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Pourquoi, nous peuple travailleur, ne pouvons jamais gagner au jeu électoral de la bourgeoisie

jeudi 14 novembre 2019, par Robert Paris

Pourquoi, nous peuple travailleur, ne pouvons jamais gagner au jeu électoral de la bourgeoisie

Le peuple bolivien, qui avait compté sur Evo Morales, a été déçu : il a jeté l’éponge dès que la grande bourgeoisie bolivienne, sud-américaine et nord-américaine ne l’a plus cru capable de réprimer les luttes sociales. C’est l’armée et la police qui ont pris le pouvoir et répriment directement.

En Algérie, le peuple ne croit pas aux élections et manifeste même contre elles ! C’est dire que les peuples ne sont pas dupes. Le peuple bolivien, lui-même, croyait davantage en sa mobilisation à La Paz, à El Alto, dans les campagnes, qu’en une élection pour changer la société. Partout, ce sont les classes possédantes qui cherchaient à faire croire à la démocratie électorale des politiciens et aujourd’hui, partout dans le monde, ce sont les révolutions et pas les élections qui se sont mises en œuvre pour changer le monde !

C’est cependant étonnant : les pauvres sont toujours plus nombreux et plus pauvres. Pourquoi ne voteraient-ils pas pour renverser un pouvoir mondial que chacun reconnaît aisément comme celui de moins de un pourcent de milliardaires de plus en plus inutiles et nuisibles à la société, de plus en plus riches mais investissant de moins en moins dans la production de richesses, devenus de plus en plus des sangsues de toute la société humaine ?

La Bolivie, actuellement sous le coup d’Etat contre-révolutionnaire des chefs militaires et policiers donne la première réponse : toute démocratie bourgeoise, ou prétendue telle, est sous la surveillance armée de ses forces de répression prêtes à tout moment à décréter la fin du « jeu » démocratique. La démocratie électorale, en période de crise économique et sociale, n’est qu’un très fin paravent…

Certains s’imaginent que cela n’est vrai que dans des pays pauvres qui n’ont pas de « bonnes constitutions », qui n’ont pas de vieilles traditions démocratiques, qui n’ont pas connu de révolution bourgeoise, qui n’ont pas d’opinion publique et de média puissants, et autres balivernes. En fait, ces gens-là croient, ou veulent faire croire, que les pays riches seraient démocratiques par leur bonne nature et les pays pauvres seraient dictatoriaux par leurs mauvaises tendances…

Manque de chance : les pires dictatures ont gouverné des pays riches, par le fascisme notamment. Autre manque de chance : la démocratie n’a opposé aucun rempart à la venue au pouvoir du fascisme, ni en Allemagne, ni en France, ni au Portugal, ni en Grèce, ni au Chili, ni… en Bolivie !

Quand même, disent certains, les élections républicaines, même bourgeoises, sont la meilleure manière de favoriser la démocratie ! Il suffit de voir l’Espagne ou l’Angleterre actuelle qui ont multiplié les simulacres électoraux, favorisant de plus en plus l’extrême droite, pour voir que c’est faux !

En fait, le premier problème, c’est que la démocratie électorale ne s’accorde jamais le droit démocratique de décider dans quel type de société ont veut vivre, de décider si on est d’accord que l’essentiel des richesses appartiennent à l’infime minorité des grands possesseurs de capitaux, si on est est d’accord pour que « notre pays » entre ne guerre aux quatre coins du monde, s’autorise à détruire un pays, à massacrer ses habitants, à décider qui va y gouverner. Eh oui, les « grandes démocraties » américaine, française, anglaise, etc., sont justement celles qui ont imposé leur loi dans le plus de pays par des bombardements massifs de manière tout ce qu’il y a de moins démocratique. La démocratie française, soi-disant héritière de la révolution de 1789-1793, est la maitresse d’œuvre du pire génocide, celui du Rwanda. La démocratie américaine a soutenu et financé le génocide cambodgien sous prétexte de combattre l’URSS dans la région contre le Vietnam pro-russe. C’est en pleine période démocratiques dans les métropoles occidentales que celles-ci ont mis en place des régimes coloniaux érigeant le massacre en règle de gouvernement sur toute une partie de la planète.

Bien sûr, beaucoup de « citoyens », comme on veut appeler aujourd’hui les esclaves modernes du capitalisme, tiennent aux élections et sont tentés à chaque fois qu’on leur dit qu’il faut en profiter pour « s’exprimer ». Ils tentent ainsi de faire connaître leur colère en votant contre tel ou tel parti ou politicien, ce qui ne les empêche pas de cautionner tel ou tel autre, ce qui n’est pas mieux. Généralement, à ce type de jeu, c’est le plus démagogique et menteur qui l’emporte car telle est la nature même du « jeu » qui consiste à se jouer des plus démunis en leur faisant miroiter des gains mirobolants sans grands efforts, traduisez sans révolution sociale !!!

Mais, moins que jamais en période de crise systémique du capitalisme – et nul ne prétend plus qu’elle n’est pas là -, les élections ne peuvent être l’expression, aussi peu que ce soit, des aspirations populaires et moins encore de celles des travailleurs et des plus démunis.

Ils ne peuvent même pas espérer un petit mieux de tel ou tel gouvernement, qu’il soit moins raciste, moins violent contre les travailleurs, cautionne moins les licenciements et les blocages de salaires, moins violent contre les migrants.

Tout au plus, un politicien peut faire de la démagogie nationaliste pour l’emploi comme Trump, de la démagogie démocratique et européenne comme Macron, de la démagogie ultra-nationaliste comme Le Pen, mais tous ceux qui ont cru au discours des politiciens ont toujours été trompés. Ce n’est pas le grand capital qui a été grugé par les politiciens corrompus et menteurs mais le peuple travailleur, du moins sa fraction de plus en plus faible qui va voter, sans trop y croire.

Qu’est-ce qui empêche le peuple travailleur de s’organiser pour avoir ses propres candidats, les contrôler, les pousser en avant et même leur faire gagner les élections ? La question a été posée par bien des travailleurs. Elle est souvent posée encore parmi les gilets jaunes.

Cela pose en fait la question du pouvoir politique et social : qui le détient et comment ?

On pourrait croire en France que le pouvoir appartient au président de la République puisque c’est devenu une république présidentielle et non un pouvoir parlementaire comme celui de Grande Bretagne. En fait, le vrai pouvoir, dans ces deux pays comme dans le reste du monde, n’appartient pas au président ni aux assemblées mais à deux autres forces : les forces armée-police et les possesseurs de capitaux. Et aucune de ces deux autres forces n’est soumise à aucune élection !!! On n’élit même pas les PDG des trusts publics ou semi-publics et certainement pas les généraux ! Personne n’élit les milliardaires ! Qui a jamais voté pour ou contre Warren Buffett ou Lagardère ?

Par contre, ces milliardaires ont une influence sur les média, sur les partis, sur les syndicats et sur les hommes politiques qui dépasse largement leur simple petit bulletin de vote !!! Dans la société capitaliste, la règle numéro un est de « se vendre » et le personnel politique et social de haut niveau ne fait que se vendre un peu plus cher que les autres !!! Cela ne choque même pas dans une société où être haut placé signifie mécaniquement gagner plus… Dans les pays riches, on n’appelle même pas cela de la corruption mais la défense des intérêts de l’économie… Un trust estimera carrément qu’avoir le PDG le plus couteux possible est un signe de bonne santé économique et de succès futurs pour les gros actionnaires ! Arroser le monde politique est un travail classique des trusts qui placent leur « lobbying » en tête de leurs préoccupations, achetant à tour de bras des partis, des hommes politiques, des média et même des syndicats. Du coup, « en démocratie », on est d’abord aux mains des lobbys qui construisent les sondages, leur font dire ce qu’ils veulent et manipulent les opinions publiques.

Mais l’essentiel est ailleurs : l’opinion publique, éclairée ou manipulée, n’est qu’un paravent. Ce n’est pas elle qui a bâti la société capitaliste. Ce n’est pas elle qui a fait les lois. Ce n’est pas elle qui manipule l’appareil qui dirige, non seulement ses gouvernants mais l’appareil administratif, judiciaire, pénitentiaire, policier, militaire, préfectoral, régional, départemental, communal, etc.

Les gouvernants ne font mine de consulter l’opinion publique que quand cela les arrange et sur les questions qu’ils veulent poser. Il ne suffit pas que l’immense majorité penche dans un sens pour que les gouvernants soient contraints de s’exécuter. C’est d’ailleurs derrière la démocratie électorale que se retranchent les gouvernants qui mènent une politique très impopulaire : vous nous avez élus et vous devez donc subir n’importe quelle politique que nous vous imposerons, disent-ils, avec d’autres mots bien sûr !

Mais, si nous peuple travailleur, ne voulons plus de tout cela, comment devons-nous procéder ? Les plus démunis de Bolivie y ont répondu en s’organisant et en s’armant contre le coup d’Etat contre-révolutionnaire ! Les gilets jaunes de France y ont répondu en s’organisant et en menant l’action directe contre le pouvoir des milliardaires de Macron !

Eh bien, d’abord, il faut renoncer à tenter de mettre de notre côté des institutions (étatiques mais aussi sociales ou syndicales) qui seront toujours du même bord : celui de profiteurs, des exploiteurs et des oppresseurs !

Ensuite, il faut mettre en place parmi nous une organisation à la base des travailleurs et des démunis, des femmes et des jeunes, de tous ceux qui sont opprimés et exploités, avec des assemblées, avec des comités, avec des élus révocables, le pouvoir restant toujours à la base. Il faut que ces élections-là restent aux mains du peuple travailleur et pas contrôlées par un quelconque appareil d’Etat. Il faut que le peuple travailleur se serve de ces formes d’organisation pour discuter, débattre puis dicter ses volontés et les mettre en oeuvre. Ce sont les mêmes organisations de masse du peuple travailleur, en plein soulèvement, qui doivent devenir les centres politiques de toute la société, à l’exception du un pourcent de milliardaires et de leurs serviteurs institutionnels. Non seulement le peuple travailleur ne doit plus se laisser dicter la manière de mener ses luttes, les revendications, les buts, les moyens, la stratégie, le mode d’action, mais il doit devenir le centre politique du pays, s’entourer de toutes les couches et groupes sociaux opprimés, des jeunes, des femmes, des chômeurs, des petits artisans, des petits paysans, des petits pêcheurs, des petits commerçants, des petits auto-entrepreneurs ruinés ou menacés de l’être. C’est la classe ouvrière qui offre à tous une véritable perspective de changement social, le renversement de l’ancienne classe sociale oppresseuse et exploiteuse même plus capable d’investir dans la production de richesses, même plus capable d’offrir des emplois, même plus capable d’améliorer la situation sociale, la situation de la santé, la situation de l’éducation, la sécurité des gens, la paix, même plus capable de faire fonctionner… le capitalisme !!!

Oui, la seule démocratie réelle possible, c’est le pouvoir aux travailleurs, le pouvoir des assemblées de salariés, de gilets jaunes, de chômeurs, de quartiers populaires, de leurs comités élus et révocables. Il n’y a pas d’autre perspective que le gouvernement du peuple par lui-même et par personne d’autre !

La démocratie électorale, oui mais pas celle corrompue, détournée des capitalistes : celle du peuple travailleur élisant en son sein ses vrais représentants pour déboulonner la prétendue démocratie, paravent du pouvoir des milliardaires !!!

L’Etat capitaliste sera toujours le coup d’Etat permanent, la potentialité permanente du fascisme et de la guerre : le renverser est un des pas irremplaçables de la révolution sociale ! Donner le pouvoir au peuple travailleur, c’est la première des actions véritablement démocratiques. Désarmer les Etats-majors de l’armée et de la police est la seconde. Donner les richesses au peuple travailleur est la troisième des mesures immédiates. Le but, c’est d’en finir avec une société fondée sur la propriété des moyens de production et des capitaux par une infime minorité. Voilà un vrai but démocratique : en terminer avec toutes les divisions de classe et que toute la population profite des progrès économiques, techniques et sociaux !

Le monde doit être révolutionné. Si on ne le fait pas, cela laissera seulement la place, non à la démocratie bourgeoise, mais à la contre-révolution fasciste comme en Bolivie, en Inde ou en Egypte, mais aussi demain aux Etats-Unis et ailleurs !

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