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A qui profite le crime Covid ?

lundi 13 juillet 2020, par Karob, Robert Paris

édito

A qui profite le crime Covid ?

600.000 morts et treize millions de blessés, ce n’est pas le bilan d’une guerre mondiale mais celui, très provisoire, du coronavirus Covid-19 ! Plus exactement, c’est surtout le bilan des politiques des gouvernants face à la pandémie, politiques qui ont consisté aussi bien à nier le risque, à refuser les précautions, à détruire les politiques publiques de santé, à démolir l’hôpital public, à refuser d’embaucher massivement des personnels soignants, à refuser de payer suffisamment ces personnels, à refuser que la santé publique soit autre chose qu’un enjeu de profit privé des trusts comme un autre, à refuser de doter la population des moyens de se défendre (informations fiables sur les risques, sur les modes de propagation, sur les modes de contamination, sur les moyens de détection, explications correctes sur les modes d’utilisation des moyens de protection, des moyens de détection, des test, des soins face à la maladie et matériels en quantité suffisante gratuits).

Ils nous disent que c’est une guerre, alors ce bilan est celui d’un crime de guerre et d’un crime de masse, d’un génocide. Et comme nous sommes dans une société plus que jamais divisée en classes, sociales, c’est une guerre de classe. Plus la pandémie dure, plus elle frappe d’abord les plus pauvres, les plus opprimés, les moins bien soignés, les moins bien logés, les plus contraints de travailler dans n’importe quelles conditions, les plus contraints de prendre les transports en commun, ceux qui travaillent le plus sans sécurité… C’est donc un crime de la classe exploiteuse. Et il se double d’un crime social consistant à faire perdre leur emploi à une fraction de plus en plus considérable de la population, à confiner des gens dans des conditions de logement qui ne le permettent pas sans grands risques supplémentaires, à refuser de soigner les plus pauvres, etc.

Il y a eu la volonté de négliger la maladie de manière systématique, de publier des avis soi-disant scientifiques selon lesquels il n’y avait pas de danger sérieux. Il y a eu la volonté de ne pas préparer les hôpitaux publics à la menace, en particulier de ne pas investir massivement dans ce secteur, en embauchant et en se procurant des matériels. Pire même, la politique de destruction de l’hôpital public s’est poursuivie… Il y a eu des contre-informations systématiques tout du long du développement de la pandémie, et même des mensonges systématiques accroissant méthodiquement les risques mortels pour la population. Par exemple, refus de rappeler que les matériels peuvent être porteurs de virus, refus de rappeler que l’air (aérosols, microparticules) en est porteur. Déclarations selon lesquelles les tests systématiques n’étaient pas nécessaires et refus d’en fournir aux médecins généralistes et aux infirmières. Déclarations selon lesquelles les masques n’étaient pas nécessaires à la population et refus de leur en fournir, en cachant même l’existence de stocks publics de masques là où il y en avait, et y compris destruction de certains stocks. Déclarations selon lesquelles les tests systématiques n"étaient pas nécessaires et refus d’en fournir. Refus d’acheter et de produire massivement des matériels respiratoires...

En somme, tout a été fait pour aider la maladie à se développer, à commencer par le fait de laisser les gens prendre les transports en commun et aller travailler et mourir au travail… Le bilan n’a donc rien de naturel. Il est social. Il est le bilan d’un système social.

Le système capitaliste, s’il a méthodiquement laissé se développer la maladie et continue de le faire, doit bien avoir ses raisons. Cela semble irrationnel, absurde autant que scandaleux, mais c’est seulement parce que cette rationalité nous échappe et que tous les commentateurs refusent de nous éclairer. Parce qu’ils refusent de mettre fondamentalement en cause le système.

Comme par un effet d’un hasard extraordinaire, Covid a frappé la planète au moment même où tout le monde des affaires prévoyait un effondrement économique mondial d’une ampleur et d’une profondeur inconnue jusque là. A partir du moment où un très nombre de gens sont morts du Covid et ont vu leur vie menacée par lui, les causes réelles de cet effondrement économique qui était la suite de celui de 2007-2008, jamais réglé et toujours seulement retardé, ont pu sembler disparaitre devant une seule cause apparente : un arrêt momentané de l’économie qui aurait été causé par le confinement, lui-même justifié par le fait que les autorités auraient souhaité protéger la population des risques mortels. En fait, un simple arrêt momentané d’activité d’un trust pourrait difficilement causer une faillite de celui-ci et d’autant moins que les pouvoirs publics n’ont pas refusé leur aide financière immédiate et massive. Et pourtant, on a vu tous les trusts annoncer qu’ils étaient menacés de faillite, devaient comprimer les effectifs, fermer des usines, s’attaquer aux salaires et aux conditions de travail. Depuis, même si ces risques sanitaires mondiaux sont toujours bel et bien présents, ces mêmes autorités ont renvoyé les gens au travail en déconfinant. Mais, confinement ou déconfinement, l’effondrement capitaliste poursuit son œuvre même si les milliers de milliards distribués par les Etats et les banques centrales sur les marchés financiers provoquent des hausses boursières artificielles.

Toute la presse économique, tous les commentateurs politiques, y compris gouvernementaux du monde, tous les sommets mondiaux prévoyaient une chute générale à la fin 2019 parce que tous les mécanismes mis en place en 2008 pour retarder cet effondrement s’épuisaient. Aujourd’hui, ils font tous semblant d’oublier avoir jamais dit cela et font comme si c’était le Covid qui avait tout fait… Vu la gravité de la situation sanitaire, et notamment le nombre de morts, le grand public n’a aucun mal à les croire et pourtant tout cela est faux. Les crises sanitaires n’ont jamais fait chuter le capitalisme et ici encore telle n’est pas la vraie cause de l’effondrement.

La chute économique, d’une ampleur inconnue jusque là, dépasse les anciennes crises économiques classiques et leurs interprétations et ce n’est pas parce qu’elle serait causée par une pandémie. Ce n’est ni une maladie sanitaire ni même une maladie du capitalisme que nous subissons mais c’est son terme, sa limite qui est atteinte et ne permet qu’une seule issue : la chute, le capitalisme étant incapable d’autre chose que de suivre une voie exponentielle, soit ascendante, soit descendante. Les capitaux ne peuvent miser qu’à la hausse ou à la baisse, y compris miser sur une chute générale. L’investissement ne vise qu’à anticiper les mouvements et non à les diriger dans un sens. L’investisseur ou le prêteur qui gagne est celui qui a anticipé le mouvement qui vient, fut-ce la faillite d’une entreprise, d’un secteur et même la chute générale du système ! Les capitaux ne visent pas spécialement le développement de la production et des échanges, mais plutôt l’accroissement du capital qui peut aussi provenir de leur baisse.

Ainsi, depuis Covid, le total grand capital s’est encore accru, malgré les faillites en augmentation, montrant que le capital peut profiter des chutes aussi aisément que des croissances.

D’ailleurs, ce n’est pas Covid mais le grand capital qui licencie, ferme des usines, réduit les effectifs, vire les précaires, ruine la population, détruit les systèmes de santé publique, assassine les hôpitaux publics, envoie à la mort des ouvriers en les obligeant à retourner au travail en pleine pandémie, impose de nouvelles conditions de travail, de charges, de vacances, de repos, de salaires aggravées par rapport à la période précédente. Ce n’est pas Covid qui impose que les sommes colossales d’argent public ne servent pas à aider la population mais à renflouer les caisses du grand capital, augmentant celui-ci alors qu’il s’est moins investi dans la production de richesses, sous prétexte de sauver sa pérennité.

Ce n’est pas Covid, mais le grand capital, via les gouvernants à sa solde qui laisse une partie de plus en plus grande de la population mondiale au chômage, sans ressources, sans sécurité et sans droits, qui impose, période de confinement ou de déconfinement peu importe, des régimes policiers et militaires plus dictatoriaux et violents que jamais, qui pousse à toutes les confrontations interraciales, interreligieuses, internationales. Leur guerre, comme ils disent, n’est pas sanitaire, elle est sociale et politique. Elle n’est pas dirigée contre la maladie mais contre nous, le peuple travailleur du monde.

Ce n’est pas la maladie qui justifie que les hôpitaux ne touchent pas d’argent pour embaucher du personnel ou se doter de matériels nécessaires, alors que les trusts, les banques, les financiers, les spéculateurs ont caisse ouverte auprès des Etats et des banques centrales, recevant pour prix d’une activité économique nuls et de licenciements massifs des cadeaux de milliers de milliards de dollars alors qu’on rationne la santé publique mondialement menacée !!! Ce n’est pas la maladie qui justifie qu’on jettera bientôt plus de la moitié des salariés du monde au chômage et à la rue !!! Ce n’est pas la maladie qui justifie qu’on réprime violemment toutes les manifestations de colère dans le monde et qu’on donne de plus en plus de droits à la police et à l’armée pour le faire !!! Non, ce n’est pas la santé des populations qui dicte ces lois nouvelles, c’est l’intérêt du grand capital confronté à ses propres limites, ayant atteint ses limites de capitalisation, c’est-à-dire incapable d’accroître la masse de ses capitaux en investissant dans la production, comme il était capable de le faire dans sa phase dynamique, même ponctuée de crises cycliques détruisant une partie des richesses produites précédemment. Actuellement, tout au contraire, ce n’est pas la production qui est l’essentielle source de ses profits mais la spéculation et les aides publiques. Le grand capital ne vit plus qu’en prédateur, en prévaricateur, en sangsue, en destructeur de la société tout entière, y compris en destructeur de son propre système, du moment qu’il en profite pour prolonger un tant soi peu la durée de ses profits et la masse de ceux-ci. Mais autant le système était durable du moment qu’il se fondait sur un accroissement de la richesse totale produite, autant il ne l’est plus dès lors qu’il se fonde sur le vol des fonds publics organisé par la puissance publique elle-même, entièrement vendue au grand capital, et quels que soient les gouvernants capitalistes et leur couleur politique.

Les trusts qui se sont enrichis grâce à Covid ne sont pas seulement ceux qui ont produit des masques, des gels hydroalcooliques, des matériels respiratoires, et produisent maintenant des produits pharmaceutiques notamment des médicaments contre Covid ou des tests ou encore des antiviraux et vaccins, plus ou moins efficaces ou faussement efficaces pour ne pas dire nuisibles. Ce ne sont pas seulement les bandits des trusts pharmaceutiques qui ont profité. Tous les trusts, toutes les banques, tous les financiers, toutes les bourses sont arrosés à coup d’argent public au moment même où, du fait de la pandémie, cet argent devrait le plus être exclusivement réservé à développer des moyens médicaux pour sauver les malades.

On refuse l’accès aux hôpitaux publics débordés aux personnes âges des Ephad malades de Covid sous prétexte qu’il n’y pas assez de places, pas assez de matériels respiratoires, mas assez de personnels, pas assez de lits, pas assez d’hôpitaux mais on refuse le centième de l’argent distribué au grand capital pour pallier à ces déficiences de la santé publique !!!

Ce n’est pas pour faire face à Covid qu’on distribue des milliards à Renault, à Airbus, à Air France, à Areva, à Sanofi, à Safran, aux banques…

Ces trusts et ces banques étaient en faillite avant Covid et la pandémie sert seulement de prétexte à leur renflouage sur fonds publics, à leurs plans de licenciements toujours appelés hypocritement plans de « sauvetage de l’emploi », de la même manière que les politiques de coulage systématique de la santé publique sont appelées hypocritement « guerre » pour la santé publique !!!

Rien dans les réactions des gouvernants capitalistes ne montre qu’ils ont tout fait pour combattre la maladie, à commencer par informer les populations du fonctionnement de celle-ci et des moyens pratiques de s’en protéger. Dès le début, des spécialistes ont alerté sur le fait que Covid naviguait dans l’air via les microparticules et les gouvernants ont fait la sourde oreille, prétendant qu’il n’allait que d’homme à homme, sur une distance inférieure à un mètre, d’où la prétendue distance barrière. Dès le début, ces spécialistes ont reconnu l’utilité des masques, contrairement aux gouvernants qui ont prétendu qu’ils étaient réservés aux personnels de santé, tout en ne leur en fournissant pas ! Et on n’en finirait pas de citer toutes les absurdités et les mensonges des méthodes des Etats contre la pandémie, sans parler de ceux des gouvernements qui nient simplement Covid et ne veulent pas prendre de mesures. Oui, disons-le clairement, nous affirmons que la pandémie a bien arrangé les capitalistes et leurs suppôts des gouvernements capitalistes, car elle a couvert d’un voile de défense des populations des politiques tournées contre ces populations et servant le grand capital dans une phase de chute historique sans précédent.

Réprimer les populations, répondre à la vague des révolutions sociales qui a parcouru le monde par les répressions militaires et policières, ils n’avaient pas attendu Covid pour le faire mais, maintenant, ils le font tous sous couvert de la guerre contre Covid. Ils écrasent le Hirak algérien comme les révoltes d’Amérique latine ou d’Asie sous la justification d’éviter la propagation de la maladie. Au même moment, ils imposent aux travailleurs de retourner au boulot, empruntant les transports en commun hauts lieux de propagation du virus, en les menant ainsi directement à la mort, alors que les rassemblements et manifestations sont interdits et violemment réprimés.

Ils mobilisent la quasi-totalité de l’argent public pour le distribuer au grand capital et pallier l’absence ou l’insuffisance de la plus-value tirée du travail humain, même s’ils savent parfaitement que ces distributions d’argent public, qui faussent les règles économiques du capitalisme lui-même, ne peuvent pas durer éternellement et qu’elles ne règlent nullement les problèmes qui ont causé l’effondrement du système. Oui, nous disons que la pandémie a bon dos pour justifier toutes ces politiques dont la seule véritable justification provient de la volonté de faire durer le plus possible cette phase de mort lente du capitalisme. Les premières méthodes leur ont, à partir de 2008, donné un répit de onze ans. Ils ne savent pas combien celles-ci peuvent durer et peu importe pour eux l’avenir du monde, ce sont les profits immédiats qui seules comptent.

Les capitalistes et les Etats à leur service voulaient une justification pour distribuer à nouveau des milliers de milliards aux possesseurs du grand capital. Covid l’a justifié. Ils voulaient pouvoir lancer les forces de l’ordre violemment contre les manifestants. Covid l’a justifié. Ils voulaient casser les emplois, les salaires, les conditions de travail, les codes du travail, les droits des salariés. Covid l’a justifié. Ils voulaient accroitre encore l’immense fossé en termes de richesses entre moins d’un pourcent de possesseurs de capitaux et le reste du peuple du monde. Covid l’a justifié. Ils voulaient couvrir d’un voile la chute historique et inexorable de l’ancien système d’exploitation capitaliste complètement pourri et dépassé. Covid leur sert à cela. Ils voulaient ponctionner les revenus des salariés et des couches moyennes pour accroître ceux du grand capital. Covid sert encore à cela, par exemple en cassant le petit commerce au profit des grandes surfaces. Ils veulent encore saisir une grande partie des épargnes et des salaires pour les déverser dans les coffres-forts des capitalistes et ils espèrent que Covid va encore justifier cela.

Ils faut remarquer que, toutes tendances confondues, les partis, les organisations syndicales, associatives, politiques qui sont réformistes et ne veulent pas remettre en cause le système capitaliste, affirment tous que la crise est sanitaire, cachant la situation historique d’un capitalisme en bout de course, détruisant lui-même les richesses qu’il avait produites. Ces organisations, même quand elles protestent, même quand elles manifestent, même quand elles dirigent des luttes, refusent de désigner la cause de l’effondrement actuel : la fin du capitalisme et aussi l’objectif indispensable des luttes : le renversement de celui-ci par le peuple travailleur. Reste que le peuple travailleur a parfaitement les moyens, en s’auto-organisant, de décider lui-même, sans tous ces appareils bureaucratiques contre-révolutionnaires, de sa politique, de son action, de ses buts et de ses modes d’organisation, comme les derniers mouvements révolutionnaires dans le monde l’ont bien montré.

Lutter contre la pandémie, le peuple travailleur en a parfaitement les moyens, du moment qu’il cesse de respecter la sacro sainte loi du grand capital. Réorganiser la société mondiale exige la même action : ôter au un pourcent de capitaliste le droit de vie et de mort, et celui d’exploitation des richesses qui appartiennent en réalité au peuple travailleur. Contrairement à ce que nous proposent les réformistes, cette lutte consiste à refuser toute négociation avec le pouvoir capitaliste, à refuser les accords avec les patrons capitalistes, à refuser de coorganiser le sauvetage impossible d’un système dépassé par l’Histoire et repoussé par les révolutions sociales.

La santé, la sécurité, l’emploi, la vie du peuple travailleur de la Terre exige le renversement révolutionnaire du capitalisme ! Dès que le peuple travailleur aura pris la totalité du pouvoir, on ne verra jamais plus des gouvernants distribuer l’argent public à des infimes minorités de profiteurs, on ne verra plus jamais la santé publique détruite, désorganisée, sans moyens, on ne verra plus jamais des aides d’Etat à des destructeurs des emplois, des salaires, des conditions de travail, on ne verra plus des politiques de développement des guerres partout dans le monde. Les grands moyens techniques qu’a développé le capitalisme seront mis au service de l’ensemble du peuple travailleur du monde. Remplacer le pouvoir du capital par le pouvoir du travail, voilà la seule issue !

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