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Qu’est-ce que le capitalisme ? Quel est son avenir ?

jeudi 21 mai 2020, par Robert Paris

Qu’est-ce que le capitalisme ?

Certes internet, et plus précisément Wikipédia, sont devenus de nos jours des outils indispensables et incontournables pour qui veut obtenir rapidement des informations sur un sujet précis. Mais de là à les réduire en uniques sources dans l’acquisition de ses connaissances, l’assurance de se croire enfin cultivé risque vite de se transformer en illusions, en se confrontant au vrai savoir scientifique acquis, lui, au prix d’un laborieux travail intellectuel. Manifestement, si, autrefois, pour la rédaction d’une étude, d’un mémoire ou d’une thèse il fallait écumer plusieurs bibliothèques et avaler des dizaines d’ouvrages, aujourd’hui en quelques clics nous accédons à des milliers de liens susceptibles de nous apporter une quantité extraordinaire d’informations relatives à notre objet de recherche.

Par ailleurs, d’après certaines études, les étudiants usent et abusent de ce procédé dans la rédaction de leur mémoire ou thèse. En effet, nombreux sont les mémoires truffés de paragraphes, voire de pages entières, puisés directement sur internet et greffés ensuite sur leur mémoire au moyen du copier/coller (avec quelques modifications personnelles dans le style pour ne pas attirer les suspicions des professeurs). De même, les journalistes, par paresse intellectuelle, n’hésitent pas à recourir à ce stratagème pour la rédaction de leurs longs et touffus articles.

A lire certaines contributions, l’usage récurrent de cet artifice apparaît nettement dans leurs textes. D’où cette accumulation d’incohérences et de confusions dans l’enchaînement de leurs écrits, due à l’absence d’élaboration intellectuelle et rédactionnelle personnelle. La rigueur et surtout l’honnêteté intellectuelle exigent une posture éthique et authentique du rédacteur. Le décalquage et pillage doivent être proscrits. L’objectivité et la sincérité prescrites. Cela éviterait ainsi d’écrire des inepties sur des sujets pas du tout maîtrisés. Il ne suffit pas de parsemer son texte de phrases florissantes et fluorescentes, encore faudrait-il que le texte soit empli d’une sève qui exhale le savoir puisé dans les profondeurs du jardin des Connaissances.

« Le capitalisme n’est pas un rapport social, un rapport de production opposant ceux qui organisent le travail à ceux dont le travail est organisé. Le terme désigne la propriété privée des moyens de production… », écrit L’Hadi dans sa contribution datée du 12 août 2019.

Je préfère m’arrêter juste à ce passage. Voilà un exemple d’assertion qui ne repose sur aucun fondement économique, encore moins marxiste. C’est même une déformation de la définition du capitalisme. Même les économistes libéraux viscéralement ne professent pas de telles assertions.

Par commodité, et manque de temps, je préfère reproduire un texte déjà rédigé, puisé dans mes fichiers. Bien évidemment, le texte s’appuie sur les théories tirées d’un livre traitant de l’économie, œuvre d’un expert. Il permet de comprendre ce qu’est le capitalisme selon Marx.

Définition du capitalisme :

« Le Capital. « La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une immense accumulation de marchandises. », Karl Marx, Le Capital, Livre I.

« Le capital n’est pas une chose, c’est un système social de production bien déterminé, appartenant à un type historique particulier de la société, système qui se manifeste dans un objet auquel il imprime un caractère social spécifique », Karl Marx, Le Capital, Livre III.

Définition, fonctionnement et contradictions du capital :

Le capital est un rapport social, plus précisément un rapport d’exploitation de la bourgeoisie sur le prolétariat, les deux principales classes qui composent la société moderne. Ces personnifications du capital et du travail salarié sont les produits des rapports sociaux de production.

Dans le livre III du Capital, Karl Marx distingue en premier lieu deux traits caractéristiques fondamentaux pour décrire le capital :

1) il produit des marchandises. Ce qui le distingue des autres modes de production. Le caractère dominant et décisif de cette production est d’être une production de marchandises. Cela implique en premier lieu que l’ouvrier lui-même apparaît uniquement comme vendeur de marchandises et, partant, comme ouvrier salarié libre, donc que le travail apparaît essentiellement en tant que travail salarié.
2)
3) La production de la plus-value est son but direct et son mobile déterminant. Le capital produit essentiellement du capital, mais il ne le fait que dans la mesure où il produit de la plus-value. La production en vue de la valeur et de la plus-value implique la tendance toujours manifeste à réduire en toutes circonstances au-dessous de la moyenne sociale le temps de travail nécessaire à la production d’une marchandise, autrement dit sa valeur.
4)
La tendance à réduire le coût de production à son minimum devient le principal levier de l’accroissement de la productivité sociale du travail mais cet accroissement se manifeste ici uniquement comme accroissement constant de la productivité du capital.

Lexique de concepts marxiens définissant le mode de production capitaliste :

Le capital constant est la part du capital investie dans les moyens de production et les matières premières nécessaires à la production.

Le capital variable (ou salaire) est la part du capital investie dans la force de travail. La seule marchandise qui créé de la plus-value est la force de travail.

Les outils et moyens de travail forment le capital fixe, ils ne transmettent qu’une part de leurs valeurs aux marchandises finales en fonction de la durée moyenne de leurs usures. Ces objets ne quittent jamais la sphère de production. Les matières premières, la consommation d’énergie nécessaire à la production forment le capital circulant, leurs valeurs est intégralement transférés aux marchandises mises en vente.

La composition organique du capital est le rapport entre le capital constant et le capital variable investi dans le circuit du capital (C/V).

La valeur est le rapport renversé de la force de travail à elle-même. Est source de valeur ce qui contribue à la reproduction de la force de travail. En tant que processus de valorisation, la valeur dans son ensemble est déterminée quantitativement par le temps de reproduction nécessaire à l’échelle de l’ensemble des forces productives, et qualitativement par sa contribution à la reproduction élargie des forces productives.

La reproduction est le renouvellement constant du processus de production. La reproduction simple est le renouvellement de la production sous un volume constant. La reproduction élargie signifie que la production se renouvelle dans un volume accru. C’est par l’exploitation du prolétariat que le capital grandit et, qu’en même temps, les rapports de production capitalistes se reproduisent sur une base élargie.

L’accumulation du capital est la source de la reproduction élargie. L’accumulation est l’addition au capital d’une partie de la plus-value sous forme d’investissements, visant à l’accroissement de la production : achat de moyens de production et embauche de main-d’œuvre supplémentaires (augmentation des forces productives). L’accumulation capitaliste aboutit à une élévation de la composition organique du capital.

Au centre des rapports sociaux de production se trouve la marchandise, laquelle possède une valeur d’usage et une valeur d’échange. La valeur d’usage correspond à l’utilité et à la satisfaction d’un besoin. La valeur d’échange est mesurée par le travail humain nécessaire à la production. Le coût de la force de travail est le dénominateur commun des échanges marchands.

Le coronavirus est le symptôme visible d’un capitalisme en phase dégénérative

Toute l’élite bourgeoise, depuis les politiques jusqu’aux économistes en passant par les médecins et autres prétendus experts scientifiques, incrimine le coronavirus d’être responsable de la crise sanitaire et économique. Le Covid-19 a bon dos. En vérité, le coronavirus constitue un simple symptôme visible d’un capitalisme en phase dégénérative. Et nullement la cause de la crise du capitalisme moribond. Déjà, les premiers signes alarmants s’étaient manifestés lors de la crise 2007-2008, devant laquelle la crise actuelle est autrement plus foudroyante et dévastatrice. Si la crise de 2007-2008 a affecté principalement le secteur financier, illustrée par l’effondrement de plusieurs banques, la crise présente est protéiforme ; elle frappe le poumon de l’économie, en l’espèce, la production. L’effondrement est général.

Au-delà de la chute des bourses, de la finance, du secteur touristique, des compagnies aériennes, des groupes pétroliers, se profile la débâcle du commerce mondial, le recul de la production. Dans de la majorité des pays, les usines sont fermées. Aucune région du monde n’échappe à l’effondrement de son économie. C’est tout le système capitaliste qui s’écroule. « Les Banques centrales ont remis sur le feu les recettes qu’elles avaient appliquées avec succès lors de la crise de 2008 pour calmer les marchés financiers, mais leur bazooka peine cette fois à atteindre son objectif. Plus globalement, même s’ils ont agi de manière coordonnée, les grands argentiers du monde n’ont pu enrayer la chute des Bourses mondiales », écrit Le Monde dans son édition du 16 mars dernier.

Dans son édition du 13 mars, Le Monde précise, dans un article signé par un économiste et un sociologue, que ce n’est pas une seule crise mais quatre crises enchâssées qui expliquent cette déconfiture globale : « L’enchaînement d’événements dans lequel le monde est entré dans le sillage de la pandémie due au coronavirus procède de l’emboîtement de quatre logiques de crise – sanitaire, économique, énergétique et financière. Elles mettent en lumière les limites des marchés. Après une décennie perdue au lendemain de la crise financière, on assiste aux turbulences actuelles. Les exportations chinoises ont plongé de 17 % au cours des mois de janvier et de février et des ruptures d’approvisionnement apparaissent, notamment pour des composants électroniques ou des principes actifs de médicaments. Les analystes s’attendent à ce que les difficultés s’intensifient dans les semaines qui viennent, notamment en Europe, avec l’effet en cascade des mesures déjà adoptées en Italie et maintenant en France ».

L’ampleur de l’effondrement économique est tellement catastrophique que les Etats capitalistes envisagent de nationaliser plusieurs entreprises pour éviter une débâcle sanglante. Les règles économiques et d’échanges sont devenues inopérantes. Il n’existe plus de « libre économie » possible. Seule l’étatisation totale de l’économie peut maintenir artificiellement en vie le corps productif capitaliste. Néanmoins, en dépit de l’injection de milliers de milliards de dollars et de l’étatisation capitaliste de l’économie, l’effondrement du système est inéluctable. Certes, la pandémie du coronavirus a contribué à l’éclatement foudroyant du système économique capitaliste, mais la chute avait entamé sa dégringolade depuis des mois. En effet, en réalité, le coronavirus n’a joué qu’un rôle d’accélérateur d’une tendance baissière à l’œuvre depuis plusieurs années.

Dans son édition du 6 mars 2020, le journal Les Echos écrit : « C’est un beau plongeon. L’observation en temps réel de la position des navires de transport et les statistiques relatives aux marchandises qu’ils transportent montrent un net recul du commerce international depuis fin janvier. Tel est le constat d’Abudi Zein, directeur général de Clipper Data, dans une note publiée par la Cnuced. Les entreprises de transport maritime ont réduit leur capacité depuis environ août 2018 sur la plupart des voies commerciales. Les tensions commerciales ont ralenti la demande mondiale de capacité de fret. Dans la seconde moitié de janvier et début février, cette baisse s’est fortement accélérée ».

De toute évidence, la pandémie du coronavirus vient à point nommé pour servir de couverture et d’argumentation explicative à l’effondrement de l’économie capitaliste mondiale depuis longtemps prévisible. Cette explication idéologique incriminant un microscopique et invisible virus d’être responsable de la débâcle économique est ridicule. La bourgeoisie ne peut admettre son incapacité notoire à faire fonctionner son système capitaliste devenu chaotique et irrationnel. Bien entendu, aujourd’hui, en cette période de crise aigüe, les classes dirigeantes capitalistes soutiennent être à la hauteur de la situation. Elles prétendent disposer de solutions économiques pour résorber la crise, notamment au moyen de l’injection de milliards de dollars dans le circuit anémié de l’économie exsangue. Mais toutes ces mesures illusoires ne pourront jamais réanimer le corps malade capitaliste. Pire, elles contribuent seulement à favoriser de nouvelles bulles spéculatives, avec comme ultime conséquence un énième krach boursier. En vérité, on assiste à une crise économique systémique historique. Des pans entiers de la société capitaliste s’écroulent.

Aujourd’hui, la question du dépassement de ce système se pose avec acuité. Cependant, du fait de la politique de restriction de circulation et de rassemblement imposée par les classes dirigeantes, sous couvert de lutte contre le coronavirus, de terrorisation psychologique infligée à la population, notamment par les campagnes de dramatisation du climat sanitaire viral et par les politiques d’encadrement sécuritaires et militaires, les classes populaires sont temporairement tétanisées pour engager le combat final en vue de la transformation sociale, du renversement de ce système capitaliste mortifère. Cette impérative nécessité d’émancipation sociale est plus que jamais à l’ordre du jour. Une fois passée la phase de désorientation psychologique et de psychose généralisée actuelle, rapidement la nécessité historique de remplacer ce mode de production devenu irrationnel s’imposera à l’ensemble de la force ouvrière, aujourd’hui seule victime de cette catastrophe sanitaire et sociale capitaliste.

Les travailleurs sont la seule classe disposant du potentiel et de la capacité à éradiquer ce système, par leur lutte, le développement de leur conscience politique, leur solidarité. Seule la révolution ouvrière peut et doit remplacer les relations humaines basées sur la division et la concurrence par de nouveaux rapports sociaux égalitaires, sur un nouveau mode de production plus humain. Le peuple laborieux opprimé doit s’auto-organiser pour gérer collectivement la société sur de nouvelles bases économiques. Ce système nous infantilise en nous enfermant dans des rôles sociaux subalternes, en nous confinant dans des figurations politiques, tenus en laisse policière et muselés par la répression militarisée, en nous traitant comme des handicapés mentaux contraints de subir l’internement.

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