vendredi 17 mai 2019, par
La grève des Urgences de Paris et région parisienne a déjà mené à quelques reculs significatifs de la direction de l’APHP et du gouvernement et elle se poursuit et s’étend, même si certains oiseaux de mauvais augure essaient de faire croire qu’elle est finie... Deux mois après le début de la grève des Urgences de Saint-Antoine, ce sont maintenant 21 services d’urgence parisiens de l’APHP sur 25 qui sont en grève et le mouvement gagne de nombreux services d’urgence de province, dont Angers, Tours, Saint Nazaire, Bordeaux, Besançon, Chalons-sur-Saône, etc. Le plus remarquable est certainement le fait que les personnels aient décidé de se diriger eux-mêmes en se passant des directions syndicales. Cela fait suite bien entendu aux multiples trahisons syndicales de ces dernières années et à une volonté d’auto-organisation, exprimée notamment par le mouvement des Gilets jaunes, une volonté de démocratie directe, de décisions prises directement par la lutte et non par des états-majors réformistes autoproclamés. Seul le syndicat SUD a accepté d’aider les grévistes sans diriger la lutte. La CGT a essayé d’imposer que les négociations se déroulent entre les syndicats et la direction, mais sans y parvenir.
C’est avec le Collectif Inter-Urgences, qui représente l’ensemble des urgences parisiennes en lutte, que la direction a bel et bien dû négocier et la CGT n’a même pas accepté, le plus souvent, d’accompagner les grévistes dans ces négociations qu’elle ne dirigeait pas. Dans certains hôpitaux, la CGT a même milité pour la reprise du travail, comme à l’hôpital Cochin où elle a diffusé un tract démobilisateur et annoncé aux grévistes que ce n’était pas la peine de continuer car, la CGT le savait de source directe par ses bonnes relations avec la direction, celle-ci ne lâcherait plus rien ! Ce qui amène le tract CGT de Cochin de parler de la grève au passé alors qu’à Cochin même, elle n’a pas convaincu les grévistes de la suivre ni d’arrêter la grève !!!
C’est donc un mouvement de grève se généralisant à toutes les urgences de France qui se déroule en ce moment et est en voie de s’organiser nationalement. Et c’est un mouvement auto-organisé, se défiant des directions syndicales, décidant lui-même de ses modes d’action, de ses revendications, de ce qu’il compte accepter ou refuser. On peut ne pas partager les idées des grévistes sur tel ou tel point, chercher à les convaincre de tel ou tel autre point, mais l’attitude des appareils syndicaux, hormis SUD, est scandaleuse : ils se détournent du mouvement du moment que les travailleurs veulent se diriger eux-mêmes. C’est exactement comme avec les Gilets jaunes !
Pour la CGT, le mot même d’auto-organisation, de collectif, de comité, de coordination des grévistes par eux-mêmes, est tabou, et elle est violemment hostile à ceux qui le défendent, qu’ils soient gilets jaunes ou personnels des urgences, ou autres. Même à Cochin, la CGT ne l’a pas emporté : le collectif des urgences y poursuit la lutte. La CGT, elle, continue ses réunions en intersyndicale avec des centrales qui, elles, ne participent même pas à la grève, ne la soutiennent même pas, s’en détournent comme FO ou sont carrément contre comme la CFDT !!! La CGT a tenu, au cours de la grève qu’elle ne dirige pourtant aucunement, à mener des négociations séparées avec la direction… CGT et direction seuls, sans les grévistes, c’est-à-dire sans le Collectif Inter-Urgences !!! Et, dans ces négociations sans les grévistes, dans le dos des grévistes, elle ne soutient même pas les revendications posées par les grévistes !!! Pour la CGT, les Urgences ont voulu s’organiser seuls, qu’ils se débrouillent seuls !
La direction a été contrainte de négocier avec le Collectif mais elle a du mal à s’en remettre, même si elle essaie vainement de les manipuler. Les forces de répression policières, elles aussi, ne s’y sont pas trompées : elles ont gazé directement les personnels des Urgences mobilisés aux côtés des Gilets jaunes à la manifestation parisienne du premier mai !! Remarquons qu’un peu partout en France, des Gilets jaunes ont organisé des visites aux personnels des Urgences en grève pour leur apporter leur solidarité !
Si les personnels des Urgences ont obtenu des augmentations modérées d’effectifs, un agent de sécurité, une indemnité de travaux dangereux, une prime de 250€ (proposition par la direction d’une prime pour le seul mois de mai, refusée par les grévistes qui réclament toujours 300€ par mois !) ou encore des travaux d’équipement des urgences, ils réclament toujours une véritable augmentation des salaires prenant en compte leur travail spécifique et sa dureté, plusieurs centaines d’embauches réelles en fixe et une vraie prise en compte de leurs conditions de travail. C’est pour tous les personnels des Urgences de France, mais aussi pour tous ceux de l’Hôpital public, que la lutte des Urgences parisiennes marque et montre la voie ! Vive l’organisation des luttes par les grévistes, prenant toutes les décisions par eux-mêmes !
Pour aggraver son attaque contre tous les personnels, la direction a choisi un point qu’elle estime ne concerner qu’une partie d’entre eux, ceux originaires de l’Outre-mer, en s’attaquant aux congés bonifiés. Certes, des journées d’action ont été organisées pour protester mais on sent que les bureaucraties syndicales sont loin d’être chaudes pour expliquer à tous les personnels que, si on cède sur un point qui est un droit, c’est tous nos droits, tous nos acquis qui seront ainsi à la suite remis en cause. Se battre pour les bonifiés, ce n’est pas se battre pour une catégorie, pas plus que se battre pour les urgences, ou se battre pour les brancardiers, ou se battre pour les secrétaires, pour le personnel de nettoyage ou le personnel ouvrier. Il n’y a pas de divisions entre nous, nous avons tous les mêmes intérêts : toute attaque contre un de nous est une attaque contre tous !
Les AS et AP reçus au concours infirmiers sont nombreux à apprendre, avec leur succès, qu’ils devront payer 20.000€ pour leur formation et ne toucheront pas un centime de salaire pendant les trois ans qu’elle durera !!! Et encore, il va falloir qu’ils donnent aux autorités les justificatifs montrant comment ils comptent financer leurs études !!! Il leur faut quoi : un relevé bancaire montrant qu’ils sont fortunés ou une preuve qu’ils payaient l’ISF ?!!! Alors oui, passer un concours pour apprendre qu’on a réussi pour rien, c’est complètement c… !!! Quant à former de nouveaux personnels de l’hôpital, la direction s’en moque : elle mise sur la baisse des effectifs, pas sur leur hausse !
L’APHP a bel et bien fait ficher policièrement les patients des Urgences, des manifestants victimes des répressions policières. Hirsch l’a reconnu à mots couverts. Difficile de continuer à mentir : le Canard Enchaîné diffusait chaque semaine des exemplaires des fiches personnelles des manifestants envoyées par l’APHP à la police pour le fichage des Gilets jaunes ! Pour ce sale boulot de mouchard, Hirsch se préoccupe des Urgences ! Mais, par contre, pas pour qu’il y ait les moyens de réellement s’occuper des patients !
On a eu samedi dernier des pluies importantes et dans tous les hôpitaux vétustes, cela a eu des effets catastrophiques. A Saint-Antoine, même si la direction croit toujours que tout baigne, ou prétend le croire, ça a été le déluge. Certains vestiaires étaient ornés de grandes flaques, parmi lesquels il n’y avait plus qu’à naviguer, vue la quantité de fuites des plafonds et un peu partout les bâtiments de Saint-Antoine prenaient l’eau ! Tout ce qui est vieux et délabré se mouillait et faisait trempette à fond ! Pas de problème pour la direction : cela finira bien par sécher ! Elle ne va pas investir du liquide pour réparer ces vieux hôpitaux !
On savait que l’hôpital La Rochefoucault de Denfert-Rochereau, transformé d’abord en gériatrie, devait fermer ses portes et que les personnels étaient vivement poussés vers la sortie, avant même d’avoir trouvé un point de chute à l’extérieur, et que les patients aussi étaient renvoyés alors que les centres de gériatrie font défaut dans Paris. Mais ce que l’on ne savait pas, c’est que les bâtiments étaient récupérés par la police pour être transformés en commissariat du 14e arrondissement de Paris ! Ceux qui résisteraient au déménagement seraient matraqués ou gazés ?!!!
Toutes les vidéos des événements et tous les témoignages le démontrent : Castaner et les autorités hospitalières ont menti, les manifestants Gilets jaunes n’ont pas envahi la Pitié, ils sont entrés momentanément pour se protéger d’une charge violente à coups de lacrymogènes, vous savez les nouveaux gaz étouffants de la préfecture dont on ignore la composition (genre gaz moutarde ou genre cyanure ?) !, et ils ont été chargés à l’intérieur par les forces de répression qui, elles, ont fait irruption dans l’hôpital !!! Tout ça pour nous dégoûter de la lutte des Gilets jaunes !
La direction a organisé, le mardi 14 mai, une véritable fête du recrutement infirmier dans l’hôpital Tenon, avec forums, festivités, musique et flonflons ! Tout y était promis, tout paraissait beau et généreux ! Quand on apprend ensuite que de nombreux reçus au concours d’infirmier devront eux-mêmes payer leurs années d’étude, on comprend que la direction fasse la fête. Il serait temps que les jeunes qui postulent aux professions de santé leur fassent leur fête à tous ces bureaucrates de la Santé !!!
A chaque fois que nous réclamons des effectifs supplémentaires à l’APHP parce que la situation devient intenable, dangereuse, insupportable, pour les personnels comme pour les malades, la direction et l’encadrement nous répondent : « mais oui, vous avez raison, mais on n’y peut rien, on ne comprend pas où vont les gens, on ne trouve personne, on ne parvient pas à recruter ». Comme si on n’avait pas entendu que le gouvernement affirme qu’il ne veut pas recruter mais supprimer des effectifs de toute la fonction publique, hospitalière comme autre ! Les bureaucrates de l’APHP sont tellement mauvais qu’ils ne savent même pas mentir !
En effet, si les personnels et les patients de l’hôpital public réclament, sans succès pour le moment, des moyens financiers, on a bien vu que la charité, notamment celle des milliardaires qui veulent payer moins d’impôts, est capable de proposer en deux jours des millions d’euros qui seront à défalquer de l’argent public par réduction d’impôts ! Ce n’est pas à l’APHP qu’on voit arriver de telles propositions de financement par les milliardaires ! Et tous ceux qui arrivent difficilement en fin de mois apprécient de voir, grâce à Notre-Dame, qu’il y a tellement d’argent dans les poches des riches, un argent qui n’est investi nulle part et ne sert à aucune activité économique !