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Vive la révolution sociale au Mali !

mercredi 15 juillet 2020, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

Vive la révolution sociale au Mali ! A bas le dictateur, la dictature et aussi les faux leaders démocratiques de la lutte, politiciens et imams véreux !

Les nombreuses grèves et révoltes qu’a connu ces derniers mois le Mali, notamment en mai et juin dernier, ont culminé dans les journées insurrectionnelles des 10 et 11 juillet 2020 dans la capitale du pays, Bamako. Elles ont eu comme drapeau le renversement du pouvoir en place.

La répression violente du pouvoir a fait officiellement onze morts et des centaines de blessés graves, mais il est permis de penser que c’est plutôt des dizaines de morts qui ont été cachées par les forces de répression. Celles-ci ont même perdu momentanément le contrôle de la situation dans la capitale, bloquée par plusieurs séries de barricades, de nombreux quartiers saisis par les émeutiers et que le pouvoir n’est pas parvenu à libérer. Ce qui frappe dans ces événements, c’est à la fois la force de la révolte et sa profondeur, la détermination et souvent la jeunesse des émeutiers, mais aussi l’incapacité du pouvoir de s’imposer face à eux. Comme on l’a dit, un point commun de tous ces révoltés, le ras-le-bol face à un régime honni, celui du pouvoir en place qui s’impose sur tous les plans, économiques, politiques, policiers, militaires, administratifs, cumulant tous les postes et tous les pouvoirs, sans que l’essentiel de la population ne reconnaisse aucun rôle positif à cette mainmise en dehors d’une petite clique de profiteurs et de l’impérialisme français qui soutient inconditionnellement le potentat malien.

Le dictateur du Mali, Keita dénommé IBK, a été mis en selle et maintenu au pouvoir par la volonté des classes possédantes maliennes et celle de l’impérialisme néocolonial français ainsi que de la « communauté internationale », à coups d’interventions militaires et politiques et particulièrement celle de l’armée française qui occupe en permanence la région et y fait la guerre permanente, avec de nombreuses victimes civiles reconnues ou non reconnues comme « dégâts collatéraux », et sans laquelle son régime même n’existerait pas.

Il faut savoir que, si les opérations militaires coloniales françaises ont eu pour prétexte la lutte contre le djihadisme au nord du pays, elles ont eu pour véritable cause la montée de la révolution sociale et politique dans des villes comme Bamako et Kayes et l’incapacité des classes possédantes de se doter de forces de répression suffisantes et notamment assez payées pour casser cette révolution. Une bonne partie de la paie officielle des forces armées maliennes ne parvient souvent pas jusqu’à la base de l’armée et l’argent officiellement distribué pour « défendre le pays contre le terrorisme » est détourné par la hiérarchie militaire bien avant de servir à armer et habiller les soldats ! Le pouvoir du Mali est d’abord et avant tout celui d’une hiérarchie militaire corrompue, incapable et bête qui ne parvient même pas à se créditer aux yeux de ses propres soldats, périodiquement en révolte contre elle. Quant aux autres richesses du pays, inutile de dire qu’elles prennent aisément le chemin des poches et des coffres-forts de profiteurs toujours les mêmes, à savoir les patrons et gouvernants maliens et les entreprises étrangères, le plus souvent françaises.

La dictature ne s’est pas contentée de voler et piller le pays, de tuer aux quatre coins, elle monte les populations les unes contre les autres, poussant aux massacres interethniques, interrégionaux, entre touaregs et sédentaires, etc.

La plupart des commentateurs reconnaissent l’usure du pouvoir d’IBK, l’absence totale de soutien populaire à son régime, le discrédit y compris de l’impérialisme français dans tout le pays, la perte totale de confiance notamment dans la guerre prétendument livrée au terrorisme djihadiste, en fait le plus souvent à la population civile elle-même que l’on prétendait protéger par ces interventions armées permanentes.

Ces mêmes commentateurs attribuent très souvent la révolte à l’action des dirigeants de l’opposition politique écartés du pouvoir par IBK et parmi lesquels on compte nombre de politiciens véreux qui l’avaient soutenu au début, notamment le fameux imam wahabite Dicko qui se fait passer pour le dirigeant de la révolte populaire contre la France et son poulain IBK. Rappelons cependant que, lorsque la tromperie IBK a été mise en place avec le soutien français, cet imam faisait partie de l’équipe politique qui soutenait IBK ! Il préfère maintenant jouer sa propre carte puisqu’IBK est discrédité !

Il convient de remarquer aussi qu’il a suffi de deux journées insurrectionnelles pour que l’ampleur de la révolte dépasse largement ces politiciens et cet imam, qui ont appelé au calme, au dialogue, à la fin des émeutes, juste après leur libération qui a suivi quasi immédiatement leur arrestation, alors que nombre de manifestants arrêtés restent en prison. On remarquera la différence de traitement et la manière discrète du pouvoir pour négocier un faux recul avec son opposition et une prétendue « ouverture politique » du pouvoir. Celle-ci a été créditée par quelques mesurettes de pacotille comme la dissolution « de facto » de la Cour Constitutionnnelle détestée des politiciens de l’opposition qu’elle a écarté de la course aux élections législatives ou la démission de son poste de ministre du fiston d’IBK particulièrement honni. Ce n’est ni le premier ministre, ni le chef d’Etat-major des armées, ni le chef de la police, ni le chef de l’Etat lui-même qui ont démissionné et cela suffit pourtant à certains opposants qui voient une ouverture vers des postes pour arrêter la lutte.

La raison en est que la radicalité et la profondeur sociale de l’insurrection sont déterminés par le fait qu’elle fait suite aux révoltes, grèves et luttes des jeunes sans emploi, des jeunes précaires, des jeunes révoltés, des autres travailleurs, des autres précaires, des exploités, des salariés de la santé, de l’enseignement, des banques, du personnel communal, des institutions financières, des femmes, des quartiers populaires, des travailleurs des campagnes et de tout le peuple travailleur.

Le pouvoir a mis la capitale sous surveillance militaire surarmée et coupé les communications via internet et les réseaux sociaux entre les manifestants mais la révolte n’est ni éteinte ni écrasée ni démoralisée. Les véritables leaders locaux de la lutte sont bien loin d’appeler au calme et continuent de repousser tout dialogue avec un pouvoir qu’ils veulent seulement renverser de manière révolutionnaire.

Les faux amis de la lutte insurrectionnelle sont donc aussi nombreux et dangereux, une fois de plus, que ses vrais ennemis. Certains chefs religieux et politiques sont de ceux-là.

Pour éviter ces pièges, l’insurrection a besoin d’objectifs politiques qui dépassent la personne même du dictateur et qui s’attaquent aux fondements même de la dictature des possédants au Mali. Il faut en finir avec la haute hiérarchie de l’armée, aux plus grands profiteurs mais surtout il faut que le peuple travailleur se donne lui-même le pouvoir par ses assemblées et comités révolutionnaires. Sans ce dernier point, les trompeurs et détourneurs de lutte auront toujours le dernier mot.

Tout le pouvoir aux comités révolutionnaires des travailleurs des villes et des campagnes, des femmes, des jeunes et des petits soldats !

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