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Tous solidaires de l’impérialisme ?

mercredi 26 août 2020, par Alex, Robert Paris

Tous solidaires de l’impérialisme ? Ou bien ensemble, tous les peuples travailleurs, renversons tous les impérialismes !

« Diplomatie : Macron sur tous les fronts », « Impôts : l’exécutif garde son cap pro-entreprise », « Macron appelle les Français à l’unité et la fraternité » titraient récemment les journaux bourgeois français Le Monde, Les Echos et Le Figaro. Traduction : le représentant politique et étatique de l’impérialisme français nous appelle à être solidaires, unitaires… des buts impérialistes !!! En effet, même si peu de gens le savent, ce qu’on appelle « l’impérialisme », ce n’est rien d’autre que le pouvoir du capital financier, bancaire et industriel.

En France avec la distribution de 420 milliards d’euros, et bientôt cent milliards supplémentaires, d’aide aux gros capitalistes rebaptisée « aide à l’économie » … et des miettes aux plus démunis, aux PME, à la santé et à l’hôpital public. Mais aussi concernant ce que l’on nomme « la politique étrangère » (en fait, au grand capital, rien n’est étranger et il se considère partout chez lui), le président Macron veut nous forcer à célébrer ou au moins nous montrer solidaires avec les opérations de « nos » armées, polices, pour la mise en valeur des investissements « nos » trusts en France, et dans le monde. C’est aussi pour cela qu’il a toujours déclaré que « nous sommes en guerre », ce qui veut dire que vous êtes en guerre, vous pouvez mourir demain dans cette guerre et aujourd’hui déjà vous devez vous sacrifier (et on vous sacrifiera) pour elle !

Ces derniers jours, les medias français insistent par exemple sur les buts humanitaires, pro-démocratie, anti-terroriste de « notre » impérialisme français, soi-disant prêt à « aider » la Biélorussie, la Libye, le Liban, le Niger ou le Mali, c’est-à-dire à aider les intérêts impérialistes français (traduisez les intérêts du grand capital qui n’ont rien de commun avec ceux du peuple travailleur de France) dans ces pays. Bien entendu, ces intérêts impérialistes ne sont nullement ceux des révolutions sociales qui y ont lieu. Les travailleurs de France ne peuvent pas rester indifférents à l’oppression que subissent ces peuples, à leur détresse, à leur combat aux luttes qui y ont lieu. Et il est essentiel qu’ils comprennent que ce ne sont pas les armées ou les trusts impérialistes, d’un pays soi-disant plus démocratique, qui résoudront les problèmes économiques, sociaux et politiques qu’ils connaissent, de même qu’ils ne les ont pas résolus en intervenant au Mali, au Niger ou en Libye. Combattre dans le pays impérialiste lui-même, en France par exemple, ces grands trusts impérialistes et leurs armées est le meilleur moyen d’aider les travailleurs, les femmes, qui affrontent les matraques et les balles en Biélorussie, au Mali, ou les mères qui au Liban, comme l’admettait un éditorial du Figaro, sont réduites à voler du lait pour nourrir leurs enfants.

Tout d’abord, souvenons-nous que la Biélorussie en 1921, le Liban en 1943 et le Mali en 1960 sont trois pays qui n’obtinrent leur indépendance politique qu’en expulsant de leur territoire … l’armée d’occupation militaire française, et ses supplétifs.

Au Mali, l’un des reproches qui était faits à la dictature en place était d’être simplement l’émanation des intérêts impérialistes de la France, intérêts qui y étaient défendus les armes à la main par l’armée d’occupation militaire de la France ! Les manifestations anti-gouvernementales appelées par le « mouvement du 5 juin » (M5) ont rassemblé des milliers de mécontents depuis des mois. Le mouvement vient d’atteindre un de ses buts, la démission forcée du président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), et c’est une première victoire ! Certes, formellement, c’est un coup d’État mené par des « colonels », et même pas par la base de l’armée, qui a démis le président IBK. Mais le mouvement de révolte était en passe d’obtenir cette démission, et donc de créer un vide du pouvoir, et de donner un « mauvais exemple » à tous les pays de la Françafrique. Ces officiers supérieurs, anticipant cette démission, n’ont fait que sauver un régime corrompu et inefficace. Les « colonels » ont d’ailleurs très vite fait allégeance à l’impérialisme français. Ces officiers supérieurs ne sont pas des généraux, ils ont même démis des généraux en même temps qu’IBK. Mais ce ne sont pas non plus des « petits soldats », ces militaires dont les conditions de vie se rapprochent le plus de celles des travailleurs.

Qu’est-ce que la prétendue lutte anti-terroriste au Mali, encadrée par les armées française et américaine, glorifiée par Macron et les medias à son service ? Un exemple. Le 11 juillet, l’unité malienne Forsat (force anti-terroriste) a participé à la répression des manifestants à Bamako ; bilan : 23 morts et des dizaines de blessés. La voilà la réalité de la lutte anti-terroriste menée par l’armée française. C’est bien parce qu’ils l’ont compris que la majorité du peuple malien se bat non seulement pour ses besoins élémentaires et contre la dictature, mais contre la présence de l’armée française. Ce sont des travailleurs, les femmes qui ont renversé IBK. Mais le Comité National pour le Salut du Peuple mis en place par les colonels n’est pas le leur. Il est temps que les travailleurs forment leurs propres comités de lutte, au Mali comme partout !

En Biélorussie également des femmes et des ouvriers sont à la pointe des manifestations et grèves anti-gouvernementales. La candidate opposée lors des élections présidentielles au dictateur Loukachenko, continue à s’adresser à la population qui proteste lors de manifestations comparables à celles du Mali, avec le mot d’ordre adressé au président : dégage ! Elle s’adresse en particulier aux ouvriers en tant « leader national » de l’opposition, et les appelle à « continuer leurs grèves car elles sont légales ». Un « Conseil de coordination » de l’opposition est mis en place. En Biélorussie comme au Mali, comme en France, les travailleurs sont les bienvenus lorsque leur force est mise au service des de « comités », de « conseils » qui ne sont pas les leurs, quelque « progressistes » qu’ils puissent paraître. Si la classe ouvrière ne se met pas à la tête de ses propres luttes, elles n’aboutiront qu’à des impasses.

Quelle perspective pour les travailleurs d’ici face aux attaques sur les salaires et l’emploi au nom de l’épidémie ? Face à la propagande d’État à la gloire de l’armée et de la police ? Contre l’épidémie, ce ne sont pas des soignants qui seront embauchés, mais à nouveau des réservistes de la gendarmerie.

La CGT, par la voix de son Union fédérale des syndicats de l’État se réjouit dans une des ses publications adressée aux syndiqués : « Sur la forme la CGT note un changement de méthode et une meilleure considération des organisations syndicales comme actrices incontournables sur les sujets du travail, de l’emploi des jeunes, de la lutte contre le chômage et de la relance de l’économie. La CGT prend acte avec satisfaction des engagements du premier ministre concernant les projets de réformes de l’Assurance chômage et des retraites. Au-delà d’un simple report de calendrier, c’est le contenu même de ces réformes qui sera ouvert à discussions/négociations. Assurément les mobilisations sociales de 2019 et 2020 ont lourdement influencé ce choix politique. ». Alors que les travailleurs, syndiqués ou non, qui ont participé aux manifestations lancées par les confédérations syndicales ces dernières années savent que le gouvernement n’a pas reculé d’un pouce, la CGT s’auto-félicite ! Une habituelle « journée d’action », est donc déjà programmée pour le 17 septembre. L’objectif reste d’ « élever le rapport de force » pour que les salariés aient leur part dans la « relance économique ». Or derrière le soutien à l’économie », c’est un soutien politique au pouvoir des gros capitalistes qui se cache, sans aucun espoir de « relance ». Car ce n’est pas une épidémie de coronavirus qui a bloqué l’économie. C’est depuis la crise de 2008-2009 que le capitalisme est devenu incapable de se réguler par ses crises, qu’il a cessé d’investir des capitaux. Covid ou pas, l’économie capitaliste ne redémarrera pas. La seule perspective, c’est le peuple travailleur qui la détient.

Seule la classe ouvrière, en France comme au Mali, pourra mettre fin à la dictature du capitalisme sur la société. D’un autre côté, la classe ouvrière en France ne pourra s’atteler à cette tâche en s’enfermant dans les limites de ses intérêts particuliers, en demandant pacifiquement au gouvernement de « meilleures réformes », lors de journées d’actions routinières encadrées par les confédérations syndicales. Certes, une extrême gauche, politico-syndicale invite à « se saisir » de ces journées pour les faire aboutir à un mouvent plus large qui « balaiera » les bureaucraties syndicales. Mais ce serait donner des illusions aux travailleurs combatifs, qui ont compris aux travers des défaites des derniers mouvements la trahison des dirigeants syndicaux. Pour rompre avec ces défaites organisées, ce qu’il faut c’est créer des comités d’usines, de quartiers, et des comités de grèves qui revendiqueront la direction des actions, feront un bilan des mouvements précédents, et se donneront les moyens d’empêcher les trahisons des bureaucraties réformistes.

Nous pourrons alors manifester à la fois avec les slogans : Non aux baisses de salaires ! Interdiction des licenciements ! Embauches dans les services publics ! Solidarité avec les travailleurs du Mali ! Armée française françaises hors d’Afrique ! Droit de travail pour tous les ouvriers immigrés, réfugiés, avec interdiction aux patrons d’employer les ouvriers étrangers à un salaire inférieur à celui des ouvriers français.

La classe ouvrière des pays impérialistes n’obtiendra rien que des coups si elle se contente de « défendre ses intérêts », avec un horizon borné à « ses » frontières, sans prendre la tête d’une lutte coordonnée des exploités, ouvriers paysans pauvres, femmes opprimées, à l’échelle du monde entier. Le capitalisme d’ « après », ce ne peut être que des guerres et la barbarie ; la seule société d’ « après » possible sera celle mise en place par le pouvoir des travailleurs comme le fit il y a 150 ans la Commune de Paris, elle qui mettait à sa tête des « étrangers », mais cette fois il faudra une Commune révolutionnaire à l’échelle mondiale.

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