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Anton Pannekoek et nous

vendredi 11 septembre 2020, par Robert Paris

Contrairement à certains maximalistes qui ne supportent pas de discuter avec des trotskystes, nous essayons d’être des trotskystes qui cherchent la vérité et donc veulent consciemment discuter la thèse des autres courants révolutionnaires. Comme nous l’avions fait des thèses de Bordiga, de Roche ou de Korsch, pour ne citer que les derniers, nous diffusons donc ici les thèses de l’un des dirigeants des gauches communistes les plus importants, Anton Pannekoek. Nous divergeons avec lui mais cela ne veut pas dire que nous estimions que le débat ne soit pas encore tout aussi nécessaire qu’autrefois…

Théorie marxiste et tactique révolutionnaire d’Anton Pannekoek (extraits de ce texte de 1912 en polémique contre Kautsky sur les grèves de masse)

« Pour le révisionnisme, notre activité est tout entière absorbée par le combat parlementaire et la lutte syndicale, afin d’obtenir des réformes et des améliorations, au fil d’un processus de croissance organique nous permettant de passer insensiblement au socialisme. De cette conception découle la tactique réformiste orientée vers la conquête exclusive d’améliorations immédiates. Le radicalisme, au contraire, insiste sur le caractère inévitable d’un combat révolutionnaire dans l’avenir, un combat dont l’enjeu est la conquête du pouvoir et dont la tactique repose sur le développement nécessaire de la conscience de classe et de la force du prolétariat…

L’organisation prolétarienne unifie la masse qui était précédemment éparpillée, sans force aucune, elle en fait un être doté d’une volonté consciente, d’une force autonome. A travers elle, c’est un peuple qui commence à s’auto-administrer, à déterminer son propre sort, commence ainsi à rejeter la contrainte externe qui pèse sur lui. Par son biais se constitue la seule force capable de jeter bas la domination des exploiteurs. La croissance de l’organisation prolétarienne représente en son principe, déjà, le rejet de la domination de classe dans ses divers aspects ; elle incarne cet ordre populaire qui émane du peuple lui-même et qui, au fil des combats obstinés, refoulera et battra en brèche la classe possédante et sa violence qui s’efforcera de lui faire obstacle, elle fera échec aux efforts de la minorité dominante pour maintenir son oppression despotique. A travers l’organisation prolétarienne émerge cette nouvelle humanité qui, pour la première fois dans l’histoire du monde, se présente comme une unité cohérente…
On saisit alors dans cette confrontation entre le point de vue de Kautsky et le nôtre que, tout en nous tenant sur le même terrain théorique, nous pouvons diverger radicalement quant à notre appréciation de l’organisation….

Comment le prolétariat peut-il obtenir les libertés démocratiques fondamentales, libertés qui, s’il est doté d’une conscience socialiste suffisamment développée, placeront le pouvoir politique à portée de sa main ? Telle est la question fondamentale pour notre tactique. A notre avis, ces droits ne peuvent être arrachés à la classe dominante qu’au fil des combats où cette classe mettra en œuvre contre le prolétariat tous les moyens dont elle dispose ; ainsi, le problème posé est l’anéantissement de cette classe. Pour d’autres, la classe dominante accorde ces libertés de son plein gré ; elle y est amenée poussée par les idées démocratiques ou éthiques générales, sans recourir à ses moyens d’action ; c’est ainsi que les révisionnistes conçoivent le développement pacifique de l’Etat de l’avenir.

Kautsky n’est d’accord avec aucune de ces deux conceptions. Mais quelle troisième voie lui reste-t-il ? Il nous est apparu, à lire ce qu’il écrit, qu’il conçoit la conquête du pouvoir comme un renversement soudain du pouvoir comme un renversement soudain du pouvoir de l’ennemi, un acte unique, de nature tout à fait différente de ce qui a constitué jusqu’alors le processus préparatoire à cette révolution, ce dont a été faite l’activité du prolétariat… »

Le point de vue de Lénine

Ecrits de Pannekoek

Contre Pannekoek

Nous n’avons pas peur d’éditer Pannekoek tout en faisant sa critique

Nous divergeons assez fondamentalement des conclusions de Pannekoek sur la révolution russe :

« Notre opposition et notre critique remontaient déjà aux premières années de la Révolution russe et étaient dirigés contre Lénine et suscitées par son tournant vers l’opportunisme politique. Ainsi nous restâmes hors des voies du trotskisme ; nous ne fumes jamais sous son influence ; nous considérâmes Trotsky comme le plus habile porte-parole du bolchevisme qui aurait dû être le successeur de Lénine. Mais, après avoir reconnu en la Russie un capitalisme d’état naissant, notre attention alla principalement vers le monde occidental du grand capital, où les travailleurs auront à transformer le capitalisme le plus hautement développé en un communisme réel (au sens littéral du terme). Trotsky, par sa ferveur révolutionnaire, captiva tous les dissidents que le stalinisme avait jetés hors du P. C. et en leur inoculant le virus bolchevique les rendit presque incapables de comprendre les nouvelles grandes tâches de la révolution prolétarienne.

(...) Pour nous, la tradition glorieuse de la révolution russe consiste en ce que, dans ses premières explosions de 1905 et 1917, elle a été la première à développer et montrer aux travailleurs du monde entier la forme organisationnelle de leur action révolutionnaire autonome, les soviets. De cette expérience, confirmée plus tard à une moindre échelle en Allemagne, nous avons tiré nos idées sur les formes d’action de masse qui sont propres à la classe ouvrière et qu’elle devra appliquer pour appliquer sa propre libération.

Exactement à l’opposé nous voyons les traditions, les idées et les méthodes issues de la révolution russe lorsque le P. C. s’est emparé du pouvoir. Ces idées, qui servent uniquement d’obstacles à une action prolétarienne correcte, constituèrent l’essence et la base de la propagande de Trotsky. »

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