuvent être battus, seulement si l’on démasque devant les masses ouvrières le Parti Socialiste Allemand, son alliance avec le fascisme et si on détache celles-ci des chefs socialistes » (Thaelman, « Quelques fautes », Die Internationale, novembre-décembre 1931, page 490).

Appliquant la ligne du parti, l’organe des syndicats rouges déclare :

« Chassez les petits Zoergiebel (les ouvriers socialistes !) de l’entreprise et du syndicat. »

La « Jeune Garde » des Jeunesses Communistes reprend :

« Chassez les social-fascistes des entreprises, des bureaux de placement, des écoles d’apprentissage. »

Jusqu’aux gosses de socialistes qu’il faut, selon les organisations staliniennes, frapper et chasser !

Faisant écho à ses grands frères, « le Tambour » des jeunes pionniers communistes (staliniens) s’écrie :

« Frappez les petits Zoergiebel dans les écoles et les cours de récréation ! »

Les rapports, comme on voit, sont rien moins que cordiaux ! L’unité d’action se porte bien ! Les chefs communistes ont tout simplement peur du front unique. Münzenberg écrit dans le « Rote Aufbau » du 1er décembre 1931 :

« Le Parti Socialiste Allemand menace de faire le front unique avec le Parti Communiste. »

Le front unique, les chefs staliniens le veulent bien, mais (« Rote Aufbau », 1-12-1931) « SANS et CONTRE la direction social-démocrate ».

Comme si les ouvriers socialistes pouvaient jamais accepter de faire front unique… sans et contre leur propre direction ! Des propositions de front unique ayant néanmoins été adressées à la CGT allemande (l’AGDB), Thaelmann attaque violemment cette « déviation » :

« Le fait que, par exemple, dans notre travail syndical révolutionnaire des propositions de front unique au sommet aient pu être faites à des directions générales de la CGT réformiste ou à quelque instance de la bureaucratie syndicale montre en même temps que notre lutte principale contre la social-démocratie n’a pas été menée assez résolument pour rendre de telles fautes possibles. » (Thaelmann, « Die Internationale », novembre-décembre 1931).

Tout au contraire, les staliniens n’hésitent pas à l’occasion à mêler leurs votes à ceux des nazis contre les social-démocrates. C’est ce qui se passe en août 1931 en Prusse : les nazis, de plus en plus en montée, utilisent une loi de l’Etat Prussien pour déclencher un plébiscite contre le gouvernement socialiste de l’Etat, contre la social-démocratie. Le Parti Communiste marche d’emblée, sous prétexte de transformer (?) le plébiscite brun en « plébiscite rouge ». Le gouvernement prussien passe à la réaction.

Cette politique du Parti Communiste Allemand s’accompagne d’une surenchère nationaliste pour essayer de concurrencer la propagande chauvine des nazis. Il reprend les mots d’ordre de « Révolution populaire » et de « Libération nationale », mobilisant les masses contre le traité de Versailles, se plaçant sur le même terrain que les nazis et faisant assaut de patriotisme avec eux. Or le poison chauvin mène inévitablement au fascisme. Telle est alors la politique du Parti Communiste Allemand de Staline. Elle constitue le digne pendant à la politique de capitulation et de moindre mal que pratique la social-démocratie. Toutes deux ouvrent, toute grande, la porte à Hitler.

L’opposition de gauche (trotskyste) appelle au Front Unique

A cette politique de suicide, Trotsky et l’opposition de gauche opposaient la voie de la lutte de classes et de l’unité d’action. Voilà, écrivait Trotsky, le langage que doivent tenir les communistes :

« Si les fascistes essayent de faire une insurrection, nous, communistes, nous allons lutter contre eux jusqu’à la dernière goutte de sang, non pas pour défendre le gouvernement Braun-Brüning, mais pour préserver contre l’étranglement et la destruction l’élite du prolétariat, les organisations ouvrières, la presse ouvrière, non seulement la nôtre, mais aussi les vôtres social-démocrates. Nous sommes prêts à défendre avec vous n’importe quelle maison ouvrière, n’importe quelle imprimerie d’un journal ouvrier, contre les attaques des fascistes. Et nous vous demandons de vous engager à nous venir en aide, au cas où nos organisations seraient menacées. Nous vous proposons le front unique de la classe ouvrière contre les fascistes. » (Léon Trotsky, 25 août 1931)

Tel avait été également le discours qu’avait tenu au Landstag de Prusse, le 8 juillet, le député communiste Seipold, oppositionnel de gauche (trotskyste), qui avait violemment attaqué le plébiscite fasciste et préconisé la république des conseils ouvriers.

En énorme titre, nos camarades allemands écrivent dans leur journal « Permanente Revolution » du 1er décembre 1931 :

« Le front unique avec les organisations du Parti Socialiste Allemand et de l’ADGB est le commandement de l’heure. »

L’appel de Trotsky devient de plus en plus angoissé :

« Thaelmann écrit : « Abandonnez vos chefs et rejoignez notre front unique sans parti ». Cela signifie ajouter encore une phrase creuse à mille autres. Ouvriers Communistes, vous centaines de milliers et millions, vous ne pourrez partir nulle part ; pour vous, il n’y aura pas assez de passeports pour l’étranger. Dans le cas où le fascisme viendra au pouvoir, il passera sur vos crânes et vos épines dorsales. Le salut n’est que dans la lutte implacable. Et la victoire ne peut être donnée que par un rapprochement dans le combat avec les ouvriers social-démocrates. Hâtez-vous, ouvriers communistes, car peu de temps vous reste. » (Lettre à l’ouvrier communiste allemand, 8.12.1931).

(…)

A ces appels au front unique, qui seul pourrait barrer la route à Hitler, les chefs staliniens répondent par un redoublement d’injures et de calomnies :

« Les trotskystes, écrit Thaelmann, voient l’arbre nazi afin de nous masquer la forêt social-démocrate » (Die internationale, mai 1932).

Et il ajoute :

« Trotsky veut, tout sérieusement, une action commune des communistes avec les assassins de Liebknecht et Rosa, de plus avec Zoergiebel et ces préfets de police que le régime de von Papen laisse en fonction, pour opprimer le prolétariat. Trotsky cherche à plusieurs reprises dans ses écrits, à détourner la classe ouvrière en exigeant des négociations de sommet entre le Parti Communiste et le Parti Socialiste Allemand » (l’Internationale Communiste, page 1329).

Un autre chef du Parti Communiste Allemand, Willy Münzenberg écrit dans « Rote Aufbau » du 15 février 1931 :

« Dans la brochure sur la question « Comment le national-socialisme sera-t-il battu ? », Trotsky ne donne toujours qu’une réponse unique, le Parti Communiste Allemand doit faire bloc avec le Parti Socialiste Allemand… Dans cette constitution de bloc, Trotsky voit le seul moyen de salut complet pour la classe ouvrière allemande contre le fascisme. Ou bien le Parti Communiste avec la social-démocratie, ou bien la classe ouvrière est perdue pour 10 ou 20 années. C’est la théorie d’un fasciste (!)… complètement perdu et contre-révolutionnaire. Cette théorie est la pire théorie, la plus dangereuse et la plus criminelle que Trotsky ait édifiée, dans les dernières années de sa propagande contre-révolutionnaire. »

Ainsi, Trotsky, de 1930 à 1933, était un fasciste… puisqu’il préconisait le front unique des partis socialiste et communiste contre le fascisme !!!...

Réformistes et staliniens capitulent devant Hitler

Ainsi, la politique du moindre mal des social-démocrates et la politique stalinienne du « social-fascisme » conduisait tout droit la classe ouvrière à la défaite. Il n’y eut pas même de combat.

Les partis qui se réclamaient de la classe ouvrière restaient pourtant puissants. Ils comptaient encore 12 millions d’adhérents, de puissantes centrales syndicales, des organisations militaires bien organisées, tant le « Front de Fer » social-démocrate, que le « Front Rouge » des communistes. Manquaient-ils donc de courage, les militants ouvriers socialistes et communistes ? Allons donc. Messieurs les insulteurs à gage de la classe ouvrière allemande oublient que, depuis 1918, les ouvriers allemands avaient donné à l’Europe l’exemple de l’héroïsme. Ils oublient les centaines et les milliers de martyrs ouvriers tombés sous les balles hitlériennes lors des batailles de rue qui faisaient rage depuis des années. Ou plutôt ils ne l’oublient pas ; mais ils cherchent à faire oublier la responsabilité de leurs Etats-Majors capitulards.

Les chefs sociaux-démocrates ? Leur politique n’était qu’une longue suite de capitulations. Il s’agissait pour eux, de se montrer les gérants loyaux de la bourgeoisie, pour qu’elle n’ait pas besoin de chercher des domestiques plus fidèles. Ils mettaient leur confiance, non dans l’action commune avec les communistes – ils étaient les ennemis de l’unité d’action autant que les chefs communistes – mais dans le soutien de Brüning (le chef du parti catholique allemand), des nationalistes de Bavière de von Papen ou Schleicher.

« Soyez calmes, soyez dignes » prêchaient-ils aux travailleurs attaqués par les nazis. Et après la prise du pouvoir par les nazis, on voyait Leipart, le Jouhaux allemand, lécher les bottes d’Hitler pour essayer de sauver la précieuse caisse de la CGT réformiste. Ce n’est pas de ces gens-là qu’on pouvait attendre le signal du combat.

Mais le Parti Communiste ? Plus l’échéance approche et plus on voit, par-delà ses rodomontades, s’amorcer sa capitulation sans combat.

En janvier 1933, le Parti Communiste Allemand participe, AVEC LES NAZIS, à la grève des tramways de Berlin.

Les nazis se font de plus en plus insolents. Le 22 janvier, sous prétexte de saluer la mémoire d’un de leurs « martyrs », le souteneur Horst Wessel, ils organisent une concentration sur la Bulow Platz, en face de la Maison du Parti Communiste aménagée en blockhaus : la Maison Karl Liebknecht. Il s’agit de mesurer la force de résistance de la classe ouvrière. Or le Parti Communiste ne réagit pas. En vain l’opposition de gauche (trotskyste) appelle à déclencher l’action. En vain elle appelle à l’organisation et au déclenchement d’une immense grève générale – à l’union des partis ouvriers pour une résistance effective.

Les chefs communistes reprennent les leitmotivs des chefs sociaux-démocrates :

« Restez calmes et disciplinés. Ne répondez pas à la provocation ».

Toute la journée, les chemises brunes paradent devant la maison Karl Liebknecht.

Et Thaelmann écrit : « Egalement le 22 janvier (le jour de la manifestation nazie devant la maison Karl Liebknecht) eut lieu sous le signe du renversement des rapports de classes EN FAVEUR DE LA REVOLUTION PROLETARIENNE. »

Huit jours après, CERTAIN qu’il n’y aura pas de résistance ouvrière, Hindenburg appelle Hitler au pouvoir.

Pendant ce temps, les chefs réformistes continuent de bêler : « Pas d’action individuelle ! Restez calmes ! »
(…)

La Pravda, journal officiel soviétique, se borna à un bref compte rendu, en troisième page, de la prise du pouvoir par Hitler. Elle précisa que cela ne signifiait nullement le moindre refroidissement des rapports entre Berlin et Moscou.

En mars, tandis que la terreur faisait rage contre les ouvriers communistes. Litinov se rendait à Berlin.

Le prolétariat allemand avait été trahi et livré. »

Yvan Craipeau

Pourquoi et comment le grand capital a choisi le nazisme

Comment les partis socialiste et communiste ont été battus sans combat par le fascisme

Comment vaincre le fascisme, la politique que préconisait Trotsky en 1930-1933

La peste brune, Daniel Guérin

La prise de pouvoir de Hitler n’était pas inévitable

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